14/03/2011
Un serpent nu dans le Jardin
Aujourd'hui, récit de la Genèse,
avec Philippe JACCOTTET, la BIBLE, les infos, l'invention de la mort et autres babioles ...
(Eve et le serpent, San Quilicu à Cambia)
"Un grand serpent disparaît dans les hautes herbes jaunâtres.
Le silence pèse. Vais-je imaginer qu'une femme le dérange, qui approche entourée de ses cheveux, vais-je apprendre ce que sont des yeux qui ignorent le temps, et comment on marche quand on n'a ni regrets, ni désirs? A-t-elle, pas plus liée par ses pieds au sol que la flamme à la bougie, le regard opaque (ou trop transparent) des bêtes? Est-ce pourquoi elle aurait prêté l'oreille à l'une d'elles? Le serpent nous répugne peut-être parce que nous savons son histoire. Elle, le voyait-elle seulement? Ce n'était qu'un éclair paresseux ou une eau lente. Elle était encore prise dans le globe clos du jour: lesquels de nos mots auraient-ils eu un sens pour elle? Sûrement pas danger, faute, mensonge ..."
(...)
" Je rêve à ce jardin dans la solitude irisée de cette combe. Je contemple un tremble dont pas une feuille n'est immobile, comme un clocher aux milliers de cloches, pour une obscure alarme. Les bêtes habitent avec tranquillité le Temps. C'est comme si rien n'était encore visible à aucun regard. Tout est encore à l'intérieur d'un sommeil illimité. Soudain, pour la première fois, ces yeux s'entrouvrent. Elle n'était pas différente des bêtes; à présent elle voit la distance, les couleurs, les ombres, la beauté insidieuse; elle voit que les choses changent, pourraient fuir, lui échapper. Elle s'alarme, se trouble; elle devient si belle que même les figures invisibles du ciel descendent vers son nid. Et de même qu'elle a été expulsée de la sphère divine, le sang sort de son corps, et coule, plus épais que l'eau. C'est le premier sang visible. Il enténèbre le sol.
A celui qui se penche vers elle, la terre a-t-elle jamais livré des simples pour ces blessures?"
(Prose au serpent: Philippe Jaccottet, Paysages avec figures absentes, nrf, Poésie Gallimard)
" Le serpent était nu,
plus que tout vivant du champ qu'avait fait IHVH Elohîm.
Il dit à la femme: ainsi Elohîm l'a dit:
"Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin" ...
La femme dit au serpent:
"Nous mangerons les fruits des arbres du jardin,
mais du fruit de l'arbre au milieu du jardin, Elohîm a dit:
" Vous n'en mangerez pas, vous n'y toucherez pas, afin de ne pas mourir."
Le serpent dit à la femme:
"Non, vous ne mourrez pas, vous ne mourrez pas,
car Elohîm sait que du jour où vous en mangerez
vos yeux se dessilleront et vous serez comme Elohîm, connaissant le bien et le mal."
La femme voit que l'arbre est bien à manger,
oui, appétissant pour les yeux,
convoitable, l'arbre, pour rendre perspicace.
Elle prend de son fruit et mange.
Elle en donne aussi à son homme et il mange.
Les yeux des deux se dessillent, ils savent qu'ils sont nus."
(La Bible: la Genèse, traduite par André CHOURAQUI)
Vous connaissez la suite - y compris les risques nucléaires majeurs que nous vivons aujourd'hui avec le drame du Japon ... Mais tout de même, de là à tout mettre sur le dos d'Eve et du Serpent! (je ne parle pas d'Adam, le pauvre homme, on le sait, il n'y était pour rien, il écoutait le dernier qui parle, le dernier avis, celui qui disait qu'il n'y avait pas de risque, pas de quoi s'alarmer ... et puis quoi, on allait bien voir !)
