20/05/2012
deux journées en Rustinu et Castagniccia ...
Jeudi 17 mai, début de journée à Santa Maria di Riscamone (Pieve di Rustinu)
... avec les amis anglais de la Sociéte d'architecture de Londres, en voyage d'étude (et d'agrément!) sur l'architecture en Corse :
avant nous, une vache avait pris possession de l'église ...
puis vendredi 17 mai, avec le groupe de Pascale Tourencq :
... posant devant le grand baptistère de Santa Maria di Riscamone:
bizarre, presque tout le monde a les mains dans les poches, pourtant il ne faisait pas si froid!
Pascale et Gilles ont construit un centre d'éco-tourisme: "PAESOLU DI A SUVERA A U VENTU" sur le territoire de Cervioni et accueillent aussi bien individuels que stages (en mi-saison) ou séjours à la carte : ici les participants d'un stage de Qi Gong, venus en Corse profiter du week-end de l'Ascension.
Pour découvrir le site du Paesolu:
www.ecotourismecorse.com
un pic-nique sympathique sur un site admirable
rencontre, à cette occasion, avec Paola Camuffo, jeune archéologue originaire de Gênes et qui fait ses recherches pour sa thèse à l'Université de Corse sur les monuments religieux romans de la Vallée du Golo: analyse des enduits, mesures ...
La paix du lieu, par tous les temps
17:27 | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
06/05/2012
l'orgue de Corbara: inauguration et dossier technique du relevage (partie instrumentale)
CORBARA
Dimanche 13 Mai 2012,
" inauguration" de l'orgue restitué dans sa splendeur en 2011
à 17 h à la Collégiale Santa Nunziata
relevage de la partie instrumentale:
Alain FAYE et Alain SALS
restauration du décor tambour/tribune/ buffet :
Ewa POLI
restauration de la grosse caisse:
André FABRE
Voir la note précédente:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/11/28/l-orgue-de-corbara-retrouve-son-eclat.html
et bénédiction de l'orguepar Mgr Olivier DE GERMAY, évêque de Corse,
cérémonie où se déroulera le beau rituel du "réveil" de l'orgue au cours duquel l'orgue dialoguera avec l'évêque célébrant, lors des huit invocations solennelles qui signent la mission première de l'orgue au sein de sa communauté.
(pour comprendre la cérémonie de bénédiction d'un orgue, vous pouvez ouvrir le lien suivant: )
http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=b%C3%A9n%C3%A9diction%20d'un%20orgue&source=web&cd=1&sqi=2&ved=0CFcQFjAA&url=http%3A%2F%2Fmichele-gabriel.chez-alice.fr%2Fpge77-32.html&ei=AxumT6CQLofn8QOVyLjmBA&usg=AFQjCNHYewK8cL2Je8yZqqQYKZ0s_kikWQ
Notons que ce sera la première visite officielle du nouvel évêque de la Corse en Balagne et que cette belle cérémonie de bénédiction d'un orgue, déjà rarissime en Corse, trouvera ici une résonnance particulière grâce à la présence de Mgr Olivier De Gamay: un honneur pour Corbara et toute la Balagne, une reconnaissance pour le rôle liturgique des orgues dans nos églises. L'évêque sera reçu, comme le veut le protocole, par les confrères à la Casazza, puis, après leur entrée à l'église, commencera la messe au cours de laquelle sera célébrée la bénédiction de l'orgue.
La dernière bénédiction d'un orgue à laquelle j'avais participé fut célébrée à Costa, par l'archiprêtre Pinelli, grand amoureux des orgues: un bien beau souvenir!
Suivra à 18h30 un concert donné par l'organiste Wladimir MATESIC, organiste à la cathédrale de Bologne
A présent, le dossier du relevage:
en mai 2006, notre ami Michel Foussard, alors technicien-Conseil pour les orgues de Corse avait établi un excellent dossier de protection pour cet orgue qui aboutit à son classement, et par la suite à l'implication de la commune de Corbara dans l'effort financier considérable pour sa restauration.
Montant total: 132.332 € H.T.
Participation de la Collectivité Territoriale de Corse: 70% du montant H.T.
Participation de la Commune de Corbara:
les 30% restants.
Mémoire et observations faits à l'occasion du relevage de la partie instrumentale, par les facteurs d'orgues Alain Faye et Alain Sals
(à l'usage des "fous d'orgue" ... et de tous les curieux : quelle mécanique et quelle technique ! et comme souvent, beaucoup de questions et d'hypothèses, car trop peu d'archives: l'art des organiers restaurateurs dépend en premier de leur analyse concertée du matériel existant.
Après cette réflexion archéologique vient le savoir-faire de chacun, doublé de la plus grande exigence possible : un bon relevage, comme une bonne restauration, garantit longuement la vie de l'orgue et minimise les risques d'incidents )
l'orgue, vu depuis le choeur (somptueux!) de la collégiale.
Composition de l’instrument :
Etendue du clavier
52 touches de do1 à sol5 avec première octave courte
Etendue du pédalier
18 touches de do1 à la2
17 gravures de do1 à sol#2
Tirasse de do1 à la2
Composition du clavier manuel
Principale nei bassi 8’ (sol1 en façade)Principale nei soprani 8’
Ottava nei bassi 4’
Ottava nei soprani 4’
Decimaquinta 2’
Ripieno di 4 canne per tasto 1’1/3, 1’, 2/3’, 1/2’
Flauto in ottava 4’
Ottavino nei Soprani 2’
Cornetto 4’, 2’2/3, 1’3/5
Viola ei Bassi 4’
Voce Umana 8’
Campanette 8’
Corno inglese nei soprani 16’
Trombe nei bassi 8’
Trombe nei soprani 8’
Clarone nei Bassi 4’
Composition du pédalier
Contrabbassi 16’-8’en bois ouvert
Tirage des jeux
A droite, sur deux lignes verticales, déplacement latéral avec encoche
Coupure en basses et dessus
mi3 - fa3
Pedalier de C1 à A2, avec octave courte. :
Contrabassi 8+4
Tirasse permanente
Timpano. Banda militare.
