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17/02/2013

Montemaggiore - éléments d'histoire

 

Monte-Maxiore , Montemaiò , Montemaggiore ...

l'un des trois villages de Montegrosso,

Pieve de Pino, région Balagne

montemaiò,hugolone,corduvella

un peu d'histoire

 

En 1999, était publié sous la direction de Joseph Santana, ce précieux ouvrage collectif, dans la série trop vite disparue de "CURSICHELLA, la Corse au microscope", le Cursichella n° 3, sur la région de l'Ostriconi, Ghjunsani, Balagne, Calvi, Falasorma ... Cet ouvrage avait la volonté, dans un cadre réduit et dans une publication modeste dans ses moyens, , de proposer à  la curiosité du lecteur et de l'éventuel touriste, un grand nombre d'informations sur chaque village de cette région élargie, en s'appuyant sur les compétences des érudits locaux. Comme toujours on peut relever ça et là d'éventuelles erreurs, mais il faut bien dire que rien à ce jour n'a encore remplacé ce travail important et chaleureux, en dépit de l'économie de la publication.

Je  citerai donc, concernant Montemaiò, la partie historique de la page qui lui est consacré. Mes éventuels commentaires seront en rouge.

 

" A l'est de Crispignanu, la D 451 franchit le Fiume Seccu [ qui à cette saison, et compte tenu d'une météo généreuse en neige, bouillonne et n'a plus rien de sec!] par le Ponte-Vecchiu, remplaçant un médiéval Ponte allo Lataccio. A 800 m au nord, on situe les vestiges d'une église San Martinu, élevée au 11° siècle en remplacement d'un sanctuaire paléochrétien entouré d'une nécropole, situé à proximité d'un village antique."

[ Ecoutons Geneviève Moracchini-Mazel en 1967 dans Les églises romanes de Corse, vol. 2, p.265":

Le lieu-dit San Martino se trouve dans la plaine de Montemaggiore au pied de la colline de Cordovella et est planté d'une magnifique oliveraie. La chapelle a quasiment disparu lors de l'établissement de la maison de campagne de M. Giudicelli. Celui-ci y a vu autrefois l'arase des murs, un sarcophage de granit placé le long d'un mur de la nef, et à l'Est de l'abside la pierre de l'arringo sur laquelle juraient les témoins dans les séances qu'y tenaient un tribunal régional. Cette dalle surélevée de 0,80m au-dessus du sol, recouvrait des ossements effrités; elle était longue de 2m, large de 0,90m et épaisse de 0,15 à 0,20m.

M. Giudicelli pense que la chapelle avait été bâtie au XI° S. et suppose qu'elle a recouvert un sanctuaire plus ancien, ce qui est très probable en raison de l'importance de la nécropole païenne et paléochrétienne située autour de San Martino - dont maints vestiges intéressants ont été mis à jour au cours de travaux de culture."]

Corduvella.jpg

le site de Corduvella

Reprenons le récit du Cursichella:

"On a retrouvé ici une pierre dite de l'Arringu (visible en l'oratoire  Sant'Antone de Calvi), autour de laquelle les Anciens se réunissaient pour prendre les décisions importantes. Selon les chroniques, un site voisin aurait été choisi vers l'an 950 par le dernier des six rois maures de Corse, Hugolone ou Nugolone, comme capitale de son royaume. Son nom de Corduvella, comme la Cordoue espagnole, issu de l'antique Corduba romaine, signifie petit mont. Vers l'an 995, après la Reconquête, Nugolone se réfugie chez son ami Saoud, roi des Baléares, et marie son fils Solim à la soeur du sultan du Maroc. Dotée d'une tour défensive, cette hauteur, qui a livré des vestiges préhistoriques, sera saccagée, puis à nouveau habitée jusqu'au 14° siècle.  A 2 km à l'ouest du Ponte-Vecchiu, la D.451 dessert un lieu-dit San Paolu, du nom d'un sanctuaire fondé dit-on par Saint Paul? A 500 m au nord se San Paolu, sur une hauteur, le château de Castiglione était le centre du fief de Pino, distinct du fief de Crispignanu. A l'abri de son château, le village abtritait une église San Buccariu [?] fêté le 8 avril. Victime au 17° siècle d'une terrible épidémie de peste, il sera brûlé par les gens de Montemaiò. "

