17/08/2024
mardi 20 août, découverte du Ghjunsani avec la Montagne des Orgues
Association Saladini de Speloncato
« LA MONTAGNE DES ORGUES »
propose une découverte du patrimoine :
Mardi 20 Août 2024
une journée dans la vallée haute du GHJUNSANI
(la signature de l'ébéniste Saladini sur la tribune de l'orgue Crudeli de Speloncato)
Des parcours initiatiques et festifs pour rencontrer la Corse autrement, vous immerger dans ses paysages et ses communautés, découvrir son patrimoine, son histoire, ses traditions rurales : des clefs pour vous ouvrir les églises, vous faire comprendre leur sens caché et entendre leurs orgues historiques que l’on vous joue…
Accueil à Speloncato à 9h sur la place de la collégiale, puis Pioggiola, Olmi Cappella et Vallica .
Nous ferons donc une boucle reliant la riche Balagne à la haute vallée de montagne du Ghjunsani :
(le village de Speloncato)
La journée, commencée dans le village médiéval de Speloncato, avec la Collégiale Santa Maria Assunta – la première des quatre collégiales de Corse - et son orgue Crudeli (1810) continuera ensuite dans la vallée haute du Ghjunsani, sous le tutélaire Monte Padre (2390 m), une région de montagne granitique, magnifique et lumineuse dont les habitants travaillent à préserver le patrimoine naturel et humain : évocation des légendes, vitalité du tissu social et des confréries, du chant polyphonique, des orgues historiques, et présence internationale du théâtre de l’Aria … Cette balade patrimoniale et musicale vous permettra d’entendre ces orgues historiques (Pioggiola, orgue Saladini 1844; Olmi Cappella, orgue anonyme 1808; Vallica, orgue Lazari/ De Ferrari, récemment restauré ) plein de charme et de monter à leur tribune pour mieux en comprendre le fonctionnement.
(l'orgue de Vallica, magnifiquement restauré par Alain Faye et Pesce en 2024 )
Renseignements et réservations au : 06 17 94 70 72 / 04 95 61 34 85
site: elizabethpardon.hautetfort.com
Participation aux frais
(au-dessus du clavier du petit d'orgue d'Olmi Cappella, restauré par le regretté Jean-François Muno,
le beau décor réalisé par le regretté Pierre Sibieude ...)
17:40 Publié dans actualité des parcours de la Montagne des orgues, Alain Faye, Alain Sals, Jean-François Muno, orgues historiques de Corse, patrimoine rural de Corse, Speloncato | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pioggiola, olmi cappella, vallica, jean-françois muno, alain sals, alain faye | Facebook |
17/07/2017
Maria Cecilia FARINA en concert à Curbara et à Speluncatu, 21 et 23 Juillet 2017: programmes!
La grande organiste de Pavie, Maria Cecilia FARINA, amie de la Corse de longue date et de la Balagne en particulier revient nous offrir deux très beaux concerts cette semaine.
Deux programmes différents concoctés par notre amie musicienne pour mettre en valeur deux instruments différents et remarquables de la Corse:
Pour ces deux concerts, l'entrée sera libre.
1°/ VENDREDI 21 JUILLET à CURBARA, sur l'orgue Saladini/ Agati-Tronci (classé MH) de la Collégiale de la Nunziata, à 19 H
Relevé en 1979 par Philippe Hartmann, puis en 2012 par Alain Sals et Alain Faye , pour la partie instrumentale et restauré par Ewa Poli pour la partie tribune et buffet.
à retrouver dans ces notes:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/11/28/l-orgue-de-corbara-retrouve-son-eclat.html
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2012/05/05/titre-de-la-note.html
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2012/06/04/le-concert-d-enregistrement-de-l-orgue-de-corbara-13-mai-201.html
Programme de Curbara (pour cet orgue à la fois baroque et orchestral) :
De l’Espagne à Domenico Scarlatti (à 260 ans de sa mort)
Anonimo spagnolo (XVIIème siècle) Obra de lleno de primero tono
Extrait de la Missa de Nuestra Señora:
Kyrie, Christe, Kyrie - Agnus Dei (couplets alternatim au chant grégorien)
José Larrañaga (?-1806) Sonata de 5° tono
Ferdinando Bertoni (1725- 1813) Andantino espressivo
Sinfonia in Si bemolle maggiore
Domenico Scarlatti Sonates:
1685-1757 K.52 en ré mineur
K. 287 et 288 en Ré majeur
K.391 en Sol majeur (Minuet Allegro)
K. 208 en La majeur
K 415 en Ré majeur (Pastorale Allegro)
K. 92 en ré mineur
***************************************
2°/ DIMANCHE 23 JUILLET à SPELUNCATU, pour l'inauguration de l'orgue Crudeli à nouveau restauré (2017), à 21 H
Installé sur sa magnifique tribune d'Antone Giuseppe Saladini, le très bel orgue de Giovanni Crudeli, de 1810, restauré poétiquement en 1991/1992 par Antoine Massoni, connaissait depuis toujours de graves problèmes d'étanchéité du sommier, avec les conséquences techniques et sonores qu'on peut imaginer. Classé en septembre 2012 à la demande ( en 2009) de notre regretté ami Paul Giuliani, il vient à nouveau, grâce à l'engagement de Jean-François Poli, Maire de Speluncatu, de faire l'objet d'une lourde intervention par Alain Faye en 2016/17, seconde restauration qui sera plus longuement évoquée dans une note prochaine .
Alain Faye a tenu à conserver le très bel esprit de cet orgue restitué à l'époque par Antoine Massoni, mais il a aussi réussi à corriger les défauts qui empêchaient l'instrument de sonner dans toute sa splendeur.
C'est donc pour saluer la renaissance de ce bel orgue classique de facture toscane (Giovanni Crudeli était lucquois) que Maria Cecilia Farina pourra nous offrir ce programme d'inauguration, avec la complicité amicale des chantres de la Confraternita Sant'Antone Abbate de Speluncatu qui l'accueilleront avec des chants sacrés polyphoniques du village.
Programme de Speluncatu:
Chant polyphonique
****
Anonyme XIV siècle (Robertsbridge Codex) Estampie
Anonyme XIV siècle (Codex de Faenza) Non harà mai pietà
De ce fol penser
****
Chant polyphonique
****
Claudio Merulo Toccata “dell’undecimo detto quinto tuono”
1533 -1604
Suor Claudia Francesca Rusca Canzon prima, a 4, detta “la Borromea”
1593 -1676 Canzon seconda, a 4
Claudio Merulo Magnificat primi toni ( couplets alternatim au chant gregorien)
1533 -1604
****
Chant polyphonique
****
Giovanni Battista Pergolesi Sonata in Sol maggiore
1710 -1736
Domenico Scarlatti Due Sonate:
1685 – 1757 K.52 in re minore - K.63 “Capriccio”, in Sol maggiore
Leonardo Leo Pastorale
1694- 1744
Padre Mateo A. Perez de Albeniz Sonata en Re
1755 -1831
Notons que c'était aussi Maria Cecilia Farina qui avait inauguré l'orgue ressucité en 1991, orgue qu'elle rejoué à plusieurs reprises et pour ce village de Speluncatu qu'elle aime particulièrement ...
Voici son parcours musical:
MARIA CECILIA FARINA – Curriculum vitae
Maria Cecilia Farina est née à Milan, d’une famille de musiciens bien connus et a étudié plusieurs disciplines musicales. Diplômée au Conservatoire de Milan en Orgue et composition pour orgue, Piano, Clavecin, Musique chorale et direction de choeur, elle y enseigne l'orgue et le chant grégorien. En outre elle est docteur ès lettres de l’Université de Pavie, ville où elle demeure.
Maria Cecilia Farina s’est dédiée particulièrement à l’orgue, d’abord en participant à des cours tenus par M. Chapuis, L.F.Tagliavini, H. Vogel. Elle s’est perfectionnée ensuite pendant deux ans dans la classe de Michael Radulescu à l’Académie de Vienne, lequel a écrit la lettre de présentation suivante :
“J’avais déjà eu l’occasion d’entendre Mlle Farina pendant les cours que j’ai tenu à Bologna et au Liechtenstein. Depuis octobre 1983 elle a étudié dans ma classe d’orgue de l’Ecole Supérieure de Musique à Vienne.
C’est une joie de travailler avec elle, organiste très douée, musicienne complète et très intelligente.”
Maria Cecilia Farina s’est perfectionnée aussi pendant trois ans en Clavecin à l’Accademia Chigiana de Sienne dans la classe de Kenneth Gilbert, lequel lui a donné deux fois une bourse d’étude.
