09/03/2013
Bastia, le quartier du Puntettu en péril: débat.
" (... Je me permets de vous alerter sur un projet de restructuration du centre ancien de Bastia mené par la municipalité de Bastia, projet particulièrement dangereux vis-à-vis du patrimoine bâti du plus ancien quartier de Bastia, celui du Puntettu, entre la citadelle et le quai sud du vieux port."
Bernard Cesari ( membre du comité de quartier du Puntettu)
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Je transmets ici ce message envoyé par Bernard Cesari, membre du comité de quartier du Puntettu, qui évoque un débat important sur le projet de restructuration de ce quartier historique de Bastia, accompagné des dossiers réalisés par le comité de Puntettu: un dossier épineu où l'argent, le social et le patrimoine ne font pas forcément bon ménage.
La ville est un organisme vivant qui évolue à travers ceux qui l'habitent. Dans le cas de la "restructuration" du quartier du Puntettu envisagée par la mairie ( pour raison d'insalubrité irrémédiable, du moins pour certains immeubles) ou de la "réhabilitation" souhaitée par le comité du quartier du Puntettu, quelle garantie réelle de relogement sera offerte aux habitants, en particulier aux plus démunis qui vivent dans la précarité ?
On ne peut séparer, dans cette réflexion, l'intérêt du patrimoine bâti, ici bien réel et historique, de l'intérêt des gens qui vivent ce patrimoine et l'humain doit rester au coeur de la problématique. Sans quoi, le patrimoine, aussi intéressant et beau fût-il, perd tous son sens.
- voir deux articles du Corse-matin:
www.corsematin.com/article/bastia/les-habitants-se-mobilisentpour..Le comité du quartier du Puntettu répond aux élus | Corse-Matin
Le dossier de présentation du Comité du Puntettu:
presentation puntettu comitequartier 02 2013 mini (2).docx
Une demande d'inscription au titre des Monuments Historiques de l'immeuble du 2 rue du Bastion, "Maison Montesoro", a été adressée à la DRAC: c'est un dossier urgent car la mairie a l'intention de faire aboutir son projet de restructuration d'ici la fin de l'année ...
Voici la notice rédigée par les membres du comité du quartier du Puntettu concernant la" maison Montesoro" qu'il conviendrait de réhabiliter:
NOTICE SUR LA SINGULARITE ACHITECTURALE ET HISTORIQUE DE L’IMMEUBLE
2 rue du Bastion, quartier du Puntettu à Bastia
Eléments historiques :
- La place sur laquelle donne cette bâtisse s’appelle la place de l’huile, piazza dell’olio. Il s’agit d’une très ancienne place de Bastia et l’une des seules du vieux Bastia qui ait survécu intacte jusqu’à nos jours, avec la place du marché aux poissons et la minuscule Piazza di l’Olmu. Sur un plan des archives de Gênes, de Mario SISCO, daté de 1602, (ASG Corsica n° 986) figure déjà la Piazza dell’Oglio, appelée aussi Chiappa dell’Oglio (marché à l’huile).
- Au vu des éléments historiques connus par ailleurs, et vue sa situation, on peut penser que cette maison a du être construite à la fin du XVIe siècle après les guerres de Sampiero CORSU, car le quartier Terravecchia avait été brûlée complètement et la reconstruction a vraisemblablement commencé vers 1575.
- Il est établi que dés le début du XVIIIe cette maison appartenait déjà à la famille MONTESORO et particulièrement à cette date à Pietro Montesoro, podestat de Bastia en 1715 et 1731. Dans le fonds SPAGNOLI (Archives Départementales de Haute Corse), un document issu du ceppo de Francesco Saverio BIADELLI, notaire à Bastia au milieu du XVIIe siècle (Ceppo Secondo) indique que cette maison appartenait à Pietro MONTESORO, et décrit ainsi le site: « luogo detto chiappa dell’oglio contiguo a la casa del fu Pietro Montesoro », conformément au plan de 1602.
La famille Montesoro est connue depuis la fondation de Bastia, (fonds des Premiers Chanceliers). Dès 1476, Antonio Montesoro fait commerce de Myrte (utilisé pour tanner les peaux, il y avait d’ailleurs une tannerie au Guadello, plus bas), et tient une boutique à Terranova. Cette famille a donné trois podestats à Bastia : Anton Francesco, 1703-1704, Gian Pietro, 1714-1715, puis de nouveau Gian Pietro, 1731-1732. Ce podestat était en première ligne lors du siège de Bastia par les « paesani », il fut en relation avec le duc de Wurtemberg, commandant en chef des troupes envoyées par l’empereur d’Autriche Charles VI. Il traita les Corses avec respect et fut l’hôte de la maison Caraffa.
