15/02/2015
les énigmes de la fresque d'Omessa
Les énigmes de la fresque découvertes en novembre 2014 dans l'église Sant' Andria d'Omessa
Pieve de Talcini
( dernière visite le 9/2/2015)
Omessa, Quartier du Rione et l'église Sant'Andria
" C'est l'église paroissiale actuelle. La description de Mgr Mascardi confirme que ce n'était pas une église de fondation ancienne avec un style roman traditionnel; cette indication est en accord avec la tradition orale et certains auteurs qui rapportent que cette église est un ancien hôpital transformé en église en 1460 par Ambrogio d'Omessa, évêque d'Aleria. Du temps de Mgr Mascardi, "elle avait trois nefs, mais les collatéraux étaient un peu étroits ... un toit en charpente ... trois portes; un campanile en forme d'arcade avec deux cloches ..." ( Geneviève Moracchini-Mazel: Les Eglises Romanes de Corse - 1967)
Ambroggio d'Omessa évêque d'Aleria entre 1412 et 1466, aurait donc aurait donc, en 1460, transformé un ancien hospice fortifié "U Rione" en église ( le quartier historique actuel de l'église San'Andria a du reste gardé ce nom) .
Article de Corse-Matin du 14/12/2014
L'église fait toujours l'objet d'une restauration depuis octobre 2014, et l'on a confié à l'atelier de notre amie Ewa Poli le soin des décors peints. C'est en travaillant sur l'autel baroque latéral du Rosaire, après l'enlèvement de la toile, que furent découvertes en novembre quelques traces peintes qui ont attisé la curiosité des restaurateurs. Et après un délicat dégagement, divine surprise! est apparue une fresque d'une grande beauté malgré ses lacunes, révélée après des siècles de sommeil sous un emplâtre de chaux, "dans son jus", vierge de tout repeint, ce qui en fait un cas particulièrement intéressant ...
L'autel construit à l'époque baroque a été plaqué contre ce mur peint à fresque (XV° s.? les analyses souhaitables pourraient nous conforter ou non dans cette datation), -ce qui pose aujourd'hui un dilemme de taille, car une partie de la fresque dort encore sous l'ensemble architecturé de l'autel ... (on connait le même problème dans la chapelle de San Chirgu à Cambia, ou les deux ailes du petit autel baroque avaient été plaquées contre les pied-droits peints à fresque au XV°s.).
Deux espaces se superposent: à l'étage supérieur l'on devine la Charité de St Martin, et à l'étage inférieur, c'est le martyre de St Pierre, crucifié, selon les Actes apocryphes, la tête en bas et les pieds vers le ciel.
La Charité de St Martin:
« Tout ce que vous ferez à l'un de ces petits,
c'est à moi que vous le ferez».
Entre les pattes d'un cheval blanc, un adolescent grelottant reçoit la moitié de la chlamyde (manteau de légionnaire romain) de St Martin, dont on ne voit qu'une main mais ni le corps ni le visage, sans doute encore cachés sous les stucs baroques.
L'enfant nu s'enveloppe dans l'étoffe que la main visible du bon St Martin
du haut de son cheval semble trancher avec son épée.
Une tignasse rousse ébouriffée sur un doux visage fissuré, innocent,
bouche ouverte d'étonnement ... Bouleversant!
A mi-corps un trou béant dans le mur interrompt le corps de l'enfant qui reprend plus bas au niveau des genoux et nous réserve cette incroyable surprise:
à la place des pieds , deux fragiles pattes d'oiseau aux longs doigts humains:
il semble bien que l'artiste ait voulu évoquer ici un lépreux, l'un de ces "Pauperes Christi", "Pauperes Sancti Lazari" , pauvres d'entre les pauvres, les pauvres du Christ, de Saint Lazare, la lèpre rongeant la chair des pieds.
