20/01/2011
Sentiers de Balagne, suite
Des sentiers et des hommes:
sentiers de la nécessité et sentiers de loisir
(voir le site de la Communauté de communes du Bassin de vie de l'Ile Rousse: CCBVIR)
Un projet ambitieux de réouverture de ces sentiers vitaux qui irriguèrent des siècles durant la vie des villages de Balagne s'est concrétisé ces derniers mois, grâce à la volonté conjuguée de l'association du Pays de Balagne et des trois intercommunalités: Calvi-Balagne, Bassin de vie de l'Ile Rousse, et e Cinque Pieve di Balagna.
Un investissement lourd pour permettre aujourd'hui la redécouverte de ce maillage serré des chemins entre les villages, entre lieux d'habitation et lieux de travail: ces sentiers répondaient autrefois à une nécessité vitale pour un monde rural d'agriculteurs et de bergers en perpétuel mouvement. Les sentiers autrefois utilisés au quotidien ne connaissaient pas de problèmes d'entretien: sous le sabot et la dent des ânes et des chevaux, ronciers et broussailles n'avaient pas le temps de s'installer ... Ce monde a bien changé: beaucoup d'anciennes exploitations ont cessé depuis longtemps de nourrir leurs familles, on ne descend plus par ces sentiers pentus pour semer, récolter, cueillir, vanner, moudre ... et la farine, bien trop blanche pour être honnête nous arrive sans efforts en jolis paquets bien conditionnés. Bref nous voici désormais à l'ère de la grande surface, du 4X4 et du téléphone portable ...
Ce monde ancien n'est plus. Il a pourtant laissé cet héritage d'un patrimoine rural qu'il faut apprendre à connaître , à condition de le à parcourir autrement qu'en voiture. Un important travail a été fait en 2010 pour la Balagne: dégagement des sentiers, balisage et signalétique sont déjà en place, de quoi marcher dès maintenant entre les villages sans se perdre ni buter sur des obstacles infranchissables grâce à l'installation de portails qu'il ne faudra pas oublier de refermer derrière soi. Nous sommes toujours au pays des bergers et notre liberté doit respecter celle des troupeaux ...
... et à pas d'hommes ...
enjamber l'histoire (pont génois)
découvrir les petites chapelles (San Roccu)
se réjouir de la beauté du monde (Palasca)
du travail des gens d'hier
et d'aujourd'hui
voir autrement le village (Belgodère) d'en-dessous
(Costa)
vers San Bastianu ...
(San Bastianu)
au loin voir Speluncatu ... y aller à pied par les sentiers.
Ces sentiers qui doivent faire l'objet d'un entretien régulier: mais le meilleur service que l'on puisse leur rendre, c'est de les utiliser en gardant en mémoire la présence de tous ceux qui, par le passé, les ont sillonnés au gré de leur nécessité .
Ce projet est né du désir de dynamiser ces 944 km2 de territoire rural de la Balagne et d'offrir des itinéraires intelligents non seulement aux touristes mais également aux gens de Balagne: parcourir "son" territoire et se le réapproprier au pas de l'homme c'est aussi aller à la rencontre de "sa" mémoire collective, en particulier à travers les nombreux lieux-dits encore présents sur les cadastres - en sachant toutefois qu'autrefois chaque parcelle de terrain portait un nom et avait son histoire ... L'occasion aussi de découvrir le "petit patrimoine" des fontaines, des fours à chaux, des moulins, des murs, des aires de battages ...
Ce devrait être une obligation pour les enfants des écoles de les familiariser avec leur patrimoine rural, comme c'est déjà le cas, par exemple, avec les enfants de l'école d'Olmi Cappella, dans le Ghjunsani grâce à la complicité et le travail opiniâtre de Santu, leur infatigable et cher mentor, et de tous les bénévoles de cette magnifique région ... Allez donc visiter leur site:
www.ecolepublique-olmicappella.com
(Vallica)
Sans oublier à chaque fois que cela sera possible de rentrer dans le coeur du village: l'église ...
Ne jamais oublier que ce sont ces mêmes gens qui piochaient la terre et couraient derrière les troupeaux qui ont créé ce merveilleux patrimoine religieux populaire, si festif ...
l'occasion d'admirer l'exubérance des décors (Costa: la voûte de San Salvatore)
... et d'entendre leurs orgues ... (Costa),
à l'initiative de l'Association Saladini de Speluncatu , dans le cadre des journées de découverte de "La Montagne des orgues", qui va proposer, hors été, des balades patrimoniales sur ces sentiers autour des villages proches: Belgodère, Occhjatana, Costa, Ville di Paraso, Speluncatu ...
www.montagne-des-orgues.com
(à suivre !)
Merci à Alain Colombani de Speluncatu qui oeuvre avec passion depuis tant d'années à l'ouverture de ce réseau des sentiers, et à Olivier Franceschini, du CCBVIR, pour la qualité de son travail et de son accueil!
