27/12/2016
Un grand chagrin: Etienne Jacquemin nous a quittés hier
Tristesse:
Etienne Jacquemin nous a quittés hier :
Etienne Jacquemin que j'avais photographié à l'orgue de Corte, le 20 Juin 2013, à l'occasion de la Fête de la Musique
fête de la musique : ELIZABETH PARDON
:
il montre avec une fierté justifiée l'étiquette cachée derrière un tampon de laye portant la signature de Johannes Conradus Werle, le facteur d'orgues romain originaire du Tyrol, qui construisit vers 1760 l'orgue de l'église paroissiale de l'Annonciade de Corte, l'un des plus beaux de l'île.
La grande famille des amoureux des orgues de Corse est dans le chagrin, à commencer par ROC, Renaissance de l'Orgue Corse, dont il était le Vice-Président vigilant, et la Montagne des Orgues qu'il a toujours soutenue avec amitié et efficacité .
Nous perdons plus qu'un ami, nous perdons un frère.
Etienne était entré dans la famille dès les temps héroïques de la renaissance des orgues en Corse qu' il a accompagné de tout son amour et de toute son énergie: il veillait depuis le classement par les M H en 1978 de l'orgue Werle de l'Annonciade sur la vie des deux orgues installées dans les églises de la ville - en 1984 Jean-François Muno restaure le petit orgue de la Confrérie Sainte Croix, également et en 1991 c'est Barthélémy Formentelli qui restitue dans sa splendeur l'orgue de l'Annonciade. Deux instruments remarquables qu'Etienne voulait faire vivre par tous les moyens et en particulier en se battant pour que les orgues parlent "en situation liturgique". Il crée l'Association des amis des orgues de Corte avec laquelle il a toujours oeuvré pour l'organisation des concerts d'orgue au sein de ROC, et en parallèle met toute sa conviction dès le début pour que l'orgue soit enseigné, avec l'école d'orgue animée à Corte par Elisabeth Noyer sur le petit orgue anonyme de Sainte Croix, et plus tard par Anne-Marie Montferrier, élève de Francis Chapelet.
le petit orgue anonyme de Sainte Croix
Stage d'orgue avec Umberto Forni
stage avec Maria Cecilia Farina ...
Dans la continuité, il encadrait depuis de nombreuses années, avec efficacité et bienveillance, tous les stages d'orgue organisés chaque année par Renaissance de l'Orgue Corse, se mettant en quatre pour que tout se déroule harmonieusement, et se réjouissant chaque année de voir les progrès des uns et des autres, s'installant de longues heures dans le choeur de l'église pour écouter les conseils des maîtres de stage et leurs élèves ...
Véritable figure tutélaire des orgues de Corte sur lesquels il veillait avec un soin jaloux, Etienne se chargeait avec bonheur d'ouvrir la tribune des deux instruments pour la plus grande joie des organistes de passage qu'il accueillait toujours avec bienveillance.
Ami Etienne, tu nous manques déjà! Souhaitons pouvoir continuer ton oeuvre par la défense des orgues de Corse et en particulier des instruments de Corte qui te tenaient tant au coeur!
Son enterrement est prévu mercredi 28 décembre à 15 h à l'église de l'Annonciation.
Ci-joint l'article de Corse-matin, dont Etienne Jacquemin fut de longues années un pilier essentiel:
http://www.corsenetinfos.corsica/Corte-Etienne-Jacquemin-n-est-plus_a25052.html
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11/09/2016
Bastia Journées du Patrimoine
Je vous invite à découvrir le programme des Journées du Patrimoine à Bastia:
Affiche-JourneesDuPatrimoine-2016-OK indd.pdf
Depliant-A5-JourneesDuPatrimoine-2016.pdf
Cette année nous avons souhaité donner un éclairage particulier au magnifique orgue Serassi de la cathédrale de Bastia (le plus important orgue Serassi de France) qui est resté longtemps privé de sa voix, moteur grillé, et qui l'a retrouvée cet hiver, en attendant le relevage approfondi qu'il mérite. Ce samedi 17 septembre, donc, l'orgue sera à l'honneur à travers conférences au Théâtre de Bastia et concert orgue et trompette à la cathédrale Sainte Marie.