" Martin, qui n'est encore que catéchumène, m'a donné ce manteau" (Martinus, adhuc catechumenus, hac me veste contexit). Le jeune mendiant lépreux, c'est le Christ lui-même. A cette représentation de la Charité de St Martin, épisode célèbre et populaire de sa légende qui se déroule aux portes d'Amiens, se mêle un autre épisode où St Martin, à Paris, guérit un lépreux d'un baiser:
Cette "œuvre de miséricorde" envers un être mutilé dans son humanité, abject et puant, est à rapprocher d'une autre rencontre avec les lépreux, celle du Poverello St François d'Assise, si décisive pour sa conversion:
« Le Seigneur me donna ainsi à moi, frère François, de commencer à faire pénitence : lorsque j’étais dans les péchés, il me semblait extrêmement amer de voir des lépreux. Et le Seigneur lui-même me conduisit parmi eux et je leur fis miséricorde. Et en m’en allant de chez eux, ce qui me semblait amer fut changé pour moi en douceur de l’âme et du corps ; et après cela, je ne restait que peu de temps et je sortis du siècle. Et le Seigneur me donna une telle foi dans les églises que je priais simplement et disais : « Nous t’adorons, Seigneur Jésus-Christ, et dans toutes tes églises qui sont dans le monde entier, et nous te bénissons, parce que par ta sainte croix tu as racheté le monde » ( Testament de St François d'Assise).
Œuvre de charité qui transforme celui qui donne le baiser tout autant que celui qui le reçoit.
Le monde des lépreux est longtemps resté dramatiquement stigmatisé par les populations "saines", un monde d'indésirables et d'exclus, dont on redoutait et fuyait le contact malodorant et la vue insupportable, comme un reflet de sa propre humanité irréversiblement déchue . Dans de nombreuses régions les lépreux vivaient à part des vivants, car on les considérait comme déjà morts et extrêmement contagieux, même lorsqu'il s'agissait de ce que l'on nommait la "lèpre blanche", forme infiniment moins dangereuse que la terrible "lèpre rouge" à l'issue fatale.
Quoi qu'il en soit de la réalité médicale à l'aulne de nos connaissances actuelles, une lèpre dont on pensait qu'elle était héréditaire, créant ainsi des familles entières de parias vivant en dehors des quartiers "sains", affectés à certains corps de métier, comme les métiers du bois - A retrouver ou découvrir en particulier dans l'univers des cagots du Sud-Ouest de la France: http://fr.wikipedia.org/wiki/Cagots - où l'on apprend que ces proscrits spécialisés entre autres dans la charpente avaient été appelés pour réaliser la charpente de Notre-Dame de Paris ...
Toujours est-il qu'ils devaient vivre et se marier entre eux, et avaient obligation de se signaler en portant sur leur costume un signe distinctif en forme de patte d'oie. Une constante dans nos sociétés humaines si promptes à la discrimination de l'Autre : pattes d'oies pour les lépreux et autres cagots, rouelles puis étoiles jaunes pour les juifs etc ... A signaler, dans le genre "intouchables", le fait que le contact des femmes en période de menstrues était considéré comme impur et qu'elles devaient elles aussi, dans certaines régions, partager en ces moments ce même insigne en patte d'oie des lépreux : tout ce qui touche à la nature incontrôlable des femmes est décidément suspect, et on le sait bien depuis la Tentation d'Adam et Eve - La souillure de la lèpre et la nature des femmes sont cousines germaines, et pour faire court, le port de la patte d'oie pouvait s'avérer utile en cas de cour trop pressante de ces messieurs . Dans certains récits hagiographiques des saints, l'on rencontre de jeunes vierges dédiées à Dieu et brusquement affligées de pieds lépreux pour dissuader les amoureux trop entreprenants. Une légende intéressante éclaire assez bien ce propos, celle de la Reine Pédauque (la Reine au pied d'oie): http://fr.wikipedia.org/wiki/Reine_P%C3%A9dauque
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Cet adolescent à pattes d'oiseau: mi-animal (mais quel animal! susceptible d'envol spirituel), mi-humain, nous plonge dans un vertige proche du sacré, une chute vertigineuse dans l'inconscient collectif:
comme ici, dans cette représentation sur une tombe égyptienne de Deir El Medina du "Ba" (dans la conception de l'Egypte ancienne, l'un des sept éléments constituant chaque individu: ici, l'âme -énergie spirituelle de transformation) - en oiseau à tête humaine , symbolisant l'âme mobile du défunt.
