10/04/2012
Jeudi Saint 2012 dans le Rustinu et en Castagniccia, 1° partie
Ce jeudi 5 avril, malgré un temps incertain: à l'attention des amis qui ont partagé cette bonne journée dédiée aux sepolcri peints du Rustinu et de la Castagniccia... et des autres ...
Quelques images :
Frassu , église saint Cosme et saint Damien
(Castellu di Rustinu, Pieve du Rustinu, ancien diocèse d'Accia)
Première rencontre à Frassu, hameau rattaché à la commune de Castellu di Rustinu. Notre ami Toussaint Quilici nous attend à l'église saint Cosme et saint Damien: la veille il a travaillé dur avec son fils pour installer le petit sepolcru peint au XIX°s. -
Lors du Vendredi Saint 2010 nous avions pu, avec la complicité de Marie Laure la fidèle gardienne de cette église, remonter pour la première fois ces toiles conçues pour une chapelle latérale: une renaissance miraculeuse après cinquante ans de sommeil.
Je vous invite à lire la note (clic droit, ouvrir le lien) :
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2010/04/10/le-sepolcru-de-frassu.html
Comme il se doit, les deux gardiens du sepolcru nous attendent de pied ferme, la mine patibulaire, barbe drue, solidement campés la lance à la main à l'entrée du sepolcru, costumés, casqués et empannachés " à l'antique" façon centurions (d'opérette):
les deux toiles ont été découpées de façon à s'encastrer parfaitement sur le muret qui délimite la chapelle latérale, et contre la chaire de prêche.
Epousant l'arc, la toile supérieure "raconte" la Passion avec la représentation des " Arma Christi": le visage du Christ sur le voile de sainte Véronique, la colonne de la dérision surmontée du coq du reniement de saint Pierre, l'échelle, la lance etc ...
Toussaint a trouvé la solution pour replacer le quatrième élément: il y a deux ans, nous n'avions pas su où l'installer. Ici, il le tient à bout de bras, faute d'avoir pu le fixer correctement. Fermant la chapelle du sepolcru, il présente le saint Sacrement gardé par deux anges et invite à son adoration. Il fallait- je le pense - entrer à genoux - dans cet espace du reposoir.
Ce sepolcru, malgré sa modestie, délivre les deux messages essentiels et complémentaires aux fidèles qui viennent prier ici lors de la Semaine Sainte: invitation à partager la Passion du Christ et adoration du Saint Sacrement.
dans le silence de la Chapelle San Tumasgiu di Pastureccia
(Castellu di Rustinu)
Pour un bref historique de la chapelle, voir la note:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/02/26/san-tumasgiu-di-pastureccia-castellu-di-rustinu.html
Pour une description des fresques, voir les notes:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/02/27/les-fresques-de-san-tumasgiu-di-pastureccia.html
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/03/02/3-les-fresques-de-san-tumasgiu-suite-et-fin.html
Nous nous sommes arrêtés revisiter cette chapelle ornée de ces fresques merveilleuses dont on attend avec impatience la restauration: il a été décidé de procéder à des fouilles archéologiques avant d'attaquer les travaux. Espérons que les intempéries qui risquent d'altérer ces fresques déjà fragilisées (problèmes d'étanchéité du toit) n'auront pas le temps d'agraver la situation.
Il se dégage dans cette chapelle, malgré tous les dégats passés dont elle porte les stigmates, une athmosphère d'une grande douceur et d'une profonde humanité, : ici, ce détail de la Cène nous montre les apôtres en désarroi, s'interrogeant mutuellement, la main sur la poitrine: Jésus vient de leur annoncer que l'un d'entre eux va Le trahir cette nuit même ...
Achevant ce cycle de la Passion sur le mur Nord, la Crucifixion avec Marie au pied de la croix. Bouleversant.
et ce visage clos du Christ,
rescapé d'un élément peint sur le pied-droit de l'abside ...
Castellu di Rustinu, église paroissiale Santa Nunziata
la façade et le campanile, l'un des plus beaux de la région ...