Les conférences:
Salle des Congrès du Théâtre – Place Favalelli
- à 14h45 : « Les Serassi, une dynastie de maîtres facteurs d’orgues en Italie et en Europe aux XVIIIe et XIXe siècles » par Federico Lorenzani, président de l’association culturelle Giuseppe Serassi -
- à 15h30 : « Chronique de la vie des orgues de la Cathédrale Sainte Marie de Bastia » par Elizabeth Pardon, membre de la Renaissance de l’Orgue Corse (ROC) et de l’Association Saladini ("la Montagne des Orgues"). L'occasion d'évoquer l'évolution du goût musical des Bastiais ... et des Corses à travers l'orgue Spinola (1619) de la cathédrale aujourd'hui transféré à Piedicroce et son successeur Serassi (1844) ...
https://www.youtube.com/watch?v=GQz_ZSQdifQ
Conférences suivies d'un Concert à la Cathédrale Sainte Marie
à 18h00 : «Du baroque à Verdi», concert de Paolo Bottini, organiste et Piergiuseppe Doldi, premier trompette du théâtre de la Fenice à Venise,
organisé par le Comité des Fêtes et d’Animation du Patrimoine
Le programme du concert:
Giuseppe Verdi
(1813-1901)
Sinfonia dell'opera Nabucco
Giovanni Bonaventura Viviani
(1838-1893)
Sonata Prima (da Capricci armonici da chiesa e da camera à violino solo et sonate per tromba sola, Opera Quarta, 1678): Andante; Allegro moderato; Allegro; Vivace; Adagio
Padre Davide da Bergamo
(1791-1863)
Tre versetti inediti per organo in primo tono:
- Moderato (Tutto con il semplice ripieno);
- A foggia di recitativo (Solo di Corno Inglese) - Andante cantabile con espressione (Solo di Flauto Reale) - Allegro con spirito (Trombe, Fagotti, Claroni e Cornetti);
- Allegro (Trombe e Fagotti, Cornetti e Claroni con Princ. ed Ottava)
Domenico Gabrielli
(1659-1690)
Sonata Quinta in re maggiore (da Sei Sonate a 4 e 5 con tromba e archi, Bologna, Archivio di S. Petronio)
Amilcare Ponchielli
(1834-1886)
Sinfonia metà per Organo e metà per Piano Forte
Jeremiah Clarke
(1674ca.-1707)
Trumpet tune “The Prince of Denmark”
Vincenzo Antonio Petrali
(1830-1889)
Sonata per l'Offertorio in do minore
Antonio Vivaldi
(1678-1741)
Concerto in re maggiore (per violino e orchestra, n. 9 de L'estro armonico, op. 3; RV 230): Allegro; Larghetto; Allegro
Piergiuseppe Doldi depuis 2008 est Première Trompette au Théâtre La Fenice de Venise. Diplomé en 1994 au Conservatoire de Musique de Plaisance, il a joué avec nombreuses orchestres (Scala Milan, Toscanini Parme, Pomeriggi Musicali Milan) sous la diréctione de chefs tels que Gustavo Dudamel, Riccardo Muti, Daniel Harding etc. Aussi, il joue en soliste avec les Solisti Veneti de Claudio Scimone.
Paolo Bottini est né à Crémone (ville d’origine de grands compositeurs tels que Claudio Monteverdi et Amilcare Ponchielli, ainsi que du grand luthier Stradivarius). Titulaire de la carte professionnelle des organistes pour le diocèse de Paris, durant 2012/13 il a été suppléant à l’orgue “Cavaillé-Coll” de l’église de la Trinité à Paris et il a été retenu parmi le trois candidats finalistes au concours pour le poste d’organiste titulaire de la Cathédrale de Bordeaux. Il a son actif la publication en c.d. de neuf enregistremens, notamment des monographies avec ses propres transcriptions pour orgue de musique de Claude Debussy, Giuseppe Verdi et Ferruccio Busoni.
