30/03/2013
2°/ les reposoirs de Bastia, cru 2013: l'Immaculée Conception
Suite de la note : http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2013/03/29/les-sepolcri-de-bastia.html
Le sepolcru 2013 de l'oratoire de l'Immaculée Conception, à Bastia
Dans la pénombre du merveilleux oratoire baroque de la Conception, le sepolcru de la Passion propose à l'empathie des Bastiais une surprenante scénographie:
cette année le confrère - pilier de la Conception !- Gaspard Griffi a créé la surprise en empruntant les cartelami de l'église Saint Charles ...
Cette fois-ci, les silhouettes découpées dans le contre-plaqué sont de taille modeste, contrairement aux cartelami utilisés habituellement les autres années et qui sont à la talle humaine. Version "hobbits", diraient mes enfants. La petitesse des sujets est compensée par le nombre et l'animation des acteurs:
le Christ à la colonne, tourmenté par ses bourreaux: peints par le peintre décorateur bastiais Armand Baffico (1882-1958)
le Christ tombant sous le poids de la croix (Armand Baffico)
une Pietà, peinte par Gilbert Bouchez (1824-1882):
c'est aujourd'hui le plus ancien cartelame conservé à Bastia
muette dramaturgie à laquelle ont contribué ces différents artistes locaux
le Christ mort (Armand Baffico)
Dans l'oratoire, les visiteurs prient, et commentent à voix basse l'installation, comparent avec le sepolcru de l'an dernier,
qui présentait en 2012 la dramatique mise au tombeau du Christ,
peinte par Albert Gilio (1892- 1964) :
"La facture manuscrite (...) a été conservée dans les archives paroissiales. Datée du 24 avril 1957, elle est ainsi rédigée: " La Confrérie de l'Immaculée Conceprion doit à Monsieur Gilio Albert pour l'exécution d'un reposoir, représentant la mise au tombeau du Christ la somme, prix forfaitaire convenu, de 60.000 francs". " (merci à Michel-Edouard Nigaglioni!)
On l'aura compris, ce patrimoine populaire et émouvant était naguère renouvelé dans une création effervescente où les diverses communautés se mesuraient . Aujourd'hui les personnes dévouées qui s'occupent de créer cet évènement annuel des sepolcri pour le Jeudi et Vendredi Saint, et qui ne sont plus de la première jeunesse, s'inquiètent de la relève et de la transmission. Une grande fierté accompagne cette installation annuelle, chacun ici est bien conscient de l'importance de cet héritage, souhaîte le sauvegarder, le montrer, le partager, d'autant plus que l'on sait que ce sont les derniers témoins d'un patrimoine autrefois beaucoup plus riche et désormais disparu.
18:41 Publié dans corse, décors monumentaux en Corse, la Semaine Sainte en Corse, sepolcri de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sepolcri de bastia, albert gilio, armand baffico, gilbert bouchez | Facebook |
1°/les reposoirs de Bastia , cru 2013: St Roch
Les sepolcri des oratoires de Saint Roch et de l'Immaculée Conception à Bastia
Chaque année ces deux oratoires bastiais de la rue Napoléon mettent leur point d'honneur à changer la composition de leur reposoir en utilisant le patrimoine des "cartelami", silhouettes peintes découpées, soit dans du carton , soit dans des plaques d'isorel,. pour les plus récents Je vous renvoie à nouveau à l'article de M.E. Nigaglioni sur ce sujet:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/files/I_Cartelami-nigaglioni.pdf
Bastia, ville de culture génoise, hérite de cette typologie ligure des cartelami pour réaliser la mise en scène du reposoir de la Passion. "Dans le passé, les sepolcri bastiais n'étaient pas l'apanage des confréries car les documents attestent qu'on en trouvait également dans les églises paroissiales et dans les couvents de la ville" (M.E.Nigaglioni): quand on sait que Bastia pouvait s'enorgueillir, en plus des églises paroissiales et des oratoires de confrérie, d'une dizaine de couvents au XVIII° siècle, on peut imaginer la sainte compétition que se livrèrent les communautés pour dresser les reposoirs les plus émouvants. Aujourd'hui, seules confréries Saint Charles, Saint Roch et l'Immaculée Conception concervent ces fragiles témoignages de la dévotion populaire. Les cartelami les plus récents, peints jusqu'en 1960, sur un support plus résistant (isorel), supportent mieux les manipulations annuelles qu'exige leur exposition éphémère, le Jeudi et le Vendredi Saint.
L'oratoire Saint Roch:
le sepolcru éclairé par une croix de bougies allumées par les pieux bastiais venus prier devant leurs oratoires,
cette année l'on a sorti le Christ au Jardin des Oliviers, peint par Hector Filippi (1893-1965), "peintre de l'école bastiaise formé à Rome auprès de l'Académie de France. " (M.E.N.) Après sa formation artistique, enrichie de la décoration et de la peinture à fresque, il enseigne à Rome en 1830, puis en Corse en 1838, où il fonde une académie de peinture, éduque le goût artistique des élèves du collège de jeunes filles, et devient conservateur du Musée de Bastia, tout en continuant sa création personnelle.
On le voit ici en 1960 posant devant le sepolcru présentant le Christ au Jardin des Oliviers (cf article M.E.N.)
Sur cette photo, on remarquera, en "fond de scène" la grande tenture peinte représentant Jérusalem, qui est remplacée cette année par les palmes et les branches d'olivier.
"Le personnage du Christ en prière a été directement inspiré par une toile du peintre allemand Heinrich Hofmann (1824-1911). L'oeuvre originale, intitulée Christ in Gethsemane, a été peinte en 1890" (M.E.N.)
Christ in Gethsamane d'Heinrich Hofmann, 1830,
"conservée dans une église baptiste de New York, la Riverside Church, située au nord de Manhattan" - (Merci Michel-Edouard!)
la compassion de l'ange.
L'année dernière, l'oratoire Saint Roch avait présenté un autre sepolcru, prêté par la confrérie de l'Immaculée Conception:
la Cène
peinte par Albert Gilio (1892-1964, peintre de chevalet et décorateur), qui copie ici la fameuse Cène de Léonard de Vinci ...
et le modèle: Leonard de Vinci au couvent Santa Maria delle Grazie, à Milan, en 1498 ...
Gilio, la Cène, détail: le Christ instituant l'Eucharistie - sur la table, une brioche qu'on aimerait bien partager!
Gilio, la Cène, détail des apôtres
(à suivre ! )