Un somptueux maître-autel de Domenico Baina (restauration d'Ewa Poli):
l’architecte peintre-stucateur Domenico Baina (ou Baino) , était originaire de la région de Côme (état de Milan) : ses talents multiples se sont exercés en Corse entre 1695 et 1732. Un art baroque raffiné, coloré, qui enchante lorsqu'on redécouvre ses décors peints parfois sous les badigeons tardifs. Il contribuera à la formation de Giovanni Raffali, le premier peintre-stucateur de la célèbre dynastie des Raffali, originaire de la pieve d'Orezza.
la délicieuse chaire de prêche de Ignaziu Saveriu Raffali: rideau et rinceaux fleuris, ange grâcieux ...
le chemin de croix de Giacomo Grandi (mi- XVIII° s.):
Jésus cloué sur la croix, en compagnie de trois personnages hauts en couleur, tels qu'on les retrouvera dans les grands décors des sepolcri peints: même thématique, mais ici taille modeste pour cette dévotion du chemin de croix qui implique un déplacement circulaire autour de l'église, le long des quatorzes stations illustrant la Passion du Christ.
Ici, à gauche, un légionnaire armé d'une hallebarde contrôle la scène; à droite, un bourreau mauresque armé d'un efficace marteau de menuisier, tel qu'il était utilisé par les falegname de l'époque de Grandi, crucifie Jésus, sous le regard d'un autre personnage, censé être un centurion je suppose, mais totalement orientalisé, portant turban et aigrette ...
Sur le patrimoine exubérant des Chemins de croix peints en Corse, vous pouvez aller voir la note:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/03/30/chemins-de-croix-de-corse.html
et ce que vous n'avez pas pu voir, puisque ce magnifique sepolcru (en mauvais état et digne de restauration) de l'église de Castellu di Rustinu, remonté pour la première fois en janvier 2012, avait regagné les coulisses lors de notre passage. Ce sepolcru servait naguère non seulement pour le reposoir de la Semaine Sainte mais accompagnait également la Passion jouée par les villageois de Castellu ...
Je vous invite donc à ouvrir la note consacrée dernièrement à ce sepolcru de Castellu di Rustinu:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2012/02/03/le-sepolcru-de-castellu-sort-de-l-ombre.html
( à suivre!)
10:14 Publié dans corse, fresques de corse, la Semaine Sainte en Corse, patrimoine populaire de Corse, semaine sainte en corse, sepolcri de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sepolcri de la semaine sainte, rustinu, frassu, castellu di rustinu | Facebook |
31/03/2012
les Sepolcri de Corse du Rustinu et de Castagniccia, Jeudi Saint 5 avril
comme chaque année l’Association Saladini propose une journée de découverte autour
du patrimoine de la Semaine Sainte en Corse:
Chemins de Croix et Sepolcri dans le Rustinu et en Castagniccia
le sepolcru de Ficaghja
VENDREDI 18 AVRIL 2014
à la rencontre d'un patrimoine caché et éphémère de la Corse :
u sepolcru, le sépulcre, quel que soit son support, fait partie intégrante de la mise en scène dramatisée de la Semaine sainte, où se joue toujours, au sein d’une communauté villageoise ou citadine, le partage ritualisé de la Passion du Christ. Dans certains villages l’on a créé de véritables décors peints qui accompagnent l’ardente religiosité de la Semaine Sainte : en Castagniccia, en particulier, des décors, parfois de très grande taille, furent peints au XVIII° et au XIX° siècle – et ne sont, par principe, visibles que quelques jours par an. La journée du Vendredi 18 Avril sera donc l’occasion d’aller à la rencontre de ce patrimoine extraordinaire de quelques villages des pieve du Rustinu, de l’Ampugnani et d'Orezza, et d’éclairer l’ensemble des rituels de la Semaine Sainte : Chemins de Croix, Granitula, Cerca, Parata …
Nous commencerons notre pélerinage à Frassu, où nous avons rendez-vous avec l'église romane St Côme et St Damien et son petit sepolcru peint et avec des habitants de la région qui apporteront leur témoignage sur ces pratiques fortement ancrées naguère dans ces communautés.
Rendez-vous à 9 H sur le parking de la gare de Ponte Novu.
