15/10/2012
Castirla: Cappella San Michele, Pieve de Talcini
Visite ce jeudi 11 Octobre 2012
de la chapelle San Michele de Castirla
Pieve de Talcini
après sa récente restauration et son inauguration,
le 29 septembre dernier, jour de la Saint Michel
Voici ce que disait Mgr MASCARDI de cette petite chapelle après sa visite en 1589 (fol 244) _ cité par Geneviève Moracchini Mazel, p. 329 de son ouvrage (hélas épuisé) sur les églises romanes de Corse:
" ... Eglise paroissiale San Michele, annexe de Sant'Andrea d'Omessa ... elle se trouveà un tiers de mille des habitations ... son toit laisse passer la pluie ... il y a deux portes ... les murs sont pleins de trous et comportent une fenêtre en mauvais état ... il y a une cloche pendue à un arbre ... l'autel est placé sous une abside peinte ... il y a 21 feux et 80 âmes".
J'avais mis une "Brève du Purgatoire" (sic!) en Août 2008 pour signaler l'état inquiétant de cette petite chapelle en son cimetière ( une première fois sauvée de la ruine en 1963, première restauration des fresques en 1964, puis toiture refaite en 1984 ...)
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2008/08/16/breve-du-purgatoire-castirla-aout-2008.html
Entre temps les volontés conjuguées de la Municipalité de Castirla et de la Collectivité Territoriale de Corse (engagée dans son ambitieux programme de restauration de l'ensemble des chapelles à fresques de Corse - voir la note: http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/02/17/ou-en-sont-les-projets-de-restauration-des-chapelles-a-fresq.html ) ont permis de restituer l'intégrité et tout le charme de cette modeste chapelle. La charpente (qui s'était effondrée sous l'action des intempéries et de la mérule) a été à nouveau refaite, elle a reçu une nouvelle couverture de teghje, l'extérieur et l'intérieur nous accueillent aujourd'hui à nouveau avec grâce et simplicité.
Ce que l'on découvre en entrant, vers l'abside, côté est
et vers la porte ouest
Les fresques restaurées ( fin XV° siècle):
(par l'atelier Paillard Boyer de Montpellier)
l'ensemble des fresques:
Dans l'abside en cul de four, au registre inférieur, le niveau des hommes, la série des douze apôtres dont on peut encore lire certains noms; au-dessus, pieds nus en dedans le personnage central du Christ en majesté, entouré du Tétramorphe (les quatre Evangélistes), Dans l'arc triomphal, la traditionnelle représentation de l'Annonciation; sous l'Ange Gabriel, Marie tient l'Enfant Jésus sur ses genoux; sous la Vierge de l'Annonciation, Saint Michel, le saint patron de la chapelle.
au centre, le "Christ Pantocrator" : le Christ en majesté
bénissant de sa main droite, pouce, index et majeur levés - le geste de la bénédiction "latine". Dans cette représentation du Christ en majesté, telle qu'on le retrouve habituellement peint au centre des absides de nos chapelles à fresques en Corse, ce geste de bénédiction semble délivrer en outre le message trinitaire : une même bénédiction donnée par le Père, le Fils et l'Esprit Saint.
dans sa main gauche, le Livre divin ouvert:
" EGO SUM LUX MUNDI ET VIA VERITAS ET VITA"
" Jésus leur parla de nouveau, et dit : Je suis la lumière du monde; celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie."
(Jean, 8, 12)
Le Christ est entouré du Tétramorphe, la personnification zoomorphe, ailée, symbolique des quatre Evangélistes . Un peu de révision, en passant par les traditions ésotériques, de ces quatre éléments qui apparaissent dans l'Apocalypse de Saint Jean, hérités des civilisations égyptiennes et mésopotamienne, et de la vision d'Ezechiel dans la Bible :
L'Ange (ou l'Homme ailé), Saint Matthieu:
l'Ange de la Naissance, l'intuition de la vérité
Saint Luc: Le Taureau (ou le Boeuf)
le sacrifice et la Mort, la terre, la résistance
Le Lion, Saint Marc:
la Résurrection, le feu, la force, le mouvement
L'Aigle, Saint Jean:
l'Ascension, l'air, l'intelligence, l'action
Au registre inférieur, sous le Christ, et derrière l'autel, alternant sur fond ocre rouge ou blanc, les douze apôtres, représentés en pied et curieusement proportionnés, racourcis, espace oblige. Leurs visages, de trois quart, semblent suspendus à leur vision intérieure, et leurs mains prêchent et dialoguent:
certains portent leur nom au-dessus de leur tête, comme ici Saint Philippe et Saint Matthieu
Saint André et Saint Taddée,
Saint Jacques le Mineur
Saint Jacques le Majeur et un autre apôtre
Saint Pierre et ses clefs sous le pied nu du Christ
un autre apôtre, enseignant
et encore celui-ci: le juvénile Saint Jean, il me semble, l'apôtre bien aimé sous l'autre pied du Christ ...
