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10/02/2009

Murato

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Hier bel après-midi en compagnie de Pascal Magnan, l'un des saints gardiens - et promoteur émérite ! du patrimoine de MURATO, dans le Haut-Nebbio. Moisson plus que fructueuse d'informations, d'impressions, d'images... Outre le plaisir toujours immense de retrouver l'église pisane San Michele j'ai pu voir de plus près la tribune d'orgue de l'ancienne église conventuelle, aujourd'hui église paroissiale de l'Annonciation.

Présence forte sur la place du Couvent franciscain (propriété privée de nos jours), du Monument aux Morts qui domine une partie des maisons anciennes de Murato. Silencieuse, longue litanie pour que nul n'oublie. De ces noms je retrouverai la trace d'une façon inattendue à l'intérieur de l'église. Mémoire.

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Côté "couvent"( où ne sèchent plus les robes de bure!). Construit par les franciscains récollets en 1615, , transformé entre 1755 et 1767 par Pascal Paoli en quartier général après en avoir expulsé les moines... il subit lors de la Révolution Française les déboires habituels dont, ici, l'orgue ne se remettra pas.
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Les maisons fument. C'est toujours l'hiver. Pascal PAOLI choisit Murato en 1755, dont l'emplacement lui permettait de surveiller  les mouvements entre Bastia, Saint Florent, la vallée du Golo... Il y frappe la monnaie de la Corse dès 1763 (dans le Palais de la Monnaie Corse: maison de son neveu Giuseppe Barbaggi, édifiée au XVème siècle). Pascal Magnan me conte sans fatigue généalogie, grande Histoire et petites histoires...
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Devant l'église, ces dames papotent au soleil avant d'attaquer leur réunion hebdomadaire dans l'église... Nous rentrons enfin et je découvre le beau Maître Autel de marbre polychrome, surmontée du groupe de l'Annonciation, et derrière lui cette étonnante tribune, hélas vide, de l'ancien orgue du couvent des franciscains de Murato...
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L'orgue, dont on ne sait plus rien sinon qu'il a disparu "corps et âme" dans la tourmente de la Révolution française, était logé, comme il se doit à l'usage des couvents, au fond du choeur, au-dessus des stalles des moines, avec une porte - aujourd'hui condamnée - communiquant directement avec le reste du couvent. La niche restée vide, nous donne une bonne indication de la taille de l'orgue.
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Au centre de la tribune, entre deux scènes intrigantes, le "logo" des Franciscains: le bras nu du Christ et celui, habillé de bure, de St François, autour de la Croix.
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A gauche, me dit Monsieur Magnan, voici le partage du vin... Il est vrai que la vue des belles barriques à droite de la scène invitent à le penser. Soyons clairs: le vin, à cette époque, est une denrée "de première nécessité", même dans les couvents, où, nous dit-on dans ce beau livre collectif "Les Servites de Marie en Corse ( édition Piazzola)", chaque moine avait droit à sa ration d'un litre et demi de vin par jour. Un vin, ceci dit, qui ne devait pas être trop méchant et à ces époques, chacun a sa vigne - sauf les plus pauvres, donc...
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... et à droite, le partage du pain... Charité aux miséreux, aux estropiés de la vie...
Sur cette tribune d'orgue franciscain il s'agit en fait, me semble-t-il, d'une invitation aux Sept Oeuvres de Miséricorde:
"Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume qui vous a été préparé [...]. Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli, nu et vous m'avez vêtu, malade et vous m'avez visité, prisonnier et vous êtes venu me voir" (Mathieu)
La facture de l'oeuvre ne nous est pas familière en Corse, le sujet en est encore plus inhabituel, de même que la façon de traiter les paysages et les personnages, qui évoquent un art plutôt nordique: en tous cas cette oeuvre du XVIIIème siècle ne manque pas d'élégance et  ce témoignage si particulier doit mériter tous les soins de Murato!
Sous la tribune, accrochés aux stalles, deux objets me parlent:
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Deux "tableaux de présence" de confréries, l'une masculine (ici),
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... l'autre, féminine. Toutes deux sont pourvus de ce système rencontré ailleurs (à Stoppia Nova, par exemple) des trous et des chevilles pour signifier les absences éventuelles des dits confrères et consoeurs. Un nouveau témoignage de l'importance morale des confréries au sein des communautés. Leur emplacement actuel et fortuit (puisqu'il ne s'agit pas ici d'une chapelle de confrérie) sous cette tribune d'orgue ornée d'un message de  miséricorde nous rappelle l'une des missions les plus importantes des confréries: la charité.  Ici, les listes sont très longues. Listes des vivants auquel répond, dehors, le Monument aux Morts.
Cette église de la Nunziata accueille un très beau meuble de sacristie (dans la facture franciscaine), de belles toiles, malheureusement pas toujours en bon état... Entre autres, celle, intéressante,  du Rosaire, avec la représentation, sous les pieds de la Vierge, de quelques protagonistes - dont St Pie V, de la Bataille de Lépante. Les quinze mystères, tout autour du thème central, ont subi un étrange pliage qui les réduit de moitié...
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Je quitte sur ces images pour ce soir Muratu, en attendant d'évoquer le site de San Michele. A bientôt!
 
