01/07/2012
avec les Amis du Parc, dans le Rustinu et la Castagniccia ...
(Première partie)
Dimanche 24 Juin dernier, une belle journée de partage avec les membres de l'Association des Amis du PNRC ( Conservatoire d'espaces naturels de Corse) dans le Rustinu et en Castagniccia ...
avec les belles photos de Michelle Lafay, de Claudine Garcia ...
et quelques notes précédentes du blog:
San Tumasgiu di Pastureccia à Castellu di Rustinu:
J'avais "commandé " quelques nuages, mais le ciel restera d'un bleu impertubable toute la journée. Arrivés sur le site de la chapelle San Tumasgiu, à Castellu di Rustinu: la vue magnifique sur le Monte Padru, la Pieve de Caccia (et le village de Moltifau, au loin) et le massif des Aiguilles de Rundinagjha (Alias Popolasca ou Castiglione ...)
San Tumasgiu, bien orienté à l'est
L'abside. La datation de cette chapelle reste mystérieuse. Sa fondation est probablement largement préromane, mais on peut penser qu'elle a connu d'importants travaux en 1470, date - MCCCCLXX - que l'on retrouve gravée à plusieurs endroits, à l'intérieur, au fond d'une niche aménagée dans le mur, côté Nord-Est; sur le tympan de la porte latérale sud; enfin dans l'ébrasement extérieur de cette fenêtre meurtrière de l'abside, où l'on semble avoir oublié en route un C.
l'inscription du tympan de la porte latérale sud.
la croix au sommet du mur est
En octobre j'étais passée voir les sondages effectués par l'INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) pour établir un diagnostic sur l'intérêt archéologique du site.
découverte des sépultures sous le sol de la chapelle
vous pensiez être tranquilles pour la perpétuité ...
et voilà qu'on vous mesure, qu'on vous ramasse par petits bouts et qu'on vous fourre dans des sacs en plastique, bien précautionneusement, certes, mais de quoi douter de l'éternité...
A l'extérieur, une sépulture a même donné de fausses joies à l'équipe qui pensait avoir trouvé quelque chose de bien antique: manque de chance! le cher disparu portait en dentier ...
Tout cela pour dire que le chantier de restauration prévu à l'origine pour cette année devra attendre la réalisation des fouilles archéologiques.
Toussaint Quilici exprime ici son désarroi.
Ce qui nous inquiète, nous qui aimons d'un amour profond cette chapelle: le toit va vraiment mal, la pluie ruisselle sur les fresques qui souffrent un peu plus de jour en jour. Il faudrait pour le moins, en attendant les fouilles, protéger le toit par une bâche comme cela s'est fait à Castirla. Nous ne comprenons pas cette absence de protection.
(le Christ Pantocrator de San Tumasgiu)
Santa Maria de Rescamone à Valle di Rostino
à retrouver ... si vous pouvez! le cahier Corsica 98-99 de janvier 1982dédié par la FAGEC à la Piévanie de Rescamone. Et, dans l'ouvrage précieux de Geneviève Moracchini-Mazel "Corsica Sacra" ( éditions A Stamperia) les pages 207 à 209.
et dans le blog:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/trackback/2829320
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/03/13/un-serpent-nu.html
l'abside préromane - début X° s. ? - époque présumée de la grande reconstruction de Santa Maria di Riscamone.
le petit baptistère paléochrétien et le mur sud de l'église pievane Santa Maria di Rescamone
les Amis du Parc devant le grand Baptistère: le soleil est de plomb mais rien n'arrête les braves!
Adam et Eve et le récit de la Tentation dans la Genèse:
"Or tous deux étaient nus, l'homme et sa femme, et ils n'avaient pas honte l'un devant l'autre.
Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que Yahvé Dieu avait faits et il dit à la femme:
"Alors, Dieu vous a dit: Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin?"
La femme répondit au serpent: "Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin. Seulement quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n'en mangerez pas, vous n'y toucherez pas, sous peine de mort."
Le serpent rétorqua à la femme:
"Pas du tout! Vous ne mourrez pas! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous serez comme des êtres divins, qui connaissent le bien et le mal."