18/12/2015
Disparition du grand organiste René Saorgin
Je reçois de Michel Colin la triste nouvelle du décès de l'organiste René Saorgin, à l'âge de 87 ans.
Le mot de son ami Michel Colin :
" René Saorgin avait été membre pendant de nombreuses années de la 5e section de la Commission supérieure des monuments historiques où il avait notamment œuvré pour la redécouverte et la restauration des orgues du facteur niçois Grinda, et des orgues italiens de la vallée de la Roya.
Un artiste très fin et un grand musicien nous quitte après un combat courageux contre le cancer."
René Saorgin, né à Cannes en 1928, était un musicien baigné des lumières du midi. Il avait largement contribué à la découverte de l'orgue corse en enregistrant plusieurs disques en Corse :
Microsillons:
- GIROLAMO FRESCOBALDI , oeuvres d'orgue.
René Saorgin à l'orgue Serassi de Bastia
Harmonia Mundi, HM 537, 1965, 33 T
- BASTIA, ORGUES HISTORIQUES N°8
René Saorgin à l'orgue de Sainte Marie
Saint-Michel de Provence, 1964
45 T
- DIX JOURNEES DE L'ORGUE CORSE
Productions Kalliste 21 038, 1977, 33 T
présentées par ROC (Renaissance de l'Orgue Corse)
Orgues de La Porta, Piedicroce, Bastia (Sainte Marie), Cagnano, Verdèse, Aregno
par les organistes X.Darasse, J. Beraza, J. Hennion, J. Wallet, J. Boyer, R. Saorgin
CD:
- ORGUES HISTORIQUES ITALIENS
René Saorgin
Oeuvres de Frescobaldi
Harmonia Mundi CD 19011229, 1989
Brescia, Bastia
Pour la bibliographie et une discographie complète (et abondante) de René Saorgin, je vous renvoie à l'article:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Saorgin
Avec tristesse nous saluons ici la mémoire de ce grand musicien qui a si magnifiquement participé à la mise en lumière du monde des orgues historiques ...
01:36 Publié dans René Saorgin | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : orgue serassi de bastia, renaissance de l'orgue corse | Facebook |
29/07/2010
CONCERTS ET CONFERENCES ... une actualité chargée!

[ Dio vi salve regina
Johann Jakob Froberger (1616 – 1667) Toccata
L’art de l’ornementation est un des aspects les plus marquants de la composition musicale à cette époque.
À l’aube de ce 17ème siècle que l’on allait dénommer « baroque », tout exprime l’ivresse de la musique instrumentale : virtuosité, ornementation, diminution, improvisation. Dans ses toccata (pièce destinée à être toquée c'est-à-dire jouée
sur l’instrument), Froberger utilise avec science tous les aspects de la musique instrumentale de son époque.
Dario castello (ca 1590 – ca 1630) sonate prima
allegro – adagio – allegro – allegro - adagio
Dario Castello fut maitre de chapelle de l’église saint Marc à Venise
vers 1625 ; il a publié deux recueils de Sonate concertate in stil moderno per sonar nel organo, overo spineta con diversi instrumenti, à 2 et 3 voix et basse continue. Ces sonates,encore librement construites, dénotent un goût nouveau pour la virtuosité.
Girolamo Frescobaldi (1583 – 1643) Toccata prima
Principal maître du clavecin et de l'orgue en Italie pendant la première
partie 17ème siècle, sa renommée dépassa la péninsule italienne et son
influence s'étendit, notamment par l'intermédiaire de son disciple Froberger, dans le reste de l'Europe musicale.
Son oeuvre est marquée du sceau de son génie de mélodiste. Le style de Frescobaldi, très personnel, fait une large place aux dissonances,
à la modulation, aux ruptures subites de rythme, à l'invention mélodique toujours renouvelée qui évoquent l'improvisation.
