Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02/08/2010

BICENTENAIRE DE L'ORGUE CRUDELI DE SPELONCATO

affiche orgue Crudeli avec texte blog.jpg

SPELUNCATU : BICENTENAIRE

DE L’ORGUE HISTORIQUE CRUDELI

1810/2010

 

JEUDI 5 AOÛT

 à la Collégiale Santa Maria Assunta 

 

 

-          10 heures 30 :  Exposition de photos des orgues de Corse et présentation de l'orgue Crudeli par sa titulaire, Elizabeth Pardon.

clavier et pédalier SPE.jpg

(le clavier et le pédalier de l'orgue Crudeli)

 

-    15 heures : Conférence : « Les CRUDELI en Corse : la possible transmission d’un Savoir-Faire auprès de la famille Saladini de Speloncato », par Sébastien Rubellin, Musicologue, auteur de « L’Orgue corse de 1557 à 1963 », Editions Piazzola.

 

-    16 heures 30 : Diaporama / Débat :  « Les orgues de Corse, un patrimoine insulaire pour l’Europe » , par Elizabeth Pardon,  animatrice de « La Montagne des Orgues »

 

 

18 heures 30 : Vin d’Honneur, Place Sainte Croix.

  

   -    21 heures : CONCERT sur l’orgue Crudeli par Maria Cecilia Farina, Organiste de Pavie. Lauréate de nombreux concours internationaux et prestigieuse concertiste. Elle avait donné le concert d’ouverture après la restauration par Antoine Massoni de l’orgue en 1991.

 

 

VENDREDI 6 AOÛT

 

Ballade autour des orgues historiques de la micro région, avec la participation des organistes présents :

 

- 10 heures : Eglise de Costa, orgue anonyme début XIX ème siècle -   

- 11 heures 30 : Eglise de Feliceto, orgue Saladini 1839 -              

- 14 heures 30 : Eglise de Pioggiola, orgue Saladini 1845.                                                        

 - 16 heures 30 : Eglise d’Olmi Cappella, orgue anonyme vers 1805)  

orgue de Pioggiola copie Blog.jpg
(l'orgue Saladini de Pioggiola)

  

                                                                                                    

 

                                                                                

 

SPELONCATU 5 Août 2010

CONCERT du BICENTENAIRE DE L’ORGUE CRUDELI

Organiste Maria Cecilia Farina

l' organiste de Speloncato blog.jpg

 

Johann Kaspar Kerll                            Passacaglia

(1627 – 1685)                                       Magnificat (couplets alternés au chant grégorien chanté par l’organiste)

 

Anonyme espagnol                                  Batalla    

(XVII siècle)                                        Espanoleta

                                            

Georg F. Haendel                               Ouverture in Ptolomy

(1685 – 1759)             

 

J.Sebastian Bach                                Wer nur den lieben Gott  BWV 690, 691

(1685 – 1750)                                     Fugue sur le Magnificat  BWV 733

 

G.Battista Martini                              Sonata all’Elevazione

(1706 – 1784)

 

Anonimo toscano                               Postcommunio  

(XVIII siècle)                                           

 

Amilcare Ponchielli                           Allegretto campestre

(1834 – 1886)

 

Niccolò Moretti                                 Sonata del Signor Mozart

(1763 – 1821)                                      ridotta per l’organo dal Signor Nicolò Moretti

 

 

