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18/09/2009

Journées du Patrimoine 2009: demain matin à la mémoire de Gaspard Domini

A Feliceto, demain matin, nous évoquerons la mémoire du facteur d'orgue  Gaspard DOMINI: je réédite à cette occasion la note du 6/8 2008, écrite après avoir eu le privilège de rencontrer chez lui la présence de cet homme si attachant.
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Gaspard DOMINI, Alger 1905: il meurt quelques jours plus tard, le 7 janvier 1905.
Il était né en 1829 à Massa di Sassarosso

 

Hier j'ai eu le grand bonheur de "rencontrer" chez lui, à FELICETO,  un artisan "organaro" dont j'ai  souvent le plaisir de jouer le dernier orgue, celui de CATTERI (autour de 1902), et dont je connais également les orgues de BARRETALI (1867) et de CAGNANO (1886). Il a également construit l'orgue de l'église du Sacré Coeur de Bastia (1870), aujourd'hui installé au couvent d'Erbalunga et transformé par J. Jenet en 1969.

Il se marie en 1864 avec Marianne Marie Felicité Simonetti, alors une toute jeune fille de 16 ans: un vrai coup de foudre mutuel, semble-t-il, malgré la différence d'âge. et  s'installera à Feliceto: les époux auront huit enfants, six filles et deux garçons, dont un, hélas, mourra à la guerre de 1914.  Seule une fille aura une descendance... J'ai pu rencontrer ses deux petites filles et son arrière petite fille.

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Madame Marianne Marie Félicité Domini.
Deux beaux visages énergiques, souriants et empreints de sérénité.
 Son activité de facteur d'orgue et de musicien le conduit à intervenir (cf Rubellin) à la fois comme accordeur et réparateur de pianos, mais aussi d'orgues: Corte, Castifao, Corbara, Bastia, Poretto Brando, Montemaggiore, Zilia...
L'on sait qu'il prend la suite d'Anton Pietro SALADINI, à sa mort en 1863, pour l'entretien de l'orgue de l'église paroissiale St Nicolas de Feliceto, construit par A.P.Saladini en 1839. Gaspard Domini occupe une place particulière dans ce XIXème siècle qui a vu une telle floraison  de constructions d'orgues italiens: avec tout d'abord les Crudeli, les Saladini et les De Ferrari, puis à la fin du siècle avec la firme Agati- Tronci.

Alors que les Agati Tronci produisent de façon intensive dans leurs ateliers de Pistoia ces orgues importants dont on peut apprécier les qualités innovantes à Muro, Corbara, Aregno, Rogliano etc... et qui témoignent de l'évolution du goût musical dans les villages comme dans les villes, Gaspard Domini reste dans la tradition artisanale et villageoise: cet homme au bon visage moustachu et modeste, crée ces beaux instruments chantants et charnus dans sa cave voûtée, fraîche l'été, non loin du pressoir et des tonneaux de vin: sa maison respire le travail des champs autant que la menuiserie et la musique. Ses enfants ont certainement reçu une solide éducation, devenant maîtres d'école:
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...en témoignent les devoirs d'écoliers,  les cartes de géographie, les journaux collés pour l'étanchéité dans ses orgues, comme ici  sous le plafond du petit orgue familial...
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Je connaissais, grâce au livre Sébastien Rubellin, l'existence de ce petit orgue construit en 1876 à l'usage de la famille: tous les enfants avaient appris la musique, orgue et piano... rencontre inespérée avec le petit orgue : émotion de le trouver en aussi bon état, si présent et restaurable, et de l'imaginer sous les doigts de toute la petite famille... Le portrait de Gaspard veille sur l'instrument.
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le clavier et l'abrégé
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le tirage des jeux: 7 registres, dont il manque aujourd'hui des éléments.
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les tuyaux...
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les tuyaux, suite
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quelques outils provenant de l'atelier: la famille, avec l'aide d'Alain SALS, auteur de la restauration des orgues de Gaspard DOMINI à Barretali, Cagnano et Catteri, a pu sauvegarder ces précieux témoins du métier de Gaspard....
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en vrac, quelques tuyaux dans l'atelier.
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... une histoire de coeur, de mains et de musique: ces objets ont une âme.

