... et sur un fond sombre, celui de San Damianu (XVIIIème s. Castagniccia)
peint par Giacomo GRANDI ...
et la plainte véhémente de Marie de Magdala
qui dévoile de sa main amoureuse le visage du Christ
les larmes de Marie de Jacques
la souffrance poignardée de la Mère
devant le corps supplicié
de l'Aimé
de tous les suppliciés aimés de la terre
et Marie la Mère a dénoué sa chevelure en signe de deuil
libérant le flot puissant de sa douleur
à Occhiatana, le Monument aux Morts de Damaso MAESTRACCI:
Hier, à la cathédrale Saint Jean Baptiste de CALVI, nous sommes allés écouter un très beau concert donné par l'ensemble ORFEO ISULANU:
STABAT MATER DOLOROSA E FURIOSA.
Au programme, Benedetto MARCELLO et son Salmo Deciquinto pour alto, violoncelle et basse continue.
Puis un extra - ordinaire Stabat Mater de Giovanni Battista PERGOLESE où , en compagnie de l'alto Michel GERAUD, de Philippe TALLI, violon baroque, Elena FILIPPI, violon baroque, Irmtraud HUBATSCHEK, violoncelle baroque et direction, et Catherine ZIMMER-LEGRENZI, clacecin, la soprano et comédienne Brigitte PEYRE portait ardemment entre les parties chantées de Pergolèse un texte étonnant : STABAT MATER FURIOSA, de Jean-Pierre SIMEON, écrit en 1997 au Liban, un réquisitoire violent contre "l'homme de guerre":
"Parole d'une femme , libérée autant qu'il se peut du dolorisme que lui assignent des conventions millénaires, parole dressée en invective brutale et sans rémission face à la merde (il faut ici un mot net et absolu) du meurtre perpétuel. Stabat Mater furiosa, donc; et non point dolorosa ..." (Jean-Pierre Siméon).
Entreprise audacieuse d'Irmtraud Hubatschek, concert hors normes où l'auditeur venu par la musique alléché se trouve fortement dérangé dans son confort, pris à partie, soumis au rouleau compresseur de la parole lâchée entre deux musiques sublimes du tout jeune Pergolèse (n'est-il pas lui même mort avant terme, l'année de sa création du Stabat Mater ... à seulement 26 ans ...). Brigitte Peyré est formidable, dans tous les sens du mot , passant dans l'instant et dans un même geste de la parole projetée au chant ...
Cela rejoint avec force les sepolcri peints de nos villages : nous sommes impliqués, pas seulement consommateurs ...
Occhiatana: cet autre forme de sepolcru dressé à la face des villages ...
"Je suis celle qui refuse de comprendre
je crache sur le guerrier de la prochaine guerre
qui joue aujourd'hui avec son ours en peluche"
( Jean-Pierre SIMEON)