- Enfin, suite à l’effondrement du plafond du Palais de Justice de Bastia le 21 avril 1932, le tribunal de Bastia a siégé dans cette bâtisse.
Eléments architecturaux :
D’après les éléments architecturaux, il semblerait que la maison ait été embellie vers la première moitié du 17è siècle, lorsque les MONTESORO prospéraient dans les affaires. La façade principale est celle d’une maison de notables, avec de grandes croisées sur quatre niveaux. L’élément le plus remarquable de l’extérieur est le portail en pierre sculptée qui s’apparente beaucoup à celui de la maison Castagnola, qui a déjà fait l’objet d’une protection au titre des monuments historiques en 1992.
Le vestibule et la cage d’escalier de cette demeure urbaine ont conservé leur décor originel de stuc, typique des années 1600-1630, qui est malheureusement demeuré le seul à l’heure actuelle. Tous les autres décors de stuc, de cette époque et de cette qualité, ont été détruits, notamment à cause des bombardements de 1943 qui ont ravagé le centre ancien de Bastia.
Dés le vestibule et dans toute la montée d’escalier on observe des voûtes soulignées de frises.
Au premier palier on peut voir en clé de voûte une tête de faune avec un anneau de fer servant sans-doute à accrocher une lanterne et aux étages supérieurs des têtes d’anges sculptées. A chaque palier, des bas-reliefs qui ornent les murs d’échiffre comportant des colonnettes-balustres de style « Renaissance italienne ». Ces décors très anciens, de grande qualité et dont il n’existe aucun équivalent en Corse, sont actuellement très empâtés par plusieurs dizaines de couches de badigeons de chaux, mais néanmoins en bon état de conservation. "
17:49 Publié dans Citoyenneté, corse, environnement en Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : quartier du puntettu, bastia | Facebook |
03/03/2013
Conférence de Michel-Edouard Nigaglioni au SPAZIU
Vendredi 8 mars à 18 h, au Spaziu à l'Ile Rousse,
conférence de Michel-Edouard Nigaglioni
sur l'invitation du Spaziu et de l'Association Saladini
C'est avec beaucoup de plaisir et d'intérêt que nous viendrons écouter ce passionné du patrimoine insulaire: merci à Marie-Noëlle Acquaviva et au Spaziu de l'accueillir en Balagne.
Pour ceux qui ne connaitraient pas Michel-Edouard Nigaglioni:
Michel-Edouard Nigaglioni, né en 1964 à Marseille, est issu d’une famille originaire de Morsiglia, dans le Cap Corse. Historien de l’art, il est diplômé de l’Université de Provence et de l’Université de Corse ; il s’est spécialisé dans la peinture corse de la période baroque. Directeur du Patrimoine de la Ville de Bastia, et Conservateur Délégué des Antiquités et Objets d’Art du Département de la Haute-Corse, il est l’auteur de nombreux articles publiés dans des revues historiques ou des catalogues d’exposition, publiés en France et en Italie. Il est l’auteur de notices biographiques concernant des peintres corses publiées dans l’Encyclopaedia Corsicae (2004), le Dictionnaire historique de la Corse (2006) et l’Encyclopédie Bonneton – Corse (2006). Il vient de publier récemment aux éditions Alain Piazzola une Encyclopédie chronologique illustrée des peintres, dessinateurs et graveurs actifs en Corse, des origines à la fin du XIXe siècle. Cet ouvrage de 372 pages fait la synthèse de 18 années de recherches menées dans les archives, les musées, les églises, les collections particulières et les demeures privées.
***
J'avais fait l'annonce (ci-dessous) de la parution de son Encyclopédie en décembre 2012 : un ouvrage essentiel à acquérir impérativement, si vous ne l'avez pas encore fait!
La nouvelle qu'on attendait avec impatience:
l'Encyclopédie des peintres actifs en Corse de Michel-Edouard NIGAGLIONI vient enfin de sortir en librairie, une somme et un très bel ouvrage édité par Alain Piazzola, qui couronne d'innombrables années d'études et de recherches de notre infatigable ami historien de l'art .