 
 

 

25/08/2008

Cimbalata Academia 2008: un grand cru!

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"Veni sponsa mea"
Pendant le concert de Speloncato, programme français: la découverte pour beaucoup de cette musique délicieuse d'Etienne Moulinié...
Les six chanteurs sous la direction de Christophe Gautier, baryton: Amélie Gautier et Aurore Bucher, sopranos, Stephanie Leclercq, mezzo soprano, Renaud Tripathi, ténor, Geoffroy Buffiere, basse.
Soutenus à l'orgue positif par l'excellente basse continue  de François Gautier et par la présence délicate de Marie Langlet à la guitare baroque.
"LES MAÎTRES DE CHAPELLE DE VENISE A VERSAILLES" : un programme plein de noblesse  pour cette soirée française, où s'illustraient en particulier les belles compositions sacrées du maître de la chapelle royale  Henri Du Mont , un Regina Caeli de Lully fort joyeux...
Tandis qu'Umberto Forni faisait magnifiquement, comme toujours! chanter l'orgue historique Crudeli  (1810): Kerll, Froberger, tous deux influencés par le grand Frescobaldi, Storace...
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Ici, pendant le bis très vénitien à "double choeur" de Gabrielli... De quoi donner envie aux spectateurs de revenir dès le lendemain soir au concert italien de Pioggiola!
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... ce qui fut le cas pour nombre d'entre nous, revenus découvrir un programme très différent : une Italie inventive et passionnée où nait et s'exprime l'opéra jusque dans ses concerts spirituels: Monterverdi, Grandi, Lotti (ce "grand" Crucifixus!), un retour à la pureté mesurée avec Palestrina,  avant l'exaltation des passions humaines dans cet extraordinaire Jephté, de Carissimi: de quoi prendre dans sa nasse les témoins vibrants du drame biblique ... que nous sommes.
Et pour l'orgue Saladini (1844), la belle musique intérieure de Tarquinio Merula, les compositions inventives de Pollarolo, de Pasquini, et le grand Giovanni Gabrieli...
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 Merci à vous qui servez avec tant de coeur et de talent ces musiques magnifiques!
C'est ce que mon amie Odile Bailleux, la grande organiste dont nous aimions tant la musicalté et la force, appellait prosaïquement "une pillule de bonheur".
Bref, je traduis: une nourriture spirituelle.
Merci aussi à RENAISSANCE DE L'ORGUE CORSE pour la qualité toujours renouvellée de son festival CIMBALATA ACADEMIA!

09/07/2008

le stage d'orgue à Corte

Sur l'orgue de l'Annunziata de Corte, le stage a bien commencé...

