07/05/2016
Entre Castagniccia et Cortenais, la Montagne des Orgues Jeudi 12 mai 2016
Le prochain parcours de la Montagne des Orgues:
JEUDI 12 MAI 2016
une journée en CASTAGNICCIA, GHJUVELLINA et CORTENAIS
Accueil à 9 h sur le parking de la gare de Ponte Leccia,
( le récit de la Tentation à San Chirgu de Cambia)
puis découverte des deux chapelles romanes de Cambia et des fresques de San Chirgu ,
et du monde préhistorique de cette région avec le menhir ("stantara") de Santa Maria et la "Petra Frisgiata" (gravures rupestres),
puis, sous les Aiguilles de Rundinaghja, la découverte de Piedigrisgiu et Castiglione
la Ste Cécile de Castiglione
une région de montagne âpre, minérale, où l’on découvrira la vitalité de ses villages accrochés au rocher et ses petites églises aux décors naïfs qui n’engendrent pas la mélancolie ! et qui nous conduira jusqu'à Corte, où l'église paroissiale abrite l'un des plus beaux orgues de Corse:
l’orgue historique ( J.C. Werle 1760 ) de l’Annunziata de Corte
La journée se termine sur le mélancolique site préroman de San Giovanni : où la légende croise l’histoire …
Prévoir son pique-nique
Renseignements et réservations : 04 95 61 34 85 / 06 17 94 70 72
e mail : elizabethpardon@orange.fr
bain de soleil à San Chirgu
à bientôt!
08:43 Publié dans actualité des parcours de la Montagne des orgues, chapelles romanes corses, fresques de corse, orgues historiques de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : san quilicu, cambia, castiglione, piedigrisgiu, corte | Facebook |
16/02/2016
Où l'Enfer de Dante s'invite à San Tumasgiu di Pastureccia
Une découverte majeure
à San Tumasgiu di Pastureccia:
sur le mur sud ,
la fresque de l'Enfer nous révèle un message jusqu'ici ignoré:
..."Per me si va nella città dolente"...
La chapelle San Tumasgiu di Pastureccia, à Castellu di Rustinu, bien connue des amateurs de fresques en Corse, montre la seule scène d'Enfer (ou de Purgatoire infernalisé ?) à notre connaissance sur l'île. Un Enfer peint sur le mur sud de la chapelle et qui jouxte la représentation de six saints protecteurs, Marie-Madeleine et François, Lucie et St Antoine Abbé, Catherine d'Alexandrie et Jean-Baptiste.
La chapelle ne va pas bien et attend désespérément depuis trop longtemps sa restauration. Le toit a été enfin refait et ne fuit plus, mais de nombreuses années ont laissé les fresques lessivées par le ruissellement des pluies parfois torrentielles: espérons qu'enfin prochainement se décidera et se réalisera enfin le sauvetage de cet ensemble exceptionnel ...
Un débat agite tous ceux qui fréquentent San Tumasgiu s'agit-il d'une représentation de l'Enfer ou du Purgatoire ? La question se pose car les âmes condamnées aux tourments ne semblent pas toujours bien affectées par leur peine.
Dans la partie basse de la scène, des chaudrons où mijotent les âmes bien au chaud et que touillent méchamment les diables de service: ces âmes ne semblent pas vraiment désespérées et attendent plutôt patiemment la fin de leur passage en cuisine .
Ne serait-ce pas plutôt une vision du Purgatoire ? Il est plausible que l'ensemble des fresques de San Tumasgiu ait été commandité par les franciscains, dont on voit le saint fondateur immédiatement à gauche et "au contact" de cette scène, seulement séparé par un décor de papier plié:
Le Poverello est en compagnie d'une grande sainte pécheresse, la belle Marie-Madeleine. Le message est clair: vous pouvez vivre dans le monde, succomber aux multiples tentations qui guettent l'humanité, si, à l'exemple de François et Marie-Madeleine, vous rencontrez et épousez le message divin, si vous l'acceptez au risque de tout perdre et si vous vous convertissez en passant par la porte étroite d'un repentir sincère et d'un changement radical de vie, vous serez sauvés et gagnerez la vie éternelle: message d'espérance!