Une prouesse et une mine de renseignements pour tous ceux qui s'intéressent à l'expression artistique en Corse et à ses créateurs, que ce soit dans le patrimoine public ou privé.Merci, cher Michel-Edouard, de ce beau cadeau de fin d'année, à consommer et à offrir sans compter!
Nous manque seulement la note biographique de Monsieur ANONYME, né il y a déjà tant de siècles, et toujours vaillant en plein XIX°, omettant d'apposer sa signature sur les chemins de croix populaires des petites églises ou les ex-votos, bref, un artiste humble et protéiforme, toujours prêt à mettre son pinceau ou sa gouge au service de la communauté, parfois bien inspiré, et malgré quelques maladresses, toujours efficace.
07:40 Publié dans artistes de corse, conférence sur la Corse, corse, histoire de l'art, livres sur la corse, patrimoine de corse, regards sur l'art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : conférence sur les peintres actifs en corse, michel-edouard nigaglioni, encyclopédie des peintres actifs en corse, alain piazzola, association saladini, spaziu | Facebook |
28/02/2013
Décès de Marie-Claire ALAIN
Une grande dame de l'orgue
"The Lady of the organ" nous a quittés.
"Marie-Claire ALAIN est décédée au Pecq le 26 février 2013, dans sa 87e année. Ses obsèques auront lieu vendredi 1er mars en l’église Saint-Germain de Saint-Germain-en-Laye à 10 h.
Pas de fleurs mais des dons à la recherche médicale
Fondation de France, 40 avenue Hoche, 75008 Paris www.fondationdefrance.org
Fondation pour la recherche médicale, 54 rue de Varenne, 75007 Paris, www.frm.org
De la part d’Aurélie Decourt, sa fille, et de toute sa famille.
aurelie.decourt@orange.fanne_gommier@yahoo.fr "
Marie-Claire Alain fait partie de la génération de ces formidables organistes nés entre les deux guerres: elle est l'aînée du trio mondialement connu, née en 1826, suivie de Michel Chapuis , né en 1830, et de Jean Guillou ( né en 1830). Chacun a suivi sa propre voie et porté le répertoire de l'orgue au sommet de son art.
Marie-Claire Alain a laissé une discographie très importante: entre autres, elle excellait dans l'orgue symphonique, mais a également donné trois monumentales intégrales de l'oeuvre de Bach, jouant avec autant de conviction le répertoire du XX° siècle, honorant en particulier l'oeuvre de son frère aîné, Jehan Alain, mort à 29 ans en 1940 pendant la guerre ... Elle était dotée d'une mémoire phénoménale et jouait de mémoire cet immense répertoire .
Ses élèves, par ailleurs, ont toujours souligné la qualité de son enseignement.
Un témoignage musical (clic droit, accéder à ...):
http://youtu.be/j2oCX9woz9U
Marie-Claire Alain - Wikipédia
fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Claire_Alain
09:47 Publié dans Musique, orgues historiques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : décès de marie-claire alain | Facebook |
26/02/2013
Comment on s'accapare le bien public - U Levante
Pour information, diffusons cette brève écologique du Purgatoire!
U Levante
Association de protection de l’environnement en Corse
• LE DON CÉSAR, UN CINQ ÉTOILES à PORTIVECHJU
Comment on s'accapare le bien public. Lire
• POLITIQUE ENERGÉTIQUE
Démarrer la centrale de Lucciana au fuel léger impose encore de valider un surcoût de 150 millions d'euros. Lire
>
Vous désirez vous désinscrire de la lettre d’information U Levante : Cliquer ici
Ce courriel est envoyé par un automate, merci de ne pas répondre
06:40 Publié dans brèves du purgatoire, environnement en Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
22/02/2013
Montemaggiore - l'église Saint Augustin de Montemaggiore
Sant'Agustinu, église paroissiale de Montemaiò -
Pieve de Pino, Diocèse de Sagone -
a ghjesgia Sant'Agustinu chjama à l'aiutu!
A l'aide!
Façade tournée vers la plaine, l'église Sant'Agustinu a fière allure, se détachant du village sur fond de montagne enneigée ...
Une silhouette qu'elle n'a pas toujours eu:
" (...) la description de Mgr Mascardi * montre que l'édifice se présentrait en son temps comme une église romane; déjà alors elle avait remplacé la piévanie et servait de paroisse :
" ... Elle est assez grande ... les murs sont peints et blanchis ... le maître-autel est placé sous une abside ... il possède une croix peinte ert dorée ... du côté de l'Evangile se trouve un siège épiscopal ... le vase d'eau bénite du baptistère est de forme ronde ..."
