Castellu di Rustinu, Pieve du Rustinu, ancien diocèse de Mariana ed'Accia
Eglise de l'Annonciation
Cette très belle église abrîte un patrimoine d'une grande richesse et elle a bénéficié, grâce à la volonté de sa dynamique municipalité, de campagnes de restaurations ( atelier d'Ewa POLI) qui ont redonné en particulier au maître-autel toute sa splendeur, signé par le grand Maestro Domenico Baini et daté de 1703:
Domenico BAINI , dit aussi Domenico BAINO s'est illustré en Corse entre 1695 et 1732 dans une large palette de ses talents : architecte (il est l'auteur, entre autres, du célèbre campanile et de la façade de l'église saint Jean Baptiste de La Porta) , ingénieur, stucateur et peintre décorateur originaire de Côme, dans l'état de Milan. (merci, Michel Edouard Nigaglioni)
La surprise, lorsque que je suis rentrée dans cette église il y a une bonne quinzaine d'années, grâce à l'extrême gentillesse de Laurence M., une dame âgée du village et servante dévouée de son église, fut de rencontrer, entreposées derrière ce maître-autel , d'immenses toiles d'une facture populaire et dont j'ignorais totalement la fonction: ce fut la première fois que je voyais un décor de sepolcru et Laurence évoqua alors pour moi cette dévotion si particulière que depuis, j'ai appris à reconnaître ...
Ce vaste décor "raconte" la Passion :
Ici Jésus tombe sous le poids de la croix ... après en avoir été chargé par ordre de Pilate , que l'on voit assistant à la scène depuis le perron de son palais. Pilate enturbanné est accompagné de personnages indéfinis , un prêtre sans doute et un soldat, et un petit page négrillon pour ajouter une touche exotique. Sous eux se déroule la douloureuse ascension du Mont Golgotha en plusieurs épisodes, comme dans le sepolcru de Castiglione, et la soldatesque à cheval ou à pied accompagne tout ceci de façon fort vivante: un soldat pousse en avant Simon de Cyrène pour qu'il aide au portement de croix ... Décor de montagne, comme celles qui entourent Castellu, et maisons hautes de village ...
La crucifixion: d'un côté Marie, les saintes femmes et saint Jean, de l'autre, les soldats en groupe compact.
La descente de croix et la déploration
La déploration du Christ sur les genoux de sa Mère avec Marie de Magdala en robe safran, et l'ensevelissement:
" Sur le soir, vint un homme riche d'Arimathie, nommé Joseph, qui s'était fait, lui aussi, disciple de Jésus. S'étant rendu chez Pilate, il lui demanda le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna qu'on le lui remît. Joseph prit donc le corps, l'enveloppa dans un linceul propre et le déposa dans le tombeau tout neuf qu'il s'était fait tailler dans le roc; puis il roula une grande pierre à l'entrée du tombeau et s'en alla."
(Evangile de saint Matthieu)
Deux anges particulièrement grassouillets nous prennent à témoin, dans le sépulcre ...
Mais voici enfin le moment espéré de la Résurrection: le Christ glorieux s'élève dans le ciel ...
... provoquant une panique noire chez les gardiens postés devant la pierre qui fermait le sépucre:
" Le lendemain, c'est-à-dire après la Parascève, les grands prêtres et les Pharisiens se rendirent en corps chez Pilate et lui dirent:
"Seigneur, nous nous sommes souvenus que cet imposteur a dir, de son vivant: "Après trois jours je vais rescussiter!" Commande donc que le sépulcre soit tenu en sûreté jusqu'au troisième jour, pour éviter que ses disciples ne viennent le dérober et ne disent au peuple: Il est ressucité des morts! Cette dernière imposture serait pire que la première."
Pilate leur répondit:" Voici une garde; allez et prenez vos sûretés comme vous l'entendez." Ils allèrent donc et s'assurèrent du sépulcre, enscellant la pierre et en postant une garde."
Je remercie ici tout particulièrement Richard Girolami qui a eu la gentillesse vendredi dernier de nous permettre d'admirer au mieux ces toiles du sepolcru de Castellu di Rustinu: une enquête démarre maintenant autour de ce sepolcru, devant lequel semble s'être déroulée autrefois une Passion jouée par les gens du village. Une preuve de plus, s'il en était besoin, de l'efficacité de cette scénographie de la Semaine comme vecteur de cohésion de la communauté autour de ce drame universel de la Passion ...
Je termine cette note sur Castellu en évoquant à nouveau son patrimoine ... Entre autres:
Le peintre milanais Giacomo Grandi (mort en 1772) a peint pour cette église un savoureux chemin de croix : devinez qui est gentil et qui est méchant ?
Le stucateur Ignazio Saverioo RAFFALI a créé (18ème siècle) cette charmante chaire de prêche , dégagée lors de sa restauration (avoue, Leonor, que tu y as pris plaisir!)
un orgue d'Anton Pietro Saladini, de 1837, auquel manque aujourd'hui la voix ... et l'accès. Là aussi , rêvons un peu ...
A bientôt!
Commentaires
Oui, beaucoup de plaisir, pas mal non ?
C'est drôle de revoir ça de mon bureau aux murs blancs, il n'y a rien à gratter ici, bise !
Écrit par : léo | 14/04/2010
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