Elle a obtenu des prix dans plusieurs concours d’orgue et clavecin ( Spoleto,1981; Bologna,1985) et une bourse de la Radio Italienne; elle a donné beaucoup de concerts en Italie, dans les principaux pays d’Europe, en Argentine, Israel, Corée du Sud, participant au “ Festival Estival de Paris, au “ Tribute to Stradivarius “ à Londre, aux Wienerorgelkonzerte à Vienne, aux Festival sur l’orgue d’Arp Schnitger à Norden, l’orgue Stellwagen de Lübeck, les orgues Riepp à Ottobeuren, Antegnati à Milano, Moucherel à Albi etc . Elle est l’organiste titulaire de l’ensemble bien connu en France Ghislieri Choir et Consort , dirigé par Giulio Prandi, avec lequel elle donne régulièrement des concerts de musique sacrée dans le cadre des plus importants festivals de musique baroque en Europe et réalise des enregistrements pour Sony- Deutsche Harmonia Mundi, Radio France, etc.
Depuis plusieurs années elle joue en concert les orgues historiques italo-corses.
Elle a tenu plusieurs conférences et collaboré au programme « Lezioni di musica » de la Radio italienne (Rai Radio3)
Pendant plusieurs années elle s’est aussi occupée de la restauration des orgues historiques de la Lombardie chez la « Direzione regionale dei Beni Culturali » de Milan.
Parmi ses publications plus récentes:
Organi storici in Provincia di Pavia (Provincia di Pavia, vol.I 2002- vol.II 2004)
Farina –Dellaborra, Il fondo musicale del duomo di Pavia (XVI – XVIII secolo). Catalogo, studi e documenti. Roma, IBIMUS, 2013.
L’arte organaria dei Lingiardi fra tradizione e sperimentazione. Betagamma editrice, Viterbo, 2014.
Enregistrements:
La Pastorale (anthologie de musiques d’orgue pour Noël) – (Discantica)
La tradizione organaria di Pavia ( Sarx )
6 Conciertos de dos organos du Père Soler (Ermitage)
Note, numeri e ingranaggi (Discantica)
Baldassarre Galuppi: Musica sacra (Ensemble Ghislieri Choir &Consort, Sony-Deutsche Harmonia Mundi, 2011)
Niccolò Jommelli: Musica sacra (Ensemble Ghislieri Choir &Consort, Sony-Deutsche Harmonia Mundi, 2013)
David Perez: Muttutino de’ morti (Ensemble Ghislieri Choir &Consort, Sony-Deutsche Harmonia Mundi, 2014).
Georg F. Haendel : Dixit Dominus (Ensemble Ghislieri Choir &Consort, Sony-Deutsche Harmonia Mundi, 2016)
09:27 Publié dans inauguration de l'orgue Crudeli de Speloncato | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maria cecilia farina, alain sals, alain faye, giovanni crudeli, antoine massoni, philppe hartmann, ewa poli | Facebook |
27/09/2016
Cette année Luri fête les 200 ans de son orgue historique des frères Crudeli: écho du dimanche 18 septembre, Journée du Patrimoine ...
Ce dimanche 18 Septembre, Luri fêtait les 200 ans de son orgue historique construit en 1816 par les frères Giovanni et Federico CRUDELI de Lucca,
et les 30 ans de sa restauration par Alain SALS en 1986 .
Le magnifique instrument de l'église Saint Pierre de Luri, protégé par les Monuments Historiques, méritait bien cette célébration mise en oeuvre grâce à l'implication de la Municipalité de Luri et le soutien de Sébastien Rubellin
(photo Nicole Strenna)
Madame Nicole Strenna avait réalisé ces panneaux fort bien documentés pour raconter l'histoire de cet orgue et de sa restauration.
A l'origine, la volonté d'un prêtre remarquable, le Père Millet, qui va tout faire pour que l'orgue retrouve sa voix: une association "Les Amis de l'Orgue de Luri" se crée en novembre 1983, va pouvoir porter le projet de restauration aux côtés de la municipalité de Luri.
Un projet accompagné dès cette époque par Renaissance de l'Orgue Corse (ROC) et le regard éclairé de Dominique Chailley, son secrétaire général, dont la collaboration assurait alors la partie artistique et technique.
remontage du sommier en 1986 (photo de Sébastien Rubellin)
Le travail fut confié à Alain Sals, facteur d'orgue installé dans le Vaucluse à Malaucène, et qui réalisa cette très belle restauration de l'orgue des frères Crudeli en 1985 et 1986, le père Millet étant curé de la paroisse de Luri.
Le Programme de l'inauguration de l'orgue, le 10 août 1986
(re-tiré et mis à disposition des visiteurs lors des Journées du Patrimoine 2016°):
avec le texte de Sébastien Rubellin, un enfant du village par sa mère, dont on connait l'engagement pour les orgues de Corse (Sébastien Rubellin: " L' Orgue Corse de 1557 à 1963", éditions Alain Piazzola) et l'implication toute de passion pour "son" bel orgue de Luri!
Et le texte remarquable également du facteur d'orgue Alain Sals, restaurateur de cet instrument si attachant: à lire et à méditer, toujours d'actualité!
Rappelons que le grand organiste René Saorgin fut l'un des pionniers majeurs de sa génération pour la redécouverte de la musique d'orgue ancienne: il nous a quittés le 16 décembre 2015.
***
L'orgue de Luri a été inscrit, puis classé au tire des Monuments historiques:
Partie instrumentale: inscrite par arrêté du 19/02/1986
Buffet et tribune: classés par arrêté du 14/08/1988
instrument classé en totalité par arrêté du 18/07/2008
La façade de l'orgue Crudeli de Luri
... et la même façade, vue de l'intérieur de l'orgue ( photo de Christian Lahi)
la signature de Giovanni Crudeli, et les armes de St Pierre sur le tuyau central de la façade (photo C. Lahi)
et la signature de "Giovanni et Federico Crudeli della Citta di Lucca ..." au fond de la laye, partie inférieure du sommier de l'orgue (photo C. Lahi)
... "fecero l'anno 1816 " (photo C. Lahi)
la console de l'orgue: clavier, pédalier et tirage des jeux
Ce dimanche 18 septembre, nous avons pu montrer l'orgue et expliquer son fonctionnement à tous ceux qui montèrent à la tribune à partir de 14h ...
puis, diaporama commenté sur le richissime patrimoine des orgues de Corse: "l'orgue des villes et l'orgue des champs" (photo N. Strenna)
suivi de la présentation, par Marie-Luce Cervoni,
de l'histoire de la restauration de l'orgue
Enfin audition de l'orgue ( et avec quel plaisir! ... enfin, pour moi! )
Mais reprenons ce que disait Alain Sals en 1986 :
"Aujourd'hui, nous restaurons des orgues en Corse ce qui, pour le patrimoine de ce pays est une bonne chose, mais peu sont joués après leur inauguration, pratiquement re-abandonnés une fois passés l'émulation et l'enthousiasme du moment. Un orgue qui n'est pas utilisé se dégrade très rapidement. Les rats s'y réfugient et causent de très grands dommages. Les chauve-souris s'y installent, la poussière s'y accumule, et tout est à refaire quelques années après. Si recréer une tradition est impossible, car elle doit se transmettre sans interruption de générations en générations, seule reste maintenant la sensibilisation au problème des gens concernés, maires et citoyens d'un village qui doivent comprendre qu'un orgue est une oeuvre d'art, toujours précieuse, faisant partie de la vie de leur pays. Il faudrait que la décision de faire restaurer un orgue soit accompagnée de celle de déceler le talent potentiel local susceptible de faire vivre l'instrument dans son utilisation. Quitte à ce que le village prenne en charge l'éducation musicale de l'organiste débutant. Ce n'est certes pas facile, mais la survie des orgues en dépend."
L'orgue de Luri, et c'est normal au bout de trente ans, aurait besoin d'un relevage, même s'il fonctionne encore très bien. Gageons que le village saura soigner son instrument comme il le mérite et espérons qu'il sera entretenu et joué régulièrement, en particulier lors des offices, car c'est là sa fonction première. Il n'est pas besoin pour ce faire d'être un organiste virtuose: même si ces orgues de villages en Corse servent si magnifiquement la musique "savante" des XVI°, XVII°, XVIII° et XIX° siècles, ce sont avant tout des instruments populaires, de proximité, au sein de leur communauté et c'est ainsi qu'il faut continuer de les faire vivre.
Prochainement nous rencontrerons la famille des Crudeli, facteurs d'orgues pendant plusieurs générations et liés à la ville de Lucca, où s'était établi le premier et le plus célèbre d'entre eux, Michelangelo (Amalia 1728 - Lucca 1801) .
De leur venue en Corse est née une autre famille d'organiers, corses cette fois, les Saladini de Speloncato.