( Geneviève Moracchini-Mazel, Les églises romanes de Corse, 1967, p. 265)
* Petit rappel: Mgr Nicolao Mascardi, originaire de Sarzana, fut évêque de Mariana de 1584 à 1599. Nommé par le Pape Sixte V visiteur apostolique de toute l'île, il visita tous les diocèses de Corse et laissa de ses visites des descriptions très précises et fort précieuses pour les chercheurs.
La piévanie de Pino dont il est question est l'église romane San Raniero : nous reviendrons une autre fois sur cette église pisane du XII° s., qui se trouve entre les deux villages de Montemaiò et Lunghignanu.
L'église Saint Augustin de Montemaggiore, classée Monument historique depuis 1992, se signale de loin par son campanile, érigé en 1651, sa sobre façade baroque au fronton surélevé et par la présence harmonieuse de sa grande coupole centrée, sur un plan en croix grecque très proche de la cathédrale St Jean-Baptiste de Calvi. La lumière ruisselle à l'intérieur sur les murs blanchis à la chaux, jouant sur les stucs et les marbres : une très belle église, fortement remaniée à la période baroque, entre 1750 et 1760, victime un siècle plus tard d'un incendie (le 12 octobre 1875), et qui aujourd'hui souffre de nombreux maux liés à l'humidité, l'impécuniosité, la désaffection du culte, etc ... litanie trop bien connue et qui navre ceux qui s'investissent comme ils peuvent dans leur patrimoine ( en particulier, la responsable du patrimoine à la mairie, Valérie Berti, qui se bat depuis des années pour faire connaître ce patrimoine, organisant des visites guidées) .
Il reste, malgré les dégradations, une impression de lumineuse élégance rythmée par un langage très élaboré de pilastres, de stucs, et par la présence remarquable de marbres polychromes, une richesse insoupçonnable de l'extérieur.
Quelques images:
l
Dans le choeur, le maître-autel du premier tiers XVIII° s. apporte une touche colorée, avec le choix de ses différents marbres chaleureux, le diaspro di Sicilia, le giallo da Siena ...
et accueille avec grâce la belle statue de l'Immaculée Conception et ses compagnons les angelots. Un ensemble anonyme d'une bien belle facture.
La Vierge écrase de ses pieds nus le Serpent et le croissant de lune ...
l'angelot cariatide de droite, à la base de l'autel:
de son index il invite à contempler la Vierge de l'Immaculée Conception.
Les marbres tiennent mieux le temps que la structure de maçonnerie sur laquelle ils sont plaqués...
l'angelot de gauche, en symétrie du précédent
et les deux anges en adoration sur leur petit nuage:
Une autre oeuvre inattendue dans cette église de village:
la magnifique chaire de prêche en marbres polychromes, de la même époque que le maître-autel.
Elle ne déparerait pas une riche église de ville: comme l'autel, elle évoque un passé insigne révolu.
Ce que l'on sait:
"Après la ruine du diocèse calvais, il y a quatorze siècles, Monte-Maxiore accueillit une partie de la population du littoral fuyant l'insécurité. En 1574, Mgr Girolamo Leoni d'Ancona, évêque de Sagone, organise ici un synode, avant de devenir archevêque de Chieti. En 1612, Mge Dom Pierre Lomellino installe un séminaire diocésain jusqu'alors situé à Vico." (Cursichella n°3, Montegrosso, p.88)
Cette belle église de Montemaggiore est donc consacrée à Saint Augustin, ainsi que le signale le cartouche central au-dessus du choeur:
Dessous, la toile représentant Saint Augustin d'Hippone (350/430), faisant l'offrande au Christ, d'une main, de son coeur embrasé d'amour et de l'autre, de sa plume avec laquelle il écrit ... la Cité de Dieu?
Il a déposé sa mitre et sa crosse au pied du crucifix et semble suspendu dans son inspiration. Sa chappe, richement décorée de fleurettes dorées, fait reconnaître à Michel-Edouard Nigaglioni la main du peintre: il s'agit de Salvatore ANGELI , peintre actif en Corse en 1727 (cf. l'Encyclopédie des peintres actifs en Corse, de M.E. Nigaglioni). Cette peinture pourrait être contemporaine de l'ensemble du maître-autel de marbre. La toile a beaucoup souffert.
