15/10/2012
Castirla: Cappella San Michele, Pieve de Talcini
Visite ce jeudi 11 Octobre 2012
de la chapelle San Michele de Castirla
Pieve de Talcini
après sa récente restauration et son inauguration,
le 29 septembre dernier, jour de la Saint Michel
Voici ce que disait Mgr MASCARDI de cette petite chapelle après sa visite en 1589 (fol 244) _ cité par Geneviève Moracchini Mazel, p. 329 de son ouvrage (hélas épuisé) sur les églises romanes de Corse:
" ... Eglise paroissiale San Michele, annexe de Sant'Andrea d'Omessa ... elle se trouveà un tiers de mille des habitations ... son toit laisse passer la pluie ... il y a deux portes ... les murs sont pleins de trous et comportent une fenêtre en mauvais état ... il y a une cloche pendue à un arbre ... l'autel est placé sous une abside peinte ... il y a 21 feux et 80 âmes".
J'avais mis une "Brève du Purgatoire" (sic!) en Août 2008 pour signaler l'état inquiétant de cette petite chapelle en son cimetière ( une première fois sauvée de la ruine en 1963, première restauration des fresques en 1964, puis toiture refaite en 1984 ...)
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2008/08/16/breve-du-purgatoire-castirla-aout-2008.html
Entre temps les volontés conjuguées de la Municipalité de Castirla et de la Collectivité Territoriale de Corse (engagée dans son ambitieux programme de restauration de l'ensemble des chapelles à fresques de Corse - voir la note: http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/02/17/ou-en-sont-les-projets-de-restauration-des-chapelles-a-fresq.html ) ont permis de restituer l'intégrité et tout le charme de cette modeste chapelle. La charpente (qui s'était effondrée sous l'action des intempéries et de la mérule) a été à nouveau refaite, elle a reçu une nouvelle couverture de teghje, l'extérieur et l'intérieur nous accueillent aujourd'hui à nouveau avec grâce et simplicité.
Ce que l'on découvre en entrant, vers l'abside, côté est
et vers la porte ouest
Les fresques restaurées ( fin XV° siècle):
(par l'atelier Paillard Boyer de Montpellier)
l'ensemble des fresques:
Dans l'abside en cul de four, au registre inférieur, le niveau des hommes, la série des douze apôtres dont on peut encore lire certains noms; au-dessus, pieds nus en dedans le personnage central du Christ en majesté, entouré du Tétramorphe (les quatre Evangélistes), Dans l'arc triomphal, la traditionnelle représentation de l'Annonciation; sous l'Ange Gabriel, Marie tient l'Enfant Jésus sur ses genoux; sous la Vierge de l'Annonciation, Saint Michel, le saint patron de la chapelle.
au centre, le "Christ Pantocrator" : le Christ en majesté
bénissant de sa main droite, pouce, index et majeur levés - le geste de la bénédiction "latine". Dans cette représentation du Christ en majesté, telle qu'on le retrouve habituellement peint au centre des absides de nos chapelles à fresques en Corse, ce geste de bénédiction semble délivrer en outre le message trinitaire : une même bénédiction donnée par le Père, le Fils et l'Esprit Saint.
dans sa main gauche, le Livre divin ouvert:
" EGO SUM LUX MUNDI ET VIA VERITAS ET VITA"
" Jésus leur parla de nouveau, et dit : Je suis la lumière du monde; celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie."