Saint Barthélémy, impressionnant écorché, armé du couteau de son supplice,
et portant sur son épaule son double: sa peau ...
Les prunelles se sont parfois effacées, sans doute initialement peintes "a secco" , comme ici:
(avec Josquin Desprez: Gaude Virgo, Mater Christi)
http://youtu.be/NGwZnvfqRCY
- les couleurs sont très altérées -
sur de pied-droit à gauche de l'arc triomphal, la Vierge présente l'Enfant à l'adoration des fidèles: à la fois Mater Christi (Mère du Christ) et Mater Ecclesiae (Mère de l'Eglise).
(avec Jacky Micaelli, Tota pulchra es Maria, d'après un manuscrit franciscain du XVIII° s.de Corse, revu par Marcel Perez)
http://youtu.be/jJhLAND4gc0
et de l'autre côté, armé et cuirassé, Saint Michel pèse les âmes et maîtrise de sa lance le Diable
... qui ronronne comme un gentil dragon apprivoisé, fouettant l'air de sa queue: méfiance! je crois qu'il tente d'attraper la petite âme vacillante qui glisse par-dessus bord du plateau de la balance ...
silence!
Certes le peintre de Castirla n'est sans doute pas un fresquiste virtuose, mais il sait donner toute leur intériorité à ses visages et transmettre avec sincérité les messages essentiels, sans gloses superflues ...
Une petite chapelle paisible
où il fait bon revenir
et se retrouver.
Elle est située le long d'un chemin de transhumance autrefois très fréquenté, reliant la vallée du Golo à la région du Niolo, en passant par la saignée minérale de la Scala di Santa Regina...
Renseignements à la mairie de Castirla : 04 95 47 41 40
22:33 Publié dans découverte du patrimoine en Corse, fresques de corse, iconographie des saints, restauration du patrimoine | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : castirla, fresques de san michele de castirla, tétramorphe, christ pantocrator, mater ecclesiae, tota pulchra es maria, jacky micaelli | Facebook |
09/10/2012
Hildegarde de Bingen, hors du temps
Hildegarde de Bingen
1098- 1179
Le Pape Benoît XVI vient de nommer le 7 Octobre
cette grande figure rhénane du XII° siècle
Docteure de l'Eglise,
en bonne compagnie, la quatrième après Catherine de Sienne,
Thérèse d'Avila et Thérèse de Lisieux .
" O vis aeternitatis"
(désolée pour la pub!)
Femme visionnaire, poétesse et musicienne inspirée de la langue des anges ( texte et musique des Louanges,par exemple ), moniale contemplative et active prophétesse, inspirée et grande redresseuse des esprits tordus ("rege quod est devium") fût-ce celui de l'Empereur Barberousse,
conseillère des puissants, thérapeute attentive à l'observation du végétal et du minéral, écologiste d'avant-garde, Hildegarde de Bingen s'émerveille devant l'oeuvre du Créateur et place l'homme au coeur de cette oeuvre.
Dans le Livre des oeuvres divines, elle décrit ses visions (qu'elle fera peindre par des enlumineurs) :
"Pauvre âme, fille de tant de misères! Tu es comme calcinée déjà par tant de souffrances physiques si cruelles! Te voilà pourtant encore une fois transpercée par le flot de l'abysse des mystères de Dieu. Pour le service des hommes, ne relâche pas la plume! Transcris ce qu'ont vu tes yeux et ce qu'ont perçu tes oreilles intérieures" ...
A retrouver dans l'article du Monde des Religions:
http://nous-les-dieux.org/Le_Monde_des_Religions_HS_N%C2%...
Quant à moi, comme beaucoup, j'ai découvert sa musique ( qui m'a profondément remuée lors de la sortie, en 1995 "des Chants de l'extase") bien avant de rencontrer ses écrits et son univers symbolique ...
