17/02/2013
Montemaggiore - éléments d'histoire
Monte-Maxiore , Montemaiò , Montemaggiore ...
l'un des trois villages de Montegrosso,
Pieve de Pino, région Balagne
un peu d'histoire
En 1999, était publié sous la direction de Joseph Santana, ce précieux ouvrage collectif, dans la série trop vite disparue de "CURSICHELLA, la Corse au microscope", le Cursichella n° 3, sur la région de l'Ostriconi, Ghjunsani, Balagne, Calvi, Falasorma ... Cet ouvrage avait la volonté, dans un cadre réduit et dans une publication modeste dans ses moyens, , de proposer à la curiosité du lecteur et de l'éventuel touriste, un grand nombre d'informations sur chaque village de cette région élargie, en s'appuyant sur les compétences des érudits locaux. Comme toujours on peut relever ça et là d'éventuelles erreurs, mais il faut bien dire que rien à ce jour n'a encore remplacé ce travail important et chaleureux, en dépit de l'économie de la publication.
Je citerai donc, concernant Montemaiò, la partie historique de la page qui lui est consacré. Mes éventuels commentaires seront en rouge.
" A l'est de Crispignanu, la D 451 franchit le Fiume Seccu [ qui à cette saison, et compte tenu d'une météo généreuse en neige, bouillonne et n'a plus rien de sec!] par le Ponte-Vecchiu, remplaçant un médiéval Ponte allo Lataccio. A 800 m au nord, on situe les vestiges d'une église San Martinu, élevée au 11° siècle en remplacement d'un sanctuaire paléochrétien entouré d'une nécropole, situé à proximité d'un village antique."
[ Ecoutons Geneviève Moracchini-Mazel en 1967 dans Les églises romanes de Corse, vol. 2, p.265":
Le lieu-dit San Martino se trouve dans la plaine de Montemaggiore au pied de la colline de Cordovella et est planté d'une magnifique oliveraie. La chapelle a quasiment disparu lors de l'établissement de la maison de campagne de M. Giudicelli. Celui-ci y a vu autrefois l'arase des murs, un sarcophage de granit placé le long d'un mur de la nef, et à l'Est de l'abside la pierre de l'arringo sur laquelle juraient les témoins dans les séances qu'y tenaient un tribunal régional. Cette dalle surélevée de 0,80m au-dessus du sol, recouvrait des ossements effrités; elle était longue de 2m, large de 0,90m et épaisse de 0,15 à 0,20m.
M. Giudicelli pense que la chapelle avait été bâtie au XI° S. et suppose qu'elle a recouvert un sanctuaire plus ancien, ce qui est très probable en raison de l'importance de la nécropole païenne et paléochrétienne située autour de San Martino - dont maints vestiges intéressants ont été mis à jour au cours de travaux de culture."]
le site de Corduvella
Reprenons le récit du Cursichella:
"On a retrouvé ici une pierre dite de l'Arringu (visible en l'oratoire Sant'Antone de Calvi), autour de laquelle les Anciens se réunissaient pour prendre les décisions importantes. Selon les chroniques, un site voisin aurait été choisi vers l'an 950 par le dernier des six rois maures de Corse, Hugolone ou Nugolone, comme capitale de son royaume. Son nom de Corduvella, comme la Cordoue espagnole, issu de l'antique Corduba romaine, signifie petit mont. Vers l'an 995, après la Reconquête, Nugolone se réfugie chez son ami Saoud, roi des Baléares, et marie son fils Solim à la soeur du sultan du Maroc. Dotée d'une tour défensive, cette hauteur, qui a livré des vestiges préhistoriques, sera saccagée, puis à nouveau habitée jusqu'au 14° siècle. A 2 km à l'ouest du Ponte-Vecchiu, la D.451 dessert un lieu-dit San Paolu, du nom d'un sanctuaire fondé dit-on par Saint Paul? A 500 m au nord se San Paolu, sur une hauteur, le château de Castiglione était le centre du fief de Pino, distinct du fief de Crispignanu. A l'abri de son château, le village abtritait une église San Buccariu [?] fêté le 8 avril. Victime au 17° siècle d'une terrible épidémie de peste, il sera brûlé par les gens de Montemaiò. "
[ "La colline de Cordovella, qui domine San Martino est concernée par maintes traditions orales relatives aux guerres relatives aux guerres de la reconquista contre les Musulmans au IX° s.; déjà au XV° s. le récit du chroniqueur Giovanni della Grossa* indique que les Sarrasins y avaient établi leur camp, ce qui est vraisemblable. Car cette colline - dite localement Capo ai Mori est une position stratégique de premier ordre qu'ont dû occuper toutes les civilisations; à l'époque romaine, il se pourrait qu'un camp fortifié, destiné à surveiller les riches plaines de la Balagne, y ait été installé.
* Grossa (della G.) in Chronique dite de Filippini, T I, pp. 108 et 111: " Hugolone partit secrètement pendant la nuit et passa à Cordovella qui était un château situé près de l'endroit où se trouve aujourd'hui Calvi ..."
(après sa défaite): "Hugolone découragé s'enfuit à Corovella".
Il brûla cette place et ayant rappelé des vaisseaux qui avaient échappé, il s'y embarqua avec tous ses trésors et passa en Afrique ...".]
- idem, G. Moracchini-Mazel, dans les Eglises romanes de Corse, p. 265.
La prochaine note sera consacrée à l'église Sant'Agustinu
(à suivre)
12:24 Publié dans Balagne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : montemaiò, hugolone, corduvella | Facebook |