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17/04/2011

Brève du Purgatoire: l'église piévane San Giovanni Battista de Tuani

La Piévanie de Toani

 


san Giovanni Battista piève de Toani.jpg

Le site de cette église en ruines jouxte l'ancien couvent franciscain observentin de Tuani (" E hanno in questa pieve, li frati Minori de Santo Francesco, uno monastiro non manco bello di edificii che di  sito": Agostino Giustiniani, in  Description de la Corse  [premier tiers du XVI ème. s] , publié par Antoine-Marie Graziani) , admirablement implantée dans le paysage entre les communautés de cette Piève de Tuani, à la croisée des chemins entre les anciens villages médiévaux :

li Quercioli ( village disparu au nord de Belgodère), Belgodère, Ochjatana, le Ville (Ville di Paraso ne prendra ce nom qu'à la fin du XVIII°s.), la Costa ( centre de la pievanie),  le Cavalleragie ( disparu, au sud du couvent), Speluncato  (cette dernière communauté  était partagée entre la Pieve de Tuani et celle de Sant'Andrea)

Ecoutons à nouveau Monseigneur Giustiniani, à travers l'introduction d'Antoine-Marie Graziani (idem, Description de la Corse, Editions A. Piazzola, p.LXX) :

 

" Cette pieve (...) se réduit à trois Capelle à l'intérieur desquelles se partagent les différents villages habités.


- Capella San Gavino ou Communauté de Belgodère

- Capella San Bartolomeo ou Communauté d'Occhiatana. Elle comprend Occhiatana et Costa.

- Capella San Simone de Ville di Speloncato. Elle est composée de Ville, Rusto, Olivacce, Querci et Cavaleraccie."

(Relazione della Prima Visita Pastorale)

 

***

Le lieu-dit porte le nom de Pieve.


le mur et la porte ouest blog.jpg


Ce matin, visite mélancolique de ce beau lieu: nous nous tenons à une distance raisonnée du troupeau de vaches qui désormais fréquente assidûment le lieu et peut efficacement se gratter le dos sur les pierres de l'église. Chronique d'une ruine avancée, acceptée.

 

Des tuiles et des briques romaines trouvées sur le site évoquent une implantation antique: toute cette région généreuse de Balagne connait l'agriculture depuis le néolithique, et la présence romaine poursuit naturellement l'histoire de l'occupation humaine. Qu'y avait-il dans l'antiquité ? On peut penser à une colonisation agricole des Romains dont nous retrouvons la présence non loin de là, entre autres sous Speluncato, avec "I Bagni", restes de thermes romains ... 


Aujourd'hui les ruines de cette importante église piévane (22m de longueur sur 9 m de largeur) montrent une reconstruction tardive, sans doute au XIVème siècle, d'un sanctuaire de l'époque pisane romane (XI°s. ?). Pour une raison que nous ignorons, l'abside en cul de four à l'est nous manque,

 

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et l'arc triomphal ouvre désormais sur un choeur plat ...

La végétation envahit le sol, mais aussi les murs , continuant de desceller les pierres

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comme ici, ce lierre vigoureux qui vampirise le mur nord est

bandeau sculpté sous l'arc blog.jpg

De nombreux éléments sculptés ou taillés ont été réemployés lors de la reconstruction du XIV° S., comme ici ce bandeau orné de petits cercles,

pieve de Toani pilastre intérieur blog.jpg

où là , au-dessus des pilastres à pans coupés


  

Les belles dalles de revêtement, en granit blanc, ocre ou gris ont retrouvé une place, ainsi que la polychromie des claveaux alternant le gris sombre et le blanc, dans les arcs de décharge au-dessus des portes:

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ici la façade ouest

mur nord et porte blog.jpg

 

et là, la porte du mur nord. A côté, la béance d'une plaie ouverte, pierres arrachées.

 

porte ouest et Ville blog.jpg

(à travers la porte ouest, Ville di Paraso)

Voici donc ce qui reste de ce qui fut le coeur de cette Pieve de Tuani:

Là où venaient se faire baptiser  et juger (" a petra all'arringu" , l a pierre de justice, autrement dit le Tribunal se tenant le plus souvent près de l'église piévane : "on prêtait serment sur la petrall'arringo qui était souvent le couvercle d'une des sépultures entourant la piévanie"- G. Moracchini Mazel,les églises romanes de Corse, p. 202)  tous les habitants de cette pieve fertile, sous la protection de de San Giovanni Battista, c'est une ruine désormais abandonnée à la  villégiature des vaches et des taureaux qui viennent s'y frictionner l'échine entre deux meuglements printaniers. J'émets le souhait que nous trouvions prochainement  pour ce lieu significatif er chargé d'histoire - bien que situé sur un terrain privé-  une solution pour le conserver comme patrimoine insigne de cette communauté de la pieve de Tuani, voire, pour que nous puissions, un jour, envisager sa restauration ...