St François montre ici de son index tendu que la rédemption passe par la Croix et la Passion du Christ, cette Passion qui se trouve justement représentée sur le mur nord qui fait face :
(le mur nord de la chapelle San Tumasgiu)
Or, à la suite de St François, les franciscains développèrent cette pastorale de la rédemption plus que celle de la terreur . C'est sans doute pour cela que l'on ne trouve guère d'images infernales dans nos fresques insulaires, puisque, on le sait, l'implantation très ancienne de l'Ordre des Frères Mineurs s'est développée en Corse au cours des siècles de façon spectaculaire au point d'imprimer durablement la mentalité religieuse de tout un peuple. Qu'en était-il en 1503, date évoquée par les anciens du village qui se souvenaient de l'avoir lue, avant son effacement.
Purgatoire ou Enfer?
Voyez ce beau spécimen de diable :
Je crains qu'il ne s'agisse ici tout de même plutôt de l'Enfer ...
Un enfer où chacun trouve la mesure de sa punition: ici un diable entreprenant s'occupe du péché de luxure.
et là, de la goinfrerie ...
L'enfer serait-il, entre autres, un au-delà effroyable de la satiété, du trop-plein,
bref, de la sur-consommation des plaisirs?
Vers le haut le grand Lucifer dévore ses victimes... par la bouche d'en haut et par celle d'en bas! Il n'aurait pas sa place au Purgatoire, dont le rôle "rassurant" est de purger les fautes par le feu et, les âmes ainsi allégées de leurs scories, de leur ouvrir le chemin du Paradis . Lucifer, en revanche, est bien le personnage central de l'Enfer, lui, l'ange lumineux et beau, déchu, transformé en monstrueuse créature toute puissante et jamais assouvie ...
Une iconographie tôt présente de l'autre côté de la mer:
Ainsi avec ce terrible Lucifer ventripotant et vorace de la fresque du Jugement dernier de Giotto di Bondone, à la chapelle Scrovegni de Padoue, en 1306 : Giotto (1267-1337), l'exact contemporain de Dante Alighieri (1265 - 1321) ...
A la droite du Christ, les Elus, à sa gauche, les Damnés ...
Pour nous, à gauche de la croix, bien ordonnés et tranquilles , les saints qu'il faut suivre, prier, écouter pour éviter d'aller à droite, en enfer. Un enfer dont les portes sont toujours grandes ouvertes avec un fort appel de fournaise aspirante ... et du monde, du monde, du monde en désordre : l'enfer, c'est le chaos.
Un siècle plus tard, même iconographie à Bologne, à la Basilique San Petronio, Cappella Bolognini, l'Enfer peint par Giovanni da Modena, en 1406 . Même monstrueux Lucifer avalant et ... expulsant les damnés: tiens, je vois un visage au niveau de son bas-ventre, la bouche-anus vomissant sa victime ... Ce visage nous rappelle que le ventre est, parait-il, notre deuxième cerveau.
Venons-en à la découverte récente qui éclaire d'un jour nouveau cet ensemble:
Notre ami Toussaint Quilici, le gardien des lieux, m'a envoyé tout récemment ce message et le récit de sa formidable découverte qu'avec sa permission je partage avec vous ici:
" Toussaint Quilici
Castellu di Rustinu le 29/01/2016
Déroulement d'une découverte fortuite
Inscriptions inconnues dans les fresques (scène du Purgatoire) de San Tumasgiu de Pastureccia
Essai d' interprétation
La chapelle de San Tumasgiu de Pastoreccia, située sur la commune de Castellu di Rustinu, est bien connue par la richesse et la finesse de son programme iconographique.