On aimerait que le village de Feliceto honore la mémoire de son "organaro", "le faiseur d'orgue", "le Modenais", "l'Italien demeurant à Feliceto" comme il signait... Son tombeau se trouve juste à côté de l'église, pour ceux qui veulent lui dire un bonjour amical...
On aimerait aussi que soit restauré ce petit orgue de famille et qu'il chante à nouveau pour le bien de tous.
Un grand merci aux petites filles et arrière-petite-fille de Gaspard Domini et à l'ami Jean-Pierre Orliac  qui m'ont permis cette belle rencontre.
Oui, merci, Annie, d'avoir évoqué avec tant de tendresse votre grand-mère, fille de Gaspard et Marianne Domini: c'est un petit bout du fil de votre mémoire qui nous rend encore plus proche cette famille attachante...
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30/05/2009

SPELUNCATU: l'orgue historique (Balagne)

 
L’orgue historique de la Collégiale Santa Maria Assunta de SPELUNCATU   
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(Photo Tomas Heuer) 
 Historique

Les archives paroissiales nous informent que le 20 septembre 1808 le facteur d’orgue toscan Giuseppe CRUDELI (fils du célèbre facteur installé à Lucca, Michelangelo CRUDELI : 1728/1801), s’engage à construire « un orgue suffisant » pour la Collégiale Santa Maria Assunta de Speluncatu :

« Oggi 20 7bre 1808 in Speloncato

Giuseppe Crudeli si obliga formare un organo sufficiente per la nostra chiesa per la somma di scudi francesi di franchi sei l’uno, cento trenta (…)  ( pour la somme de 130 écus français de 6 francs l’un …)  

Les premières interventions repérables de Giuseppe CRUDELI en Corse sont signées en 1804 sur les orgues de l’église saint Georges d’Algajola et de la Confrérie San Carlu de Monticello. Ce n’est donc pas un inconnu que l’on a appelé pour ce chantier, l’on sait qu’il a, entre autres, aussi entretenu l’orgue de Muro et les orgues de St Jean-Baptiste et de Ste Croix de Bastia.

Pourtant, pour une raison à ce jour inconnue, Giuseppe fait faux-bond et c’est son fils, le tout jeune Giovanni CRUDELI, qui construira et signera l’orgue de la Collégiale en 1810 :

« Giovanni Crudeli di Lucca fece l’anno del Signore 1810 »

Il revient en 1812 pour « arranger les cinq tuyaux principaux de l’orgue, et la construction de la porte du tambour d’entrée si nécessaire pour empêcher le froid, parce que grande ouverte elle menace les prêtres qui doivent y pratiquer le culte » - je rappelle ici que Speluncatu est un beau village médiéval implanté à 550 m d’altitude et que les hivers peuvent y être rudes, parole d’organiste ! -  A cette même époque il construit un petit orgue-armoire pour la chapelle privée d’une famille de notables du village : témoignage non négligeable de la vie sociale, religieuse et musicale d’un village important de Balagne à cette époque…

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(le petit orgue armoire de Giovanni Crudeli, 1812)

Le sommier porte une date plus ancienne : 1746, et d’autres éléments antérieurs à 1810 sont réutilisés pour ce nouvel orgue, en particulier les portes latérales du buffet, peintes des deux côtés, et qui sont sans doute à l’origine les volets d’un instrument plus petit (photo)

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 Le mystère reste entier : cet orgue de 1746 était-il déjà installé dans cette église Saint Michel qui n’allait pas tarder à recevoir le titre enviable et très honorifique de Collégiale -  demandé en 1749, il sera accordé en 1766, faisant de l’église devenue Santa Maria Assunta l’une des quatre Collégiales de Corse : les autres étant à Corbara, Calenzana et Luri. Est-il nécessaire de souligner que pour ces quatre Collégiales, trois sont situées en Balagne et la quatrième à Luri: signe de prospérité indiscutable...  

Ou bien l'orgue était-il dans l’église du Couvent capucin de Santa Maria di a Pace ? Speluncatu, jusqu’à cette époque, pouvait s’enorgueillir de posséder deux églises paroissiales (fait unique pour un village de Corse) et un Couvent : c’est dire si la communauté regorgeait de religieux, capucins, chanoines, prêtres…

 

Le village ne manquait pas non plus de musiciens de talent, éclos dans les milieux privilégiés des notables, rompus à la pratique musicale et capables de jouer aussi bien la musique savante " de chambre»  que la musique religieuse. Et comme pour le reste de la vie "culturelle", ces musiciens suivent de près l'évolution du goût musical de l'époque, et naturellement encore à cette date, le goût italien malgré le rattachement récent à la France.  Les chantres de l'église soignaient la réputation de Speluncatu bien autant qu'ils travaillaient à la gloire divine: le répertoire des chants polyphonique de Speluncatu est très riche et particulièrement intéressant (avec une tendance au "mode pélerin" qui se retrouve peut-être dans le choix des deux trompettes des anges donnant le sol et le la). Sans parler des nombreux chanteurs et musiciens villageois animant sérénades et autres danseries de fête…Les Corses, on ne le dira jamais assez, sont un peuple musicien.

