31/10/2011
Gravures rupestres dans le Rustinu avec Toussaint Quilici
E PETRE SRITTE DI RUSTINU
Avec Toussaint Quilici, cheville ouvrière de Castellu di Rustinu, dans la vallée de Riscamone
La semaine dernière, Toussaint Quilici, l'infatigable artisan du patrimoine de la Pieve du Rustinu nous a emmenés à la découverte de l'un des sites de gravures rupestres de la Vallée de Riscamone, au centre de la Pieve du Rustinu. Toussaint Quilici finit de boucler son ouvrage sur la Pieve du Rustinu, fruit de quarante années de passion partagée avec ses amis, de recherches, de hasards heureux et de flair, qui devrait paraître pour la Noël, si tout va bien. Sans vouloir déflorer le sujet, je puis vous affirmer que cette parution va en faire frissonner plus d'un, tant le matériau, accumulé dans la région au fil des années, des balades et des rencontres, est d'une richesse inespérée.
Je vous invite à retrouver cette coupure de presse de 2009 qui évoque l'un des sites vus ce jour:
article Gravures Riscamone 2009.docx
Cette région de vieille culture et de passage au-dessus de la vallée du Golo s'avère assurément l'une des plus intéressantes de Corse. Voici donc quelques images à découvrir avec un peu d'avance, en attendant la parution de la monographie sur le Rustinu.
incisions et petites cupules
motifs scalliformes
une hache
une figure énigmatique ...
difficile à interpréter:
les uns y voient une vulve (les incisions les plus fines sont manifestement largement postérieures ...), les autres y décèlent une silhouette de cheval ... Prudence!
dans le même secteur, une deuxième pierre gravée ...
Toutes ces gravures paraitront , dûment photographiées, dessinées et commentées dans le prochain livre de Toussaint Quilici, en compagnie des autres sites inventoriés par lui et ses amis dans le Rustinu. Je vous tiendrai au courant de cette parution qui fera l'objet d'une présentation par l'auteur à Valle di Rustinu ... si le ciel ne nous tombe pas sur la tête d'ici là!
En attendant vous pouvez retrouver ce monde des gravures rupestres de Corse dans le beau livre du préhistorien Claude Weiss:
Un patrimoine dont on est bien loin de connaître la portée, tant il parait certain que de nombreux sites restent à découvrir, ainsi que l'analyse de leur environnement qui appellerait des fouilles en règle: patrimoine parfois si proche et si familier qu'on ne le reconnait même pas, au risque - sans le vouloir - de le dégrader ou de l'occulter, comme à Grate (hameau de Valle di Rustinu), au coeur du village:
et où l'on a construit anciennement un mur de soutènement qui recouvre en partie ce rocher gravé ...
Une chose est sûre: l'antiquité de l'occupation humaine dans cette région du Rustinu, avec pour fleuron, la présence si forte de l'église pievane et des deux baptistères de santa Maria di Rescamone ...
Merci à Toussaint de ce partage : la suite dans votre livre!
(à suivre, donc)
16:58 Publié dans corse, préhistoire corse, racines de pierre | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : petre scritte, gravures rupestres de corse, rustinu, toussazint quilici, valle di rustinu, grate, santa maria di rescamone | Facebook |
25/10/2011
Une journée branchée dans le Rustinu et la Castagniccia ...
pour une découverte biogéologique du côté de Santa Maria di Riscamone
en la compagnie de Michel Benedetto, fils et petit-fils de puisatiers/sourciers de Provence ...
qui a fait le pari, à l'aide de ses baguettes et de son pendule, de décrasser nos antennes, comme dit la chanson.
Je l'avais engagé à venir sonder le site rocheux qui me semblait "avoir une âme". Il surplombe côté sud l'ensemble de Santa Maria di Riscamone, et comporte une forme intéressante avec sa grande dalle, sans doute détachée du rocher, qui repose, telle une table de dolmen, sur deux montants rocheux naturels ...
Table aussitôt adoptée par notre amie Chantal pour une séance de méditation sous l'oeïl perplexe de mes jeunes Leo et Vincent ...
Un résultat qui révèle, semble-t-il, un maillage serré du réseau Hartmann: je ne peux en dire plus, car je n'y connais pas grand-chose, mais peut-être aurai-je plus à donner d'ici quelque temps.
