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19/04/2010

L'orgue de Castello, commune de Brando

CASTELLU di BRANDU

restauration prochaine de l'orgue historique de l'église Santa Maria

construit par Luiggi DE FERRARI  en 1840

orgue castellu di Brandu.jpg
Un appel public à la concurrence vient d'être mis en ligne le 17/04/2010 par la ville de BRANDO , dans le Cap Corse, en vue de lancer la restauration de ce bel orgue aujourd'hui hors-jeu (et repeint en bleu ...) du facteur ligure Luigi de Ferrari (né à Santa Margherita Ligure en 1807), dont on connait le premier travail en l'église Sainte Marie Majeure à Calvi, en 1830.
Vous pourrez trouver cet appel d'offre en ligne, avis n° AO-1017-3664 en tapant appel d'offre pour la restauration de l'orgue de Castello, Brando.
Date limite de réponse le 07/05/2010
Cela laisse peu de temps aux concurrents ... surtout s'ils doivent surfer sur le nuage islandais ...
En tous cas, un instrument intéressant de facture encore classique, sur sa tribune au-dessus de la porte d'entrée:
Clavier de 50 touches avec octave grave courte;
Pédalier de 13 touches avec octave courte;
Composition :
Principale bassi 8'
Principale soprani 8'
Ottava 4'
XVème 2'
XIXème 1'1/3
XXIIème 1'
XXVIème 2/3'
XXIXème 1/2'
Flauto in ottava
Cornetto 2'2/3, 2', 1'3/5
Voce umana 8'
Tromba soprani 8'
Contrabassi 8'
Coupure basses/dessus si2-do3
Tirage des jeux vers soi
Tira ripieno
Vent: deux soufflets cunéiformes avec poulies et réservoir à table parallèle à 5 plis

02/03/2010

l'orgue de Piedicroce vu par Angelina

Ce dimanche 28 février, à Piedicroce avec Angelina Raffali,
- une jeune fille de ce village de Castagniccia qui abrîte l'orgue le plus ancien de Corse -
 rencontrée en mai lors d'une journée de découverte organisée par Emmanuelle Marini pour sa classe de musique du collège de Folleli ...
Il en résulte que notre Angelina a passé de longs moments à faire ces beaux dessins que je vous transmets ici ... et qu'elle se colle à l'apprentissage de la musique avec l'intention de faire sonner le vénérable instrument de son village !
Dessin 2 Angelina copie.jpg
Mes voeux les plus affectueux t'accompagnent, Angelina,
Pdessin.jpg
et que tes dons artistiques fassent ici vibrer une nouvelle corde à ton arc ...
Pour la description de cet orgue, et la sortie pédagogique de Folleli,  voir les notes du 15/5/2009
 

21/02/2010

Le relevage espéré de l'orgue de Corbara

"Ne désespérez jamais. Faites infuser davantage"

(Henri Michaux)

Ambre et enfants.jpg
... les enfants à la découverte de l'orgue de Corbara ...
découverte.jpg
... en 2004, l'orgue de Corbara a servi de formidable outil pédagogique à la classe d'Algajola : plusieurs semaines de travail consacré à cette découverte par ces enfants et  mon amie Colette Fernandez, leur dynamique institutrice, débouchant sur un cédérom interactif réalisé par la classe:
" A LA DECOUVERTE DE L'ORGUE CORSE ". 
Cette expérience a été suivie de nombreuses autres actions menées avec d'autres enfants et toujours avec autant de plaisir partagé ... La preuve, s'il en était besoin, que l'orgue est un patrimoine bien vivant si l'on se donne la peine de le réveiller! 
Suffiate!.jpg
" Suffiate! " Alicia découvre un sport nouveau ...

orgue corbara volets fermés.jpg

L'orgue Agati/Tronci de CORBARA, aujourd'hui protégé au tître des Monuments Historiques, va enfin connaître prochainemenent les travaux de relevage que ce bel instrument nécessite,  plus de trente ans après sa restauration en 1979 par Philippe Hartmann.