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Comme toujours le symbole est rarement univoque, même s'il est intimement relié à l'époque où il s'exprime. Ici ce jeune mendiant/Christ aux pattes d'oiseau est directement intégré à la Charité de St Martin, grand saint s'il en fut parmi tous les saints les plus célèbres d'Europe . La Corse possède un grand nombre de paroisses et sanctuaires très anciens dédiés à ce saint (évêque de Tours à partir de 370) , patron de l'abondance (Divizia!) , protecteur des cultures, des vignes et des troupeaux, et que l'on fête le 11 novembre, jour où l'on goûtera le vin nouveau. Ce qui en fait un saint remarquable de notre ruralité. D'autre part son rôle de missionnaire en butte à l'hérésie arienne tout au long de sa longue vie ( il meurt en 397 à plus de quatre-vingt ans) trouve encore une résonance particulière dans la Corse du V° s. alors occupée par les Vandales, ariens comme beaucoup de peuples "barbares" de l'époque. San Martinu trouve décidément sa place très tôt sur l'île :
"Le fait est que ce saint a été fort populaire en Corse, et qu'il y eut le plus grand nombre de sanctuaires, après Maria, Giovanni Battista et Pietro.
En effet, une bonne cinquantaine de sanctuaires étaient dédiés à San Martino; et parmi ces édifices quelques uns avaient été fondés dès la fin du IV° s. ou le V° s.; mais la plus grande partie d'entre eux ont été élevés au cours du haut Moyen-Âge et plusieurs ont été rebâtis dans le cours du X° s. "
Geneviève Moracchini-Mazel, in Corsica Sacra, p. 38
St Martin donnant l'exemple de cette œuvre de miséricorde envers les estropiés, exilés, malades de la vie, et en particulier envers les plus réprouvés d'entre eux: les lépreux, en gardant à l'esprit toute la portée symbolique de la charité destinée à la chair souffrante du Christ nous ferait pencher vers l'idée d'une dévotion développée ici au sein de cet hypothétique hospice d'U Rione à Omessa.
Ce mur portant cette ensemble peint à fresque appartenait-il à l'oratoire de cet hospice de fondation ancienne avant la construction présumée de l'église Sant'Andria par l'évêque Ambroggiu d'Omessa en 1460 ?
Pour ceux qui voudraient mieux connaître cette grande figure, voici l'histoire de St Martin, empruntée ici au site : http://www.saintmartindetours.eu/p/la-vie-de-saint-martin...:
voûte de l'église San Martinu di Lota
La vie de saint Martin
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Au registre inférieur: le martyre de St Pierre
Crucifixion du Prince des Apôtres St Pierre, la tête en bas et dans un environnement citadin (ici avec une perspective tout-à-fait maîtrisée ) , en 64 sous la persécution de Néron: on raconte dans les traditions les plus anciennes qu'il passe les vingt-trois dernières années de sa vie à Rome. Après l'épisode de son évasion de la Prison Mamertine,
" Prenant la fuite de peur des persécutions, il rencontre sur la Voie Appienne le Christ, portant sa croix auquel il demande " Quo vadis, Domine?" et qui lui répond: "Je vais à Rome afin d'y être de nouveau crucifié." Pierre, honteux de sa faiblesse, retourne alors à Rome où il subit le martyre en même temps que saint Paul: mais tandis que Paul, citoyen romain, a la tête tranchée, Pierre qui n'est qu'un juif, est crucifié.