Signalons enfin ici que le premier - et très bel - orgue construit par Giovanni Crudeli est celui de l'église St Michel à Speloncato, daté de 1810, et monté sur son extraordinaire tribune d'Anton Giuseppe Saladini, l'ébéniste surdoué de Speloncato et père du facteur d'orgue Anton Pietro Saladini :
22:21 Publié dans Journées du Patrimoine, orgues historiques de Corse, Renaissance de l'Orgue Corse, René Saorgin | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : orgue crudeli de luri, alain sals, rené saorgin, sébastien rubellin, crudeli facteur d'orgue | Facebook |
24/01/2014
restauration des orgues historiques: déontologie
Restauration des orgues historiques: je réédite cette note
A propos de la déontologie de la restauration des orgues historiques
(Costa)
Tout d'abord ce premier texte officiel, publié par le G.P.F.O., Groupement Professionnel des Facteurs d'Orgues, dans leur revue N°26, du printemps 2005:
à retrouver sur le site: http://gpfo.free.fr/engage.htm
GROUPEMENT PROFESSIONNEL DES FACTEURS D'ORGUES
RÉSULTATS, SERVICES, TRANSPARENCE... LA PROFESSION S'ENGAGE
LES FACTEURS D'ORGUES S'ENGAGENT À :
QUALITÉ
|
|
RESPECT DE L'INSTRUMENT
|
|
DEVIS - MARCHÉS
|
|
SERVICE APRÈS-VENTE
|
|
PRIX
|
|
CONDITIONS GÉNÉRALES DE GARANTIE
|
***
Puis cette Charte conçue en janvier 2005 par Laurent PLET, facteur d'orgues installé dans la région de Troyes, et qui concerne plus précisément la restauration des orgues. C'est une charte préparée avec le bureau du GPFO et les techniciens conseils. Ce texte a été officiellement adopté en Assemblée Générale du GPFO le 27/05/2005 . IL me semble particulièrement important par sa réflexion et son engagement.
http://lplet.org/textes/idxchar.htm
Charte du facteur d'orgues restaurateur |
Laurent PLETFacteur d'orgues |
1 - LA PRUDENCE
La première règle à suivre pour une remise en état ou une restauration est d'intervenir le moins possible. Le but n'est pas d'obtenir un instrument ayant l'aspect d'un neuf, mais au contraire gardant les traces d'utilisation dès lors que cela n'altère pas son fonctionnement ni sa musicalité. En cas de démontage, toutes les précautions doivent être prises pour limiter les conséquences des changements hygrométriques. Les remplacements ne seront jamais systématiques ou « précaution ».
Je m'engage à appliquer ces règles de prudence dans tous les travaux de restauration historiques qui me seront confiés cette année
2 - LA RÉVERSIBILITÉ
Chaque intervention sur un élément historique doit être réversible, c'est-à-dire susceptible d'être corrigée pour améliorer l'approche vers le but fixé
La conservation des pièces déposées et une documentation photographique sont indispensables, mais il faut absolument essayer de laisser des éléments d'origine en fonction.
Je m'engage à proscrire tout geste ou action ne pouvant être clairement identifié et éventuellement annulé par un autre facteur d'orgues.
3 - L'HUMILITÉ
Toute modernisation d'un élément mécanique ou acoustique originel est à proscrire. L'utilisation des normes et techniques actuelles sont à éliminer pour la restauration d'un instrument ancien. Le facteur d'orgues doit adapter sa manière de travailler à celle de l'auteur, il en est de même pour le choix des matériaux. Le restaurateur s'interdit de prétendre améliorer l'œuvre ancienne même dans le cas de certains défauts mécaniques ou harmoniques ne rendant pas l'orgue inutilisable.
Je m'engage à ne pas intervenir différemment suivant ma notion de qualité de l'orgue à restaurer et à conserver intégralement les caractéristiques de cet instrument
4 - LA TRANSPARENCE
Les pièces complétées ou reconstruites doivent être identifiables par les générations suivantes. Elles seront donc datées de façon discrète et mentionnées dans le dossier de restauration. S'il n'existe pas de modèle dans l'instrument ni dans un autre orgue du même facteur, on prendra pour référence un orgue contemporain de celui à restaurer et d'une facture aussi proche que possible.
Je m'engage à permettre la reconnaissance ou la datation de tous mes apports dans l'instrument restauré
5 - LA MAINTENANCE
Une tuyauterie ancienne doit toujours être accordée avec prudence et le moins souvent possible. L'accord général sera contrôlé ponctuellement par le facteur assurant l'entretien régulier. Il ne sera refait intégralement qu'après un dépoussiérage de la tuyauterie.
Je m'engage à intervenir toujours prudemment dans un orgue historique même pour les opérations les plus simples
Ces prescriptions générales doivent guider chacune de mes interventions sur tout ou partie d'un orgue historique. Je m'engage personnellement et sur mon honneur, à ne pas y déroger ni dans l'esprit ni dans la lettre, même à la demande d'une tierce personne, et à ne pas exiger d'un autre qu'il y déroge.
À Troyes le 8 janvier 2005
Laurent Plet. | Jean-Louis Pfeiffer | Pascal Germain | Grazyna Pawlikowski |
Thomas Bape | Jean-Claude Brion | Julien Bergeron |
Quelques réflexions à propos de la restauration des orgues en Corse - et ailleurs ...
Sur nos belles tribunes d’orgue, une fois enjambées - dans les escaliers ou les échelles de meunier - les déjections de rats et de chauve-souris que trouve-t-on ? …Tuyaux pliés, écrasés, mâchouillés, dispersés, mécanismes disloqués, soufflets éventrés, excréments, petits cadavres desséchés, débarras d’objets de cultes tombés en disgrâce, gravas tombés des voûtes…
Les facteurs d’orgue qui s’engagent dans la restauration d’un orgue historique savent bien qu’ils ne devront pas compter leur temps ni leur peine pour « récupérer » et réutiliser les moindres parties, même apparemment ruinées .
(Quelques photos de l'orgue de Ferrari, démembré, de Sainte Marie à Bonifacio)
Tous ces éléments qui constituent l’orgue et qui lui arrivent souvent dans un désordre indescriptible, en particulier lorsque l'orgue a été démonté et entreposé avec bonne volonté mais sans aucune connaissance du matériel et sans l'aide technique hautement souhaitable d'un spécialiste , laissés en vrac comme des morceaux d’un puzzle à reconstituer, sont autant de témoins précieux que le facteur d'orgues - restaurateur devra analyser avec toute la patience et la prudence requises, comme le ferait un archéologue sur un chantier de fouille.
Cette patience et cette prudence s’accompagneront d’une grande humilité : le facteur d’orgue doit s’effacer devant l’existant s’il veut véritablement réanimer l’orgue ancien. Faute de quoi, il se contentera de donner une fonction à l’instrument sans lui redonner son esprit d’origine. Ecoutons les réflexions d’Alain FAYE, co-restaurateur avec Alain SALS du petit orgue de l'église saint Sauveur à COSTA (Balagne), en 2004 :
« La restauration d’un orgue ancien est pour nous une démarche à la fois historique, technique et musicale.
Elle commence par une mise en condition, qui consiste à comprendre le contexte initial dans lequel l’ouvrage a été créé. Cette démarche intellectuelle est importante : les anciens n’avaient pas les mêmes idées que nous, pas la même façon de fonctionner, n’attachaient pas la même priorité aux mêmes choses.
L’artisanat était bien structuré, il y avait toujours une continuité dans la transmission du savoir, une école. Au quotidien, certains travaux demandaient alors une main d’œuvre bien plus importante que de nos jours. L’organisation du travail, la façon de se procurer les matériaux, le contexte général : transports, économie, conditions de vie, autant de choses qui ont conditionné la création artisanale et qui n’ont rien à voir avec les valeurs auxquelles nous sommes habitués.
Le regard du restaurateur tient compte de tout cela. Savoir lire le message des anciens artisans, parfois déconcertant, le déchiffrer sans l’interpréter hâtivement : on a vite fait de changer totalement la lettre comme l’esprit. Comprendre les transformations de l’ouvrage, comment et pourquoi il a été modifié, adapté, quand cela a-t-il été fait (…). Il est essentiel de couper tout préjugé pour ne pas trouver ce que nous voudrions bien trouver.
Sur le plan technique, il s’agit de conserver une œuvre, physiquement, mais aussi de la restituer dans sa fonction. Ainsi, nous nous tenons strictement à l’obligation morale de transmettre et conserver l’ensemble du matériel ancien cohérent, d’empêcher sa dégradation et de le compléter à l’identique en adaptant nos techniques et savoir-faire au cas par cas.(…) La technique des anciens est faite de savoir-faire très directs. On allait droit au but dans la plupart des cas. Ce qui n’empêche pas quelques fioritures absolument gratuites qui ne s’expliquent que par la beauté du geste.