Cet orgue a été  amoureusement servi pendant de très longues années depuis sa restauration par son organiste titulaire, Lina VIGOUROUX, cette dame remarquable dont on regrette aujourd'hui l'absence : tant elle a pu servir son instrument, elle l'a joué, entretenu, veillé avec la plus grande fidélité. Je lui dédie aujourd'hui cette note sur l'instrument de Corbara.

Cet espoir de voir restaurés ou relevés tous ces instruments de Corse qui méritent quasiment tous le label " d'orgues historiques" a été nourri par les efforts conjugués de tous ceux qui, depuis des années, oeuvrent à la reconnaissance de ce magnifique patrimoine. Je rends ici en particulier hommage au remarquable travail de Michel FOUSSARD, qui  a travaillé ces dernières années avec ténacité,  comme expert technicien - conseil pour les Monuments Historiques,  à la protection de ces orgues qui nous tiennent à coeur. Aujourd'hui c'est Michel COLIN qui lui succède dans cette tâche ardue .

Voici le texte de la notice que Michel Foussard avait rédigée en 2006 pour obtenir la protection de l'orgue de Corbara.

"CORBARA (Haute Corse)

 

 

 Eglise paroissiale A Nunziata

 

L’orgue, XVIIIème siècle, Agati-Tronci, 1890

Corbara orgue blog.jpg

(photo prise cette semaine : l'orgue souffre d'un silence forcé depuis septembre 2009, faute de branchement électrique.
  Il est grand temps de le réveiller et de le soustraire ainsi plus efficacement à la dent des rats...)

 

 DOSSIER DE PROTECTION.

au titre des Monuments Historiques

 

Direction régionale des affaires culturelles de Corse

Conservation régionale des Monuments Historiques

 

Commune de Corbara

 

Mai 2006

Pistes d'histoire

                  

                  Nous ne connaissons actuellement aucun document qui nous puisse apporter quelque lumière sur l’histoire de l’orgue de Corbara. Selon Michel Franceschini, l’infatigable défenseur du patrimoine de cette cité lumineuse, les riches archives de la collégiale attirant l’appétit des rats, leur dernier dépositaire crut expédient de résoudre la question par le feu. Les rats laissent au moins quelques bribes autour des trous…

 

                        Toutes nos pistes se résument donc à l’interrogation du matériel existant. Sur l’orgue lui-même, aucun doute : daté de 1890, il s’agit d’un instrument typique, parfaitement homogène et bien conservé, de la firme Agati-Tronci, numéro 1124 (numéro qui additionne les opus respectifs de la Maison Agati et de la Maison Tronci, dont le dernier représentant absorbe Agati).

 

                        Le buffet, caractéristique, du XVIIIème siècle, mais remanié, comme on le voit à la nouvelle découpe des cintres des plates-faces latérales, atteste au moins l’existence d’un orgue antérieur.

 

                        De cet instrument subsiste sans doute la belle façade d’étain, aux écussons imprimés en ogive surmontée d’un point repoussé , avec pour le tuyau central, trois points formant croix, les organetti morti des étages latéraux, ainsi que les traces largement circulaires de deux soufflets cunéiformes et de leurs poulies de levage au fond du soubassement. Les montants des trois plates-faces de 11 tuyaux chacune, gardent les traces des barres de soutien au quart supérieur de leur hauteur.

 

                        Le décor des montants, comme du tambour côté extérieur, réalisé en chiquetage, témoigne de la même gamme chromatique et du même travail que nous relevons sur le buffet voisin de Costa,

tuyaux de façade gauche.jpg

 - décor sans doute repris à Costa sur le décor du XVIIIème siècle, et que nous pourrions partiellement attribuer à Bernardo Zigliara, d’Algajola, qui signe ostensiblement son œuvre (à Costa), en 1819.

 

 

                        De 1819 également datent les volets de toile tendue sur cadre peints à double face par Francesco Giavarini, auteur des fresques de la voûte de l’église San Salvator de Costa.

volets fermés.jpg

La tribune en revanche, et le tambour côté nef, reçoivent un décor en faux marbre brun, d’un style tout à fait différent.

