14/12/2012
Hier à Ville di Petrabugno, Ste Lucie
Hier , célébration de la Santa Lucia à Ville di Petrabugno (Cap Corse)
(petite suite de la note d'hier sur Sainte Lucie)
Pour une assemblée nombreuse, une messe solemnelle concélébrée par l'Evêque de Corse, Mgr. Olivier de GERMAY, avec la participation de plusieurs confréries de la région et d'une bonne chorale,
accompagnée à l'orgue par Pierre Vallecalle. Ce bel instrument construit par Luigi De Ferrari en 1837 et restauré en 1981 par G.C. Galtier (Odile Bailleux avait fait le concert d'inauguration. ) mériterait une bonne révision générale ...
L'église Sainte Lucie de Ville di Petrabugno, d'une élégante architecture baroque tardive, construite entre 1796 et 1800, remplace un édifice antérieur, de 1562, dédié à Ste Félicité. J'ai connu cette belle église riche de stucs bien avant sa "rénovation" par un décorateur de Balagne : je me contenterai de dire qu'aujourd'hui son décor de faux marbres rubescents rutile.
En ce jour de Sainte Lucie,
les dames ont amoureusement préparé et fleuri la statue de la Sainte
et la belle banière (XIX°s., restaurée) est prête à sortir pour la procession: Ste Lucie est aux côtés de Ste Félicité, la première patronne de cette paroisse,
qui cèdera la première place à Ste Lucie aujourd'hui.
La première chapelle latérale à droite du maître-autel est du reste consacrée à Ste Lucie, en compagnie de Ste Catherine, toutes deux aux pieds de la Vierge à l'Enfant:
ce tableau d'autel (1628) de Nicolao Castiglioni mérite qu'on s'y arrête à nouveau: l'artiste, originaire du petit village de Castiglione (il y nait vers 1592) s'est dépassé: raffinement des étoffes, élégance des toilettes, douceur expressive des visages ...
Voici ce qu'en dit Michel-Edouard Nigaglioni dans son Encyclopédie des peintres actifs en Corse qui vient de sortir aux Editions A. Piazzola (voir la note prochaine):
"Nicolao Castiglioni est un précurseur dans bien des domaines. Il est le premier peintre natif de Corse à assimiler le langage baroque, apparu depuis peu en Italie continentale. Son style s'inscrit pleinement dans celui de la peinture génoise de son temps et l'on peut supposer qu'il a été formé à Bastia par le peintre génois Ottavio Cambiaso."
A gauche de cette oeuvre majeure de la peinture corse, et dans un registre cette fois tout-à-fait populaire, deux petits ex-voto peints du XIX° s. rappellent les vertus curatives de Sainte Lucie,
priée pour guérir les maladies des yeux:
vous voyez bien sa miraculeuse efficacité!
:
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12/12/2012
Santa Lucia
Sainte Lucie, Vierge et Martyre de Syracuse,
fêtée le 13 décembre,
(Francesco del Cossa, les yeux de Ste Lucie
une sainte patronne bien populaire en Europe
et en Corse :
à Cateri (Pieve d'Aregno), la statue de procession en papier mâché, art populaire (XIX° s.):
comme souvent, les doigts sont les premiers à souffrir de la procession dans le village. Ce n'est pas une raison pour la priver de sa promenade annuelle!
... et ses yeux, présentés par ce gentil petit angelot : ce sont les armes parlantes de Sainte Lucie. La popularité de Santa Lucia repose sur le fait qu'elle passe pour guérir tous les maladies des yeux, y compris la cécité. Quoi qu'il en soit sa fête, le 13 décembre, célèbre la fin des jours sombres et le retour proche de la lumière.
Comme vous le verrez, notre Santa Lucia a bien gagné par les souffrances variées de son interminable martyreson statut de Vierge Martyre. heureusement pour ses porteurs, la sainte Lucie de Cateri ne pèse pas le poids de sa légende:
" columna es immobilis, Lucia sponsa Christi "
(tu es une colonne immobile, Lucie, épouse du Christ)
Voici ce qu'en dit Jacques de Voragine dans la Légende dorée:
Lucie, vierge syracusaine de famille noble, voyant se répandre à travers toute la Sicile la gloire de sainte Agathe, se rendit au tombeau de cette sainte, en compagnie de sa mère Euthicie, qui, depuis quatre ans déjà, souffrait d’un flux de sang incurable. Les deux femmes arrivèrent à l’église pendant la messe, et au moment ou on lisait le passage de l’Évangile qui raconte la guérison miraculeuse, par Jésus, d’une femme atteinte d’un flux de sang. Alors Lucie dit à sa mère : « Si tu crois à ce qu’on vient de lire, tu dois croire aussi qu’Agathe est maintenant en présence de Celui pour le nom de qui elle a subi le martyre. Et si tu crois cela, tu retrouveras la santé en touchant le tombeau de la sainte ! » Aussitôt, tous s’écartant pour leur livrer passage, la mère et la fille s’approchèrent du tombeau, et se mirent à prier. Et voici que la jeune fille tomba soudain endormie, et eut un rêve où elle vit sainte Agathe debout au milieu des anges, toute parée de pierreries, et lui disant : « Ma sœur Lucie, vierge consacrée à Dieu, pourquoi me demandes-tu une chose que tu peux toi-même accorder sur-le-champ à ta mère ? Vois, ta foi l’a guérie ! » Et Lucie, s’éveillant, dit à sa mère : « Ma mère, tu es guérie ! Mais au nom de celle aux prières de qui tu dois ta guérison, je te prie de me délier désormais de mes fiançailles, et de distribuer aux pauvres la dot que tu me destinais ! » Sa mère lui répondit : « Attends plutôt de m’avoir fermé les yeux, et tu feras ensuite ce que tu voudras de nos biens ! » Mais Lucie : « Ce que tu donnes en mourant, dit-elle, tu le donnes parce que tu ne peux pas l’emporter avec toi. Mais, si tu le donnes de ton vivant, tu en auras la récompense là-haut ! »
(Bruges, Maître de la Légende de Ste Lucie, XV° s.)
De retour chez elles, Lucie et sa mère commencèrent à distribuer, peu à peu, tous leurs biens aux pauvres. Et le fiancé de Lucie, l’ayant appris, en demanda compte à la nourrice de la jeune fille. Cette femme, en personne rusée, lui répondit que Lucie avait trouvé une propriété meilleure, qu’elle voulait l’acquérir, et que c’était pour cela qu’elle vendait une partie de ses biens. Et lui, dans sa sottise, il crut à un commerce matériel, et se mit à les encourager dans la vente de leurs biens. Mais quand tout fut vendu et qu’on sut que tout était allé aux pauvres, le fiancé, furieux, porta plainte devant le consul Paschase, disant que Lucie était chrétienne et n’obéissait pas aux lois impériales.
(Lorenzo Lotto - 1532- Pinacoteca civica de Iesi)
Paschase, l’ayant aussitôt mandée, lui enjoignit de sacrifier aux idoles. Mais Lucie lui répondit : « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est de visiter les pauvres et de les aider dans leurs besoins. Et comme je n’ai plus rien à offrir, je vais m’offrir moi-même au Seigneur ! » Et Paschase : « Ce sont là des paroles bonnes à dire à des sots de ton espèce ; mais à moi, qui garde les décrets de mes maîtres, tu les dis en vain ! » Et Lucie : « Tu gardes, toi, les décrets de tes maîtres, et moi je veux garder la loi de mon Dieu. Tu crains tes maîtres, et moi je crains Dieu. Tu évites de les offenser, et moi j’évite d’offenser Dieu. Tu désires leur plaire, et moi je désire plaire au Christ. Fais donc ce que tu jugeras t’être utile, et moi je ferai ce que je jugerai m’être utile ! » Alors Paschase : « Tu as dépensé ton patrimoine avec des corrupteurs, et voilà pourquoi tu parles en prostituée ! » Mais Lucie : « Mon patrimoine, je l’ai placé en lieu sûr ; et jamais n’ai admis auprès de moi des corrupteurs, ni du corps, ni de l’âme. » Paschase lui dit : « Qui sont donc ces corrupteurs du corps et de l’âme ? » Et Lucie répondit : « Les corrupteurs de l’âme, c’est vous, qui engagez les âmes à se détourner de leur créateur ; quant aux corrupteurs du corps, ce sont ceux qui conseillent dé préférer le plaisir corporel aux fêtes éternelles. » Et Paschase : « Tes paroles (verba) cesseront bien quand nous en viendrons à te rouer de coups (verbera) ! » Et Lucie : « Les paroles de Dieu ne cesseront jamais. » Et Paschase : « Prétends-tu être Dieu ? » Lucie répondit : « Je suis la servante de Dieu, qui a dit : « Quand vous serez en face des rois et des princes, etc. » Et Paschase : « Prétends-tu donc avoir en toi le Saint-Esprit ? » Et Lucie : « Celui qui vit dans la chasteté, celui-là est le temple du Saint-Esprit ! » Et Paschase : « Alors je te ferai conduire dans une maison de débauche. Ton corps y sera violé, et tu perdras ton Saint-Esprit ! » Mais Lucie : « Le corps n’est souillé que si l’âme y consent ; et si, malgré moi, on viole mon corps, ma chasteté s’en trouvera doublée. Or jamais tu ne pourras contraindre ma volonté. Et quant à mon corps, le voici, prêt à tous les supplices ! Qu’attends-tu ? Fils du diable, commence à satisfaire ton désir malfaisant ! »
Alors Paschase fit venir des proxénètes, et leur dit : « Invitez tout le peuple à jouir de cette femme, et qu’on use de son corps jusqu’à ce que mort s’ensuive ! » Mais quand les proxénètes voulurent l’entraîner, l’Esprit-Saint la rendit si pesante qu’en aucune façon ils ne purent la mouvoir.
