12/12/2012
Santa Lucia
Sainte Lucie, Vierge et Martyre de Syracuse,
fêtée le 13 décembre,
(Francesco del Cossa, les yeux de Ste Lucie
une sainte patronne bien populaire en Europe
et en Corse :
à Cateri (Pieve d'Aregno), la statue de procession en papier mâché, art populaire (XIX° s.):
comme souvent, les doigts sont les premiers à souffrir de la procession dans le village. Ce n'est pas une raison pour la priver de sa promenade annuelle!
... et ses yeux, présentés par ce gentil petit angelot : ce sont les armes parlantes de Sainte Lucie. La popularité de Santa Lucia repose sur le fait qu'elle passe pour guérir tous les maladies des yeux, y compris la cécité. Quoi qu'il en soit sa fête, le 13 décembre, célèbre la fin des jours sombres et le retour proche de la lumière.
Comme vous le verrez, notre Santa Lucia a bien gagné par les souffrances variées de son interminable martyreson statut de Vierge Martyre. heureusement pour ses porteurs, la sainte Lucie de Cateri ne pèse pas le poids de sa légende:
" columna es immobilis, Lucia sponsa Christi "
(tu es une colonne immobile, Lucie, épouse du Christ)
Voici ce qu'en dit Jacques de Voragine dans la Légende dorée:
Lucie, vierge syracusaine de famille noble, voyant se répandre à travers toute la Sicile la gloire de sainte Agathe, se rendit au tombeau de cette sainte, en compagnie de sa mère Euthicie, qui, depuis quatre ans déjà, souffrait d’un flux de sang incurable. Les deux femmes arrivèrent à l’église pendant la messe, et au moment ou on lisait le passage de l’Évangile qui raconte la guérison miraculeuse, par Jésus, d’une femme atteinte d’un flux de sang. Alors Lucie dit à sa mère : « Si tu crois à ce qu’on vient de lire, tu dois croire aussi qu’Agathe est maintenant en présence de Celui pour le nom de qui elle a subi le martyre. Et si tu crois cela, tu retrouveras la santé en touchant le tombeau de la sainte ! » Aussitôt, tous s’écartant pour leur livrer passage, la mère et la fille s’approchèrent du tombeau, et se mirent à prier. Et voici que la jeune fille tomba soudain endormie, et eut un rêve où elle vit sainte Agathe debout au milieu des anges, toute parée de pierreries, et lui disant : « Ma sœur Lucie, vierge consacrée à Dieu, pourquoi me demandes-tu une chose que tu peux toi-même accorder sur-le-champ à ta mère ? Vois, ta foi l’a guérie ! » Et Lucie, s’éveillant, dit à sa mère : « Ma mère, tu es guérie ! Mais au nom de celle aux prières de qui tu dois ta guérison, je te prie de me délier désormais de mes fiançailles, et de distribuer aux pauvres la dot que tu me destinais ! » Sa mère lui répondit : « Attends plutôt de m’avoir fermé les yeux, et tu feras ensuite ce que tu voudras de nos biens ! » Mais Lucie : « Ce que tu donnes en mourant, dit-elle, tu le donnes parce que tu ne peux pas l’emporter avec toi. Mais, si tu le donnes de ton vivant, tu en auras la récompense là-haut ! »
(Bruges, Maître de la Légende de Ste Lucie, XV° s.)
De retour chez elles, Lucie et sa mère commencèrent à distribuer, peu à peu, tous leurs biens aux pauvres. Et le fiancé de Lucie, l’ayant appris, en demanda compte à la nourrice de la jeune fille. Cette femme, en personne rusée, lui répondit que Lucie avait trouvé une propriété meilleure, qu’elle voulait l’acquérir, et que c’était pour cela qu’elle vendait une partie de ses biens. Et lui, dans sa sottise, il crut à un commerce matériel, et se mit à les encourager dans la vente de leurs biens. Mais quand tout fut vendu et qu’on sut que tout était allé aux pauvres, le fiancé, furieux, porta plainte devant le consul Paschase, disant que Lucie était chrétienne et n’obéissait pas aux lois impériales.