 

 

                        Le motif d’attique et les claires voies du buffet, les figures sculptées, l’architecture de la tribune, le dessin de la rambarde suggèrent à l’évidence le travail des Saladini. Très vraisemblablement, la tribune actuelle est bien postérieure au buffet, le cas ne se trouvant pas exceptionnel en Corse, comme on le voit par exemple sur l’orgue de Speluncato, œuvre de Crudeli en 1810, sur une tribune des Saladini datée de 1821.

tribune et buffet détail.jpg

 

 

 

 

                        Entre l’instrument du XVIIIème siècle et celui d’Agati-Tronci, rien ne nous éclaire sur des états intermédiaires, à l’exception de deux curieux réservoirs à table parallèle de 90 x 90 cm, du type à lanterne, qui déploient leurs cinq plis sur un mètre de course, avec un piton de traction au centre pour un levage par cordes, réservoirs déposés sur le plancher de la tribune.

 

                        Divers éléments des caisses d’expédition de Livourne subsistent dans l’instrument, particulièrement le panneau surmontant le pédalier en reconversion économique, ou tel panneau latéral gauche conservant l’étiquette d’expédition, agrémentée d’une esquisse grivoise. Toujours livrés clefs en main, les orgues d’Agati-Tronci ne demandent plus qu’à être montés, d’où l’absence de tout matériel antérieur, à l’exception des vestiges signalés plus haut.

étiquette de la DittaAgati Tronci.jpg

 

 

Descriptif

 

 

                        Le clavier  de 54 notes, surmonté de la belle étiquette sous verre de la firme, commande une étendue de do1 à la5, avec permanence de l’octave courte do/mi, conservée sur les claviers d’orgues italiens jusque fort avant dans le XIXème siècle, comme on le voit ici, et même au-delà.

clavier.jpg

 

                        Le pédalier de 17 touches, à octave courte jusqu’au sol# 2, plus une touche d’accessoire, donne chromatiquement les basses, et en intercalaires, les compléments de la seconde octave que la reprise en octave n’assure pas du fait de l’octave courte, alors que le sommier de pédale ne compte que 11 notes.

 

                        La traction mécanique de même, reste fidèle aux traditions italiennes, avec son abrégé de fer, et de même pour les abrégés de la Terza Mano, des Campanelle et du pédalier, qui rejoint un abrégé de fer sur l’avant, puis, par l’intermédiaire de rondins rejoint l’abrégé de pédale en fer sous le sommier de pédale.

abrégé.jpg
(l'abrégé)

 

                        La traction des jeux, mécanique, s’effectue par fils de fer des tirants de registres aux tournants en fer àdroite, avec renvoi par fil de fer jusqu’aux gros écrous de bois qui vont tirer les têtes de registres sur le côté droit du sommier.

tirage des jeux.jpg

 

                        Le sommier est à ressorts, comme traditionnel en Italie pour les grands instruments. Les soupapes sont collées en queue, les ressorts sont à double boucle, la fermeture du tampon de laye s’effectue à l’italienne par tirants de bois.

 

                        Les quatre premières notes se trouvent aux extrémités, la suite des basses se trouvant en mitre au centre, avec, de part et d’autre le médium en V, et les dessus intercalés en A contre la mitre centrale.

tuyaux façade centre.jpg
(les tuyaux de façade)

 

                        L’ensemble de la tuyauterie est de belle qualité, coupée au ton. La façade est en étain, la Tromba de fer blanc (anches en bec de canard). Le Corno Cinese est constitué de tuyaux à bouches étroites côniques dans le sens pyramidal, les seuls de ce type dans l’instrument. Le Clarone, de fer blanc, est est une basse cônique assez étroite surmontée d’une très courte portion cylindrique, en Violoncello. Le Corno Inglese, d’étain,avec pieds et boîtes en fer blanc, est une grosse clarinette à pointes larges. La Viola est également d’étain, avec dents régulières. La Flauto in ottava, de taille large, est de plomb, avec dents. L’ensemble du Ripieno, en plomb, porte également des dents régulières et présente la composition suivante :

 

Do1                                                     Fa#3                                       Fa#4

          1’1/3                                                      2’                                         2’2/3

             1’                                           1’1/3                                          2’

           2/3                                            1’                                         1’1/3

           1/2                                            2/3                                          1’

orgonetti morti.jpg
(les tuyaux muets de la façade: organetti morti - Ici l'on voit bien le décor raffiné en chiquetage que l'on retrouve sur le petit orgue de Costa)

                        L’alimentation telle que trouvée par Philippe Hartmann en 1978 est à pompes cunéiformes et réservoir à tables parallèles, à deux plis (un rentrant, un sortant) de 140x0,81 cm. Le restaurateur a fourni un ventilateur Meidinger, ainsi qu’une boîte régulatrice permettant l’emploi des pompes à main.