Les Pères de l'Eglise enseignaient que saint Pierre, ne voulant pas mourir de la même mort que son divin Maître, avait demandé par humilité, à être crucifié la tête en bas. "
(Louis Réau, in Iconographie de l'art chrétien, p. 1078)
Là encore cette représentation du martyre de St Pierre nous intrigue à Omessa, car San Petru n'apparait pas non plus dans la liste des Saints honorés au Moyen-Âge dans la Pieve de Talcini (cf. G.Moracchini-Mazel in: Les églises romanes de Corse, p. 329)
L'autel baroque recouvre le bas de la fresque et nous ne pouvons voir qu'une moitié du corps de St Pierre ... On ne sait ce qui sera décidé par la suite : on aimerait découvrir l'ensemble de la fresque mais ce serait fatal pour l'autel baroque ...
A côté de St Pierre, le soldat bourreau s'affaire, grimpé en équilibre instable sur son échelle. Sur la gauche, des monuments à belle perspective évoquent une Rome antique rêvée.
Sur la droite de cette scène, l'on aperçoit un étendard bien difficile à analyser ... celui de Rome ?
Une sale bestiole dragonnante à mille pattes ? Difficile d'y voir plus clair en attendant une restauration souhaitée : que sera-t-il décidé en "haut lieu" ?. En tous cas une fresque d'une très belle facture . Je suis, quant à moi, sous le charme du visage du mendiant adolescent aux pattes d'oiseau, digne d'un Piero della Francesca ...
Enfin, si vous ne les connaissez pas, découvrez les Chemins de Saint Martin en Europe:
http://viasanctimartini-france.blogspot.fr/
Je signale, à propos des Chemins de Saint Martin le très important travail fait par notre ami Christian Andreani à Patrimonio : une nouvelle aventure pour San Martinu en Corse ...
Patrimonio : A San Martinu, entre festival de la ruralité et fête ...
A suivre!
12:22 Publié dans fresques de corse, les énigmes de la fresque d'Omessa, les sept oeuvres de miséricorde, Omessa, Saint Martin | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fresque d'omessa, cagots, chemins de st martin, pieve de talcini, omessa, la lèpre | Facebook |
24/09/2014
Une journée autour des chapellesà fresques, jeudi 25 Sreptembre 2014
la Montagne des Orgues propose
JEUDI 25 Septembre 2014
une journée de découverte des
chapelles à fresques et églises baroques des pièves de Talcini, du Boziu et du Mercuriu:
Accueil à 9h à Ponte–Leccia sur le parking du Super-U
- Prévoir son pique-nique
Renseignements : 06 17 94 70 72/ 04 95 61 34 85
Castirla, le Christ Pantocrator
L'occasion de rencontrer, par d'étroites petites routes de montagne cette région attachante et richissime d'histoire et de patrimoine.
Au programme de cette journée, le matin : la chapelle San Michele à Castirla (décor fin XV°),
- voir la note:
Castirla: Cappella San Michele, Pieve de Talcini - elizabeth ...
elizabethpardon.hautetfort.com/.../10/.../castirla-cappella-san-michele.ht...
Puis petit concert sur le magnifique orgue Werle de l’église paroissiale de Corté,
suivi d’un pique-nique sur le site archéologique de San Giovanni Battista, piévanie de Venaco.
L’après-midi sera consacrée aux chapelles du Boziu avec Santa Maria Assunta de Favalellu (décor fin XV°)
- voir la note:
favalellu : ELIZABETH PARDON
elizabethpardon.hautetfort.com/tag/favalellu
(Favallelu, Saint Matthieu)
puis San Nicolau de Sermanu, (décor entre 1450 et 1458)
- voir la note ancienne:
à la rencontre des fresques de Sermanu... - elizabeth pardon
elizabethpardon.hautetfort.com/.../a-la-rencontre-des-fresques-de-serman..