(Leandro Bassano, Venise, église san Giorgio Maggiore)
Et Paschase fit venir mille hommes, et lui fit lier les pieds et les mains ; mais on ne parvenait toujours pas à la soulever. Il fit venir mille paires de bœufs, mais la vierge continua à rester immobile. Il fit venir des mages ; mais leurs incantations restèrent sans effet. Alors il dit : « Quel est donc ce maléfice, qui permet à une jeune fille de ne pas pouvoir être soulevée par un millier d’hommes ? » Et Lucie lui répondit : « Ce n’est pas un maléfice, mais un bienfait du Christ. Et tu aurais beau ajouter encore dix mille hommes, ils ne parviendraient pas à me faire bouger. » Paschase s’imagina alors, suivant l’invention de quelqu’un, que l’urine détruisait les maléfices, et il la fit asperger d’urine bouillante : mais cela encore fut inutile. Alors le consul, exaspéré, fit allumer autour d’elle un grand feu, et ordonna de jeter sur elle de la poix, de la résine, et de l’huile bouillante. Et Lucie dit : « Dieu m’a accordé de supporter ces délais, dans mon martyre, afin d’ôter aux croyants la peur de la souffrance et aux non-croyants le moyen de blasphémer ! »
(Brescia, église ste Agathe, martyre de Ste Lucie)
Les amis de Paschase, le voyant devenir sans cesse plus furieux, enfoncèrent une épée dans la gorge de la sainte ; mais elle, loin d’en perdre la parole, elle dit : « Je vous annonce que la paix est rendue à l’Église ! Aujourd’hui même, Maximien est mort et Dioclétien a été chassé du trône. Et de même que Dieu a accordé pour protectrice à la ville de Catane ma sœur Agathe, de même il vient de m’autoriser à être auprès de lui la protectrice de la ville de Syracuse. » Et, en effet, pendant qu’elle parlait encore, voici que des envoyés de Rome vinrent saisir Paschase pour l’emmener, prisonnier, devant le Sénat : car celui-ci avait appris qu’il s’était rendu coupable de déprédations sans nombre dans toute la province. Il fut donc conduit à Rome, déféré au Sénat, convaincu de crime, et puni de la peine capitale.
(Tiepolo dernière communion de Ste Lucie -
Venise église Santi Apostoli)
Quant à la vierge Lucie, elle ne bougea pas du lieu où elle avait souffert, et elle resta en vie jusqu’à l’arrivée de prêtres qui lui apportèrent la sainte communion ; et toute la foule y assista pieusement. C’est dans le même lieu qu’elle fut enterrée, et que fut construite une église en son honneur. Son martyre eut lieu vers l’an du Seigneur 310.
"Selon une autre version, Lucie se serait arraché les yeux et les aurait envoyés sur un plat à son fiancé; mais la sainte Vierge lui aurait fait repousser des yeux encore plus beaux (occhi belli, lucenti) .
Cette légende repose sur l'étymologie populaire de son nom: Lucia, rattachée au mot lux, lumière (Lucia a luce, Lucia quasi lucis via)
(Louis Réau, Iconographie de l'Art Chrétien)
(Francesco del Cossa, Washington
National Gallery)
(Francesco Zurbaran 1625)
A Syracuse, la cathédrale lui est consacrée et son culte semble s'être très rapidement répandu dans toute l'Italie, en France, en Allemagne, en Flandre, en Espagne, en Suède (http://youtu.be/Mk0FyZqNp5Q), chacune se réclamant de ses reliques ... En Corse Santa Lucia est très vénérée et ce, depuis bien longtemps:
" Au Moyen-Age comme dans les siècles antérieurs, de nombreux sanctuaires en Corse portèrent le nom de S. Lucia, une trentaine environ." ( Corsica Sacra, Geneviève Moracchini Mazel, p. 24)
Le beau visage mélancolique de Santa Lucia
à San Tumasgiu di Pastureccia (Pieve du Rustinu), fresque du début XVI° s.
" Pour la Corse, je suppose que ce culte est venu directement, -les voyageurs allaient d'île en île - (...). Ce pourrait être dès la fin du IV °s., depuis les côtes de Sicile jusqu'à celles de Corse" (idem)
Murato (Pieve du Bevinco) ancienne église conventuelle- Giuseppe Maria Casalta,
peintre corse domicilié à Prunelli di Casaconi (Haute-Corse), actif entre 1687 et 1713.
Cateri (Pieve d'Aregno) Valerio Castello, peintre génois (1624 - 1659: mort de la peste ...): magnifique!
Croce (Pieve d'Ampugnani) Sta Lucia aux pieds de la Vierge de l'Immaculée Conception et aux côtés de san Cesariu di Terracine. Francescu Carli ( "peintre principal de l'école castano-balanine de la fin du XVIIIe siècle, né dans l'état de Lucques vers 1735, actif dès les années 1760 en Corse, il y est mort en 1821." M.E. Nigaglioni)
Ortiporio (Pieve de Casacconi) détail avec Santa Lucia: le coq est là car la toile est consacrée à St Pierre.
Castellare di Mercurio (pieve du Mercurio): la Vierge allaitante avec Ste Lucie.
Santa Lucia di Mercurio (Pieve du Mercurio) (hélas très repeint! dessous, peut-être la main de Marc Antonio De Santis)
Lento, Ste Lucie (détail) peinte par Paul-Mathieu Novellini :
Ce bon peintre Novellini est né à Lento en 1831 ( mort en 1918).
à Pied'Orezza (Pieve d'Orezza) Santa Lucia peinte en 1872 par Alberti (le peintre qui réalise le décor de l'église St Pierre St Paul de Piedicroce): un art populaire et coloré ... Ici Ste Lucie est représentée en pleine "dispute" théologique devant le consul Paschase, barbu et moustachu (pas très règlementaire pour un consul romain!), amenée sous bonne garde par des soldats mauresques d'opérette. A ses côtés, je crois voir ste Agathe (martyre portant sa palme) et derrière elle , peut-être la mère Euthicie.
En Corse, nombre de fontaines lui sont consacrées où l'on va, le jour de sa fête, puiser "l'acqua di Santa Lucia", l'eau de Sainte Lucie, avec laquelle il est conseillé de se laver les yeux. Par ailleurs, toujours en liason avec ses vertus exceptionnelles pour la vue, la clarté, on trouvera des lieux-dits qui signalent sainte Lucie - écoutons ce qu'en dit Geneviève Moracchini-Mazel dans sa Corsica Sacra, p.24 et 25), parlant d'un sanctuaire aujourd'hui disparu, construit à 1.300m d'altitude dans la pieve de Mercurio et qui a donné son nom à la Cima di Santa Lucia:
(...) en tous cas la monachia qui devait se trouver sur la Cima, a des chances d'avoir jouxté une aire de feux destinée à la signalisation"
et plus loin, parlant du Col de Sta Lucia et de sa chapelle ancienne et disparue (restent les arases) , entre Luri et Pino:
Sortie de la Fagec, le 18/05/2008: au Col de Santa Lucia
"Toutefois il y a lieu de supposer qu'à l'origine c'était une monachia, liée à la surveillance des deux mers au moyen de feux de signalisation."
(...) En somme il parait probable qu'en montagne, durant le Haut Moyen-Age, on ait souvent choisi le vocable S. Lucia, en raison de la Lux et de la vue exceptionnelle dont on pouvait bénéficier depuis les sanctuaires."
Santa Lucia a donné son nom à plusieurs villages en Corse : Santa Lucia di Tallà, Santa Lucia di Muriani, Santa Lucia di Mercurio ...
Elle sera donc à l'honneur le 13 décembre dans de nombreux villages ...