MARIA CECILIA FARINA , appartenente ad una famiglia di illustri musicisti pavesi, affianca all’insegnamento presso il Conservatorio “G.Verdi” di Milano un’intensa attività concertistica come organista e clavicembalista, esibendosi sia come solista che all’interno di gruppi strumentali. Condotti gli studi musicali accanto a quelli umanistici, si è diplomata presso il Conservatorio di Milano in Organo e composizione organistica, Pianoforte e Clavicembalo; presso il Conservatorio di Brescia in Musica corale e direzione di coro,  laureandosi nel 1987  in Lettere moderne presso l’Università di Pavia col massimo dei voti e la lode. Si è quindi perfezionata per due anni in organo alla Musikhochschule di Vienna nella classe di Michael Radulescu e per tre anni in cembalo all’Accademia Chigiana di Siena con Kenneth Gilbert . Premiata in alcuni concorsi organistici e clavicembalistici  nazionali e internazionali, ha tenuto concerti nelle principali città italiane, in molti paesi europei, in Argentina, Israele e Corea del Sud, partecipando a manifestazioni e festival quali “Wienerorgelkonzerte” a Vienna, “Musica ai Frari” a Venezia, “Musica e poesia a S. Maurizio” a Milano, “Festival Estival de Paris”, “Italiana 86” a Buenos Aires, “Tribute to Stradivarius” a Londra etc., suonando strumenti di altissimo valore storico-artistico (organo Arp Schnitger di Norden, organo Stellwagen di Lubecca, organo Sieber a S.Michele in Vienna, organi Riepp a Ottobeuren, Raphaelis a Roskilde e numerosi altri).

Ha effettuato registrazioni per RAI, Radio Svizzera Italiana, Israel B.C. e inciso come solista  CD per Ermitage, Discantica , Sarx e Stradivarius (per quest’ultima etichetta ha partecipato all’integrale delle Sonate di Domenico Scarlatti a cura di Emilia Fadini)  . E’ organista e clavicembalista dell’Arion Consort & Choir del Collegio Ghislieri di Pavia.

 Appassionata alla ricerca musicologica, ha tenuto conferenze e lezioni-concerto per l’Università di Pavia, la Scuola di Musica di Fiesole, il Museo Teatrale alla Scala e pubblicato studi e contributi per editori quali Casa Ricordi e Zanibon e per la rivista culturale KOS. La Provincia di Pavia le ha affidato la supervisione e il coordinamento scientifico del volume “Organi storici in Provincia di Pavia- Viaggio all’interno della più antica macchina da musica”, pubblicato nel dicembre 2004.

E’ consulente del Servizio Tutela Organi presso la Direzione regionale per i Beni culturali e paesaggistici della Lombardia.

putti SPE.jpg

(à suivre!)

 

17/07/2010

Brève du Purgatoire: Santa Maria di Rescamone

Les pierres qui signent ...
 
commune de Valle di Rustinu,
la Pievanie de Santa Maria et San Giovanni Battista di Rescamone, anciennement diocèse d'Accia
Petite chronique d'un pillage récurrent ...
Rescamone en arrivant blog.jpg
Jeudi dernier, toujours le même frémissement de joie et d'inquiétude lorsqu'on découvre ce site, trop isolé, trop délaissé, livré à l'âpre imbécillité humaine: il y a quelque temps, lors d'un parcours avec des amis, nous avions surpris des malfaisants armés de "poêles à frire", s'acharnant à explorer le sol du site dans l'espoir de gagner les énièmes trois sous au détriment de la connaissance archéologique ... Pris sur le fait, et coincés par un jeune de la mairie que nous avions pu alerter, les pilleurs s'en étaient retournés piteux, la queue (de la dite poêle). basse .. mais se promettant sans doute bien de recommencer à la première occasion ...
Rescamone l'église sta Maria blog.jpg
Ce site exceptionnel raconte beaucoup sur l'implantation de la christianisation à l'intérieur de l'île, puisque les fouilles menées par Geneviève Moracchini Mazel ont révélé que cette église romane succède à un sanctuaire paléochrétien comportant une basilique à trois nefs et un petit baptistère, visible ici au premier plan (la construction de briques protège la petite cuve baptismale cruciforme).
Je vous renvoie, si possible, au cahiers Corsica 98/99, publiés en 1982 par la Fagec, qui relatent les fouilles menées par G.Moracchini Mazel dès 1956, et au riche ouvrage "CORSICA SACRA" écrit et publié il y a quelques années par G. M. M.
Rescamone à l'intérieur du baptistère blog.jpg
Le  baptistère octogonal et roman qui jouxte l'église, le plus grand de Corse, a été victime, comme l'ensemble du site, des glissements de terrains qui l'ont conduit à la ruine. Tel qu'il est aujourd'hui - heureusement consolidé par des piles de renforcement lors les travaux archéologiques successifs de G. Moracchini Mazel - ce baptistère reste impressionnant, dans la solitude paisible du lieu.Rescamone arcature baptistère blog.jpg
 il a conservé en place par endroits son arcature ...
 