Toujours est-il qu’en 1749 l’on y chantait les vêpres « au son des instruments » .

Cet engouement pour la musique et pour l'orgue se confirmera au début du siècle suivant avec la construction non seulement de ce magnifique orgue de la collégiale par le jeune Giovanni Crudeli, mais aussi des deux petits orgues privés, l'orgue armoire de G. Crudeli en 1812 dont nous avons parlé plus haut, et l'orgue commode du tout jeune facteur d'orgue Anton Pietro Saladini, en 1825, formé comme son père Anton Giuseppe Saladini au contact des Crudeli ... On peut du reste penser que ce chef-d'oeuvre d'ébénisterie est la création d'Anton Giuseppe.

Notons aussi, et cela n'est pas anodin, que Speloncato, historiquement, s'est trouvé au contact de Lucca (notre ami François Mariani nomme Speloncato: "le village aux soixantes seigneurs", seigneurs qui seraient venus au Moyen-Age de Lucques): les contacts entre la Balagne et la Toscane se trouvent en tous cas confirmés par le choix de facteurs toscans: Marracci, à La Porta, Pagnini, à Muro, Crudeli, à Speloncato...

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Donc, en 1812, l’on va soigner non seulement la santé des prêtres qui officient mais aussi celle de leurs ouailles en construisant ce tambour. Quelques années plus tard, en 1821, cet ébéniste extrêmement renommé du village, Anton Giuseppe SALADINI, signe avec une fierté légitime la magnifique tribune de bois galbé en forme de conque marine, peinte la même année par Grunwaldo GRAFFINI.

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On dit au village que les deux têtes sculptées sous la tribune représentent les deux fils d' Anton Giuseppe Saladini:1377894866.jpg

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  Cette tribune marquera durablement les esprits de son temps par sa majesté et son élégance, faisant de l’ensemble tribune, buffet et orgue un chef-d’œuvre de référence qui inspirera de nombreuses autres réalisations par la suite.

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(les volets fermés: version un peu kitsch du Roi David, peint par Grünwaldo Graffini)

 

 

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(... et la petite Sainte Cécile de Speloncato, peinte par Graffini sur la tribune: elle joue sur un petit orgue qui ressemble grandement à l'orgue armoire de Crudeli de 1812 - voir plus haut)

   -         En 1863, Victor MARCUCCI, artisan polyvalent et qui se présente comme "Maître Encyclopédique en de nombreuses choses » (!) signe un tuyau de façade. Ce personnage étonnant a pris le temps d’écrire « trois cents livres » pour démontrer passionnément sa grande découverte : oui, c’est bien le Soleil qui tourne autour de la Terre , et non l’inverse, contrairement à ce que veulent nous faire croire des pseudos scientifiques… preuves et observations en montagne à l’appui. Il se plaint amèrement que son travail n’a pas été admis à l’exposition universelle de Paris en 1900… (cf : l’orgue corse, de Sébastien Rubellin) C’était par ailleurs un excellent ébéniste doublé d’un bon musicien : il a construit un délicieux petit harmonium en 1880, restauré et  en bon état de marche au village.

-         En 1905, Antonio de FERRARI, dernier représentant d’une famille d’ « organari » venus de Ligurie, installé à Pigna, signe une réparation importante, remplaçant la vieille soufflerie à soufflets cunéiformes par une nouvelle « machine pneumatique carrée ».

-         En mai-juin 1943, Claude HERMELIN, facteur d’orgue actif en Corse entre 1943 et 1954, réparant et entretenant dans des conditions difficiles de nombreux instruments sur l’île à une époque peu favorable au patrimoine suite à la guerre, va effectuer des travaux sur l’orgue. Il reconstruit le pédalier, recoupe les tuyaux pour les mettre au goût du jour, remet l’instrument en état de servir.

- L’orgue cesse de parler après la guerre, comme bien d’autres sur l’île. Les années passent. Les orgues de Corse souffrent d’abandon jusqu’au jour (1963) où a lieu une première résurrection, la restauration à l‘identique par Formentelli du petit orgue historique de La Porta … Un nouveau souffle va revivifier ce beau patrimoine oublié des orgues de Corse : Speluncatu à son tour se mobilise autour de son instrument et, en 1991, Antoine MASSONI va travailler, lors de sa restauration, à restituer la personnalité de l’orgue Crudeli de 1810 : il remplace la soufflerie à lanterne d’Antonio de Ferrari par deux soufflets cunéiformes de Saladini, datés de 1840 et retrouvés à Pigna.

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 Il redonne à l’orgue son ancienne registration, son pédalier de huit notes, ses accessoires (rossignol et trombe dell’angelo)…

A présent l’orgue est aux bons soins de Jean-François MUNO, depuis la disparition brutale d’Antoine Massoni. Actuellement il "revisite" (euphémisme!) le jeu des trompettes.