[ "La colline de Cordovella, qui domine San Martino est concernée par maintes traditions orales relatives aux guerres relatives aux guerres de la reconquista contre les Musulmans au IX° s.; déjà au XV° s. le récit du chroniqueur Giovanni della Grossa* indique que les Sarrasins y avaient établi leur camp, ce qui est vraisemblable. Car cette colline - dite localement Capo ai Mori est une position stratégique de premier ordre qu'ont dû occuper toutes les civilisations; à l'époque romaine, il se pourrait qu'un camp fortifié, destiné à surveiller les riches plaines de la Balagne, y ait été installé. 

* Grossa (della G.) in Chronique dite de Filippini, T I, pp. 108 et 111: " Hugolone partit secrètement pendant la nuit et passa à Cordovella qui était un château situé près de l'endroit où se trouve aujourd'hui Calvi ..."

(après sa défaite): "Hugolone découragé s'enfuit à Corovella".

Il brûla cette place et ayant rappelé des vaisseaux qui avaient échappé, il s'y embarqua avec tous ses trésors et passa en Afrique ...".]


- idem, G. Moracchini-Mazel, dans  les Eglises romanes de Corse, p. 265.



 

 

église st Augustin Montemaggiore blog.jpg

La prochaine note sera consacrée à l'église Sant'Agustinu

(à suivre)

11/02/2013

tr: Bunifaziu. Construction sans permis

Je partage bien volontiers cette information de U Levante.


 De : "Newsletter Levante" 

Objet : Bunifaziu. Construction sans permis
 
U Levante
 Association de protection de l’environnement en Corse
 
• C'EST EN COURS
 Deux constructions nouvelles sur un site inconstructible à Bunifaziu. Le tout sans permis. Lire 
 (http://www.ulevante.fr/cest-en-cours-deux-constructions-nouvelles-sur-site-inconstructible-a-bunifaziu/ )
 
• C‘est l’État qui est en échec en Corse... Explique Manuel Valls. À Voir ( http://www.ulevante.fr/ )
 
U Levante : moi aussi j'agis. Lire
 ( http://www.ulevante.fr/adherer/ )
 
( http://www.ulevante.fr/ )
 

10/02/2013

Montemaggiore et les Âmes du Purgatoire

Où l'ombre de Don Miguel Mañara Vincentello de Leca y Colona (1627 - 1679) s'égare bien malgré lui à Montemaggiore et  rencontre son avatar Don Juan 

Montemaggiore village blog.jpg

Ces jours-ci, le village de Montemaggiore, tout voisin de Cassano, commune de Montegrosso, Pieve de Pino. Balagne.

Tout d'abord, je vous engage à une lecture passionnante, celle du long article écrit par notre ami Alfredo ORTEGA: " La Corse et Don Juan: la légende noire de Miguel Mañara" pour l'Adecec, à retrouver sur le site:

La Corse et Don Juan: la légende noire de Miguel Mañara

 
 
et je vous invite également à revisiter le documentaire réalisé par Paul Rognoni pour FR3 (Mareterraniu ): "Miguel Mañara, Ange ou Dom Juan"  - 
 
 Miguel Manara, Ange ou Dom Juan - Mareterraniu Productions
mareterraniu.com/?p=Documentaires&i...Miguel-Manara.
 
