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27/02/2011

1°/San Tumasgiu di Pastureccia -Castellu di Rustinu

En attendant la restauration prochaine de

1°/ la chapelle San Tumasgiu di Pastureccia,

à Castellu di Rustinu.

Pieve di Rustinu.

 

8 vue strategique 1.jpg

La chapelle est  située dans un site admirable au-dessus de la vallée du Golu, que domine sur son éperon vertigineux le Pinzu di  Castellu di Rustinu, fief au XI° siècle des Marquis de Massa de Corse ... Au fond de ce vaste paysage, la pieve de Caccia. Nos belliqueux marquis pouvaient surveiller les moindres mouvements de passage entre la côte orientale et la côte occidentale ...

 

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... du haut de leurs donjons. Ce site  fait l'objet depuis des années de fouilles sous la conduite de l'archéologue Daniel Istria.

castellu di rustinu,san tumasgiu di pastureccia,chapelle à fresques,geneviève moracchini mazel,reliquaire de san tumasgiu,daniel istria

(merci aux amis pour leurs photos, ce jour-là)

Avec lui,  notre ami Toussaint Quilici travaille depuis des décennies sur sa pieve du Rustinu et l'on attend avec impatience la publication de ses travaux. En attendant il partage volontiers sa passion pour notre plus grand plaisir!

 

4 san Tomasgiu 2.jpg

La chapelle construite en contre-bas de ce site stratégique -sans aucun doute  utilisé dès la préhitoire ( j'y ai ramassé une pointe de flèche) -  est beaucoup plus ancienne que le Castellu. Geneviève Moracchini-Mazel propose une datation entre le VII° et le IX° s., l'appareil des murs étant plutôt composé de pierres éclatées dans son ensemble (cf. "Les églises romanes de Corse, p.296, G. Moracchini-Mazel, publié avec le concours du CNRS en 1967 ).

 

3 San Tumasgiu.jpg

Le cimetière qui l'enserre est, comme tous les cimetières de Corse, de création récente (décrets de Napoléon). A l'origine l'on enterrait les morts de cette région dans l'arca : cette crypte creusée sous le sol de la chapelle accueillait les défunts pour un repos éternel sanctifié par le lieu. Le caractère sacré de cet antique usage a certainement contribué à la survie de la chapelle ... encore que ... dans les années 1930, la chapelle fut la victime d'une étrange intervention des Monuments Historiques de l'époque qui aboutit à la mutilation d'un tiers de notre chapelle:

Plan San Tomà avant sa démolition.gif

Plan de de la chapelle San Tumasgiu avant sa démolition, publié par G.Moracchini Mazel dans l'ouvrage cité ci-dessus, et conservé aux archives des Monuments Historiques.

A l'origine la nef unique de cette chapelle mesurait 14,30m et la porte occidentale devait être de belles proportions, si l'on en juge par les éléments de l'archivolte qui nous restent. En 1925, la charpente s'écroule et l'on appelle les Monuments Historiques au chevet de ce monument remarquable. L'architecte de l'administration des MH décide, cela parait incroyable! non pas de reconstruire la charpente à l'identique, mais de ne préserver que la partie de la chapelle comportant un décor... Il détruit donc allègrement un tiers de l'édifice - parait-il qu'il aurait même utilisé les explosifs pour aller plus vite (mémoire orale des anciens du village), les murs se révélant trop solides pour la barre à mine! Quoi qu'il en soit, à mon avis le cher homme doit être entrain de mijoter pour quelque temps encore dans ces terribles flammes du Purgatoire dont on dit qu'elles "purgent" toutes les imperfections: il y sera, je n'en doute guère, en bonne et nombreuse compagnie, à commencer par celle de nos chers hommes de pouvoir.

Bref il reconstruit avec les pierres récupérées un mur occidental aveugle. Les fresques, si explosifs il eut, durent passablement souffrir de l'opération.

porte sud blog.jpg

La porte latérale du mur Sud (à gauche de laquelle l'on aperçoit les deux éléments de l'archivolte de la porte occidentale) nous intrigue par l'inscription de son tympan:

 

San Tumasgiu tympan porte sud blog.jpg

qui donne une date tardive: 1470, date que l'on va retrouver inscrite au fond d'une niche aménagée à l'intérieur du mur Nord/Est et à l'extérieur de la fenêtre meurtière de l'abside. Une date qui semble évoquer un évènement ou des remaniements importants.