La femme vit que l'arbre était appétissant à manger et séduisant pour les yeux, et qu'il était, cet arbre, désirable pour l'entendement. Elle prit de son fruit et mangea. Elle en donna aussi à son mari, qui était avec elle, et il mangea. Alors leurs yeux à tous deux s'ouvrirent et ils connurent qu'ils étaient nus; ils cousirent des feuilles de figuier et se firent des pagnes. "
(idée passablement urticante, je vous la déconseille !)
(le tympan du grand baptistère roman : le Serpent se mord la queue auprès de l'Arbre de la Connaissance. Un éternel recommencement ...)
... "Alors Yahvé Dieu dit au serpent:
Parce que tu as fait cela, Maudit sis-tu entre tous les bestiaux et toutes les bêtes sauvages.
Tu marcheras sur ton ventre et tu mangeras de la terre tous les jours de ta vie.
Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t'écrasera la tête et tu l'atteindras au talon."
(La Genèse)
Un peu au-dessus du site, cet amas rocheux nous attire
et l'énigme posée par cette grande dalle, "miraculeusement" posée comme un abri sous roche. Même si l'on peut raisonnablement envisager son origine naturelle, la dalle s'étant détachée du bloc, on peut aussi supposer qu'elle ait pu servir dans un temps lointain de la préhistoire:
seule une fouille pourrait déterminer s'il y eut jamais une quelconque pratique d'inhumation à cet endroit.
(à suivre ... pour la deuxième partie)
Petit rappel autour du livre de Toussaint Quilici : une mine richissime de renseignements sur le patrimoine de la Pieve di Rustinu et des Pieve alentour ...
19:50 Publié dans art roman, chapelles romanes corses, fresques de corse, la mort, les pierres qui signent, parcours de découverte du patrimoine en Corse, patrimoine des chapelles à fresques en Corse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : les amis du parc corse, c.e.n.corse, san tumasgiu di pastureccia, restauration de fresques, site archéologique santa maria di rescamoneadam et eve, genèse, philippe jaccottet | Facebook |
30/05/2012
Gavignano: des nouvelles de la restauration en cours de San Pantaleon
La chapelle San Pantaleu di Gavignanu (Pieve di Rustinu), en cours de restauration.
Elle fait donc partie de la deuxième tranche du programme de restauration des chapelles à fresques entrepris par la Collectivité Territoriale de Corse.
la façade
Cette chapelle, comme tant d'autres édifices religieux, a été victime d'une certaine idée du progrès à une époque (vers les années 1970) où l'on a emprisonné - croyant bien faire! - les murs sous une gangue de béton, provoquant les dégats que l'on constate aujourd'hui: humidité prisonnière des murs, moisissures, mérules, remontées capillaires, bref ... Aujourd'hui la chapelle a été entièrement "décroûtée".
On peut s'inquiéter par ailleurs de l'état de la toiture qui fuit mais qui n'apparait pas dans le programme de restauration: ce serait sans doute fort dommageable pour les fresques de s'occuper de la toiture après leur restauration ... Je ne sais pas, par ailleurs, s'il a été prévu des travaux de drainage autour de la chapelle pour traiter les problèmes d'humidité. Il est probable, à ce sujet, que l'on aurait quelques surprises (sépultures anciennes). Rappellons que sous le sol de cette chapelle existe l'arca, lieu de sépulture collective:
une photo (ancienne) de l'arca
le mur nord
le mur sud
le mur sud détail de l'agrandissement tardif.
détail de la porte latérale sud
et un mystérieux départ d'arc qui semble indiquer une porte ancienne et - c'est une hypothèse - un sol plus bas que le sol présent.
le mur nord intérieur: on voit clairement que le niveau primitif de la charpente était plus bas, un peu au-dessus des fenêtres. Rehaussement exécuté, on peut le penser, à l'époque de l'agrandissement.
le chantier: la restauration des décors a été confiée à l'atelier de Vittoria Giartosio.