 
 
Si Prosper Mérimée ne mentionne pas l'épisode corse de Montemaggiore dans sa version de son Don Juan, il n'en reste pas moins à l'origine de la légende noire du don Juan corse lorsqu'il rédige "Les Âmes du Purgatoire" en 1834 : il connaissait bien  l'Espagne où il séjourne pour la première fois en 1830,  et où il fait la connaissance de la famille des Montijo, dont il deviendra un ami proche: Eugénie de Montijo, la future Impératrice des français, épouse de Napoléon III, n'a alors que quatre ans .
Dans sa nouvelle, il transforme le nom de Mañara en Maraña, et comme le signale l'ami Ortega, " Mérimée n'ignore pas que maraña en espagnol, veut dire embrouillamini, tout comme enmarañar, c'est embrouiller".
 
 Nous voilà avertis.
 
Je suis moi-même partie sur la trame d'une maraña aux fils embrouillés en regardant la copie du Don Rodrigo de Cordoba de Murillo. Dans cette enquête j'ai fait la rencontre imprévue de Esteban Bartolomé Murillo et de son cher ami Don Miguel Mañara, deux personnages de la Séville du XVII° siècle,  tout-à-fait historiques, remarquables et bien documentés. En ce qui concerne le vrai Don Miguel Mañara, je renvoie à nouveau, en résumé,  à l'excellent article d'Alfredo Ortega,  mais aussi au livre d'Enriqueta Vila Vilar: "LES CORZO ET LES MAÑARA , les Corses de Séville dans le commerce des Indes", Editions Alain Piazzola - 2004. Histoire de ces familles corses partant à l'aventure pour  réaliser leur destin sur des terres étrangères parfois si lointaines, suivant le sillage de Christophe Colomb, courageux, commerçants surdoués,  ambitieux, en quête de reconnaissance et d'ascension sociale et qui trouvent à Séville le creuset idéal de leur anoblissement ...
L' on apprendra, entre autres, que , construisant l'église (inaugurée en 1674) de la Caridad , institution hospitalière et charitable créée par Don Miguel Mañara, il va faire appel aux meilleurs artistes de l'époque pour enflammer la dévotion des Sévillans, et parmi eux, au plus sévillan des artistes de l'époque, à son ami Murillo, "qui fut le parrain de deux de ses fils" (A. Ortega). L'histoire ne dit pas si mon Santo Rodrigo de Cordoba faisait partie de cette aventure ...
 
Bref, le véritable Don Miguel Mañara est déjà un personnage d'une telle étoffe baroque et charismatique  qu'il n'était sans doute pas besoin de le charger d' un double mythique... Cela dit, revenons à Montemaggiore, lieu du forfait incestueux prêté par Esther Van Loo à son Don Juan lorsqu'elle rédige en 1950 son fantasque  "Le vrai Don Juan, Don Miguel de Mañara" .
 
Bref, dans cet embrouillamini don-juanesque, nous retiendrons de Mérimée qu'il fait démarrer sa nouvelle avec la contemplation par le petit Juan Maraña d'un tableau des Âmes du Purgatoire qui l'impressionne fortement et l'accompagne au fil de l'histoire,  entraînant in fine sa spectaculaire conversion.
 
Dans la très belle et souffrante église Saint Augustin de Montemaggiore, parmi les oeuvres les plus intéressantes,  il y a une toile  ...  qui n'a certainement pas inspiré le Don Juan de Mérimée! mais que je veux évoquer ici:

Montemaggiore - autel du Rosaire.jpg

l'autel du Rosaire et ses stucs raffinés datables, d'après notre amie Caroline Paoli,  des années 1770/1780 et "attribuables à l'un des frères Cagliata, Antonio ou Giuseppe, très actifs entre ces deux dates et originaire de Lunigiana.

 

Montemaggiore - Rosaire et Âmes du Purgatoire blog.jpg

accueille cette toile peinte et repeinte par des auteurs anonymes :

Remise du Rosaire Montemaggiore blog.jpg

au centre du tableau,. le sujet de la donation du Rosaire par la Vierge et l'Enfant à St Dominique et Ste Catherine de Sienne est tout-à-fait conforme à la norme. 