(Lorenzo Lotto - 1532- Pinacoteca civica de Iesi)
Paschase, l’ayant aussitôt mandée, lui enjoignit de sacrifier aux idoles. Mais Lucie lui répondit : « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est de visiter les pauvres et de les aider dans leurs besoins. Et comme je n’ai plus rien à offrir, je vais m’offrir moi-même au Seigneur ! » Et Paschase : « Ce sont là des paroles bonnes à dire à des sots de ton espèce ; mais à moi, qui garde les décrets de mes maîtres, tu les dis en vain ! » Et Lucie : « Tu gardes, toi, les décrets de tes maîtres, et moi je veux garder la loi de mon Dieu. Tu crains tes maîtres, et moi je crains Dieu. Tu évites de les offenser, et moi j’évite d’offenser Dieu. Tu désires leur plaire, et moi je désire plaire au Christ. Fais donc ce que tu jugeras t’être utile, et moi je ferai ce que je jugerai m’être utile ! » Alors Paschase : « Tu as dépensé ton patrimoine avec des corrupteurs, et voilà pourquoi tu parles en prostituée ! » Mais Lucie : « Mon patrimoine, je l’ai placé en lieu sûr ; et jamais n’ai admis auprès de moi des corrupteurs, ni du corps, ni de l’âme. » Paschase lui dit : « Qui sont donc ces corrupteurs du corps et de l’âme ? » Et Lucie répondit : « Les corrupteurs de l’âme, c’est vous, qui engagez les âmes à se détourner de leur créateur ; quant aux corrupteurs du corps, ce sont ceux qui conseillent dé préférer le plaisir corporel aux fêtes éternelles. » Et Paschase : « Tes paroles (verba) cesseront bien quand nous en viendrons à te rouer de coups (verbera) ! » Et Lucie : « Les paroles de Dieu ne cesseront jamais. » Et Paschase : « Prétends-tu être Dieu ? » Lucie répondit : « Je suis la servante de Dieu, qui a dit : « Quand vous serez en face des rois et des princes, etc. » Et Paschase : « Prétends-tu donc avoir en toi le Saint-Esprit ? » Et Lucie : « Celui qui vit dans la chasteté, celui-là est le temple du Saint-Esprit ! » Et Paschase : « Alors je te ferai conduire dans une maison de débauche. Ton corps y sera violé, et tu perdras ton Saint-Esprit ! » Mais Lucie : « Le corps n’est souillé que si l’âme y consent ; et si, malgré moi, on viole mon corps, ma chasteté s’en trouvera doublée. Or jamais tu ne pourras contraindre ma volonté. Et quant à mon corps, le voici, prêt à tous les supplices ! Qu’attends-tu ? Fils du diable, commence à satisfaire ton désir malfaisant ! »
Alors Paschase fit venir des proxénètes, et leur dit : « Invitez tout le peuple à jouir de cette femme, et qu’on use de son corps jusqu’à ce que mort s’ensuive ! » Mais quand les proxénètes voulurent l’entraîner, l’Esprit-Saint la rendit si pesante qu’en aucune façon ils ne purent la mouvoir.