"O mons clausae mentis
tu assidue pulchram faciem aperuisti
in speculo columbae"
"Ô montagne de l'esprit fermé
Tu n'as pas cessé de découvrir ton beau visage
Au miroir de la colombe"
Trois livres à découvrir:
Scivias ( "Connais les voies")
Liber vitae mentorum (le livre des mérites)
Liber operatione Dei (le livre des oeuvres divines)
O Splendissima Gemma - ici accomodé avec un brin de raz el hanout qui ne me déplait pas.
Les praticiens des " médecines douces" se sont intéressés depuis quelques années à l'oeuvre médicale d'Hildegarde: stages, recettes de cuisine, produits estampillés fleurissent sur le web à l'usage de tout un chacun . Je ne sais trop ce que pense notre noble abbesse qui ne voulait pas , époque oblige, mélanger les torchons et les serviettes, manants et seigneurs, et n'accueillait, dans ses deux abbayes rhénanes que de nobles dames ...
17:45 Publié dans Musique, spiritualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hildegarde de bingen | Facebook |
08/10/2012
7 Octobre 2012
Hier 7 Octobre,
on a aussi fêté en Corse
Notre-Dame du Rosaire
à Costa, le Rosaire du Maître-autel (dit du "Maître de Feliceto", début 18° siècle)
(détail: les Mystères glorieux)
... selon Heinrich Ignaz Franz von BIBER (les Sonates du Rosaire: merveille! ) - clic droit pour ouvrir les liens -
l'Ascension:
et le Couronnement de la Vierge:
à Vallica, le Rosaire de Giacomo Grandi (milieu 18° siècle)
Ce même jour a été choisi pour la commémoration de la Bataille de Lépante
(7 Octobre 1571)
avec un genre musical à la mode après la Bataille de Lépante ... bien servi par les fameuses chamades des orgues d'Espagne ... ou du Nouveau Monde .
Donc, quelques batailles bien tonitruantes :
1°/Batalla du mexicain Joseph de Torrez Y Vergara (1661-1727). Joué sur l'orgue baroque de la Cathédrale de Mexico:
2°/ la Batalha Famoza, de Pedro dal Araujo
par Tonne Koopman à l'orgue de style espagnol de l'église Saint Lambert, Woluwé Saint Lambert près de Bruxelles en Belgique
et la Batalla du 5° Ton de Juan Cabanilles, à l'orgue de la Cathédrale de Tolède:
et une autre, la Batalla Imperial sur l'orgue de Segovia:
et encore Cabanilles sous la direction de Jordi Savall:
etc, etc ...
Je vous invite à retrouver la note de l'an dernier sur ce sujet :
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/10/07/aiti-la-devotion-du-rosaire-et-la-bataille-de-lepante.html
Enfin, le Pape Benoît XVI a également choisi la date du 7 Octobre 2012 pour nommer la grande mystique du XII° siècle Hildegarde de Bingen docteure de l'Eglise : à suivre!
18:21 Publié dans corse, patrimoine de corse, spiritualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rosaire, bataille de lépante, batailles à l'orgue | Facebook |
05/10/2012
Corse et continent, entre chien et loup
entre chien et loup
en descendant de Corbara, ce 27 septembre dernier, comme parfois ici après la pluie et le vent, posées à la surface de la mer,
les montagnes des Préalpes: il me vient ceci
le crépuscule
porte entr'ouverte entre deux mondes
où vacillent
les certitudes
mirages de la raison
et s'effilochent les frontières
entre les vivants et les morts
où germent les rêves
et s'éveillent les nymphes
des papillons de nuit aux antennes plumeuses
déchirure étroite
par où sortent
sorciers et sorcières
chasseurs nocturnes
fées menues mais de grand pouvoir
instant suspendu
où tout est possible
( 5/10/12)
Et puis, avant de dormir, après tout pourquoi pas, ce drôle de poème de Philippe Soupault:
" Au crépuscule
Bonsoir doux amour
comme disait Shakespeare
Bonsoir mon petit pote
comme disait Jules
Bonsoir bonsoir mon père
comme disait l'enfant de chœur
Bonsoir bonsoir mon fils
comme disait le curé
Bonsoir vieille noix
comme disait l'enfant de chœur
Bonsoir mon chou
comme dit le jardinier
Bonsoir les enfants
comme disent les enfants
Ariane bonsoir ma sœur
comme aurait dit Racine
Bonsoir mon trésor
comme disent les banquiers
Bonsoir ma cocotte
comme dit la fermière
Bonsoir mon loup
comme dit la bergère
Bonsoir les amoureux
comme disent les eunuques
Bonsoir bonsoir bonsoir
comme disent les inconnus
Mille bonsoirs de bonsoirs
comme disent les militaires
les nourrices et les chaisières
Bonsoir tout le monde
comme tout le monde le dit
Vos gueules là-dedans
disent enfin les poètes
Et comme ils ont raison."