Une chose est sûre: cette structure s'ouvre dans un axe est/ouest, tout comme, plus bas, l'église et le petit baptistère paléochrétien. Ce qui conforte ma rêverie à propos de la permanence du sacré: nos gens de ces époques reculées (préhistoire, protohistoire, puis antiquité ...) tenaient leurs antennes en état de marche par nécessité, choisissaient en connaissance de cause leurs lieux de vie et de communication avec l'au-delà et ses mystères. Il ne me parait donc pas impossible que l'on ait utilisé cette structure pour y pratiquer des sépultures. Toussaint Quilici, le veilleur attentif de la région, me dit du reste avoir trouvé dans cet environnement du matériel lithique préhistorique.
Rien d'étonnant, le site s'y prête admirablement et l'eau n'est pas loin, sous ce petit plateau, servant aujourd'hui à la toilette des familles de cochons ( je les ai souvent vus se rouler dans la boue fraîche, avec délice en été) et de sangliers qui peuplent le vallon.
A propos d'eau, l'étape suivante fut de prospecter le sol des deux baptistères:
présence de l'eau (sous terre, faut-il le préciser?) au centre même du grand baptistère roman, ce qui n'étonnera personne. Cet édifice octogonal, le plus important du genre en Corse, s'est inexorablement ouvert sous les glissements de terrain, et continue de bouger ...
Quant au petit baptistère paléochrétien, le point d'eau se trouve légèrement décentré par rapport à la cuve baptismale ... et nous recevons là sous la houlette de Michel une première leçon de baguettes ... assez concluante!
Inattendue, Michel qui nous a gratifié d'une sérénade adressée aux pierres du lieu sur son galoubet ...
Notre balade a suivi d'autres chemins, en Castagniccia cette fois,
vers Cambia
et San Quilicu
puis en fin de journée vers san Giovanni di Corte où le tambour à cordes entre en action en compagnie du galoubet ...
Esprits du lieu et du crépuscule, avez-vous aimé cet instant étrange et fugitif? Et qu'en a pensé Ugo Colonna dans sa résidence sous la colline? Des larmes ont-elles trouvé le chemin de ses paupières de ronces et coulé dans sa barbe que j'imagine fleurie comme celle de Charlemagne, dit-on ?
Merci aux amis, à Nicole en particulier qui nous fait faire cette rencontre inhabituelle, et à Chantal pour ses photos !
la lumière de cette journée d'automne était incroyablement favorable à la présence des pierres, comme ici, malgré le lichen, avec mes chers Adam et Eve, que j'avais rarement vus si beaux et si fringants,
ou ici, saisissante, sur la stantara de Santa Maria, à Cambia: à propos du monde préhistorique de la Corse, une prochaine note concernera e petre scritte du Monte Cuglioni, visitées dimanche dernier en compagnie de Toussaint Quilici, le bon génie de la pieve de Risccamone.
(à suivre, donc!)
17:10 Publié dans corse, les pierres qui signent, préhistoire corse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : biogéologie, santa maria di rescamone, réseaux hartmann, biogéologie du sacré, cambia, san giovanni de corte | Facebook |
23/10/2011
Méditation
quelques belles errances ces jours:
reconnaissez-vous ce lieu " chargé" ?
l'amie Chantal médite sur une dalle bien étrange ...
(à suivre)
11:19 Publié dans corse, les pierres qui signent | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
07/10/2011
Comment Lépante s'invite à Aïti ...
Aujourd'hui où l'on célèbre à la fois l'anniversaire de la bataille de Lépante ( 7 Octobre 1571) et la dévotion du Rosaire, je vous invite à découvrir une oeuvre singulière à Aïti (Pieve de Vallerustie) ...
ce village de Castagniccia fièrement implanté dans un paysage à couper le souffle ...
en l'église st Etienne: vous pourrez tout savoir sur Aiti et son église en allant visiter le site amoureusement réalisé par René Casamatta:
http://aitipaese.canalblog.com
Dans cette église étonnante à plus d'un titre, nous allons rencontrer une iconographie bien en phase avec la commémoration d'aujourd'hui:
la Remise du Rosaire, par la Vierge et l'Enfant à saint Dominique et à sainte Catherine de Sienne. Jusqu'ici, rien de bien extraordinaire:
cette dévotion est si coutumière dans nos églises de Corse que l'on finit par s'étonner lorsqu'elle manque. Mais qui donc sont ces personnages énigmatiques représentés au registre inférieur sous ce premier groupe?