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Francis s'est attaqué à un tiento magnifique mais terriblement difficile de Correa de Arauxo...
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Umberto Forni saisit la vague musicale au vol: pimpalalalalalaaaaam...
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" S'il vous plait, reprenez là": suggestion, explication serrée, accompagnement poétique, Francis est sous le charme et Umberto heureux d'avoir un stagiaire de cette trempe: Correa, Salvatore, Trabacci etc...
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pour Pedru, attentif: Scarlatti, Bach, Fischer...
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en chantant ça va mieux!
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avec la complicité des épouses et mères...
  à bientôt!
                                                                   

07/07/2008

Olmi Cappella: la vie d'un petit orgue de montagne au milieu des siens

          La vie d’un petit orgue de montagne au milieu des siens…

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Aujourd’hui installé à Olmi Cappella dans le silence d’une église qui subit l’exode rural et l’inévitable évolution du monde moderne, le petit orgue a vécu dans sa jeunesse une existence certainement plus mouvementée : l’absence de pupitre porte-partitions nous indique clairement que nos anciens organistes n’avaient pas besoin de notes pour musiquer, qu’ils avaient un rapport instinctif avec leur instrument, le même qu’avaient les violoneux lorsqu’ils empoignaient  leur violon pour faire danser les villageois lors des fêtes ou des veillées, accompagner les sérénades ou rythmer la mauresque … L’orgue avait été construit pour magnifier les fêtes religieuses : l’église d’alors était vécue comme le lieu festif et unificateur de la communauté  qui se reconnaissait dans les manifestations de sa confrérie, de ses chants, de son orgue… comme dans le choix de ses maîtres-maçons et de ses peintres. A la polyphonie des chants répondait celle de l’orgue, l’organiste ayant appris à jouer l’instrument pour le service de la liturgie, l’accompagnement des cantiques, et chacun selon ses talents et son tempérament se donnait à sa charge. S’il le fallait, il attaquait une vigoureuse ouverture d’opéra en entrée de messe ou improvisait « assai pietoso » pour l’offertoire quelque valse à la mode . Le grand Bach n’a pas agi autrement en réutilisant ses compositions profanes dans ses cantates religieuses. Je me souviens d’une grande messe patronale en Espagne, à Viana, sur le chemin de St Jacques en 1989, dans une église bondée de fidèles, où l’organiste emmena la foule fervente vers la table de communion au son d’un tango… Et aussi, en Corse, à Monticello, cet organiste des années trente, qui, après avoir joué une valse à l’offertoire, avait tenté la java à la communion : là, le prêtre s’était rebellé, arguant que la java faisait trop lever la jambe aux jeunes filles…

Nous sommes là bien loin de Frescobaldi et l’écriture polyphonique de l’époque serait sans doute paru une bizarrerie d’extraterrestre  aux organistes du XIXème siècle. Et pourtant ! Le petit orgue d’Olmi Cappella, avec sa fraîcheur et sa vaillance retrouvées grâce à J.F.Muno, chante avec justesse cette musique intérieure qui ne demande pas des effets spectaculaires. Non seulement lors de concerts, mais aussi lors des messes : il apporte alors cette poésie intemporelle et méditative où il n’est pas besoin de connaître la grammaire pour ressentir l’émotion…

La pratique de l’alternance du chant et de l’orgue dans la messe de Frescobaldi, commune à tous les musiciens de cette époque prend sa source dans le chant responsorial des premiers chrétiens : le dialogue d’un soliste avec le chœur, représentant la communauté des fidèles. Elle est proche également de l’usage traditionnel du chant religieux de nos villages, où alternent la chjama (« l’appel » d’une seule voix) et le chant en paghjella  (« réponse » polyphonique à trois voix), comme on peut l’entendre à Olmi Cappella. La fonction est la même : ainsi recréé et sacralisé dans ce dialogue qui pourrait évoquer le dogme de la Trinité , l’espace sonore de l’église resserre la communauté, un pour tous, tous pour un . Le rôle du chant et de l’orgue dépasse alors largement le pur plaisir musical ou la réplétion ethno-touristico-musicologique.