23:01 Publié dans nature, orgues historiques de Corse, parcours de découverte du patrimoine en Corse, patrimoine de la solidarité humaine | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : sentiers de randonnées en balagne, découverte à pied du patrimoine de la balagne, orgues historiques de corse, belgodère, occhjatana, costa, ville di paraso, speluncatu | Facebook |
15/01/2011
Discographie des orgues de Corse
Une petite discographie des enregistrements réalisés sur les orgues de Corse
Depuis la "redécouverte" des orgues de Corse par les pionniers de la prmière heure ont été enregistrés, à ma connaissance, seize disques: cinq microsillons, et onze CD ...
Les microsillons (... introuvables ...) :
(ah! la belle époque! En ce temps là, les orgues historiques renaissaient comme les fleurs au désert après une longue sècheresse et l'on se précipitait pour les écouter en concert, sans attendre qu'ils soient accompagnés de voix ou d'autres instruments ... )
BASTIA, orgues historiques n°8 (1964), 45 T
René Saorgin à l'orgue Serassi de la cathédrale Sainte Marie
Saint Michel de Provence
oeuvres de Frescobaldi, Luzzaschi, Malvezzi, Gabrieli
(l'orgue Serassi 1844 de Sainte Marie de Bastia)
Girolamo Frescobaldi, oeuvres d'orgue
René Saorgin à l'orgue Serassi de la cathédrale Ste Marie de Bastia
chez Harmonia Mundi, HM 537, 1965, 33T
Dix journées de l'orgue corse
Production Kalliste 21 038, 1977, 33 T
un disque présenté par ROC (Renaissance de l'Orgue Corse)
Sur les orgues de La Porta (Maracci 1780 ), Piedicroce (Spinola 1619), Bastia -Ste Marie (Serassi 1844), Cagnano (Domini 1886) Verdese (Agati/Tronci 1896), Aregno (Agati/Tronci 1888)
avec X. Darasse, J. Beraza, J. Hennion, J. Vallet, J. Boyer, R. Saorgin
(hélas, combien d'entre nous ont quittés prématurément!)
(orgue l'église St Jean Baptiste de La Porta, Maracci 1780, restauration B. Formentelli (1963/1980)
Trompette et orgue
Production Kalliste, 1979, 33 T.
Anne-Catherine Plasse et Vincent Méjean à Ste Marie de Bastia.
Oeuvres de Purcell, Krebs, Telemann, Viviani, Bach, Haendel
Girolamo Frescobaldi
Art et Musique, AM 8202, 1981, 33 T
Pierre de Kergommeaux à l'orgue (anonyme 1733) de la confrérie San Carlu de Monticellu
***
Les CD:
Orgues historiques italiens
Harmonia Mundi CD 19011229, 1989
René Saorgin à Brescia et Bastia
Oeuvres de Frescobaldi
Récital d'orgue en Corse
Lazer Production, CD 290292 MU 750, 1991
Jean Costa aux orgues Merklin de Saint Roch d'Ajaccio
Zipoli l'Européen
CD K 617 037, 1993
Dominique Ferran à l'orgue de la confrérie San Carlu de Monticellu
Les chemins du baroque
(l'orgue anonyme 1733 de la Confrérie San Carlu de Monticellu, restauration B. Formentelli 1976)
Missa corsica in Monticellu
CD K 617 043 M7867, France 1994
A Cumpagnia, Nicole Casalonga à l'orgue de la confrérie San Carlu de Munticellu.
Les chemins du baroque.
Claudio Merulo, Missa Virginis Mariae
Naxos 2 CD 8 553335 - 6, 1995
Fréderic Munoz à l'orgue (Spinola, 1617) de Piedicroce.
Schola of the Benedictine Abbey of Santa Cruz, Madrid.
L'orgue méditerranéen
Production Soli Deo Veritas
RCA Victor, BMG 1997
Viviane Loriaut à l'orgue Agati Tronci (1885) de Rogliano
Oeuvres de Scarlatti, Zipoli, Soler, Davide, Albeniz, Eslava
( l'orgue Agati Tronci 1885 église S. Agnellu de Rogliano, restauration J F Muno 1988)
Alternatim
Production Soli Deo Veritas
RCA Victor, BMG 1997
Polyphonies corses (groupe Tavagna) et orgue
Viviane Loriaur à l'orgue Agati Tronci de Rogliano
Orgues de Corse
Disques Coriolan COR 325 703
Marie-Hélène Geispieler à l'orgue (Maracci 1780) de La Porta
Oeuvres de Froberger, Porta, Colonna, Pescetti, Correa de Arauxo, Sweelinck, Kerll.
Les orgues de Corse
Salterio Music SMO 199CD , 1999
Orgue de Cardo (Paoli 1888), Duo Aleph
Oeuvres de Donizetti, Vivaldi, Tomeoni, Finger, Rossini etc ...