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COMPOSITION

Principale, Ottava, Quintina (Quinta sopra l’ottava), Quinta decima, Decima nona, Vigesima seconda, Vigesima sesta, Vigesima nona.

Flauto dolce, Nazardo, Cornetto nei soprani (3 rangs), Cornetto nei bassi (2 rangs), Trombe nei Soprani, Trombe nei bassi, Voce umana.

Deux « trombe dell’angelo » donnant un sol et un la ;

Un tamburu et un rossignol.

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1933249543.jpg( ici le mécanisme du rossignol)

 

Clavier de 45 notes (DO –DO5), octave courte. A noter la largeur exceptionnelle ( 2,30 cm en moyenne) des touches du clavier. (Marcel Perez disait à ce propos qu’à Speloncato, il «  jouait  en charentaises » !). Placage des touches en buis et ébène.

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Pédalier de 8 notes à octave courte. Contrabassi 16’ et Bassi 8’ obligés. Les trois dernières notes font sonner les trombe dell'angelo (sol et la). Entre ces deux touches, celle qui appelle le Tamburo (deux tuyaux désaccordés en do)

DIAPASON : 437 HZ (à 25°)

TEMPERAMENT : mésotonique.

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CONTACTS : la mairie de Speloncato (04 95 61 59  00)

et l’organiste titulaire: Elizabeth PARDON ( 04 95 61 34 85), qui facilite autant qu'elle peut l'accès à l'instrument pour les organistes de passage...

Email : elizabethpardon@orange.fr

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Depuis le 15 Août 1991, jour de sa bénédiction par le curé Gérard Squarccioni et du premier  récital donné par Maria Cecilia Farina (qui eut la charge insigne de faire redécouvrir leur instrument aux gens de Speloncato dans une église comble comme jamais: une fête mémorable!) , l’orgue n’a cessé de jouer en concert chaque année, recevant des organistes de grand talent : M.C. Farina  S.Vartolo, M. Perez, J. Beraza, V. Loriaut, E. Baillot, G. Harlé, J. Martin Moro, U. Forni, M. Chapuis, M.H. Geispieler, S. Rodi, C. Glaenzer, B. Dercksen, P. Brezard, S. Rodi… et des ensembles qui se sont épanouis dans la belle accoustique de l’église : Arabesco Stravagante, Cimbalata Accademia…

 

Cet orgue est régulièrement servi en situation liturgique. Il sert de support à la formation musicale pour de jeunes enfants du village. Il fait aussi partie des visites de "LA MONTAGNE DES ORGUES" au cours desquelles on l'entendra sonner.

 

Nous ne remercierons jamais assez Sébastien RUBELLIN à qui l'on doit ce travail magnifique: "L'ORGUE CORSE de 1557 à 1963" (éditions Alain Piazzola).

Une pensée amicale pour Antoine MASSONI, disparu prématurément au printemps 2003.

 

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En annexe, cette courte note sur la famille des Saladini:

 

 

Une  famille d'organiers à SPELONCATO:

les SALADINI

 

Anton Giuseppe SALADINI  nous est connu en qualité de « falegname » : Né en 1763 à Speloncato, il devient rapidement un artisan émérite et complet. En 1794 il fait une « garde-robe » pour la sacristie de Palasca et parmi les meubles qu’il a réalisés, on peut encore aujourd’hui voir celui de la sacristie de St-Nicolas de Feliceto, qu’il signe sur la corniche : ANT.JOSEPH SALADINI SPEL.AN. MDCCCXXI

En 1798 il travaille à la construction du buffet de l'orgue  de Muro, de Tomaso Pagnini, un facteur d'orgue lucquois: c'est probablement sa première approche du monde de l'orgue.

En 1810 il assiste à la construction de l’orgue de son village par le jeune facteur d’orgue Giovanni CRUDELI : il signe  avec quelque fierté en 1821 la tribune de ce bel orgue … Ce contact avec les CRUDELI, père et fils, semble déterminant pour son avenir et trace aussi celui de son jeune fils, Anton PIETRO qui signe à son tour en 1825 un petit orgue-commode : un véritable chef-d’œuvre de marqueterie.

Le goût de l’ébénisterie n’a jamais quitté la famille et nombre des descendants des Saladini continueront d’exercer ce don. En revanche Anton Giuseppe et Anton Pietro Saladini seront les seuls corses de cette époque à laisser leur nom dans l’histoire de la facture d’orgue de l’île. On peut admirer en Balagne plusieurs de ces belles tribunes en bois galbé : Pioggiola (1814), Speloncato (1821), Zilia (1831), Palasca (1833), Feliceto (1839) ...