(Jean, 8, 12)
Le Christ est entouré du Tétramorphe, la personnification zoomorphe, ailée, symbolique des quatre Evangélistes . Un peu de révision, en passant par les traditions ésotériques, de ces quatre éléments qui apparaissent dans l'Apocalypse de Saint Jean, hérités des civilisations égyptiennes et mésopotamienne, et de la vision d'Ezechiel dans la Bible :
L'Ange (ou l'Homme ailé), Saint Matthieu:
l'Ange de la Naissance, l'intuition de la vérité
Saint Luc: Le Taureau (ou le Boeuf)
le sacrifice et la Mort, la terre, la résistance
Le Lion, Saint Marc:
la Résurrection, le feu, la force, le mouvement
L'Aigle, Saint Jean:
l'Ascension, l'air, l'intelligence, l'action
Au registre inférieur, sous le Christ, et derrière l'autel, alternant sur fond ocre rouge ou blanc, les douze apôtres, représentés en pied et curieusement proportionnés, racourcis, espace oblige. Leurs visages, de trois quart, semblent suspendus à leur vision intérieure, et leurs mains prêchent et dialoguent:
certains portent leur nom au-dessus de leur tête, comme ici Saint Philippe et Saint Matthieu
Saint André et Saint Taddée,
Saint Jacques le Mineur
Saint Jacques le Majeur et un autre apôtre
Saint Pierre et ses clefs sous le pied nu du Christ
un autre apôtre, enseignant
et encore celui-ci: le juvénile Saint Jean, il me semble, l'apôtre bien aimé sous l'autre pied du Christ ...
Saint Barthélémy, impressionnant écorché, armé du couteau de son supplice,
et portant sur son épaule son double: sa peau ...
Les prunelles se sont parfois effacées, sans doute initialement peintes "a secco" , comme ici:
(avec Josquin Desprez: Gaude Virgo, Mater Christi)
http://youtu.be/NGwZnvfqRCY
- les couleurs sont très altérées -
sur de pied-droit à gauche de l'arc triomphal, la Vierge présente l'Enfant à l'adoration des fidèles: à la fois Mater Christi (Mère du Christ) et Mater Ecclesiae (Mère de l'Eglise).
(avec Jacky Micaelli, Tota pulchra es Maria, d'après un manuscrit franciscain du XVIII° s.de Corse, revu par Marcel Perez)
http://youtu.be/jJhLAND4gc0
et de l'autre côté, armé et cuirassé, Saint Michel pèse les âmes et maîtrise de sa lance le Diable
... qui ronronne comme un gentil dragon apprivoisé, fouettant l'air de sa queue: méfiance! je crois qu'il tente d'attraper la petite âme vacillante qui glisse par-dessus bord du plateau de la balance ...
silence!
Certes le peintre de Castirla n'est sans doute pas un fresquiste virtuose, mais il sait donner toute leur intériorité à ses visages et transmettre avec sincérité les messages essentiels, sans gloses superflues ...
Une petite chapelle paisible
où il fait bon revenir
et se retrouver.
Elle est située le long d'un chemin de transhumance autrefois très fréquenté, reliant la vallée du Golo à la région du Niolo, en passant par la saignée minérale de la Scala di Santa Regina...
Renseignements à la mairie de Castirla : 04 95 47 41 40
22:33 Publié dans découverte du patrimoine en Corse, fresques de corse, iconographie des saints, restauration du patrimoine | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : castirla, fresques de san michele de castirla, tétramorphe, christ pantocrator, mater ecclesiae, tota pulchra es maria, jacky micaelli | Facebook |
06/08/2012
la Balagne et la Castagniccia, avec la Montagne des Orgues
Association Saladini de Speloncato
« LA MONTAGNE DES ORGUES »
à la découverte du PATRIMOINE
Des parcours initiatiques et festifs pour rencontrer la Corse autrement, vous immerger dans ses paysages et ses communautés, découvrir son histoire, son patrimoine, ses traditions rurales : des clefs pour vous ouvrir les églises, vous faire comprendre leur sens caché et entendre leurs orgues historiques que l’on vous joue.
(Belgodère, vu depuis a Torra a la Cima)
MARDI 7 AOÛT : en Balagne
Accueil à Belgodère à 9h place de l’église : église St Thomas ( orgue Lazari , 1761), puis découverte de Costa (San Salvatore, orgue anonyme début XIX° s.), Muro (Sta Nunziata, orgue Pagnini 1796/Agati Tronci 1878), Cateri (Ste Marie, orgue Domini 1902).
(les petits monstres du fronton du premier autel des Servites)
JEUDI 9 AOÛT : en CASTAGNICCIA
maisons de Castagniccia et terrasses
Accueil à Ponte Leccia à 9h sur le parking du Super U. Découverte des fresques de la chapelle San Tumasgiu à Castellu di Rustinu, des églises baroques de Piedicroce ( St Pierre et St Paul, et l’orgue le plus ancien de Corse, 1619), Verdèse (St Sébastien, orgue 1896 Stoppia Nova (Notre Dame du Carmel), La Porta ( St Jean-Baptiste, orgue 1780), enfin du site archéologique paléochrétien et roman de Santa Maria di Rescamone à Valle di Rustinu.
