11/01/2011
la mort en vol
"La table des dieux est desservie" (Hegel)
Hier matin dans le maquis sous Belgodère
cette masse étrange qui pend sous le pylone
foudroyée sur la trame de nos appétits
accrochée par les serres tête en bas
misérable
puis tombée et cherchée à travers le roncier épais
c'était une buse variable ...
prise de loin tout d'abord pour un aigle par les néophytes que nous sommes: un couple d'aigles habite notre région et il y a quelques années, nous en avions vu un, mort, dans un champ de la plaine de Belgodère. Son compagnon ou sa compagne avait, quelques jours durant, tournoyé en criant au-desssus de nos têtes ... en quête de sa moitié? Impressionnant.
Aigle ou buse, la mort d'un rapace nous touche toujours : notre part résistante de liberté en vol.
Gènes antediluviens:
espace jeu lumière vent subtil jusqu'au bout des rémiges
Au fait, rêvez-vous que vous volez?
l'aile fracassée...
A notre appel, Jean-François SEGUIN, le spécialiste des oiseaux de Corse pour le Parc Naturel Régional de la Corse s'est déplacé pour identifier et recueillir ce malheureux rapace victime de notre réseau électrique, selon toute vraisemblance. L'analyse poussée de la dépouille de notre buse nous informera sans doute mieux sur les risques induits par l'implantation des lignes électriques de la région: on ne se modernise pas sans casse ... même si la Corse reste un paradis à bien des égards pour nos rapaces ...
Rencontre avec un homme passionné et passionnant, amoureux de la nature et de la Corse et doublé d'un excellent photographe!
Allez donc visiter son site d'images:
seguin-images
14:27 Publié dans nature | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : buse variable, aigle royal, jean-françois seguin, parc naturel régional de corse | Facebook |
06/01/2011
petite brève du Purgatoire: "Organo pleno" en Corse mardi 28 décembre 2010
Sur FRANCE-MUSIQUE, le deuxième volet de l'émission d'ORGANO PLENO, de Benjamin François,
ce 28 décembre dernier.
(Un des plus beaux instruments emblématiques de la Balagne: l'orgue anonyme de la confrérie San Carlu, 1733, restauration de B. Formentelli en 1976: si mes oreilles ne m'ont pas trahie, c'est ici qu'a été jouée et enregistrée la toccata de Zipoli, par Dominique Ferran (in "Zipoli l'Européen, les chemins du Baroque, CD K 617 037, en 1993) - Au fait, une véritable discographie des orgues corses eût été bien venue dans cette émission ou, à défaut, sur le site de Benjamin François)
J'ai écouté hier en différé cette deuxième émission sur les orgues de Corse. En vérité je reste perplexe sur les intentions de Benjamin François: voulait-il faire découvrir les orgues de Corse et à quel public s'adressait-il? Connaisseurs? "grand public" ? Quoi qu'il en soit ce deuxième volet, plus intéressant en soi que le premier, m'a semblé davantage dédié à la voix qu'aux orgues de l'île: il eût mieux trouvé sa place dans une étude sur le chant polyphonique en Corse.
Toute cette émission repose sur une idée sympathique mais irréelle quant aux pratiques d'aujourd'hui, celle d'un alternatim entre les chants polyphoniques et les interventions de l'orgue.
Parole de coliturge, si je m'avisais de pratiquer cette alternance improvisée entre les versets chantés par les chantres du village lors du Kyrie, du Gloria ou de l'Agnus en situation de messe à Speluncatu, je m'attirerais les foudres de mon curé, toujours "à la bourre" entre deux offices!
Que cet alternatim ait existé par le passé, on peut le penser, à une époque désormais révolue où il y avait au moins un prêtre par paroisse et où les cérémonies se déroulaient avec tout le temps et le faste requis ...
Les interventions fort savantes de nos amis de Pigna témoignaient de leur travail depuis des décennies pour le riacquistu du patrimoine culturel de la Corse. En revanche je doute qu'à l'écoute de cette émission les auditeurs non initiés aient découvert réellement ni la diversité du patrimoine organistique de l'île, ni la pratique actuelle du chant dans les villages.