Rescamone arcs prêts à être volés blog.jpg
...mais  malheureusement d'autres arcs  depuis des années à l'abandon,  gisaient au sol ... prêts à être volés. Comme tant d'autres belles pierres et dalles réutilisées à droite et à gauche: voilà une carrière bien commode!
Pour orner quoi donc ? Voyons voir ? Un chic salon? Une cheminée de style ? Formidable, chère madame, vos murs d'un goût exquis et vos amuse-gueule aussi!
 A chacune de mes visites, donc,  je les comptais, ces pauvres pierres soigneusement taillées au XIIème siècle pour célébrer la naissance à la vie chrétienne ...
L'inévitable s'est produit: ce jeudi 15 juillet, ils n'y étaient plus. Dont acte.
(à suivre)

24/06/2010

samedi 26 JUIN, échappée baroque en Castagniccia

SAMEDI 26 JUIN 2010 ,

cette escapade baroque en Castagniccia avec

les amis du comité des fêtes de la ville de Bastia

 

 

Cette journée nous conduit au cœur de la Corse schisteuse, sous le sommet du San Petrone (1767 m) qui abritait autrefois la minuscule cathédrale de l’évêché d’Accia. Région  montagneuse et forte où le châtaignier est roi, autrefois extrêmement peuplée : le moindre promontoire accueille un village construit de ses hautes maisons austères, couvertes de lauzes, sous la protection de son église et lançant par-dessus la forêt nourricière l’appel de son campanile ouvragé… Ici vivait naguère en quasi autarcie une population dure à la peine, inventive, industrieuse et suffisamment prospère pour laisser ces innombrables églises baroques embellies de stucs et de peintures dont vous ferez aujourd’hui quelques rencontres. N’oublions jamais qu’elles témoignent de cette vie agro-pastorale fortement structurée, traversée par les drames de la vendetta mais aussi par le patriotisme et le souffle de l’histoire.

Piedicroce église ensemble côté Autel blog copie.jpg

 

Eglise saint Pierre et saint Paul, à PIEDICROCE

(Pieve d’Orezza, autrefois diocèse d’Aléria)

 

Cette grande église domine la vallée d’Orezza depuis 1691, aux côtés de l’oratoire Santa Devota, Confrérie du village. La théâtralité baroque de l’édifice manifeste dès sa façade (décor d’I.S. Raffali) son appartenance à l’Art de la Contre-Réforme. A l’intérieur la profusion du décor omniprésent submerge le fidèle, l’instruit et le guide comme un livre d’images : pas un espace n’échappe au pinceau didactique des peintres ni à la truelle des stucateurs et le visiteur consciencieux en sera quitte pour un léger torticolis … La voûte est peinte aux alentours de 1872 par Alberti dans un style néo baroque persistant ...

voûte Alberti, vers 1872 blog.jpg

(dans la voûte: la Pentecôte, St Pierre et St Paul, la Résurrection, les Evangélistes ...) 

Dans les chapelles latérales, l’on retrouve les thèmes obligés des Ames du Purgatoire (Marc Antoine De Santis, XVII°s.), de l’Immaculée Conception, du Rosaire (admirable ! peint par Ermenegildo   Costantini en 1763), un beau Chemin de Croix … On doit l’imposant maître-autel au grand stucateur lombard Angelo Maria Fontana (1706) qui a probablement inspiré par la suite la célèbre famille des Raffali : et derrière l’autel, coulent les larmes de saint Pierre au chant du coq … La remarquable chaire de prêche roccoco est de Giovanni Raffali (1723), le pionnier de cette famille de stucateur.

chaire prêche Giovanni Raffali 1723 blog.jpg
(la chaire de prêche de Giovanni Raffali)
 