Adam et Eve et l'arbre de la connaissance: tympan de Santa Maria de Rescamone, à Valle di Rustinu
Je reprends quelques instants quelques passages de cette troublante "Prose au serpent" de Philippe Jaccottet:
"(...) Pourront-elles jamais cesser d'aimanter nos regards, elles, les fraîches, les douces, nos bergères, ces lueurs ou ces clés qui tournent dans l'obscurité, qui ouvrent le monde, en déplacent les murs, elles justement qui semblent des habitantes du Jardin, qui le recréent un instant autour de nous; mais on sent que ce n'est pas le même, c'est comme quand on voit deux images en surimpression, ou que derrière le plus beau ciel on se rappelle la nuit ou l'on pressent un orage, comme quand on devine le crâne sous la peau, c'est déjà plein de flammes derrière les fruits mûrs, les degrés ascendants basculent, le haut et le bas se confondent, le caché émerge, flambe, une odeur de dissolution gagne, comme si de toutes les beautés la plus irrésistible ne paraissait que pour nous faire sentir par un plus court chemin la mort. Bergères infernales.
(...)
Il n'y a jamais eu ni Jardin, ni Serpent. Mais nous sommes vraiment ici, voyant des choses au travers des autres, des dieux et des morts derrière les vivants, des anges et des flammes au milieu des plantes, tout ce mélange de chair et de fumée est réellement en nous. Il faudrait une bonne fois cesser de dire: " Quel est le chemin du lieu sans tache?" ou encore: " Pourquoi vieillis-tu, pourquoi pars-tu, pourquoi me trahis-tu?" Ou nous refusons cette limite, et nous refusons tout (par quelque forme que ce soit de délire, d'excès), ou nous l'acceptons, et nous vivons avec elle. Mais comment, si la croyance en une résolution des contraires avant ou après la mort ne nous est pas donnée? Faut-il briser, chaque fois qu'il se reforme, tout élan vers le Jardin, chasser le plus faible de ses reflets? Plutôt, ceux-ci, les saisir en leur rapide passage, sous toutes leurs formes (variables selon les temps, les lieux, les natures), les maintenir tant bien que mal, aveuglément, n'importe quelle lueur au mur d'une prison étant bienfait ..."
le Serpent et l'Arbre, Santa Maria de Rescamone.
08:52 Publié dans chapelles romanes corses, corse, la mort, poésie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cambia, castagniccia, adam et eve, le jardin du paradis, l'arbre de la connaissance, genèseanta maria di rescamone de valle di rustinu | Facebook |
11/03/2011
La champignonnière de Scata: un patrimoine menacé
Fin février, dans le petit village de Scata, pieve d'Ampugnani, diocèse de Mariana
... dans le crépuscule de cette fin d'après-midi l'église sainte Cécile et derrière, la confrérie sainte Croix ...
L'inventaire général du patrimoine de la Région corse a mené une étude du patrimoine de Scata , consultable sur le site du ministère de la Culture:
www.culture.gouv.fr/public/mistral/memoire_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=LOCA&VALUE_98=...
11:15 Publié dans corse, patrimoine, restauration du patrimoine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : scata, corse, castagniccia, sainte cécile, marc antoine de santis, giacomo grandi | Facebook |
10/03/2011
Deux videos autour de l'orgue de Costa
L' orgue anonyme (début XIX°s.) de l'église san Salvatore de COSTA
A prendre comme un témoignage amateur et amical de ce petit orgue attachant, classé Monument historique et restauré par Alain Sals et Alain Faye, pour la partie instrumentale, et par le regretté Pierre Sibieude , pour la partie décor de la tribune et du buffet (décor de Bernardu Zigliara, 1819). A propos de cette restauration, voir les notes des 4 et 7/12/ 2007.
Merci à l'ami Gerard Adriaanse (Pays Bas) qui l'a aimé, enregistré et envoyé!
17:05 Publié dans corse, découverte du patrimoine en Corse, orgues historiques de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : costa, orgue de costa, alain faye, alain sals, pierre sibieude, gerard adriaanse | Facebook |
07/03/2011
La petite musique céleste de Monacia d'Orezza
MONACIA D'OREZZA,
A MUNACIA D'OREZZA
Pieve d'Orezza, Diocèse d'Aleria.
en route pour Monacia d'Orezza (le 6/3 /2011) ...