A gauche, le Pape Pie V et à droite, le Roi Philippe II d'Espagne, les vainqueurs de la Bataille de Lépante en ce 7 Octobre 1571 qui opposa la flotte chrétienne de la Sainte Ligue ( laborieusement liguée ... ) à la flotte ottomane -
Je vous renvoie à l'oeuvre magistrale de Fernand BRAUDEL: la Méditerranée et le monde méditerranéen et aux pages foisonnantes qui resituent cette immense bataille dans le contexte pour le moins complexe de l'époque - en particulier dans le chapitre "Aux origines de la Sainte-Ligue: 1566 -1570".
Avec, en prélude, l'élection de Pie V, portant sur le trône pontifical le cardinal Ghislieri, "un de ces innombrables fils de pauvres en qui l'Eglise a souvent trouvé, au siècle de la Contre-Réforme, ses serviteurs les plus passionnés."(...). "A cette époque, ce vieil homme chauve, à longue barbe blanche, cet ascète qui n'a plus que la peau sur les os, est cependant d'une vitalité exceptionnelle, d'une activité sans bornes." (Braudel).
Et c'est ce pape visionnaire, vertueux, intransigeant jusqu'à la violence qui, par son ardente conviction qu'il faut mener une nouvelle croisade sans merci contre les Infidèles, va contribuer à l'armement maritime de l'Espagne, sceller le destin de la Chrétienté alors mise à mal en Méditerranée par l'expansion ottomane, bref va arriver à constituer, malgré les intérêts divergents des uns et des autres, une alliance entre Venise (qui vit entre autres du commerce avec l'Empire Ottoman), les royaumes espagnols et les puissances qui leurs sont affiliés, comme la République de Gênes : la prise terrifiante de Chypre (possession de la République de Venise) par les Ottomans en 1570 et le massacre qui l'accompagne convaincra la Chrétienté de l'urgence de cette coalition réclamée par Pie V. La Sainte Ligue est née.
Sainte Ligue où brillera par son absence la (très catholique) France, elle-même alliée des Turcs depuis quelques décennies pour lutter contre l'hégémonie espagnole - alliance ambigüe à laquelle la Corse se trouvera mêlée lors du soulèvement de Sampiero Corso:
" On ne peut pas ( écrit le roi Philippe II ) laisser Sampiero (...) s'emparer de l'île entière, lui, un aficionado de la France qui ferait de la Corse une "scala para los Turcos moros enemigos de nuestra santa fe catholica"...
Revenons-en à nouveau au Rosaire. Pie V, entré très jeune chez les dominicains, voue un culte passionné à la Vierge et au Rosaire. Ce culte s'était développé au siècle précédent sous l'impulsion d'un autre dominicain, Alain de la Roche (1428/1475), qui avait en son temps contribué à la (re)naissance de nombreuses confréries du Rosaire.
Pie V demande donc à toute la chrétienté, pour aider la Sainte-Ligue dans sa croisade, de prier la Vierge du Rosaire et lui attribuera la victoire à l'issue de la bataille de Lépante...
Emile Mâle rappelle (dans l'Art religieux après le Concile de Trente): "Le Sénat de Venise fit inscrire sous un tableau de la bataille de Lépante (...) cette inscription: "Non virtus, non arma, non duces, sed Maria rosarii victores nos fecit" (Ce ne sont ni les armes , ni les chefs, ni le courage, qui nous ont donné la victoire, mais la Vierge du Rosaire)
(Serpotta: la bataille de Lépante et la Vierge du Rosaire, à l'Oratoire du Rosaire, à Palerme).
La dévotion du Rosaire s'était auparavant déjà largement répandue sous l'impulsion de la Contre-Réforme: on avait bon espoir que le Rosaire ayant gagné la bataille contre les hérétiques albigeois, il serait également d'un grand secours contre tous les autres hérétiques - comme les protestants ... ou les Infidèles qui écumaient la Méditerranée.
(Chapelle Sixtine, le Jugement dernier peint par Michel-Ange)
Ce Rosaire était: "une chaîne qui unit la terre au ciel" (sainte Thérèse):
dans l'ensemble de la fresque du Jugement dernier de la Chapelle Sixtine, peint entre 1535 et 1541, quelques années avant l'ouverture du Concile de Trente (1545),
Michel-Ange montre un élu qui tend, pour les hisser vers le ciel, un rosaire à deux autres élus, soulignant ainsi l'importance du culte de Marie (en réponse aux protestants ...)