Louis Couperin (1626 – 1661) allemande et passacaille
Membre d’une célèbre dynastie de musiciens, Louis Couperin fut organiste à Saint
Germain ainsi que claveciniste et gambiste. C'est son oeuvre pour le clavecin qui le fait passer à la postérité. Ces pièces (environ 130) ne furent pas éditées de son vivant, mais rassemblées dans plusieurs recueils manuscrits. Elles sont groupées sous la forme de suite de danses. Ses préludes non mesurés à la manière des luthistes et ses chaconnes sont les pièces les plus personnelles et les plus remarquables.
Henry Purcell (1659 – 1695) ground in Gamut
anonyme ground Pauls steeple
Le ground est une basse obstinée sur laquelle se développent des variations ou diminutions. Ce principe d’écriture fut utilisé dans tous les styles de l’époque baroque:
français (dans les passacailles et chaconnes), italien (variations sur la follia), anglais (divisions sur les ground), espagnol (differencias), allemand (variations sur un choral).
catellulurcu
Johann Ludwig Krebs (1713 – 1780) choral Jesu meine Freude
Krebs était un des trois fils de l'organiste et Kantor de Weimar, Johann Tobias Krebs duquel il a reçu les premières
instructions musicales. En juillet 1726 Johann Ludwig devient élève de l'école de l’église saint Thomas de Leipzig. Il fut élève privé et copiste du Cantor Johann Sebastian Bach.
Pietro Castrucci (ca 1679 – 1752) sonate pour flûte et basse continue en ré mineur
adagio – allegro – largo – allegro
Elève de Corelli, Pietro Castrucci a conduit l’orchestre d'opéra de Haendel à Londres pendant plus de 22 ans et a été un violoniste très populaire. Il a inventé la violetta marina (un type de viole d’amour). Ses oeuvres incluent des sonates
pour violon, flûte, et des concerti grossi dans un style virtuose.
Giovanni Picchi ( 1575 ? – 1643)- Saltarello del pass’e mezo – Todesca (1621)
On sait peu de choses de sa vie : seul est assurée sa période d'activité entre
1600 et 1625. Il est présenté jouant du luth sur la page de garde de la Nobiltà di Dame
(Venise, 1600) ce qui nous renseigne sur l'estime dont on le créditait à son époque
comme maître de ballet et l'importance comme maître de luth. Il est ensuite connu
comme organiste de la basilique Santa Maria dei Frari (Casa Granda) à partir de 1615 et jusqu'en 1625. Le 5 mars 1623 il est nommé organiste de l’école de San Rocco.
Il publie les huit oeuvres pour clavier incluses dans les Intavolatura di balli d'arpicordo (chez l'éditeur Vincenti, Venise 1618, rééd. 1621) ainsi qu'un recueil séparé Canzoni da sonar (Venise 1625), composé de 16 canzonas et de trois sonates pour diverses combinaisons de vents et cordes.
Les Intavolatura di balli d'arpicordo sont l’un des plus importants recueils italiens de
danses pour le clavier du début du17ème s. L'écriture, très personnelle témoigne de l’émergence d’une littérature destinée au clavecin.