Chants religieux et orgues de Corse
2 CD, disques Coriolan COR/GPP 325 0401, 2005
Marie Hélène Geispieler sur les orgues d'Olmi Cappella (anonyme 1805) oeuvres de Frescobaldi et Kerkhoven, avec la participation des chantres d'Olmi Cappella
et de Muro ( Pagnini 1797/Agati Tronci 1880),
oeuvres de Salvatore, Cherubini, Rossini, Verdi, Anonimp pistoiese, Kotzwara, Boccherini, Donizetti
(l'orgue Pagnini/Agati Tronci de l'église de l'Annunziata de Muro, restauration de J F Muno )
Quintettes de Soler
édition Casa-Pigna
Intégrale en deux CD des quintets per a instruments d'arc i orgue obligat, d'Antonio Soler.
Enregistré sur le petit orgue de Cervione par le quintette baroque Quinta d'Isula, Viviane Loriaut à l'orgue.
A signaler à nouveau: Monsieur Nicoll, hélas aujourd'hui disparu, aussi fou de jazz que d'orgue, a écumé pendant des décennies les concerts d'orgues en Corse pour les enregistrer avec des moyens modestes mais de plus en plus fiables. Ce fonds est aujourd'hui déposé à la phonothèque de Corte en attendant d'être répertorié. Un legs précieux.
(à suivre!)
20:05 Publié dans orgues historiques de Corse | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
06/01/2011
petite brève du Purgatoire: "Organo pleno" en Corse mardi 28 décembre 2010
Sur FRANCE-MUSIQUE, le deuxième volet de l'émission d'ORGANO PLENO, de Benjamin François,
ce 28 décembre dernier.
(Un des plus beaux instruments emblématiques de la Balagne: l'orgue anonyme de la confrérie San Carlu, 1733, restauration de B. Formentelli en 1976: si mes oreilles ne m'ont pas trahie, c'est ici qu'a été jouée et enregistrée la toccata de Zipoli, par Dominique Ferran (in "Zipoli l'Européen, les chemins du Baroque, CD K 617 037, en 1993) - Au fait, une véritable discographie des orgues corses eût été bien venue dans cette émission ou, à défaut, sur le site de Benjamin François)
J'ai écouté hier en différé cette deuxième émission sur les orgues de Corse. En vérité je reste perplexe sur les intentions de Benjamin François: voulait-il faire découvrir les orgues de Corse et à quel public s'adressait-il? Connaisseurs? "grand public" ? Quoi qu'il en soit ce deuxième volet, plus intéressant en soi que le premier, m'a semblé davantage dédié à la voix qu'aux orgues de l'île: il eût mieux trouvé sa place dans une étude sur le chant polyphonique en Corse.
Toute cette émission repose sur une idée sympathique mais irréelle quant aux pratiques d'aujourd'hui, celle d'un alternatim entre les chants polyphoniques et les interventions de l'orgue.
Parole de coliturge, si je m'avisais de pratiquer cette alternance improvisée entre les versets chantés par les chantres du village lors du Kyrie, du Gloria ou de l'Agnus en situation de messe à Speluncatu, je m'attirerais les foudres de mon curé, toujours "à la bourre" entre deux offices!
Que cet alternatim ait existé par le passé, on peut le penser, à une époque désormais révolue où il y avait au moins un prêtre par paroisse et où les cérémonies se déroulaient avec tout le temps et le faste requis ...
Les interventions fort savantes de nos amis de Pigna témoignaient de leur travail depuis des décennies pour le riacquistu du patrimoine culturel de la Corse. En revanche je doute qu'à l'écoute de cette émission les auditeurs non initiés aient découvert réellement ni la diversité du patrimoine organistique de l'île, ni la pratique actuelle du chant dans les villages.
Pour les orgues, on aurait aimé en savoir un peu plus sur la composition de ces instruments, goûter, comme on goûte les vins de terroir, la saveur particulière de tel ou tel jeu, du cornetto, de la voce umana ... et si les interventions à l'orgue Viviane Loriaut sont toujours aussi musicales (ah! le Tiento de Correa!) on aurait apprécié qu'elle nous fasse entendre cet orgue Agati-Tronci de Rogliano aussi avec un répertoire du dix-neuvième siècle, ce qu'elle fait également très bien (voir sa discographie). Bref, un grand nombre d'orgues corses datant du 19° siècle il me semble très réducteur pour le public de n'évoquer que la musique ancienne de nos très chers Frescobaldi ou Correa de Arauxo !
La tribune et le buffet de l'orgue de Roglianu, église sant Agnellu, qui abritait au 18°siècle l'orgue LAZARI de 1731. La reconstruction et l'agrandissement de cet orgue par la firme Agati-Tronci en 1888 va mettre en danger l'ensemble...
la tribune, alourdie par l'augmentation des jeux, est menacée d'effondrement et lors de la restauration en en 1988, J.F.Muno va installer l'orgue restauré dans une chapelle latérale: c'est cet instrument que nous avons entendu lors de l'émission du 28 décembre.
l'esthétique musicale de cette fin 19° siècle se traduit par l'abondance des jeux " da concerto", où en particulier les anches se font la part belle ...