Une génération plus tard, la bataille de Lépante:
Dans le Golfe de Lépante, non loin de Patras en Grèce, sous le commandement du prince Juan d'Autriche, un tout jeune stratège de 24 ans lors de la bataille de Lépante et demi-frère de Philippe II, la Sainte Ligue aligne ses forces composées par l'Espagne, la République de Venise, les Etats Pontificaux, la République de Gênes (et ses Corses) , le Duché de Savoie, l'Ordre de Saint Jean de Jérusalem. En face d'elle l'Empire Ottoman et ses alliés barbaresques, sous le commandement du kapudan pacha Ali Pacha Moezzin,
qui finira la journée la tête tranchée au bout d'une pique, pour le plus grand effroi des Ottomans ...
Un "recyclage" qui dit en dit long : exposé à Madrid, au Musée de la Marine, cet étendard d'un général des galères espagnoles en 1670, peint sur une voile de galère ottomane prise lors de la bataille de Lépante, un siècle plus tôt.
(Véronèse 1572, Gallerie dell'Accademia, à Venise)
Un an après la bataille, Véronèse peint cette image de ce qui fut bien un carnage d'une violence indescriptible: côté ottoman, 62 galères coulées, 117 galères et 13 galiotes capturées - les Turcs perdent plus de 30.000 tués et blessés, 3.000 prisonniers; 15.000 forçats sont libérés. Côté Chrétiens, perte d'une douzaine de galères, 8.000 morts, 21.000 blessés ... Certes cette bataille est une victoire éclatante des Chrétiens sur les Infidèles, mais à quel prix!
Comme on le sait, Miguel de Cervantès, "le Manchot de Lépante", y perdit l'usage de sa main gauche... On peut penser qu'il eut de la chance - et notre chance, à nous, est qu'il n'y perdit pas la vie. Il passera, après sa capture pendant son retour en 1575 par les Barbaresques, 10 années en captivité à Alger... de quoi, pour le moins, affûter sa volonté de vivre et son sens de l'observation.
Il dira (dans son prologue de Don Quichotte) que la bataille de Lépante fut " le plus grand évènement que virent les siècles passés, présents, et que ceux qui viennent ne peuvent espérer" ...
"Heureux esprits qui francs du voile de la mort, pour le bien que vous fîtes vous vîtes élevés de cette vile terre au plus haut des cieux.
Une fureur, un honorable zèle ont animé vos corps et vous ont fait rougir de votre sang et du sang étranger la mer voisine et le sable des plages.
La vie vous fit défaut, non la valeur, et vos bras fatigués, en retombant vaincus, emportèrent la victoire.
Entre le mur et le fer, une si funeste chute vous acquiert à tout jamais la glore que donne le monde et celle que donne le ciel "
Don Quichotte, Partie I, chapitre XL: ce sonnet est intégré dans le récit du Captif, qui raconte, dans le chapitre XXXIX sa vie et ses aventures - dont sa participation à la bataille de Lépante:
"Et en cette journée -là, qui fut si heureuse pour la chrétienté, parce qu'en cette journée tout le monde fut désabusé de l'erreur où l'on était, croyant que les Turcs fussent invincibles sur mer " ...
Le Pape Pie V instituera, à la suite de Lépante, la fête du Rosaire qui sera désormais célébrée dans toute la chrétienté chaque premier dimanche d'Octobre, en mémoire de la bataille de Lépante.
Si vous pouvez acquérir à la boutique de l'Ina un documentaire déjà bien ancien (1977) sur la bataille de Lépante, vous aurez une idée de ce que fut réellement cette bataille et de ce que vécurent les pauvres bougres galériens enchaînés dans leurs excréments sur les bancs de leurs galères et autres galéasses, toutes origines confondues ... et parmi ces galériens, des corses ...