Renseignements :
06 17 94 70 72 ou 04 95 61 34 85
13:58 Publié dans la Semaine Sainte en Corse, patrimoine populaire de Corse, sepolcri de Corse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : sepolcri de corse, semaine sainte en corse, ampugnani, rustinu | Facebook |
29/03/2012
L'expression de l'esprit baroque dans les églises de Corse: une balade avec les lycéens de Balagne
Découverte du patrimoine baroque des églises de Balagne avec les lycéens d'Ile Rousse:
Ce jeudi 29 mars, les élèves de seconde du lycée de Balagne iront à la rencontre de l'esprit baroque de nos églises de Balagne: parfaitement préparés par leur professeur d'histoire, Madame Marika Agostini qui est à l'initiative de ce projet, cet après-midi viendra compléter leur approche déjà solide du sujet, avec la découverte festive du Baroque dans tous ses états, architecture, stucs, peintures ... et musique, puisque les orgues historiques seront de la fête.
la façade de l'église San Salvatore de Costa, sobre et unissant deux édifices mitoyens: l'église et la confrérie.
(vue d'ensemble de l'église de Costa,vers le choeur)
Au programme, la minuscule église san Salvatore de Costa (Pieve de Tuani, diocèse de Mariana ed'Accia) , construite dans la seconde moitié du XVIII° s), avec son incroyable décor plafonnant du corse Francesco GIAVARINI (début XIX°s.),
(vue de la voûte, vers l'orgue: fenêtres et rideaux en trompe-l'oeïl, motifs végétaux: un art baroque qui perdure même s'il glisse vers le néo-classicisme )
http://youtu.be/ZnIcQVjz-Tk
et son petit orgue anonyme du début XIX° siècle, restauré en 2004, sur sa précieuse tribune baroque de bois galbé, dorée à la feuille et délicatement décorée, oeuvre présumée d'Anton Giuseppe SALADINI, ébéniste virtuose de Speluncatu ( 1763/ 18441) et de Bernardo ZIGLIARA pour le décor (signé et daté en 1819).
et la confrérie du Rosaire, attenante à l'église, avec son très bel autel de stuc, oeuvre en 1778 d'Antonio SARTORI delle VILLE, un italien d'origine milanaise élève et suiveur de l'école de peintre-stucateur des Raffalli de Piedicroce (Castagniccia) , qui entre en apprentissage en 1770 auprès du maître stucateur Domenico Impernetti (lui même formé par les Raffali) lors de la campagne de décor de la Collégiale Santa Maria Assunta de Speloncato, toute proche.
Il faut souligner la continuité d'un art appris par des corses, les Raffali de Piedicroce, auprès de grands maîtres stucateurs venus oeuvrer en Corse au début du XVIII° s. de Lombardie (Domenico Baino, Angela Maria Fontana) ou de Suisse (les frères Lucchini), puis transmis quelques décennies plus tard, à un jeune italien ...
Cet autel de Sartori delle Ville marque une évolution du baroque par rapport aux oeuvres de ses maîtres: une certaine raideur s'instaure dans le discours, les rampants du fronton brisé basculent vers le cartouche central, l'expression se durcit... Par comparaison, voici deux autels de la Collégiale de Speloncato, réalisés par ses maîtres :
l'autel-retable dédié à San Filippo Neri en extase devant la Vierge, érigé en 1767 par Ignazio Saverio Raffali, en compagnie de deux "élèves", dont Domenico Impernetti: notons la présence des colonnes torses, réalisés, comme le reste, en stuc, à l'imitation du marbre.
tout comme le petit monde animé du fronton: anges en ronde-bosse, installés en amortissement et enseignement par l'image: le coeur emblème de San Filippo Neri, mis en exergue dans le médaillon central, tandis que, pour bien rappeler le message, l'ange de droite brandit lui aussi un coeur : mes amis pédagogues le savent, "bis repetita placent", il faut répéter les choses plusieurs fois pour que "ça rentre". L'art baroque dans les églises s'inscrit dans cette pédagogie et les messages sont multipliés à l'envie. Ainsi en est-il des nombreux anges et angelots qui peuplent les églises baroques de Corse. Le message de l'époque est clair: on n'arrivera pas au paradis sans l'aide de ce monde ailé et intermédiaire ... Leur nombre est impressionnant dans chaque église et leur comptage vous garantit un bon torticolis.