L'atelier des Saladini jouxtait l'église, et l'on est étonné de l'exiguïté de l'espace où furent construits ces beaux instruments: la preuve, s'il en était besoin, que nous sommes là dans le monde modeste de l'artisanat. Modeste ... et fier de l'être!

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 (la signature ostensible d'un artisan fier de son ouvrage!)

28/05/2009

Nebbiu, balade du 23 mai, suite: Oletta

OLETTA: le couvent Saint François
 
 
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Aujourd'hui propriéte privée, c'est l'une des plus anciennes fondations franciscaines (le 3ème de l'île au chapitre de Narbonne de 1260). Reconstruit en 1390, il va raconter l'histoire de la Corse... Les chroniques rapportent qu'au XVème siècle, le prêtre officiait avec deux pistolets posés sur l'autel: insécurité extérieure et intérieure... Plus tard le couvent va illustrer l'une des plus fortes pages des guerres d'indépendance de la Corse: plusieurs consultes s'y tiennent (1745, 1747, 1750, 1753), témoignant de l'implication du monde franciscain au côté de la jeune nation corse en gestation au XVIIIème siècle.  En 1758, Pascal PAOLI va y installer avec le soutien des moines l'imprimerie nationale: "a Stamperia della verita" d'où sortiront gazette officielle, ouvrages philosophiques, théologiques et historiques. Parmi ceux-là, la célèbre "Giustificazione della revoluzione di Corsica", l'oeuvre de l'abbé Gregorio SALVINI.
Après de nombreux pourparlers, le 15 mai 1768,  le Traité de Versailles  signe le cessation effective par la République de Gênes de la Corse à la France. Le sous-titre du traité dit précisément: "Conservation de l'île de Corse à la République de Gênes". En fait personne n'est dupe, les Gênois se savent incapables pour une longue durée indéterminée de rembourser la dette des frais d'occupation de l'île par les français .
" La République  décide alors de céder la Corse à la France à une seule condition, qui en dit long sur ses craintes, "l'étouffement total, pour ainsi dire, du peuple de Corse" à jamais confiné à l'intérieur de ses montagnes" (proposition du 4 juillet 1767: cf. Histoire de la Corse, chapitre de Fernand Ettori, éditions Privat).
Ecoutons le commentaire de Jacques Gregori (Nouvelle histoire de la Corse, éditions Jérôme Martineau):
"Que signifiait donc ce traité, sinon que Gênes vendait la Corse à la France pour deux millions de livres payables en dix ans?"
et, citant VOLTAIRE dans son Siècle de Louis XV:
" ... C'était en effet céder à jamais la Corse, car il n'était pas probable que les Génois fussent en état de racheter ce royaume; et il était encore moins probable que, l'ayant racheté, ils pussent le conserver contre toute une nation qui avait fait serment de mourir plutôt que de vivre sous le joug de Gênes. Ainsi donc, en cédant la vaine et fatale souveraineté d'un pays qui lui était à charge, Gênes faisait en effet un bon marché; et le roi de France en faisait un meilleur ... Il restait à savoir si les hommes ont le droit de vendre d'autres hommes; mais c'est une question qu'on n'examinera jamais dans aucun traité."
 