Pour les orgues, on aurait aimé en savoir un peu plus sur la composition de ces instruments, goûter, comme on goûte les vins de terroir, la saveur particulière de tel ou tel jeu, du cornetto, de la voce umana ... et si les interventions à l'orgue Viviane Loriaut sont toujours aussi musicales (ah! le Tiento de Correa!) on aurait apprécié qu'elle nous fasse entendre cet orgue Agati-Tronci de Rogliano aussi avec un répertoire du dix-neuvième siècle, ce qu'elle fait également très bien (voir sa discographie). Bref, un grand nombre d'orgues corses datant du 19° siècle il me semble très réducteur pour le public de n'évoquer que la musique ancienne de nos très chers Frescobaldi ou Correa de Arauxo !
La tribune et le buffet de l'orgue de Roglianu, église sant Agnellu, qui abritait au 18°siècle l'orgue LAZARI de 1731. La reconstruction et l'agrandissement de cet orgue par la firme Agati-Tronci en 1888 va mettre en danger l'ensemble...
la tribune, alourdie par l'augmentation des jeux, est menacée d'effondrement et lors de la restauration en en 1988, J.F.Muno va installer l'orgue restauré dans une chapelle latérale: c'est cet instrument que nous avons entendu lors de l'émission du 28 décembre.
l'esthétique musicale de cette fin 19° siècle se traduit par l'abondance des jeux " da concerto", où en particulier les anches se font la part belle ...
Il est bien évident que la composition (6 rangs de ripieno décomposé + flauto + voce umana) d'un petit orgue comme celui-ci à Costa, anonyme du début 19°siècle, évoque une toute autre pratique musicale ... plus proche de l'esthétique classique italienne des 17° et 18° siècles et servira d'autres musiques. C'est ce qu'on aurait aimé percevoir dans l'émission de Benjamin François.
Par ailleurs quelques erreurs "d'étiquetage" des plages sonores ont embrouillé l'écoute ... du moins pour les connaisseurs. Peu importe sans doute: probablement estime-t-on en haut lieu qu'un orgue en vaut un autre et que tous les interprêtes sont interchangeables ...
Enfin, à nouveau on peut s'étonner de ne pas avoir appris ce qu'a été et ce qu'est toujours "ROC" (Renaissance de l'orgue corse), cité dans l'émission mais sans explication. Etrange zappage qui occulte une masse de travail et de connaissance sur l'orgue corse.
***
Venons-en au chant.
L'histoire de cette réappropriation mériterait plus qu'une note brève de réaction à cette émission.
Pour faire court, disons seulement ceci: le propos du chantre et confrère de Roglianu, évoquant la transmission naturelle et tranquille du chant entre les générations m'a paru ce qu'il y avait de plus juste et de plus réaliste. Certes il a été nécessaire dans différentes communautés de renouer avec le chant du village grâce au travail "musical" de certaines personnalités, mais heureusement ce travail initial ne s'est pas sclérosé dans un seul mode opératoire et notre expérience du chant s'est rapidement affranchie de tout calque extérieur: avant tout, le chant, ce sont des gens qui le passent, qui l'expriment avec leurs qualités particulières et parfois aussi leurs manques. Il n'y a pas un seul modèle labélisé pour porter le chant, une seule démarche "esthétique" pour recevoir l'estampille AOC du chant corse ... Il n'est souvent pas nécessaire d'ornementer de façon savante pour être "juste" Ni du reste d'être dans la polyphonie pour être corse.
J'ai le souvenir d'un Libera me terriblement simple et poignant, chanté à voix seule par un vieux monsieur de Muro pour l'enterrement d'une jeune femme: on était là aux antipodes de ces beaux chants polyphoniques qui plaisent tant aux amis touristes, mais on était dans la réalité profonde de ce chant d'adieu et d'accompagnement. Des souvenirs comme celui-là, j'en ai beaucoup qui témoignent avant tout d'une façon simple d'être au chant, rien de savant, mais tout dans la présence sans tricherie, dans l'intention et le partage.
A ce sujet, seulement un autre souvenir: sur cette vieille photo que j'aime beaucoup, l'on voit Ceccu Saladini au centre, chantant en compagnie de Nunziu et de Santu. Pour les amis du Ghjunsani, ces noms disent beaucoup ... Nous avions ensemble travaillé à la renaissance des chants religieux d'Olmi Cappella et pour moi cette période privélégiée m'avait ouvert les oreilles et le coeur, me conduisant par la suite au travail communautaire de la messe de Speloncatu .