Revenons à Aïti:
quant au personnage de Philippe II, fils de Charles Quint, Roi d'Espagne en 1571, la Corse génoise de l'époque est sous sa suzeraineté, et de nombreux Cap Corsins vont partir se battre au sein de la Sainte-Ligue:
"à partir de Macinaggio sur quatre galéasses (la Capitana, la Padrona, la Bastarda et la Quarta) armées par les Negroni de Rogliano. A l'issue de la bataille, gagnée par les Chrétiens sur les forces ottomanes de Sélim II, successeur de Soliman le Magnifique mort en 1566, la Vierge foulant aux pieds le croissant ottoman se mit à apparaître sur les drapeaux corses" (in: Les Corses, la Méditerranée et le Monde Musulman, p. 161, douzièmes Journées Universitaires de Bonifacio, Juin 2011éditions Piazzola)
Sur le Rosaire d'Aïti, entre Pie V et Philippe II, l'on a représenté des dévots et des dévotes en prière, et, au-dessus d'eux, un paysage maritime avec une côte battue par les flots: venant de la mer, évocation du danger toujours omniprésent des razzias barbaresques, dont on espère se protéger par l'intercession de la Vierge du Rosaire. Ce qu'elle a fait pour la gloire chrétienne de Lépante, elle peut encore le faire au jour le jour pour les petites gens victimes de coups de main à terre ou sur mer... il faut bien continuer à vivre, cultiver, caboter, commercer malgré le risque ...
(Murato, église du couvent, le Rosaire)
A Murato, l'église conventuelle des franciscains héberge un autre exemple de ce Rosaire accompagnés des vainqueurs de la bataille de Lépante:
st Dominique est aux pieds de la Vierge en compagnie de st Pie V, st Jean-Baptiste,
st François, ste Catherine de Sienne, Philippe II, un roi (?) : cette peinture où couronnes et auréoles sont rehaussées de feuilles d'or est datable des années 1590/1610, donc assez peu de temps après la bataille de Lépante.
D'autres dévotions similaires se trouvent dans les églises de Corse, comme ici à Nonza, ce retable de 1613, date de l'érection de la confrérie du Rosaire:
(Nonza, église sainte Julie, le Rosaire)
La Vierge et l'Enfant, entourés de St Antoine Abbé et st Jean-Baptiste,
remettent le Rosaire à st Dominique, ste Catherine d'Alexandrie (offrant un vaisseau battant pavillon génois), Pie V, Philippe II, Don Juan d'Autriche , la reine Anne d'Espagne etc ...
don Juan d'Autriche: quel beau jeune homme!
... en tous cas un portrait proche des représentations habituelles de ce prince hors du commun, comme ici (à gauche) en compagnie d'autres vainqueurs de la Bataille de Lépante.
Et à Algajola, ce beau Rosaire du XVII°s....
qui présente une scène inquiétante:
Algajola encerclée par seize galères barbaresques
battant le pavillon de l'Islam ...
Je vous renvoie pour toute cette thématique à l'excellent article écrit par Michel-Edouard Nigaglioni dans: "Périls de mer et iconographie dans les églises de Corse", publié dans l'ouvrage collectif: Mer et religion, neuvièmes Journées Universitaires de Bonifacio (mai 2008), éditions Piazzola.
Michel Edouard Nigaglioni que je remercie ici à nouveau pour son aide et ce formidable travail mené patiemment depuis tant d'années pour mettre en lumière le patrimoine artistique et religieux de la Corse.
En appendice ...
A propos des galères de cette époque et plus particulièrement celle de Juan d'Autriche, consultez cet article très intéressant:
Sylvène Édouard « Un songe pour triompher : la décoration de la galère royale de don Juan d'Autriche à Lépante (1571) », Revue historique 4/2005 (n° 636), p. 821-848.
URL :
www.cairn.info/revue-historique-2005-4-page-821.htm.
DOI : 10.3917/rhis.054.0821.
Extrait:
"En 1568, durant les négociations pour la constitution d’une Sainte Ligue, Philippe II ordonna la construction d’une galère royale pour son jeune frère, don Juan d’Autriche, qu’il venait de nommer capitaine général de la mer. L’année suivante, l’humaniste sévillan Juan de Mal Lara élabora le programme iconographique pour la décoration des poupes extérieure et intérieure de la galère. Les décorations renvoyaient au discours messianique des Habsbourg, avec, entre autres, des représentations de la quête de la Toison d’or par Jason. Les tableaux et les statues de la poupe servaient à légitimer l’ambition hégémonique de Philippe II. Toutefois, l’essentiel du programme était destiné au capitaine don Juan pour le guider sur le chemin des vertus, à travers la représentation d’un combat intérieur pour le triomphe des vertus chrétiennes, les seules pouvant vaincre le Turc infidèle".
une galéasse espagnole
hélas, non! ce n'est pas une image de la fameuse Galère royale de don Juan d'Autriche: mais il en existe une reconstitution au Musée de la Marine à Barcelone.