(le clavier de l'orgue de La Porta)
Ces parcours reposent sur le bénévolat et les fonds récoltés lors de ces journées contribuent à la restauration et à la valorisation du patrimoine. Ils sont recommandés par les guides : Routard, Bleu, Michelin, Geo , Arthaud, Balado, Petit Futé… et ont fait l’objet de nombreux reportages ( journaux, radios, télévisions nationales et européennes )
Renseignements et réservations au :
TEL/FAX : 04 95 61 34 85 - Portable : 06 17 94 70 72
Participation aux frais : 30 € par adulte. Gratuit pour les moins de 12 ans.
e mail : elizabethpardon@orange.fr
Site : www.montagnedesorgues.com/
12:17 Publié dans actualité des parcours de la Montagne des orgues, découverte du patrimoine en Corse, orgues historiques de Corse, patrimoine des chapelles à fresques en Corse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : balagne, belgodère, servites de marie à belgodère, costa, muro, castagniccia, castellu di rustinu, la porta, piedicroce | Facebook |
28/07/2012
la balade d'hier 27 juillet 2012: San Chirgu, Aiti ...
comme promis!
hier, malgré quelques imprévus - l'un gai (un mariage), l'autre triste ( un enterrement) - qui nous ne nous ont pas permis de jouer les orgues de Piedigrisgiu et de Corte, une bonne journée de partage:
débutée sur le territoire de Cambia, du côté des gravures rupestres de a Petra Frisgiata,
avec Raphaël et Pauline ...
tout d'abord, dans la Pieve de Vallerustie, le charme de San Chirgu (alias: San Quilicu, St Cyr ...)
à retrouver dans les notes:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2010/10/18/la-chapelle-san-quilicu-a-cambia.html
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2010/10/22/san-quilicu-di-cambia-les-fresques.html
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2010/10/26/3-la-chapelle-san-quilicu.html
Petit rappel: entourant ici le thème de Saint Michel pesant les âmes, ainsi que bordant l'arc triomphal, le fresquiste a utilisé le discours des mosaïques de style cosmatesque, à découvrir sur ce site:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cosmatesque
Suivi de la rencontre du village d'Aiti, dans son paysage vertigineux en compagnie de notre ami René Casematta
qui a créé ce joli site sur le village, à retrouver à cette adresse:
aitipaese.canalblog.com
Il règne dans cette petite église, allègrement repeinte par J.C. Torre, un charme certain, né de ses jolies proportions à taille humaine.
elle abrite un patrimoine bien intéressant, en particulier des oeuvres de notre cher Giacomo Grandi ( peintre originaire de Milan et actif en Corse entre 1742 et 1772, date de sa mort)
comme cette "Mort de St Joseph", patron de "la bonne Mort" : l'espoir de mourir, comme lui, dans son lit, entouré de l'amour des siens et muni de l'Extrême Onction ...
ou comme cette belle série du Chemin de Croix, avec ses personnages mauresques: ici le jugement de Pilate,
un étrange prêteur romain bigrement orientalisé, arborant moustaches à la turque et portant cafetan et turban surmonté d'une aigrette et d'un croissant ...
Ici la XII° station: la mort du Christ entre le Bon Larron à gauche et le Mauvais Larron à droite -derrière eux, l'architecture phantasmée de la ville antique de Jérusalem, et au-dessus d'eux, le Soleil (Nouveau Testament) et la Lune (Ancien Testament)
Et puis cette toile très intéressante évoquant la dévotion du Rosaire et les héros de la Bataille de Lépante. A retrouver dans la note:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/10/07/...