(Leandro Bassano, Venise, église san Giorgio Maggiore)
Et Paschase fit venir mille hommes, et lui fit lier les pieds et les mains ; mais on ne parvenait toujours pas à la soulever. Il fit venir mille paires de bœufs, mais la vierge continua à rester immobile. Il fit venir des mages ; mais leurs incantations restèrent sans effet. Alors il dit : « Quel est donc ce maléfice, qui permet à une jeune fille de ne pas pouvoir être soulevée par un millier d’hommes ? » Et Lucie lui répondit : « Ce n’est pas un maléfice, mais un bienfait du Christ. Et tu aurais beau ajouter encore dix mille hommes, ils ne parviendraient pas à me faire bouger. » Paschase s’imagina alors, suivant l’invention de quelqu’un, que l’urine détruisait les maléfices, et il la fit asperger d’urine bouillante : mais cela encore fut inutile. Alors le consul, exaspéré, fit allumer autour d’elle un grand feu, et ordonna de jeter sur elle de la poix, de la résine, et de l’huile bouillante. Et Lucie dit : « Dieu m’a accordé de supporter ces délais, dans mon martyre, afin d’ôter aux croyants la peur de la souffrance et aux non-croyants le moyen de blasphémer ! »
(Brescia, église ste Agathe, martyre de Ste Lucie)
Les amis de Paschase, le voyant devenir sans cesse plus furieux, enfoncèrent une épée dans la gorge de la sainte ; mais elle, loin d’en perdre la parole, elle dit : « Je vous annonce que la paix est rendue à l’Église ! Aujourd’hui même, Maximien est mort et Dioclétien a été chassé du trône. Et de même que Dieu a accordé pour protectrice à la ville de Catane ma sœur Agathe, de même il vient de m’autoriser à être auprès de lui la protectrice de la ville de Syracuse. » Et, en effet, pendant qu’elle parlait encore, voici que des envoyés de Rome vinrent saisir Paschase pour l’emmener, prisonnier, devant le Sénat : car celui-ci avait appris qu’il s’était rendu coupable de déprédations sans nombre dans toute la province. Il fut donc conduit à Rome, déféré au Sénat, convaincu de crime, et puni de la peine capitale.
(Tiepolo dernière communion de Ste Lucie -
Venise église Santi Apostoli)
Quant à la vierge Lucie, elle ne bougea pas du lieu où elle avait souffert, et elle resta en vie jusqu’à l’arrivée de prêtres qui lui apportèrent la sainte communion ; et toute la foule y assista pieusement. C’est dans le même lieu qu’elle fut enterrée, et que fut construite une église en son honneur. Son martyre eut lieu vers l’an du Seigneur 310.
"Selon une autre version, Lucie se serait arraché les yeux et les aurait envoyés sur un plat à son fiancé; mais la sainte Vierge lui aurait fait repousser des yeux encore plus beaux (occhi belli, lucenti) .
Cette légende repose sur l'étymologie populaire de son nom: Lucia, rattachée au mot lux, lumière (Lucia a luce, Lucia quasi lucis via)
(Louis Réau, Iconographie de l'Art Chrétien)
(Francesco del Cossa, Washington
National Gallery)
(Francesco Zurbaran 1625)
A Syracuse, la cathédrale lui est consacrée et son culte semble s'être très rapidement répandu dans toute l'Italie, en France, en Allemagne, en Flandre, en Espagne, en Suède (http://youtu.be/Mk0FyZqNp5Q), chacune se réclamant de ses reliques ... En Corse Santa Lucia est très vénérée et ce, depuis bien longtemps:
" Au Moyen-Age comme dans les siècles antérieurs, de nombreux sanctuaires en Corse portèrent le nom de S. Lucia, une trentaine environ." ( Corsica Sacra, Geneviève Moracchini Mazel, p. 24)
Le beau visage mélancolique de Santa Lucia
à San Tumasgiu di Pastureccia (Pieve du Rustinu), fresque du début XVI° s.
" Pour la Corse, je suppose que ce culte est venu directement, -les voyageurs allaient d'île en île - (...). Ce pourrait être dès la fin du IV °s., depuis les côtes de Sicile jusqu'à celles de Corse" (idem)
Murato (Pieve du Bevinco) ancienne église conventuelle- Giuseppe Maria Casalta,
peintre corse domicilié à Prunelli di Casaconi (Haute-Corse), actif entre 1687 et 1713.
Cateri (Pieve d'Aregno) Valerio Castello, peintre génois (1624 - 1659: mort de la peste ...): magnifique!
Croce (Pieve d'Ampugnani) Sta Lucia aux pieds de la Vierge de l'Immaculée Conception et aux côtés de san Cesariu di Terracine. Francescu Carli ( "peintre principal de l'école castano-balanine de la fin du XVIIIe siècle, né dans l'état de Lucques vers 1735, actif dès les années 1760 en Corse, il y est mort en 1821." M.E. Nigaglioni)
Ortiporio (Pieve de Casacconi) détail avec Santa Lucia: le coq est là car la toile est consacrée à St Pierre.