La route est bien dégagée, mais encore beaucoup de neige sur cette montée de Morosaglia
A Monacia, Monsieur Joseph Fantini nous accueille avec beaucoup de gentillesse dans ce qui fut l'une des communautés les plus importantes de la pieve d'Orezza:
" La paroisse de Monacia avait deux paroisses annexes: Parata (et les deux anciennes paroisses qui lui sont unies, Poggiale et Piazzole) et Valle d'Orezza " (cf François Casta: Paroisses et communes de France, Corse, CNRS Editions, 1993)
Monsieur Fantini nous explique que la grande église paroissiale qui se dressait face à celle-ci s'est écroulée sous le poids de 4 mètres de neige (!) dans les années 1930 et qu'elle a été rasée dans les années 1970. Elle était dédiée à San Mamiliano, et portait le titre d'archidiaconat d'Aléria. On ne peut que regretter sa ruine: Monseigneur Mascardi, en 1589, dit que son abside était peinte ...
Nous entrons dans ce qui fut la confrérie San Carlu de cette communauté et qui est devenu depuis, par la force des choses , l'église paroissiale. Dans le choeur, cette merveille de décor peint par Giacomo GRANDI au XVIII°s (note corrigée avec la complicité de M.E. Nigaglioni)
avec là-haut, au fond, trônant avec majesté
cette belle tribune d'orgue en trompe-l'oeïl, en partie cachée par une peinture en très mauvais état de saint Mamiliano, probablement récupérée de l'église détruite. Ce qui nous prouve bien l'intérêt porté par ces communautés du XVIII° à l'orgue, l'instrument noble de la musique religieuse au côté du chant - j'espère avoir l'occasion de refaire une photo de cet ensemble: à cette époque et dans cette région, Giacomo GRANDI pouvait s'inspirer des orgues construits pour les couvents de la région: couvent d'Orezza (serait-ce celui qui a été récupéré par Carcheto?), de Casabianca (déplacé, selon toute probabilité, à La Porta), de Valle d'Alesani ...
En exemple, l'orgue Lazari (1750) du Couvent d'Alesani, encore en place dans l'église conventuelle: fait suffisamment rare pour être souligné (c'est que la Révolution française est passée par là, détruisant ou, au mieux, déplaçant les orgues des couvents)
Quant à la musique en général, on dit qu'elle adoucit les moeurs et certes nous emmène au paradis. Ici, dans la voûte du choeur, le grand saint Charles Borromée, San Carlu Borromeu, est ravi au ciel par la musique céleste de quatre anges musiciens:
un ange joueur de cetera,
un ange bucinateur
et son collègue
un ange violoniste
Tandis que, de part et d'autre de l'autel
prient deux confrères ...
Nous souhaitons ardemment que cette communauté désormais peu nombreuse trouvera le moyen de sauver et de restaurer ce patrimoine: l'édifice lui-même, puis le beau témoignage de ce décor peint par G. Grandi, auteur entre autres, du médaillon de Sainte Marguerite à Carcheto dans la voûte de l'église :
Je rappelle donc - et merci encore à l'historien de l'art Michel-Edouard Nigaglioni pour son accompagnement amical et sans faille! :
Giacomo GRANDI, peintre originaire de Milan, a choisi de vivre en Corse où l'on suit sa riche production picturale de 1742 à 1772. Après avoir vécu en Balagne dans le village de Monticello où il s'était marié, il se remarie en 1758 après le décès de sa première épouse avec une jeune fille de Quercitello , village qui surplombe La Porta, en Castagniccia, et y vit de nombreuses années avant de s'éteindre (1772) à Borgo où il est enterré.
Quant au thème des anges musiciens, on le retrouve illustré non loin de là:
à la confrérie de Valle d'Orezza: ici les anges musiciens, version cette fois RAFFALLI ...
Quant à San Mamilianu ... est-ce le bout de la queue du dragon qu'il occit avec un bâton au sommet de l'île de Giglio et qui frétille encore au bas de cette toile mal en point? Evêque de Palerme, déporté en Afrique par Genséric, roi des Vandales au V° s., échappé avec ses compagnons et réfugié sur l'île de Monte Cristo où il vécut en ermite ... Voir le chapitre qui lui est consacré par Geneviève Moracchini-Mazel dans"Corsica Sacra", p. 87.
