27/06/2009
Muratu, San Michele: l'intérieur de l'église, suite 14
L' intérieur de San Michele de Murato
(Pour clore ces notes regroupées sur San Michele di Muratu,
à nouveau quelques images de l'intérieur )
Une douce lumière baigne le maitre-autel par la porte ouverte: sinon, l'église médite dans une relative obscurité, traversée par les rais lumineux des fenêtres meurtrières et la croix évidée au-dessus du choeur.
Trop peu d'éléments nous restent de ce qui fut sûrement l'une des plus belles fresques de Corse: le temps a fait son oeuvre, effaçant inexorablement ces peintures à fresque de la fin du XV°siècle. Demeure la présence estompée de cette Annonciation dans les écoinçons de l'Arc triomphal.
L'Archange Gabriel, drapé dans un manteau blanc constellé de croix, brandit le phylactère de son Annonce à Marie...
... qui reçoit le divin message le visage méditatif: Marie en robe rouge et manteau bleu est représentée en prière dans sa chambre close de tentures rouges évoquant l'inviolabilité du ventre maternel de Marie. Se détachant sur ce fond rouge un vase évoque les Litanies de la Vierge:
" Vas spirituale, ora pro nobis,
Vas honorabile, ora pro nobis,
Vas insigne devotionis, ora pro nobis..."
De même que l'étoile qui semble ici remplacer la colombe de l'Esprit Saint:
"Stella maturina, ora pro nobis"
Ici et là des traces de fresques subsistent, aujourd'hui illisibles... dont, sur le mur nord des éléments très effacés de ce qui fut peut-être le personnage de Saint Michel Archange.
Sous la croix évidée du choeur, un aigle sculpté, ailes déployées.
Un chapiteau orné de sculptures naïves, à gauche du choeur.
Le linteau de la façade occidentale, hélas détruit par la foudre en décembre 1969 et déposé à l'intérieur: deux paons semblent tirer les oreilles d'un homme qui les maintient par les pattes... Le paon, emblème dans l'antiquité de l'incorruptibilité et de la gloire, devient , dans la symbolique chrétienne, l'emblème de l'immortalité grâce à la résurrection:
"A la résurrection générale , en ce jour où tous les arbres, c'est-à-dire tous les saints , commenceront à reverdir, ce paon - qui n'est autre que notre corps - débarrassé des plumes de la mortalité, recevra celles de l'immortalité" ( Saint Antoine de Padoue, Sermon pour la Férie, 5ème après la Trinité: cité dans "Le Bestiaire du Christ" de Louis Charbonneau-Lassay).
C'est aussi le symbole du Christ conduisant les âmes vers la vie éternelle...
Ici, les paons étaient sertis de pierres colorées: deux paons tirant par les oreilles l'humain agrippé à leurs pattes... une invite peu commune à l'envol spirituel!
(dessin reproduit dans: " Corse Romane" de Geneviève Moracchini-Mazel, édition Zodiaque)
12:14 Publié dans art roman, chapelles romanes corses, découverte du patrimoine en Corse, fresques de corse, patrimoine des chapelles à fresques en Corse, San Michele di Muratu, spiritualité, symbolique romane | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : fresques de corses, chapelle pisane corse, san michele di muratu, nebbiu | Facebook |