Sachant qu’une restauration n’est pas toujours la première et encore moins la dernière, nous nous efforçons de garder identifiable ce qui a été fait précédemment ou au moins d’en conserver une trace écrite et iconographique pour mémoire. Tous les matériaux et techniques utilisés lors de nos interventions sont absolument réversibles et les matériaux techniques utilisés sont conformes aux spécifications du CCTP.(…)
La conservation et la remise en fonction du matériel ancien est indissociable de l’objectif d’un résultat musical cohérent. L’ensemble de la démarche poursuit cette finalité. »
(2004)
Et à propos de déontologie:
"La déontologie est un ensemble de règles aussi bien mprales que techniques, applicables à l'exercice de notre art, aussi bien en ce qui concerne une attitude professionnelle vis-à-vis de notre clientèle et des autres professionnels qu'à l'objet même de notre travail, l'orgue en l'occurence, principalement lorsqu'il s'agit de restauration d'un patrimoine (ces règles se retrouvent dans la plupart des métiers du patrimoine)
Attitude du professionnel:
Rien de bien spécifique à la facture d'orgues: obligation de résultat, service et respect du client et des différents protagonistes d'un marché, service après-vente parfaitement assuré, recherche d'une bonne image de l'entreprise et de la corporation en général. Une attitude claire, positive et collégiale au sein de la corporation est nécessaire. Tout le monde s'y retrouve en définitive si cela se passe bien, et les travaux de facture d'orgue n'auront pas l'image de quelque chose de problématique.
Attitude du restaurateur - maintes fois définie, tient à quelques principes simples:
- conservation, transmission d'un patrimoine, éviter (retarder?) sa dégradation, physiquement.
- pas de prise de position définitive: l'expérience a montré que la restauration est sujette à des doctrines qui évoluent, donc on peut la remettre en question à un autre moment, principe de réversibilité, ne rien jeter, laisser témoins, également de certaines interventions intermédiaires s'il y a lieu, ne pas perdre de vue qu'une restauration n'est pas toujours la première, et encore moins la dernière. Après une ou deux restaurations, que restera-t-il ? On a vite fait de changer totalement la lettre comme l'esprit. Et à chaque fois se réduit la part du patrimoine lisible transmis à la génération suivante.
-dans la facture d'orgues, nous sommes tenus de restituer également une fonction, l'instrument doit être rendu en état de jouer, mais il ne faut pas perdre de vue l'idée de restituer à la lettre, donc ne rien perdre matériellement. Parfois certaines pièces semblent trop dégradées pour continuer à assurer leur fonction. Il faut alors veiller à conserver également ces pièces originales pour les garder comme témoins.
(Cela arrive peu dans l'orgue, mais souvent des instruments de musique sont conservés même sans être en état de jouer, pour ne pas subir des interventions qui nuiraient à l'intégrité de leur contenu patrimonial.)"
( Réflexions d'Alain FAYE, facteur d'orgues à CALLEN, écrites à notre demande en janvier 2011 pour nourrir la nôtre .)
Quelques réflexions à propos de la restauration des orgues en Corse (... et d'ailleurs)
(Les tuyaux s'affaissent les uns sur les autres et en entraînent d'autres dans leur chute : c'est le début d'une longue agonie...)
La première condition - impérative celle-là- pour obtenir une bonne restauration de l’orgue demeure avant tout l’étanchéité sans faille de son sommier : si le sommier présente des fuites, même minimes, les tuyaux ne parleront jamais parfaitement… et seront inaccordables. Un sommier bien restauré donne sa stabilité à l’ensemble de l’orgue, quels que soit sa taille et son ancienneté.
L’une des caractéristiques de nos instruments en Corse est la sonorité du RIPIENO (l’ensemble du plein-jeu), qui leur donne son âme à la fois majestueuse et lumineuse. Cette « clarté » des sons qui jaillit des tuyaux lorsqu’ils sont bien restaurés (et placés sur un sommier étanche !) permet de faire chanter des musiques polyphoniques à l’orgue sans que les voix s’embrouillent dans une pâte sonore informe. On est très étonné de voir les facteurs d’orgue arriver à récupérer ces tuyaux écrabouillés, crevés, mâchouillés par les rats (qui s’aiguisent les incisives dessus !), les remettre en état de revivre et de témoigner de cette esthétique particulière. Seuls les meilleurs d’entre les artisans organiers obtiennent ces véritables résurrections grâce à une connaissance et une pratique accomplies de ce métier dans toutes ses interventions, même les plus humbles : savoir « panser » les plaies des métaux anciens, souvent fins comme des feuilles de papier à cigarette.
Le temps! Une donnée qui a un coût ... Il est moins onéreux de fabriquer des tuyaux neufs que de restaurer les anciens ...
Un exemple des étapes de sauvetage et de restauration par Alain Sals d'un tuyau du petit orgue de Costa:
La science de l’harmonisation : commence alors l’opération la plus délicate et qui signe véritablement l’excellence musicale du facteur d’orgue. Il s’agit de traiter avec douceur et délicatesse la bouche du tuyau pour le faire parler sous le vent : mal maîtrisée, cette opération peut produire des effets très désagréables, même si le tuyau est neuf . Bien gérée, une bonne harmonisation permet aux tuyaux de recevoir tout le vent dont ils ont besoin pour "parler clair". La personnalité, la sensibilité et le degré de qualification du facteur d'orgue s'expriment souvent à travers cette opération primordiale.
(le petit orgue de Costa: anonyme du début XIX° siècle, restauration
d' Alain Faye, Alain Sals et Pierre Sibieude en 2004)
Parmi tous les choix qui seront nécessaires à une bonne restauration, une autre décision importante donnera son caractère à l’orgue : celle du tempérament.
Nos instruments les plus anciens ont souvent été restaurés avec un tempérament mésotonique (avec des tierces justes), ce qui donne une saveur toute particulière à l’ensemble, même si du coup ce choix restreint la quantité de musiques exploitables sur nos orgues au bénéfice de la qualité.
On le voit, le terme de restauration à l’identique implique non seulement un savoir faire sans faille mais aussi une démarche déontologique très exigeante : il est important de décider, lorsque l’on désire redonner vie à un orgue, si l’on va se contenter de reconstruire l’orgue et de lui redonner sa fonction ou si on veut aller au-delà de cette « remise en souffle » : une restauration n’est pas une simple reconstruction. Dans une véritable restauration chaque élément récupérable sera remis en état de façon à pouvoir témoigner de l’orgue original et de l’époque de sa création… En Corse, il faut saluer la première restauration à l'identique du petit orgue de LA PORTA, en 1963 par un tout jeune homme à l'époque, Barthélémy Formentelli...
Il reste de nombreux orgues de grande qualité à restaurer en Corse: tous méritent le titre d'"orgues historiques", ce qui fait de l'île une exception dans le monde organistique européen.
Qu'ils soient classés ou non, ces instruments doivent recevoir toute notre attention et l'on ne saurait trop croiser les regards des spécialistes en toute transparence, lors des restaurations, pour que chaque instrument demeure un livre ouvert racontant l'histoire de sa communauté... On y découvrira du reste que les anciens ne percevaient pas leurs instruments comme nous: notre esprit esthétique de consommation de biens figés dans un paraître impeccable nous empêche parfois d'admettre la vitalité faite de savoir-faire, d'intuitions géniales et parfois d'imperfections ponctuelles nées de contraintes particulières auxquelles le facteur d'orgues local, parfois formé sur le tas, cherchait à donner la meilleure réponse possible. Il faut avoir visité l'espace exigu d'un modeste atelier de village pour comprendre ce robuste corps à corps du facteur avec son orgue...
Enfin signalons qu'une bonne restauration doit pouvoir assurer dans la durée l'utilisation de l'orgue restauré, sans panne majeure, avec un suivi régulier, et avec un maximum de joies pour les utilisateurs:
- tout d'abord pour les communautés qui se sont engagées avec leur municipalité dans cet effort onéreux de la restauration pour que "leur" orgue, forcément le plus beau de la région! sonne à nouveau et serve, en situation liturgique, pédagogique, en concert ...
- mais aussi bien sûr pour les organistes qui l'utilisent: plus l'organiste responsable de l'instrument et les organistes de passage auront de plaisir à le jouer, mieux se portera l'orgue restauré, et mieux sera garantie son espérance de vie ...
Elizabeth.
(l'orgue de Muro, Pagnini 1796/ Agati- Tronci 1878, restauration Jean François Muno 1982)
19:42 Publié dans orgues historiques, orgues historiques de Corse, patrimoine, restauration du patrimoine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : déontologie du facteur d'orgues, déontologie de la restauration du patrimoine, déontologie de la restauration des orgues historiques, gpfo, laurent plet, alain faye, alain sals, patrimoine organistique de la corse, jean françois muno | Facebook |
06/05/2012
l'orgue de Corbara: inauguration et dossier technique du relevage (partie instrumentale)
CORBARA
Dimanche 13 Mai 2012,
" inauguration" de l'orgue restitué dans sa splendeur en 2011
à 17 h à la Collégiale Santa Nunziata
relevage de la partie instrumentale:
Alain FAYE et Alain SALS
restauration du décor tambour/tribune/ buffet :
Ewa POLI
restauration de la grosse caisse:
André FABRE
Voir la note précédente:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/11/28/l-orgue-de-corbara-retrouve-son-eclat.html
et bénédiction de l'orguepar Mgr Olivier DE GERMAY, évêque de Corse,
cérémonie où se déroulera le beau rituel du "réveil" de l'orgue au cours duquel l'orgue dialoguera avec l'évêque célébrant, lors des huit invocations solennelles qui signent la mission première de l'orgue au sein de sa communauté.