Une découverte récente (2002)  éclaire peut-être cette époque:

 

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Lors des importants travaux engagés sur cette chapelle pour la mettre hors d'eau, l'on a entrepris de refaire le sol, qui jusque là était quelque peu périlleux et défoncé (l'ossuaire de l'arca étant dessous). Dans la foulée l'équipe a voulu rénover également l'autel et remplacer le ciment par la chaux. Cette opération, où du reste l'autel initial a été rabaissé, a permis une divine découverte, celle de ce reliquaire  du XV°s. caché dans une niche formée de trois pierres plates à l'intérieur de l'autel. : "Il s'agit d'une pièce de bois (de la taille de la paume d'une main) sculptée sur ses bords du sceau de l'évêque d'Accia, Antonius Bonumbra, et d'une empreinte centrale richement décorée d'un dais gothique, précise Richard Girolami. L'ensemble est recouvert de cire d'abeille, dans laquelle l'artisan a d'ailleurs laissé quelques empreintes digitales" .

Radiographié, le reliquaire a révélé son précieux contenu: quatre dents dont deux calcifiées ...

Cet évêque Antonius Bonumbra semble avoir été un proche du franciscain Francesco della Rovere, devenu  le redoutable pape Sixte IV: tous deux étaient originaires de Savone. Son petit diocèse d'Accia, comportant les deux pieve du Rustinu et de l'Ampugnani,  reconstitué au XII°s. pour faire la parité des six diocèses de l'époque entre Pisans et Génois (Accia durera jusqu'au XVI°s. date où il sera absorbé par le diocèse de Mariana), avait sa cathédrale minuscule au sommet (1700 m) du San Pedrone, la montagne tutélaire de cette région. Antonius Bonumbra exerça sa charge épiscopale à l'évêché Accia entre 1466/67 et 1480.

Est-ce à cette occasion que l'évêque A. Bonumbra entreprit des travaux  dans la chapelle, dont la date apparaitrait sur le tympan: " le 22 juin 1470 3 ... suivie du nom, semble-t-il  "anton bonom...":  en tous cas il place le reliquaire dans l'autel, évènement d'une grande importance symbolique qui renforce la sainteté du lieu ...

 

Entrons enfin

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et découvrons et redécouvrons  ... dans la pénombre de San Tumasgiu , au pied de l'abside en cul de four, l'autel (aujourd'hui rabaissé) qui abritait le reliquaire dans le secret de sa maçonnerie.

 

 

( ce jour là quelques gouttes de pluie tachent l'objectif)

 

(à suivre pour la visite des fresques! )

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

17/02/2011

Où en sont les projets de restauration des chapelles à fresques en Corse?

Mais où  en est donc la deuxième tranche de restauration de nos chapelles à fresques ?

Ped'Orezza visages de Thomas et Matthieu blog.jpg

(Ped'Orezza: San Tumasgiu et San Matteu)

Lors du Salon du Patrimoine Culturel  tenu à Paris au Carrousel du Louvre début novembre 2009, la Collectivité annonçait ainsi les travaux engagés pour sauver et restaurer ce patrimoine insulaire des chapelles à fresques. Je cite:

"Programme de sauvegarde et de restauration des chapelles à fresques insulaires
La Corse dispose d’un ensemble de chapelles à fresques d’une richesse exceptionnelle,
menacé de dégradations irréversibles voire de disparition.
C’est pourquoi, dès 2007, la Collectivité Territoriale de Corse a engagé un ambitieux
programme de sauvegarde et de restauration sur quatorze édifices aux décors monumentaux
conservés datés entre la fin du XIVè siècle (Sainte Marie des Neiges à Brando) et le début du XVIè
siècle (San Tumasgiu di Pastureccia à Castello di Rostino). Ces chapelles, situées sur les
communes d’Aregno, Brando, Calvi, Cambia, Castello di Rostino, Castirla, Favalello, Furiani,
Gavignano, Murato, Pied’Orezza, Pruno, Sermano, Valle di Campoloro seront restaurées d’ici la fin
2010." ( ...)