« Je promets de montrer des choses d’une manière différente de l’habituelle, et pour cela les étudiants trouveront non seulement les oeuvres difficiles à jouer, mais encore presque impossibles à lire. » Picchi, Préface des balli d'arpicordo)
L'oeuvre de Picchi est d'ailleurs caractérisée par sa bizarrerie. Il prend soin d'ajouter dans sa préface :
« J’avise ceux qui pourraient, dans de nombreux endroits, découvrir quelques unes de mes
musiques discordantes et comportant des fausses notes : malgré tout, si on les joue telles
qu’elles sont écrites et non différemment, on entendra des mélodies suavissimes... »
Bernardo Storace (1637 – 1707) passagagli (Venezia 1664)
Les seuls détails de sa vie qui nous sont connus sont ceux figurant dans l'édition 1664 de ses travaux, Selva di varie
compositioni d'intavolatura per cimbalo et organo, dans lesquels le compositeur est décrit comme « sous-maître de Chapelle à Messine (Sicile)». Cette collection d’oeuvres se compose d'une série de variations sur des danses célèbres de l'époque, parmi lesquelles on compte le « Passagagli » (une forme espagnole de danse qui s'est probablement produite à la fin du XVIe siècle) ; celles-ci constituent une des premières apparitions du terme « pastorale » dans le domaine purement instrumental. ]
°°°°°°°°°°°°
Samedi dernier, 24 Juillet à la cathédrale saint Jean-Baptiste de CALVI:
le concert des amis sonneurs de trompes de chasse en dialogue avec l'orgue historique tenu par votre servante ... Toujours aussi puissant (les trompes, car l'orgue, lui, n'était pas au mieux de sa forme: vivement la visite attendue du facteur d'orgue Barthélémy Formentelli).




10:08 Publié dans Concert | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : corse, costa, concert d'orgue et flute à bec, catherine zimmer et yves grollemund, renaissance de l'orgue corse, piedigrisgiu, exposition de photos d'orgues corses, conférence sur les orgues de corse, altiani, patrimoine peint, sonneurs de trompes de chasse ntrer des mots clefs | Facebook |
24/06/2010
samedi 26 JUIN, échappée baroque en Castagniccia
SAMEDI 26 JUIN 2010 ,
cette escapade baroque en Castagniccia avec
les amis du comité des fêtes de la ville de Bastia
Cette journée nous conduit au cœur de la Corse schisteuse, sous le sommet du San Petrone (1767 m) qui abritait autrefois la minuscule cathédrale de l’évêché d’Accia. Région montagneuse et forte où le châtaignier est roi, autrefois extrêmement peuplée : le moindre promontoire accueille un village construit de ses hautes maisons austères, couvertes de lauzes, sous la protection de son église et lançant par-dessus la forêt nourricière l’appel de son campanile ouvragé… Ici vivait naguère en quasi autarcie une population dure à la peine, inventive, industrieuse et suffisamment prospère pour laisser ces innombrables églises baroques embellies de stucs et de peintures dont vous ferez aujourd’hui quelques rencontres. N’oublions jamais qu’elles témoignent de cette vie agro-pastorale fortement structurée, traversée par les drames de la vendetta mais aussi par le patriotisme et le souffle de l’histoire.
Eglise saint Pierre et saint Paul, à PIEDICROCE
(Pieve d’Orezza, autrefois diocèse d’Aléria)
Cette grande église domine la vallée d’Orezza depuis 1691, aux côtés de l’oratoire Santa Devota, Confrérie du village. La théâtralité baroque de l’édifice manifeste dès sa façade (décor d’I.S. Raffali) son appartenance à l’Art de la Contre-Réforme. A l’intérieur la profusion du décor omniprésent submerge le fidèle, l’instruit et le guide comme un livre d’images : pas un espace n’échappe au pinceau didactique des peintres ni à la truelle des stucateurs et le visiteur consciencieux en sera quitte pour un léger torticolis … La voûte est peinte aux alentours de 1872 par Alberti dans un style néo baroque persistant ...
(dans la voûte: la Pentecôte, St Pierre et St Paul, la Résurrection, les Evangélistes ...)
Dans les chapelles latérales, l’on retrouve les thèmes obligés des Ames du Purgatoire (Marc Antoine De Santis, XVII°s.), de l’Immaculée Conception, du Rosaire (admirable ! peint par Ermenegildo Costantini en 1763), un beau Chemin de Croix … On doit l’imposant maître-autel au grand stucateur lombard Angelo Maria Fontana (1706) qui a probablement inspiré par la suite la célèbre famille des Raffali : et derrière l’autel, coulent les larmes de saint Pierre au chant du coq … La remarquable chaire de prêche roccoco est de Giovanni Raffali (1723), le pionnier de cette famille de stucateur.