(pour comprendre la cérémonie de bénédiction d'un orgue, vous pouvez ouvrir le lien suivant: )
http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=b%C3%A9n%C3%A9diction%20d'un%20orgue&source=web&cd=1&sqi=2&ved=0CFcQFjAA&url=http%3A%2F%2Fmichele-gabriel.chez-alice.fr%2Fpge77-32.html&ei=AxumT6CQLofn8QOVyLjmBA&usg=AFQjCNHYewK8cL2Je8yZqqQYKZ0s_kikWQ
Notons que ce sera la première visite officielle du nouvel évêque de la Corse en Balagne et que cette belle cérémonie de bénédiction d'un orgue, déjà rarissime en Corse, trouvera ici une résonnance particulière grâce à la présence de Mgr Olivier De Gamay: un honneur pour Corbara et toute la Balagne, une reconnaissance pour le rôle liturgique des orgues dans nos églises. L'évêque sera reçu, comme le veut le protocole, par les confrères à la Casazza, puis, après leur entrée à l'église, commencera la messe au cours de laquelle sera célébrée la bénédiction de l'orgue.
La dernière bénédiction d'un orgue à laquelle j'avais participé fut célébrée à Costa, par l'archiprêtre Pinelli, grand amoureux des orgues: un bien beau souvenir!
Suivra à 18h30 un concert donné par l'organiste Wladimir MATESIC, organiste à la cathédrale de Bologne
A présent, le dossier du relevage:
en mai 2006, notre ami Michel Foussard, alors technicien-Conseil pour les orgues de Corse avait établi un excellent dossier de protection pour cet orgue qui aboutit à son classement, et par la suite à l'implication de la commune de Corbara dans l'effort financier considérable pour sa restauration.
Montant total: 132.332 € H.T.
Participation de la Collectivité Territoriale de Corse: 70% du montant H.T.
Participation de la Commune de Corbara:
les 30% restants.
Mémoire et observations faits à l'occasion du relevage de la partie instrumentale, par les facteurs d'orgues Alain Faye et Alain Sals
(à l'usage des "fous d'orgue" ... et de tous les curieux : quelle mécanique et quelle technique ! et comme souvent, beaucoup de questions et d'hypothèses, car trop peu d'archives: l'art des organiers restaurateurs dépend en premier de leur analyse concertée du matériel existant.
Après cette réflexion archéologique vient le savoir-faire de chacun, doublé de la plus grande exigence possible : un bon relevage, comme une bonne restauration, garantit longuement la vie de l'orgue et minimise les risques d'incidents )
l'orgue, vu depuis le choeur (somptueux!) de la collégiale.
Composition de l’instrument :
Etendue du clavier
52 touches de do1 à sol5 avec première octave courte
Etendue du pédalier
18 touches de do1 à la2
17 gravures de do1 à sol#2
Tirasse de do1 à la2
Composition du clavier manuel
Principale nei bassi 8’ (sol1 en façade)Principale nei soprani 8’
Ottava nei bassi 4’
Ottava nei soprani 4’
Decimaquinta 2’
Ripieno di 4 canne per tasto 1’1/3, 1’, 2/3’, 1/2’
Flauto in ottava 4’
Ottavino nei Soprani 2’
Cornetto 4’, 2’2/3, 1’3/5
Viola ei Bassi 4’
Voce Umana 8’
Campanette 8’
Corno inglese nei soprani 16’
Trombe nei bassi 8’
Trombe nei soprani 8’
Clarone nei Bassi 4’
Composition du pédalier
Contrabbassi 16’-8’en bois ouvert
Tirage des jeux
A droite, sur deux lignes verticales, déplacement latéral avec encoche
Coupure en basses et dessus
mi3 - fa3
Pedalier de C1 à A2, avec octave courte. :
Contrabassi 8+4
Tirasse permanente
Timpano. Banda militare.
Tiraripieno Polisire.
Ecoutons le facteur d'orgue restaurateur Alain FAYE:
"L’histoire de cet orgue s’est faite en deux principales étapes :
L’orgue d’origine, correspondant au buffet et à la tribune, vraisemblablement construits en même temps, semble être des Saladini. La tribune est signée par Anton Giuseppe Saladini (le père, ébéniste). Les volets ont été peints en 1819, et cette date serait plausible pour l’ensemble de l‘ouvrage.
De cette époque, il reste :
- tous les tuyaux du Principale, ainsi que la plupart des tuyaux composant les jeux de : Ottava, Flauto in ottava, Decimaquinta, Ripieno, Ottavino, Cornetto. Comme on le verra plus tard, ces tuyaux pourraient être de Saladini fils, Anton Pietro (*né en 1799: en 1819, il a donc tout juste 20 ans). Il faut cependant savoir que l’activité à ce jour recensée de ce dernier s’étend de 1825 à 1863, du moins en ce qui concerne les instruments signés de sa main.
- les tuyaux de bois de la pédale.
- le sommier de Pédale et son abrégé, et un portevent.
En 1890 l’orgue est reconstruit par Agati et Tronci, (opus 1124), dont les éléments facilement identifiables sont bardés d’étiquettes d’expédition (Livorno Maritima) et de marques au pochoir :
- Le sommier manuel à ressorts.
- la charpente intérieure.
- La soufflerie.
- Clavier, pédalier et mécanismes.
- Grand abrégé et abrégés de campanette (campanelli) et terza mano.
- Tirage de jeux.
- les jeux de Corno cinese , Voce umana, Viola bassi, et les jeux d’anches : Tromba, Clarone nei bassi, Corno inglese nei soprani, plus quelques compléments dans le ripieno .
- 4 tuyaux de bois des compléments chromatiques de pédale, ainsi que la basse commune d’Ottava et Flauto in ottava et le ré grave du Principale.
- les percussions : campanette , grosse caisse, cymbale.
D’après les marques sur la tuyauterie ancienne qu’ils ont réemployée, on constate que ces facteurs avaient grossi les tailles par décalage .
Une autre intervention marquante est celle d’Hartmann en 1979 .
Il y eut peu d’éléments neufs apportés par ce facteur, à part un ventilateur électrique, sa boite et son porte-vent.
Mais des interventions lourdes effectuées sur place : sur le sommier ( déposé pour remplacer une partie vermoulue), sur la soufflerie, et surtout sur la tuyauterie.
La pression a alors été baissée à 50 mm, les languettes de jeux d’anches remplacées et les jeux de principaux à partir de l’ottava décalés d’un ton ou plus apparemment dans le but de rétablir les tailles d’origine (= d’avant Tronci). Hartmann a pris soin d’identifier les marques qu’il a trouvées, ce qui donne une idée des décalages successifs."
[* mon commentaire: : d'un côté l'esprit encore relativement classique italien des premières décennies du XIX° siècle , possiblement attribuable à Saladini, ( je dis relativement, car le Saladini des débuts, en partie autodidacte, conçoit un ripieno sans rangs de quintes, comme on peut le trouver à Palasca: choix déroutant qui ne favorise pas la cohésion de l'ensemble du ripieno et rend l'accord plus que difficile, et choix qu'il abandonnera dans ses orgues ultérieurs, comme à Pioggiola en 1844) auquel succède d'un autre côté l'esprit résolument orchestral de la fin XIX° des Agati-Tronci - Hartmann va chercher à tirer le meilleur parti possible du matériel existant en s'orientant vers une esthétique baroque qui lui est chère.
Lorsque j'ai interrogé Philippe Hartmann sur l'état de l'orgue de Corbara lorsqu'il l'a vu la première fois, en 1978, la question étant de savoir s'il jouait encore, sa réponse fut " oui, mais il jouait affreux!", ajoutant que Tronci avait mis une pression trop forte qui faisait "gueuler" les tuyaux ...
C'est ce troisième état de l'orgue que les facteurs d'orgues Alain Faye et Alain Sals, en accord avec le technicien-conseil Michel Colin, ont décidé de conserver et de relever en 2011. Cette intervention d'Hartmann a transformé cet orgue, certes italo/corse mais à l'époque passablement ingérable en un magnifique instrument à la personnalité un peu "hors normes" dans le paysage habituel des orgues historiques présents sur l'île.
Notons que depuis ce beau travail de relevage de Philippe Hartmann en 1979, l'orgue de Corbara n'a pas cessé de vivre pour sa communauté grâce au talent et au dévouement sans faille de l'organiste de l'époque, Lina Vigouroux, servant tant qu'elle l'a pu, l'instrument pour tous les offices religieux et veillant à son entretien avec le concours, à l'époque, du regretté Antoine Massoni. Ajoutons également l'implication passionnée de Michel Franceschini pendant de nombreuses pour sauvegarder et mettre en valeur le patrimoine de l'église: qu'on leur rende ici hommage!