P. Soupault, Poésies complètes
10:20 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : crépuscule, philippe soupault | Facebook |
01/10/2012
Notre-Dame des Sept Douleurs à Belgodère
Dimanche 16 Septembre,
Belgodère honorait sa Vierge des Sept Douleurs
Rappelons que cette très belle statue de la Vierge des Sept Douleurs est l'oeuvre, en 1695, du sculpteur gênois Agostino de NEGRI ( de Camogli), commandée pour orner le fabuleux maître-autel baroque (bois polychrome) de l'église du couvent servite Nostra Signora delle Grazie, à Belgodère - Pieve de Tuani, aujourd'hui transféré dans la Chapelle Saint-Jean de Belgodère.
à retrouver sur la note consacrée à cette chapelle St Jean lors des Journées du Patrimoine 2011 (écrite le 30/9/2011):
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/09/30/belgodere-la-chapelle-de-saint-jean-ante-portam-latinam.html
Cet extraordinaire chef-d'oeuvre attribuable à Giovanni Pellegrini et daté de 1704 devrait, très prochainement, faire l'objet d'une restauration: on attend avec impatience que l'allègre cohorte des anges puisse réintégrer son foyer baroque!
Venons-en aux sept Douleurs de la Vierge, dévotion développée par les Servites de Marie, en particulier (voir :" Les Servites de Marie en Corse" éditions Alain Piazzola).
Ortiporio, Pieve de Casacconi, (Castagniccia), la charmante petite statue de la Vierge des Sept Douleurs, " Addolorata", (début XVIII° siècle) en provenance de l'ancien couvent des Servites de Casabianca: oeuvre d'un artisan local - dans cette région de la Castagniccia, menuisiers et ébénistes ne manquent pas - et qui utilise sans doute un modèle estampé de cette pieuse dévotion. Des mains de travailleuse, dure à l'ouvrage!
L'occasion de faire un retour aux sources évangéliques...
Sept glaives poignardent le coeur de Marie
Les trois premiers glaives concernent l'Enfance de Jésus
1- La prophétie du saint vieillard Siméon lors de la présentation au Temple:
(avec le Nunc dimittis de Giovanni Pierlugi da Palestrina, chanté par the Tallis Scolars - clic droit pour ouvrir le lien)
http://youtu.be/i4VoKso5ERI
(avec l'Evangile selon Saint Luc):"Et quand vint le jour où, selon la Loi de Moïse, ils devaient être purifiés, ils le portèrent à Jérusalem, afin de le présenter au Seigneur, ainsi qu'il est écrit dans la Loi du Seigneur: Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur -, et afin d'offrir en sacrifice, suivant ce qui est dit dans la Loi du Seigneur, un couple de tourterelles ou deux jeunes colombes. Or il y avait à Jérusalem un homme du nom de Siméon. Cet homme était juste et pieux; il attendait la consolation d'Israël, et l'Esprit-Saint reposait sur lui. Et il lui avait été révélé par l'Esprit-Saint qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Messie du Seigneur. Il vint donc au Temple, poussé par l'Esprit, et comme les parents apportaient le petit enfant Jésus pour observer les coutumes légales à son égard, il le reçut dans ses bras, bénit Dieu et dit:
(Rembrandt)
"Maintenant, ô Maître souverain, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s'en aller en paix;
car mes yeux ont vu ton Salut,
que tu as préparé en faveur de tous les peuples,
lumière pour éclairer les nations
et gloire de ton peuple, Israël "
Son père et sa mère étaient dans l'émerveillement de ce qui se disait de lui. Siméon les bénit et dit à Marie, sa mère:
" Vois! cet enfant est fait pour la chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël; il doit être un signe en butte à la contradiction, - et toi-même, un glaive te transpercera l'âme! - afin que se révèlent les pensées intimes d'un grand nombre"
(Rembrandt, 1669, Simeon avec l'enfant Jésus dans le Temple
Nationalmuseum, Stockholm:
merveille!)
Bastia, église paroissiale Saint Jean-Baptiste: la Présentation au Temple, ou la Purification de la Vierge.