Sermanu, St Michel terrassant le dragon
enfin de l’église baroque San Bernardinu de Tralunca
(détail des Âmes du Purgatoire à Tralunca)
...
17/09/2014
Journées du Patrimoine: patrimoine culturel, patrimoine naturel ...
Pour ce cru 2014, je serai quant à moi présente:
Samedi 20 Septembre:
- 10 h Inauguration de la chapelle Santa Maria di Furani, restaurée cette année et dont on pourra admirer les fresques (XV° s.)dégagées et restaurées par l'atelier de Vittoria Giatoso et Sandra Roca Rey: voir la note de ce printemps:
Rencontre des fresques de la chapelle Santa Maria di Furiani
elizabethpardon.hautetfort.com/.../decouverte-des-fresques-en-cours-de-r...
- 15 h Visite de la belle chapelle à double absides jumelles de Santa Cristina de Valle di Campuloru et de ses fresques (1473 ) restaurées en 2009 par l'atelier Hevrard , voir la note:
Visages de Santa Cristina di Valle di Campuloru - elizabeth ...
elizabethpardon.hautetfort.com/.../santa-cristina-di-valle-di-campuloru.ht...
- 17 h Visite de l'église Sant' Erasmu de Cervione et petit concert sur le petit orgue anonyme (XVIII °s .)
- 18 h 30 Visite du centre d'écho-tourisme "U Paesolu di a Suvera a u Ventu": un engagement écologique avec les amis Pascale Tourrenc et Gilles Vandernoot ...
Eco tourisme Corse U PAESOLU DI A SUVERA A U VENTU
www.ecotourismecorse.com/quisommesnous.html
Dimanche 21 Septembre
- 10 h église San Tumasgiu: présentation d'un tableau nouvellement restauré (San Giovanni) et petit concert sur l'orgue Lazari (1761) ...
20:06 Publié dans fresques de corse, Journées du Patrimoine | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
01/05/2014
Echos de la journée sepolcri en Castagniccia du 18/4/2014
En écho des sepolcri du Rustinu et de Castagniccia
ce Vendredi Saint 18 avril 2014
à l'attention des amis qui partagèrent
cette belle " journée des sepolcri" et de ceux qui ne purent venir
FRASSU, église St Côme et St Damien
Nous commençons cette journée lumineuse avec la rencontre de la petite église Saints Côme et Damien de Frassu qui, cet été 2013, était encore en travaux sous ses échafaudages . Des travaux qui ont permis de dégager ce qui reste des murs romans avec leurs belles dalles de revêtement. Je rappelle que Frassu n'a été rattaché à la commune de Pastureccia di Rustinu que le 14/04/1857, formant ainsi, avec les communautés des hameaux de Gratte et Casa Pitti la commune de Castellu di Rustinu.
Au-dessus de la porte d'entrée, et remplaçant le tympan roman initial, cet énigmatique blason de stuc (photo prise avant la restauration de la façade) datant probablement du XVIII°s. : un chapeau d'évêque à trois rangées de pompons surmonte la tiare papale, la crosse et les clés de St Pierre, ainsi deux palmes de martyres (St Côme et St Damien?). Ce blason date peut-être de l'époque où fut agrandie et modifiée l'église romane, avec en particulier la construction côté sud d'une deuxième nef dotée d'une porte et communiquant avec l'église: des objets tels que bâtons de procession et bannières pourraient témoigner en faveur d'un espace dédié à la confrérie de Frassu.
Ce vendredi nous avions parmi nous notre amie Bernadette Conrad . Outre sa parfaite connaissance des plantes, en digne fille de Marcelle Conrad, la grande dame de la botanique corse (cf la publication par Bernadette Conrad de la nouvelle édition des "Promenades en Corse parmi ses fleurs et ses forêts" de Marcelle Conrad:
une maison des abeilles,
à l'intérieur de la maison, ces sortes de niches percées d'un orifice,
communiquant, à l'extérieur, avec la piste d'envol des abeilles ...