Par ailleurs concerts et stages complétaient la vie de cet orgue dont tous les utilisateurs ont toujours célébré le charme et l'intérêt. ]
à nouveau, Alain Faye:
" Description des différents éléments de mécanismes :
- Sommiers :
Sommier de Pédale ancien (datant de l’orgue d’origine ?) avec ses 9 soupapes anciennes pour 8 notes (octave courte) de contrabassi doublées en 4 pieds, et un timpano de deux tuyaux.
Fait d’une pièce de noyer, avec tampons encastrés munis d’un anneau en fer. Quatre soupapes ont été rajoutées par Tronci, pour avoir les demi-tons manquant à l’octave courte. La disposition des tuyaux est compliquée, certains sont postés là où il y a de la place, car les perces correspondantes ont été intercalées comme on pouvait,.
Pour le tambour à vent (Timpano) , il est utilisé une soupape supplémentaire dans une petite laye extérieure au sommier, qui commande un autre tuyau en même temps que le La 2 du pédalier.
La transmission mécanique permet par le jeu des abrégés d’avoir l’effet suivant :
- première octave courte en 8+4 , puis 8+8 à partir du La .
- deuxième octave chromatique redoublant en 16+8.
Le jeu de contrabassi possède son propre tirant et peut être utilisé ou non. Dans ce cas, on a seulement la tirasse, qui est permanente et suit normalement de Do1 à La 2. Le tirant de jeu est relié à une soupape qui alimente le portevent de Pédale, dérivation du portevent principal.
Grand sommier du clavier manuel :
à ressorts, typique d’Agati-Tronci. Fait en noyer , avec fond de laye en peuplier ou en aulne. Laye divisée en trois parties, avec tampons à verrous tournants en bois, s’encastrant dans une rainure. Comporte 16 registres , plusieurs des jeux étant coupés en basses et dessus (Principale, Ottava, Tromba).
Une pièce importante (flanc de laye en noyer très vermoulu, retrouvé dans le soubassement de l’orgue) a été changée sur place par Hartmann . Le fond de laye a également été réparé, et les boursettes de la laye probablement remplacées . L’un des registres est récent. Depuis, les rats avaient attaqué les boursettes supérieures.
Le faux sommier est fait de panneaux minces en peuplier sur un cadre soutenu par des tiges filetées avec écrous de bois. Comme toujours, les pieds de tuyaux sont courts et beaucoup de bouches se trouvent en dessous.
- Clavier/console : clavier axé en queue en os et ébène d’Agati Tronci, avec couvercle et entourage en beau noyer. Le couvercle relevé sert de pupitre. Sous Agati et Tronci, l’entourage de la console a été redécoré en faux bois.
- pédalier a leggio , en noyer, d’Agati-Tronci. Touches montées sur des charnières en peau.
- Mécanique :
Tous les abréges manuels ( grand sommier, terza mano et campanette), ainsi que l’abrégé de tirasse sont d’Agati & Tronci, à l’italienne , montés sur des mouches de feutre ou de peau. L’abrége du sommier de pédale est ancien, et a été adapté et complété lors de la reconstruction. Les vergettes , équerres et fils de liaison sont de cette époque.
- tirage de jeux :
Le système est entièrement de Tronci, selon sa fabrication habituelle (comme Muro, Piedicorte, etc.).
A la console : leviers horizontaux à cran, avec mouvement permettant d’enclencher la combinaison (Polisire). Nom des jeux calligraphiés à l’encre sur des plaquettes de buis.
Ces leviers sont reliés par des crochets de fers à l’abrégé de jeux, lui même relié aux équerres placées en bout de registres par des fils d’acier réglables par des écrous de bois.
La terza mano se trouve avec les autres tirants. Les Campanette sont actionnées par un levier à part.
Les tirants peuvent tous être actionnés par la pédale du Polisire, et ceux de Principale, 8a, 15a et ripieno par celle du Tiraripieno.
- Soufflerie
La soufflerie placée dans le soubassement de l’instrument consiste en un réservoir à plis compensés de 0,80 par 1,40 m., avec ses deux pompes placées dans le sens de la longueur. Ces pompes sont actionnées par le mécanisme habituel d’Agati-Tronci , un levier vertical en T inversé avec deux bielles articulées. Le système est très efficace et d’un maniement aisé.
Le vent des pompes donne dans un antisecousses placé à l’envers sous la soufflerie, avec deux gros ressorts de lit. Il en ressort vers le réservoir par un unique trou étonnamment petit ( moins de 40 mm. de diamètre).
Cette soufflerie très usée avait été réparée à plusieurs reprises. Il semble qu’il y ait eu un démontage important par Hartmann. (neutralisation de soupapes dans des endroits normalement inaccessibles). En 2010, la plupart des joints de peau étaient fissurés et fuyaient. De plus, des rats avaient attaqué tout ce qui est en peau dans l’orgue.
La pression est donnée par deux dalles de schiste posées sur la table. Elle était de 50 mm. au démontage, et identique après restauration de la soufflerie. Il restait deux dalles similaires à la tribune. En les rajoutant, on a 70 mm, ce qui a pu être la pression de Tronci.
Ventilateur Meidinger triphasé, datant vraisemblablement de 1979,
Portevent et boite à rideau branchés à la base du portevent principal sur une sorte de collecteur.
-Tuyaux de bois :
La plupart sont antérieurs à Agati-Tronci, peut-être de plusieurs provenances, en châtaignier, avec un bloc assez bas et une lèvre inférieure clouée. Ils se ressemblent, mais ne sont pas vraiment de tailles suivies. Parmi eux, une série de tuyaux de très grosse taille, de section approximativement carrée, a du constituer les contrabassi de l’orgue antérieur, et correspondent à la division du sommier.
Ces tuyaux sont peints d’une couche assez claire de badigeon à la colle, ocre rouge. De même facture, des tuyaux très étroits servant à la doublure à l’octave des contrabassi ont pu appartenir à un jeu d’Ottava. Beaucoup de bouches ont été baissées par Hartmann lors du changement de pression.
Ceux des demi-tons rajoutés par Agati-Tronci sont facilement reconnaissables : en sapin clair, non peints, avec des rebouchages au mastic blanc. Ils sont de section carrée pour la pédale et rectangulaire pour la Flauto in 8a et les lèvres inférieures sont vissées.
- Accessoires ( Percussions) : banda militare : grosse caisse + cymbale. Reste de transmission et traces de frottement pour un troisième mécanisme, vraisemblablement chapeau chinois aujourd’hui disparu.
Campanette (campanelli) série de timbres en bronze embrochés sur un tige filetée avec entretoises en bois. La frappe est assurée par de petits marteaux en forme de boules en bronze.
Mémoire des travaux exécutés lors de notre intervention de 2010/2011 :
1 ) Installation du chantier, démontage :
- Relevé photographique et établissement des pièces . Essais avant démontage.
Relevé du ton et de la pression.
- Dépose de la tuyauterie, de métal comme de bois.
Etude détaillée de la tuyauterie: tailles, embouchage, marques.
- Dépose du clavier et du pédalier
- Dépose du soufflet.
- Transport en atelier de tous les éléments devant être restaurés
2)Buffet :
La restauration du décor faisant l’objet d’un marché séparé, exécuté par la restauratrice
Ewa Poli, nos opérations concernant ce buffet sont succinctes :
- Nettoyage intérieur.
- Vérification de l’ensemble de la boiserie, calages concernant principalement les supports de mécanismes.
- Traitement insecticide des bois : panneaux, charpente intérieure.
- réajustage de panneaux du soubassement.
3 ) Alimentation :
- Fabrication d’un caisson en bois isolant le ventilateur et empêchant le passage des poussières. (panneau de particules peint au pigment vieux bleu à la colle, comme le reste de l’alimentation. Isolant intérieur: mousse alvéolée)
Soufflerie:
Remise en peau de la soufflerie, réservoir et pompes. (travaux en atelier)
- Démontage des éléments de la soufflerie : tables et éclisses. Décollage à la vapeur de l’ancienne peau. Mise à nu des éclisses.
Cependant une partie des joints du réservoir était encore en très bon état et a pu être préservée. D’autres joints ont été doublés, évitant ainsi le démontage du pli compensé.
- Remise en peau : joints, aines, charnières du réservoir à plis compensés et des pompes. (peau blanche, fournisseur Varcuir) . Collages à chaud (colle d’os + nerf)
- Réfection de la peinture de la table supérieure du réservoir, pigment vieux bleu +colle Totin.
- nettoyage du mécanisme, levier et bielles.
Ces opérations ont été faites en utilisant les mêmes techniques qu’à l’origine, notamment en ce qui concerne le montage en peau et la place des bandes , chanfreinées partout où il y a lieu.