Lors de mon passage (vendredi dernier), rencontre avec la sympathique Donatella Buttiglione, qui a pris le temps de me montrer leur travail: l'équipe affronte de terribles repeints au vynil, ce qui complique sérieusement la tâche. Là aussi, à l'époque, une malencontreuse idée du "progrès", et une confiance aveugle dans les produits modernes.
un élément de décor dans le style "cosmatesque" (merci, Donatella!). A propos du "stile cosmatesco", vous pouvez cliquer sur les liens suivants:
http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=style%20cosmatesque&source=web&cd=1&ved=0CFgQFjAA&url=http%3A%2F%2Ffr.wikipedia.org%2Fwiki%2FCosmatesque&ei=ednFT_74IcaX0QWO35HtBQ&usg=AFQjCNEUVmAz-UGkjTcbHl0oAGQ9zsk3rw
http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=style%20cosmatesque&source=web&cd=1&ved=0CFgQFjAA&url=http%3A%2F%2Ffr.wikipedia.org%2Fwiki%2FCosmatesque&ei=ednFT_74IcaX0QWO35HtBQ&usg=AFQjCNEUVmAz-UGkjTcbHl0oAGQ9zsk3rw
La présence de ce type de décor sur nos fresques, à défaut de véritablement dater ces fresques, indique la continuité d'un goût pour ces somptueux pavements de cette famille d'artistes (Cosmati) des XII° et XIII° siècles ...
On retrouve ce style de décor, accompagnant l'arc triomphal de la chapelle san Nicolau de Sermanu:
détail du décor "cosmatesco" de l'abside de san Nicolau de Sermanu
un exemple de ce "stile cosmatesco"
D'autres choses me sont apparues, du haut des échaffaudages ...
la main du Christ portant le stigmate: contairement au Christ de la chapelle san Tumasgiu di Pastureccia, qui ne porte pas les stigmates ...
l'ensemble du Christ Pantocrator, dans sa mandorle (photo prise avant le début de la restauration): un geste ample de bénédiction.
à San Tumasgiu di Pastureccia, le détail de la main bénissante du Christ: absence de stigmates ...
la main de l'ange Gabriel et les fleurs de lys de son annonce.
et de l'autre côté , la Colombe de l'Esprit Saint, dans ce qui reste de l'Annonciation
un écrit énigmatique, près du Taureau (saint Luc)
Tétramorphe: le Taureau (Saint Luc) et l' Ange ( Saint Mathieu)
L'ange (Mathieu) du Téramorphe
Tétramorphe: le Lion (Saint Marc), vigoureux, nerveux, félin à souhait!
Sur le piedroit de l'arc triomphal, Saint Michel Archange et Saint François
et ... pesées par Saint Michel, deux petites âmes nues et fragiles
la petite âme du plateau descendant : elle garde pourtant encore espoir ...
le visage angélique et diaphane de Saint Michel
et celui de Saint François: plus surligné, la bouche un rien maussade, les grands yeux méditatifs.
un témoin de restauration: sur la robe de Sainte Catherine.
Enfin, dehors, sur le mur nord ce petit témoin de fresque à l'extérieur, rescapé du ciment ...
A suivre, donc!
12:38 Publié dans corse, fresques de corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : restauration de fresques, gavignano, san pantaleone, style cosmatesque, stile cosmatesco, cosmati | Facebook |
10/04/2012
Jeudi Saint 2012 dans le Rustinu et en Castagniccia, 1° partie
Ce jeudi 5 avril, malgré un temps incertain: à l'attention des amis qui ont partagé cette bonne journée dédiée aux sepolcri peints du Rustinu et de la Castagniccia... et des autres ...
Quelques images :
Frassu , église saint Cosme et saint Damien
(Castellu di Rustinu, Pieve du Rustinu, ancien diocèse d'Accia)
Première rencontre à Frassu, hameau rattaché à la commune de Castellu di Rustinu. Notre ami Toussaint Quilici nous attend à l'église saint Cosme et saint Damien: la veille il a travaillé dur avec son fils pour installer le petit sepolcru peint au XIX°s. -
Lors du Vendredi Saint 2010 nous avions pu, avec la complicité de Marie Laure la fidèle gardienne de cette église, remonter pour la première fois ces toiles conçues pour une chapelle latérale: une renaissance miraculeuse après cinquante ans de sommeil.