Toujours est-il qu'en 1768 le couvent est aux mains des français et que les moines sont forcés de l'abandonner... et qu'il retrouve aujourd'hui une nouvelle vie, laïque cette fois. Notons que l'église du couvent d'Oletta, comme la plupart des églises de couvent de Corse, était dotée d'un orgue, disparu.
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Notre amie Maryse Guérini, nous attendait à l'église Saint André qu'elle avait ouverte et illuminée pour notre visite: une grande et belle église, construite entre 1777 et 1810, et riche de patrimoine. Elle remplace une église plus ancienne dédiée elle aussi à san Andria, autrefois en contrebas du village ( sans doute détruite aux alentours de 1790). Quelques pierres réutilisées évoquent cet ancien sanctuaire:
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dont ce tympan décoré en plat relief, au-dessus de la porte d'entrée: un vigoureux cep de vigne (qui s'en étonnera dans cette région de vignobles ? ), et, à gauche, un personnage brandissant ce qui semble être soit un poisson, soit un glaive (qui s'apprête peut-être alors à accomplir la vendange mystique: voir la note du 29/4/2009 sur ce thème à Murato); à droite de la vigne, difficilement identifiable, une sorte de tronc d'arbre orné d'une gravure serpentine et entouré d'étranges  feuilles-ailes-mains; au pied de l'arbre ainsi qu'au pied de la vigne, l'évocation d'une eau courante; enfin, cabré ou volant? un cheval ailé ...
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A l'intérieur, ce beau décor mural que l'on doit à Francescu Giavarini (signé et daté de 1817): un bon peintre corse, né à Ciamannacce, en Corse du Sud (merci à Michel Edouard Nigaglioni!). Je fréquente bien volontiers ce peintre: il a décoré la charmante église  San Salvadore de Costa (où je joue régulièrement le petit orgue restauré), peint les volets d'orgue de Corbara (1819), l'église de Cervione etc...
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L'église accueille le tableau miraculeux de "Notre-Dame de la Pitié", auquel l'on attribue de nombreux miracles:
"Un jour, alors que Maria était entrain de pétrir la pâte des gâteaux de Pâques, elle s'entend appeler par son nom:
- Maria, ton fils brûle- Elle se précipite vers le berceau enflammé et étreint son fils sur son coeur"
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La peinture de la Vierge avait prévenu Maria et ses yeux avaient pleuré: depuis, une fête triennale réunit les fidèles d'Oletta pour commémorer l'évènment et prier la Vierge miraculeuse. C'est même à l'occasion de l'une de ces messes ( à laquelle le Père Pinelli alors archiprêtre de Calvi, m'avait conviée pour tenir l'orgue) , que j'ai rencontré pour la première fois et Maryse Guérini, aujourd'hui l'organiste en titre de St André, et le bel orgue pistoiais des Agati-Tronci, de 1888:

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le tirage des jeux indique un instrument bien fourni... avec de nombreux "jeux de concert", anches, clochettes, banda militari... au goût de l'époque.
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 Relevé par Jean-Louis Loriaut il y a quelques années, c'est un instrument qui a la chance de parler "en situation" de façon régulière sous les doigts de Maryse Guérini et sous ceux des organistes invités en concert. C'est avec plaisir que je l'ai rejoué pour les amis de Speloncato. Pendant que j'explore l'instrument et sa riche palette sonore, les amis peuvent continuer de regarder les nombreuses oeuvres peintes de l'église:
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entre autres , ce Retable signé de Giovan Michele Romano (autour de 1540): la Vierge allaite l'Enfant Jésus entre Sainte Réparata et Saint André. Au-dessus, de part et d'autre de Dieu bénissant, les deux figures de l'Annonciation, Gabriel et Marie.
Ici se finit la matinée de notre balade dans le Nebbiu:
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Après un repas sympathique sur la place de l'église,
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Où Paul immortalise la pause prandiale bien gagnée et animée
 
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discussion avec Edouard sur quelques points épineux de l'histoire de la Corse
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avec le gang des instits Marie-France, Hélène, Colette,  et notre Archiviste de Speloncato, François:  nous avons rendez-vous dès que possible en début d'après-midi avec MURATO et les amis Magnan et Grazziani...
(à suivre)
 
 
 
 