Tiraripieno Polisire.
Ecoutons le facteur d'orgue restaurateur Alain FAYE:
"L’histoire de cet orgue s’est faite en deux principales étapes :
L’orgue d’origine, correspondant au buffet et à la tribune, vraisemblablement construits en même temps, semble être des Saladini. La tribune est signée par Anton Giuseppe Saladini (le père, ébéniste). Les volets ont été peints en 1819, et cette date serait plausible pour l’ensemble de l‘ouvrage.
De cette époque, il reste :
- tous les tuyaux du Principale, ainsi que la plupart des tuyaux composant les jeux de : Ottava, Flauto in ottava, Decimaquinta, Ripieno, Ottavino, Cornetto. Comme on le verra plus tard, ces tuyaux pourraient être de Saladini fils, Anton Pietro (*né en 1799: en 1819, il a donc tout juste 20 ans). Il faut cependant savoir que l’activité à ce jour recensée de ce dernier s’étend de 1825 à 1863, du moins en ce qui concerne les instruments signés de sa main.
- les tuyaux de bois de la pédale.
- le sommier de Pédale et son abrégé, et un portevent.
En 1890 l’orgue est reconstruit par Agati et Tronci, (opus 1124), dont les éléments facilement identifiables sont bardés d’étiquettes d’expédition (Livorno Maritima) et de marques au pochoir :
- Le sommier manuel à ressorts.
- la charpente intérieure.
- La soufflerie.
- Clavier, pédalier et mécanismes.
- Grand abrégé et abrégés de campanette (campanelli) et terza mano.
- Tirage de jeux.
- les jeux de Corno cinese , Voce umana, Viola bassi, et les jeux d’anches : Tromba, Clarone nei bassi, Corno inglese nei soprani, plus quelques compléments dans le ripieno .
- 4 tuyaux de bois des compléments chromatiques de pédale, ainsi que la basse commune d’Ottava et Flauto in ottava et le ré grave du Principale.
- les percussions : campanette , grosse caisse, cymbale.
D’après les marques sur la tuyauterie ancienne qu’ils ont réemployée, on constate que ces facteurs avaient grossi les tailles par décalage .
Une autre intervention marquante est celle d’Hartmann en 1979 .
Il y eut peu d’éléments neufs apportés par ce facteur, à part un ventilateur électrique, sa boite et son porte-vent.
Mais des interventions lourdes effectuées sur place : sur le sommier ( déposé pour remplacer une partie vermoulue), sur la soufflerie, et surtout sur la tuyauterie.
La pression a alors été baissée à 50 mm, les languettes de jeux d’anches remplacées et les jeux de principaux à partir de l’ottava décalés d’un ton ou plus apparemment dans le but de rétablir les tailles d’origine (= d’avant Tronci). Hartmann a pris soin d’identifier les marques qu’il a trouvées, ce qui donne une idée des décalages successifs."
[* mon commentaire: : d'un côté l'esprit encore relativement classique italien des premières décennies du XIX° siècle , possiblement attribuable à Saladini, ( je dis relativement, car le Saladini des débuts, en partie autodidacte, conçoit un ripieno sans rangs de quintes, comme on peut le trouver à Palasca: choix déroutant qui ne favorise pas la cohésion de l'ensemble du ripieno et rend l'accord plus que difficile, et choix qu'il abandonnera dans ses orgues ultérieurs, comme à Pioggiola en 1844) auquel succède d'un autre côté l'esprit résolument orchestral de la fin XIX° des Agati-Tronci - Hartmann va chercher à tirer le meilleur parti possible du matériel existant en s'orientant vers une esthétique baroque qui lui est chère.
Lorsque j'ai interrogé Philippe Hartmann sur l'état de l'orgue de Corbara lorsqu'il l'a vu la première fois, en 1978, la question étant de savoir s'il jouait encore, sa réponse fut " oui, mais il jouait affreux!", ajoutant que Tronci avait mis une pression trop forte qui faisait "gueuler" les tuyaux ...
C'est ce troisième état de l'orgue que les facteurs d'orgues Alain Faye et Alain Sals, en accord avec le technicien-conseil Michel Colin, ont décidé de conserver et de relever en 2011. Cette intervention d'Hartmann a transformé cet orgue, certes italo/corse mais à l'époque passablement ingérable en un magnifique instrument à la personnalité un peu "hors normes" dans le paysage habituel des orgues historiques présents sur l'île.
Notons que depuis ce beau travail de relevage de Philippe Hartmann en 1979, l'orgue de Corbara n'a pas cessé de vivre pour sa communauté grâce au talent et au dévouement sans faille de l'organiste de l'époque, Lina Vigouroux, servant tant qu'elle l'a pu, l'instrument pour tous les offices religieux et veillant à son entretien avec le concours, à l'époque, du regretté Antoine Massoni. Ajoutons également l'implication passionnée de Michel Franceschini pendant de nombreuses pour sauvegarder et mettre en valeur le patrimoine de l'église: qu'on leur rende ici hommage!