C’est à Olmi-Cappella et sur la tribune de l’orgue que j’ai commencé à comprendre de l’intérieur la réalité et l’enjeu du chant religieux d ‘un village mais aussi la relation des villageois avec leur orgue. Le dernier chantre d’Olmi Cappella,  Ceccu Saladini transmettait alors de sa voix  nerveuse et ténue cet héritage direct, suspendu à la frontière de deux mondes.

Ceccu Saladinic01.jpgPassage, lumière et paix  d’un crépuscule éphémère où tout devient possible avant l’assaut de la nuit.  L’intensité de son chant n’avait rien à voir avec les décibels médiatisés : elle était nourrie de cette vie âpre mais idéalement structurée de naguère où rien n’était donné sans peine mais où tout était objet de partage. Je peux témoigner qu’il était aussi très fier de ce petit orgue, conscient de la volonté des anciens qui avaient souhaité  sa présence dans l’église. Il était heureux de l’entendre à nouveau parler, dialoguer avec la polyphonie des chantres et accompagner les cantiques que chantait si bien sa femme : cloches, chants, orgue …  lui redonnaient  sa jeunesse . Je sais qu’il se réjouit là où il est de savoir que les chants et l’orgue revivent. Merci à Marie-Hélène Guespieler qui a voulu et rendu possible par sa ténacité et son talent la réalisation de ce témoignage. 

 Elizabeth .

(texte écrit pour le livret du disque enregistré sur l'orgue d'Olmi Cappella par Marie-Hélène Geispieler:

"Canti Religiosi e Organi di Corsica" : Olmi Cappella - Muro

avec les chantres d'Olmi Cappella et Marie Hélène GEISPIELER, orgue

                                                      Disques CORIOLAN

01/07/2008

du 7 au 12 Juillet le stage d'orgue organisé par ROC

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Cette année à nouveau, du 7 au 12 Juillet,  Corte accueille sur le magnifique orgue de Johann Conrad WERLE (vers 1760) à l'église paroissiale de l'Annunziata le stage d'orgue organisé par Renaissance de l'Orgue Corse (ROC): nous avons plébiscité la présence d'Umberto FORNI comme Maître de stage, qui nous a tant apporté déjà les années précédentes. Nous retrouvons avec bonheur ce grand artiste qui sait si bien transmettre l'âme de la musique...

Pour plus de détails:

Le programme

Tous les niveaux sont dans les propositions de programme.

Thème : « Musiques pour l’Orgue méditerranéen, de l’Espagne à l’Italie".

Œuvres de Cabezon, Correa de Arauxo, Cabanilles… et de Frescobaldi, Zippoli, Scarlatti, Pasquini, Gherardeschi…

Les stagiaires peuvent avoir leurs propres partitions.

Cours collectifs sur l’orgue italien et la registration selon les indications de Costanzo Anteniati.

Le Maestro

Umberto FORNI est né à Bologne (Italie) en 1953.

En même temps que des études de médecine (qu'il abandonnera en 1976), il étudie orgue et clavecin au conservatoire de sa ville natale, s'intéressant, par ailleurs, à l'histoire de la facture des instruments anciens.

Diplomé à l’unanimité du conservatoire de Bologne dans la classe de Stefano Innocenti en 1976, il enseigne au conservatoire de Ferrara.

Se consacrant à l’étude et aux répertoires des XVIe et XVIIe s., il sera reçu brillamment en clavecin en 1985 dans la classe de SergioVartolo.

Inspecteur honoraire des orgues historiques en Vénétie, il suit et dirige la restauration d’instruments très importants ; il publie, multiplie les conférences. Il est membre du jury de concours nationaux.

Comme soliste, il donne de nombreux concerts en Europe et au Japon, participant à de nombreux festivals internationaux.

Il intervient dans plusieurs formations en tant que continuiste ou à la direction.

Il a publié à Florence un important manuscrit de musique pour clavecin et orgue du XVIIIe siècle et une étude très documentée sur le "clavecin organisé".

Umberto Forni est titulaire du très bel orgue de "Santa Maria in Organo" à Vérone.

Ce stage bénéficie du soutien de la Collectivité Territoriale de Corse

 

et de l’aide de l’Association « Les Amis des Orgues de Corte »

 

 

 

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