Autre image récurente: la Colombe de l'Esprit Saint, qui accompagne presque toujours et annonce une dévotion à la Vierge Marie. C'est une référence à l'Annonciation. Regardez bien, elle est présente sous le coeur enflammé du médaillon central.
et, toujours à Speloncato, l'autel de l'Immaculée Conception, érigé le 7 octobre 1770 par Domenico Impernetti, passé maître stucateur, avec son élève Antonio delle Ville ... Malheureusement ici la cuve de l'autel baroque a été détruite et remplacée, ce qui nous fait perdre un élément important de la structure baroque initiale. Malgré cette perte, l'ensemble de l'architecture reste délicieux, et extrêmement rythmé : volutes, colonnes torses, pilastres, entablements, médaillons, rampants ... l'art baroque est une musique fantasque qui conduit le regard et l'âme vers le haut.
et son fronton.
Ne croyez pas que les pots de fleurs soient purement ornementaux, non, ils s'inscrivent dans la pédagogie du regard, car il ne s'agit pas de simples fleurettes, ce sont des roses, la fleur emblématique de la Vierge, et c'est une sorte de message "subliminal" complémentaire de l'image principale exprimée dans le médaillon central supérieur: la Colombe de l'Esprit Saint qui plonge, rayonnante, vers la Vierge ... Dans le médaillon inférieur, on retrouve un autre message important: le A et M entrelacés désigant à nouveau la Vierge Marie par la salutation Ave Maria, surmontée ici d'une couronne.
Il faut rappeler cette époque tourmentée de l'histoire de la Corse : nous sommes au lendemain de la bataille de Ponte Novu qui signe la fin de l'indépendance de la Nation Corse qui s'était placée sous la protection de la Vierge - Reine de la Corse -, et le culte marial prend un essort considérable pendant tout ce XVIII°siècle : dans la Corse d'aujourd'hui, l'hymne du Diu Vi Salve Regina témoigne de cette réalité.
Muro : le discours élaboré d'une façade baroque accomplie: trois niveaux allant en se rétrécissant, scandés par des pilastres, des niches, des statues, conduisent le parcours du regard et enseignent le fidèle. Ici l'aspiration vers le haut, vers le ciel, est particulèrement puissante.
La grande église de la Santa Nunziata de Muro ( Pieve de sant Andrea, diocèse de Mariana ed'Accia): reconstruite ( après la destruction de la première église, en 1743) au milieu du XVIII°s. "à la moderne": une louange baroque commencée au XVIII° s. et qui enchante toujours en plein XIX° s. " A la moderne": une nef élargie pour recevoir une nombreuse population, redistribuant l'espace au détriment des chapelles latérales, qui perdent la profondeur initiale qu'elles devaient avoir dans l'église du XVII°s.; un choeur rétréci par rapport à la nef, et un décor foisonnant qui chante la louange divine et enseigne le peuple.
l'autel des Âmes du Purgatoire: le décor festif de la Mort
crâne et tibias font partie de la fête, tout comme les flammes, en amortissement des colonnes. Un dialogue mouvementé entre les éléments de l'architecture et les messages de la piété baroque, où chacun joue sa partition pour la plus grande gloire divine ...
et son orgue Pagnini XVIII°/ Agati-Tronci XIX° siècle, logé dans un élégant ensemble tribune/buffet où l'on retrouve le travail d'A.P. Saladini.
Enfin, Corbara:
Vue de haut de la Collégiale de la Santa Nunziata de Corbara , l'une des quatre de Corse, dont trois en Balagne ( Speloncato, Corbara, Calenzana) et une dans le Cap Corse ( Luri) : signe de richesse de ces deux régions.
On remarque la hauteur trompeuse de la façade par rapport au corps de l'édifice, et le haut campanile: ces deux éléments, ainsi que l'enduit éclatant signalent de loin l'égise parmi les maisons du village: "regardez comme je suis grande et belle!".
la façade de la Collégiale Santa Nunziata de Corbara: élevée sur deux niveaux surmontés d'un édicule au centre du fronton, rythmés par des pilastres, annonçant un volume composé d'une nef centrale et de deux collatéraux. La scène de l'Annonciation racontée par des sculptures de marbre: l'ange Gabriel, Marie et la colombe de l'Esprit Saint.