Il est bien évident que la composition (6 rangs de ripieno décomposé + flauto + voce umana) d'un petit orgue comme celui-ci à Costa, anonyme du début 19°siècle, évoque une toute autre pratique musicale ... plus proche de l'esthétique classique italienne des 17° et 18° siècles et servira d'autres musiques. C'est ce qu'on aurait aimé percevoir dans l'émission de Benjamin François.
Par ailleurs quelques erreurs "d'étiquetage" des plages sonores ont embrouillé l'écoute ... du moins pour les connaisseurs. Peu importe sans doute: probablement estime-t-on en haut lieu qu'un orgue en vaut un autre et que tous les interprêtes sont interchangeables ...
Enfin, à nouveau on peut s'étonner de ne pas avoir appris ce qu'a été et ce qu'est toujours "ROC" (Renaissance de l'orgue corse), cité dans l'émission mais sans explication. Etrange zappage qui occulte une masse de travail et de connaissance sur l'orgue corse.
***
Venons-en au chant.
L'histoire de cette réappropriation mériterait plus qu'une note brève de réaction à cette émission.
Pour faire court, disons seulement ceci: le propos du chantre et confrère de Roglianu, évoquant la transmission naturelle et tranquille du chant entre les générations m'a paru ce qu'il y avait de plus juste et de plus réaliste. Certes il a été nécessaire dans différentes communautés de renouer avec le chant du village grâce au travail "musical" de certaines personnalités, mais heureusement ce travail initial ne s'est pas sclérosé dans un seul mode opératoire et notre expérience du chant s'est rapidement affranchie de tout calque extérieur: avant tout, le chant, ce sont des gens qui le passent, qui l'expriment avec leurs qualités particulières et parfois aussi leurs manques. Il n'y a pas un seul modèle labélisé pour porter le chant, une seule démarche "esthétique" pour recevoir l'estampille AOC du chant corse ... Il n'est souvent pas nécessaire d'ornementer de façon savante pour être "juste" Ni du reste d'être dans la polyphonie pour être corse.
J'ai le souvenir d'un Libera me terriblement simple et poignant, chanté à voix seule par un vieux monsieur de Muro pour l'enterrement d'une jeune femme: on était là aux antipodes de ces beaux chants polyphoniques qui plaisent tant aux amis touristes, mais on était dans la réalité profonde de ce chant d'adieu et d'accompagnement. Des souvenirs comme celui-là, j'en ai beaucoup qui témoignent avant tout d'une façon simple d'être au chant, rien de savant, mais tout dans la présence sans tricherie, dans l'intention et le partage.
A ce sujet, seulement un autre souvenir: sur cette vieille photo que j'aime beaucoup, l'on voit Ceccu Saladini au centre, chantant en compagnie de Nunziu et de Santu. Pour les amis du Ghjunsani, ces noms disent beaucoup ... Nous avions ensemble travaillé à la renaissance des chants religieux d'Olmi Cappella et pour moi cette période privélégiée m'avait ouvert les oreilles et le coeur, me conduisant par la suite au travail communautaire de la messe de Speloncatu .
Un peu plus tard, Ceccu, après le décès de sa chère épouse, affligé et fatigué, avait désormais refusé de chanter encore pour l'église. Jusqu'au jour où une vieille dame amie décèda à son tour à Piuggiula: et là, contre toute attente, Ceccu, pour la dernière fois, lui a fait, nous a fait le cadeau de sa présence. Dans la petite église bondée, vous auriez entendu voler une mouche: nous étions suspendus à la voix de Ceccu, voix d'asthmatique et de cardiaque. Avec lui, le bassu et la terza accompagnèrent ce jour là ce filet de voix dans un murmure doux comme une ultime berceuse, un ultime viatique pour Angèle ...
Cette émotion là me parait bien loin de l'apprentissage formaté de la riuccada ou de l'harmonie traditionnelle. Tous ces groupes vocaux qui interprètent avec leurs voix magnifiques le répertoire traditionnel des villages sont parfaits en concert mais sans doute plus proches des conservatoires de musique que des communautés villageoises elles-mêmes. Ils n'ont sans doute plus grand chose à voir avec le travail solidaire et de longue haleine mené par les confréries des villages ni avec leur rôle au sein des villages ... Deux mondes distincts.
Ici les trois chantres qui chantent a Nanna à Olmi Cappella (entendue au cours de l'émission)
in: Chants religieux et Orgues de Corse,
double CD avec les orgues d'Olmi Cappella et de Muro,
Marie Hélène Geispieler à l'orgue.