(photo M.E. Nigaglioni)
Comme à Ville di Petrabugno: oeuvre magistrale du peintre corse Nicolao Castiglioni, 1628: la Vierge à l'Enfant entre Ste Catherine d'Alexandrie et Sainte Lucie
(à suivre!)Allez, avec Luciano Pavarotti :
http://youtu.be/Gb4jaK1k5BQ
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05/12/2012
tr: La Corse s'expose à Gênes
Détail du Sepolcru de Quenza
Voici un message de Michel-Edouard Nigaglioni qui nous donne une nouvelle raison de revoir Gênes ...
Cette exposition qui concerne le monde des décors peints de la Semaine Sainte sera visible à partir d'avril : à suivre!
et vous pouvez revoir le petit diaporama amoureux de la note:
> Message du 01/12/12 16:39
> De : "nigaglioni@free.fr"
> A : "charlotte albertini" , "Cha.Remy.Nigaglioni" , "Chantal Ambrosi SCEA SANT'ANASTASIA" , "casamatta rene" , "caroline.paoli" , "Caroline Michel" , "campothiers" , "calendini_céline" , "beatrixbenoistdazy" , "audrey giuliani" , "antoine.calendini" , "Alain PIAZZOLA" , "a.franzini" , "'JCL'" , "'GeorgesdeZERBI'" , "f.lemonnier" , "Etienne Escoffier" , "Ewa POLI" , "Elisabeth PARDON" , "Dominique Jaboulet" , "Dominique" , "Devaux, Dominique" , "De Peretti Charlotte" , "daniel e denise goldenberg" , "cyrille.lippi" , "CIBECCHINI franca" , "Ciavatti Jean-Charles" , "christophe.loustau" , "christophe dicaro" , "christian.peri" , "jacky tartuffo" , "hubert Lenziani" , "i.aubert" , "Hilaire Anne-Josée" , "Helene PORTAFAX" , "guerom@wanadoo.fr" , "Ghjermana de Zerbi" , "GEP Emmanuelle Orenga de Gaffory" , "g.giannoni" , "frederic.antomarchi" , "François_CHAILLEY-POMPEI" , "francis.beretti" , "franceschiclaude" , "Florence CAGNINACCI" , "fernande.maestracci" , "laurent.hugues" , "Laurent SADOWSKI" , "laurent.ghilini" , "La chapelle St Jean Rogliano" , "Juliette Nunez" , "joseph.cesari" , "jf.leandri" , "jeanmarcolivesi" , "Jean-Manuel Paoli" , "Jean-Claude TORRE" , "jean gabriel CASTELLANI" , "jean gabriel CASTELLANI" , "JE Guerrini" , "jbraffalli" , "jacques.moulin" , "medori.estelle" , "MEDORI Stella" , "medori.estelle" , "Maurice Mattei" , "marylene.dinelli" , "Marthe MAZZONI" , "mariejosee.bellagamba" , "MARIE-THERESE RAFFALLI" , "Marie-Jean Vinciguerra" , "Marie-Germaine" , "marie-france.lepallec" , "Marie-Angèle_ANTONETTI-ORSONI" , "marie-andrée" , "Marianghjula" , "Louis Belgodere" , "leonettianne" , "ph.lucchetti" , "patroc49" , "pauline" , "patrimoine" , "patrickcharoy" , "Pat Saliceti" , "pascal.marchetti-leca" , "Ottaviani, Jean-Claude" , "o.pellegri" , "nadege.favergeon" , "mvf.tours" , "miniconi marianne" , "Michèle Donati" , "ritabronzi" , "raphaelle.medori" , "rehabilitation" , "ramacciottilucadavid" , "quartz2b" , "pj.campocasso" , "Pierre PIETRI" , "Pierre GIANSILY" , "philippe.luchetti" , "phcostamagna.musee" , "ph.lucchetti" , "pauline" , "patsaliceti" , "patroc49" , "patrimoine" , "patrickcharoy" , "valery.frederique" , "v.circo" , "v.bascoul" , "Tristani Julia" , "serge CAPPELLARO" , "sce-patrimoine" , "s.gregori" , "rlota" , "joseph.sicurani" , "fred2b" , "tcampana" , "marieanne2b" , "honorine.nigaglioni"
> Copie à :
> Objet : La Corse s'expose à Gênes
>
>
Bonjour à tous,
Franco Boggero et Alfonso Sista, de la Soprintendenza per i Beni Storici, Artistici e Etnoantropologici de la province de Ligurie (Gênes), ont été chargés d'organiser une exposition temporaire sur le thème des décors éphémères de la Semaine Sainte.
Cette exposition aura lieu à Gênes, au Palais des Doges (Palazzo Duccale), du 26 avril 2013 au 22 juillet 2013.
La Corse (ancien territoire ligure), sera représentée dans cette exposition par le très beau sepolcro du village de San Damiano (Castagniccia), restauré depuis peu, peint par Giacomo Grandi en 1757.
Vous trouverez, en avant-première, le chapitre du catalogue de cette exposition qui est consacré aux sepolcri de Corse.
Le sujet est inépuisable et mériterait un ouvrage à part entière ... l'article ne donne qu'un faible aperçu de la richesse de la matière ... il reste encore beaucoup à dire et à montrer.
08:08 | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
30/11/2012
Sainte Cécile et le Roi David en Corse patrons de la musique sacrée
le 22 novembre on fêtait
Sainte Cécile de Rome
http://youtu.be/fkxZZFEAkiM
http://youtu.be/vhIA3RcrLYk
comme on le sait, patronne de la musique sacrée, des organistes et des facteurs d'orgue, tâche qu'elle partage fort souvent et bien volontiers avec son collègue de l'Ancien Testament, le Roi David, du moins sur les tribunes et les volets d'orgues de Corse, et ce, souvent avec une verve toute populaire ...
à Zilia (Balagne), du haut de la belle tribune d'Aton Giuseppe Saladini, peints sur les volets de l'orgue ( (Saladini 1831) ,Sainte Cécile et le Roi David veillent sur la destinée de la "Musica sacra" au village:
Cécile , drapée dans sa dignité de vierge martyre des premiers âges, s'appuie sur "son" orgue,
tandis que le Roi David assure, le regard inspiré ( du moins je veux bien le croire) et affublé d'un costume à l'antique d'opéra, une main sur le coeur, l'autre tenant sa harpe biblique . Bref, ils se donnent à voir avec toute l'intention adéquate ... et la meilleure bonne volonté du moment,
avant que ne s'ouvrent les ailes de la musique:
hélas, aujourd'hui l'orgue n'est pas au mieux de sa forme et j'imagine sans peine la déception de ses saints patrons !
A Corbara (Balagne), peints sur les volets de l'orgue Saladini (début XIX°)/ Agati-Tronci, (1890)
Francesco Giavarini peint sa Sainte Cécile enturbannée en compagnie du Roi David en 1819 : à nouveau d'un côté la harpe pour David ( l'Ancien Testament), de l'autre l'orgue pour Cécile ( le Nouveau Testament).
Cette représentation de Cécile jouant de l'orgue, semble reposer sur un contresens. Voici ce qu'en dit Louis Réau dans son Iconographie de l'Art Chrétien ( cet ouvrage précieux et convoité, édité en 1958 aux Presses Universitaires de France, malheureusement aujourd'hui épuisé ):
"On lisait en effet dans la Passio légendaire de sainte Cécile la phrase suivante: " Cantantibus organis, Caecilia in corde suo soli Domino decantabat, dicens: Fiat cor et corpus meum immaculatum"; ce qui veut dire : " Pendant qu'on conduisait Cécile, le jour de ses noces, dans la maison de son fiancé au son des instruments de musique, c'est Dieu seul qu'elle invoquait dans son coeur pour lui demander la gâce de conserver son coeur et son corps sans tâche."
Ainsi non seulement , si l'on interprète correctement ce passage, Cécile n'est pas elle-même musicienn, elle ne joue ni de l'orgue ni d'un instrument quelconque; mais elle ferme ses oreilles à la marche nuptiale exécutée en son honneur pour concentrer sa pensée sur Dieu seul et implorer la sauvegarde de sa virginité. Elle aurait été plutôt mélophobe que mélomane.
Comment, dans ses conditions sainte Cécile a-t-elle pu passer pour une amie de la musique? C'est parce que l'antienne extraite de sa Passio, en détachant les mots : cantatibus organis et en supprimant in corde suo a dénaturé le sens de la phrase : on a compris que Cécile chantait au son des instruments ou même en s'accompagnant de l'orgue. En réalité organa ne signifie pas orgues et decantabat doit être pris au sens figuré.
La fable de sainte Cécile musicienne et son patronage usurpé de la musique religieuse aurait donc une origine liturgique."