Notons enfin que le titre d'église pievane échut dès le le XVI°s. à l'église voisine San Michele de Speluncato: " ... chiesa di San Michele, che di presente serve per la chiesa plebania di Tovani, il titro pero di S. Gio. Battista, chiesa situata nella pieve di Tovani; resta mezzo miglia lontano da Speloncato vicino alli frati Riformati ..." (Mgr Marliani, 1646)

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La petite église paroissiale San Salvatore de Costa conserve sans doute quelque nostalgie de ce titre piévan, comme en témoigne cette peinture   ( F. Giavarini, début XIX°s.) de la voûte représentant le martyre de san Giovanni Battista, le saint patron de l'ancienne église piévane de Tuani.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



11/04/2011

Jeudi 14 avril, la Montagne des Orgues ...

Une balade dans la Pieve de Tuani

 

 

Jeudi 14 avril, exceptionnellement le parcours musical de la Montagne des Orgues se fera à pied: une invitation à vivre le patrimoine au pas de l'homme sur ces sentiers fleuris et odorants récemment réaménagés et balisés...

 

façade couvent blog.jpg

(l'église du couvent de Tuani)

 

L'accueil se fera à Costa, sur la route au niveau du village et la balade commencera au couvent de Tuani, en direction de Ville di Paraso, en passant par l'église pievane saint Jean Baptiste  puis de Speluncatu où l'on grimpera jusqu'à la Cima avant de rencontrer la Collégiale santa Maria Assunta et son orgue historique Crudeli, puis l'on redescendra  en passant par la chapelle de l'Annunziata vers Costa où l'on pourra boire l'eau délicieuse de sa source et découvrir l'église San Salvatore et son petit orgue anonyme du début 19°s.

L'occasion de s'imprégner pas à pas de l'histoire de ces communautés ...

 

Rendez-vous à 8h30 à Costa. Prévoyez un pique-nique et de bonnes chaussures.

 Inscriptions et renseignements:

04 95 61 34 85

06 17 94 70 72

 

Ville et Speluncatu.jpg

(Ville di Paraso et Speluncatu)



10/04/2011

Lumière

à la lumière d'avril, au bord des chemins ...

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... dans les jardins de la Balagne la danse des oliviers ...

 

 

 

 

 

 

 

05/04/2011

Balade sur les sentiers de Costa à Speluncatu ...

 

Sentiers de Balagne:

Dimanche matin, impossible de rester enfermés par ce beau temps.

Nous décidons de tester un parcours au pas de l'homme de la Montagne des Orgues : départ de la gare de Belgodère, puis Costa, Couvent de Tuani, Ville di Paraso, Speluncatu ... et retour.

devant le poteau.jpg

Départ au matin depuis la gare de Belgodère

sentier vers Costa.jpg

un enchantement floral: anémones , euphorbes, petits arums encapuchonnés, pastels, bourraches, pâquerettes, asphodèles, mourons et myosotis minuscules et leur fervent langage de vie ... corolles, étamines, anthères, stigmates, pétales, styles, pistils, calices, ovules, ovaires, réceptacles ...

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fleurs habitées et zonzinnantes de bourdons et d'abeilles

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petit crochet par San Bastianu, avant de terminer la grimpette vers Costa

 

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Sur la place de Costa, silence paisible, presque trop: où sont donc passés les enfants d'antan?

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 l'église san Salvatore

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 ... et toujours le même plaisir d'y retrouver son petit orgue ... Puis l'ancien couvent franciscain observentin de Tuani, d'où nous prenons le sentier de Ville di Paraso:

 

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tout près du couvent, les ruines de l'église San Giovanni Battista, ancienne piévanie de Tuani, récupérée par la suite par san Michele de Speluncatu : une église romane entièrement reconstruite vraisemblablement  au 14° siècle.

église pievane costa.jpg

Derrière l'église, on aperçoit E Ville di Paraso et, plus haut, Speluncatu ... Dans le champ, pas le moment de traîner: beuglements des vaches et des  taureaux, c'est le printemps vitaminé!

 

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Une fois passé le beau village d' E Ville di Paraso, et grimpé le raidillon vers Speluncatu, nous voilà bientôt arrivés à la Collégiale Santa Maria Assunta

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... et son orgue Crudeli ...

 

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En redescendant de Speluncatu, visite amicale à la petite chapelle de la Nunziata

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aux murs gravés de pieux graffitis

 

à l'intérieur de l'Annunziata.jpg

et par la porte béante, en face, le couvent de Tuani que nous regagnons

 

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au retour, à l'entrée de Costa, le lavoir et la source généreuse à l'eau si légère

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traversée de Costa, puis nouveau sentier ...