09:37 Publié dans anges musiciens, corse, décors monumentaux en Corse, Musique, orgues historiques, restauration du patrimoine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : monacia d'orezza, san mamilianu, san carlu, stucateurs raffali, anges musiciens, valle d'orezza, corsica sacra | Facebook |
02/03/2011
3°/ les fresques de San Tumasgiu, suite et fin
3°/San Tumasgiu di Pastureccia, les murs sud et nord.
LE MUR SUD
Le mur sud a reçu un décor de fresques qui s'interrompt brusquement à la porte d'entrée latérale: on a malheureusement sans doute perdu une partie de cet ensemble.
LES SAINTS INTERCESSEURS
Jouxtant saint Michel et son inquiétante pesée des âmes, voici un espace intermédaire qui nous indique la voie à suivre et nous place sous la protection de ces saints, trois femmes et trois hommes, campés bien droits dans leurs niches encadrées de piliers. Intercession salutaire de ces saints et message d'espoir ...
Les trois saintes occupent la partie inférieure de cet ensemble et, malgré la dégradation nous pouvons reconnaître de gauche à droite:
... tout d'abord sainte Catherine d'Alexandrie, princesse martyre reconnaissable au baton de son supplice: nous avons perdu la roue dentée sur laquelle elle fut rouée de coups et déchiquetée. Cette sainte légendaire subit le martyre pour avoir tenu tête aux philosophes et orateurs convoqués en vain pour l'éloigner de sa foi chrétienne ... L'exemple de la rigueur d'une grande intellectuelle donc, dotée d'un courage bien agaçant pour cet empereur Maxence qui voulait la détourner de ses voeux au Christ et l'épouser...
Puis vient Sainte Lucie au beau visage mélancolique: elle tient d'une main une coupe contenant ses yeux arrachés, et de l'autre le couteau de son supplice. C'était à Syracuse sous Dioclétien en 304. Son nom, qui indique la lumière (lux), fait d'elle une sainte bien précieuse pour guérir tous les maux qui menacent de cécité les pauvres gens ... Une sainte omni-présente dans nos églises de Corse.
Enfin, notre chère Marie-Madeleine tenant sous le bras le vase contenant l'onguent précieux dont elle parfuma les pieds du Christ - au grand scandale des apôtres qui ne comprennent pas un tel gaspillage - pieds aimés qu'elle essuya de sa blonde chevelure dénouée ... Cette fois-ci, l'exemple de l'amour fait personne qui obtient par le repentir le pardon de sa vie dissolue: espoir!
A l'étage supérieur trois saints d'importance: à gauche le pauvre saint Jean-Baptiste n'est plus reconnaissable que par son vêtement d'ermite du désert: un manteau en peau de chameau. Son effigie est si altérée que l'on n'aperçoit plus qu'à peine un livre et la croix qui est d'ordinaire l'un de ses attributs . Les deux saints suivants se lisent plus facilement:
Saint Antoine Abbé, l'ermite du désert, appuyé sur son bâton en tau (je ne vois plus la clochette). Il a l'allure vénérable d'un vieillard à la chevelure et la barbe blanches, au front dégarni, au visage recuit dans la solitude du désert, plus de cent ans dit-on (251/356). Un exemple impressionnant de longévité dans la sainteté malgré ces fameuses tentations qui l'assaillirent sans relâche au cours de sa longue vie: une mine d'inspiration pour les peintres!
Sur leur droite, le visage juvénile de saint François, les mains transpercées des stigmates. Sa présence ici nous indique une dévotion bien particulière, véhiculée par les nombreux franciscains établis dès le XIII°s. sur l'île. Les fresques de notre chapelle San Tumasgiu ont-elles été commanditées par les franciscains ? Toujours est-il que toute son iconographie relève de la pastorale diffusée par les franciscains: la rédemption plus forte que la peur ...
Et pourtant!
L'ENFER
Succédant à l'espace des saints intercesseurs, voici la seule scènographie de l'enfer représentée - à notre connaissance - sur les fresques de Corse. Un monde agité et tourmenté qui contraste avec la stabilité digne de nos saints.