Disque CORIOLAN COR/GPP 325 0401
(à suivre)
11:29 Publié dans brèves du purgatoire, corse, orgues historiques de Corse, patrimoine, patrimoine du chant corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : benjamin françois, organo pleno, dominique ferran, orgues de corse, chant polyphonique de corse, alternatim voix et orgue, ceccu saladini | Facebook |
01/12/2010
Brève du Purgatoire: "organo pleno" sur les orgues de Balagne
L'émission "ORGANO PLENO" de Benjamin François en Balagne
(l'orgue de Catteri, 1902, de Gaspard Domini, restauré par Alain SALS: aussi artisanal que ses frères des 17° et 18° siècles)
A l'écoute de cette première émission d'hier soir, je n'ai eu aucun doute sur le plaisir qu'ont eu les réalisateurs de l'émission et les jeunes claviéristes Pierre GALLON, Jean-Luc HÔ, Yoann MOULIN et Arnaud PASQUALE en compagnie d'Elisabeth JOYE, Nicole CASALONGA, Jean-Louis LORIAUT à se ballader d'un orgue à l'autre à travers une Balagne parée de toutes ses grâces automnales et gustatives. La convivialité et l'hospitalité corses sont proverbiales ...
Nous avons du reste bien saisi qu'il s'agissait essentiellement d'une balade rafraichissante pour nos jeunes et talentueux musiciens et que le but de cette émission n'était pas une quelconque initiation à l'orgue italo-corse - encore moins une approche historique de ce patrimoine de l'île. Il eût fallu, si tel avait été le but, s'engager sur d'autres chemins et faire d'autres rencontres pour parler de la genèse et de l'histoire de la résurrection des orgues en Corse: mais là n'était manifestement pas le choix du moment.
Quant aux auditeurs de France Musique qui ne connaitraient pas nos petits instruments, peut-être se sont-ils fait hier soir une idée assez particulière de la musique que l'on peut y jouer: ce beau répertoire de l'Europe musicale du 17°s qui nous enchante volontiers aujourd'hui aurait sans doute bien étonné - et peut-être bien ennuyé nos organistes du 18° et 19° siècles dans les villages ou les couvents ...
(le clavier et le pédalier du petit orgue de La Porta: restauration Barthélémy Formentelli)
Du reste le seul orgue en état de marche actuellement du 17°s qui aurait pu servir ces musiques des Frescobaldi , Gibbons, Cabanilles etc..., à l'époque où il trônait dans la cathédrale sainte Marie de Bastia est celui de Piedicroce ... (cf la note précédente).
(l'orgue Spinola 1619 de Piedicroce avec Alain Sals, son restaurateur) Il est probable que les organistes des églises conventuelles du 18°s. ou les musiciens dans les villes et même dans les villages étaient à l'affut de la nouveauté et servaient leur instrument avec toute la curiosité et la gourmandise musicales requises. Et exploitaient aussi assurément en toute connaissance les possibilités de registration de leur orgue. ... cela pour bien dire que les musiciens corses de cette époque n'avaient rien à envier à leurs congénères d'Italie ou de France. On aurait du reste aimé, au cours de cette émission avoir une approche plus fine des différents jeux de ces orgues pour en dégager la spécificité ... et en particulier faire comprendre le parti musical que l'on peut tirer de ces rangs décomposés du ripieno, évoquer la couleur de la Voce Umana , du cornetto - s'il est présent ... Mais là aussi, sans doute manquait -on de temps, ou n'était-ce pas là non plus le but de cette "balade". A moins que l'on ne craigne de fatiguer les neurones des auditeurs de France Musique à cette heure tardive...
(le délicat tirage des jeux de La Porta
L'esthétique musicale du 19°s. entraîne une évolution significative de nos petits instruments de village et du répertoire pour l'orgue (et pour l'harmonium) qu'on enseignait - y compris dans les séminaires (ah! les méthodes de l'époque!) : nous voilà, alors bien loin de Frescobaldi et de ses contemporains . La solennité du 19°s. déménage, les anches et les clochettes s'invitent à la fête, ainsi que fréquemment la "Banda Militari " (mécanisme de percussion très persuasif !): à la fin du siècle, la firme Agati Tronci nous laissera une quinzaine de beaux specimens du genre ... dans le genre de l'orgue de Muro (restauration Jean-François Muno: voir la note précédente)
(la Banda Militari, à Muro)
ou de celui de Corbara :
(l'orgue de Corbara, reconstruit par la firme Agati-Tronci, restauration Philippe Hartmann, en cours de relevage)
Pendant que notre bon Gaspard Domini, depuis Feliceto, oeuvrait comme un dernier et honnête facteur d'orgue artisanal ...
(le petit orgue privé de Gaspard Domini, à Feliceto)
(... et quelques uns de ses outils ...)
Le deuxième volet de l'émission est programmée pour le 28 décembre ... pour ceux qui n'auront pas été rebutés par le premier volet.
Nous devrions entendre un concert donné par Viviane LORIAUT qui devrait se servir avec le brio qu'on lui connait de toute la palette sonore de l'orgue Agati Tronci d'Aregno
(l'orgue Agati Tronci d'Aregno, 1888, restauré en 1980 par B. Formentelli, relevé par J.L. Loriaut ces dernières années.)
Sur cet orgue l'ancien organiste du village jouait allègrement "Etoile des Neiges, mon coeur amoureux ..." pour les messes de mariage.
Ce que j'ai fait à mon tour un jour, à la demande des jeunes mariés, pour leur sortie de messe et pour notre plus grand plaisir!