Un peu plus tard, Ceccu, après le décès de sa chère épouse, affligé et fatigué, avait désormais refusé de chanter encore pour l'église. Jusqu'au jour où une vieille dame amie décèda à son tour à Piuggiula: et là, contre toute attente, Ceccu, pour la dernière fois, lui a fait, nous a fait le cadeau de sa présence. Dans la petite église bondée, vous auriez entendu voler une mouche: nous étions suspendus à la voix de Ceccu, voix d'asthmatique et de cardiaque. Avec lui, le bassu et la terza accompagnèrent ce jour là ce filet de voix dans un murmure doux comme une ultime berceuse, un ultime viatique pour Angèle ...
Cette émotion là me parait bien loin de l'apprentissage formaté de la riuccada ou de l'harmonie traditionnelle. Tous ces groupes vocaux qui interprètent avec leurs voix magnifiques le répertoire traditionnel des villages sont parfaits en concert mais sans doute plus proches des conservatoires de musique que des communautés villageoises elles-mêmes. Ils n'ont sans doute plus grand chose à voir avec le travail solidaire et de longue haleine mené par les confréries des villages ni avec leur rôle au sein des villages ... Deux mondes distincts.
Ici les trois chantres qui chantent a Nanna à Olmi Cappella (entendue au cours de l'émission)
in: Chants religieux et Orgues de Corse,
double CD avec les orgues d'Olmi Cappella et de Muro,
Marie Hélène Geispieler à l'orgue.
Disque CORIOLAN COR/GPP 325 0401
(à suivre)
11:29 Publié dans brèves du purgatoire, corse, orgues historiques de Corse, patrimoine, patrimoine du chant corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : benjamin françois, organo pleno, dominique ferran, orgues de corse, chant polyphonique de corse, alternatim voix et orgue, ceccu saladini | Facebook |
03/01/2011
Gaspard et Muriel à Occjatana
Ce mardi 28 décembre 2010
à OCCHJATANA, patrie du poète u Magiurellu
Gaspard et Muriel ont choisi de se marier, en présence de leurs trois enfants: Martin, Noé et Alice,
dans ce qui fut la salle de classe où Gasparu le petit sauvage avait appris à lire et écrire sous la férule de son bon maître, Santu MASSIANI ...
Santu pour l'occasion nous a offert ce poème plein d'émotion, pour ce village d'Occhjatana , où il passa ses premières années d'instituteur et où sont nées tant de promesses tenues (c'est ici , dans les années 70 du riacquistu, que i Muvrini - les enfants Bernardini et leur père - sont "nés", ) et pour nos enfants Gaspard et Muriel:
(Santu)
" Ci sarà un locu sceltu
Fattu à strette è pughjaline
Una sala una corte
Colm’à rise zitelline
Issi ricordi tramandati
Di canzone casaline
Issi ricordi d’un dulciore
D’un paese l’addunita
Ochjatana la so ghjente
Da tanti usi ammanita
A so scola a palesa
In sapienza imbillita
A so scola è u scularu
A famiglia ellu fonda
Incù l’anni è po l’amore
Ci hè la vita chì feconda
Martinu, Noè , Alissia
In ste grazie ella abonda
Cari amici festighjemu
In stu locu aggarbatu
Di Muriel è di Gasparu
Quell’annellu alburiatu
Hè la gioa sò l’abbracci
D’un maestru furtunatu"
Merci, o Sa!
... et merci à tous d'être venus partager cette joie!
19:11 Publié dans famille | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : occhjatana | Facebook |
01/01/2011
le jardin
" Le seul fait d'exister est un véritable bonheur "
(Blaise CENDRARS)
Le petit dieu du jardin salué ce matin
vous souhaite une bonne année 2011
23:49 Publié dans nature | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
31/12/2010
2011: Auguri!
en 2011
que nos pensées les meilleures fassent leurs fruits
pour l'offrande et le partage
(l'orgue de Corbara, restauré par Hartmann en 1979, en cours de relevage par les facteurs d'orgue Alain FAYE et Alain SALS, et de restauration pour la tribune et le buffet par Ewa POLI)
que nos orgues retrouvent leur voix la plus belle
(l'ange au violon, Valle d'Orezza, confrérie) et qu'en tous lieux et toutes choses ... (l'ange à la cetera, Valle d'Orezza, confrérie)
se restaurent et règnent la paix et l'harmonie!
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