Par ailleurs concerts et stages complétaient la vie de cet orgue dont tous les utilisateurs ont toujours célébré le charme et l'intérêt. ]
à nouveau, Alain Faye:
" Description des différents éléments de mécanismes :
- Sommiers :
Sommier de Pédale ancien (datant de l’orgue d’origine ?) avec ses 9 soupapes anciennes pour 8 notes (octave courte) de contrabassi doublées en 4 pieds, et un timpano de deux tuyaux.
Fait d’une pièce de noyer, avec tampons encastrés munis d’un anneau en fer. Quatre soupapes ont été rajoutées par Tronci, pour avoir les demi-tons manquant à l’octave courte. La disposition des tuyaux est compliquée, certains sont postés là où il y a de la place, car les perces correspondantes ont été intercalées comme on pouvait,.
Pour le tambour à vent (Timpano) , il est utilisé une soupape supplémentaire dans une petite laye extérieure au sommier, qui commande un autre tuyau en même temps que le La 2 du pédalier.
La transmission mécanique permet par le jeu des abrégés d’avoir l’effet suivant :
- première octave courte en 8+4 , puis 8+8 à partir du La .
- deuxième octave chromatique redoublant en 16+8.
Le jeu de contrabassi possède son propre tirant et peut être utilisé ou non. Dans ce cas, on a seulement la tirasse, qui est permanente et suit normalement de Do1 à La 2. Le tirant de jeu est relié à une soupape qui alimente le portevent de Pédale, dérivation du portevent principal.
Grand sommier du clavier manuel :
à ressorts, typique d’Agati-Tronci. Fait en noyer , avec fond de laye en peuplier ou en aulne. Laye divisée en trois parties, avec tampons à verrous tournants en bois, s’encastrant dans une rainure. Comporte 16 registres , plusieurs des jeux étant coupés en basses et dessus (Principale, Ottava, Tromba).
Une pièce importante (flanc de laye en noyer très vermoulu, retrouvé dans le soubassement de l’orgue) a été changée sur place par Hartmann . Le fond de laye a également été réparé, et les boursettes de la laye probablement remplacées . L’un des registres est récent. Depuis, les rats avaient attaqué les boursettes supérieures.
Le faux sommier est fait de panneaux minces en peuplier sur un cadre soutenu par des tiges filetées avec écrous de bois. Comme toujours, les pieds de tuyaux sont courts et beaucoup de bouches se trouvent en dessous.
- Clavier/console : clavier axé en queue en os et ébène d’Agati Tronci, avec couvercle et entourage en beau noyer. Le couvercle relevé sert de pupitre. Sous Agati et Tronci, l’entourage de la console a été redécoré en faux bois.
- pédalier a leggio , en noyer, d’Agati-Tronci. Touches montées sur des charnières en peau.
- Mécanique :
Tous les abréges manuels ( grand sommier, terza mano et campanette), ainsi que l’abrégé de tirasse sont d’Agati & Tronci, à l’italienne , montés sur des mouches de feutre ou de peau. L’abrége du sommier de pédale est ancien, et a été adapté et complété lors de la reconstruction. Les vergettes , équerres et fils de liaison sont de cette époque.
- tirage de jeux :
Le système est entièrement de Tronci, selon sa fabrication habituelle (comme Muro, Piedicorte, etc.).
A la console : leviers horizontaux à cran, avec mouvement permettant d’enclencher la combinaison (Polisire). Nom des jeux calligraphiés à l’encre sur des plaquettes de buis.
Ces leviers sont reliés par des crochets de fers à l’abrégé de jeux, lui même relié aux équerres placées en bout de registres par des fils d’acier réglables par des écrous de bois.
La terza mano se trouve avec les autres tirants. Les Campanette sont actionnées par un levier à part.
Les tirants peuvent tous être actionnés par la pédale du Polisire, et ceux de Principale, 8a, 15a et ripieno par celle du Tiraripieno.
- Soufflerie
La soufflerie placée dans le soubassement de l’instrument consiste en un réservoir à plis compensés de 0,80 par 1,40 m., avec ses deux pompes placées dans le sens de la longueur. Ces pompes sont actionnées par le mécanisme habituel d’Agati-Tronci , un levier vertical en T inversé avec deux bielles articulées. Le système est très efficace et d’un maniement aisé.
Le vent des pompes donne dans un antisecousses placé à l’envers sous la soufflerie, avec deux gros ressorts de lit. Il en ressort vers le réservoir par un unique trou étonnamment petit ( moins de 40 mm. de diamètre).
Cette soufflerie très usée avait été réparée à plusieurs reprises. Il semble qu’il y ait eu un démontage important par Hartmann. (neutralisation de soupapes dans des endroits normalement inaccessibles). En 2010, la plupart des joints de peau étaient fissurés et fuyaient. De plus, des rats avaient attaqué tout ce qui est en peau dans l’orgue.
La pression est donnée par deux dalles de schiste posées sur la table. Elle était de 50 mm. au démontage, et identique après restauration de la soufflerie. Il restait deux dalles similaires à la tribune. En les rajoutant, on a 70 mm, ce qui a pu être la pression de Tronci.
Ventilateur Meidinger triphasé, datant vraisemblablement de 1979,
Portevent et boite à rideau branchés à la base du portevent principal sur une sorte de collecteur.
