16/08/2016
Pour information : une conférence de Michel-Edouard Nigaglioni aujourd'hui à 16h ... quelques images en avant première.
Pour ceux qui peuvent ... et à l'occasion de la Saint Roch,
cette conférence de Michel-Edouard Nigaglioni sur la restauration du grand tableau d'autel
de l'oratoire Saint Roch à Bastia,
oeuvre de Giovanni Bilivert, en 1626
Conférence
mardi 16 août 2016
à 16 heures
en l’oratoire Saint Roch
Rue Napoléon, Bastia
Par Michel-Edouard Nigaglioni
(Directeur du Service du Patrimoine de la Ville de Bastia)
Sur le thème :
« Le grand tableau d’autel de l’oratoire Saint Roch : histoire et restauration »
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Comme chaque année, le 16 août, la confrérie Saint Roch de Bastia fêtera son saint patron. Les deux messes (de 8h30, puis 10h30) ainsi que la procession (qui commencera à 17h30) seront l’occasion des traditionnelles bénédictions des petits pains.
Une conférence sur un sujet patrimonial, artistique et historique se tient habituellement ce jour-là, dans l’oratoire de la confrérie, à 16 heures. Cette année, le sujet s’est imposé de lui-même, c’est en quelque sorte un sujet d’actualité, puisque Michel-Edouard Nigaglioni (Directeur du Service du Patrimoine de la Ville de Bastia) a été invité par les confrères à venir parler du très grand tableau qui orne le maître-autel de leur oratoire. Cette toile spectaculaire, qui mesure 3,76 m de haut, figure saint Roch, en compagnie de saint Sébastien, de saint Martin de Tours et de sainte Catherine d’Alexandrie. Ces quatre personnages sont représentés aux pieds de la Vierge à l’Enfant, entourés d’anges et d’angelots, se détachant sur un ciel lumineux. C’est une œuvre extrêmement précieuse, réalisée en 1626 par Giovanni Bilivert, le plus estimé peintre florentin de sa génération.
En 2015, la ville de Bastia avait lancé un appel d’offre international en vue de la restauration de plusieurs œuvres de son patrimoine. Parmi elles, se trouvait le tableau en question qui fut attribué au restaurateur italien Renato Boi.
La restauration de cette œuvre phare du patrimoine bastiais s’est achevée au début de l’été, au terme de longs et délicats travaux, menés sur place pendant trois mois (d’avril à juin 2016). Ce tableau étant classé au titre des Monuments Historiques, l’opération a fait l’objet d’une importante subvention de la Collectivité Territoriale de Corse. Le chantier a permis non seulement la restauration du tableau mais également le nettoyage des marbres du maître-autel et de son haut retable à colonnes, l’ensemble pour un coût de 24.600 euros TTC.
Les marbres blancs incrustés de marbres de différentes couleurs ont retrouvé tout leur éclat et la profondeur de leurs tons. Quant au tableau, on peut le voir à présent tel qu’il se présentait en 1626, lumineux, théâtral, somptueux.
Depuis 390 ans, les confrères et les fidèles, par dévotion, ont brûlé devant cette toile et devant ces marbres, des milliers et des milliers de cierges. La suie, les vapeurs grasses et la poussière se sont progressivement déposées et incrustées, recouvrant ces œuvres d’art d’un voile noirâtre, de plus en plus opaque. Les vernis qui protégeaient la couche picturale, oxydés et jaunis, ont contribué à effacer l’intensité de l’image et à l’affadir. Aujourd’hui, la restauration nous permet de faire un bond dans le passé et d’ouvrir une fenêtre sur le XVIIe siècle bastiais. On retrouve intacts, d’extraordinaires bleus, dont la vivacité et la profondeur surprennent le spectateur. Des analyses chimiques réalisées par un laboratoire spécialisé ont révélées que ces bleus ont été élaborés à partir d’une pierre semi-précieuse, le lapis-lazuli, réduite en poudre et utilisée par le peintre comme pigments. L’effet produit est d’une qualité incomparable.
La conférence sera l’occasion de présenter l’œuvre, son histoire, son auteur et les étapes de sa restauration. Elle sera accompagnée d’une abondante projection d’images qui permettront de voir la toile avant, pendant et après les interventions. La personnalité de Giovanni Bilivert sera évoquée et l’on montrera au public divers tableaux du peintre, à sujets religieux et profanes, conservés dans de grands musées européens (à Florence, Paris, Stuttgart, Vienne, Londres ou Saint Petersbourg). On montrera également le dessin préparatoire du tableau de Bastia, qui se trouve aujourd’hui dans un musée allemand, à Dresde, dans les collections du Staatliche Kunstsammlungen.