 

                        La composition, précisée dans une belle graphie sur planchettes de bois (illustrations III) se découvre comme suit dans la disposition des tirants de registres sur deux files à droite du clavier :

 

 

Campanelle (légèrement à gauche, avec planchette disposée verticalement)

                                                                       Principale bassi (8’)

Tromba nei bassi (8’)                                     Principale soprani

Tromba nei soprani                                        Ottava nei bassi (4’)

Clarone nei bassi                                            Ottava nei soprani

Corno Inglese soprani (16’)                           Decima quinta (2’)

Cornetto Cinese nei soprani (5’ 1/3) Ripieno di 4 canne per tasto (1’ 1/3 à ½)

Flauto in ottava                                             Viola nei bassi (4’)

Cornetto nei soprani (4’+ 2’2/3+1’3/5)       Voce Umana nei soprani (8’)

Ottavino nei soprani                                      Contrabassi (8’large+4’étroit sur les

Terza mano                                                    premiers do,ré, mi, fa, sol, la, la2, si

                                                                       puis reprenant à l’octave grave du do2, les                                                                         touches intercalaires tirant au sommier un 16’+4’                                                            pour les deuxièmes do, ré, fa, sol).

 

Au-dessus du pédalier, sur la droite : pédale en bois du Polisire (combinaison libre à bâtons tirés), Tira Ripieno (pour les six premiers registres), Timpano (2 tuyaux de bois discordés pour imiter le roulement de la timbale), avec grosse caisse retrouvée dans l’instrument, mais non encore restaurée.

 

campanelle.jpg
(e campanelle)

                        Etat de conservation. La restauration dePhilippe Hartmann s’avère d’une très belle tenue. Depuis bientôt trente ans, l’orgue fonctionne remarquablement sans avoir connu d’interventions importantes. Il conviendrait toutefois de vérifier l’aplomb du buffet sur la tribune, dont Philippe Bachet signalait l’affaissement dans son inventaire de 1988. Aucun désordre majeur ne s’est produit depuis, mais la pente vers l’arrière du sommier n’est en rien rassurante pour la stabilité future de la tuyauterie.

 

                        Il convient ainsi d’envisager aujourd’hui un relevage, qui pourrait éventuellement revenir sur certaines tendances d’harmonisation imposées contre son gré à Philippe Hartmann par un courant ‘saladiniste’ inadapté ici, comme le sentait bien le restaurateur.

 

Conclusion

 

                        La haute qualité de la tribune et du buffet, la très belle conservation de tous les éléments qui constituent l’orgue d’Agati-Tronci, la richesse de ses timbres, et son caractère si représentatif des derniers feux de la facture italienne traditionnelle, convergent de toute évidence vers la reconnaissance de l’orgue de Corbara comme Monument Historique. "

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Ajoutons à cela que l'orgue ancien fut entretenu en 1855 par Giovanni DE FERRARI et en 1873 par notre cher Gasparo DOMINI, avant sa transformation en 1890 par la Firme AGATI / TRONCI ...

 

(à suivre!)

 

 

 

                 

01/10/2009

l'orgue historique de la Collégiale de Speloncato: une demande de classement au titre des Monuments historiques

speloncato buffet blog.jpg
l'orgue Crudeli (1810) de Speloncato
Je transmets ici l'article écrit par notre cher Paul Giuliani à propos de la demande de classement de notre orgue Crudeli:

 

" SPELONCATO.

 

Protection de l'Orgue historique Crudeli.