Pour en savoir plus sur ces aménagements, vous pouvez consulter par
exemple ce site:
http://www.itarkeo.com/murs_abeilles.php
***
Revenons à nos sepolcri.


et celui de droite
Notre peintre anonyme du XIX° s. montre un talent certain dans l'expression de ces deux visages, beaucoup moins caricaturaux que de coutume.
A-t-il portraituré des habitants de Frassu ?
Toujours est-il qu'ici ces deux gardes n'ont pas cette férocité "mauresque" que l'on peut voir ailleurs,
je trouve même leur visage empreint d'une certaine humanité et d'un zeste de mélancolie.
au centre , au-dessus de l'ouverture, l'invitation à l'adoration du Saint Sacrement.
et, dans l'arc triomphal qui ferme la chapelle, la représentations des Arma Christi , les instruments de la Passion déclinés en bouquet: lance, échelle, éponge imprégnée de vinaigre, marteau, clous, tenailles, roseau, colonne, voile de Véronique, coq ... tout est dit!
sur le voile de Véronique (qui tient du linceul), le beau visage du Christ, les yeux clos, couronné d'épine.
et, pris sur le vif dans la basse-cour voisine, un coq vigoureux donne le LA aux larmes de St Pierre.
***
La fresque de la Passion
à San Tumasgiu di Pastureccia
(fin XV°/début XVI° s.)
Pour l'ensemble de la chapelle, voir les notes depuis 2011:
Une bonne surprise nous attend : après de longs mois de léthargie pendant lesquels la pluie a continué de ruisseler sur les fresques, les choses semblent enfin bouger : on a installé les échafaudages qui présagent une prochaine action de mise hors d'eau du toit. L'ami Toussaint Quilici m'apprend qu'on a finalement renoncé à pratiquer des fouilles archéologiques dont le montant étaient exorbitant et dont le projet retardait, malgré l'urgence et ce depuis de longs mois, la restauration de San Tumasgiu.
L'espoir renait. En revanche la chapelle ne sera plus visitable avant quelque temps, aujourd'hui les fresques sont bâchées en attendant la réfection du toit. Un nouvel appel d'offres devrait avoir lieu pour le programme de restauration des fresques. On a beaucoup perdu en cinquante années d'intempéries et d'incurie : il serait intéressant de savoir si de vieilles photos des années 60 existent encore qui pourraient témoigner de détails aujourd'hui disparus.
Pour le plaisir, un nouveau regard sur "la bande dessinée" de la Passion,
réalisée sur le mur nord de la chapelle, et qu'il faut lire depuis le haut à
droite vers la gauche, puis de la gauche vers la droite.
Tout d'abord, la dernière Cène, avec les visages animés des apôtres.
Ce que je vois:
en haut à droite, le jeune Saint Jean se penche, la main sur l'épaule de celui qui me semble bien être Jésus. Les mains parlent aussi clairement que les mots: "Ce n'est pas moi", disent, incrédules, celles des apôtres du bas, en réponse l'annonce faite par le Christ :
"En vérité, en vérité, je vous le dis, l'un de vous me livrera"
"Les disciples se regardaient les uns les autres, ne sachant de qui il parlait. Un de ses disciples, celui que Jésus aimait, se trouvait à table tout contre Jésus; Simon-Pierre lui fait signe et lui dit: "Demande de qui il parle." Celui-ci, se penchant alors vers la poitrine de Jésus, lui dit: " Seigneur, qui est-ce? " (...)
Evangile selon Saint Jean
"Ils parviennent à un domaine appelé Gethsémani, et Jésus dit à ses disciples: "Restez ici tandis que je prierai." Puis il prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commença à ressentir effroi et angoisse. Et il leur dit: "Mon âme est triste à en mourir; demeurez ici et veillez." Etant allé un peu plus loin, il se prosterna contre terre et il priait pour que cette heure passât loin de lui. Et il disait "Abba (Père!) tout t'est possible éloigne de moi cette coupe; cependant, pas ce que je veux, mais ce que tu veux!". Il revient et les trouve en train de dormir . (...)"