-Tuyaux de bois :
La plupart sont antérieurs à Agati-Tronci, peut-être de plusieurs provenances, en châtaignier, avec un bloc assez bas et une lèvre inférieure clouée. Ils se ressemblent, mais ne sont pas vraiment de tailles suivies. Parmi eux, une série de tuyaux de très grosse taille, de section approximativement carrée, a du constituer les contrabassi de l’orgue antérieur, et correspondent à la division du sommier.
Ces tuyaux sont peints d’une couche assez claire de badigeon à la colle, ocre rouge. De même facture, des tuyaux très étroits servant à la doublure à l’octave des contrabassi ont pu appartenir à un jeu d’Ottava. Beaucoup de bouches ont été baissées par Hartmann lors du changement de pression.
Ceux des demi-tons rajoutés par Agati-Tronci sont facilement reconnaissables : en sapin clair, non peints, avec des rebouchages au mastic blanc. Ils sont de section carrée pour la pédale et rectangulaire pour la Flauto in 8a et les lèvres inférieures sont vissées.
- Accessoires ( Percussions) : banda militare : grosse caisse + cymbale. Reste de transmission et traces de frottement pour un troisième mécanisme, vraisemblablement chapeau chinois aujourd’hui disparu.
Campanette (campanelli) série de timbres en bronze embrochés sur un tige filetée avec entretoises en bois. La frappe est assurée par de petits marteaux en forme de boules en bronze.
Mémoire des travaux exécutés lors de notre intervention de 2010/2011 :
1 ) Installation du chantier, démontage :
- Relevé photographique et établissement des pièces . Essais avant démontage.
Relevé du ton et de la pression.
- Dépose de la tuyauterie, de métal comme de bois.
Etude détaillée de la tuyauterie: tailles, embouchage, marques.
- Dépose du clavier et du pédalier
- Dépose du soufflet.
- Transport en atelier de tous les éléments devant être restaurés
2)Buffet :
La restauration du décor faisant l’objet d’un marché séparé, exécuté par la restauratrice
Ewa Poli, nos opérations concernant ce buffet sont succinctes :
- Nettoyage intérieur.
- Vérification de l’ensemble de la boiserie, calages concernant principalement les supports de mécanismes.
- Traitement insecticide des bois : panneaux, charpente intérieure.
- réajustage de panneaux du soubassement.
3 ) Alimentation :
- Fabrication d’un caisson en bois isolant le ventilateur et empêchant le passage des poussières. (panneau de particules peint au pigment vieux bleu à la colle, comme le reste de l’alimentation. Isolant intérieur: mousse alvéolée)
Soufflerie:
Remise en peau de la soufflerie, réservoir et pompes. (travaux en atelier)
- Démontage des éléments de la soufflerie : tables et éclisses. Décollage à la vapeur de l’ancienne peau. Mise à nu des éclisses.
Cependant une partie des joints du réservoir était encore en très bon état et a pu être préservée. D’autres joints ont été doublés, évitant ainsi le démontage du pli compensé.
- Remise en peau : joints, aines, charnières du réservoir à plis compensés et des pompes. (peau blanche, fournisseur Varcuir) . Collages à chaud (colle d’os + nerf)
- Réfection de la peinture de la table supérieure du réservoir, pigment vieux bleu +colle Totin.
- nettoyage du mécanisme, levier et bielles.
Ces opérations ont été faites en utilisant les mêmes techniques qu’à l’origine, notamment en ce qui concerne le montage en peau et la place des bandes , chanfreinées partout où il y a lieu.
Autres opérations :
- Révision de la boîte régulatrice et de sa commande.
- réfection des joints des portevents de bois , et essais de l’étanchéité en général.
- Remise en forme des postages endommagés.
4) Sommiers:
- Nettoyage intérieur et extérieur des sommiers du manuel et de pédale, compresseur+aspirateur.
- nettoyage du faux sommier. Réparation localement par entoilage.
- Vérification et réparation des joints de peau scellant les flipots de gravures.
- nettoyage des soupapes des layes. Vérification des guides et des ressorts.
- Remplacement des joints de tampons de layes.
- réfection des boursettes de jeux endommagées par les rats à la partie supérieure du sommier à ressorts. Il y a une boursette pour chaque note de chaque jeu. Le nombre de ces boursettes à refaire était de 56 . (travaux effectués sur place, en peau fine spéciale , fournisseur Weiblen, collée à chaud sur le bois, et cousue sur les picots de soupapes).
- essais en pression, et vérification de l’étanchéité de chaque soupape de jeux après remontage des réglettes. Tous les pleurements qui subsistaient étaient dus à des saletés coincées sur les soupapes, qui ont pu être chassées par soufflage vers l’intérieur.
- Vérification des fixations des grands tuyaux.
5 ) Console , clavier, mécanique :
- Clavier:
Nettoyage. Remplacement des garnitures de feutre et vérification du jeu des mortaises de touches. Polissage des placages.
- Pédalier : Reprise du jeu et remplacement des garnitures. Remplacement des charnières de peau. Réglage des ressorts. Finition.
- banc, couvercle, pupitre : vérification et remise en état. Pose d’un éclairage adéquat .
6) Transmissions
- mécanique de notes: Nettoyage, vérification et remise en état au cas par cas de toutes les pièces : abrégés, équerres, fils de laiton.
Vérification du jeu des abrégés : abrégé principal, terza mano et campanelli, en remédiant à tous les frottements.
- Réglage de la transmission de notes.
- Tirage de jeux :
Nettoyage et vérification des pièces: tirants, équerres, liaisons en fil de fer, écrous de bois, ressorts. Réglage de la course des registres et des combinaisons : tiraripieno, polisire. Les registres (réglettes) doivent avoir un peu de jeu pour garantir une bonne fermeture de toutes les soupapes.