(à suivre)
23:55 Publié dans orgues historiques de Corse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : émission organo pleno, elizabeth joyé, benjamin françois, balagne, catteri, aregno, muro, corbara | Facebook |
29/11/2010
Les orgues de Corse à l'honneur sur France Musique mardi 30 novembre
(le petit orgue anonyme de Costa, début XIX° s.)
Mardi 30 novembre à 22 h 30 sur France Musique
l'émission ORGANO PLENO de Benjamin François fera découvrir, pour ceux qui ne le connait pas encore, le riche patrimoine des orgues de Corse.
Petit rappel ...
LES ORGUES HISTORIQUES DE CORSE
Un patrimoine insulaire pour l’Europe à restaurer et faire vivre ...
(avec l'orgue Pagnini 1796/Agati Tronci 1878 de Muro par exemple )
La Corse, décidément, peut nous surprendre: cette île si faiblement peuplée, trop souvent malmenée par les conflits extérieurs ou intérieurs, aurait pu ne laisser de son paysage culturel qu’une identité exsangue, morcelée. Or ce peuple de montagnards, bergers et notables confondus, a légué un riche patrimoine aux multiples facettes, qui témoigne en particulier de son sens inné de la musique : le chant (qu’il soit ou non polyphonique, religieux ou profane), mais aussi la musique instrumentale tiennent une part primordiale dans sa vie.
Parmi tous les instruments populaires en Corse, invités à toutes les fêtes, cialambele, pirule, cetere, violons, cornemuses, mandolines, accordéons, guitares … pour n’en citer que quelques uns, on est étonné de trouver sur l’île un tel engouement pour l’orgue, si admirablement représenté sur l’île . Patrimoine important que l’on trouve non seulement dans les villes – huit instruments à Bastia, six à Ajaccio - mais aussi, et cela est beaucoup plus surprenant, dans les villages de l’intérieur : on peut du reste penser que les organistes de village avaient la même relation instinctive et passionnelle avec leur orgue que les violoneux du village avec leur violon …
Aujourd’hui la Corse est riche d’une centaine d’orgues historiques dont l’histoire et la facture nous sont mieux connues grâce aux travaux de recherche de Renaissance de l’Orgue Corse et au remarquable ouvrage de Sébastien Rubellin : « L’orgue corse de 1557 à 1963 » (éditions Alain Piazzola).
L’Italie a définitivement, là aussi, marqué de son empreinte la Corse, et les orgues, dès leur apparition (au 16ème siècle, aujourd’hui disparus) seront de facture italienne, avec diverses influences de la Péninsule : toscane, ligure, lombarde, romaine… Le seul orgue du 17ème siècle en état de jouer avait été construit en 1619 pour la cathédrale Sainte Marie de Bastia et chante aujourd’hui depuis 1844 à Piedicroce . Au 18ème siècle, sur les 66 orgues recensés, 36 se trouvaient dans des couvents ! Le 19ème siècle connaîtra une véritable « épidémie » organistique née de l’émulation entre communautés et verra même la naissance d’un atelier de facture d’orgue « italo-corse » dans le village de Speloncato en Balagne avec la famille des Saladini… A cette époque, la Corse devenue française reste - sur beaucoup de plans - de culture italienne jusqu’à la fin du 19ème siècle et l’on continue, en les faisant évoluer au goût du jour, de construire des orgues italiens. Dans la Corse du Nord, plus prospère, la concentration et la qualité de ces petits orgues corses interpelle le visiteur venu parfois de très loin. Le Sud, bien que plus pauvre, offre cependant aussi quelques beaux instruments, dont l’orgue Cavaillé-Coll de la Cathédrale d’Ajaccio qui en fait une exception française remarquable.
Les orgues de Corse, dont une partie non négligeable a fait l’objet de « restaurations à l’identique » (le bon facteur d’orgue réutilisant le maximum de matériel d’origine et observant attentivement tous les paramètres archéologiques de l’instrument), protégées ou non au titre des Monuments Historiques, sont dans leur ensemble de taille modeste, à la mesure de l’église qui les abrite et de la bourse peu garnie des communautés concernées: un clavier unique de 45 ou 50 touches, avec la première octave courte, une coupure au milieu (au do ou, plus tardivement au fa), pour faire chanter sur le dessus un Cornetto, une Voce Umana, et plus tard les jeux d’orchestre, un « Ripieno » (plenum) à rangs décomposés très lumineux, servant admirablement la polyphonie, parfois un Nazardo, souvent une Flauto à l’octave, un petit pédalier rudimentaire, quelques accessoires (Rossignol, Tamburo)… Le tout souvent logé dans un buffet élégant et installé sur une étonnante tribune construite et décorée avec goût et créativité …
(Au fait, ce bien bel instrument, restauré par Jean-François MUNO en 1982, a fait l'objet d'un enregistrement par Marie Hélène Geispieler en 2005 .)
A propos de restauration ...