Tout autour du motif central, les quinze mystères du Rosaire déroulent leur efficace catéchisme:
 
Annonciation Rosaire Montemaggiore blog.jpgmystères douloureux Rosaire Montemaggiore.jpg

mystères glorieux blog.jpg

Tandis que sous cet ensemble habituel l'on découvre la raison de cette dévotion: il s'agit bien d'aider à la délivrance de ces  pauvres âmes du Purgatoire par la récitation du Rosaire. Je vous laisse découvrir le récit savoureux qu'en fait notre peintre anonyme de Montemaggiore:

Montemaggiore Âmes du Purgatoire -Rosaire copy.jpg

 

 Ne dirait-on pas une plaisante publicité pour quelque chaude station balnéaire?

bain de flammes blog.jpg

Rien de très terrifiant dans ce bain de flammes ... on est bien loin de la description fantasmée de Mérimée:

" Il y avait dans l’oratoire de la comtesse de Maraña un tableau dans le style dur et sec de Moralès, qui représentait les tourments du purgatoire. Tous les genres de supplices dont le peintre avait pu s’aviser s’y trouvaient représentés avec tant d’exactitude, que le tortionnaire de l’Inquisition n’y aurait rien trouvé à reprendre. Les âmes en purgatoire étaient dans une espèce de grande caverne au haut de laquelle on voyait un soupirail. Placé sur le bord de cette ouverture, un ange tendait la main à une âme qui sortait du séjour de douleurs, tandis qu’à côté de lui un homme âgé, tenant un chapelet dans ses mains jointes, paraissait prier avec beaucoup de ferveur. Cet homme, c’était le donataire du tableau, qui l’avait fait faire pour une église de Huesca. Dans leur révolte, les Morisques mirent le feu à la ville ; l’église fut détruite ; mais, par miracle, le tableau fut conservé. Le comte de Maraña l’avait rapporté et en avait décoré l’oratoire de sa femme. D’ordinaire, le petit Juan, toutes les fois qu’il entrait chez sa mère, demeurait longtemps immobile en contemplation devant ce tableau, qui l’effrayait et le captivait à la fois. Surtout il ne pouvait détacher ses yeux d’un homme dont un serpent paraissait ronger les entrailles pendant qu’il était suspendu au-dessus d’un brasier ardent au moyen d’hameçons de fer qui l’accrochaient par les côtes. Tournant les yeux avec anxiété du côté du soupirail, le patient semblait demander au donataire des prières qui l’arrachassent à tant de souffrances. La comtesse ne manquait jamais d’expliquer à son fils que ce malheureux subissait ce supplice parce qu’il n’avait pas bien su son catéchisme, parce qu’il s’était moqué d’un prêtre, ou qu’il avait été distrait à l’église. L’âme qui s’envolait vers le paradis, c’était l’âme d’un parent de la famille de Maraña, qui avait sans doute quelques peccadilles à se reprocher ; mais le comte de Maraña avait prié pour lui, il avait beaucoup donné au clergé pour le racheter du feu et des tourments, et il avait eu la satisfaction d’envoyer au paradis l’âme de son parent sans lui laisser le temps de beaucoup s’ennuyer en purgatoire."

 

à suivre!

 

 

 

 

 

 

18/01/2013

Le chef-d'oeuvre de Francesco Giavarini à Costa

Une oeuvre à découvrir en Balagne:

 

Costa paysage 1 blog.jpg

dans le petit village de Costa, Pieve de Tuani,

Costa église San Salvatore blog.jpg

cette modeste église San Salvatore abrite une oeuvre remarquable :

Costa-ensemble voûte- Francesco Giavarini blog.jpg

Francesco Giavarini réalise vers les années 1818- 20 cet étonnant  décor peint qui mériterait un programme de sauvegarde et de restauration. Souhaitons que la communauté de Costa puisse, dans un temps proche, trouver les moyens de mettre hors de danger cet ensemble remarquable :

orgue de Costa centré blog.jpg

le village de Costa a su, en 2004, et ce, malgré la modestie de ses moyens, faire restaurer cet délicieux petit orgue anonyme du début XIX° siècle. Espérons que l'ensemble du décor peint de Giavarini connaîtra un sort aussi enviable: un dossier est d'ors et déjà en cours pour refaire le toît, ce qui en soi est déjà une prouesse financière pour une toute petite commune (même si les subventions montent à 80%, les 20 % restant à la charge de la communauté pèsent lourd).