Castellare di Mercurio (pieve du Mercurio): la Vierge allaitante avec Ste Lucie.
Santa Lucia di Mercurio (Pieve du Mercurio) (hélas très repeint! dessous, peut-être la main de Marc Antonio De Santis)
Lento, Ste Lucie (détail) peinte par Paul-Mathieu Novellini :
Ce bon peintre Novellini est né à Lento en 1831 ( mort en 1918).
à Pied'Orezza (Pieve d'Orezza) Santa Lucia peinte en 1872 par Alberti (le peintre qui réalise le décor de l'église St Pierre St Paul de Piedicroce): un art populaire et coloré ... Ici Ste Lucie est représentée en pleine "dispute" théologique devant le consul Paschase, barbu et moustachu (pas très règlementaire pour un consul romain!), amenée sous bonne garde par des soldats mauresques d'opérette. A ses côtés, je crois voir ste Agathe (martyre portant sa palme) et derrière elle , peut-être la mère Euthicie.
En Corse, nombre de fontaines lui sont consacrées où l'on va, le jour de sa fête, puiser "l'acqua di Santa Lucia", l'eau de Sainte Lucie, avec laquelle il est conseillé de se laver les yeux. Par ailleurs, toujours en liason avec ses vertus exceptionnelles pour la vue, la clarté, on trouvera des lieux-dits qui signalent sainte Lucie - écoutons ce qu'en dit Geneviève Moracchini-Mazel dans sa Corsica Sacra, p.24 et 25), parlant d'un sanctuaire aujourd'hui disparu, construit à 1.300m d'altitude dans la pieve de Mercurio et qui a donné son nom à la Cima di Santa Lucia:
(...) en tous cas la monachia qui devait se trouver sur la Cima, a des chances d'avoir jouxté une aire de feux destinée à la signalisation"
et plus loin, parlant du Col de Sta Lucia et de sa chapelle ancienne et disparue (restent les arases) , entre Luri et Pino:
Sortie de la Fagec, le 18/05/2008: au Col de Santa Lucia
"Toutefois il y a lieu de supposer qu'à l'origine c'était une monachia, liée à la surveillance des deux mers au moyen de feux de signalisation."
(...) En somme il parait probable qu'en montagne, durant le Haut Moyen-Age, on ait souvent choisi le vocable S. Lucia, en raison de la Lux et de la vue exceptionnelle dont on pouvait bénéficier depuis les sanctuaires."
Santa Lucia a donné son nom à plusieurs villages en Corse : Santa Lucia di Tallà, Santa Lucia di Muriani, Santa Lucia di Mercurio ...
Elle sera donc à l'honneur le 13 décembre dans de nombreux villages ...
(photo M.E. Nigaglioni)
Comme à Ville di Petrabugno: oeuvre magistrale du peintre corse Nicolao Castiglioni, 1628: la Vierge à l'Enfant entre Ste Catherine d'Alexandrie et Sainte Lucie
(à suivre!)Allez, avec Luciano Pavarotti :
http://youtu.be/Gb4jaK1k5BQ
12:13 Publié dans corse, fresques de corse, iconographie des saints, patrimoine populaire de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sainte lucie, santa luci, geneviève moracchini mazel, cateluciano pavarotti, ri, murato, ortiporio, lento, novellini, casalta, fagec | Facebook |
01/10/2012
Notre-Dame des Sept Douleurs à Belgodère
Dimanche 16 Septembre,
Belgodère honorait sa Vierge des Sept Douleurs
Rappelons que cette très belle statue de la Vierge des Sept Douleurs est l'oeuvre, en 1695, du sculpteur gênois Agostino de NEGRI ( de Camogli), commandée pour orner le fabuleux maître-autel baroque (bois polychrome) de l'église du couvent servite Nostra Signora delle Grazie, à Belgodère - Pieve de Tuani, aujourd'hui transféré dans la Chapelle Saint-Jean de Belgodère.