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encore l'eau vive d'une source aménagée

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et le long du sentier, la récolte des olives sur un lit de pâquerettes

 

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 sentier dallé, ombragé

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 et son pont génois par-dessus la rivière du Pinzu Corbu:

nous voici quasiment revenus, après quelques cinq heures de marche tranquille ... Si ça vous dit, c'est la bonne saison!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

30/03/2011

Chemins de Croix de Corse

(En ce temps de préparation de la Semaine Sainte, j'évoque à nouveau ce patrimoine populaire des Chemins de Croix : réédition ...)
à propos des Chemins de Croix peints en Corse.
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Ière Station: Jésus est condamné à mort.
Dans nos églises de Corse, il n’est pas rare de rencontrer ces images du Chemin de Croix, peintes à partir de la fameuse prédication de saint Leonardo da Porto Maurizio, venu sur l’île en 1744 en pleine révolte des Corses contre Gênes  et sur la demande conjointe des Corses … et de Gênes. Sa mission  avouée: prêcher la réconciliation contre la coutume de la vendetta, très meurtrière à cette époque, et d'autre part prêcher la dévotion du Chemin de Croix.

Sa mission inavouée, pour lui, le franciscain ligure d'Imperia: remettre au pas ces Corses turbulents et ingérables, les faire rentrer dans le giron de Gênes ... ce qui fait de lui une sorte d' agent-double sexagénaire très efficace sous son habit de moine. Nous reparlerons de cet évènement une autre fois, ce saint visiteur méritant d’être rencontré de plus près, tant il a marqué de son influence la dévotion populaire à l’époque : ce franciscain au verbe inspiré a développé cette vénération du Chemin de Croix en Corse, qui aujourd’hui encore se déroule dans nos églises avec une si grande ferveur, traditions et confréries à l'appui. Pour aider le peuple à vivre pleinement la Passion du Christ et "encadrer" cette dévotion, saint Leonard a encouragé la réalisation de « séries » de peintures représentant les quatorze stations du Chemin de Croix. La pédagogie par l'image, d'autant plus fortement vécue qu'elle est déambulatoire et chantée : le corps et l'esprit en mouvement.

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IIème Station: Jésus reçoit la Croix sur ses épaules.

 Le drame se met en place: acteurs, spectateurs, costumes identifiant les protagonistes...

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IVème Station:Jésus rencontre sa Mère très affligée.

 La Vierge, reconnaissable à son manteau bleu, se fait bousculer par la soldatesque. Derrière elle, Marie-Madeleine tient à la main le flacon de parfum. A droite, un féroce soldat fait avancer Jésus enchainé en le fouettant. Dialogue de proximité entre la Mère et le Fils, inscrit dans un cercle de silence.

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 Même station, ailleurs: la Vierge, pâmée, impuissante, reçoit en plein coeur la souffrance dynamique du Fils qui marche en parallèle vers son destin, ployé sous le poids de la Croix: entre eux, le vide et déjà l'absence.

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 6ème station: sainte Veronique, bravant le danger, se fraye un chemin entre les gardes et essuie le visage de Jésus.

Dernièrement j'ai circulé avec un passionné de tauromachie qui m'a signalé que ce geste de pieuse compassion a donné son nom à une célèbre passe : " la Véronique ", où le torero présente sa muleta face au taureau...

J'avoue mon incompétence en la matière, mais je dois dire que cette remarque a fait remonter en moi un fort souvenir: c'était le mois de juin 1989, nous étions, Pierre et moi en chemin à pied vers St Jacques de Compostelle, arrêtés pour une étape à Burgos. Il y avait ce soir là une corrida dans les arênes et Pierre m'avait convaincue que c'était l'occasion ou jamais d'assister à ce genre de choses, ce qui, honnêtement, ne m'attirait franchement pas du tout et même m'angoissait d'avance. Je ne veux pas ici raconter cette expérience particulière, sinon dire la perception physique, électrique, très chaude, de la foule excitée (ce que je n'avais plus ressenti depuis mai 68), se levant comme un seul homme à certaines passes, hurlant ses insultes lorsque dans l'arène est apparu un taureau qui refusait le combat malgré les blessures et qu'il avait fallu sortir avec l'aide de ces dames génisses... Tout ce que je sais, c'est que le petit appareil photo que j'avais acheté pour cette route de saint Jacques m'a lâché là, pendant cette corrida, et que je n'ai donc pris aucune photo de notre périple, seulement dessiné et écrit chaque soir... C'était mieux comme ça.

Ce tableautin fait partie de la très belle série d'un Chemin de Croix peint par Giacomo GRANDI en 1757. Restauré par Ewa POLI.

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Une 7ème station très méchante !