L'édifice de type roman, bien appareillé en moellons de schiste local, a gardé toute la sobriété etl'élégance de l'architecture romane avec une abside bien orientée à l'est. Une désastreuse restauration (à l’explosif dans les années 1930), a amputé d'un tiers la longueur de la nef côté ouest. Depuis lors, aucun programme de restauration, sérieux et efficace, n'a été envisagé pour freiner la lente et inexorable dégradation des fresques.
Le site est grandiose avec la proximité du château médiéval de Rustinu, la vue plongeante sur la Vallée du Golu et les majestueux sommets de Popolasca et du Patru.
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La dernière semaine du mois de janvier dernier, la collectivité territoriale de Corse a mandaté un bureau d'étude spécialisé dans la gestion des sites et monuments historiques, afin de procéder à une évaluation de l'état des fresques et réaliser des relevés précis.
Un échafaudage a été dressé devant les différents décors peints, permettant l'accés aux parties hautes.
Comme d'habitude, dès qu'une opération scientifique est programmée dans la pieve je prends contact avec les maitres d'oeuvres afin de participer (dans la mesure de mes compétences) au bon déroulement de l'étude en échangeant de la documentation et des points de vue.
Le contact étant ainsi établi on me propose de grimper en haut de l'échafaudage pour examiner des inscriptions graphiques très dégradées à peine lisibles sur la scène du purgatoire qui se trouvent en haut de la colonne qui surplombe les deux premiers chaudrons des péchés capitaux, qui coïncide avec l'entrée du purgatoire. L'usure des surfaces peintes ne nous permet pas une lecture lisible de ce
qui semble être un texte assez long serré dans la mince largeur de cette colonne (ne laissant la place qu'à six lettres par lignes) estimée à 20 centimètres.
Un mitraillage de photos s'ensuit avec beaucoup d'émotions et interrogations...
De retour à la maison avec le précieux butin, commence un long examen des clichés où s'entremêlent les premières avancées et les imparables régressions concernant la transcription du texte.
La fresque du purgatoire de Pastureccia a souffert du temps et il est difficile de lire avec précision l'ensemble de ce panneau. Le salpêtre a estompé et altéré plusieurs lettres du texte, ce qui rend la lisibilité et la compréhension difficile.
Cependant, un mot assez intelligible ETTERNO que je lis d'abord inferno me fait penser à l'enfer de Dante (la Divine Comédie). Consultant le chant III Porte et vestibule de l'enfer de Dante (ce qui correspond à l'emplacement du texte: juste à l'entrée du purgatoire de San Tumasgiu), tout devient clair: pour inferno on doit lire ETTERNO et les mots suivants se révèlent enfin comme suit :
Dante
La Divine Comédie
L’Enfer
Chant III
Porte et vestibule de l'Enfer
Au début de ce chant c'est la porte de l'enfer elle-même qui semble prendre la parole et dit (la dernière phrase étant la plus connue):
Per me si va nella città dolente,
per me si va ne l'etterno dolore,
per me si va tra la perduta gente.
Giustizia mosse il mio alto fattore
fecemi la divina podestate,
la somma sapïenza e 'l primo amore.
Dinanzi a me non fuor cose create
se non etterne, e io etterno duro.
Lasciate ogne speranza, voi ch'intrate.
Traduction:
Par moi on va vers la cité dolente;
Par moi on va vers l'éternelle souffrance;
Par moi on va chez les âmes errantes.
La Justice inspira mon noble créateur.
Je suis l'oeuvre de la Puissance Divine,
de la Sagesse Suprême et de l'Amour.
Avant moi, rien ne fut créé
sinon d'éternel. Et moi, je dure éternellement.
Vous qui entrez, abandonnez toute espérance.