Francesco Giavarini est, nous dit Michel-Edouard Nigaglioni (Encyclopédie des peintres actifs en Corse, éd. Piazzola), un "peintre décorateur et peintre de chevalet né en 1781 dans le village de Ciamannacce (Corse-du-Sud). Il s'installe à Bastia , où en 1820 il épouse Marie-Jeanne Bourgeois. Giavarini est l'auteur de décors de grande envergure, tel celui de l'église d'Oletta (signé et daté de 1817) et celui de la cathédrale de Cervione (signé et daté de 1828 (...)".

L'église de Notre-Dame du Carmel à Stoppia Nova (actuellement en restauration), hameau de Quercitellu (Castagniccia) possède un chemin de croix intéressant, peint en 1824 par  Giavarini.

Rappelons qu'il est aussi l'auteur des grandes toiles des volets de l'orgue de Corbara (signées et datées  de 1819).

Des similitudes dans les décors des deux orgues de Costa (décor du doreur Bernardo Zigliara, en 1819)  et de Corbara évoquent fortement des contacts étroits entre ces deux communautés qui semblent avoir fait travailler à la même époque ces deux artistes, Zigliara et Giavarini.

Francesco Giavarini réalise à Costa un décor monumental de grande qualité où se mêlent harmonieusement baroque et néoclassicisme.

Christ Sauveur- Costa- Giavarini.JPG

Occupant le centre de la voûte, le médaillon du Christ du Sacré Coeur -   un coeur brûlant et rayonnant d'amour, couronné d'épines et surmonté de la croix pour  une dévotion largement diffusée par la France au XIX°siècle : Giavarini illustre les consignes de son temps. Décollation Jean-Baptiste- Costa- Giavarini copy.jpg

 Encadré, côté choeur, par la scène de la Décollation de Saint Jean-Baptiste.

Giavarini honore sans doute ici la demande de ses commanditaires qui souhaitent donner une place importante à St Jean-Baptiste: l'ancienne église de la Piève de Tuani, dédiée à San Giovanni Battista, dont il ne subsiste aujourd'hui que les murs, fut reconstruite vers  le XIV° siècle en remplacement d'une église romane pisane du XI° siècle, qui elle-même aurait remplacé une église paléo-chrétienne. Cette église en ruines se trouve donc sur le territoire de Costa, tout à côté de l'ancien couvent franciscain observantin de Toani, et fort proche du village. Une façon pour les gens de ce petit village de Costa de signifier leur importance dans la Piève, face aux communautés voisines beaucoup plus importantes d' Occhiatana, Belgodère, Ville di Paraso et Speloncato. D'autant que Costa n'a gagné son indépendance  sur son voisin Occhiatana que tardivement,  devenant vicairie en 1774, et commune distincte à la Révolution française.

Costa les 3 Vertus théologales- Giavarini copy.jpg

De l'autre côté de la voûte, vers l'orgue, cette représentation des trois Vertus théologales:

Costa l'Espérance copy.jpg

l'Espérance et son attribut, l'ancre: on est ancré dans la vie chrétienne par une foi solide.

Costa-la Foi- Giavarini copy.jpg

la Foi, voilée, car elle n'a pas besoin de voir pour croire,  porte ses attibuts: la croix du Christ et le calice du salut.

Costa - la Charité- Giavarini copy.jpg

la Charité: elle allaite un orphelin ...