Quant à l'orgue antique, pourquoi pas, puisque notre Cécile est une sainte du II° ou III° siècle après J.C. et que l'on attribue à l'ingénieur alexandrin Ctésibios, au III° siècle avant J.C. la paternité de l'invention du premier orgue hydraulique ...
Voir à ce sujet l'excellent article consacré à l'orgue hydraulique antique sur le site: www.unicaen.fr/puc/ecrire/preprints/preprint0022005.pdf
Revenons à Corbara: la tradition veut que Davia Franceschini, Sultane du Maroc, ait prêté ses traits à Sainte Cécile : et le Roi David? Peut-être inspiré du Sultan Sidi Mohammed ben Abdallah, son royal époux ? En tous cas, voilà une bien belle histoire dont ne sont pas peu fiers nos amis de Corbara!
Extrait du site de Curbara:
" Marthe FRANCESCHINI, dite Davia FRANCESCHINI, Sultane du Maroc (1756-1799) :
Davia Franceschini
Alors qu’ils cultivent leurs champs près de la mer, Jacques-Marie FRANCESCHINI, son épouse Silvia MONCHI sont capturés, quelques mois après leur mariage, par des pirates tunisiens. Nous sommes en 1751. Conduits à TUNIS, ils sont achetés par l’intendant du DEY pour le compte de son maître. Surveillant des esclaves du DEY, Jacques-Marie gagne sa confiance, se révélant un bon administrateur, ce qui lui permet de se constituer une belle fortune. Il apprend un jour qu’un complot se trame pour assassiner le DEY et après hésitations, se décide à le lui révéler. Pour le remercier, celui-ci lui fait de riches cadeaux et lui rend sa liberté.
Au cour de leur séjour à TUNIS, les époux FRANCESCHINI ont une fille, née le 25 avril 1756, baptisée le 29 du même mois par le Frère Stephanus Antonius, capucin de Gênes, préfet et provicaire apostolique de la mission de Tunis et des lieux voisins. (acte de baptême rédigé et paraphé par le père Stéphanus Antonius).
Libres, les époux FRANCESCHINI et leur fille Marthe quittent la Tunisie pour rentrer en Corse. Au cours du voyage, ils sont enlevés par des Marocains qui les conduisent dans leur pays. Ils sont vendus comme esclaves au Sultan Sidi Mohammed ben Abdallah qui confie à Jacques-Marie la direction des travaux du jardin impérial à Marrakech. Jacques-Marie a l’idée de faire parvenir au Sultan, un mémoire relatant le fait qu’il est sujet du Bey de Tunis à qui il a sauvé la vie et qu’il ne peut être considéré comme un étranger. Il est reçu par le Sultan devant lequel il se rend avec sa femme et ses deux enfants, Marthe et Vincent (Né à Marrakech le 29 novembre 1759).
Le Souverain est « impressionné par la grande beauté, la grâce et l’esprit » de la jeune Marthe » au point « d’ordonner qu’elle soit immédiatement emmenée pour faire l’ornement du sérail ». Marthe a alors 7 ans.
Jacques-Marie, son épouse Silvia et son fils Vincent regagnent la Corse. Leur troisième enfant, Augustin, naîtra à CORBARA. Il ne supporte pas toutefois l’absence de Marthe dont la présence au harem du Sultan est pour lui la pire des injures. Il conçoit donc le projet de retourner au Maroc. Il demande même l’aide de Pascal PAOLI qui lui conseille de « laisser sa fille suivre sa destinée ». Il arme un navire avec un équipage et part pour le Maroc. Le destin veut qu’il meurt au Maroc, à Salé, atteint de la peste.
Marthe est obligée de se convertir à l’Islam et reçoit le nom de DAWIYA (DAVIA). Le sultan dit d’elle qu’elle est « La plus belle rose de son harem ». Il apprécie en elle « la fraîcheur, le charme et la vivacité d’esprit ». En 1786, elle devient sa femme légitime, et Première Sultane. Dans son village, en CORSE, on la dit « IMPERATRICE DU MAROC ».
La beauté légendaire de DAVIA suscite beaucoup de jalousies. Le Sultan lui demande même de suivre des cours de droit coranique et obtient le diplôme de Talba (licenciée en droit), ce qui est quasiment unique à l’époque. Il la charge même « de la correspondance avec les cours européennes » et l’admet « à son conseil privé ». Son influence est immense sur la politique intérieure et extérieure du Maroc et a un grand ascendant sur les populations musulmanes. Elle a entretenu une correspondance avec la Reine d’Espagne et les deux femmes ont procédé à un échange de portraits.
La Sultane se considère comme française et décide le souverain d’entrer en relation avec NAPOLEON, se disant fière qu’un corse soit souverain des Français.
Plus tard, DAVIA souhaite revoir sa famille. Son époux accéde à sa demande, et des envoyés du Sultan sont dépêchés à CORBARA, chez la veuve de Jacques-Marie à qui on remet une lettre de sa fille lui demandant de rejoindre le Maroc. La mère de DAVIA n’a aucune hésitation, et après intervention de Monsieur Chiappe, Consul de Venise au Maroc, LOUIS XVI charge le Vicomte Dubarin de Pélivier, Consul de France à Tanger, de délivrer les passeports nécessaires au voyage de la famille FRANCESCHINI. Ils sont reçus à la cour chérifienne « avec tous les honneurs dus aux princes de la famille impériale ». Ils s’installent dans la ville de LARACHE où DAVIA se serait retirée après le décès de son époux, Sidi Mohammed Ben Abdallah.
DAVIA meurt à LARACHE en 1799. Sa mère meurt dans cette même ville le 19 janvier 1811.
DAVIA a eu une fille, morte à l’âge de quatre ou sept ans.
Vincent FRANCESCHINI, son frère, sur intervention du Roi Moulay Sliman auprès de Premier Consul, est nommé Consul de France à Mogador. Après 1804, il se retire en CORSE, dans le village de CORBARA où, « avec l’argent gagné au service du Directoire et grâce aussi aux cadeaux de sa sœur et du Sultan, il fait construire une maison, située près de l’église, et qui est appelée « A CASA DI I TURCHI ».
Augustin FRANCESCHINI le dernier des frères de DAVIA, est né à CORBARA en 1772. Après quelques années de vie dans ce village, il part à PORTO-RICO en février 1829."
A Palasca (Balagne), sous le regard impavide de Jeanne d'Arc (!), l'orgue d'A.P. Saladini (1833) sur sa tribune du papa Anton Giuseppe Saladini,
se place lui aussi sous la protection de Ste Cécile et du Roi David, peints en médaillons sur les volets.
A Sant' Antonino, sur la magnifique tribune baroque peinte par Vicente Suarez en 1789, trône l'orgue Pomposi aujourd'hui vide, et construit à l'origine pour le couvent de Marcassu tout proche:
(les panneaux peints avant leur réinstallation sur le buffet)
le concert mystique de Sainte Cécile,
en compagnie des anges musiciens,
et toujours par la main élégante de Vicente Suarez ...
A Piedicroce, les volets de l'orgue vénérable de Spinola (1619)
accueillent aussi nos deux saints patrons, maladroitement et fortement repeints au XIX° siècle après le transfert en 1844 de la cathédrale Ste Marie de Bastia à St et St Paul de Piedicroce:
En vérité, et si je puis me permettre,
le ramage vaut mille fois mieux que le plumage!
(photo de Michel-Edouard Nigaglioni)
à Lozzi (Niolu), sur le rideau cachant un orgue désormais vide (on m'a raconté que les tuyaux ont naguère été joués aux cartes !) le Roi harpiste joue en duo
avec Ste Cécile, non plus à l'orgue mais à la cetera (ce bel instrument traditionnel de la Corse, de la famille des cistres) , cette fois-ci!
Peinture de Desanti (1824-1892).
à Ochjatana (Balagne), sur la tribune signée de Fabio Lecca, l'orgue de Luiggi de Ferrari (1839) ,
cette jolie peinture de notre Ste Cécile à l'orgue entourée de dévots: le peintre (?) se serait-il représenté en bas à gauche ?
A Pioggiola (Ghjunsani), la tribune (1814) de l'orgue d'A.P. Saladini (1844)
accueille sa Ste Cécile sage comme une image
Et à Omessa, voisine de Corte, la pauvre petite Ste Cécile se sent désormais bien solitaire sur sa tribune muette et vide ...
Quant à Speluncatu,
notre petite organiste Ste Cécile, peinte comme tout cet ensemble par l'énigmatique Grunwaldo Graffini, s'est modestement nichée dans le coin gauche sur la conque de la somptueuse tribune d'A.G. Saladini de l'orgue Crudeli de la Collégiale (1810) ,
cédant au Roi David la place de choix sur les volets:
si, si, c'est bien lui, même s'il est imberbe,
je reconnais sa harpe et tout le decorum!