à retrouver sur la note consacrée à cette chapelle St Jean lors des Journées du Patrimoine 2011 (écrite le 30/9/2011):
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/09/30/belgodere-la-chapelle-de-saint-jean-ante-portam-latinam.html
Cet extraordinaire chef-d'oeuvre attribuable à Giovanni Pellegrini et daté de 1704 devrait, très prochainement, faire l'objet d'une restauration: on attend avec impatience que l'allègre cohorte des anges puisse réintégrer son foyer baroque!
Venons-en aux sept Douleurs de la Vierge, dévotion développée par les Servites de Marie, en particulier (voir :" Les Servites de Marie en Corse" éditions Alain Piazzola).
Ortiporio, Pieve de Casacconi, (Castagniccia), la charmante petite statue de la Vierge des Sept Douleurs, " Addolorata", (début XVIII° siècle) en provenance de l'ancien couvent des Servites de Casabianca: oeuvre d'un artisan local - dans cette région de la Castagniccia, menuisiers et ébénistes ne manquent pas - et qui utilise sans doute un modèle estampé de cette pieuse dévotion. Des mains de travailleuse, dure à l'ouvrage!
L'occasion de faire un retour aux sources évangéliques...
Sept glaives poignardent le coeur de Marie
Les trois premiers glaives concernent l'Enfance de Jésus
1- La prophétie du saint vieillard Siméon lors de la présentation au Temple:
(avec le Nunc dimittis de Giovanni Pierlugi da Palestrina, chanté par the Tallis Scolars - clic droit pour ouvrir le lien)
http://youtu.be/i4VoKso5ERI
(avec l'Evangile selon Saint Luc):"Et quand vint le jour où, selon la Loi de Moïse, ils devaient être purifiés, ils le portèrent à Jérusalem, afin de le présenter au Seigneur, ainsi qu'il est écrit dans la Loi du Seigneur: Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur -, et afin d'offrir en sacrifice, suivant ce qui est dit dans la Loi du Seigneur, un couple de tourterelles ou deux jeunes colombes. Or il y avait à Jérusalem un homme du nom de Siméon. Cet homme était juste et pieux; il attendait la consolation d'Israël, et l'Esprit-Saint reposait sur lui. Et il lui avait été révélé par l'Esprit-Saint qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Messie du Seigneur. Il vint donc au Temple, poussé par l'Esprit, et comme les parents apportaient le petit enfant Jésus pour observer les coutumes légales à son égard, il le reçut dans ses bras, bénit Dieu et dit:
(Rembrandt)
"Maintenant, ô Maître souverain, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s'en aller en paix;
car mes yeux ont vu ton Salut,
que tu as préparé en faveur de tous les peuples,
lumière pour éclairer les nations
et gloire de ton peuple, Israël "
Son père et sa mère étaient dans l'émerveillement de ce qui se disait de lui. Siméon les bénit et dit à Marie, sa mère:
" Vois! cet enfant est fait pour la chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël; il doit être un signe en butte à la contradiction, - et toi-même, un glaive te transpercera l'âme! - afin que se révèlent les pensées intimes d'un grand nombre"
(Rembrandt, 1669, Simeon avec l'enfant Jésus dans le Temple
Nationalmuseum, Stockholm:
merveille!)
Bastia, église paroissiale Saint Jean-Baptiste: la Présentation au Temple, ou la Purification de la Vierge.
Merci à Michel-Edouard Nigaglioni pour cette photo, et son commentaire, que l'on trouvera p.81 dans l'Inventaire du Patrimoine -la peinture- de la Ville de Bastia. Copie de Guido Reni, réalisée par une certaine Justine de Janvry, et offerte par l'Empereur Napoléon III en 1858.
2- La fuite en Egypte ... et son dramatique corolaire: le massacre des Innocents.