Un peu plus tard dans l'après-midi, le site archéologique de San Giovanni di Corte: ici la belle abside à bande lombardes de l'église pievane:
Rappelons tout de même ce qu'est ce site de San Giovanni Battista de Corté, classé M.H. en 1968:
Dans la vallée du Tavignano, dans un espace majestueux et largement ouvert sur les montagnes environnantes, peut-être sur l'emplacement de l'antique ville romaine de Venicium, à quelques mètres à peine du Palazzu ( maison forte) du semi mythique Comte Ugo della Colonna, le héros de la Reconquista de la Corse lors de la croisade contre les Maures au début du IX° siècle, ce site fut probablement déjà occupé dès la préhistoire: la colline du Poggio dello Palazzo (dont Madame Moracchini Mazel pense que le sommet ést couronné d'une triple enceinte mégalithique) disparait aujourd'hui sous la végétation et l'on ne peut même plus distinguer les vestiges du Palazzo. Voici, juxtaposés, l'église-mère et le baptistère de la Piève de Venaco : fouillée en 1956/58 par Mme Moracchini Mazel, l'église préromane dont il reste la belle abside en cul de four et la base des murs, des piliers séparant les trois nefs, et le baptistère de plan tréflé, recouvert d'une charpente et d'un toit de lauzes. Notre ami Etienne Jacquemin, hier, rappelait que le relevage du baptistère fut l'oeuvre de l'Armée, alors propriétaire des lieux ... Ces deux édifices, leur appareil archaïque (pierres cassées au marteau, utilisation d'un mortier de chaux, de tuffeau) et leur décor de bandes murales à la façon des églises lombardes permettent d'estimer leur construction du début du IX° siècle... Comme souvent on retrouve là la permanence de l'occupation humaine sur un site sacré, vestiges mégalithiques, nombreux éléments de tuiles et poteries romaines réemployés dans la maçonnerie des deux édifices...
Et enfin ... à Castiglione ...
notre chère Sainte Cécile
en compagnie des gardiens
du sepolcru ...
à bientôt!
18:54 Publié dans découverte du patrimoine en Corse, fresques de corse, l'art baroque en corse, patrimoine des chapelles à fresques en Corse, sepolcri de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cambia, san chirgu, aiti, corte, castiglione, bataille de lépante | Facebook |
13/03/2012
Arts Sacrés mars 2012
Le nouveau numéro d'Art Sacrés (mars-avril) sort ce mois-ci:
il concernera aussi la Corse, avec un article sur les décors peints de la Semaine Sainte en Corse, que les responsables de la rédaction m'ont chargée de rédiger, un plaisir et un honneur dont je les remercie ici! Ce thème m'est cher, on le sait: j'espère pouvoir, cette année encore, emmener ceux qui le souhaitent à la rencontre des sepolcri de la Semaine Sainte en Castagniccia - je vous en tiendrai informés.
Description du numéro Arts Sacrés n° 16
Lumière de Pâques
Pâques est l’occasion d’admirer les reflets multiples que prend le thème de la lumière dans la tradition chrétienne. L’art sacré majeur des chrétiens, l’église, en est sans cesse renouvelé. Comment éclairait-on une église au Moyen Âge ? Et aujourd’hui ? Cette lumière, thème central de deux mille ans d’art sacré, continue d’inspirer les artistes contemporains. Il suffit d’évoquer deux des plus grands : Dan Flavin et James Turrell. À Pâques, la lumière jaillit du tombeau, comme dans les incroyables architectures éphémères des sepolcri de la Semaine sainte en Corse ; et de la terre, comme dans les sculptures inspirées de Georges Jeanclos. Mais elle semble engloutie lorsqu’Olivier Py met magistralement en scène le massacre de la Saint-Barthélemy. Une exposition à Paris nous permet, en observant de simples rochers, de comprendre la spiritualité chinoise, tandis qu’une autre à Londres, consacrée au Hajj, est l’occasion pour notre revue de dénoncer la catastrophe que subit actuellement le patrimoine de La Mecque, dans l’indifférence la plus totale.