 

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Sur les côtés de la voûte, au-dessus de fenêtres en trompe-l'oeïl et alternant avec des motifs végétaux et floraux, des médaillons accueillent des saints, une véritable galerie de portraits:

Costa St Aloysius- Giavarini copy.jpg

Saint Aloysius, alias le jeune Saint Louis de Gonzague

Costa- st Pie V- Giavarini copy.jpg

Saint Pie V, le pape dominicain, mystique et visionnaire, en fonction lors de la Bataille de Lépante qui opposa la coalition chrétienne au monde ottoman en 1571.

Costa St Grégoire- Giavarini copy.jpg

Saint Grégoire le Grand: la colombe de l'Esprit Saint inspire ses écrits, et le Livre ouvert témoigne qu'il est Docteur de l'Eglise.

Costa- St Paul- Giavarini blog.jpg

L'apôtre Saint Paul: visage passionné et barbe ardente, armé du glaive de son martyre et du Livre.

Lui faisant face, de l'autre côté de la nef, le médaillon de Saint Pierre, hélas trop dégradé pour être ici présenté.

Costa St Dominique -visage- Giavarini.jpg

Saint Dominique, créateur de l'ordre des dominicains et de la dévotion du Rosaire.

Costa St Philippe Neri  -Giavarini- blog.jpg

Saint Philippe Néri et son coeur brûlant d'amour: le village voisin de Speloncato abrîtait une congrégation d'Oratoriens, créée par ce grand saint du XVI° siècle, mystique et charitable.

Costa- St Michel- Giavarini copy.jpg

Saint Michel Archange, le peseur d'âmes et le grand pourfendeur de Satan:

Costa  st Michel visage copy.jpg

je ne résiste pas à l'envie de vous le montrer de plus près, tant il est beau malgré les dégradations dues à l'humidité.

Par ailleurs, Francescu Giavarini a réalisé cette très jolie chaire de prêche en bois polychrome,

Costa - la chaire- Giavarini copy.jpg

qui accueille , outre le motif central " JHS" (Jesus Salvator Hominum) cher aux Jésuites et aux Franciscains, le portrait des quatre Evangélistes et de leur symboles du Tétramorphe:

Costa St Marc visage- Giavarini copy.jpg

Saint Marc et son Lion fidèle

Costa- St Luc- Giavarini visage copy.jpg

                        Saint Luc et le Taureau 

Costa St Matthieu visage- Giavarini copy.jpg

Saint Matthieu et l'Ange, qu'il écoute manifestement!

Costa St Jean visage- Giavarini copy.jpg

Saint Jean l'Evangéliste et l'Aigle: jeune, inspiré ( exilé à Patmos, une figure resplendissante - ici le rayon - lui ordonne d'écrire l'Apocalypse) , il rédige l'Evangile le plus spirituel : "Au commencement était le Verbe ...". L'aigle, son compagnon, comme les trois autres attributs des évangélistes, est l'un des animaux de la vision du prophète Ezéchiel:

Au commencement de sa prophétie, Ezéchiel (Ez 1, 1-14) décrit sa vision :

« le ciel s'ouvrit et je fus témoin de visions divines » (Ez 1, 1). « Au centre, je discernais quelque chose qui ressemblait à quatre êtres vivants » (Ez 1, 5).

« Ils avaient chacun quatre faces et chacun quatre ailes (...) leurs sabots étaient comme des sabots de bœuf » (Ez 1, 6-7).

« Quant à la forme de leurs faces, ils avaient une face d'homme, et tous les quatre avaient une face de lion à droite, et tous les quatre avaient une face de taureau à gauche, et tous les quatre avaient une face d'aigle. » (Ez 1, 10).


On ignore tout de cette commande, les archives paroissiales ayant disparu, mais on peut penser que la population de Costa a dû se sentir fière d'une telle réalisation pour sa petite église. Souhaitons seulement que les descendants puissent sauver ce patrimoine exemplaire et menacé.