Enfin, à l'intérieur, la lumineuse Collégiale Santa Nunziata de Corbara ( Pieve d'Aregno, diocèse d'Aleria) et, dialoguant de part et d'autre de la nef, le majestueux maître-autel baroquissime,
en marbre de Carrare de Pietro Cortesi: une richesse inouïe pour une église de village! sous son dais et le décor à larges rideaux en trompe-l'oeïl du XIX° siècle (une mise en scène théâtrale caractéristique de l'esprit baroque) et, de l'autre côté de la nef, non moins majestueux,
l'orgue imposant Saladini/Agati-Tronci XIX° siècle, restauré et relevé en 2011: on vient de retrouver le décor d'origine qui s'apparente directement à celui du petit orgue de Costa. Voir la note:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/11/28/l-orgue-de-corbara-retrouve-son-eclat.html
et que le festin baroque commence!
Faut-il rappeler que toutes ses églises avaient une voix, celle de l'orgue, qui dialoguait avec la voix des chantres, chaque communauté de la Balagne mettant son point d'honneur à chanter différemment de sa voisine (et mieux, si possible!) : un véritable patrimoine immatériel que certains villages ont su sauver et remettre en vie, en particulier grâce au renouveau des confréries . Quant à la musique de l'orgue, elle exprime toutes les nuances de la sensibilité baroque, toutes les émotions, allant de l'intime au solennel, de la tristesse à la joie. Dans leurs polyphonies, orgues et chants participent à l'expression d'une même piété issue du Concile de Trente : c'est " l'art de la Contre-Réforme", qui sollicite tous les sens pour élever l'homme vers Dieu.
Je vous propose en annexe de retrouver deux vidéos intéressant notre sujet:
la première , enregistrée pour l'émission de FR3 Stantari
http://ma-tvideo.france2.fr/video/iLyROoafIUfF.html
la seconde, enregistrée pour France 2, et l'émission des Racines et des Ailes, évoque plus précisément les problèmes de la restauration de ce patrimoine baroque:
http://patrimoine.blog.pelerin.info/2009/08/07/video-le-tresor-fragile-des-eglises-baroques-en-corse/
(le sommet de l'autel de stuc de l'Annonciation à Corbara: dans le fronton interrompu, l'édicule où se déroule la scène de l'Annonciation, et tout autour s'affairent les anges: assis sur les rampants, l'un sagement médite sur un livre de prière, l'autre vous interpelle; au-dessus du fronton interrompu de l'édicule, en écho, deux angelots tiennent la couronne de la Vierge, tandis que volètent dans le ciel de l'arc, tenant une guirlande de roses ...)
Bibliographie:
enfin, l'on peut retrouver beaucoup d'informations nourries d'archives dans les ouvrages didactiques de Nicolas Mattei,
1/ Les églises baroques de Corse, à la recherche d'un langage oublié, CRDP de Corse, 1998
2/Le baroque religieux corse, éditions Albiana, 2009
et divers cahiers de la Fagec :
3/ Cahiers n°172-173-174-175. L'art baroque en Corse.
4/ Cahier Corsica n° 191: Les Raffali de Piedicroce d'Orezza peintres stucateurs dans les églises de Corse aux XVIII° et XIX° siècles, de Caroline Paoli
5/ Cahiers Corsica n° 228-229-230-231 : Colorations extérieures des monuments baroques , de Rino Fontana et Monique Traeber-Fontana
11:26 Publié dans corse, l'art baroque en corse, orgues historiques de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : architecture et décors baroques en balagne, balagne, costa, muro, corbara, découverte du baroque corse, orgues historiques de corse | Facebook |
25/03/2012
Mines et métallurgie du fer en Corse
Toujours en recherche sur le monde énigmatique des stèles de l'Ampugnani, il nous a paru intéressant d'explorer l'environnement humain de cette région. Nous avions découvert l'existence dans la toponymie de Casalta d'une "ferriera". J'ai eu la bonne surprise de découvrir dans cet excellent ouvrage de Pierre Comiti sur les mines et la métallurgie du fer en Corse, la référence (p. 253) de cette "ferriera" de Casalta au lieu-dit Li Santelli, établissement de type "plan à bas-foyer", construit en 1740 par Carlo Casella, et encore en activité en 1857 ...