à Piedigrisgio (Ghjuvellina),
sur le petit orgue anonyme,
un peu trop ripoliné, c'est toujours lui,
revêtu de pourpre et d'hermine comme un vieux Roi
sur les buvards de mon enfance
il accompagne la mélopée de ses Psaumes:
avec Darius Milhaud:
http://youtu.be/gPqfoq4Gd4Y
***
A Castiglione (Ghjuvellina), dans la petite église on aurait bien aimé avoir un orgue: la tribune (mi- XIX° s.) abrîte un vieil harmonium sous la protection de Ste Cécile, du Roi David et de St Antoine de Padoue
au centre, notre Cécile, porte un bien joli turban.
Le même peintre réalise des années plus tard le décor de la tribune du petit orgue anonyme de la confrérie Santa Croce de Corte: cet orgue vient d'être relevé par Jean-François Muno et l'église va prochainement faire l'objet d'une restauration devenue urgente, comme on le voit ici ...
Mais l'on rencontre également Sainte Cécile en dehors des tribunes d'orgues:
Comme ici, peinte par Marc-Antoine de Santis (XVII° s.) à San Martinu di Lota (Cap Corse): elle intercède en compagnie de St Michel pour les âmes du Purgatoire,
tant est grand le pouvoir de la foi et de la musique: elle tient à la main la palme de son martyre et un petit orgue posé sur le Livre.
A Scata (Castagniccia), le même et talentueux M.A. de Santis peint cette belle Ste Cécile qui malheureusement souffre terriblement de l'humidité de l'église paroissiale Ste Cécile et de l'impécuniosité de cette petite commune de l'Ampugnani ...
A Pianellu (vers Aleria), le peintre Giordani exprime en 1862 la même dévotion dans son tableau d'autel dans l'église Sainte Cécile: merci M.E. Nigaglioni!
Et pour ceux qui veulent en savoir plus sur Ste Cécile:
http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9cile_de_Rom
la Sainte Cécile de Raphaël (1514, Pinacothèque de Bologne) ornait à l'origine l'autel de la chapelle cécilienne de San Giovanni in Monte à Bologne.
Ici Cécile délaisse les instruments terrestres, déglingués, fracassés au sol pour mieux participer à la musique des anges.
Sa Passio date de la fin du V° siècle et sa légende doit beaucoup à l'Histoire de la persécution vandale de Victor de Vite (486).
L'histoire raconte que le pape Pascal 1er transféra en 821 ses reliques du cimetière de Saint Calixte dans la basilique de Sainte Cécile- du-Transtévère, élevée sur l'emplacement du palais qu'elle habitait ( Sainte Cécile était une jeune patricienne de la gens Caecilia ,du nom caecus, aveugle).
En 1599, le pape Clément VIII fit ouvrir le cercueil de Ste Cécile et l'on découvrit avec stupéfaction que le corps de la jeune sainte gisait intact, la tête à moitié tranchée, et couchée sur le côté droit dans la position de son martyre, semblant faire un dernier signe de la main, trois doigts levés pour témoigner la Trinité. Cette découverte fut immortalisée par le sculpteur Stefano Maderno
la Sainte Cécile de Moderno à l'église Sainte Cécile du Trastevere à Rome
voir le lien:
www.rome-passion.com/sainte-cecile-trastevere.html
Ce qu'en dit Jacques de Voragine
dans La Légende dorée ( rédigée entre 1261 et 1266 par Jacques de Voragine, dominicain et archevêque de Gênes)
SAINTE CÉCILE,
vierge et martyre, célébrée le 22 novembre:
Cécile, jeune fille romaine, de race noble, et nourrie dès le berceau dans la foi du Christ, portait toujours un évangile caché dans sa poitrine, priait nuit et jour, et demandait au Seigneur de lui conserver sa virginité. Elle fut cependant fiancée à un jeune homme nommé Valérien. Le jour de ses noces, elle revêtit ses chairs d’un cilice, par-dessous les robes dorées ; et, pendant que les orgues jouaient, elle, s’adressant à Dieu seul, chantait : « Permets, Seigneur, que mon cœur et mon corps restent immaculés ! » Vint enfin la nuit, et Cécile se trouva seule avec son fiancé dans le silence de sa chambre. Et elle lui dit : « Doux jeune homme bien-aimé, j’ai un mystère à te révéler, à la condition seulement que tu me jures de ne point me trahir ! » Puis, Valérien le lui ayant juré, elle lui dit : « Sache donc que j’ai pour amant un ange de Dieu, et que mon amant est jaloux de mon corps. S’il apprenait que, même légèrement, tu m’aies touché d’un amour impur, aussitôt il te frapperait et te ferait perdre la fleur de ta belle jeunesse. Mais si, au contraire, il apprend que tu m’aimes d’un amour pur, il t’aimera autant que moi et te montrera sa gloire ! » Alors Valérien, inspiré de Dieu, dit : « Si tu veux que je te croie, fais-moi voir cet amant ! Et si c’est en vérité un ange, je ferai ce que tu me demandes. Mais si ton amant est un homme, je. le tuerai avec toi ! » Et Cécile : « Pour que tu voies mon amant, il faut que tu croies dans le vrai Dieu, et que tu promettes de te faire baptiser. Va à trois milles d’ici, dans la voie Apienne ! Tu y trouveras des pauvres, à qui tu diras que Cécile t’envoie vers eux pour qu’ils te conduisent auprès du saint vieillard Urbain. Et quand tu seras en présence de ce vieillard, répète-lui. mes paroles ! Il te purifiera ; et, à ton retour ici, tu verras l’ange ! » Valérien se mit en route, et alla trouver l’évêque saint Urbain, qui se cachait parmi les tombeaux des martyrs. Et quand il lui eut répété les paroles de Cécile, le vieillard, levant les mains au ciel, s’écria : « Seigneur Jésus-Christ, bon pasteur, recueille le fruit de la semence que tu as semée en Cécile! Car voici que, ayant reçu pour mari un lion farouche, ta servante te l’as envoyé comme un doux agneau ! » Aussitôt apparut un vieillard tout vêtu de blanc, qui tenait un livre écrit en lettres d’or. À sa vue, Valérien, épouvanté, se jeta sur le sol; mais le vieillard le releva et lut dans son livre : « Un seul Dieu, une seule foi, un seul baptême! » Puis il dit à Valérien : « Crois-tu à tout cela, ou bien doutes-tu encore ? » Et Valérien de s’écrier : « Il n’y a rien sous le ciel à quoi je croie davantage ! » Aussitôt le vieillard disparut. Valérien reçut le baptême des mains de saint Urbain ; et, quand il revint auprès de Cécile, il la trouva s’entretenant avec un ange, dans sa chambre. Et cet ange tenait en main deux couronnes de roses et de lis, dont il donna l’une à Cécile et l’autre à Valérien, en disant : « Gardez ces couronnes avec un cœur pur et un corps immaculé, car je vous les ai apportées du paradis de Dieu ! Jamais elles ne se faneront ni ne perdront leur parfum ; mais ceux-là seuls pourront les voir qui aimeront la chasteté. Quant à toi, Valérien, puisque tu as suivi le sage conseil de Cécile, demande ce que tu veux, et tu l’obtiendras ! » Et Valérien : « Il n’y a rien dans cette vie qui ne me soit plus précieux que l’affection de mon frère unique. Je désirerais donc, que comme moi, il reconnût la vérité ! » Et l’ange : « Ta demande plaît à Dieu. Sache que tous deux, ton frère et toi, vous irez au Seigneur avec la palme du martyre! »
Là-dessus entra dans la chambre le frère de Valérien, Tiburce. Et, frappé du parfum des fleurs, il dit : « Je me demande d’où peut venir, en cette saison, ce parfum de roses et de lis. Sans compter que, si même j’avais les mains pleines de ces fleurs, je ne me sentirais pas imprégné de leur parfum aussi profondément ! » Et Valérien : « C’est que nous avons des couronnes faites de ces fleurs, et dont l’éclat n’est pas moins merveilleux que le parfum. Mais tes yeux ne peuvent les voir ; ils le pourront, seulement, si tu consens à partager notre foi. » Et Tiburce : « Est-ce que je rêve, ou bien me parles-tu vraiment ? » Et Valérien : « C’est jusqu’à présent que nous avons rêvé ; et désormais nous nous sommes éveillés à la vérité. » Et Tiburce : « Comment sais-tu cela ? » Et Valérien : « C’est un ange qui me l’a appris ; et tu pourrais le voir, comme nous, si, après avoir renoncé aux idoles, tu te faisais purifier. » Après quoi Cécile lui démontra avec tant d’évidence l’inanité des idoles, que Tiburce s’écria : « Celui qui ne croit pas à cela est une bête brute! » Alors Cécile, lui baisant la poitrine, dit : « Je reconnais en toi mon frère, et c’est Dieu qui a fait de toi mon frère, comme de ton frère il a fait mon mari. Va donc avec Valérien pour te faire purifier, afin qu’à ton retour tu puisses contempler le visage de l’ange ! » Et elle demanda à Valérien de conduire son frère auprès de l’évêque Urbain. Alors Tiburce : « Serait-ce le même Urbain qui se cache quelque part, après avoir été tant de fois condamné ? Mais, si on le découvre, on le brûlera, et nous serons brûlés avec lui ; et, pendant que nous chercherons au ciel une divinité cachée, nous trouverons sur la terre les angoisses du supplice ! » Et Cécile : « Si la vie d’ici-bas était notre seule vie, nous aurions raison de redouter de la perdre. Mais il y a une autre vie, meilleure, et qui ne se perdra point. C’est celle que nous a annoncée le-Fils de Dieu. » Puis elle lui raconta l’avènement du Christ et sa passion. Si bien que Tiburce dit à son frère : « Par pitié, conduis-moi vite vers cet homme de Dieu, pour que je reçoive ma purification ! » Et dès qu’il fut baptisé, il put, lui aussi, voir l’ange, et obtenir de lui ce qu’il désirait.