Je vous invite à lire la note (clic droit, ouvrir le lien) :
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2010/04/10/le-sepolcru-de-frassu.html
Comme il se doit, les deux gardiens du sepolcru nous attendent de pied ferme, la mine patibulaire, barbe drue, solidement campés la lance à la main à l'entrée du sepolcru, costumés, casqués et empannachés " à l'antique" façon centurions (d'opérette):
les deux toiles ont été découpées de façon à s'encastrer parfaitement sur le muret qui délimite la chapelle latérale, et contre la chaire de prêche.
Epousant l'arc, la toile supérieure "raconte" la Passion avec la représentation des " Arma Christi": le visage du Christ sur le voile de sainte Véronique, la colonne de la dérision surmontée du coq du reniement de saint Pierre, l'échelle, la lance etc ...
Toussaint a trouvé la solution pour replacer le quatrième élément: il y a deux ans, nous n'avions pas su où l'installer. Ici, il le tient à bout de bras, faute d'avoir pu le fixer correctement. Fermant la chapelle du sepolcru, il présente le saint Sacrement gardé par deux anges et invite à son adoration. Il fallait- je le pense - entrer à genoux - dans cet espace du reposoir.
Ce sepolcru, malgré sa modestie, délivre les deux messages essentiels et complémentaires aux fidèles qui viennent prier ici lors de la Semaine Sainte: invitation à partager la Passion du Christ et adoration du Saint Sacrement.
dans le silence de la Chapelle San Tumasgiu di Pastureccia
(Castellu di Rustinu)
Pour un bref historique de la chapelle, voir la note:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/02/26/san-tumasgiu-di-pastureccia-castellu-di-rustinu.html
Pour une description des fresques, voir les notes:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/02/27/les-fresques-de-san-tumasgiu-di-pastureccia.html
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/03/02/3-les-fresques-de-san-tumasgiu-suite-et-fin.html
Nous nous sommes arrêtés revisiter cette chapelle ornée de ces fresques merveilleuses dont on attend avec impatience la restauration: il a été décidé de procéder à des fouilles archéologiques avant d'attaquer les travaux. Espérons que les intempéries qui risquent d'altérer ces fresques déjà fragilisées (problèmes d'étanchéité du toit) n'auront pas le temps d'agraver la situation.
Il se dégage dans cette chapelle, malgré tous les dégats passés dont elle porte les stigmates, une athmosphère d'une grande douceur et d'une profonde humanité, : ici, ce détail de la Cène nous montre les apôtres en désarroi, s'interrogeant mutuellement, la main sur la poitrine: Jésus vient de leur annoncer que l'un d'entre eux va Le trahir cette nuit même ...
Achevant ce cycle de la Passion sur le mur Nord, la Crucifixion avec Marie au pied de la croix. Bouleversant.
et ce visage clos du Christ,
rescapé d'un élément peint sur le pied-droit de l'abside ...
Castellu di Rustinu, église paroissiale Santa Nunziata
la façade et le campanile, l'un des plus beaux de la région ...
Un somptueux maître-autel de Domenico Baina (restauration d'Ewa Poli):
l’architecte peintre-stucateur Domenico Baina (ou Baino) , était originaire de la région de Côme (état de Milan) : ses talents multiples se sont exercés en Corse entre 1695 et 1732. Un art baroque raffiné, coloré, qui enchante lorsqu'on redécouvre ses décors peints parfois sous les badigeons tardifs. Il contribuera à la formation de Giovanni Raffali, le premier peintre-stucateur de la célèbre dynastie des Raffali, originaire de la pieve d'Orezza.
la délicieuse chaire de prêche de Ignaziu Saveriu Raffali: rideau et rinceaux fleuris, ange grâcieux ...
le chemin de croix de Giacomo Grandi (mi- XVIII° s.):
Jésus cloué sur la croix, en compagnie de trois personnages hauts en couleur, tels qu'on les retrouvera dans les grands décors des sepolcri peints: même thématique, mais ici taille modeste pour cette dévotion du chemin de croix qui implique un déplacement circulaire autour de l'église, le long des quatorzes stations illustrant la Passion du Christ.