Dossier
- DOSSIER La lumière dans l'architecture Lumière créatrice
- La lumière dans l'architecture chrétienne
- Fiat Lux. Eclairer les églises avant l'électricité
- La liturgie des Heures
- Sur l'éclairage des églises. Entretien avec Didier Repellin
- Lumières de Pâques
- Dan Flavin à la Chiesa Rossa
- James Turrell. Le constructeur de « temples »
Articles
- Paysages du sacré. Racines de nuages. Les pierres étranges et la quête d'absolu en Chine
- Portrait d'artiste. Georges Jeanclos. Portrait d'un art messianique
- Images du réel. Décors de la Semaine sainte en Corse
- L'œil instruit. Les croix de consécration
- Paroles et musique. Les Huguenots à l'opéra. Entretien avec Olivier Py
- Moment de création. La Mecque bouleversée
Actualités
- Les drones de Céleste
- Hommage à Dom Angelico Surchamp, peintre
- Trois générations et un agneau
- Un Guernica chrétien. Arcabas
- Spiritualité de l'eau
( le sepolcru de Quenza: la Déréliction du Christ au Jardin des Oliviers )
10:38 Publié dans civilisation, corse, découverte du patrimoine en Corse, semaine sainte en corse, sepolcri de Corse, spiritualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : arts sacrés, sepolcri peints de la semaine sainte | Facebook |
20/01/2012
Santa Maria di Casalta, Piebania d'Ampugnani: brève du purgatoire ...
Santa Maria di Casalta, Pievanie d'Ampugnani, Castagniccia
Le 28 décembre 2011,
visite à Santa Maria di Casalta,
en bonne compagnie ... et en quelques images
Cette église pievane de l' Ampugnani a fait l'objet d'une publication dans les cahiers CORSICA de la F.A.G.E.C., n° 158/159, éditée en 1993. Ce cahier qui comporte une première partie sur la Piévanie d'Ostricone, fait, dans la seconde partie, le point sur cette Piebania d' Ampugnani après que l'équipe de jeunes sous la direction de monsieur Simonin ait réalisé en 1993 le sauvetage de ce sanctuaire menacé d'une ruine inexorable.
Parenthèse: en cette fin décembre, la belle lumière d'hiver vibre et joue dans les oliviers: l'appareil photo a fixé un rayon fort communiquant dans ce lieu habité ... (je rappelle que non loin de là en amont se trouvent les stèles gravées énigmatiques, dont l'une, dit-on, désigne par un rayon du soleil à travers un trou l'emplacement de Sta Maria ... ( voir la note : l'énigme des stèles ésotériques de Casalta).
... digne d'une Annonciation ...(Calenzana, collégiale st Blaise)
ou d'une adoration mystique ... telle celle de St Pascal Baylon (bannière, Francescu Carli, Alesani)
Revenons à Santa Maria. Cette église, classée Monument Historique en 1980, n'avait jusqu'alors bénéficié d'aucune intervention, et fissurée de toutes parts, pillée de quelques-unes de ses dalles de parement en calschiste gris, sournoisement éventrée par les lierres, elle risquait de sombrer définitivement dans la ruine. Je vous renvoie au cahier Corsica où vous trouverez le descriptif détaillé de ce sauvetage ainsi que les riches notes en pièce annexe qui, comme toujours, éclairent ce dossier. Hélas, depuis 1993, les choses en sont restées là, et faute d'investissement suffisant cette église romane du XI° siècle n'a pas bénéficié de la restauration qu'elle mériterait largement.
Aujourd'hui abandonnée des fidèles, elle n'est plus guère visitée que par les chasseurs et les bergers ... "On se souvient, à Casalta, que c'est à partir de 1939 que la procession annuelle à S. Maria a cessé de se pratiquer; auparavant, chaque année, le 25 mars, le curé bénissait les branches de lierre cuillies la veille sur les murs par les jeunes gens du village, et chacun en prenait une pour la mettre dans sa maison." (in Cahier Corsica 159) -
Curieuse, presque païenne, cette bénédiction du lierre : à la fois plante bénéfique et poison, tour à tour symbole d'immortalité et d'amour fidèle ou plante démoniaque... d'un vert insolent, sa force vitale ici s'agrippant vigoureusement aux murs ruinés de Santa Maria comme autour du tronc d'un arbre mort, échappant aux cycles habituels de la végétation perpétue la vie: " non meis viribus "...
La consolidation "provisoire" du mur nord en bois de pin remplit toujours tant bien que mal son office ...
mais jusqu'à quand tiendra-t-elle ?
l'abside, bien orientée à l'est et son beau parement de dalles de calschiste gris clair, attaquée par la végétation.