15/05/2009

sortie pédagogique à la découverte de l'orgue en Castagniccia

Ce mardi 12 Mai 2009...
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Sur l'invitation du Collège de Casinca et de sa dynamique Emmanuelle Marini, professeur de musique, les enfants de cette classe de cinquième ont pu découvrir en ma compagnie le monde un peu mystérieux de l'orgue: après une séance de présentation illustrée de photos et animée de questionnements divers sur l'histoire de l'orgue en général et sur le patrimoine actuel des orgues en Corse, toute cette joyeuse troupe a fait une première halte à Piedicroce. Pour certains qui n'ont jamais trop eu la possibilité de bouger de Folelli, c'était une occasion festive de rencontrer non seulement les orgues mais aussi cette Castagniccia montagneuse et ses belles églises (et ses virages...). Un plongeon dans un autre temps et dans la verdure des châtaigniers enfin feuillus.
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(Dans le décor foisonnant de l'église baroque de Piedicroce, le doyen des orgues de Corse,
 sa belle façade, et ses volets ouverts ornés de rinceaux dorés sur fond bleu)
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Les oreilles et les yeux grand ouverts, les enfants ont pu découvrir une partie du mécanisme du vénérable instrument de Piedicroce, orgue que le maître Giorgio SPINOLA construit en 1619 pour la cathédrale Sainte Marie de Bastia (voir la note sur l'orgue de Piedicroce) et transféré en 1842 à l'église Saint Pierre et Saint Paul de Piedicroce par le facteur d'orgue corse Anton Pietro SALADINI. C'est l'orgue le plus ancien de Corse en état de jouer, restauré par Alain SALS en 1985, un instrument prestigieux même s'il a aujourd'hui besoin d'un relevage...
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(le tirage des jeux)
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(le pédalier)
Pouvoir le toucher, l'écouter, le dessiner, l'appréhender dans un contact direct fut pour les jeunes de Folelli le privilège de cette journée. Merci à Madame le Maire qui nous a permis cette découverte en ouvrant grand ses portes! Une jeune fille originaire du village était toute fière de montrer son patrimoine,  son église. Il y a de quoi!
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(le village de Verdèse, l'un des plus beaux de Castagniccia)
Puis ce fut le tour de Verdèse, dont l'accès a donné quelques émotions à la conductrice du car (qui s'est fort bien débrouillée sur ces petites routes étroites du parcours): je ne dirai jamais assez combien ce village est cher à mon coeur, tant l'accueil y est chaleureux. La jolie église Saint Sébastien au décor charmant et agréablement restauré, accueille ce petit orgue:
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(l'orgue de Verdèse, de la firma AGATI-TRONCI, 1896)
... un petit orgue bien vaillant, avec ses clochettes et ses timbres robustes, restauré par Barthélémy FORMENTELLI en 1985.
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Les enfants ont pris conscience, ici, de l'organisation solidaire des confréries d'autrefois... C'était là aussi l'un des buts de cette journée de découverte du monde rural de la Corse: une solidarité dont ils peuvent maintenant comprendre le sens en ces jours d'insécurité... Nous venons d'apprendre que la France est entrée ce matin dans la récession: bienvenue au club!
La petite route qui va nous conduire de Verdèse à La Porta, en passant par Polveroso et Croce, ne manque ni de charme ni de surprises... Il eqst plutôt rare d'y voir circuler un car...
Enfin, c'est La Porta:
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( La Porta: l'église et son célèbre campanile )
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Dans son décor en trompe-l'oeïl de peintre architecte Domenico BAINA (l'auteur de la façade de l'église et du campanile), le petit bijou de l'église de la Décollation de Saint Jean-Baptiste de La Porta (voir la note du 03/ 06/ 2007)
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Construit par le religieux lucquois Benedetto MARACCI en 1780 probablement pour le couvent de Casabianca tout proche, transféré sous la Convention à La Porta, restauré en 1963 par Barthélémy FORMENTELLI, c'est un merveilleux instrument de taille modeste mais très raffiné dans sa facture. Un texte écrit au-dessus du clavier dit:" si tu ne me vois pas,  au moins écoute ma voix"...
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(le tirage des jeux, unique en Corse)
C'était là la dernière visite de cette journée pour les enfants de Folelli.
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Je les embrasse tous!

Piedicroce, l'orgue historique

L’ORGUE DE PIEDICROCE (CASTAGNICCIA).

Eglise Saint Pierre et Saint Paul.

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Construit en 1619, c’est le doyen des orgues historiques de Corse.

Avant d’être installé , 1842 dans la magnifique église de PIEDICROCE, cet orgue était à la Cathédrale  Sainte Marie de BASTIA. En 1619, le Maître Giogio SPINOLA, facteur d’orgue génois, construit un nouvel orgue pour la Cathédrale en remplacement d’un orgue plus ancien qui existait déjà en 1571. Il réutilise alors un certain nombre d'éléments de l'orgue ancien qui sont toujours présents à Piedicroce.

En 1636, l’orgue de Spinola est déjà en mauvais état et la Magnifique Communauté de Bastia décide de confier la restauration de l’orgue à un facteur d’orgue romain , Messire Brutus VISCHEA, qui se trouve alors à Bastia. Après ces travaux, l’orgue semble donner pleinement satisfaction… jusqu’au jour où, en 1661, la cathédrale est frappée à plusieurs reprises par la foudre, entraînant un incendie dévastateur : «  l’éclair venant du campanile plongea dans la voûte de l’église et passa dans l’orgue, qu’il mit sans dessus dessous ainsi que beaucoup de ses tuyaux ; il brûla l’ornementation de l’orgue, et la rompit en tout petits morceaux ; toutes les fenêtres furent ébranlées par cette grande secousse, et réduites en miettes ; ensuite, de l’orgue, l’éclair s’enfonça dans le sol. Les ornements du buffet furent détruits, et après une forte secousse qui brisa toutes les fenêtres du chœur, l’orgue s’écroula sur le sol ».*

Restauré peu de temps après par l’organier SANTALUCCIA, l’orgue continuera sa vie  liturgique à Sainte Marie… jusqu’au moment où la Ville de Bastia décide de faire construire un nouvel orgue « au goût du jour », et commande aux frères SERASSI un instrument prestigieux et beaucoup plus important pour sa Cathédrale. On confie alors, en 1842, à Anton Pietro SALADINI, célèbre facteur d’orgue originaire de Speloncato, le soin de restaurer l’ancien orgue de Sainte Marie de Bastia et de le transférer dans l’église Saint Pierre et Saint Paul de Piedicroce où il se trouve aujourd’hui.