Ici, à gauche, un légionnaire armé d'une hallebarde contrôle la scène; à droite, un bourreau mauresque armé d'un efficace marteau de menuisier, tel qu'il était utilisé par les falegname de l'époque de Grandi, crucifie Jésus, sous le regard d'un autre personnage, censé être un centurion je suppose, mais totalement orientalisé, portant turban et aigrette ...
Sur le patrimoine exubérant des Chemins de croix peints en Corse, vous pouvez aller voir la note:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/03/30/chemins-de-croix-de-corse.html
et ce que vous n'avez pas pu voir, puisque ce magnifique sepolcru (en mauvais état et digne de restauration) de l'église de Castellu di Rustinu, remonté pour la première fois en janvier 2012, avait regagné les coulisses lors de notre passage. Ce sepolcru servait naguère non seulement pour le reposoir de la Semaine Sainte mais accompagnait également la Passion jouée par les villageois de Castellu ...
Je vous invite donc à ouvrir la note consacrée dernièrement à ce sepolcru de Castellu di Rustinu:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2012/02/03/le-sepolcru-de-castellu-sort-de-l-ombre.html
( à suivre!)
10:14 Publié dans corse, fresques de corse, la Semaine Sainte en Corse, patrimoine populaire de Corse, semaine sainte en corse, sepolcri de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sepolcri de la semaine sainte, rustinu, frassu, castellu di rustinu | Facebook |
29/08/2011
Castagniccia: la Montagne des Orgues jeudi 1° Septembre
« LA MONTAGNE DES ORGUES »
à la découverte du PATRIMOINE
(avec les photos de Giusy, lors du dernier parcours)
San Tumasgiu di Pastureccia
Des parcours initiatiques et festifs pour rencontrer la Corse autrement, vous immerger dans ses paysages et ses communautés, découvrir son histoire, son patrimoine, ses traditions rurales : des clefs pour vous ouvrir les églises, vous faire comprendre leur sens caché et entendre leurs orgues historiques que l’on vous joue.
Jeudi 1er Septembre
les chaudrons de San Tumasgiu
une journée en CASTAGNICCIA
Accueil à Ponte Novu, à 9h15, sur le parking de la gare. Découverte des fresques de la chapelle San Tumasgiu à Castellu di Rustinu, puis des églises baroques de Piedicroce
un petit ange fessu du maître-autel à Piedicroce
( Saint Pierre et Saint Paul, et son orgue historique, le plus ancien de Corse, 1619), de La Porta (église saint Jean Baptiste et son petit orgue de 1780),
à La Porta, servir le petit orgue Maracci
et l'heure mystérieuse de l'Ange ...
(copie de l'Annonciation de Guido Reni, au Louvre)
Stoppia Nova (Notre Dame du Carmel), enfin du site archéologique paléochrétien et roman de Santa Maria di Rescamone.
à Santa Maria di Rescamone
Ces parcours reposent sur le bénévolat et les fonds récoltés lors de ces journées contribuent à la restauration et à la valorisation du patrimoine.Ils sont recommandés par de nombreux guides : Arthaud, Bleu, Geo, Michelin, Routard …
... avec un arrêt bien apprécié chez Félix, à Stoppia Nova: du bon usage de la vraie charcuterie corse... à cette saison il n'en reste plus guère ...
Renseignements et réservations au :
TEL/FAX : 04 95 61 34 85 - Portable : 06 17 94 70 72
Participation aux frais : 30 € par adulte. Gratuit pour les moins de 12 ans.
e mail : elizabethpardon@orange.fr
Site : www.montagne-des-orgues.com/
blog : elizabethpardon.hautetfort.com/
23:00 Publié dans corse, fresques de corse, la montagne des orgues, orgues historiques de Corse, parcours de découverte du patrimoine en Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : patrimoine de la castagniccia, castellu di rustinu, santa maria di rescamone, stoppia nova, la porta, piedicroce, guido reni | Facebook |
23/04/2011
un Jeudi Saint lumineux et frisquet en Castagniccia
Jeudi 21 avril 2011, une journée de partage et de rencontres autour de la Semaine Sainte, des Sepolcri et des Chemins de Croix en Castagniccia qui a débuté à Castellu di Rustinu
avec les fresques de la chapelle san Tumasgiu di Pastureccia ( pour l'ensemble de ces fresques, voir les notes sur cette chapelle: " les fresques de San Tumasgiu di Pastureccia")
et le récit de la Passion, sur le mur Nord. C'est, à ma connaissance, le seul ensemble cohérent de fresques sur ce thème. Notons au passage que certaines chapelles n'ont sans doute pas fini de dévoiler leurs décors qui dorment peut-être ici et là sous leur badigeon de chaux ...