Traitement insecticide des bois.
Protection à la cire des parties en fer.
Ces travaux ont été exécutés par Alain Faye
et Eric Menguy.
8) Tuyauterie :
Les opérations sur la tuyauterie ont été effectuées par Alain Sals en ce qui concerne la restauration des tuyaux de métal (rapport ci-joint), l’atelier Alain Faye se chargeant de la fabrication des compléments neufs et de la remise en état des tuyaux de façade et tuyaux de bois.
A part quelques tuyaux particulièrement dégradés, la tuyauterie présentait un état général acceptable dans le cadre d’un relevage et ne nécessitait pas d’intervention en profondeur.
Etant convenu que l’on ne remettait pas en question l’intervention de 1979 par Hartmann, il n’était pas nécessaire de retransformer ni décaler quoi que ce soit de la tuyauterie.
Les opérations effectuées ont donc été les suivantes :
- Nettoyage de tous les tuyaux : fonds, jeux d’anches, de façade et tuyaux de bois.
- Remise en forme des tuyaux bosselés , pieds et corps .
- Soudures au niveau des bouches (Hartmann avait déjà renforcé la plupart des petits tuyaux de part et d’autre de la bouche).
- Pièces diverses et points de soudures aux endroits où le métal était attaqué par les rats (tuyaux de plomb)
- Rallonges au cas par cas de tuyaux trop courts, qui avaient été pincés exagérément : Viola entre autres.
- Ripieno : fabrication à l’identique de quatorze tuyaux manquants, en alliage à 12% d’étain.
- tuyaux de façade :
Ces tuyaux sont en alliage riche en étain. Ils sont assez lépreux, aux endroits habituels : hauts de tuyaux, bouches, bouts de pieds. Etant très fragiles, nous avons limité les interventions à ce qui était strictement nécessaire : nettoyage, réparation d’un des tuyaux particulièrement abîmé qui avait du tomber, points de soudures aux endroits où le métal était attaqué par la lèpre, reprise de cordons de soudure défectueux à l’arrière. Réparation des agrafes de fixation. Ces opérations ont été effectuées sur place. L’aspect du métal étant irrégulier à cause de la lèpre, en plus de la fragilité, nous n’avons pas tenté de passer un produit de lustrage.
- jeux d’anches: Dressage des rigoles, nettoyage des languettes, dérouillage des rasettes et vérification des coins. Vérification des soudures des pieds et corps en fer blanc. Réparation de pointes dessoudées.
- tuyaux de bois: Vérification de l’étanchéité des pieds, des blocs, des lèvres inférieures .
Vérification des collages et réencollage intérieur au cas par cas . Traitement insecticide des tuyaux en sapin. Une couche de peinture à la colle de peau et pigment minéral .
- Vérification en atelier de l'embouchage et préparation à l’harmonie de tous les jeux
Accessoires :
- Vérification des mécanismes d’accessoires. Réglage de la frappe des Campanelli. Reconstitution du mécanisme disparu de la Cymbale ; remise en état du mécanisme de la gran cassa, la restauration du tambour lui-même étant assurée par André Fabre, spécialiste en la matière.
- Trompettes : fabrication de deux tuyaux d’anches en fer blanc, parlant à la quinte, reproduisant l’effet des « trombe degli angeli » du buffet. Fabrication d’un postage et d’une boite à soupape avec sa commande à la console par une tirette placée sur le panneau de gauche.
Fabrication de deux trompettes en étain , tenues par les anges couronnant le buffet.
9) Remontage, égalisation, accord général.
L’orgue étant remonté et réglé mécaniquement, les tuyaux ont été remis en place. La pression de 50 mm. s’est avérée cohérente . Le ton retrouvé est de 440 à 16 degrés. Les opérations d’harmonie et d’accord ont été exécutées en majeure partie par Alain Sals, dont le rapport suit.
Quant à l’esprit général de nos travaux, on peut dire que l’objectif était la conservation sans sur-restauration et la remise en fonction de tous les éléments tels qu’ils ont été apportés au fil du temps jusqu’à l’intervention de 1979, sans privilégier un état antérieur.
Alain Faye. 12/2011 "
(les "étiquettes" de Tronci)
Et à présent, le relevage de la tuyauterie et l'harmonisation de l'orgue, par Alain Sals:
"Alain SALS
FACTEUR D’ORGUES
84340 ENTRECHAUX
RAPPORT
SUR LA TUYAUTERIE ET
L’HARMONISATION DE L’ORGUE
DE L’ EGLISE DE CORBARA.
Si l’orgue de CORBARA est en grande partie dû aux facteurs Agati et Tronci qui signent l’instrument et le répertorient sous le N° 1124 année 1890. Le sommier manuel, le soufflet, la mécanique sont de ces facteurs. Le sommier de pédale est lui, de Saladini.
La tuyauterie est en grande partie de Saladini. Construite en plomb retendu selon l’usage, hormis le principale en façade au fa 1 construit en étain fin. Les 3 premiers tuyaux étant en bois.
Les tuyaux de Tronci sont en métal avec un titrage d’étain plus riche, certainement autour de 40 % Les jeux complets de Tronci sont la viola bassi, la voce umana, le corno inglese le clarone bassi, la tromba.
Il y a divers tuyaux de Tronci dans les autres jeux pour remplacer les manques ponctuels. Ils sont reconnaissables par leurs aplatissages de bouches et par la couleur du métal.