A propos du Tétramorphe:

Cette représentation du Tétramorphe est très présente, tant dans les chapelles à fresques  (voir  par exemple:  elizabethpardon.hautetfort.com/restauration-du-patrimoine/ - 117k ) soit dans les églises baroques où on la retrouve fréquemment peinte dans les décors plafonnants ...

 

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comme par exemple ici à Nocariu Supranu  (Castagniccia), dans la petite chapelle Santa Barbara où notre Saint Marc se retrouve en compagnie d'un gros matou sympathique en guise de Lion,

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et où Saint Luc maîtrise avec peine la cabrette-taurillonne fantasque qui lui tient lieu de Taureau ...

Non, non, ce n'est plus Giavarini, mais de l'art populaire et bien savoureux!



                                                                

 

13/01/2013

Baptême

Aujourd'hui , évocation du baptême du Christ

et de Saint Jean-Baptiste, patron du baptême

Une représentation assez fréquente dans les églises de Corse, où il n'est pas rare de trouver un autel dédié au baptême.

Morosaglia sta Reparata I.S. Raffali baptême du Christ .jpg

Morosaglia (Castagniccia), église Santa Reparata (c'est dans cette église romane perchée dans les hauts de Morosaglia, anciennement paroisse de la communauté, que Pascal Paoli reçut le baptême). Ce bel édifice mériterait un programme important de restauration. Ici, l'autel des fonts baptismaux, peinture murale de Ignazio Saverio Raffali ( dit "le vieux"). Dans un médaillon central, au-dessus de la scène du baptême, la Colombe de l'Esprit Saint. Sous l'Esprit, Jean-Baptiste baptise Jésus dans l'eau du Jourdain tandis que le Père bénit son Fils et lui rend témoignage:

" Le peuple venu auprès de Jean Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n'était pas le Messie. Jean s'adressa alors à tous: "Moi, je vous baptise avec de l'eau, mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et dans le feu."

 

Nicolas Poussin  1635 Musée du Louvre.jpg

Nicolas Poussin, 1635, Jean-Baptiste baptise les foules, Musée du Louvre, Paris

 

Comme tout le peuple se faisait baptiser et que Jésus priait, après avoir été baptisé lui aussi, alors le ciel s'ouvrit. L'Esprit Saint descendit sur Jésus, sous une apparence corporelle, comme une colombe. Du ciel une voix se fit entendre: " C'est toi mon Fils bien-aimé; en toi j'ai mis tout mon amour."

(St Luc , 3, 15-16, 21-22)

 

Muro - Baptême du Christ.jpg

Muro (Balagne), l'autel des fonts baptismaux.

Ficaghja -Baptême du Christ- Ignazio Saverio Raffali le vieux- 1750-blog jpg.jpg

Ficaghja (Castagniccia), et pour le même usage,

 

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à nouveau une peinture murale d' Ignazio Saverio Raffali (1750). Rappelons qu'Ignazio Saverio Raffali (né en 1715 et actif jusqu'en 1777) est le fils de Giovanni Raffali "le vieux" , et comme son père, se montre un artiste très doué, peintre, sculpteur et stucateur de renom. On lui doit une production extrêmement importante, essentiellement religieuse et d'un baroque coloré et souriant.

Cf. l'Encyclopédie des peintres actifs en Corse, de Michel-Edouard Nigaglioni (Editions A. Piazzola)

 

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A Feliceto, Balagne, le baptistère de marbre, oeuvre vers 1870 du sculpteur Alcide Bertolucci (son père, Giuseppe Bertolucci est originaire de Calabre et travaille dans les églises de Bastia), est l'occasion, pour le riche commanditaire du village, Nicolas Renucci (un sgio bien établi) , d'afficher sa munificence en volant la vedette à St Jean-Baptiste: " SUMPTIBUS D. NICOLI RENUCCI FELICETO" ... on veut bien donner, mais il faut que cela se sache - et cela se vérifiera à chaque baptême!