L’intérêt de ces instruments n’est plus à démontrer. Voilà un patrimoine générateur d’émotions et promoteur d’un enjeu économique et touristique durable tant pour les communautés qui en sont responsables que pour les personnes venues de l’extérieur rencontrer la Corse dans sa richesse humaine, naturelle et culturelle. L’effort de restauration des orgues historiques de l’île entrepris il y a plus de quarante ans ne doit pas faiblir, à condition de prendre garde de restituer tout le caractère historique et archéologique de chaque instrument et de s’entourer de toutes les précautions d’usage.
Qu’il soit ou non classé Monument Historique, l’orgue, lors des appels d’offre, doit impérativement faire l’objet d’une véritable mise en concurrence des compétences et le sérieux des études préalables devrait pouvoir garantir aux communautés qui s’engagent sur ces dossiers onéreux l’excellence du résultat : l’argent investi pour ces restaurations largement subventionnées par la CTC, est celui du citoyen qui est en droit d’en demander des comptes.
Michel FOUSSARD, alors chargé d’une mission financée par la Direction Régionale des Affaires Culturelles et la Collectivité Territoriale de Corse avait rédigé en 1997 une excellente étude :
« L’ISULA DI L’ORGANI », les orgues de Corse, Situation, enjeux, propositions »
Il y évoquait l’intérêt essentiel qu’il y aurait à doter la Corse d’un CONSEIL SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE chargé en particulier d’accompagner dans leurs démarches les municipalités désireuses de faire restaurer l’orgue de leur communauté. A ce propos, lorsque l’orgue bénéficie d’un classement, le technicien conseil chargé de l’étude préalable ( subventionnée) rédige un cahier des charges détaillé qui doit mettre la municipalité à l’abri des mauvaises surprises. En absence de classement, et la technicité particulière de l’orgue n’étant pas à la portée de tout un chacun, le regard averti de ce Conseil scientifique et technique en amont de la restauration garantirait le sérieux de l’opération. L’expérience nous apprend hélas qu’un orgue insuffisamment bien restauré ne tarde pas à connaître les incidents qui vont le rendre impropre à l’usage qu’on en attend ... accords difficiles ... claviers laborieux ... ripieno indécis ...
Un facteur d'orgue a récemment comparé son travail de remise en vie des orgues muets au baiser du Prince Charmant qui éveille la Belle au Bois Dormant de son long sommeil : jolie comparaison, en souhaitant pour la Belle que l'haleine du Prince soit bien fraiche, que pur soit son désir, et ... qu'il ait auparavant acquis une solide expérience amoureuse !
Il semble donc urgent d'aider en amont les élus responsables du patrimoine lorsqu'ils s'engagent, et avec quel courage! sur la voie de la restauration de leur orgue. L'opération une fois terminée, il sera beaucoup plus difficile après coup de revenir sur un travail insatisfaisant, en particulier lorsque le vent se dispersera pernicieusement entre table, registres et chapes du maître sommier et causera des désordres qui réclameront à nouveau une intervention lourde: devoir remettre le sommier sur l'établi n'est jamais une mince opération et les subventions retombent rarement deux fois dans la même escarcelle ...
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Un autre exemple, le doyen des orgues de Corse:
L’ORGUE DE PIEDICROCE (CASTAGNICCIA).
à l'église Saint Pierre et Saint Paul.
Construit en 1619, c’est le doyen des orgues historiques de Corse.
Avant d’être installé en 1842 dans la magnifique église de PIEDICROCE, cet orgue était à la Cathédrale Sainte Marie de BASTIA. En 1619, le Maître Giogio SPINOLA, facteur d’orgue génois, construit un nouvel orgue pour la Cathédrale en remplacement d’un orgue plus ancien qui existait déjà en 1571.
En 1636, l’orgue de Spinola est déjà en mauvais état et la Magnifique Communauté de Bastia décide de confier la restauration de l’orgue à un facteur d’orgue romain , Messire Brutus VISCHEA, qui se trouve alors à Bastia. Après ces travaux, l’orgue semble donner pleinement satisfaction… jusqu’au jour où, en 1661, la cathédrale est frappée à plusieurs reprises par la foudre, entraînant un incendie dévastateur : « l’éclair venant du campanile plongea dans la voûte de l’église et passa dans l’orgue, qu’il mit sans dessus dessous ainsi que beaucoup de ses tuyaux ; il brûla l’ornementation de l’orgue, et la rompit en tout petits morceaux ; toutes les fenêtres furent ébranlées par cette grande secousse, et réduites en miettes ; ensuite, de l’orgue, l’éclair s’enfonça dans le sol. Les ornements du buffet furent détruits, et après une forte secousse qui brisa toutes les fenêtres du chœur, l’orgue s’écroula sur le sol ».*
Restauré peu de temps après par l’organier SANTALUCCIA, l’orgue continuera sa vie liturgique à Sainte Marie… jusqu’au moment où la Ville de Bastia décide de faire construire un nouvel orgue « au goût du jour », et commande aux frères SERRASSI un instrument prestigieux et beaucoup plus important pour sa Cathédrale. On confie alors, en 1842, à Anton Pietro SALADINI, célèbre facteur d’orgue originaire de Speloncato, le soin de restaurer l’ancien orgue de Sainte Marie de Bastia et de le transférer dans l’église Saint Pierre et Saint Paul de Piedicroce où il se trouve aujourd’hui.