 

"La poursuite de la restauration des chapelles à fresques aboutira
fin 2009 à l’engagement de six opérations nouvelles constituant la seconde tranche fonctionnelle
de cet ambitieux programme de sauvegarde du patrimoine insulaire :
❚ l’église de la Trinité d’Aregno
❚ l église Saint Thomas de Pastureccia, à Castello di Rostino
❚ l’église Saint Michel de Castirla
❚ l’église Saint Pantaléon de Gavignano
❚ l’église Saint Michel de Murato
❚ l’église Santa Maria Assunta, à Pruno
La Collectivité Territoriale de Corse assurera la direction des travaux de conservation dont
la livraison est prévue fin 2010."

 

 

 

San Quilicu ensemble  blog.jpg

 

Si San Quilicu a recouvré ses couleurs,

 

Santa Giulitta visage.jpg

                                et sainte Julitte sa grâce mystérieuse,

 

fin  de restauration.jpg

et si, à la chapelle santa Cristina de Valle di Campuloru, on a démonté depuis longtemps les échaffaudages,

 

hippolyte- severine blog.jpg

laissant méditer Sant' Ipolito,

St Michel blog.jpg

et si à San Nicolau de Sermanu, San Michele ...

 

la Vierge blog.jpg

 

et la douce Vierge ont aussi retrouvé fraicheur et  paix ...

 

que sont devenus les projets, pourtant bien avancés semblait-il l'an dernier,  de restauration de la deuxième tranche ? Espérons que "la crise" ... ou ...  "les crises" ... ne feront pas pâtir ces chapelles qui appellent urgemment nos soins ...

A l'occasion de ces restaurations a été installé (février 2007) un Comité Scientifique de l'Opération Chapelles à Fresques - à consulter sur le site:

www.corse.fr/attachment/167588/


"(...)

 

Création du comité scientifique de suivi de l'opération "Chapelles à fresques"

Dans la suite du rapport d'orientation relatif au patrimoine, voté par l'Assemblée de Corse le 30 juin 2005 à l'unanimité (délibération n°05/109 AC), ainsi que de l'affectation au BP 2006 des moyens relatifs aux travaux de la première tranche de l'opération chapelles à fresques, un comité scientifique de suivi de l'opération "Chapelles à fresques" vient d'être créé.

 

Ce comité est composé de spécialistes chargés de donner un avis éclairé sur la méthodologie et la procédure d'intervention telles qu'elles sont proposées dans le PAT soumis par l'architecte en chef des monuments historiques, puis d'évaluer la qualité des travaux au fur et à mesure de leur avancement.

 

pour la CTC, l'intérêt de la création de ce comité est triple:

 

- la garantie apportée par une caution scientifique plurielle (c'est moi qui souligne)

- le partage d'expériences avec des professionnels hautement qualifiés dans le domaine concerné, et la mise en place d'un réseau européen de spécialistes (c'est moi qui souligne)

- l'élaboration d'un projet de mise en valeur de ce corpus patrimonial, au moyen d'expositions et de publications qui pourront être réalisées avec la participation des membres du comité scientifique.

(...) "


 

(à suivre)

 

 

 

27/06/2009

Muratu, San Michele: l'intérieur de l'église, suite 14

L' intérieur de San Michele de Murato

(Pour clore ces notes regroupées sur San Michele di Muratu,

à nouveau quelques images de l'intérieur )