Même lacunaire, cette "série" fonctionne comme un Chemin de Croix : toucher et enseigner. Elle semble offrir la réponse du salut face à la représentation infernale du mur sud, en face : une invitation à se laisser envahir par la compassion en communiquant par l'image, tout comme le musicien saura émouvoir en créant un oratorio sur la Passion.
la Cène: sur la table, le pain et le vin de ce dernier repas pris ensemble avec les disciples.
détail (un peu flou...) de l'interrogation inquiète des apôtres: qui va trahir?
le Christ au Jardin des Oliviers et ses compagnons endormis
Saint Pierre plombé de sommeil
l'arrestation de Jésus et sa comparution devant Pilate
la flagellation, sur un fond rouge sang,
enfin la Crucifixion, sur le bleu du ciel, en présence de Marie prostrée
visage de la Mère:
"Stabat Mater dolorosa
Juxta crucem lacrymosa
Dum pendebat Filius"
et ce magnifique visage du Christ mort, fragment à gauche de l'arc triomphal ...
Un peu plus haut, la belle église paroissiale de Castellu et son haut campanile
abrite bien des " messages" insoupçonnés,
Découverte de ces grands décors peints du sepolcru (anonyme, début XIX°s.): voir la note de l'an dernier, sur cet ensemble impressionnant (" les sepolcri du diocèse d'Accia", le 12/04/2010 )
Décors éphémères chargés de sens et d'histoire sous lesquels se jouait ici naguère, nous a-t-on dit, une Passion à l'usage des gens de cette communauté ...
Semaine Sainte accompagnée, comme dans de nombreuses églises de cette région depuis la prédication en Corse de saint Leonardo da Porto Maurizio (1744) , par la série des quatorze tabeautins du Chemin de Croix, ici peint par Giacomo Grandi:
"Stazione II: Gesù caricato della croce"
le portement de croix: avec une soldatesque superméchante au look barbaresque, histoire de la Corse razziée oblige.
"Stazione VI: Gesù ascingato dalla Veronica"
Rencontre avec sainte Véronique qui lui essuie le visage.
"Stazione XI: Gesù é inchiodato sulla croce"
Jésus est cloué sur la croix: voyez avec quelle gentillesse le bon Jésus regarde son bourreau aux moustaches acérées!
" Statione XII: Muore Gesù in croce"
Mort de Jésus et le dernier soupir du bon larron ...
Chemin de croix conçu pour être cheminé et chanté :
"Vi prego, o Gesù buonu,
Per la vostra passion darci
Il perdono..."
Nous quittons le Rustinu et, en début d'après-midi, nous voici dans la pieve de l'Ampugnani à Quercitellu, avec une vue plongeante sur le village voisin de La Porta ...
Dans l'église San Carlu, cette belle toile du sepolcru aux anges compatissants. Le prieur de la confrérie de Quercitellu nous rejoint et évoque les préparatifs du Vendredi Saint: reposoirs dans les rues du village, chemin de croix, granitula ... moment fort pour cette confrérie fraichement reconstituée ...
Après un passage à La Porta, nous voici arrivés au village proche de Ficaghja, où nous avons rendez-vous avec Petru Vachet-Natali qui s'est arrangé malgré les difficultés pour nous recevoir:
Petru Vachet-Natali nous accueille à l'église de l'Immaculata Cuncezzione, paroisse de son village natal de Ficaghja. Ecrivain, poète et chroniqueur, cet homme affable et généreux a écrit en 2006 une amoureuse monographie sur Ficaghja en langue corse:
"Monografia e Tupunumia di Ficaghja, cù una ricerca tupunomica nantu à 216 nomi di lochi", publié chez Anima Corsa.