Merci à Michel-Edouard Nigaglioni pour cette photo, et son commentaire, que l'on trouvera p.81 dans l'Inventaire du Patrimoine -la peinture- de la Ville de Bastia. Copie de Guido Reni, réalisée par une certaine Justine de Janvry, et offerte par l'Empereur Napoléon III en 1858.
2- La fuite en Egypte ... et son dramatique corolaire: le massacre des Innocents.
(à l'adresse de tous les exilés d'hier et d'aujourd'hui: fuite devant la soldatesque et les massacres aveugles de tous les pays)
(Valle d'Orezza- Pieve d'Orezza - l'adorable médaillon de l'autel (stuc) de St Joseph, oeuvre d' Ignazio Saverio Raffali)
( avec Evangile selon Saint Matthieu)" (...) L'ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit: "Lève-toi, prends l'enfant et sa mère, et fuis en Egypte; et restes-y jusqu'à ce que je t'avertisse. Car Hérode va chercher l'enfant pour le faire périr." Joseph se leva, prit de nuit l'enfant et sa mère, et se retira en Egypte, où il demeura jusqu'à la mort d'Hérode.
Ainsi devait s'accomplir cet oracle prophétique du Seigneur:
D'Egypte j'ai appelé mon fils.
(la fuite en Egypte: Nicolas Poussin, 1657,
Musée des Beaux-Arts de Lyon)
Rembrandt, le Repos de la Sainte Famille, 1647
Dublin, National Gallery of Ireland
Bastia, église St Joseph, la Fuite en Egypte par G. Muratori - décor de la voûte d'une chapelle latérale: merci M.E. Nigaglioni!
Quand Hérode vit qu'il avait été joué par les mages, il fut pris d'une violente fureur et envoya tuer, dans Béthléem et tout son territoire, tous les enfants de moins de deux ans, d'après la date qu'il s'était fait préciser par les mages.
( Fra Angelico,1451-1452, Museo di San Marco à Florence: je me souviens d'avoir été submergée d'angoisse devant cette petite peinture a tempera d'une violence inouïe)
Alors s'accomplit l'oracle du prophète Jérémie:
Dans Rama s'est fait entendre une voix,
qui sanglote et moult se lamente:
c'est Rachel pleurant ses enfants;
et ne veut pas qu'on la console,
car ils ne sont plus. "
3- La disparition de Jésus au Temple pendant trois jours.
Giotto, à Padoue, Chapelle des Scrovegni, Jésus au milieu des docteurs du Temple
(avec l' Evangile selon Saint Luc)
" Chaque année ses parents se rendaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Quand il eut douze ans, ils y montèrent, ainsi qu'on faisait pour la Fête. Et comme, au terme de leur séjour, ils s'en retournaient, l'enfant resta à Jérusalem à l'insu de ses parents. Le croyant dans la caravane, ils firent une journée de chemin, puis ils se mirent à le chercher parmi leurs parents et connaissances. Mais ne l'ayant pas trouvé, ils revinrent, toujours à sa recherche, à Jérusalem.
Au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et leur posant des questions; et tous ceux qui l'entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses. A sa vue ils furent saisis d'émotion, et sa mère lui dit: "Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela? ton père et moi, nous te cherchons, angoissés." Il leur répondit: " Et pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas que je me dois aux affaires de mon Père? " Mais eux ne comprirent pas la parole qu'il venait de leur dire."
(le même sujet , tableautin traité (fin 17° Siècle) comme le 5° Mystère Joyeux dans la toile du Rosaire à Muro, Pieve de Sant Andrea, en Balagne)
Bastia, église paroissiale Saint Jean-Baptiste:
à nouveau merci à M.E. Nigaglioni pour cette photo et son commentaire, p.19 (idem, Inventaire de la Ville de Bastia):"Copie d'une oeuvre de Bartolomeo Manfredi (1582-ap 1622), imitateur de Caravage, conservée à Florence à la Galleria degli Uffizi " . Provient de la collection du cardinal Fesch.
(quel récit! un savon bien mérité, côté parents, et une réponse bien dérangeante, presque cinglante, de la part du fils - ou, vu du petit bout de la lorgnette, de la difficulté d'élever un enfant surdoué et différent lorsqu'on est des parents à peu près normaux ...