 

Enfin écoutons ici le doyen des orgues corses, construit en 1619 par le génois Giorgio Spinola pour la cathédrale sainte Marie de Bastia, puis transféré à Piedicroce et agrandi par Anton Pietro Saladini (le célèbre facteur d’orgue de Speloncato). La magnifique façade caractéristique des orgues italiens du XVII°s., conjuguée aux arabesques dorées des volets ouverts, confère une grande majesté au vieil instrument. Alain Sals l’a restauré en 1985, lui restituant toute sa qualité musicale pour notre plus grand plaisir.

l'orgue volets ouverts blog.jpg

 

Eglise de la Décollation de Saint Jean Baptiste, à LA PORTA

 (Pieve d’Ampugnani, autrefois diocèse d’Accia, puis de Mariana)

la Porta village.jpg
parfois dans la brume ... le village de La Porta ...
St Jean Baptiste de La Porta blog.jpg
...mais souvent sous une belle lumière comme mardi dernier ...

  Le haut campanile (45 m) à cinq étages malheureusement alourdi par un crépissage récent disgrâcieux, signale au loin ce village, patrie du clan des Sébastiani, « porte » d’entrée et capitale historique de la région d’Ampugnani : ici  maisons anciennes et  chapelles privées des puissants notables conservent le souvenir de leur apogée, au XVIII ° s…

L’église, commencée en 1648, agrandie à la fin du XVIII° s., trouve ici son expression la plus aboutie avec l’intervention de l’architecte Domenico Baino, originaire de la région de Côme (état de Milan), actif en Corse entre 1695 et 1732 et qui termine en 1707 la somptueuse façade baroque au portique triomphal, animée de pilastres,  de volutes, de coquilles …Il signe également tout le décor peint en trompe l’oeïl de la voûte (1707) , le maître-autel et deux autels latéraux. Enfin, et non des moindres, il dessine et commence le campanile (qui sera terminé par un architecte de Quercitello en 1720) démesuré, fiché comme un défi permanent et triomphal lancé aux habitants de Quercitello, le  village voisin  en surplomb et dont dépendait  La Porta avant 1654 ( date de son érection en église paroissiale par Monseigneur Marliani.

Les multiples facettes du génie monumental de D. Baino inspireront définitivement la dynastie des Raffali.

A l’intérieur nous attendent les thèmes chers à la Contre-Réforme : les Ames du Purgatoire (Giordani, autour de 1880), St Joseph et St Pancrace (idem),  avec une mention particulière pour une remarquable petite « Décollation de saint Jean-Baptiste » et deux grandes toiles , l’une de Destouches (le Martyre de sainte Eulalie), et l’autre, copie de l’Annonciation de Guido Reni. Une église qui appellerait une restauration pour la débarrasser de ses couches de repeints grisâtres et qui retrouverait alors le visage lumineux et coloré de l’époque de Baino.

orgue fermé.jpg

            Enfin, c’est dans la pénombre traversée par un rai de lumière sous la verrière ovale, que se révèle le petit orgue altier et sa tribune de bois polychrome. Construit selon toute vraisemblance en 1780 par le franciscain lucquois Benedetto Maracci, alors installé à Rogliano, pour l’église du couvent tout voisin de Casabianca, puis transféré à l’église saint Jean Baptiste sous la Convention par le conventionnel Saliceto avant de brûler le couvent lors du sombre épisode de la « Cruceta », c’est un petit instrument doublement miraculé : en 1963, le tout jeune facteur d’orgue franco-italien Barthélémy Formentelli signe ici la première et magnifique « restauration à l’identique », redonnant sa voix à l’un des instruments les plus raffinés et des plus chantants de Corse.

La Porta façade centrée blog.jpg

 

Peu après cette restauration naîtra l’association Renaissance de l’Orgue Corse qui a depuis dynamisé la politique de restauration des orgues historiques en Corse : nous fêtons en 2010 ses 40 ans d’action pour  la reconnaissance et la valorisation de ce formidable patrimoine de notre île …

clavier La Porta.blog jpg.jpg
( ... si tu ne me vois pas, écoute au moins ma voix ! ...)