Le mur Sud avec le campanile et, construite contre cette façade, les ruines de la maison du piévan (1658): "On voit aussi dans un acte de 1468 que le piévan était dénommé " vesco de Ampugnani" et que le chroniqueur de la Corse Montemaggiani (...) emploie à son sujet le terme d'évêque d'Ampugnani" (cahier Corsica 159) . Rappelons à ce sujet que la Pieve d'Ampugnani constituait avec la Pieve du Rustinu le petit diocèse d'Accia, dont la petite cathédrale avait été plantée au XII° siècle au sommet du San Pedrone ... Ne la cherchez plus ...
une pierre sculptée dégagée lors des travaux en 1993
l'angle nord-ouest et son parement lumineux
la façade ouest reconstituée, avec son beau linteau replacé,
orné d'un décor en feuilles d'eau stylisées...
au revers de la façade ouest ...
hélas, la porte a perdu ses piédroits, arc et linteau, et le lierre est reparti à l'attaque ...
un sol illisible sous les ronces, qui abritait deux grandes fosses communes, arche, et au fond ...
l'abside et l'emplacement des deux autels latéraux: au-dessus de ces autels, aujourd'hui disparus, " se trouvaient des petits voûtains reposant sur des arcs engagés prenant appui sur trois consoles moulurées visibles (...) mais ayant perdu leur quatrième appui; c'était un pilier carré sans doute, du type de ceux qui existent encore à San Parteo de Mariana, à Lucciana, puisque le choeur de ce dernier sanctuaire offrait une disposition du même genre sur ses deus autels latéraux (...)" ( Cahier Corsica n°158/159, p. 169).
celui de gauche, déjà envahi par le lierre
et celui de droite
... qui laisse encore voir encore quelques traces d'enduits et fragments de peintures à fresque : quel pouvait bien être le programme iconographique de cet ensemble ?
l'abside en cul de four,
sauvée in extremis de l'éclatement:
fissures colmatées au-dessus de la fenêtre ...
Le linteau intérieur de la porte sud.
Le linteau extérieur de cette même porte a été réemployé depuis longtemps dans la fontaine du village.
... et, dans l'angle Nord ouest, la vision de la petite chapelle (funéraire?) de San Ghjorghju (Silvarecciu) sur sa falaise abrupte ...
A quand le réveil de cette église piévane de l'Ampugnani, gelée ou protégée par les Monuments Historiques ? Le constat de la dégradation de ces monuments témoins de la spiritualité et de l'histoire de la Corse fait mal au visiteur .
Il serait urgent sans doute de voir réunies toutes les bonnes volontés de cette pieve d'Ampugnani pour sauver et mettre en valeur ce qui peut encore l'être ... Il faudrait prendre exemple sur le travail opiniâtre mené par la petite association Camà in Altiani" qui a su dynamiser son projet fou de restauration de sa chapelle romane San Michele
(voir la note: ALTIANI, chapelle San MICHELE :
elizabethpardon.hautetfort.com/.../altiani-chapelle-san-michele.html)
restauration qui va prochainement connaître sa réalisation, grâce à la volonté sans faille d'une poignée de volontaires obstinés et inventifs! Je salue bien ici les amis d'Altiani! Ils nous donnent une belle leçon d'optimisme pour cette nouvelle année 2012 ...
(San Michele, Altiani: la chapelle en piteux état, dévorée par la végétation, toîture écroulée ... bientôt sauvée de la ruine! )
Pour gagner le village de Casalta et visiter l'église Santa Maria :
le plus facile, lorsqu'on n'est pas dans la région, est de partir de Folelli, sur la côte orientale, en empruntant la D 506, soit de quitter la N 193 à Barchetta en direction du col st Antoine. Le site se trouve sous le village de Casalta, à environ 1 km, facilement accessible par un beau sentier qui prend sur la D 205 au milieu d'un virage et qui nous mène rapidement à Sta Maria.
15:43 Publié dans brèves du purgatoire, chapelles romanes corses, corse, découverte du patrimoine en Corse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : castagniccia, sta maria di casalta, pivanie d'ampugnani, diocèse d'accia, fagec, art roman corse | Facebook |