 

C'est le 26 Mai 2008 que le Conseil Municipal, sur la proposition du Maire, Jean-François Poli, a sollicité le classement de l'orgue historique de la Collégiale Santa Maria Assunta, construit en 1810 par Giovanni Crudeli, suite à une commande passée à son père Giuseppe, et dont le bicentenaire sera fêté dignement au cours de l'été prochain.

 

Cette formalité administrative a justifié la visite que vient d'effectuer Michel Colin, Technicien Conseil du Ministère de la Culture pour les orgues protégées des Monuments Historiques.

 

 

 

(...) Après avoir fait le point du dossier, un transfert sur place lui a permis de redécouvrir les qualités de l'orgue speloncatais qu'il

connaît bien, depuis 10 ans, pour y avoir donné des concerts.

 

La Balagne est exceptionnellement riche en orgues qui méritent tous l'appellation d' "orgues historiques", tant du point de vue archéologique que du point de vue musical et historique. La très grande majorité est de facture italienne et italo-corse.

 

Speloncato a abrité notamment la famille Saladini qui a doté en orgues beaucoup d'églises de notre région et de tribunes en bois galbé polychromes, d'une profonde originalité.

 

 

 

 

Les formalités.

 

Les Communes qui possèdent un orgue, quelque soit son état

et qui désirent le protéger avant tout, voire le restaurer et le mettre en valeur, doivent déposer une simple demande

accompagnée d'une délibération du Conseil Municipal à la

Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC).

 

Les dossiers sont instruits par l'Administration Centrale puis présentés en Commission Nationale des Monuments Historiques. Ces classements ou inscriptions débouchent fréquemment sur une campagne de restauration.

 

Des aides financières sont accordées par la Région et par le Département pour des travaux de réhabilitation ou de restauration.

 

La décision définitive appartient à la Commission Nationale qui s'assure de la confirmation de la volonté de la Collectivité Territoriale avant d'effectuer le classement ou l'inscription à l'inventaire.

 

 

La suite des visites.

 

Après Calenzana, Feliceto et Speloncato, Michel Colin s'est rendu le lendemain à Bonifacio puis à Corbara où des dossiers sont en cours pour des protections par classement ou pour études de travaux.

 

Les récentes Journées Européennes du Patrimoine dont elles

étaient la 26 ème édition ont permis de mettre en valeur les

richesses de nos villes et villages.

Il faut souhaiter que la Protection du Patrimoine soit un objectif

permanent et non pas pour ces seules deux journées."

Paul GIULIANI

 

Le bel orgue Crudeli de Speloncato mérite tous nos soins: restauré en 1992 parAntoine Massoni tragiquement disparu il y a quelques années, il donne aujourd'hui des signes de fatigue qu'il faut impérativement analyser et traiter: le sommier souffre d'un manque de plus en plus évident d'étanchéité (soufflures ...) , ce qui annonce une intervention lourde pour la commune, puisqu'il faut vraisemblablement envisager la dépose de la tuyauterie et une nouvelle restauration du sommier ...

Pour tous ceux qui connaissent un peu la facture d'orgue ... voilà une  facture qui risque d'être salée ... Or cet instrument tient une place importante dans l'histoire de l'orgue corse et il convient de tout mettre en oeuvre pour assurer sa vie sur le long terme. Avis!

 

 

 

 

 

18/09/2009

Journées du Patrimoine 2009: demain matin à la mémoire de Gaspard Domini

A Feliceto, demain matin, nous évoquerons la mémoire du facteur d'orgue  Gaspard DOMINI: je réédite à cette occasion la note du 6/8 2008, écrite après avoir eu le privilège de rencontrer chez lui la présence de cet homme si attachant.
Gaspard Domini port 018 blogjpg.jpg
Gaspard DOMINI, Alger 1905: il meurt quelques jours plus tard, le 7 janvier 1905.
Il était né en 1829 à Massa di Sassarosso

 

Hier j'ai eu le grand bonheur de "rencontrer" chez lui, à FELICETO,  un artisan "organaro" dont j'ai  souvent le plaisir de jouer le dernier orgue, celui de CATTERI (autour de 1902), et dont je connais également les orgues de BARRETALI (1867) et de CAGNANO (1886). Il a également construit l'orgue de l'église du Sacré Coeur de Bastia (1870), aujourd'hui installé au couvent d'Erbalunga et transformé par J. Jenet en 1969.