19:48 Publié dans corse, découverte du patrimoine en Corse, Livre, Méditerranée | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bataille de lépante, bataille de lépante et le rosaire en corse, aïti, murato, nonza, algajola, fernand braudel, cervantès, don quichotte et la bataille de lépante | Facebook |
27/09/2011
les journées du Patrimoine, la semaine dernière
Bref compte rendu de ces journées...
Samedi 16 Septembre, Edouard Flach nous a présenté un exposé très complet des voyages du patrimoine illustré de nombreux documents dont certains étaient tout-à-fait inédits - En particulier cette référence dans un manuscrit du XV°s., à l'appontement de Losari qui desservait la pieve de Tuani (de Belgodère à Speloncato) - ce qui confirmait ce que nous savions par ailleurs mais de sources plus récentes.
L'après-midi fut consacrée, comme prévu, à la présentation du monde des sepolcri en Corse: je vous rédigerai un de ces jours une note longue sur ce patrimoine qui dit beaucoup sur la Corse et les Corses au coeur de la Méditerranée dans les siècles passés.
Dimanche, balade dans la pieve de Tuani.
Tout d'abord, du haut du rocher sommital de Belgodère, ( "e Teghje"), la vue sur toute la pieve à 360 degrés:
en compagnie de Louis Belgodère, infatiguable chercheur et compteur, découverte de la première implantation du village, sous l'impulsion (selon la légende rapportée par Colonna di Giovellina) du marquis André II de Massa qui choisit ce site stratégique pour défier son ennemi de l'époque (XIème siècle), le turbulent Marovello de Speluncato: "Sarebbe ub bel godere per essere noi fronte del nimico" ("Ce sera un bon plaisir d'être face à l'ennemi" ). Cette histoire est reliée à la terrible légende de la Biscia, mi -serpent mi -dragon, dévoreuse de chair humaine, créature démoniaque s'il en fut ... mais ceci est une autre histoire ...
D'où l'on aperçoit les villages d'Ochjatana, Costa, Ville di Paraso, enfin Speluncato ...
et de l'autre côté les ruines du couvent des servites (et le cimetière) ... Les maisons du village médiéval s'enroulaient étroitement autour du rocher, communiquant par des passages voûtés, dans un souci défensif comme dans de nombreux villages anciens de Corse (cf. Speluncatu, Sant'Antoninu ... pour ne citer que les plus connus)
le couvent, tout d'abord fondé par les Franciscains en 1540, accueille très rapidement (dès 1560) l'ordre des Servites
Plus près de nous, le château de la Costa, construit en 1892 par le député Toussaint Malaspina, ami de Georges Clémenceau. Aujourd'hui transformé en école intercommunale, il accueille tous les enfants de la région. A proximité du château, Madame Malaspina fait construire en 1914-1915 une chapelle ( Sainte Croix) parée de marbre blanc de Carrare qui servira de sépulture aux membres de la famille. Il y a quelques années l'on a déplacé une statue du Christ Sauveur depuis cette chapelle au sommet des Teghje:
Pierre avait été chargé de ce transfert délicat. La question épineuse était de savoir si le Christ serait tourné vers le village ou vers la plaine (ses cultures, ses troupeaux) et fut l'objet pour les villageois de débats passionnés - et pour finir il fut décidé qu'elle protègerait le village et ses habitants ...
Visite à l'église paroissiale saint Thomas - riche d'oeuvres et d'histoires ...
avec son petit orgue ( Lazari 1761, construit pour l'église du couvent des Servites et transféré à l'église paroissiale après la Révolution)
et le premier maître-autel "à ailes" de l'église des Servites (son fronton porte l'emblème des Servites), oeuvre du maître ébéniste local Marcangiole, aux environs de 1663. Il accueillit à son arrivée au couvent la magnifique statue de Notre-Dame des Sept Douleurs, la grande dévotion du village, aujourd'hui transférée à la Chapelle St Jean. Dans le fronton interrompu, l'emblème des Servites ...
... que nous allons découvrir ... à suivre!
15:27 Publié dans corse, patrimoine historique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : journées du patrimoine, belgodère, servites, pieve de tuani, notre dame des 7 douleurs | Facebook |