Dans les premiers temps du christianisme en Corse - comme ailleurs - on ne pratiquait le baptême que dans l'église piévane ou dans le baptistère qui lui était accolé (mis à part les petits baptistères construits parfois très haut, sur les cols, le long des chemins de transhumance, pour baptiser au passage les populations semi-nomades des bergers) , ce qui explique la situation de nombre d'églises romanes pievanes qui nous paraissent  "excentrées" par rapport aux communautés d'aujourd'hui: en réalité ces églises piévanes étaient bâties au centre de la piève  et drainaient toute la population de la piève par des sentiers convergeants,

baptistère et église blog.jpg

comme ici, sur le site magique et désormais désert de la Piévanie de Santa Maria de Rescamone, à Valle di Rostino, avec ses deux baptistères (photo prise depuis l'intérieur du grand baptistère octogonal et roman, en ruine -12° siècle: dans la brêche, l'église piévane de Santa Maria)

Sta Maria di Rescamone ensemble blog  église et baptistère paleo.jpg

Accolée à l'église de Santa Maria de Rescamone, le minuscule baptistère paléo-chrétien: ensemble mis à jour en 1980 par Geneviève-Moracchini Mazel et qui témoigne d'une occupation très ancienne, puisque la première basilique de cette piève et son baptistère remontent, d'après Mme Moracchini-Mazel, à la fin du 4° siècle.

Corte Baptistère San Giovanni .jpg

A Corte, le site écarté de San Ghjuvan, avec son baptistère pré-roman (9° siècle), construit à côté de l'église Santa Maria de la Pievanie de Venaco.

Aregno Trinité avec Sant Antonino copy.jpg

A Aregno, au lieu-dit Pieve, l'église romane et pisane de  la Trinità - San Ghjuvan-Battista: au-dessus le village médiéval de Sant'Antonino, et dessous, celui d'Aregno. Cette église piévane se trouvait donc au centre des communautés de la région (Sant'Antonino, Aregno, Catteri ...) et les desservait à une époque où les églises paroissiales des villages n'existaient pas encore telles que nous pouvons les rencontrer aujourd'hui.

***

Le baptême du Christ raconté par quelques peintres ...

et avec Palestrina, Gloria et Credo de la Missa brevis (clic droit, suivre le lien):

http://youtu.be/ol67l7H7etA

http://youtu.be/k1cYEZURKVQ

 

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Giotto Chapelle Scrovegni (Arena Chapel), à  Padoue


 

Piero della Francesca-1448-50- Peinture a tempera- National Gallery Londres.jpg

Piero della Francesca, 1448/50, peinture a tempera, National Gallery de Londres

 

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Perugino,  vers 1482, fresque de la Chapelle Sixtine, Vatican

Ghirlandaio 1486-90 Chapelle Tornabuoni, Santa Maria Novelle, à Florence.jpg

Ghirlandaio, fresque de 1486-90

Chapelle Tornabuoni, à Santa Maria Novella, Florence

Joachim Patinier - Patinir- mort en 1524 à Antwerp - Kunsthistorisches Museum Vienna.jpg

et cette merveille de Joachim Patenier, dit Patinir (mort en 1524), Kunsthistorisches Museum, Vienne

 



baptême du christ,st jean-baptiste,ignaziu saveriu raffali,ficaghja,poussin,giottopatinir,ghirlandaio,perugino

El Greco, Hospital Tavera, Tolède

 

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Le Tintoret, 1579-81, Scuola Grande di San Rocco, Venise

" Revêtu de magnificence,

tu as pour manteau la lumière!

Comme une tenture, tu déploies les cieux,

tu élèves dans leurs eaux tes demeures.

 

Des nuées tu te fais un char,

tu t'avances sur les ailes du vent:

tu prends les vents pour messagers,

pour serviteurs, les flammes des éclairs"

(Psaume 104)