Autres opérations :
- Révision de la boîte régulatrice et de sa commande.
- réfection des joints des portevents de bois , et essais de l’étanchéité en général.
- Remise en forme des postages endommagés.
4) Sommiers:
- Nettoyage intérieur et extérieur des sommiers du manuel et de pédale, compresseur+aspirateur.
- nettoyage du faux sommier. Réparation localement par entoilage.
- Vérification et réparation des joints de peau scellant les flipots de gravures.
- nettoyage des soupapes des layes. Vérification des guides et des ressorts.
- Remplacement des joints de tampons de layes.
- réfection des boursettes de jeux endommagées par les rats à la partie supérieure du sommier à ressorts. Il y a une boursette pour chaque note de chaque jeu. Le nombre de ces boursettes à refaire était de 56 . (travaux effectués sur place, en peau fine spéciale , fournisseur Weiblen, collée à chaud sur le bois, et cousue sur les picots de soupapes).
- essais en pression, et vérification de l’étanchéité de chaque soupape de jeux après remontage des réglettes. Tous les pleurements qui subsistaient étaient dus à des saletés coincées sur les soupapes, qui ont pu être chassées par soufflage vers l’intérieur.
- Vérification des fixations des grands tuyaux.
5 ) Console , clavier, mécanique :
- Clavier:
Nettoyage. Remplacement des garnitures de feutre et vérification du jeu des mortaises de touches. Polissage des placages.
- Pédalier : Reprise du jeu et remplacement des garnitures. Remplacement des charnières de peau. Réglage des ressorts. Finition.
- banc, couvercle, pupitre : vérification et remise en état. Pose d’un éclairage adéquat .
6) Transmissions
- mécanique de notes: Nettoyage, vérification et remise en état au cas par cas de toutes les pièces : abrégés, équerres, fils de laiton.
Vérification du jeu des abrégés : abrégé principal, terza mano et campanelli, en remédiant à tous les frottements.
- Réglage de la transmission de notes.
- Tirage de jeux :
Nettoyage et vérification des pièces: tirants, équerres, liaisons en fil de fer, écrous de bois, ressorts. Réglage de la course des registres et des combinaisons : tiraripieno, polisire. Les registres (réglettes) doivent avoir un peu de jeu pour garantir une bonne fermeture de toutes les soupapes.
Traitement insecticide des bois.
Protection à la cire des parties en fer.
Ces travaux ont été exécutés par Alain Faye
et Eric Menguy.
8) Tuyauterie :
Les opérations sur la tuyauterie ont été effectuées par Alain Sals en ce qui concerne la restauration des tuyaux de métal (rapport ci-joint), l’atelier Alain Faye se chargeant de la fabrication des compléments neufs et de la remise en état des tuyaux de façade et tuyaux de bois.
A part quelques tuyaux particulièrement dégradés, la tuyauterie présentait un état général acceptable dans le cadre d’un relevage et ne nécessitait pas d’intervention en profondeur.
Etant convenu que l’on ne remettait pas en question l’intervention de 1979 par Hartmann, il n’était pas nécessaire de retransformer ni décaler quoi que ce soit de la tuyauterie.
Les opérations effectuées ont donc été les suivantes :
- Nettoyage de tous les tuyaux : fonds, jeux d’anches, de façade et tuyaux de bois.
- Remise en forme des tuyaux bosselés , pieds et corps .
- Soudures au niveau des bouches (Hartmann avait déjà renforcé la plupart des petits tuyaux de part et d’autre de la bouche).
- Pièces diverses et points de soudures aux endroits où le métal était attaqué par les rats (tuyaux de plomb)
- Rallonges au cas par cas de tuyaux trop courts, qui avaient été pincés exagérément : Viola entre autres.
- Ripieno : fabrication à l’identique de quatorze tuyaux manquants, en alliage à 12% d’étain.
- tuyaux de façade :
Ces tuyaux sont en alliage riche en étain. Ils sont assez lépreux, aux endroits habituels : hauts de tuyaux, bouches, bouts de pieds. Etant très fragiles, nous avons limité les interventions à ce qui était strictement nécessaire : nettoyage, réparation d’un des tuyaux particulièrement abîmé qui avait du tomber, points de soudures aux endroits où le métal était attaqué par la lèpre, reprise de cordons de soudure défectueux à l’arrière. Réparation des agrafes de fixation. Ces opérations ont été effectuées sur place. L’aspect du métal étant irrégulier à cause de la lèpre, en plus de la fragilité, nous n’avons pas tenté de passer un produit de lustrage.
- jeux d’anches: Dressage des rigoles, nettoyage des languettes, dérouillage des rasettes et vérification des coins. Vérification des soudures des pieds et corps en fer blanc. Réparation de pointes dessoudées.
- tuyaux de bois: Vérification de l’étanchéité des pieds, des blocs, des lèvres inférieures .
Vérification des collages et réencollage intérieur au cas par cas . Traitement insecticide des tuyaux en sapin. Une couche de peinture à la colle de peau et pigment minéral .
- Vérification en atelier de l'embouchage et préparation à l’harmonie de tous les jeux
Accessoires :
- Vérification des mécanismes d’accessoires. Réglage de la frappe des Campanelli. Reconstitution du mécanisme disparu de la Cymbale ; remise en état du mécanisme de la gran cassa, la restauration du tambour lui-même étant assurée par André Fabre, spécialiste en la matière.
- Trompettes : fabrication de deux tuyaux d’anches en fer blanc, parlant à la quinte, reproduisant l’effet des « trombe degli angeli » du buffet. Fabrication d’un postage et d’une boite à soupape avec sa commande à la console par une tirette placée sur le panneau de gauche.
Fabrication de deux trompettes en étain , tenues par les anges couronnant le buffet.
9) Remontage, égalisation, accord général.
L’orgue étant remonté et réglé mécaniquement, les tuyaux ont été remis en place. La pression de 50 mm. s’est avérée cohérente . Le ton retrouvé est de 440 à 16 degrés. Les opérations d’harmonie et d’accord ont été exécutées en majeure partie par Alain Sals, dont le rapport suit.
Quant à l’esprit général de nos travaux, on peut dire que l’objectif était la conservation sans sur-restauration et la remise en fonction de tous les éléments tels qu’ils ont été apportés au fil du temps jusqu’à l’intervention de 1979, sans privilégier un état antérieur.
Alain Faye. 12/2011 "
(les "étiquettes" de Tronci)
Et à présent, le relevage de la tuyauterie et l'harmonisation de l'orgue, par Alain Sals:
"Alain SALS
FACTEUR D’ORGUES
84340 ENTRECHAUX
RAPPORT
SUR LA TUYAUTERIE ET
L’HARMONISATION DE L’ORGUE
DE L’ EGLISE DE CORBARA.
Si l’orgue de CORBARA est en grande partie dû aux facteurs Agati et Tronci qui signent l’instrument et le répertorient sous le N° 1124 année 1890. Le sommier manuel, le soufflet, la mécanique sont de ces facteurs. Le sommier de pédale est lui, de Saladini.
La tuyauterie est en grande partie de Saladini. Construite en plomb retendu selon l’usage, hormis le principale en façade au fa 1 construit en étain fin. Les 3 premiers tuyaux étant en bois.
Les tuyaux de Tronci sont en métal avec un titrage d’étain plus riche, certainement autour de 40 % Les jeux complets de Tronci sont la viola bassi, la voce umana, le corno inglese le clarone bassi, la tromba.
Il y a divers tuyaux de Tronci dans les autres jeux pour remplacer les manques ponctuels. Ils sont reconnaissables par leurs aplatissages de bouches et par la couleur du métal.
Les tuyaux de Saladini ont des bouches étroites, au 2/9° de la circonférence.
Les biseaux sont très peu dentés, et beaucoup ne sont même pas dentés du tout. Cela est étonnant sur un orgue dont le dernier intervenant est Tronci qui lui surdentait souvent ses tuyaux.
Il y a là un anachronisme difficile à expliquer.
Du fait que les biseaux ne soient pas surdentés , le son de l’orgue est resté pur et plus en rapport avec un orgue plus ancien, plus “baroque.” ( c'est moi qui surligne)
Les tuyaux d’anches ont des corps en fer blanc comme d’habitude dans la facture Italienne. Les anches sont larges et grosses. Il y a des doubles languettes dans les basses.
Le Clarone bassi possède des corps côniques sur les 3/4 de la longueur, puis cylindrique sur le haut des tuyaux.
Le Corno Inglese soprano (16.p.) a les pieds et les pointes en fer blanc. Les corps, à doubles cône et sont en étain.
Tous les pieds de tous les tuyaux sont en fer blanc.
Les noyaux sont en plomb de type classique pour cette facture. On en trouve de même forme dans toute la Corse et en Italie. Ils sont légèrement coniques pour bien s’ajuster sur le pied, ils ont un épaulement réduit par rapport aux anches françaises et les pointes des tuyaux sont soudées très en arrière pour laisser un bon passage à la rasette.