Enfin écoutons ici le doyen des orgues corses, construit en 1619 par le génois Giorgio Spinola pour la cathédrale sainte Marie de Bastia, puis transféré à Piedicroce et agrandi par Anton Pietro Saladini (le célèbre facteur d’orgue de Speloncato). La magnifique façade caractéristique des orgues italiens du XVII°s., conjuguée aux arabesques dorées des volets ouverts, confère une grande majesté au vieil instrument. Alain Sals l’a restauré en 1985, lui restituant toute sa qualité musicale pour notre plus grand plaisir.
Eglise de la Décollation de Saint Jean Baptiste, à LA PORTA
(Pieve d’Ampugnani, autrefois diocèse d’Accia, puis de Mariana)


Le haut campanile (45 m) à cinq étages malheureusement alourdi par un crépissage récent disgrâcieux, signale au loin ce village, patrie du clan des Sébastiani, « porte » d’entrée et capitale historique de la région d’Ampugnani : ici maisons anciennes et chapelles privées des puissants notables conservent le souvenir de leur apogée, au XVIII ° s…
L’église, commencée en 1648, agrandie à la fin du XVIII° s., trouve ici son expression la plus aboutie avec l’intervention de l’architecte Domenico Baino, originaire de la région de Côme (état de Milan), actif en Corse entre 1695 et 1732 et qui termine en 1707 la somptueuse façade baroque au portique triomphal, animée de pilastres, de volutes, de coquilles …Il signe également tout le décor peint en trompe l’oeïl de la voûte (1707) , le maître-autel et deux autels latéraux. Enfin, et non des moindres, il dessine et commence le campanile (qui sera terminé par un architecte de Quercitello en 1720) démesuré, fiché comme un défi permanent et triomphal lancé aux habitants de Quercitello, le village voisin en surplomb et dont dépendait La Porta avant 1654 ( date de son érection en église paroissiale par Monseigneur Marliani.
Les multiples facettes du génie monumental de D. Baino inspireront définitivement la dynastie des Raffali.
A l’intérieur nous attendent les thèmes chers à la Contre-Réforme : les Ames du Purgatoire (Giordani, autour de 1880), St Joseph et St Pancrace (idem), avec une mention particulière pour une remarquable petite « Décollation de saint Jean-Baptiste » et deux grandes toiles , l’une de Destouches (le Martyre de sainte Eulalie), et l’autre, copie de l’Annonciation de Guido Reni. Une église qui appellerait une restauration pour la débarrasser de ses couches de repeints grisâtres et qui retrouverait alors le visage lumineux et coloré de l’époque de Baino.

Enfin, c’est dans la pénombre traversée par un rai de lumière sous la verrière ovale, que se révèle le petit orgue altier et sa tribune de bois polychrome. Construit selon toute vraisemblance en 1780 par le franciscain lucquois Benedetto Maracci, alors installé à Rogliano, pour l’église du couvent tout voisin de Casabianca, puis transféré à l’église saint Jean Baptiste sous la Convention par le conventionnel Saliceto avant de brûler le couvent lors du sombre épisode de la « Cruceta », c’est un petit instrument doublement miraculé : en 1963, le tout jeune facteur d’orgue franco-italien Barthélémy Formentelli signe ici la première et magnifique « restauration à l’identique », redonnant sa voix à l’un des instruments les plus raffinés et des plus chantants de Corse.

Peu après cette restauration naîtra l’association Renaissance de l’Orgue Corse qui a depuis dynamisé la politique de restauration des orgues historiques en Corse : nous fêtons en 2010 ses 40 ans d’action pour la reconnaissance et la valorisation de ce formidable patrimoine de notre île …

… avec Elizabeth Pardon et « La Montagne des Orgues », Association Saladini de Speloncato.
Tel : 04 95 61 34 85 et 06 17 94 70 72 – site internet : www.montagne-des-orgues.com