Avis!
Il nous fait les honneurs du désormais célèbre sepolcru de Ficaghja auquel je réserverai un de ces jours une note particulière:
véritable petit théâtre religieux dressé à l'intérieur de l'église pour la Semaine Sainte: cet ensemble imposant gardé par deux redoutables soldats, est l'oeuvre de Francescu Carli, l'un des peintres les plus actifs de cette deuxième moitié du XVIII°s. Une scénographie efficace !
la trahison de Judas(et ses paroles qui sortent de sa bouche, comme dans une bande dessinée)
intraitable et menaçant, le gardien de droite, celui qui vous suit du regard...
Au fond du sepolcru, la déploration du Christ. Autrefois, le prêtre célébrait la messe sur un petit autel au fond de cet espace peint.
cette toile faisait donc office d'antependium
et l'envers du décor ...
A l'issue de cette rencontre notre ami Petru Vachet- Natali nous a offert fort gentiment le pot de l'amitié ...
***
A CERCA: un lien solidaire noué entre les villages
Nous voici à présent à Nocario, dans la belle église paroissiale sant' Angelo de cet important village de la pieve d'Orezza: ici se pratiquent toujours ces mouvements des confréries et de leurs communautés qui échangent leurs visites aux différents sepolcri de la région, investissant ainsi un espace commun . Processions programmées sur les deux jours du Jeudi et du Vendredi Saints entre les églises et les chapelles de Verdèse, Nocario et Campana
A notre arrivée, une dame finit de fleurir le reposoir : simplicité et grâce de ces modestes installations de village où chacun viendra à tour de rôle se recueillir, prier et chanter ...
Un peu plus loin, c'est le hameau de Petricaghju et sa chapelle San Giovanni Battista. Divine surprise, une merveille de peinture nous attend au-dessus du maître-autel: Giacomo Grandi représente ici la naissance de saint Jean-Baptiste ...
un charme fou! Je reviendrai sur cette toile délicieuse à laquelle je ne m'attendais pas.
Dehors, nous faisons connaissance de monsieur Paul Battesti, le maire de Nocario qui attend de pied ferme l'arrivée prochaine de la procession partie de Campana et, savez-vous ? il a le bon visage du Dieu le Père au sommet de cette représentation de la naissance de Saint Jean-Baptiste... Nous rencontrons aussi le célèbre ébéniste Pantaleon Alessandri: quel plaisir d'évoquer la tradition de ces cheminements, mais aussi quel souci pour entretenir ce patrimoine des quatre églises de Nocario! Toujours est-il que ces deux jours sont l'occasion de se rencontrer autrement et de partager un espace commun au pas de l'homme. Fierté pour les plus âgés d'y être arrivés cette année encore ...
la façade de St Jean Baptiste de Petricaghju
Un peu plus tard, la chapelle San Martinu d'Erbaggio, veillant sur la vallée de Nocario
Enfin, nous voici arrivés à notre dernière étape de la journée, dans la chapelle santa Barbara de Nocario Supranu
une chapelle d'une grande gaieté
et le pinceau naîf et efficace d'un peintre du XIX° s: ici saint Luc ... et son "taureau" à barbichette malicieux comme une chèvre.
Dehors on entend au loin , de l'autre côté de la vallée, la plainte chantée et marchée du " Perdono mio Dio": là-bas l'on aperçoit, sortant des arbres, les confrères et les fidèles, approchant lentement du hameau de Petricaghju en cette fin d'après-midi ...
puis, s'enroulant devant l'église, c'est la circumambulation de la Granitula, mort et renaissance ...
Merci à tous pour tout cet échange, de toute cette poésie profonde, et aussi aux enfants qui ont participé à cette journée avec beaucoup de gentillesse.
19:49 Publié dans chapelles romanes corses, corse, fresques de corse, patrimoine de la solidarité humaine, patrimoine des chapelles à fresques en Corse, patrimoine populaire de Corse, semaine sainte en corse, sepolcri de Corse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : sepolcri, chemins de croix, cerca, granitula, castellu di rustinu, quercitellu, ficaghja, nocario | Facebook |