On a du reste l'impression que cette représentation s'interrompt brutalement à gauche, peut-être recouverte en partie par celle de nos saints intercesseurs.
La vérité est qu'on ne semble pas s'ennuyer en enfer ...
Une armée d'affreux démons s'affairent autour des damnés, à chacun sa spécialité. Ici, l'on traite la goinfrerie: voilà où conduit trop de gourmandise. L'enfer, c'est la satiété, qu'on se le dise! Notre société gavée ferait bien d'y réfléchir.
La luxure: "que reste-t-il, de nos amours ?" hélas! bonnes gens, prenez garde, les "feux de l'amour" se sont transformés en supplice ardent ... la bestialité jusqu'à en perdre la conquête de la verticalité humaine .
Dans la fournaise de ce monde suractif, plus de méditation possible, ce n'est plus le moment. C'est le passage à l'acte répétitif, sans imagination, sans délectation, sans repos, sans espoir ...
Et pourtant ...
Dans ces chaudrons sur le registre inférieur de l'Enfer, qui portent les noms des péchés capitaux: avaritia, lusuria, ira ..., surveillés et touillés par les démons, je trouve bien paisibles ces visages presque souriants: ne serait-ce pas une version infernalisée du Purgatoire, et nos âmes mises à la casserolle n'attendent-elles pas la fin de leur purgation, grâce à l'entremise des bons saints protecteurs ?
Peut-être prennent-elles patience et espèrent-elles leur salut malgré leur souffrance en contemplant la Passion de leur Sauveur, sur le mur d'en face ?
***
LE MUR NORD:
SCENES DE LA PASSION
Cette paroi Nord a terriblement souffert, mais ce peu qui nous reste témoigne de la grande intériorité de cet artiste inspiré .
En haut à droite, la Cène. Le fresquiste choisit de raconter l'instant où Jésus annonce que l'un de ses disciples va le trahir ce soir même: sur la table, le pain et un flacon de vin. Jean se penche vers Jésus - effacé en partie -
De l'autre côté de la table, les apôtres, saisis de profil , la main sur la poitrine s'interrogent dans une grande agitation.
Suit la scène du Jardin des Oliviers:
Dans l'angoisse de ce qu'il devoir advenir, Jésus veille seul, entouré de ses disciples endormis.
Suit l'arrestation puis la comparution devant Pilate.
La flagellation ...
... et enfin cette bouleversante crucifixion. Derrière la croix, les murailles de Jérusalem. Au pied de son fils à l'agonie, la Mère , mains serrées sur un geste d'affliction:
"Stabat Mater Dolorosa
Juxta Crucem lacrymosa
Dum pendebat Filius"
les yeux ouverts sur l'abîme intérieur, muette dans sa douleur:
"Vidit suum dulcem Natum
Moriendo desolatum
Dum emisit spiritum"
et le regard du Fils, jusqu'au bout, dans un beau visage marqué par la souffrance et la compassion.
Lui fait pendant, non loin de là, sur le pied droit à gauche de l'arc, sous l'archange Gabriel, ce visage épuisé du Christ aux yeux clos, ce qui nous reste d'une scène ultime: Ecce Homo? Mise au tombeau ?
***
Enfin signalons, dans l'abside, quelques visages surgis d'on ne sait où:
... qui appartiennent à une fresque antérieure ...
Voilà ce qu'il falloir bientôt restaurer, sans rien ajouter. Les artistes qui auront la charge de cette restauration vont vivre de longs moments dans l'intimité de cette chapelle ... Je leur (nous) souhaite toute la sérénité nécessaire pour renouer le dialogue avec le maître fresquiste de cette fin du XV°s. et apprivoiser l'absence de toutes ces figures définitivement détruites qui nous manquent aujourd'hui.
22:40 Publié dans chapelle San Tumasgiu di Pastureccia, corse, fresques de corse, patrimoine des chapelles à fresques en Corse, restauration du patrimoine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : castellu di rustinu, san tumasgiu di pastureccia, fresques de corse, représentation de l'enfer, purgatoire, représentation de la passion du christ | Facebook |