San Michele intérieur.jpg
Une douce lumière baigne le maitre-autel par la porte ouverte: sinon, l'église médite dans une relative obscurité, traversée par les rais lumineux des fenêtres meurtrières et la croix évidée au-dessus du choeur.
Annonciation fresque.jpg
Trop peu d'éléments nous restent de ce qui fut sûrement l'une des plus belles fresques de Corse: le temps a fait son oeuvre, effaçant inexorablement ces peintures à fresque de la fin du XV°siècle. Demeure la présence estompée de cette Annonciation dans les écoinçons de l'Arc triomphal.
Muratu Archange Gabriel blog.jpg
L'Archange Gabriel, drapé dans un manteau blanc constellé de croix, brandit le phylactère de son Annonce à Marie...
Vierge Annonciation.jpg
... qui reçoit le divin message le visage méditatif: Marie en robe rouge et manteau bleu est représentée en prière dans sa chambre close de tentures rouges évoquant l'inviolabilité du ventre maternel de Marie. Se détachant sur ce fond rouge  un vase évoque les Litanies de la Vierge
" Vas spirituale, ora pro nobis,
Vas honorabile, ora pro nobis,
Vas insigne devotionis, ora pro nobis..." 
De même que l'étoile qui semble ici remplacer la colombe de l'Esprit Saint:
"Stella maturina, ora pro nobis"
Ici et là des traces de fresques subsistent, aujourd'hui illisibles... dont, sur le mur nord des éléments très effacés de ce qui fut peut-être le personnage de Saint Michel Archange.
aigle sculpté arc blog.jpg
Sous la croix évidée du choeur, un aigle sculpté, ailes déployées.
chapiteau sculpté choeur blog.jpg
Un chapiteau orné de sculptures naïves, à gauche du choeur.
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Le linteau de la façade occidentale, hélas détruit par la foudre en décembre 1969 et déposé à l'intérieur: deux paons semblent tirer les oreilles d'un homme qui les maintient par les pattes... Le paon, emblème dans l'antiquité de l'incorruptibilité et de la gloire, devient , dans la symbolique chrétienne, l'emblème de l'immortalité grâce à la résurrection:
"A la résurrection générale , en ce jour où tous les arbres, c'est-à-dire tous les saints , commenceront à reverdir, ce paon - qui n'est autre que notre corps - débarrassé des plumes  de la mortalité, recevra celles de l'immortalité" ( Saint Antoine de Padoue, Sermon pour la Férie, 5ème après la Trinité: cité dans "Le Bestiaire du Christ" de Louis Charbonneau-Lassay).
C'est aussi  le symbole du Christ conduisant les âmes vers la vie éternelle...
Ici, les paons étaient sertis de pierres colorées: deux paons tirant par les oreilles l'humain agrippé à leurs pattes... une invite peu commune à l'envol spirituel!
linteau Murato dessin.jpg
(dessin reproduit dans: " Corse Romane" de Geneviève Moracchini-Mazel, édition Zodiaque)

18/08/2008

Castirla Août 2008:Brève du Purgatoire

 CASTIRLA Cappella San Michele

 

Castirla cimetière et chapelle.jpg

  Faut-il sauver San Michele di CASTIRLA ? ( Pieve de Talcini)

 

Le cimetière de CASTIRLA et la petite chapelle San Michele, chère à mon coeur, à taille humaine, évidente et fragile sous ses teghje dérangées, sa charpente ruinée par la mérule et les insectes xylophages...  Dans son environnement un peu trop paisible, un peu trop silencieux, un peu trop loin de la communauté des vivants.

 

 

 

 

Chronique:

 

"Mgr Mascardi a visité cette chapelle en 1589 (fol. 244): "... Eglise paroissiale San Michele, annexe de Sant'Andrea d'Omessa... elle se trouve à un tiers de mille des habitations... son toit laisse passer la pluie... il y a deux portes... les murs sont pleins de trous et comportent une fenêtre en mauvais état... il y a une cloche pendue à un arbre... l'autel est placé sous une abside peinte... il y a 21 feux et 80 âmes" (cité par Geneviève MORACCHINI MAZEL dans "Les Eglises Romanes de Corse", publié avec le concours du C.N.R.S. en 1967).

"Nous supposons que la chapelle San Michele pourrait appartenir au groupe préroman le plus ancien, entre le VIIe s. et le IXe s. ( idem)

A cette époque, bien évidemment, il n'y avait pas de cimetière autour de la chapelle.

Et voici ce qu'en dit Joseph ORSOLINI, pionnier sensible et passionné dans son ouvrage " L'Art de la Fresque en Corse de 1450 à 1520" publié en 1989:

"Sauvée une première fois de la ruine en 1963 (couverture en tôles, charpente effondrée...) la toiture de la chapelle a été refaite en 1983 par l'entreprise Piacentini de Furiani, à la demande des Bâtiments de France. Son toît de "teghje" est surmonté d'un clocheton de construction tardive (XVIIIe s.) ... Les fresques (fin XVe S.) sérieusement décollées par les intempéries furent restaurées en 1964 par les Monuments Historiques (...) Aujourd'hui protégées, elles sont le symbole par excellence de la tradition picturale populaire. (...)"

 

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 Ensemble des peintures de l’abside en cul de four et de son arc triomphal, datables de la fin XVe siècle. Une iconographie bien établie dans nos "chapelles à fresques": au centre de l'abside, le Christ Bénissant, entouré du Tétramorphe. Sous ses pieds, les douze apôtres. De part et d'autre, sur l'Arc triomphal, la scène de l' Annonciation. Sur les pieds de l'Arc, à gauche, la Vierge à l'Enfant, à droite, St Michel.