 

 

… avec Elizabeth Pardon et « La Montagne des Orgues », Association Saladini de Speloncato.

Tel : 04 95 61 34 85 et 06 17 94 70 72 – site internet : www.montagne-des-orgues.com

27/06/2009

Muratu, San Michele: l'intérieur de l'église, suite 14

L' intérieur de San Michele de Murato

(Pour clore ces notes regroupées sur San Michele di Muratu,

à nouveau quelques images de l'intérieur )

San Michele intérieur.jpg
Une douce lumière baigne le maitre-autel par la porte ouverte: sinon, l'église médite dans une relative obscurité, traversée par les rais lumineux des fenêtres meurtrières et la croix évidée au-dessus du choeur.
Annonciation fresque.jpg
Trop peu d'éléments nous restent de ce qui fut sûrement l'une des plus belles fresques de Corse: le temps a fait son oeuvre, effaçant inexorablement ces peintures à fresque de la fin du XV°siècle. Demeure la présence estompée de cette Annonciation dans les écoinçons de l'Arc triomphal.
Muratu Archange Gabriel blog.jpg
L'Archange Gabriel, drapé dans un manteau blanc constellé de croix, brandit le phylactère de son Annonce à Marie...
Vierge Annonciation.jpg
... qui reçoit le divin message le visage méditatif: Marie en robe rouge et manteau bleu est représentée en prière dans sa chambre close de tentures rouges évoquant l'inviolabilité du ventre maternel de Marie. Se détachant sur ce fond rouge  un vase évoque les Litanies de la Vierge
" Vas spirituale, ora pro nobis,
Vas honorabile, ora pro nobis,
Vas insigne devotionis, ora pro nobis..." 
De même que l'étoile qui semble ici remplacer la colombe de l'Esprit Saint:
"Stella maturina, ora pro nobis"
Ici et là des traces de fresques subsistent, aujourd'hui illisibles... dont, sur le mur nord des éléments très effacés de ce qui fut peut-être le personnage de Saint Michel Archange.
aigle sculpté arc blog.jpg
Sous la croix évidée du choeur, un aigle sculpté, ailes déployées.
chapiteau sculpté choeur blog.jpg
Un chapiteau orné de sculptures naïves, à gauche du choeur.
linteau aux paons.jpg
Le linteau de la façade occidentale, hélas détruit par la foudre en décembre 1969 et déposé à l'intérieur: deux paons semblent tirer les oreilles d'un homme qui les maintient par les pattes... Le paon, emblème dans l'antiquité de l'incorruptibilité et de la gloire, devient , dans la symbolique chrétienne, l'emblème de l'immortalité grâce à la résurrection:
"A la résurrection générale , en ce jour où tous les arbres, c'est-à-dire tous les saints , commenceront à reverdir, ce paon - qui n'est autre que notre corps - débarrassé des plumes  de la mortalité, recevra celles de l'immortalité" ( Saint Antoine de Padoue, Sermon pour la Férie, 5ème après la Trinité: cité dans "Le Bestiaire du Christ" de Louis Charbonneau-Lassay).
C'est aussi  le symbole du Christ conduisant les âmes vers la vie éternelle...
Ici, les paons étaient sertis de pierres colorées: deux paons tirant par les oreilles l'humain agrippé à leurs pattes... une invite peu commune à l'envol spirituel!
linteau Murato dessin.jpg
(dessin reproduit dans: " Corse Romane" de Geneviève Moracchini-Mazel, édition Zodiaque)

26/06/2009

Murato, San Michele, suite 13: l'Agneau mystique et le cerf

San MICHELE de MURATO,

 

L'Agneau mystique

 

enfin des images lumineuses du mur Nord...