 

  Le plus acharné, le plus grotesque et bestial ( barbaresque, bien sûr) en a perdu son froc et toute dignité , mais pas son bonnet : il s'est drapé dans le manteau rouge (du Christ en dérision) qui lui cache "les parties honteuses". Les autres méchants, gardes romains à la solde du Mal, cuirasses et âmes noires, tourmentent aussi avec une rare violence le pauvre Jésus tombé sous le poids de la Croix : pourtant celui-ci, fidèle à son image, ne cesse de sourire doucement... Derrière, le spectateur enturbanné et impuissant (que nous sommes), Simon le Cyrénéen ... Choisissez vite votre camp!

(Chemin de Croix de Giacomo Grandi). 

 

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XIème Station: Jésus est cloué sur la Croix (Carcheto).

Dans ce tableautin d'une autre main que les précédents, le peintre semble avoir croqué quelques villageois de Castagniccia, une région réputée pour ses menuisiers (le chataîgnier y est roi: du reste je parie que la Croix a été taillée dans l'un d'eux). Regardez: le petit garçon bien dru sur ses jambes aide son papa en lui tenant gentiment le panier d'outil... Ici le pinceau de l'artiste se fait moins agressif, plus quotidien...

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Ailleurs, la même scène de crucifixion, mais évoquée de façon plus violente: les "méchants" bourreaux au visage basanné (l'autre!) se contorsionnent tandis que les "bons" assistent, impuissants, et restent sobres... L'index tendu du soldat au premier plan à droite souligne l'irrémédiable exécution du décret. Derrière lui, la foule des spectateurs...

                                      

 

Cette entreprise (nourricière pour les artistes de l'époque!) a enflammé l’imagination des peintres locaux qui ont su traduire avec force la dramaturgie de ces stations. Avec force, certes, mais aussi avec quelques fantaisies et quelques règlements de compte avec « l’autre », celui du mauvais côté du miroir, de la mer, celui qui razzie les villages, massacre, pirate, dont on garde des souvenirs douloureux au point aujourd'hui encore de traiter les enfants non baptisés de … « petits turcs » ! Et on force le trait des « méchants », délit de "sales gueules" basannées, grimaçants comme des diables, comme des turcs, des sarrasins, des maures, comme l’autre, quoi ! La règle étant que, comme dans toute bonne bande dessinée, l’on distingue du premier coup d’oeïl les bons (nous)  des méchants (les autres).

 Jésus se doit d’être paisible malgré la souffrance. Son visage reste humain en toute occasion, voire souriant : car il s’agit bien là d’exprimer son humanité face à la barbarie. Sa mère et les saintes femmes, elles aussi, gardent un maintien d’une grande dignité malgré la douleur. Leur gestuelle théâtralisée ne fait qu’exprimer des sentiments nobles et partagés par tous (nous) .  En revanche les bourreaux se doivent d'être bestiaux et manifestement cruels...

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XIIème Station : Jésus meurt sur la Croix.(Francescu CARLI)
Tout est consommé. La Mère et saint Jean au pied de la Croix ponctuant de leur gestuelle leur douleur: la Vierge, mains jointes dans sa prière nous invite à faire de même, tandis que St Jean, la main droite sur le coeur, accueille de son bras gauche largement ouvert toute la souffrance de la scène et nous implique dans le drame.  Jésus , livide, entre le bon larron ( à sa droite, comme de juste), qui tend son visage confiant vers le Christ, et le méchant larron bien noir, comme calciné par le Mal, et déjà ratatiné pour l'éternité!
Rappelons que Francescu Carli et Giacomo Grandi sont les deux peintres de cette deuxième moitié du 18°siècle les plus productifs pour le patrimoine religieux, en particulier en ce qui concerne ces Chemins de Croix.
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XIIIème Station: Jésus est déposé de la Croix.

Ici il n’y a plus de place pour les méchants : voyez comme Joseph d’Arimathie retient dans ses dents le suaire… Saint Jean reçoit les jambes du Christ. Marie Madeleine baise ses pieds. La Vierge souffre et prie…  Les visages sont graves et enfantins, signature particulière de ce bon peintre local d'origine toscane  (né en 1735 à Lucques) qui fit en Corse sa carrière d'artiste et sa vie ( marié à une corse de de San Lorenzo, en Castagniccia, il y finira ses jours en 1821). Il a beaucoup oeuvré dans les églises et "produit" de nombreux Chemins de Croix de cette facture efficace et populaire... Et quand je parle de produire, c'est qu'il fut particulièrement productif!

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XIV ème Station: Jésus est mis au tombeau.

A nouveau Giacomo Grandi, et ses drapés tourbillonnants. Tout le poids du Christ plombant le linceul porté par les hommes. Aux femmes, les langes du nouveau-né, aux hommes les langes de la mort drap. Aux hommes, l'action, aux femmes, la compassion? N'est-ce pas un peu vite dit? Je reviendrai là-dessus.

(à suivre)