 

Grâce à la restauration d’Alain SALS (1975/1985), le bel orgue de Piedicroce est aujourd’hui le seul instrument conservant des éléments du 17ème siècle : façade, buffet, sommier, Principale, Voce umana, Nazardo …

*Cité par Sébastien Rubellin dans : « L’Orgue Corse, de 1557 à 1963 », édition A. Piazzola.

DESCRIPTION

ET COMPOSITION

 

 

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La caisse du buffet, en châtaignier, est fermée par deux volets de toiles peintes :ouverts ils montrent un élégant décor bleu et or du XVIIIe  siècle, repeint par-dessus l’ancien décor du XVIIe siècle. Fermés, les volets, repeints au XIXe siècle, illustrent le Roi David et Sainte Cécile, les saints patrons de la musique.

On peut aujourd’hui admirer l’ordonnance esthétique de cette façade exemplaire, constituée de cinq plates-faces de 5-9-5-9-5 tuyaux en étain, dont les écussons sont en ogive. Deux ensembles d’ « organetti morti » (des tuyaux décoratifs et muets) finissent d’animer cette composition typique du XVIIème siècle. Lors de la restauration, en 1975, Alain SALS a restitué la majorité de la tuyauterie du XVIIème siècle, extrêmement fragile, et refait à l'identique les 98 tuyaux qui avaient disparu.

Le grand fronton au-dessus du buffet porte les lettres signalant la dédicace à la Vierge Marie  : « A.M. », pour Ave Maria.

Le sommier à registres coulissants, est probablement celui du XVIIe siècle.

Le clavier, avec octave courte selon l’usage ancien, à l’origine de 45 notes, a été agrandi par SALADINI de 5 notes dans les aigus.

Depuis sa restauration (1975/1985) par Alain SALS, le doyen des orgues corses parle aujourd’hui pour les fêtes du village et lors des concerts.

COMPOSITION:

Principale - Ottava - Decima nona - Vigesima secunda - Vigesima sesta -

Cornetto Soprani (2 rangs) -  Cornetto Bassi (2 rangs)

Nazardo - Flauto in ottava - Voce umana

jeu de bassi (16’ et 8’).

Tempérament mésotonique (avec 6 tierces justes).

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(détail des frontons de touche: lors de son transfert à Piedicroce, Anton Pietro Saladini a augmenté l'étendue du clavier de cinq notes dans les aigus.)

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(le tirage des jeux et, au clavier, l'augmentation des touches dues à Saladini)
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(le pédalier, à octave courte, comme il se doit)

La surabondance des décors baroques, fresques, stucs et marbres qui envahissent cette grande église baroque de saint Pierre et Saint Paul de Piedicroce, édifiée en 1691, manifeste assez l'ancienne richesse de ce village, aujourd'hui plus dépeuplé qu'alors. C'est ici que l'on peut admirer le doyen des orgues corses.

Campé sur sa légère tribune de bois à claires-voies ornée de trophées musicaux réhabillés au XIX ème siècle sans trop de ménagement, le rose saumon et le bleu caeruleum recouvrant les verts d'origine ce magnifique instrument est pourvu de deux grands volets de toile peinte. Madeleine ALLEGRINI, lors de leur restauration a constaté plusieurs strates de décor : les lauriers ocres et verts du XVII ème siècle ont cédé la place, sur les volets intérieurs, à des feuilles d’acanthe qui épanouissent depuis le XVIII ème siècle leurs arabesques dorées sur un fond bleu intense. La belle façade caractéristique de SPINOLA, avec son ordonnance en cinq plate faces et ses deux séries d’organetti morti (tuyaux ornementaux, non postés), conjuguée avec les rinceaux dorés des volets ouverts donne beaucoup de majesté au vieil orgue. Au siècle dernier, on a rajouté un fronton bleu et fleuri où trône le monogramme de la Vierge (AM). Fermés, les volets font apparaître Sainte Cécile et le Roi David (les saints patrons de la musique) déclamés à nouveau au XIXème siècle par un pinceau quelque peu emphatique. La théâtralité redondante de ce décor est alors renforcée par la présence de lourdes volutes végétales, repeintes à la même époque, enroulées de chaque côté du buffet.

Depuis son transfert en 1842, le vénérable instrument tient désormais compagnie à la foule des Saints et des Anges qui peuplent l’église paroissiale de Piedicroce.

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J'ajoute aujourd'hui, 2 Mars 2010, ces deux beaux dessins réalisés par une toute jeune fille de Piedicroce, Angelina Jolie Raffali ...
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Merci, Angelina!