(l'analyse de la scène de l'Enfer: le texte apparait à gauche en haut de la colonne. Dessin de Toussaint Quilici)
Voici ce que je lis depuis le début du texte:
PER ME SI
VA NELA
CITTA DO
LENTE PER
ME SI
VA NEL
ETTERNO
DOLORE
PER ME
SI VA TRA
LA PERDUTA
GENTE
Je continue à travailler sur ce panneau, il ne s'agit là que d'un début. Mais de toute évidence notre texte, avec un début bien lisible jusqu'à PERDUTA GENTE est identique à celui de Dante: la porte de l'enfer, et placé précisément devant l'entrée du purgatoire de San Tumasgiu.
Le début du texte se trouve très haut sur le mur gouttereau sud, au niveau de la tête de St François d'Assise (qui se trouve sur la gauche), le rendant invisible depuis le sol.
Après PERDUTA GENTE, les quelques lettres encore assez bien lisibles confirment la continuité et identité du poème. L'espace qu'elles occupent correspond à la longueur qui est nécessaire pour y placer les autres mots jusqu'à CH' ENTRATE (fin du poème du chant III).
Ce n'est qu'un début d'étude, je communiquerai les compléments dès que possible.
Ci -joint d'autres photos du purgatoire, réalisées depuis l'échafaudage, qui vues de près sont assez,inédites.
Un damné dévoré par Lucifer
(toutes ces dernières photos ont été prises par Toussaint Quilici, monté sur un échafaudage. D'en bas, ces détails et inscriptions ne sont absolument pas visibles ...)
Merci, Toussaint, pour ce travail et cette belle intuition qui permettent d'inscrire désormais la chapelle San Tumasgiu di Pastureccia dans l'univers de Dante Alighieri, l'immense poète de la Renaissance
15:15 Publié dans archéologie corse, fresques de corse, la Divine Comédie, Dante | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : l'enfer, le purgatoire, san tumasgiu di pastureccia, giotto di bondone, giovanni da modena | Facebook |
26/07/2015
Inauguration de la chapelle restaurée San Pantaleu di Gavignanu lundi 27 Juillet 2015
LUNDI 27 JUILLET 2015
Messe d'inauguration à 10H30
de la chapelle San Pantaleu à GAVIGNANU
St Michel et St François
Cette chapelle a été restaurée par l'atelier du Gruppo Giartosio :
un très bel ensemble de fresques à redécouvrir
que nous avions eu le plaisir de partager le 28 juin dernier avec les amis du CEN ( Conservatoire des espaces naturels de Corse), en compagnie deMarie-Jeanne Pasqualini qui a tant lutté par le passé pour qu'enfin se fasse la restauration de sa chapelle...
16:49 Publié dans chapelles romanes corses, fresques de corse | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
24/06/2015
dimanche 28 juin avec le Conservatoire d'espaces naturels de Corse: une journée autour des fresques
Dimanche 28 Juin,
avec les amis du Conservatoire d'espaces naturels
San Francescu, chapelle San Pantaleu di Gavignanu
Dimanche 28 Juin nous partagerons avec les amis du Conservatoire d'espaces naturels (CEN) de la Corse une journée de découverte des chapelles à fresques et autres petites églises baroques des pièves du Rustinu et de Vallerustie:
Au programme: Gavignanu (fresques de la chapelle San Pantaleu), Salcetu (église de la Nunziata), San Lorenzu (église San Lorenzu), Cambia (fresques de la chapelle San Chirgu et chapelle Santa Maria, ainsi que les gravures rupestres de a Petra frisgiata)
A San Lorenzu , le décor mural de Giovanni Raffali le Vieux, 1721:
le martyre de San Lorenzu ...
San Chirgu, côté abside ...
17:37 Publié dans actualité des parcours de la Montagne des orgues, fresques de corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
Chapelle san Pantaleu di Gavignanu: regards.
A l'occasion de la prochaine visite en compagnie du Conservatoire d'espaces naturels
(www.cen-corse.org), ce dimanche 28 Juin, je réédite cette note ancienne : elle témoigne de ces belles fresques de San Pantaleu avant leur restauration récente par l'atelier du Gruppo Giartosio.
A la rencontre des visages de la chapelle
san Pantaleu di Gavignanu,
Pieve du Rustinu.