Le livre de P. Comiti regorge de renseignements précieux nous permettant de mieux appréhender ce monde de la métallurgie si important dans une société rurale, les forgerons de chaque communauté transformant le fer produit dans la ferreria la plus proche en outils indispensables à la vie agro-pastorale de la région.
Il en ressort que le fer traité provenait en majeure partie des mines de l'Ile d'Elbe, que les ouvriers spécialisés étaient en majorité italiens, et que les charbonniers qui produisaient la grande quantité de charbon nécessaire au fonctionnement de la ferriera étaient parfois aussi italiens, en particulier de Lucca. On apprend aussi que lorsque Carlo Casella entreprend la construction de cette ferriera de Casalta, " Les hommes de la communauté de Bonifatio de Monte d'Olmo et ceux d'Alzi, sachant les bienfaits procurés par un tel établissement, se réunissent à la sortie de la messe, sur la place de l'église Saint Cosme-Saint Damien et décident de fournir gratuitement le bois à charbonner. Ils s'engagent aussi à fournir tout le bois nécessaire au bon état de la ferriera et à le conduire gratuitement à l'établissement. Casella pour sa part s'engage à fournir aux communautés tout le fer dont elles auront besoin, à 2 sous 4 deniers la livre. Deux actes signalent le même engagement des communautés de Pruno et Scata." (p.122) ( Des communautés proches de Casalta).
On peut suivre les échanges, voire les conflits, entre les travailleurs italiens et leur patron - et les habitants de la Pieve, ainsi que les problèmes de gestion de l'eau et du bois, tous deux nécessaires au fonctionnent de la ferriera.
Cette population italienne aurait-elle en son temps ( au XIX° siècle) contribué à la diffusion des idées des carbonari ou de sa forme locale - i Pinnuti - dont nous trouvons peut-être un écho sur les stèles de l'Ampugnani ?
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/12/30/le-mystere-des-steles-gravees-de-campiestru.html
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2012/01/02/les-steles-gravees-de-campiestru-suite.html
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2012/03/04/deux-autres-steles-esoteriques-de-l-ampugnani.html)
Cet ouvrage est complémentaire du beau livre, généreusement illustrée et riche de documents, d'Alain Gauthier, chez Albiana: deux livres qui évoquent l'aspiration légitime de la Corse au monde du progrès, les espoirs souvent déçus des investisseurs ...
Et si le véritable progrès et la véritable "mine" de la Corse résidaient dans le respect de cette nature si généreuse, tour-à-tour grandiose, rude et douce aux yeux et au pas, lentement humanisée mais sans les excès de l'industrialisation et du profit à court terme?
hier, un oriu sous le Capu Bracaghu (territoire de Lavatoghju): aménagement d'un abri sous-roche naturel.
(sur les pentes de Bracaghju: montagnes granitiques et plaines)
(à suivre!)
09:49 Publié dans corse, livres sur la corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre comiti, mines en corse, métallurgie en corse, alain gauthier, carbonarisme, topi pinnuti, casalta, ampugnani | Facebook |
21/03/2012
Musique à Castiglioni
(malgré "l'actualité":
la petite musique du quotidien comme une prière pour aider le monde à tourner rond )
La musique dans la pieve de la Ghjuvellina:
Vous reprendrez bien un peu de violon de Castiglioni?
sous les doigts et l'archet de Bernardu Pazzoni:
http://youtu.be/DhSxgRInhFI
Encore un air qui a bien dû faire gambiller nos gens de la "Caccia amorosa" du carnaval... Merci à Bernardu Pazzoni de ce nouveau témoignage du dernier violoneux de Castiglioni, Paul Maestracci, précieux témoin aussi de ce carnaval. Voir les notes:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2012/02/18/carnaval.html
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2012/03/07/castiglione-evocation-musicale-du-carnaval.html
11:03 Publié dans corse, musique traditionnelle corse, patrimoine populaire de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : castiglione, carnaval, ghjuvellina | Facebook |