Ainsi convertis, Valérien et Tiburce passaient leur temps à distribuer des aumônes et à ensevelir les corps des martyrs. Ce qu’apprenant, le préfet Almaque leur demanda pourquoi ils ensevelissaient des hommes justement condamnés pour leurs crimes. Et Tiburce : « Plût à Dieu que nous fussions dignes d’être les esclaves de ceux que tu appelles des criminels ! Car ils ont su dédaigner ce qui paraît exister et n’existe pas ; et ils ont trouvé ce qui paraît ne pas exister et qui existe ! » Et Almaqué : « De quoi parles-tu là ? » Et Tiburce : « Ce qui paraît exister et qui n’existe pas, c’est tout ce qui est dans ce monde ; et c’est cela qui conduit l’homme, lui aussi, à ne pas exister. Et ce qui paraît ne pas exister et qui existe, c’est le salut des justes. » Le préfet lui répondit qu’il déraisonnait. Puis, s’adressant à Valérien : «. Puisque ton frère a le cerveau dérangé, toi, du moins, essaie de me répondre raisonnablement ! Dis-moi ce qui vous porte à dédaigner les plaisirs de la vie et à rechercher les souffrances. » Valérien répondit que, l’hiver, il avait vu des oisifs se moquant du pénible travail des laboureurs ; mais, l’été venu, et la saison des moissons, ceux-là se réjouissaient dont on s’était moqué, tandis que les railleurs se mettaient à pleurer. « Et de même, nous aussi, nous supportons la fatigue et les injures ; mais plus tard nous recevrons la gloire et la récompense éternelles. Et vous, qui éprouvez ici-bas une joie partagée, vous trouverez dans l’avenir le deuil éternel ! » Et le préfet : « Ainsi nous, princes glorieux, nous n’aurions à attendre qu’un deuil éternel, tandis que vous, misérables, vous posséderiez une joie sans fin ? » Et Valérien : » Vous n’êtes-que de pauvres hommes, et non pas des princes. Nés comme nous, vous aurez seulement à rendre à Dieu des comptes plus forts. » Alors le préfet : « A quoi bon tous ces bavardages ? Sacrifiez aux dieux, et vous vous en irez librement ! » Et comme les deux saints se refusaient à sacrifier, le préfet les confia à la garde de Maxime, qui allait, lui aussi, devenir un saint. Et Maxime leur dit : « Ô fleur pourprée de la jeunesse, ô couple charmant et tendre, d’où vient que vous couriez ainsi à la mort comme à un festin ? » Valérien lui répondit que, s’il voulait partager leur foi, il pourrait, après leur mort, contempler la gloire de leurs âmes. Et Maxime : « Je veux que la foudre m’anéantisse, si, quand j’aurai vu ce que vous me promettez, je ne proclame pas que votre Dieu est le seul vrai Dieu ! » Sur quoi Maxime et toute sa famille et tous les gardiens se convertirent, et reçurent le baptême des mains d’Urbain, qui vint en secret dans la prison.
Le lendemain, à l’aurore, Cécile s’écria : « Allez, soldats du Christ, rejetez l’œuvre des ténèbres, et revêtez les armes de lumière! » On conduisit les martyrs à quatre milles de Rome, devant une statue de Jupiter. Et comme ils se refusaient à sacrifier, ils eurent la tête tranchée. Et Maxime affirma sous serment qu’il avait vu des anges briller autour d’eux et emporter leurs âmes vers le ciel, pareilles à des vierges qu’on porte dans leur lit. Ce qu’entendant, Almaque ordonna que Maxime fût frappé de verges plombées jusqu’à ce que mort s’ensuivît. Cécile recueillit son corps et l’ensevelit à côté de ceux des deux saints.
Après cela, Almaque s’enquit des biens laissés par ceux-ci. Et, découvrant que la femme de Valérien était chrétienne, il lui ordonna de sacrifier aux idoles, sous peine de mort. Les soldats qui la conduisaient l’engageaient à se soumettre, désoles de voir une jeune femme si belle et si noble se livrer à la mort. Et elle leur dit : « Chers amis, ce n’est point là perdre sa jeunesse, mais faire un échange ; c’est donner de la boue et recevoir de l’or, c’est donner une cabane et recevoir un palais. Si quelqu’un vous offrait une livre pour un sou, ne vous hâteriez-vous pas d’accepter son offre? Or Dieu rend au centuple tout ce qu’on lui donne. Croyez-vous à tout ce que je vous dis ? » Et eux : « Nous croyons que ton maître le Christ est le vrai Dieu, puisqu’il possède une servante telle que toi ! » Et l’évêque Urbain les baptisa, au nombre de plus de quatre cents.
Puis Cécile comparut devant Almaque et répondit à ses questions en proclamant sa foi. Alors Almaque : « Laisse maintenant tes folies, et sacrifie aux dieux ! » Et Cécile : « C’est toi qui me parais atteint de folie : car, là où tu vois des dieux, nous ne voyons que des pierres. Étends la main, et constate du moins parle toucher ce que tes yeux ne parviennent pas à voir ! » Almaque, furieux, la fit ramener dans sa maison, où, jour et nuit, il ordonna qu’elle fût plongée dans un bain d’eau bouillante. Mais elle y resta comme en un lieu frais, et sans que même une goutte de sueur parût sur elle. Ce qu’apprenant, Almaque ordonna qu’elle eût la tête tranchée dans son bain. Le bourreau la frappa de trois coups de hache ; et comme elle vivait toujours, et que la loi défendait de frapper les condamnés de plus de trois coups, la sainte fut laissée encore respirante. Elle survécut trois jours à son supplice. Elle distribua aux pauvres tous ses biens, et recommanda à l’évêque Urbain tous les fidèles qu’elle avait convertis, en disant : « J’ai demandé au ciel ces trois jours de délai pour te faire une dernière fois mes recommandations, et pour te prier de consacrer une église sur l’emplacement de cette maison où je meurs. » Puis elle rendit l’âme, et saint Urbain, après l’avoir ensevelie, transforma sa maison en église, comme elle l’avait de- mandé. Elle mourut à l’âge de vingt-trois ans, en l’an du Seigneur 200, sous l’empereur Alexandre. Mais d’autres historiens veulent que son martyre ait eu lieu vingt ans plus tard, sous le règne de Marc-Aurèle."
Je rappelle au sujet des volets d'orgues peints en Europe ce beau livre paru en 2001 à Rotterdam (où se glisse un chapitre sur la Corse dans le concert de l'Europe) :
Je ne suis pas sûre, hélas, qu'il soit encore disponible.
ISBN 90-804439-2-1
NUGI 912
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25/11/2012
Ste Catherine d'Alexandrie, 25 novembre
Sainte Catherine d'Alexandrie
Santa Catarina
quelques témoignages en Corse
à Loriani, petit village de la Castagniccia, dans l'église sainte Catherine,
cette toile très intéressante représentant
le martyre de sainte Catherine
(voir en fin de note le récit de Jacques de Voragine dans " La Légende dorée)
en résumé :
Sainte Catherine, s'étant vouée au Christ, refuse d'épouser l'empereur Maxence et de sacrifier aux dieux. Mieux, elle sort victorieuse d'une célèbre dispute avec les plus sages de l'entourage de Maxence, une cinquantaine de philosophes et d'orateurs qu'elle parvient à convertir ... C'est que, on le sait, les Catherines sont de grandes intellectuelles! Maxence après l'avoir longuement emprisonnée sans nourriture la voue au martyre par le supplice des roues dentées de pointes acérées de fer: mais l'intervention divine brise en éclats la machine infernale qui se retourne contre les bourreaux et l'assistance ... Pour en finir il faudra tout de même décapiter notre redoutable, brave et coriace sainte Catherine ... et de son cou jaillit du lait
notre sainte Catherine en son martyre opère bien malgré elle un miracle sanglant
avec l'aide d'un angélique Exterminator: avis aux malveillants!