Cette modeste chapelle environnée d'un cimetière anarchique va faire l'objet d'une restauration dans l'année à venir: le ruissellement des eaux a eu le temps de dégrader une partie de cet ensemble de fresques de la fin du XV° siècle qui nous offre pourtant encore de bien belles émotions.
Voici quelques regards croisés - et aimés - ici. Grands yeux habités d'une pensée intérieure et d'une sorte d'innocence qui nous touche.
San Pantaleone
Tout d'abord le saint patron de cette chapelle: san Pantaleu, saint Pantaléon de Nicomédie, un saint Médecin Anargyre ( comme ses collègues saints Cosme et Damien), c'est-à-dire qui refuse tout salaire pour l'amour du Christ . IL aurait soigné l'empereur Galère Maximien et fait partie des Quatorze intercesseurs. Il exerçait son art à Nicomédie en Bithynie, et aurait été martyrisé en 305 : un martyre riche de sept supplices ( dont la roue dentelée, comme Sainte Catherine aux côtés de laquelle il est représenté). Son martyre s'achève par une décollation mémorable: de son cou jaillit du lait mêlé de sang, ce qui en fait un saint patron non seulement des médecins et des sages-femmes, mais aussi des nourrices ...
A ses pieds le donateur tonsuré, saisi dans sa fervente prière adressée au saint patron de la chapelle...
Comme dit ma petite fille de deux ans:" même pas peur!"
Représentés côte à côte sur le piédroit à droite de l'arc, ces deux saints martyrisés pour leur foi arborent leurs attributs: Pantaleone, coiffé d'un bonnet rouge, avec les outils de son art, ici plus précisément un instrument de chirurgie, Catherine avec la roue de son supplice, le Livre saint qu'elle proclame et la palme du martyre.
Il serait intéressant de comprendre le choix de cette dévotion à San Pantaleu à Gavignanu: elle signifie, je suppose, le désir d'être protégé de la maladie (on l'invoquait contre la consomption et le mal de tête), et peut-être la présence de médecins dans le Rustinu ? Toujours est-il que ce culte oriental s'est diffusé depuis le monde byzantin vers Venise où, nous dit Louis Réau dans son Iconographie de l'Art Chrétien, "le prénom de Pantaleone était si répandu qu'il a fini par désigner le personnage de la Comédie italienne incarnant le Vénitien. Par un curieux enchaînement sémantique, pantalon, qui était à l'origine un nom de saint, s'est appliqué à un personnage de comédie "vestu en Pantalon" pour désigner finalement une paire de hauts-de-chausses."
Pantalon, ajoute Réau, qui sera adopté par les Jacobins sous la Révolution, laissant la culotte courte aux aristocrates ...
Le culte de notre saint Pantalon/Pantaleone/Pantaleu était très populaire en Sardaigne. Il est arrivé en Corse - on ne sait quand - peut-être en même temps que celui des saints Cosme et Damien .Geneviève Moracchini-Mazel signale dans sa Corsica Sacra qu'une demie douzaine de sanctuaires portaient son nom et deux églises paroissiales (Barretali et Altagène). Pour Gavignano elle évoque le passé ancien de cette chapelle qui "paraît avoir conservé en partie une "muratura" préromane, assez difficile à observer sous les crépis aujourd'hui. Des transformations attribuables au XI° s et des réparations ultérieures sont visibles sur ce monument, mais l'abside pourrait remonter jusqu'aux VI° ou VII°s." (p.32, in Corsica Sacra).
Et de l'autre côté de l'abside:
Côte à côte sur le piédroit à gauche de l'arc, San Michele et San Francescu.
Le visage impassible du blond saint Michel Archange. Ce représentant de l'ordre (n'est-il pas le grand Général en chef des Milices célestes ) serait-il génois?