 

 L’histoire bégaye trop souvent et  25 ans après la réfection de la toiture, voici l’état effrayant de la chapelle : ce lieu où se vit encore, mais pour combien de temps ? le divin dans une expression touchante, appliquée, un peu maladroite, est à nouveau proche de la ruine. Ces dernières années, avant 2004, lors de mes visites de "la Montagne des Orgues", j'avais pris l'habitude, aussi souvent que possible, de faire découvrir ce petit sanctuaire intime, son abside peinte à hauteur d'homme où l'on tutoie sans crainte le Christ en Majesté tant son visage est proche et son humanité évidente.

 

 

 

 

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Le Christ en majesté, bénissant de sa main droite, et tenant de sa gauche le traditionnel livre ouvert: "EGO SUM LUX MUNDI ET VIA VERITAS ET VITA". Il est encadré comme de juste par la représentation du tétramorphe et l'on voit derrière sa tête la Jérusalem Céleste.

Ces fresques ont déjà beaucoup souffert, lessivées par les intempéries, certaines parties se sont effacées comme le visage de Saint Michel, les orbites des yeux de certains  saints personnages se sont vidées depuis longtemps de leurs prunelles, mais il reste un ensemble plein de vie qui résiste encore, mais pour combien de temps? à la dégradation générale de l'édifice.

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                           ... l'Archange Gabriel, dans la scène de l'Annonciation, écoinçon de gauche de l'Arc triomphal....

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... et dans l'écoinçon de droite, la Vierge en prière reçoit la Colombe de l'Esprit Saint.

Les tentures pourpres de sa chambre close évoquent peut-être l'intimité inviolable de son ventre maternel. Le bleu de son manteau, couleur céleste, a bientôt disparu, seul reste le rouge-humanité de sa robe.

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...sous les pieds de la Vierge, l'Archange St Michel, le Saint Patron de cette chapelle.

Selon l'usage, il pèse les âmes et maintient Satan sous sa lance.

Dans la partie basse de l'abside l'on peut détailler les douze apôtres, comme autant de piliers solides de l'église.

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 ...parmi eux, Saint Barthélémy, sa peau d'écorché sur l'épaule et le couteau de son supplice à la main...

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... le tétramorphe, comme toujours, est représenté.
De part et d'autre de la figure majestueuse du Christ: ici, les pattes sur le livre, voici le Taureau ailé symbolisant l'Evangéliste Luc..
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L'Ange du Tétramorphe, symbole de l'Evangéliste Mathieu.
 

 

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...  à gauche de l'abside, sous Gabriel, la Vierge présente sur ses genoux l'Enfant Jésus à l'adoration des fidèles...

Mère de Dieu, Mère de l'Eglise. Là encore, les couleurs se sont estompées... A sa droite, la frise des apôtres en grande conversation et tenant le Livre à la main. Au-dessus de leurs têtes, on aperçoit le Lion de l'Evangéliste Marc.

 
 
 
chapelle Castirla 1.jpg

Et maintenant, voici l'état actuel de la charpente, vue lors de mon dernier passage à la chapelle, le 13 AOÜT 2008. La chapelle est bien entendue fermée au public: les risques d'effondrement de la toiture sont malheureusement aujourd'hui confirmés.

La partie de droite de la charpente a déjà cédé et l'on voit le jour à de nombreux endroits. Sous l'action de la mérule ( ce champignon qui ôte toute cohésion aux fibres du bois, une véritable peste), les poutres ne peuvent plus soutenir le poids des teghje (dalles de pierre couvrant traditionnellement le toit, très lourdes). La mérule s'est installée insidieusement, profitant du glissement incontrôlé de certaines teghje, de l'absence de surveillance régulière de ce lieu, du lessivage des pluies pénétrant en force, de l'obscurité ambiante, un vrai régal pour tous les prédateurs du bois, de quel ordre qu'ils soient... Les taches blanchâtres sur les poutres signent la présence de la mérule, que j'ai appris à reconnaître grâce à un ami architecte qui faisait cette visite avec moi en 2004... Nous avions alerté alors la municipalité de Castirla qui se bat depuis pour tenter de trouver une solution à cette situation d'urgence.