(à l'adresse de tous les exilés d'hier et d'aujourd'hui: fuite devant la soldatesque et les massacres aveugles de tous les pays)
(Valle d'Orezza- Pieve d'Orezza - l'adorable médaillon de l'autel (stuc) de St Joseph, oeuvre d' Ignazio Saverio Raffali)
( avec Evangile selon Saint Matthieu)" (...) L'ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit: "Lève-toi, prends l'enfant et sa mère, et fuis en Egypte; et restes-y jusqu'à ce que je t'avertisse. Car Hérode va chercher l'enfant pour le faire périr." Joseph se leva, prit de nuit l'enfant et sa mère, et se retira en Egypte, où il demeura jusqu'à la mort d'Hérode.
Ainsi devait s'accomplir cet oracle prophétique du Seigneur:
D'Egypte j'ai appelé mon fils.
(la fuite en Egypte: Nicolas Poussin, 1657,
Musée des Beaux-Arts de Lyon)
Rembrandt, le Repos de la Sainte Famille, 1647
Dublin, National Gallery of Ireland
Bastia, église St Joseph, la Fuite en Egypte par G. Muratori - décor de la voûte d'une chapelle latérale: merci M.E. Nigaglioni!
Quand Hérode vit qu'il avait été joué par les mages, il fut pris d'une violente fureur et envoya tuer, dans Béthléem et tout son territoire, tous les enfants de moins de deux ans, d'après la date qu'il s'était fait préciser par les mages.
( Fra Angelico,1451-1452, Museo di San Marco à Florence: je me souviens d'avoir été submergée d'angoisse devant cette petite peinture a tempera d'une violence inouïe)
Alors s'accomplit l'oracle du prophète Jérémie:
Dans Rama s'est fait entendre une voix,
qui sanglote et moult se lamente:
c'est Rachel pleurant ses enfants;
et ne veut pas qu'on la console,
car ils ne sont plus. "
3- La disparition de Jésus au Temple pendant trois jours.
Giotto, à Padoue, Chapelle des Scrovegni, Jésus au milieu des docteurs du Temple
(avec l' Evangile selon Saint Luc)
" Chaque année ses parents se rendaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Quand il eut douze ans, ils y montèrent, ainsi qu'on faisait pour la Fête. Et comme, au terme de leur séjour, ils s'en retournaient, l'enfant resta à Jérusalem à l'insu de ses parents. Le croyant dans la caravane, ils firent une journée de chemin, puis ils se mirent à le chercher parmi leurs parents et connaissances. Mais ne l'ayant pas trouvé, ils revinrent, toujours à sa recherche, à Jérusalem.
Au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et leur posant des questions; et tous ceux qui l'entendaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses. A sa vue ils furent saisis d'émotion, et sa mère lui dit: "Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela? ton père et moi, nous te cherchons, angoissés." Il leur répondit: " Et pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas que je me dois aux affaires de mon Père? " Mais eux ne comprirent pas la parole qu'il venait de leur dire."
(le même sujet , tableautin traité (fin 17° Siècle) comme le 5° Mystère Joyeux dans la toile du Rosaire à Muro, Pieve de Sant Andrea, en Balagne)
Bastia, église paroissiale Saint Jean-Baptiste:
à nouveau merci à M.E. Nigaglioni pour cette photo et son commentaire, p.19 (idem, Inventaire de la Ville de Bastia):"Copie d'une oeuvre de Bartolomeo Manfredi (1582-ap 1622), imitateur de Caravage, conservée à Florence à la Galleria degli Uffizi " . Provient de la collection du cardinal Fesch.
(quel récit! un savon bien mérité, côté parents, et une réponse bien dérangeante, presque cinglante, de la part du fils - ou, vu du petit bout de la lorgnette, de la difficulté d'élever un enfant surdoué et différent lorsqu'on est des parents à peu près normaux ...
Curieusement, il est à noter, donc, que cet épisode douloureux appartient, dans la série des Mystères du Rosaire, au cycle des Mystères Joyeux: première révélation de son ministère divin)
Et Saint Luc de poursuivre:
" Il redescendit alors avec eux et revint à Nazareth; et il leur était soumis. Et sa mère gardait fidèlement tous ces souvenirs en son coeur. Quant à Jésus, il croissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes."