Les tuyaux de bois proviennent en partie de Saladini pour les grosses basses de 8, y compris les 3 premiers du principale. Les compléments sont de Tronci.
L’impression de l’ensemble fait penser à une restauration de Tronci sans souci d’authenticité pour ce qu’il a trouvé de l’orgue de Saladini. La pose de tuyaux avec des pieds courts au milieux de tuyaux aux pieds longs en remplacement de manquants, en métal différent sont une constatation de ceci.
Philippe Hartmann, a trouvé le “ripieno” de cet orgue avec des quintes uniquement dans la basse, les dessus ne comportant que des rangs d’octaves. Saladini était coutumier du fait. À Palasca, ainsi qu’à Zilia ces orgues ne comportent aucune quinte dans le ripieno.
Hartmann a recomposé un Ripieno normal, avec reprises au 1/8° de pieds. Bien sûr quelques tuyaux manquaient dans les aigus, tuyaux que nous avons construits au modèle.
Philippe Hartmann a rallongé une grande partie de la tuyauterie. Les grosses tailles laissées par Tronci ne pouvant convenir pour la reconstitution d’un Ripieno classique.
De même, il a renforcé les bouches des tuyaux en soudant un cordon sur les côtés de ces bouches. Les tuyaux de plomb de ce genre d’instrument sont toujours très fragiles, et ne demandent qu’à plier sous l’effet de l’accordoir.
Il faut dire que l’orgue sorti des mains d’Hartmann sonnait magnifiquement malgré les altérations du temps, de la poussière et des rats. Bien que faux on sentait la qualité sonore de cet orgue qui est l’un des plus beaux de la Corse.
Nous prenons donc le parti de respecter le dernier état de l’orgue. Celui de Philippe Hartmann. On ne pourra en effet jamais retourner à un orgue de Tronci, qu’il n’a jamais été entièrement, ni à un orgue de Saladini trop transformé.(c'est moi qui souligne ce propos important)
Après la restauration des tuyaux, l’embouchage est révisé et l’accord général est effectué avec un tempérament légèrement inégal de type Vittino.
TUYAUTERIE
MESURES ET OBSERVATIONS
PRINCIPALE: 4 tuyaux de bois, 33 en façade 15 intérieurs en étain.
Diamètres :
G1- 100 mm C 2 - 80 G2- 58 C3- 46 G3- 34 C 4- 28,5 C5 - 16
CI en bois : 105 x 107 mm
Les tuyaux de Saladini, comportent 3 marquages à la pointe
2 placés sur l’arrière des tuyaux au niveau du dessus du biseau.
Le 3° sur le pied du tuyau devant, sous la bouche est de Saladini.
Le marquage de gauche est de Tronci
Le marquage de droite est d’Hartmann
celui de devant est de Saladini.
Sur le 1° tuyau de la 19° on trouve une inscription d’Hartmann
“ Disposition Tronci trouvée en 1979
“ Disposition adoptée pour reconstituer l’original.
OTTAVA:
La 1° Octave est en bois. C1 : 58 x 72 . G1- 38 x 48
Diamètres C 2 - 45 mm G2- 34 C3 - 26 G3 - 17 C 4-14
G4- 9,5 C5- 8,2
Les 51 et 52 Manquants ont été reconstruits
QUINTA DECIMA:
Diamètres
C1 -40mm - G1 - 30 C2 - 22 G2 -15 C3-13 G3-10
C4 - 8 C5 - 6.
Reprise d’octave à C # 5.
Les C 45 et D47 Manquants ont été reconstruits
DECIMA NONA
C1 - 29 G1 - 21 C2 - 17 G2 - 12 C3 - 10 G3 - 7
Reprise au 1/8° de Pied Fa#
Les 49 ,50, 51 et 52 Manquants ont été reconstruits
VIGESIMA SECUNDA:
Même taille le n° 13 Ag. Tr. Pied rallongé
Le n° 20 Ag. Tr. Pied court. jeu complet
VIGESIMA SESTA
Même taille. Les n° 45 et 47 c et d manquants ont été reconstruits.
Reprise à fa # 27 et fa # 39
VIGESIMA NONA :
De Saladini jusqu’a fa 2 ensuite de Tronci mais en plomb.
Les n° 49 et 50 manquants ont été reconstruits.
C1 Fa # 2 Fa# 3 Fa # 4
1/2 1 2 4
VOCE UMANA :
27 tuyaux tous d Agati Tronci. pieds courts, 105 mm
marquage à gauche de la soudure dorsale.
DIAMETRES : Fa # 3 - 26 C4 - 24 C5 - 15 G 5 - 11,5.
FLAUTO IN OTTAVA :
1° octave en bois, commune avec l’ottava.
44 tuyaux de Saladini.
DIAMETRES : C2 - 54 F#2 45 C3 - 42 F# 3 - 39
C 4 - 31 F# 4 - 24 C5 - 18,4 FA#5 - 16 G5 - 12,5
VIOLA BASSI :
25 Tuyaux en étain d’Agati Tronci . Aucune dent.
C1- 55 F#1 - 40 C2 - 31 F# 2 - 24 C3 - 19 E3 - 16
CORNO CINESE Soprani.
27 Tuyaux de Tronci en étain coniques.
Diamètre haut Diam. Bas Long. Corp Long pieds
F 3 - 16 39 250 200
C4 - 11 30 165 “
F# 4 - 10 25 110 “
C5 - 8 19 77 “
G5 - 6,5 13 52 “
CORNETTO 3 FILE
4 P. : 27 T de Tronci, sauf le n°51 Saladini
Diametres F 3 -25 C 4 - 21 F# 4 - 18 C 5 - 15 G 5 - 12
2, 2/3 : Saladini
F 3 - 21 C 4 - 16,5 F# 4 14,2 C 5 - 12 G 5 - 10
1 3/5 : Saladini sauf F 3 et A # 3 de Tronci
17 tuyaux de F 3 à A 4. Ce jeu s’arrête au la 4 sur le sommier. Soit au 1/8° de pied. En principe les Italiens font une reprise d’octave en 3 1/5 P non effectuée présentement.
F 3 - 14 C 4 - 10 A 4 - 8
OTTAVINO : Saladini sauf n° 50 (récup.)
F 3 - 21 C 4 - 16,5 F# 4 - 13 C 5 - 10 G5 - 7.
CLARONE BASSI :
25 Tuyaux de Tronci, en fer blanc pieds de fer blanc ainsi que les pointes. Coniques puis cylindriques sur le haut des tuyaux.
Longueur conique Longueur cylindrique Diametre cylindre
C1 - 900 145 75
G1 - 550 130 67
C2 - 380 100 55
G2 - 260 60 43
C3 - 160 55 37
E3 - 120 40 31
CORNO INGLESE: Soprani. Dessus de 16 P
De Tronci corps doubles cônes en étain, pointes en fer blanc.
Doubles languettes de F3 à B3.
1 = diamètre sommet
2 = longueur cône supérieur
3 = Diamètre centre
4 = longueur cône inférieur
5 = diamètre bas du tuyau.
F 3: 1 = 34 2 = 226 3 = 49 4 = 280 5 = 14
Epp languettes = 30/100°
C4 : 1 = 32 2 = 137 3 = 45 4 = 196 5 = 11,5
Epp. Languettes 20 /100°
G 4 : 1 = 28 2 = 95 3 = 40,5 4 = 131 5 = 10
Epp. Languettes 18/100°
G 4: 1 = 28 2 = 95 3 = 40,5 4 = 131 5 = 10
Epp; Languettes 18/100°
C 5 : 1 = 23 2 =75 3 = 33 4 = 89 5 = 9
Epp. Languettes : 13/100°
G 5: 1 = 18,5 2 = 42 3 = 27 4 = 60 5 = 7,5
TROMBA: Fer blanc.
Diamètres Haut. Epaisseur Languettes
C1 - 121. 40/100°
G1 - 100. 48/100°
C2 - 81. 35/100°
Fa2 -74. 30/100°
C3 - 67. 22/100°
F3 - 58. 25/100°
C4- 50. 18/100°
F4 - 48. 15/100°
C5 - 44 12/100°
G5 - 30 10/100°
Doubles languettes jusqu’a A # 2.
- CONCLUSION:
De par sa particularité sonore, l’orgue de Corbara ne suit pas fidèlement les canons standards de la facture d’orgue Italo-Corse telle que nous en trouvons de nombreux exemples codifiés.
Cela en fait un instrument des plus personnalisés, et l’un des plus beaux de la Corse dans un ensemble esthétique complet avec son décor (tribune et buffet) ainsi que sa merveilleuse église.
Alain SALS Octobre 2011 "
02:06 Publié dans orgues historiques de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : corbara, bénédiction de l'orgue de corbara, évêque de corse, monseigneur olivier de germay, alain sals, alain faye, ewa poli | Facebook |