Il se marie en 1864 avec Marianne Marie Felicité Simonetti, alors une toute jeune fille de 16 ans: un vrai coup de foudre mutuel, semble-t-il, malgré la différence d'âge. et  s'installera à Feliceto: les époux auront huit enfants, six filles et deux garçons, dont un, hélas, mourra à la guerre de 1914.  Seule une fille aura une descendance... J'ai pu rencontrer ses deux petites filles et son arrière petite fille.

Mme Gaspard Domini blog.jpg
Madame Marianne Marie Félicité Domini.
Deux beaux visages énergiques, souriants et empreints de sérénité.
 Son activité de facteur d'orgue et de musicien le conduit à intervenir (cf Rubellin) à la fois comme accordeur et réparateur de pianos, mais aussi d'orgues: Corte, Castifao, Corbara, Bastia, Poretto Brando, Montemaggiore, Zilia...
L'on sait qu'il prend la suite d'Anton Pietro SALADINI, à sa mort en 1863, pour l'entretien de l'orgue de l'église paroissiale St Nicolas de Feliceto, construit par A.P.Saladini en 1839. Gaspard Domini occupe une place particulière dans ce XIXème siècle qui a vu une telle floraison  de constructions d'orgues italiens: avec tout d'abord les Crudeli, les Saladini et les De Ferrari, puis à la fin du siècle avec la firme Agati- Tronci.

Alors que les Agati Tronci produisent de façon intensive dans leurs ateliers de Pistoia ces orgues importants dont on peut apprécier les qualités innovantes à Muro, Corbara, Aregno, Rogliano etc... et qui témoignent de l'évolution du goût musical dans les villages comme dans les villes, Gaspard Domini reste dans la tradition artisanale et villageoise: cet homme au bon visage moustachu et modeste, crée ces beaux instruments chantants et charnus dans sa cave voûtée, fraîche l'été, non loin du pressoir et des tonneaux de vin: sa maison respire le travail des champs autant que la menuiserie et la musique. Ses enfants ont certainement reçu une solide éducation, devenant maîtres d'école:
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...en témoignent les devoirs d'écoliers,  les cartes de géographie, les journaux collés pour l'étanchéité dans ses orgues, comme ici  sous le plafond du petit orgue familial...
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Je connaissais, grâce au livre Sébastien Rubellin, l'existence de ce petit orgue construit en 1876 à l'usage de la famille: tous les enfants avaient appris la musique, orgue et piano... rencontre inespérée avec le petit orgue : émotion de le trouver en aussi bon état, si présent et restaurable, et de l'imaginer sous les doigts de toute la petite famille... Le portrait de Gaspard veille sur l'instrument.
Gaspard Dominiclavier et abrégé.blog.jpg
le clavier et l'abrégé
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le tirage des jeux: 7 registres, dont il manque aujourd'hui des éléments.
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les tuyaux...
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les tuyaux, suite
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quelques outils provenant de l'atelier: la famille, avec l'aide d'Alain SALS, auteur de la restauration des orgues de Gaspard DOMINI à Barretali, Cagnano et Catteri, a pu sauvegarder ces précieux témoins du métier de Gaspard....
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en vrac, quelques tuyaux dans l'atelier.
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... une histoire de coeur, de mains et de musique: ces objets ont une âme.

On aimerait que le village de Feliceto honore la mémoire de son "organaro", "le faiseur d'orgue", "le Modenais", "l'Italien demeurant à Feliceto" comme il signait... Son tombeau se trouve juste à côté de l'église, pour ceux qui veulent lui dire un bonjour amical...
On aimerait aussi que soit restauré ce petit orgue de famille et qu'il chante à nouveau pour le bien de tous.
Un grand merci aux petites filles et arrière-petite-fille de Gaspard Domini et à l'ami Jean-Pierre Orliac  qui m'ont permis cette belle rencontre.
Oui, merci, Annie, d'avoir évoqué avec tant de tendresse votre grand-mère, fille de Gaspard et Marianne Domini: c'est un petit bout du fil de votre mémoire qui nous rend encore plus proche cette famille attachante...
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