(note du 26/6/09)

fenêtre nord ouest blog.jpg
En cette fin d'après-midi du 14 juin, dans une lumière favorable, la fenêtre de l'angle nord ouest de San Michele.
l'agneau cheval blog.jpg
La victoire de l'Agneau mystique entre  deux bêtes féroces aux yeux rouges...
L'agneau divin, emblème christocentrique du chrétien, et les bêtes sauvages, représentation de toutes les hérésies, ariennes en particulier,  et des envahisseurs sarrazins à grand peine extirpés de l'île en ce XII° siècle?
En écho: "Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups" ( St Luc, Evangile X 3)
 Ce thème de l'Agneau nous vient de l'Apocalypse, ce texte illuminé de saint Jean de Patmos:
" Je ne vis point de temple, car le Seigneur Dieu tout-puissant et l'Agneau en sont le Temple. La ville n'a besoin ni de soleil ni de lune pour l'éclairer, car la gloire de Dieu l'illumine et l'Agneau est sa lampe, son flambeau ... et les nations de la terre marcheront à sa lumière"
beatus agneau mystique01.jpg
La grande Théophanie, miniature du Beatus de Facundus. (Apocalypse IV et V): peint par Facundus pour le Roi Ferdinand Ier de Castille et Leon en 1047.
 Beatus de Liebena était un moine espagnol du monastère de San Martin de Turieno (en Cantabrie): son livre, écrit en 776, donnant une traduction latine de la visionnaire  Apocalypse de Jean ( du grec apocalupteïn, dévoiler) et un commentaire de ce dernier texte du corpus biblique chrétien. a connu une grande notoriété. Les "Beatus" sont ces manuscrits  espagnols des XI° et XII° siècle, richement enluminés de miniatures aux couleurs pures, où seront recopiés l'Apocalypse de Jean et le commentaire du moine Beatus. Au VIII° siècle, l'Apocalypse, centré sur la divinité du Christ (ce que refusent les Ariens), devient une arme de résistance pour les chrétiens d'Espagne en lutte contre les musulmans.
Toujours est-il que ce thème de l'Agneau portant sa croix comme un étendard se retrouve fréquemment sur les disques métalliques qui ornaient le dessus des gants  pontificaux...
 
Un peu plus loin, toujours sur le mur nord,
cerf blog.jpg
le cerf.
" Le cerf est l'un des animaux symboliques qui furent acceptés de la façon la plus certaine dès les premiers temps chrétiens comme une image allégorique du Seigneur Jésus Christ, et du chrétien, son disciple. (...)
En effet, naturalistes et poètes anciens: Pline, Théophraste, Xénophon, Elien, Martial, Lucrèce, et bien d'autres ont présenté le cerf comme l'ennemi particulier et implacable de tous les serpents qu'il poursuivrait de sa haine jusque sous terre. (...)
... Martial et Plutarque ajoutent que le cerf, du souffle de ses narines - d'autres disent de sa bouche- fait sortir les serpents de leurs demeures souterraines et qu'il les dévore, acquérant par là une jeunesse nouvelle"
(Louis Charbonneau-Lassay, dans : le Bestaire du Christ, édition Albin Michel)
Symbole de lumière, de longévité- sa ramure se renouvelant périodiquement -, il est aussi le symbole du Christ combattant, crachant de l'eau (la Parole victorieuse) dans les profondeurs de la terre où se cachent les serpents et les obligeant à en sortir. C'est aussi l'emblème de la soif ardente de l'âme chrétienne:
"Sicut cervus desiderat ad fontes..."
"Comme le cerf altéré aspire après les sources d'eau, ainsi mon âme soupire après toi, mon Dieu" (Psaume de David LXII)
Ces sources d'eau vive représentant aussi bien l'Eucharistie que l'eau baptismale.
Encore une fois, le cerf se trouve être l'un des animaux symboliques les plus importants dans de nombreuses cultures anciennes du monde...
 
Au fait, on a réintroduit depuis peu le cerf corse sur l'île: puissent les chasseurs le laisser croître et  multiplier en paix...
 
"Fuis, mon Bien-Aimé, cours, et sois semblable aux jeunes cerfs sur les montagnes où croissent les baumiers..." (Cantique des Cantiques VIII, 14)