Les tuyaux de Saladini ont des bouches étroites, au 2/9° de la circonférence.
Les biseaux sont très peu dentés, et beaucoup ne sont même pas dentés du tout. Cela est étonnant sur un orgue dont le dernier intervenant est Tronci qui lui surdentait souvent ses tuyaux.
Il y a là un anachronisme difficile à expliquer.
Du fait que les biseaux ne soient pas surdentés , le son de l’orgue est resté pur et plus en rapport avec un orgue plus ancien, plus “baroque.” ( c'est moi qui surligne)
Les tuyaux d’anches ont des corps en fer blanc comme d’habitude dans la facture Italienne. Les anches sont larges et grosses. Il y a des doubles languettes dans les basses.
Le Clarone bassi possède des corps côniques sur les 3/4 de la longueur, puis cylindrique sur le haut des tuyaux.
Le Corno Inglese soprano (16.p.) a les pieds et les pointes en fer blanc. Les corps, à doubles cône et sont en étain.
Tous les pieds de tous les tuyaux sont en fer blanc.
Les noyaux sont en plomb de type classique pour cette facture. On en trouve de même forme dans toute la Corse et en Italie. Ils sont légèrement coniques pour bien s’ajuster sur le pied, ils ont un épaulement réduit par rapport aux anches françaises et les pointes des tuyaux sont soudées très en arrière pour laisser un bon passage à la rasette.
Les tuyaux de bois proviennent en partie de Saladini pour les grosses basses de 8, y compris les 3 premiers du principale. Les compléments sont de Tronci.
L’impression de l’ensemble fait penser à une restauration de Tronci sans souci d’authenticité pour ce qu’il a trouvé de l’orgue de Saladini. La pose de tuyaux avec des pieds courts au milieux de tuyaux aux pieds longs en remplacement de manquants, en métal différent sont une constatation de ceci.
Philippe Hartmann, a trouvé le “ripieno” de cet orgue avec des quintes uniquement dans la basse, les dessus ne comportant que des rangs d’octaves. Saladini était coutumier du fait. À Palasca, ainsi qu’à Zilia ces orgues ne comportent aucune quinte dans le ripieno.
Hartmann a recomposé un Ripieno normal, avec reprises au 1/8° de pieds. Bien sûr quelques tuyaux manquaient dans les aigus, tuyaux que nous avons construits au modèle.
Philippe Hartmann a rallongé une grande partie de la tuyauterie. Les grosses tailles laissées par Tronci ne pouvant convenir pour la reconstitution d’un Ripieno classique.
De même, il a renforcé les bouches des tuyaux en soudant un cordon sur les côtés de ces bouches. Les tuyaux de plomb de ce genre d’instrument sont toujours très fragiles, et ne demandent qu’à plier sous l’effet de l’accordoir.
Il faut dire que l’orgue sorti des mains d’Hartmann sonnait magnifiquement malgré les altérations du temps, de la poussière et des rats. Bien que faux on sentait la qualité sonore de cet orgue qui est l’un des plus beaux de la Corse.
Nous prenons donc le parti de respecter le dernier état de l’orgue. Celui de Philippe Hartmann. On ne pourra en effet jamais retourner à un orgue de Tronci, qu’il n’a jamais été entièrement, ni à un orgue de Saladini trop transformé.(c'est moi qui souligne ce propos important)
Après la restauration des tuyaux, l’embouchage est révisé et l’accord général est effectué avec un tempérament légèrement inégal de type Vittino.
TUYAUTERIE
MESURES ET OBSERVATIONS
PRINCIPALE: 4 tuyaux de bois, 33 en façade 15 intérieurs en étain.
Diamètres :
G1- 100 mm C 2 - 80 G2- 58 C3- 46 G3- 34 C 4- 28,5 C5 - 16
CI en bois : 105 x 107 mm
Les tuyaux de Saladini, comportent 3 marquages à la pointe
2 placés sur l’arrière des tuyaux au niveau du dessus du biseau.
Le 3° sur le pied du tuyau devant, sous la bouche est de Saladini.
Le marquage de gauche est de Tronci
Le marquage de droite est d’Hartmann
celui de devant est de Saladini.
Sur le 1° tuyau de la 19° on trouve une inscription d’Hartmann
“ Disposition Tronci trouvée en 1979
“ Disposition adoptée pour reconstituer l’original.
OTTAVA:
La 1° Octave est en bois. C1 : 58 x 72 . G1- 38 x 48
Diamètres C 2 - 45 mm G2- 34 C3 - 26 G3 - 17 C 4-14
G4- 9,5 C5- 8,2
Les 51 et 52 Manquants ont été reconstruits
QUINTA DECIMA:
Diamètres
C1 -40mm - G1 - 30 C2 - 22 G2 -15 C3-13 G3-10
C4 - 8 C5 - 6.
Reprise d’octave à C # 5.
Les C 45 et D47 Manquants ont été reconstruits
DECIMA NONA
C1 - 29 G1 - 21 C2 - 17 G2 - 12 C3 - 10 G3 - 7
Reprise au 1/8° de Pied Fa#
Les 49 ,50, 51 et 52 Manquants ont été reconstruits
VIGESIMA SECUNDA:
Même taille le n° 13 Ag. Tr. Pied rallongé
Le n° 20 Ag. Tr. Pied court. jeu complet
VIGESIMA SESTA
Même taille. Les n° 45 et 47 c et d manquants ont été reconstruits.