Grâce à la restauration d’Alain SALS (1975/1985), le bel orgue de Piedicroce est aujourd’hui le seul instrument en état de marche conservant des éléments du 17ème siècle : façade, buffet, sommier, Principale, Voce umana, Nazardo …
*Cité par Sébastien Rubellin dans : « L’Orgue Corse, de 1557 à 1963 », édition A. Piazzola.
DESCRIPTION ET COMPOSITION
La caisse du buffet, en châtaignier, est fermée par deux volets de toiles peintes :ouverts ils montrent un élégant décor bleu et or du XVIIIe siècle, repeint par-dessus l’ancien décor du XVIIe siècle. Fermés, les volets, repeints au XIXe siècle, illustrent le Roi David et Sainte Cécile, les saints patrons de la musique.
On peut aujourd’hui admirer l’ordonnance esthétique de cette façade exemplaire, constituée de cinq plates-faces de 5-9-5-9-5 tuyaux en étain, dont les écussons sont en ogive. Deux ensembles d’ « organetti morti » (des tuyaux décoratifs et muets) finissent d’animer cette composition typique du XVIIème siècle. Lors de la restauration, en 1975, Alain SALS a restitué la majorité de la tuyauterie du XVIIème siècle, extrêmement fragile, et refait à l'identique les 98 tuyaux qui avaient disparu.
Le grand fronton au-dessus du buffet porte les lettres signalant la dédicace à la Vierge Marie : « A.M. », pour Ave Maria.
Le sommier à registres coulissants, est probablement celui du XVIIe siècle.
Le clavier, avec octave courte selon l’usage ancien, à l’origine de 45 notes, a été agrandi par SALADINI de 5 notes dans les aigus.
Depuis sa restauration (1975/1985) par Alain SALS, le doyen des orgues corses parle aujourd’hui pour les fêtes du village et lors des concerts.
COMPOSITION:
Principale - Ottava - Decima nona - Vigesima secunda - Vigesima sesta -
Cornetto Soprani (2 rangs) - Cornetto Bassi (2 rangs)
Nazardo - Flauto in ottava - Voce umana
jeu de bassi (16’ et 8’).
Tempérament mésotonique (avec 6 tierces justes).
(détail des frontons de touche: lors de son transfert à Piedicroce, Anton Pietro Saladini a augmenté l'étendue du clavier de cinq notes dans les aigus.)
La surabondance des décors baroques, fresques, stucs et marbres qui envahissent cette grande église baroque de saint Pierre et Saint Paul de Piedicroce, édifiée en 1691, manifeste assez l'ancienne richesse de ce village, aujourd'hui plus dépeuplé qu'alors. C'est ici que l'on peut admirer le doyen des orgues corses.
Campé sur sa légère tribune de bois à claires-voies ornée de trophées musicaux réhabillés au XIX ème siècle sans trop de ménagement, le rose saumon et le bleu caeruleum recouvrant les verts d'origine ce magnifique instrument est pourvu de deux grands volets de toile peinte. Madeleine ALLEGRINI, lors de leur restauration a constaté plusieurs strates de décor : les lauriers ocres et verts du XVII ème siècle ont cédé la place, sur les volets intérieurs, à des feuilles d’acanthe qui épanouissent depuis le XVIII ème siècle leurs arabesques dorées sur un fond bleu intense. La belle façade caractéristique de SPINOLA, avec son ordonnance en cinq plate faces et ses deux séries d’organetti morti (tuyaux ornementaux, non postés), conjuguée avec les rinceaux dorés des volets ouverts donne beaucoup de majesté au vieil orgue. Au siècle dernier, on a rajouté un fronton bleu et fleuri où trône le monogramme de la Vierge (AM). Fermés, les volets font apparaître Sainte Cécile et le Roi David (les saints patrons de la musique) déclamés à nouveau au XIXème siècle par un pinceau quelque peu emphatique. La théâtralité redondante de ce décor est alors renforcée par la présence de lourdes volutes végétales, repeintes à la même époque, enroulées de chaque côté du buffet.
Depuis son transfert en 1842, le vénérable instrument tient désormais compagnie à la foule des saints et des anges qui peuplent l’église paroissiale de Piedicroce.
Pour finir cette petite note sur la valorisation des orgues de Corse, je rappelle l'énorme travail commencé et continué depuis 40 ans par Renaissance de l'Orgue Corse et celui mené par l'asssociation Saladini de Speloncato avec ses parcours, depuis 12 ans, de "la Montagne des Orgues", qui fait découvrir, ce patrimoine à une moyenne de 500 personnes chaque année ...
voir le site:
www.montagne-des-orgues.com
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