Dessous, dans sa châsse, une belle statue de St Augustin en bois polychrome:
Deux autres toiles mériteraient largement notre sollicitude et nos soins, toutes deux de la main de Giovan Battista MORO*:
Cette Assomption est signée et datée, Gio. Battista Moro 1706:
(Merci, Michel-Edouard!)
L'autre, malheureusement beaucoup plus abîmée, représente la Sainte Famille:
Ici Moro nous tient sous le charme des personnages encore visibles.
Plutôt que la Sainte Famille, il faudrait nommer cette toile les deux Trinités car il s'agit bien de cela: au premier plan, à l'horizontale, la Trinité terrestre avec Marie et Joseph (le malheureux a perdu la tête ...) encadrant l'Enfant Jésus;
puis au centre et à la verticale, croisant la Trinité terrestre par la personne de Jésus, la Trinité Céleste, avec la colombe de l'Esprit Saint, surmontée de Dieu le Père. Il émane une grande douceur de cette toile:
Jésus marche vers son destin, donnant la main comme tout jeune enfant à sa mère.
Les visages de Jésus et de Marie sont empreints d'une certaine mélancolie et d'humanité,
comme si Giovan Battista Moro avait fait là de véritables portraits d'après nature. L'Enfant Jésus, le regard grave, lèvres serrées, s'avance; Marie, toute jeune et sérieuse, nous dévisage. Dommage que le bon Joseph ait été effacé de cette Trinité terrestre !
* " Giovan Battista MORO: peintre corse, domicilié à Bastia où sa longue activité picturale est attestée de 1699 à 1761. (...) Giovan Battista Moro est l'un des meilleurs peintres de l'école bastiaise du XVIII° siècle." (M.E. Nigaglioni, Encyclopédie des peintres actifs en Corse)
***
Nous avions évoqué, dans une note précédente le très bel autel baroque d'Antonio ou Giuseppe Cagliata, dédié au Rosaire:
surmonté du cartouche contenant sa dédicace,
pieusement et très tardivement
réécrite en français ...
Sous ce cartouche l'on pourra se régaler du discours exubérant et baroquissime qui accompagne le Rosaire: une foule céleste d'angelots bruissent tout autour de la gloire rayonnante de la colombe de l'Esprit Saint, toujours proche de la Vierge,
et , s'apprêtant à couronner Marie, deux anges tiennent la couronne au-dessus de sa tête ...
La toile représente, comme d'usage, les quinze mystères du Rosaire encadrant la remise du Rosaire par la Vierge à l'Enfant à St Dominique et Ste Catherine de Sienne. En prédelle, les Âmes du Purgatoire:
à retrouver sur la note précédente:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2013/02/10/montemaggiore.html
***
Un autre chef-d'oeuvre monumental trône au fond de l'église, dialoguant par-dessus le transept avec le maître-autel:
L'orgue construit par Luigi De FERRARI en 1831.
Rappelons que cet organaro est né à Santa Margherita Ligure en 1807. Luiggi arrive en Corse probablement en 1830 (âgé donc d'à peine 23 ans) par la Balagne où il intervient pour refaire une grande partie de la tuyauterie de l'orgue de son oncle Ciurlo à la cathédrale St Jean-Baptiste de Calvi. Il signe entre 1830 et 1831 ses trois premiers instruments en Corse, à Sainte Marie de Calvi, à Montemaggiore et à Lumio. Luiggi De Ferrari est un facteur d'orgue important pour la Corse de cette première moitié du XIX° siècle : Luiggi construira treize orgues sur l'île entre 1830 et 1845, répondant, comme son collègue et concurrent direct Anton Pietro Saladini, l'organaro de Speloncato, à une forte demande de la part de communautés rurales soucieuses d'affirmer leur réussite et leur foi à travers ce majestueux instrument.
Le soin apporté à la construction et au décor des tribunes et des buffets de l'époque contribue grandement à la beauté de l'église. Même muet, l'orgue est une oeuvre belle à regarder.
L'orgue de St Augustin est seulement signé sur l'une des portes latérales du buffet à la peinture: 1831, Luiggi.
Modestie oblige!
Cet orgue est protégé par les Monuments historiques. Malheureusement ce magnifique instrument reste sans voix, faute de subsides ...
***
L'on ne peut qu'espérer que la communauté trouve l'énergie et les moyens de sauver son église et qu'un riche mécène se penche sur la qualité de ce patrimoine remarquable de Sant' Agustinu et la sorte de son état actuel de dégradation : c'est certainement l'une des plus belles de Balagne.