Reprise à fa # 27 et fa # 39
VIGESIMA NONA :
De Saladini jusqu’a fa 2 ensuite de Tronci mais en plomb.
Les n° 49 et 50 manquants ont été reconstruits.
C1 Fa # 2 Fa# 3 Fa # 4
1/2 1 2 4
VOCE UMANA :
27 tuyaux tous d Agati Tronci. pieds courts, 105 mm
marquage à gauche de la soudure dorsale.
DIAMETRES : Fa # 3 - 26 C4 - 24 C5 - 15 G 5 - 11,5.
FLAUTO IN OTTAVA :
1° octave en bois, commune avec l’ottava.
44 tuyaux de Saladini.
DIAMETRES : C2 - 54 F#2 45 C3 - 42 F# 3 - 39
C 4 - 31 F# 4 - 24 C5 - 18,4 FA#5 - 16 G5 - 12,5
VIOLA BASSI :
25 Tuyaux en étain d’Agati Tronci . Aucune dent.
C1- 55 F#1 - 40 C2 - 31 F# 2 - 24 C3 - 19 E3 - 16
CORNO CINESE Soprani.
27 Tuyaux de Tronci en étain coniques.
Diamètre haut Diam. Bas Long. Corp Long pieds
F 3 - 16 39 250 200
C4 - 11 30 165 “
F# 4 - 10 25 110 “
C5 - 8 19 77 “
G5 - 6,5 13 52 “
CORNETTO 3 FILE
4 P. : 27 T de Tronci, sauf le n°51 Saladini
Diametres F 3 -25 C 4 - 21 F# 4 - 18 C 5 - 15 G 5 - 12
2, 2/3 : Saladini
F 3 - 21 C 4 - 16,5 F# 4 14,2 C 5 - 12 G 5 - 10
1 3/5 : Saladini sauf F 3 et A # 3 de Tronci
17 tuyaux de F 3 à A 4. Ce jeu s’arrête au la 4 sur le sommier. Soit au 1/8° de pied. En principe les Italiens font une reprise d’octave en 3 1/5 P non effectuée présentement.
F 3 - 14 C 4 - 10 A 4 - 8
OTTAVINO : Saladini sauf n° 50 (récup.)
F 3 - 21 C 4 - 16,5 F# 4 - 13 C 5 - 10 G5 - 7.
CLARONE BASSI :
25 Tuyaux de Tronci, en fer blanc pieds de fer blanc ainsi que les pointes. Coniques puis cylindriques sur le haut des tuyaux.
Longueur conique Longueur cylindrique Diametre cylindre
C1 - 900 145 75
G1 - 550 130 67
C2 - 380 100 55
G2 - 260 60 43
C3 - 160 55 37
E3 - 120 40 31
CORNO INGLESE: Soprani. Dessus de 16 P
De Tronci corps doubles cônes en étain, pointes en fer blanc.
Doubles languettes de F3 à B3.
1 = diamètre sommet
2 = longueur cône supérieur
3 = Diamètre centre
4 = longueur cône inférieur
5 = diamètre bas du tuyau.
F 3: 1 = 34 2 = 226 3 = 49 4 = 280 5 = 14
Epp languettes = 30/100°
C4 : 1 = 32 2 = 137 3 = 45 4 = 196 5 = 11,5
Epp. Languettes 20 /100°
G 4 : 1 = 28 2 = 95 3 = 40,5 4 = 131 5 = 10
Epp. Languettes 18/100°
G 4: 1 = 28 2 = 95 3 = 40,5 4 = 131 5 = 10
Epp; Languettes 18/100°
C 5 : 1 = 23 2 =75 3 = 33 4 = 89 5 = 9
Epp. Languettes : 13/100°
G 5: 1 = 18,5 2 = 42 3 = 27 4 = 60 5 = 7,5
TROMBA: Fer blanc.
Diamètres Haut. Epaisseur Languettes
C1 - 121. 40/100°
G1 - 100. 48/100°
C2 - 81. 35/100°
Fa2 -74. 30/100°
C3 - 67. 22/100°
F3 - 58. 25/100°
C4- 50. 18/100°
F4 - 48. 15/100°
C5 - 44 12/100°
G5 - 30 10/100°
Doubles languettes jusqu’a A # 2.
- CONCLUSION:
De par sa particularité sonore, l’orgue de Corbara ne suit pas fidèlement les canons standards de la facture d’orgue Italo-Corse telle que nous en trouvons de nombreux exemples codifiés.
Cela en fait un instrument des plus personnalisés, et l’un des plus beaux de la Corse dans un ensemble esthétique complet avec son décor (tribune et buffet) ainsi que sa merveilleuse église.
Alain SALS Octobre 2011 "
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29/04/2012
en Corse, les mazzeri et le destin
Je retransmets ce lien adressé par Anne de Giafferi qui intéressera sans doute beaucoup les amis:
" De toutes les vieilles croyances insulaires, celle des mazzeri est sans doute la plus mystérieuse. Ces héritiers d’un savoir occulte font partie de la mémoire collective corse. Les mazzeri, homme ou femme sont dotés de pouvoirs et de facultés de voyance en état de transe, d’extases ou de sommeil lors desquels ils fréquentent l’au-delà. Comme vision de la mort, le mazzerisme subsiste dans certaines régions du centre et du Sud de la Corse. Les mazzeri sont les derniers témoins d’une religion du destin, ce fatum romain qui hante le bassin méditerranéen. Anne de Giafferi est allée dans les villages enclavés de la vallée du Cruzini où elle a rencontré Pierrot puis son ami Marius ; pour elle et pour la première fois, ils lui racontent leur don de vision et leur histoire avec les morts."