Curieusement, il est à noter, donc, que cet épisode douloureux appartient, dans la série des Mystères du Rosaire, au cycle des Mystères Joyeux: première révélation de son ministère divin)
Et Saint Luc de poursuivre:
" Il redescendit alors avec eux et revint à Nazareth; et il leur était soumis. Et sa mère gardait fidèlement tous ces souvenirs en son coeur. Quant à Jésus, il croissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes."
Les quatre glaives suivants concernent la Passion du Christ
4- La rencontre par la Mère de Jésus portant Sa croix et montant au Calvaire:
(Aiti - Pieve de Vallerustie - 4° station du chemin de croix, Jésus rencontre sa mère, Giacomo Grandi)
... tradition orale, épisode absent des Evangiles, de même que la rencontre avec Sainte Véronique ...
5- Marie debout au pied de la croix.
( à Piedicroce -Pieve d'Orezza- l'autel de la Crucifixion, peinture de Giacomo Grandi, 2° moitié du 18° siècle.)
avec le Stabat Mater de Pergolèse , Soprano Katia Ricciarelli et Contralto Lucia Valentini
Choeur et orchestre and Orchestra de La Scala, sous la baguette de Claudio Abbado, en 1979.http://youtu.be/mNt13Vw-K6Q
et avec l'Evangile selon Saint Jean:
" Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère, la soeur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. Voyant sa mère et près d'elle le disciple qu'il aimait, Jésus dit à sa mère: " Femme, voici ton fils. " Puis il dit au disciple: "Voici ta mère." A partir de cette heure, le disciple la prit chez lui. "
et avec la musique intérieure du Stabat Mater de Marc-Antoine Charpentier, interprété par le Concert des Nations sous la direction de Jordi Savall à la Chapelle Royale de Versailles:
http://youtu.be/QYlEo0hbPEM
( Quenza - pieve de Scopamene -
la Tenture du Sepolcru, anonyme, fin 17°? )
6- La descente de Jésus de la croix et la remise à Sa Mère.
(avec J.S. Bach: Christ lag in Todesbanden, sous la direction de Ton Koopman)
http://youtu.be/hD--wsX79f8
(13° station du chemin de croix de Vallica - Pieve du Ghjunsani - Giacomo Grandi)
avec l'Evangile selon Saint Marc:
"Déjà le soir était venu et comme c'était la parascève, c'est-à-dire la veille du sabbat, Joseph d'Arimathie, membre notable du Conseil, qui attendait lui aussi le Royaume de Dieu, se risqua à aller trouver Pilate et à lui demander le corps de Jésus. Pilate s'étonna qu'il fût déjà mort et ayant fait appeler le centurion, il lui demanda s'il était déjà mort. Informé par le centurion, il octroya le corps à Joseph. Celui-ci , ayant acheté un linceul, descendit Jésus de la croix, l'enveloppa dans le linceul et le déposa dans un tombeau qui avait été taillé dans le roc; puis il roula une pierre à l'entrée du tombeau. Or, Marie de Magdala et Marie, mère de Joset, regardaient où on l'avait mis."
Speluncatu -Balagne - la très belle Déploration du Christ, anonyme 18° siècle. Dans l'esprit de Greuze.
7- L'ensevelissement de Jésus dans le sépulcre.
... en trois temps ...
avec le lamentu di Ghjesu chanté par Jacky Micaeli
http://youtu.be/zhKeAAiKyvo
( Giacomo Grandi, Vallica - pieve du Ghjunsani- 14° Station du chemin de croix: Jésus mis au tombeau)
(Aiti -"petite Castagniccia" - 14° station du chemin de croix, Giacomo Grandi: le vide de l'absence, lamentu di Ghjesu)
( Le même sujet, peint pour Gavignano- pieve du Rustinu - par Francescu Carli (2° partie du 18° siècle) : cette fois, on ferme, c'est fini.)
Revenons à Belgodère
(la procession reconduisant le 16 septembre dernier la statue de la Vierge à l'église paroissiale ...)
Pour cette fête paroissiale de Belgodère, toujours très vivante, les confréries de la région ont animé avec ferveur la messe et la procession: et comme m'a dit une dame du village, "à cette date on se retrouve entre nous" ...
avec, en prime, ce petit reportage sans prétentions réalisé par des amis, lors de la fête de la Vierge des Sept Douleurs à Belgodère, ce dimanche 16 septembre 2012
https://skydrive.live.com/#cid=462E64BB7B5B8342&id=462E64BB7B5B8342%21278
(Merci à Claude et Jacqueline!)