chapelle Castirla 3.jblog pg.jpg

Les instances sollicitées par le maire pour tenter de sauver cet édifice classé par les Monuments historiques le 22 septembre 1958, demandent à ce que soient réalisées des fouilles archéologiques avant de s'atteler à la restauration de la chapelle. L'archéologue pressentie pour ces fouilles a exprimé le désir somme toute assez humain de rester en vie, et remet son intervention à une date indéterminée, lorsque la toiture sera hors de danger... de nuire. A la suite de quoi, l'architecte en chef des M.H. demande à la mairie de Castirla de déposer le toit et de construire une charpente provisoire recouverte de tôles (retour à la case départ! ), ce qui engendre des dépenses très importantes pour cette petite commune proche de Corte. Ce qui  signifie aussi que l'on devra, pour la énième fois, payer une nouvelle toiture... éphémère, celle-là, en attendant d'engager à nouveau de futures dépenses pour la reconstruction de ce toit dont rien, décidément, ne nous garantit le caractère définitif...

Il est dommage que cette chapelle n'ait pas fait l'objet d'une surveillance, après la réfection du toit en 1983. On aurait évité le pire, et allégé d'autant les dépenses de la Mairie et de l'Etat.

Ces toits de lauzes étaient autrefois régulièrement surveillés, entretenus comme l'on entretenait le toit de sa propre maison. On savait que le moindre glissement de teghje entraine forcément et rapidement des dégats, et l'on n'attendait pas pour agir, la chapelle ou l'église paroissiale étant alors vécue au quotidien. Notre problème vient de ce que ces chapelles sont éloignés "physiquement et moralement" des communautés dont elles dépendent. Toutes n'ont pas, comme à Cambia, un ange gardien qui les surveille amoureusement ...

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                                                                     ... éparpillés au sol, des débris de la charpente...

J'ai été profondément surprise de découvrir que cette chapelle si menacée d'effondrement prochain ne faisait pas partie de la première tranche de travaux engagés par la Collectivité Territoriale de Corse: ce projet magnifique des restaurations de nos chapelles à fresques est porteur d'espoir, mais je me demande si nos responsables du Comité scientifique créé au sein de la C.T.C. pour étudier ces projets de restauration  sont venus récemment sur le site de Castirla et s'ils ont connaissance de l'état aujourd'hui désespéré de cette chapelle. Castirla mérite bien autant d'amour et de soins, malgré sa modestie et sa naïveté, que celles de Sermanu, Cambia, E Valle di Campuloru, Brandu (les quatre chapelles sélectionnées pour cette première tranche)... L'urgence absolue d'une intervention saute aux yeux, et si, par malheur, la charpente vient à s'écrouler avant qu'on intervienne, il est probable que les murs suivront de près cette ruine. Ce qui serait traiter le problème par le vide.

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...
 
 

Ceci était "une brève du Purgatoire", pavé, comme l'Enfer de bonnes intentions....

 (à suivre)

11/07/2007

Brève du Purgatoire: Nessa. 11 juillet 2007

 La chapelle San Petru à NESSA. Pieve di Sant’Andrea.

 

fa9d5e9c92951ed7dc19e427def1a31f.jpgNouvelle brève de la chapelle San Petru di Nessa. Pieve di Sant'Andrea

Dans un coin du cimetière, mangée par les tombes,  il ne reste plus de cette petite chapelle romane que l’abside, lessivée par les eaux de pluie et les infiltrations. Lentement ici s’efface un témoignage unique dans l’iconographie des fresques en Corse : la représentation d’une confrérie de femmes, sans doute à l’origine protégée par le manteau de la Vierge   en Majesté, au centre de l’abside et portant sur ses genoux l’Enfant Jésus, dont on aperçoit encore un joli pied nu…. Les visages des femmes sont tendus dans la prière, les mains jointes, les silhouettes dessinées d’un trait sûr et évoquent un univers proche de la petite fresque de la chapelle Sainte Restituta de Calenzana.

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Voici aujourd’hui l’état des lieux :

 

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encore un petit effort ... voire avec du ciment ...

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et TOUT, ENFIN ! aura disparu…même le pied du petit Jésus!

 

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SI VOUS NE L'AVEZ PAS ENCORE, ALLEZ ACHETER LE BEAU LIVRE DE JOSEPH ORSOLINI PARU EN 1989: "L'ART DE LA FRESQUE EN CORSE DE 1450 A 1520", EDITE PAR LE PARC REGIONAL DE LA CORSE ( SAGEP). C'EST L'OUVRAGE DIDACTIQUE D'UN AMOUREUX FOU (ET DECHIRE) DU PATRIMOINE DE LA CORSE...