http://www.rtbf.be/lapremiere/emission/programme_par-oui-dire?id=999&scope=past
15:16 Publié dans corse, la mort, patrimoine populaire de Corse, spiritualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marreri, regards sur la mort en corse, religion du destin en méditerranée | Facebook |
"cartulaire de mon coeur"
à la mémoire en déshérence
avec Nicolas BOUVIER
Hommage à la géographie ancienne
Cartulaire de mon coeur
paroles du monde ancien
vieux mots usés et sages
qui pour un temps m'aviez fait compagnie
et si souvent porté secours
d'où me revenez-vous ce soir?
bourdonnants, suspendus à mon cou
flammèches ou abeilles
sur l'étole du prélat défroqué
Mots du secret, du souci et de l'ombre
murmures, portée de rats, fourrure du souvenir
frileusement nichés sur mes genoux
que d'anxiété dans ces pétillantes prunelles
qu'attendez-vous encore de moi?
voilà si longtemps que nous nous sommes quittés
Il fait noir dans la cuisine
un peu d'alcool brille au fond du verre
tu te tais alors qu'il faudrait que tu hurles
Judas des mots
et tu n'as pas fini de payer ton silence
(Nicolas Bouvier, Genève, hiver 1977, dans: "le dehors et le dedans", éditions Zoé, 1998 )
09:44 Publié dans famille, poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas bouvier | Facebook |
14/04/2012
Jeudi Saint 2012, suite et fin
Suite et fin de notre bonne journée du 5 avril en Castagniccia
à Quercitello, le prieur de la confrérie de Quercitellu, en pleins préparatifs du Catenacciu du Vendredi Saint, a la gentillesse de nous ouvrir l'église San Carlu où est exposée la toile du Sepolcru: une grande douceur se dégage de cette Déploration du Christ veillé par les anges ...
Un peu plus tard, à Ficaghja (à côté de La Porta), Petru Vachet-Natali (à gauche sur la photo) nous accueille à l'église de l'Immaculata Cuncezzione, paroisse de son village natal de Ficaghja. Ecrivain, poète et chroniqueur, cet homme amical et généreux a écrit en 2006 une amoureuse monographie sur Ficaghja en langue corse:
"Monografia e Tupunumia di Ficaghja, cù una ricerca tupunomica nantu à 216 nomi di lochi", publié chez Anima Corsa.
Nous devions arriver en fin d'après-midi, histoire de laisser l'équipe terminer le montage du sepolcru: mais notre arrivée précoce nous permet d'assister à la fin de ce montage délicat.
Installation du ciel ...
C'est le plus grand des sepolcri en pavillon réalisés en Corse. Le lucquois Francescu Carli le crée vers 1760 pour ce village.
les deux terribles gardiens du sepolcru, de part et d'autre à l'entrée de cette chapelle du reposoir
le jugement de Pilate
Jésus au Jardin des oliviers
la trahison de Judas: "celui que j'embrasserai " : comme dans une bande dessinée ...
le portement de croix
la déploration du Christ, servant d'antependium pour l'autel du sepolcru
le sepolcru de Ficaghja, fleuri et fini, version 2012.
Petru Vachet-Natali nous a, ce jour là encore, magnifiquement accueillis et, en compagnie du maire, Monsieur Gambotti, nous a très gentiment invités à partager le pot de l'amitié autour de ce patrimoine remarquable ...
Merci Petru!
Nocario, église san Michele: le petit sepolcru abrité sous sa tente et bien fleuri. Là encore le maire, Monsieur Paul Battesti, nous fait les honneurs de son église paroissiale. Cette mairie active a engagé depuis plusieurs années, des travaux de restauration (par Ewa Poli) qui portent leurs fruits.
Ici l'un des deux atlantes au délicat visage du maître autel restauré par Ewa
... vu de dos ...
au-dessus du maître-autel, pas vraiment à la fête et coincé entre Saint Michel et un angelot bien rose, Satan noir, moustachu et barbu hurle sa hargne. Bien fait!
Dans l'église du hameau de Patricaghju, dédiée à la naissance de Saint Jean-Baptiste, cette délicieuse toile de Giacomo Grandi
en haut, sous le regard attendri de Dieu le Père (portrait craché de notre maire Paul Battesti), on apporte le réconfort à Elizabeth qui vient de mettre au monde le Précurseur: la femme de gauche présente des grenades, symbole de fécondité ...
tandis qu'en dessous, près de la cheminée allumée, l'on s'affaire pour donner son premier bain au nouveau-né: à gauche, une servante bien "mauresque". Beaucoup de tendresse dans cette scène qui évoque toutes les naissances dans les maisons de Castagniccia de cette époque (mi-XVIII° s.) ... Sur un plateau, reconstituants essentiels pour la mère, le vin et les oeufs.
et pour clôre cette journée sur sa thématique du Jeudi Saint, l'arrivée en fin d'après-midi de la procession de la Cerca, venant de Campana: cette Cerca comme ses soeurs du lendemain qui partiront de Verdèse et de Nocario, couvre ses douze kilomètres et arrive tard dans la nuit ... Merci à tous d'avoir partagé cette journée si particulière, malgré un temps plus qu'incertain et éclairée par les rencontres de tous ces amis qui donnent du sens à leur patrimoine...
11:52 Publié dans corse, patrimoine populaire de Corse, semaine sainte en corse, sepolcri de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |