29/12/2013
la viola organista de Léonard de Vinci
Fantastique Léonard!
la viola organista - un clavier à cordes frottées -
inventée il y a 500 ans par Léonard de Vinci,
construite par le pianiste polonais Slawomir Zubrzycki et joué à Cracovie .
(au cas où vous ne la connaitriez pas encore ...)
http://youtu.be/sv3py3Ap8_Y
http://dailygeekshow.com/2013/11/29/ecoutez-lincroyable-instrument-invente-il-y-a-500-ans-par-leonard-de-vinci-et-joue-pour-la-toute-premiere-fois/
A lire absolument pour en savoir plus, le meilleur article de David Le Marrec sur cet instrument extraordinaire, fort documenté, illustré et critique:
http://operacritiques.free.fr/css/index.php?2013/12/01/2362
le Geigenwerk, tel qu'il apparait dans la Syntagma musicum de Michel Praetorius - 1619. Voir l'article de D. Le Marrec cité plus haut. La viola organista de Slawomir Zubrzycki n'est donc pas le premier "clavier à archet" réalisé à partir des croquis de Leonard de Vinci ...
Merci à François Colin pour l'incitation !
19:19 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : leonard de vinci, la viola organista, geigenwerk, slawomir zubrzycki | Facebook |
06/01/2013
Temps d'enfance à Valle d'Orezza
A Valle d'Orezza,
Pieve d'Orezza, en Castagniccia
la Sainte Parenté
Dans cette surprenante et belle église de Castagniccia -récemment restaurée par l'atelier de J.C. Torre ( en compagnie de J.Sanguinetti , Loïc Corcuff, J.C. Desrues, Giovanni Pelloso ), parmi les autels baroques de stucs créés par la célèbre famille des RAFFALI au début du XVIII° siècle, voici l'autel dédié à la Sainte Parenté,
surmonté par le médaillon de Saint Joseph, armé de son bâton fleuri. Je salue au passage le joli travail de restauration, car le personnage était fort dégradé et difficilement identifiable , ayant perdu le bâton, son attribut essentiel. La cohésion du discours a guidé le restaurateur...
la fuite en Egypte
tandis que, sur la cuve l'autel, G. Raffali représente dans un médaillon charmant la Fuite en Egypte: Marie et Jésus, juchés sur un âne conduit par le bon Joseph, fuient le Massacre des Innocents, décrété par Hérode.
L'autel accueille une belle toile de la Sainte Parenté peinte par Giuseppe Maria CASALTA, ce peintre corse domicilié à Prunelli di Casaconi, dont on rencontre les oeuvres entre 1687 et 1713 (cf. l'Encyclopédie des peintres actifs en Corse, de Michel-Edouard Nigaglioni). Restauration d'Ewa Poli.
Au centre de la composition Marie présente l'Enfant Jésus sur ses genoux tout en maintenant le jeune Jean-Baptiste,
tendu vers son cousin et porté par sa vieille mère, Elisabeth.
L'Enfant Jésus souriant à Joseph prend une rose parmi la jonchée fraîchement cueillie par son père adoptif. C'est la Trinité terrestre : une tendre "famille recomposée", dirait-on aujourd'hui. Joseph s'incline vers la mère et le fils avec amour et respect.
De l'autre côté de la Vierge, veillant sur le groupe, Sainte Anne (du moins je le suppose) et Joachim, les parents de Marie, les yeux baissés.
Au-dessus de Saint Joseph, un personnage n'appartenant pas à la Sainte Parenté, s'intègre pourtant en douceur dans l'ensemble, s'apprêtant à offrir un fruit à l'Enfant: il s'agit de Saint Simon, portant sur son dos la scie de son martyre - St Simon est vénéré dans cette région de la Pieve d'Orezza .
Un ange vole au-dessus de la courbe des visages, tenant d'une main le bâton fleuri de St Joseph et de l'autre la couronne de la Vierge.
Seule Marie, le visage gracieux, rond et doux,
nous regarde, les yeux bienveillants, un léger sourire sur les lèvres.
Tous les autres personnages couvent du regard l'Enfant Jésus
Ailleurs, le thème de la Sainte Parenté peint par Simon de Chalons en 1543
au Musée Calvet à Avignon
Il s'agit là d'humaniser le mystère de la naissance de Jésus en l'inscrivant dans une famille élargie dotée d'ancêtres, de cousins multiples, bref un tissu familial rassurant qui renforce l'humanité de Jésus.
Sur le thème de la Sainte Parenté ou de la Sainte Famille élargie, je vous renvoie à une note intéressante de ce site:
Les trois maris de Sainte Anne, les sœurs - Biblioweb - Hypotheses
Leonard de Vinci, National Gallery, c. 1507-08: la Vierge avec Ste Anne, Jésus et St Jean-Baptiste
Raphaël, Canigiani Madonna, 1507, Alte Pinacothekde Munich:
Giulio Romano, la Vierge à l' Enfant avec Ste Elisabeth et St Jean-Baptiste, dite "La Petite Sainte Famille" - c.1517-18. Cette peinture est actuellement présentée dans la belle exposition consacrée aux dernières années de Raphaël, au Musée du Louvre.
En Corse à nouveau, le tableau miraculeux de Notre-Dame de Lavasina ( anonyme, XVI° siècle): la Vierge à l'Enfant avec Ste Elisabeth, St Jean-Baptiste et St Joseph ( merci M.E. Nigaglioni!). Cette peinture est à l'origine d'un grand pélerinage très populaire en Corse et de la propagation de cette dévotion sur l'îlecomme
(photo M.E. Nigaglioni)
comme ici à Bastia, église St Charles, cette peinture de Gilbert Bouchez (peintre et professeur de dessin à Bastia entre 1858 et 1874) inspirée de la toile de Notre-Dame de Lavasina.
10:52 Publié dans corse, famille, iconographie des saints, l'art baroque en corse, patrimoine de corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : valle d'orezza, sainte parenté, giuseppe maria casalta, giovanni raffali, sainte anne, saint joseph, sainte elizabeth, saint joachim, fuite en egypte, giulio romano, leonard de vinci, raphaël, notre-dame delavasina | Facebook |
19/12/2011
Annonciation
variations sur l'Annonciation
(avec Monteverdi)
http://www.youtube.com/watch?v=YUTJE4F5IYY&feature=colike
(pour écouter sans regarder la video, sélectionner puis clic droit et ouvrir le lien dans un nouvel onglet)
(Sandro Botticelli 1481- Galerie des Offices à Florence)
le dehors et le dedans
Cranach 1526 Adam et Eve - Courtauld Institute Galleries - Londres
dedans
la paix luxuriante du Jardin
notre bon père Adam se gratte la tête
indécis
devant la hardiesse de sa gracieuse moitié
Mosaïque de la chapelle palatine à Palerme - XII° siècle
dehors
tout a commencé ainsi après le péché originel
ils se sont fait avoir par le premier margoulin venu
un serpent futé qui prétend qu'ils n'y connaissent rien
qu'ils ne savent rien
qu'il va leur ouvrir le chemin de la connaissance
imaginez
Adam et Eve à qui l'on propose pour rien
le forfait illimité de la connaissance
le seul contrat à signer
croquer le fruit défendu
à dire vrai ils n'avaient pas même besoin de penser
ils se sentaient un en deux moitiés
comme toutes les créatures vivantes du Jardin
mais à présent l'autre est autre
et le monde reste à découvrir
dans la défiance dans l'inquiétude
dans la curiosité
jetés hors du Jardin
curieux et courageux
mais à cet instant ils ne le savent pas encore
ils savent seulement qu'ils sont
séparés
ils ont perdu la grâce de leur innocente nudité
eux qui ne désiraient rien car ils étaient comblés
ils doivent désormais assumer
l'humaine destinée
désir sexualité mort
survie et au-delà
progrès génocides
paix éphémères guerres fratricides
consumérisme charité
art fertile stérile pollution
béatitude auto-destruction
bref le grand bazard
et voilà que
de nombreux millénaires plus tard
c'est l'Annonciation
Cathédrale d'Autun dans la proximité du chapiteau de l'Annonciation
la Vierge lève les mains pour l'écoute
l'étonnement et l'acceptation
l'ange Gabriel l'index dressé
intime son message
Psautier St Alban- Hildesheim 1100
Le récit de saint Luc, 1,26-38 : Annonciation et Incarnation
L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu
dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,
à une jeune fille, une vierge,
accordée en mariage à un homme de la maison de David,
appelé Joseph ;
et le nom de la jeune fille était Marie.
L’Ange entra chez elle et dit :
« Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. »
A cette parole, elle fut toute bouleversée,
et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.
L’Ange lui dit alors :
« Sois sans crainte, Marie,
car tu as trouvé grâce auprès de Dieu.
Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils,
et tu lui donneras le nom de Jésus.
Il sera grand,
il sera appelé Fils du Très- Haut ;
le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ;
il régnera pour toujours sur la maison de Jacob,
et son règne n’aura pas de fin. »
Marie dit à l’Ange : « Comment cela va-t-il se faire,
puisque je suis vierge ? »
L’Ange lui répondit :
« L’Esprit Saint viendra sur toi,
et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ;
c’est pourquoi celui qui va naître sera saint,
et il sera appelé Fils de Dieu.
Et voici qu’Elisabeth, ta cousine,
a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse,
et elle en est à son sixième mois,
alors qu’on l’appelait : ‘la femme stérile’.
Car rien n’est impossible à Dieu. »
Marie dit alors :
« Voici la servante du Seigneur ;
que tout se passe pour moi
selon ta parole. »
Alors l’Ange la quitta.
(Lc 1,26-38)
Simone Martini 1333 Galerie des Offices, Florence
dedans
l'or mystique de sa chambre close
surprise par l'archange dans sa méditation
sur le livre entr'ouvert de la prédiction d'Isaïe
" Ecce Virgo concipiet "
la Vierge frissonne apeurée
drapée dans son manteau bleu de nuit
reçoit la parole de l'archange
les mots entre eux deux traversant l'espace
de la bouche de l'un à l'oreille de l'autre
le rameau vigoureux dans la main de Gabriel
bâton du messager du ciel
répond au bouquet de lys de la pureté de Marie
(avec Heinrich Ignaz von Biber)
http://youtu.be/HdwKledgv_o
dans la pénombre de la cathédrale de Carrare
le silence des Casarelle
(avec Guillaume Dufaye)
http://youtu.be/O-25R_SaDao
dans le vide d'un espace muet
Gabriel déroule le phylactère divin
Marie surprise et attentive
suspend sa pensée
accepte l'inconcevable
Fra Angelico 1433 Musée diocésain de Cortone
(dans la prédelle , les scènes de la vie de la Vierge)
là-haut à gauche en prélude
se joue le drame d'Adam et Eve chassés du Paradis
tandis que déjà dans cet espace ouvert
l'échange des paroles
les mains croisées sur la poitrine presque déjà creusée
pour se protéger
ou pour se soumettre
la Vierge écoute
l'Annonciateur qui avance
annonce d'un geste oratoire
les index dressés pour convaincre
l'un pour le ciel
l'autre pour la terre
Fra Angelico 1425 Musée du Prado - Madrid
à nouveau et cette fois-ci toute proche l'expulsion d'Adam et Eve du paradis tandis que roulent sous leurs pieds nus les fruits défendus
il s'agit bien de cela:
" Sumens illud Ave
Gabrielis ore,
Funda nos in pace,
Mutans Hevae nomen"
( Faites que pour jamais
au doux Ave de l'ange
le nom d'Eve se change
en présage de paix)
(Ave maris stella)
comme toujours Marie porte sa robe rouge
signe de son humanité
recouverte du manteau bleu
signe de son appartenance céleste
ici Gabriel et Marie dialoguent en silence
les mains croisées dans un mutuel respect
dans le rayon déjà à l'oeuvre
la colombe de l'Esprit Saint
la parole divine s'incarne le Verbe se fait chair
le temps de l'incarnation n'existe pas
seul celui de la gestation humaine
Fra Angelico, 1442, couvent San Marco, Florence
dedans
espace dépouillé d'une cellule silencieuse pour cette ultime Annonciation
sous le regard de saint Dominique
la Vierge frêle pliée en avant
en équilibre
du bout des genoux
"Elle plia les genoux et joignit les mains en disant
"Ecce ancilla Domini"
interrompue dans sa lecture pieuse
la servante du Seigneur reçoit son visiteur
plus légère que son ombre humaine
aile sombre déposée sur le mur
devant elle Gabriel le messager ailé
bien droit
sans poids presque sans ombre
mais non sans la douceur
d'une bien humaine tendresse
Botticelli 1489 Galerie des Offices à Florence
à nouveau la parole qui déséquilibre la Vierge
elle vacille
déjà un évanouissement comme au pied de la croix
cette fois c'est l'archange qui s'agenouille
le lys à la main
comme intitimidé par sa mission
à la tension dans la chambre
répond au loin le calme d'un paysage maîtrisé par l'homme
et se dresse entre terre et ciel
l'Arbre
Leonard de Vinci 1472-75 Galerie des Offices à Florence
(avec Biber : la passacaille- l'Ange gardien)
http://youtu.be/JS8tnac9ad0
dehors
Ici la Vierge n'est plus dans une pièce close
elle interrompt sa prière
assise devant son prie-Dieu sur les fleurettes du jardin
comme femme à la quenouille aux beaux jours
l'ange Gabriel lui adresse son angélique salutation
d'un profil très pur
Marie reçoit le message une main sur les écritures
l'autre ouverte pour l'accueil
sereine
la tranquillité du jardin
l'aide à respirer
ce doit être la fin de l'après-midi
car l'ombre de Gabriel s'allonge entre eux
(avec Heinrich Ignaz von Biber: les mystères du Rosaire)
http://youtu.be/JS8tnac9ad0
Lorenzo Lotto 1534 - Pinacoteca Civica de Recanati
"La puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre"
le geste impérieux du Père
l'intrusion de l'archange décoiffé
j'allais dire l'effraction
projetant son ombre inquiétante dans une chambre bien rangée
au fait est-ce vraiment l'ombre de l'ange
n'est-ce pas plutôt celle du très-Haut
tandis qu'au sol le chat noir au poil hérissé
s'enfuit en poussant un miaulement diabolique
tout cela a bien de quoi pétrifier la Vierge
El Greco 1596-1600, Musée du Prado à Madrid
passage
le dialogue véhément de l'archange vert aux ailes déployées
et de la Vierge éclairée par la colombe de l'Esprit Saint
transperçant les nuages
entre eux montent les flammes d'un buisson ardent
et résonne la baroque musique des anges
nous voilà bien loin du silence de Fra Angelico
mais quelle divine promesse!
(à nouveau l'Ave Maris Stella des Vêpres de Monteverdi, autre version)
http://youtu.be/cim9oZd8N7Y
un peu plus tard Nicolas Poussin en 1657 peint à Rome cette merveilleuse Annonciation minimaliste - National Gallery à Londres
dedans
à nouveau le silence d'un temps suspendu
sous le vol immobile de la colombe
la Vierge offerte
pieds nus sur sa petite estrade
les bras ouverts comme son livre
les yeux fermés pour mieux recevoir
le message de l'ange aux index indicatifs
elle porte le vêtement jaune des femmes juives de l'époque à Rome
( avec Marc-Antoine Charpentier)
http://youtu.be/Hu_5p400SeQ
"Alors l'ange la quitta"
(à suivre pour d'autres variations de l'Annonciation en Corse)
00:57 Publié dans regards sur l'art, spiritualité | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : annonciation, ave maris stella, autun, simone martini, monteverdi, fra angelico, botticelli, lorenzo lotto, leonard de vinci, el greco, poussin | Facebook |