Les quatre glaives suivants concernent la Passion du Christ
4- La rencontre par la Mère de Jésus portant Sa croix et montant au Calvaire:
(Aiti - Pieve de Vallerustie - 4° station du chemin de croix, Jésus rencontre sa mère, Giacomo Grandi)
... tradition orale, épisode absent des Evangiles, de même que la rencontre avec Sainte Véronique ...
5- Marie debout au pied de la croix.
( à Piedicroce -Pieve d'Orezza- l'autel de la Crucifixion, peinture de Giacomo Grandi, 2° moitié du 18° siècle.)
avec le Stabat Mater de Pergolèse , Soprano Katia Ricciarelli et Contralto Lucia Valentini
Choeur et orchestre and Orchestra de La Scala, sous la baguette de Claudio Abbado, en 1979.http://youtu.be/mNt13Vw-K6Q
et avec l'Evangile selon Saint Jean:
" Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère, la soeur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. Voyant sa mère et près d'elle le disciple qu'il aimait, Jésus dit à sa mère: " Femme, voici ton fils. " Puis il dit au disciple: "Voici ta mère." A partir de cette heure, le disciple la prit chez lui. "
et avec la musique intérieure du Stabat Mater de Marc-Antoine Charpentier, interprété par le Concert des Nations sous la direction de Jordi Savall à la Chapelle Royale de Versailles:
http://youtu.be/QYlEo0hbPEM
( Quenza - pieve de Scopamene -
la Tenture du Sepolcru, anonyme, fin 17°? )
6- La descente de Jésus de la croix et la remise à Sa Mère.
(avec J.S. Bach: Christ lag in Todesbanden, sous la direction de Ton Koopman)
http://youtu.be/hD--wsX79f8
(13° station du chemin de croix de Vallica - Pieve du Ghjunsani - Giacomo Grandi)
avec l'Evangile selon Saint Marc:
"Déjà le soir était venu et comme c'était la parascève, c'est-à-dire la veille du sabbat, Joseph d'Arimathie, membre notable du Conseil, qui attendait lui aussi le Royaume de Dieu, se risqua à aller trouver Pilate et à lui demander le corps de Jésus. Pilate s'étonna qu'il fût déjà mort et ayant fait appeler le centurion, il lui demanda s'il était déjà mort. Informé par le centurion, il octroya le corps à Joseph. Celui-ci , ayant acheté un linceul, descendit Jésus de la croix, l'enveloppa dans le linceul et le déposa dans un tombeau qui avait été taillé dans le roc; puis il roula une pierre à l'entrée du tombeau. Or, Marie de Magdala et Marie, mère de Joset, regardaient où on l'avait mis."
Speluncatu -Balagne - la très belle Déploration du Christ, anonyme 18° siècle. Dans l'esprit de Greuze.
7- L'ensevelissement de Jésus dans le sépulcre.
... en trois temps ...
avec le lamentu di Ghjesu chanté par Jacky Micaeli
http://youtu.be/zhKeAAiKyvo
( Giacomo Grandi, Vallica - pieve du Ghjunsani- 14° Station du chemin de croix: Jésus mis au tombeau)
(Aiti -"petite Castagniccia" - 14° station du chemin de croix, Giacomo Grandi: le vide de l'absence, lamentu di Ghjesu)
( Le même sujet, peint pour Gavignano- pieve du Rustinu - par Francescu Carli (2° partie du 18° siècle) : cette fois, on ferme, c'est fini.)
Revenons à Belgodère
(la procession reconduisant le 16 septembre dernier la statue de la Vierge à l'église paroissiale ...)
Pour cette fête paroissiale de Belgodère, toujours très vivante, les confréries de la région ont animé avec ferveur la messe et la procession: et comme m'a dit une dame du village, "à cette date on se retrouve entre nous" ...
avec, en prime, ce petit reportage sans prétentions réalisé par des amis, lors de la fête de la Vierge des Sept Douleurs à Belgodère, ce dimanche 16 septembre 2012
https://skydrive.live.com/#cid=462E64BB7B5B8342&id=462E64BB7B5B8342%21278
(Merci à Claude et Jacqueline!)