... et celui, juvénile et mystique, de saint François, le regard tourné vers l'intérieur :
Saint Michel Archange, comme à l'accoutumée, pèse les âmes. Sa cuirasse porte comme un étendard la Croix rouge sur fond blanc, dite Croix de Saint Georges, emblême de la ville de Gênes: il fait autorité, annonce le jugement et la loi.
Saint François, à ses côtés, partage et souffre la Passion du Christ de ses stigmates ruisselants de sang. Faut-il le redire? La pastorale franciscaine agit en Corse dès les premières générations du monde franciscain: à côté de l'inquiétante pesée des âmes, le message de l'espoir et de la rédemption.
Dans la voûte de l'abside en cul de four, le Christ Pantocrator entouré du Tétramorphe (le Taureau de Luc, et le Lion de Marc sont encore bien lisibles, l'ange de Mathieu et l'aigle de Jean, beaucoup moins) . Hélas la dégradation de la fresque a effacé le visage du Christ, comme elle a fait disparaître ce qui devait être une scène de l'Annonciation dans les écoinçons de l'arc triomphal. Reste le traditionnel livre ouvert: "EGO SUM LUX MUNDI ET VIAVERITAS".
Sous ses pieds, les Saints Apôtres: en voici quelques portraits, de profil, de trois quart, de face, ils sont bien là, souvent barbus, vieux ou jeunes, pas toujours identifiables - beaucoup d'inscriptions se sont effacées - mais toujours bien présents ...
San Taddeus
droit dans les yeux
un saint à sa droite
San Felipus
Muni d'un bourdon et d'un sac ... Saint Jacques Majeur
le jeune saint à droite du précédent
le visage ardent Saint Pierre
le saint voisin de Pierre
Sant Andreu
le saint vieillard à droite d'André
le visage mort de san Bartolomeu ( image inversée ...)
le visage vivant San Bartolomeu: regard incisif. Impressionnant.
Apôtres en conversation: regards si humains de ces grands yeux ouverts dans une muette communication.
Les couleurs chaudes ou froides, lumineuses, harmonieusement contrastées, renforcent le climat animé de cette série des apôtres représentés sur fond de tentures de velours décorées d'arabesques.
On attend avec impatience la restauration de ce bel ensemble mis à jour par les Monuments Historiques en 1970.
(à suivre)
San Bartolomeu (saint Barthélémy) écorché vif, le regard incisif. Impressionnant.
San Barto, comme nous le nommons affectueusement, portant sa peau sur l'épaule comme d'autres leur serviette de bain... A sa gauche le profil du jeune Saint Jean Evangéliste tenant le livre ouvert de son Evangile semble s'adresser à Barthélémy:
( L'artiste a représenté le jeune Evangéliste Jean d'une façon particulièrement vivante, la bouche ouverte sur la Parole.)
J'ai pris ces photos lors de ma dernière visite avec des amis dans le Rustinu le 30 septembre 2010.
(Chapelle décrite par Joseph Orsolini dans : L'Art de la fresque en Corse de 1450 à1520 édité par le Parc Naturel de la Corse)
Santa Catarina
A leur gauche, Sainte Catherine d'Alexandrie, fille du roi Costos, belle, dans la fraîcheur de ses 18 ans, riche d'intelligence, de connaissances (arts, poésie, sciences, philosophie ...) et de spiritualité, bref exceptionnellement dotée, droite et ferme en ses convictions: au bout du chemin, le martyre. Sa Passion coûte cher aux philosophes païens envoyés par l'empereur Maxence pour disputer avec elle: convertis et illico brûlés vifs. Bref une sainte redoutable qui entraîne l'adhésion et finit décapitée après être passée par le supplice de la route dentée ...
Entre-temps, cette autre visite faite en cours de restauration:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2012/05/28/gavignano-des-nouvelles-de-la-restauration-en-cours-de-san-p.html
15:57 Publié dans découverte du patrimoine en Corse, fresques de corse, patrimoine des chapelles à fresques en Corse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : rustinu, castagniccia, fresques de gavignano, san pantaleone, pantalon, saint barthélémy | Facebook |