Bilivert, c’est aussi :
11:36 Publié dans conférence sur la Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michel edouard nigaglioni, giovanni bilivert, oratoire st roch de bastia | Facebook |
30/03/2013
1°/les reposoirs de Bastia , cru 2013: St Roch
Les sepolcri des oratoires de Saint Roch et de l'Immaculée Conception à Bastia
Chaque année ces deux oratoires bastiais de la rue Napoléon mettent leur point d'honneur à changer la composition de leur reposoir en utilisant le patrimoine des "cartelami", silhouettes peintes découpées, soit dans du carton , soit dans des plaques d'isorel,. pour les plus récents Je vous renvoie à nouveau à l'article de M.E. Nigaglioni sur ce sujet:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/files/I_Cartelami-nigaglioni.pdf
Bastia, ville de culture génoise, hérite de cette typologie ligure des cartelami pour réaliser la mise en scène du reposoir de la Passion. "Dans le passé, les sepolcri bastiais n'étaient pas l'apanage des confréries car les documents attestent qu'on en trouvait également dans les églises paroissiales et dans les couvents de la ville" (M.E.Nigaglioni): quand on sait que Bastia pouvait s'enorgueillir, en plus des églises paroissiales et des oratoires de confrérie, d'une dizaine de couvents au XVIII° siècle, on peut imaginer la sainte compétition que se livrèrent les communautés pour dresser les reposoirs les plus émouvants. Aujourd'hui, seules confréries Saint Charles, Saint Roch et l'Immaculée Conception concervent ces fragiles témoignages de la dévotion populaire. Les cartelami les plus récents, peints jusqu'en 1960, sur un support plus résistant (isorel), supportent mieux les manipulations annuelles qu'exige leur exposition éphémère, le Jeudi et le Vendredi Saint.
L'oratoire Saint Roch:
le sepolcru éclairé par une croix de bougies allumées par les pieux bastiais venus prier devant leurs oratoires,
cette année l'on a sorti le Christ au Jardin des Oliviers, peint par Hector Filippi (1893-1965), "peintre de l'école bastiaise formé à Rome auprès de l'Académie de France. " (M.E.N.) Après sa formation artistique, enrichie de la décoration et de la peinture à fresque, il enseigne à Rome en 1830, puis en Corse en 1838, où il fonde une académie de peinture, éduque le goût artistique des élèves du collège de jeunes filles, et devient conservateur du Musée de Bastia, tout en continuant sa création personnelle.
On le voit ici en 1960 posant devant le sepolcru présentant le Christ au Jardin des Oliviers (cf article M.E.N.)
Sur cette photo, on remarquera, en "fond de scène" la grande tenture peinte représentant Jérusalem, qui est remplacée cette année par les palmes et les branches d'olivier.
"Le personnage du Christ en prière a été directement inspiré par une toile du peintre allemand Heinrich Hofmann (1824-1911). L'oeuvre originale, intitulée Christ in Gethsemane, a été peinte en 1890" (M.E.N.)
Christ in Gethsamane d'Heinrich Hofmann, 1830,
"conservée dans une église baptiste de New York, la Riverside Church, située au nord de Manhattan" - (Merci Michel-Edouard!)
la compassion de l'ange.
L'année dernière, l'oratoire Saint Roch avait présenté un autre sepolcru, prêté par la confrérie de l'Immaculée Conception:
la Cène
peinte par Albert Gilio (1892-1964, peintre de chevalet et décorateur), qui copie ici la fameuse Cène de Léonard de Vinci ...
et le modèle: Leonard de Vinci au couvent Santa Maria delle Grazie, à Milan, en 1498 ...
Gilio, la Cène, détail: le Christ instituant l'Eucharistie - sur la table, une brioche qu'on aimerait bien partager!
Gilio, la Cène, détail des apôtres
(à suivre ! )
12/03/2013
Michel-Edouard Nigaglioni au Spaziu d'Ile Rousse
Echos de la conférence de Michel Edouard Nigaglioni,
Vendredi dernier, 8 mars, au Spaziu d'Ile Rousse,
Sainte Catherine d'Alexandrie, vue par le peintre corse Nicolao Castiglioni ( né à Castiglione, dans la pieve de la Ghjuvellina, vers 1592 , actif à Bastia entre 1615 et 1651: cf l'Encyclopédie de M.E.Nigaglioni) ) , à Speloncato.
Une dame, venue en avance un peu hésitante à la conférence, m'a demandé si ce ne serait pas trop ardu pour les non spécialistes ... Je l'ai tout de suite rassurée: l'ami Michel-Edouard a enchanté -comme prévu - son auditoire en présentant avec l'humour et l'inépuisable connaissance qu'on lui connait le patrimoine des peintres actifs en Corse depuis les origines jusqu'à la fin du XIX° s.
Patrimoine d'une grande richesse où cohabitent les artistes corses et européens: Michel-Edouard, un rien chauvin, mais pourrait-on le lui reprocher ? n'a pas manqué de pousser son cocorico chaque fois que les artistes corses étaient à l'honneur, l'objet de ses recherches visant à prouver - contre les avis émis avec persistance par les intellectuels de naguère - que l'art a toujours fait partie intégrante de la vie des corses, en qualité et en nombre. Diaporama à l'appui ... qui complétait l'abondante information contenue dans son" Encyclopédie des peintres actifs en Corse" (édition Alain Piazzola). J'espère que vous aurez d'autres occasions d'entendre ce passeur généreux et amoureux du patrimoine qui sait si bien faire partager sa passion.
Un patrimoine bien diversifié où "petits" et "grands" peintres agissent en Corse au cours des siècles avec leurs talents spécifiques. Ma tendresse va souvent en particulier vers ces oeuvres minimes, naïves et d'un charme absolu,
Par exemple celles peintes par Anton Santo Benigni (né en 1797, mort en 1863) pour nourrir la dévotion des particuliers, comme cette Vierge à l'Enfant en compagnie du petit St Jean-Baptiste,
(cliché Nigaglioni)
ou cette craquante petite Ste Vierge berlingo, si proche d'un art populaire indien ...
(à suivre!)
11:34 Publié dans artistes de corse, Balagne, conférence sur la Corse, histoire de l'art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michel edouard nigaglioni, histoire de l'art corse | Facebook |