Cette belle toile porte une signature ( Marc Antonio De Santis, le peintre napolitain installé à Bastia) et une date surprenantes (1655): peut-être G. Grandi l'a-t-il, un siècle plus tard, reprise ?
Des références hors de Corse de cette scène:
vue par Masolino da Panicale (début XV°s.)
à l'église San Clemente de Rome
ou par Lucas Cranach (XVI° s.), avec toute sa féroce sensualité ...
Revenons en Corse:
à Nonza (Cap Corse), la Vierge et l'Enfant, entourés de St Antoine Abbé et st Jean-Baptiste
remettent le Rosaire à st Dominique, ste Catherine d'Alexandrie (présentant à la Vierge pour requérir sa protection, un vaisseau battant pavillon génois), Pie V, Philippe II, Don Juan d'Autriche , la reine Anne d'Espagne etc ...
Ici, Sainte Catherine a revêtu des vêtements royaux, signalant sa noblesse .
à la chapelle à fresques de San Pantaleu de Gavignano, le détail représentant Ste Catherine au côté de San Pantaleu. Cette chapelle fait l'objet d'une restauration cette année.
le beau visage pensif de Catherine, détail
à la chapelle Santa Cristina ( Valle di Campoloro), Santa Cristina tient la palme de son martyre,
tandis qu'à San Tumasgiu di Pastureccia (Rustinu), Catherine fait partie des six saints intercesseurs,
du moins ce qu'il en reste ...
La roue a disparu, mais reste le bâton de son supplice.
Hélas, la restauration prévue n'a toujours pas démarré et l'eau qui ruisselle a continué son oeuvre destructrice. Aux dernières nouvelles, le toît a reçu quelques rafistolages de lauzes en attendant mieux: incompréhensible pour l'une des plus belles fresques de Corse!
Un dernier thème:
le mariage mystique de Sainte Catherine
ici représenté à Sant Antonino (Balagne) - avec la donatrice à ses pieds : on sait que l'attribut traditionnel de Sainte Catherine d'Alexandrie est la roue de son martyre, qui est symbolisé ici par l'anneau de son mariage à Jésus.
... et le même thème peint par Hans Memling vers 1480 (Nationam Gallery of Art, New York).
Et maintenant, pour les plus courageux, La Légende dorée de Jacques de Voragine:
( http://fr.wikisource.org/wiki/La_L%C3%A9gende_dor%C3%A9e/Sainte_Catherine)
(25 novembre)
SAINTE CATHERINE, vierge et martyreCatherine, fille du roi Coste, fut instruite dès son enfance dans tous les arts libéraux. Lorsque l’empereur Maxence convoqua à Alexandrie tous les habitants de la province, riches et pauvres, pour sacrifier aux idoles. Catherine, qui avait alors dix-huit ans, et qui était restée seule dans son palais avec de nombreux serviteurs, entendit un jour un grand bruit mêlé de chants et de gémissements. Elle demanda d’où cela provenait ; et quand elle le sut, prenant avec elle quelques serviteurs et se munissant du signe de la croix, elle se rendit sur la place, où elle vit de nombreux chrétiens qui, par peur de la mort, se laissaient conduire aux temples pour y sacrifier. Blessée de cette vue jusqu’au fond de son cœur elle aborda audacieusement l’empereur et lui dit : « Je viens te saluer, empereur, à la fois par déférence pour ta dignité et parce que je veux t’engager à t’éloigner du culte de tes dieux pour reconnaître le seul vrai créateur ! » Puis, debout devant la porte d’un temple, elle se mit à discuter avec Maxence, conformément aux diverses modes du syllogisme, par allégorie et par métaphore. Après quoi, revenant au langage commun, elle dit : « Je me suis adressée jusqu’ici au savant, en toi. Mais à présent, dis-moi comment tu as pu rassembler cette foule pour célébrer la sottise des idoles ! » Et comme elle démontrait savamment la vérité de l’incarnation, l’empereur, stupéfait, ne sut d’abord que lui répondre. Enfin il lui dit : « Ô femme, laisse-moi achever le sacrifice, et ensuite je te répondrai ! » Et il la fit conduire dans son palais, où il ordonna qu’elle fût soigneusement gardée : car il avait été très frappé de sa science et de sa beauté. Catherine était en effet d’une beauté merveilleuse, que personne ne pouvait voir sans en être ravi.
Après la fête, l’empereur se rendit au palais et dit à Catherine : « J’ai entendu ton éloquence et admiré ta sagesse ; mais, absorbé comme je l’étais par la cérémonie, je n’ai pas pu pleinement comprendre tout ce que tu disais. Dis-moi donc à présent qui tu es ! » Et elle : « Je suis Catherine, fille du roi Coste. Née dans la pourpre, et élevée dès l’enfance dans les arts libéraux, j’ai dédaigné tout cela pour me réfugier auprès de mon Seigneur Jésus-Christ. Et quant aux dieux que tu adores, ils ne sauraient secourir ni toi, ni personne ! » Et l’empereur : « Je le vois, tu cherches à nous décevoir par ta pernicieuse éloquence, en t’efforçant d’argumenter à la manière des philosophes ! » Et, comprenant qu’il ne parviendrait pas à lui répondre lui-même, il manda en grande hâte, à Alexandrie, tous les grammairiens et rhéteurs du temps, leur promettant de grandes récompenses s’ils parvenaient à réfuter la jeune fille. Il en vint ainsi plus de cinquante, tous fameux dans les sciences de ce monde. Et comme ils demandaient pourquoi on les avait fait venir de régions si lointaines, l’empereur répondit : « C’est que nous avons ici une jeune fille d’une sagesse et d’un esprit incomparables, qui réfute tous les savants, et prétend que tous nos dieux ne sont que des démons. Réfutez-la, et je vous renverrai chez vous chargés d’honneurs et de présents ! » Alors un des orateurs s’écria : « Ô étrange projet, de rassembler tous les savants des quatre coins du monde pour tenir tête à une jeune fille que le moindre de nos clients réduirait au silence ! » Et l’empereur : « Je pouvais en vérité la contraindre à sacrifier aux dieux, ou la châtier en cas de refus ; mais j’ai jugé meilleur qu’elle fût confondue par vos arguments. » Alors les orateurs : « Qu’on amène donc en notre présence cette jeune fille, afin qu’elle avoue sa témérité, et reconnaisse n’avoir même jamais vu de vrais savants ! »
Mais,Catherine, en apprenant le combat qui se préparait pour elle, se recommanda au Seigneur ; et un ange descendit vers elle pour l’engager à la fermeté, lui affirmant que, non seulement elle ne serait pas vaincue par ses adversaires, mais que même elle les convertirait et leur procurerait la palme du martyre. Amenée en présence des orateurs, elle dit à Maxence : « De quel droit opposes-tu cinquante orateurs à une seule jeune fille ? et pourquoi promets-tu de les récompenser, en cas de victoire, tandis que tu me forces à lutter sans espoir de récompense ? Mais j’aurai ma récompense dans mon Seigneur Jésus-Christ, espoir et couronne de ceux qui luttent pour lui ! » Les orateurs lui dirent alors que c’était chose impossible qu’un Dieu devînt homme et connût la souffrance. Mais elle répondit en leur montrant que les païens eux-mêmes avaient prédit l’incarnation du Christ. La Sibylle n’avait-elle pas dit : « Heureux le Dieu qui pend sur une croix de bois ! » Et Catherine continua de discuter ainsi avec les orateurs » les réfutant par des raisons évidentes, jusqu’à ce que, stupéfaits, ils ne surent plus que lui dire. Alors l’empereur, furieux, leur reprocha de se laisser vaincre honteusement par une jeune fille. Et l’un de ces orateurs, qui était le plus savant, et parlait au nom de ses confrères, dit : « Tu sais, empereur, que personne jamais n’a pu nous résister ; mais c’est l’esprit même de Dieu qui parle en cette jeune fille ; et elle nous a remplis d’une telle admiration que nous n’osons plus dire un, seul mot contre ce Christ qui nous apparaît désormais comme le seul vrai Dieu ! » Ce qu’entendant, l’empereur, exaspéré, les fit tous brûler au milieu de la ville ; et Catherine, en même temps qu’elle les réconfortait, achevait de les instruire des vérités de la foi. Et, comme ils se plaignaient d’avoir à mourir sans être baptisés, elle leur répondit : « Soyez sans crainte, car l’effusion de votre sang vous tiendra lieu de baptême ! » Alors, s’étant munis du signe de la croix, ils furent précipités dans les flammes ; et ils rendirent leurs âmes de telle façon que ni leurs cheveux, ni leurs vêtements, ne furent touchés par le feu.
Pendant que les chrétiens s’occupaient de les ensevelir, Maxence dit à Catherine : « Noble jeune fille, aie pitié de ta jeunesse, et je te ferai impératrice dans mon palais, et le peuple entier adorera ton image, au milieu de la ville ! » Mais elle : « Cesse de dire des choses dont la pensée même est un crime. J’ai pris le Christ pour fiancé, lui seul est ma gloire et mon amour ; et ni caresses ni tourments ne pourront me détourner de lui ! » L’empereur la fit alors dépouiller de ses vêtements ; il la fit frapper de griffes de fer, puis, l’ayant jetée dans une obscure prison, il ordonna que pendant dix jours on la laissât sans nourriture.
Là-dessus, l’empereur se vit forcé de se rendre dans une autre province. Or sa femme, qui avait pour amant un officier nommé Porphyre, vint, la nuit, dans la prison de Catherine. Et, y étant entrée, elle vit la cellule remplie d’une clarté immense, et elle vit que les anges pansaient les plaies de la prisonnière. Et celle-ci, s’étant mise à lui décrire les joies éternelles, la convertit et lui prédit la couronne du martyre. Ce qu’apprenant, Porphyre alla se jeter, lui aussi, aux pieds de Catherine, et il reçut la foi du Christ avec deux cents de ses hommes.
Quand l’empereur revint, douze jours après son départ, il se fit amener la jeune fille, qu’il s’attendait à voir anéantie par ce jeûne prolongé. La voyant au contraire resplendissante de vie, il soupçonna que quelqu’un l’avait nourrie, dans sa prison, et décréta que ses gardiens fussent mis à la torture. Mais Catherine : « Aucun être humain ne m’a nourrie, mais bien le Christ par l’entremise de ses anges. » Alors l’empereur, plus frappé que jamais de sa beauté, lui proposa, une fois de plus, de l’élever au trône avec lui. Et comme elle s’y refusait, il lui dit : « Choisis entre deux choses, ou bien de sacrifier aux idoles, et de vivre, ou bien de mourir dans des tourments effroyables ! » Et elle : « Quelques tourments que tu puisses imaginer, n’hésite pas à me les infliger, car j’ai soif d’offrir ma chair et mon sang à Jésus, qui a offert pour moi sa chair et son sang ! Lui seul est mon Dieu, mon maître, mon mari et mon amant ! » Alors un préfet conseilla à l’empereur de faire préparer quatre roues garnies de pointes de fer, et de s’en servir pour déchirer les chairs de Catherine, de façon à épouvanter, par un tel exemple, les autres chrétiens. Et l’on décida que, de ces quatre roues, où l’on attacha la sainte, deux seraient poussées dans un sens et deux dans un autre, pour que les membres de Catherine fussent arrachés et broyés en morceaux. Mais la sainte pria Dieu que, pour la gloire de son nom et pour la conversion des assistants, il anéantît cette affreuse machine. Et voici qu’un ange secoua si fortement la masse énorme des quatre roues, que quatre mille païens périrent écrasés.
En ce moment l’impératrice, qui avait assisté à la scène du haut du palais, s’enhardit à descendre, et reprocha à son mari tant de cruauté. Le roi lui fit arracher les mamelles, puis trancher la tête. Et l’impératrice, allant au martyre demanda à Catherine de prier pour elle. Et Catherine : « Sois sans crainte, princesse aimée de Dieu, car ta royauté passagère va se changer aujourd’hui en une royauté éternelle, et en échange d’un mari mortel tu en acquerras un immortel ! » Sur quoi, l’impératrice, raffermie, encouragea ses bourreaux à exécuter leur mission. Ils la conduisirent donc hors de la ville, lui arrachèrent les mamelles avec des pointes de fer et lui coupèrent la tête. Et Porphyre, recueillant ses restes, les ensevelit.
I. Le lendemain, Maxence envoya au supplice les bourreaux de sa femme, qu’il soupçonnait d’avoir dérobé le corps de celle-ci. Mais Porphyre, s’élançant au milieu de la foule, s’écria : « C’est moi qui ai enseveli la servante du Christ, ayant reçu comme elle la foi chrétienne ! » Maxence, fou de douleur, poussa un rugissement terrible et s’écria : « Malheureux que je suis ! voici maintenant que Porphyre lui-même s’est laissé séduire, mon seul confident, le seul en qui j’avais confiance ! » Et comme il le dénonçait à ses soldats, ceux-ci répondirent : « Nous aussi, nous sommes chrétiens et prêts à mourir ! » Sur quoi, l’empereur, ivre de rage, les fit tous décapiter ainsi que Porphyre, et ordonna que leurs restes fussent jetés aux chiens.
Puis, se tournant vers Catherine : « Bien que, par tes sortilèges, tu aies causé la mort de l’impératrice, je t’offre encore, cependant, de devenir la première dans mon palais ! » Et comme, de nouveau, elle repoussait son offre avec indignation, il la condamna à être décapitée. Or, pendant qu’on la menait au supplice, elle dit, les yeux levés au ciel : « Espoir et salut des croyants, honneur et gloire des vierges, Jésus, mon bon maître, exauce ma prière ! Fais en sorte que toute personne qui m’invoquera, soit à l’heure de la mort ou dans le danger, se trouve secourue en souvenir de ma passion ! » Et une voix, du haut du ciel, lui répondit : « Viens, ma chère fiancée, les portes du ciel sont ouvertes devant toi. Et à ceux qui célébreront pieusement ton martyre je promets le secours qu’ils demanderont ! » Après quoi la sainte eut la tête tranchée, et de son corps jaillit du lait au lieu de sang. Et des anges, recueillant ses restes, les transportèrent de ce lieu sur le mont Sinaï, où ils ne l’ensevelirent que vingt jours après. Aujourd’hui encore, une huile miraculeuse découle de ses os, qui guérit aussitôt les membres affaiblis. Sainte Catherine fut martyrisée vers l’an du Seigneur 310. Quant à la façon dont Maxence fut puni de ce crime et des autres qu’il avait commis, nous l’avons racontée déjà en traitant de l’Invention delà Sainte Croix [1].
III. Un moine de Rouen s’était rendu au mont Sinaï, et, pendant sept ans, avait pieusement prié sainte Catherine. Au bout de ce temps, il demanda à la sainte la grâce de posséder un fragment de ses reliques ; et aussitôt de la main de la sainte se détacha un doigt, que le moine emporta joyeusement dans son monastère. – Un autre moine, après avoir eu longtemps une dévotion spéciale pour sainte Catherine, avait peu à peu négligé d’invoquer la sainte. Or un jour, étant en prière, il vit passer devant lui une troupe de vierges dont l’une, en l’approchant, se détourna et se couvrit le visage. Et comme il demandait à ses compagnes qui elle était, une d’elles lui répondit : « C’est Catherine, que jadis tu connaissais bien ! Mais comme maintenant tu parais ne plus la connaître, elle s’est voilé le visage en t’apercevant, pour passer près de toi comme une inconnue ! »
IV. Certains auteurs se demandent si, au lieu de Maxence, ce n’est pas plutôt Maximin qui a présidé au martyre de sainte Catherine. Il y avait alors trois empereurs : 1° Constantin, qui avait succédé à son père ; 2° Maxence, fils de Maximilien, élu à Rome par les soldats ; 3° Maximin, proclamé César en Orient. Et, suivant les chroniques, Maxence persécutait les chrétiens à Rome, pendant que Maximin les persécutait en Orient. On suppose donc qu’il y aura eu, dans le premier récit du martyre de sainte Catherine, une faute d’écriture, et que c’est Maximin qu’on doit lire au lieu de Maxence."
Epilogue:
" Cath’rine était chrétienne
Bibiboum bidiboum bidi boum boum boum
Cath’rine était chrétienne
sont père ne l’était pas Ah ah ! Ah ah ! (bis)
son père ne l’était pas
Un jour dans sa prière
Bibiboum bidiboum bidi boum boum boum
Un jour dans sa prière
son père la trouva Ah ah ! Ah ah ! (bis)
son père la trouva
Que faites-vous ma fille
dans cette pose là
Je prie Dieu mon père
que vous n’connaissez pas
Relevez-vous ma fille
ou bien l’on vous tuera
Tuez-moi donc mon père
mais je n’faillirai pas
Le roi dans sa colère
d’un glaiv’ la transperça
Les anges descendirent
chantant alléluia
Les démons accoururent
et enfourchèrent le roi
Cette histoire est trop triste
on n’la r’commenc’ra "
15:04 Publié dans iconographie des saints, patrimoine de corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : iconographie de sainte catherine | Facebook |