Evangile selon Saint Marc.
On peut reconstituer mentalement une partie de la lacune: sur la droite, un ange tendait peut-être un calice à Jésus.
le visage de Jésus
le visage de Jacques ?
Celui, endormi, de Pierre
On a perdu celui de Jean, effacé, entre Pierre et Jésus
l'arrestation de Jésus: il me semble que l'on assiste au baiser de Judas
la comparution de Jésus devant Caïphe, le Grand-Prêtre (vêtu de jaune) du Sanhédrin
la flagellation
Visage du Christ flagellé
la crucifixion:
"Stabbat Mater Dolorosa
Juxta Crucem lacrymosa
Dum pendebat Filius"
le Christ en croix
le visage de la Vierge
au-dessus de la crucifixion un écrit
qui reste à déchiffrer
enfin, sur le pied droit de l'arc triomphal,
ce dernier visage :
" Ecce Homo"
***
Eglise Santa Maria de Castellu di Rustinu
le sepolcru:
ce que vous n'avez pas vu ... à retrouver sur la note :
(à suivre! dès que je peux, pour le reste de la journée ...)
17:00 Publié dans chapelle San Tumasgiu di Pastureccia, chapelles romanes corses, fresques de corse, ruchers anciens de corse, sepolcri de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : frassu, castellu di rustinu, pastureccia, sepolcri de corse | Facebook |
17/04/2014
Rencontre des fresques de la chapelle Santa Maria di Furiani
A la rencontre des fresques (XV° s.)
redécouvertes lors de la restauration de la chapelle Santa Maria di Furiani,
piévanie d'Orto, diocèse de Mariana
(troisième tranche du programme de restauration des chapelles à fresques de Corse)
ce dimanche 13 avril 2014 et en avant-première ...
(privilège accordé par les restauratrices italiennes Sandra Roca Rey et Vittoria Giartosio )
Cette chapelle fait actuellement et depuis le mois de juin 2013 l'objet d'une restauration comportant les murs, la couverture de teghje, l'étanchéité et les fresques, sous l'autorité de l'architecte du Patrimoine Jean_Manuel Paoli :
La restauration des fresques de Santa Maria di Furiani a été confiée au Gruppo Giartosio, atelier composé pour cette occasion de 4 personnes: Vittoria Giartosio, mandataire avec Sandra Roca Rey et Donatella Buttiglione co-traitantes, restauratrices des peintures murales et Yves Lutet, co-traitant, restaurateur des supports.
portant sur la toiture, l’extérieur, l’étanchéité et les fresques.
Je fais cette visite en ce dimanche 13 avril 2014 nuageux, sur l'invitation chaleureuse des deux restauratrices italiennes des fresques (atelier du Gruppo Giartosio, qui avait déjà réalisé la restauration des fresques de San Pantaleu di Gavignanu).Vittoria Giartosio et Sandra Roca Rey, souhaitent partager avec moi la joie de leurs découvertes: la mise à jour d'un ensemble de fresques jusqu'alors occultées par un badigeon de lait de chaux - dont on ne connaissait qu'une infime partie (deux têtes d'apôtres: San Filippu et San Taddeu), et dont on a, hélas aussi, perdu à jamais certains éléments, détruits parfois stupidement par piquetage, m'a-t-on dit, "pour retrouver la pierre nue" (eh oui!) ...
Ecoutons Geneviève Moracchini-Mazel dans son ouvrage Les églises romanes de Corse , publié à Paris en 1967 avec le concours du C.N.R.S.:
"L'antique chapelle Santa Maria de Furiani, qui existe toujours bien conservée mais isolée dans la montagne au-dessus du village, était la piévanie d'Orto. (...) On accède à cette chapelle en trente minutes de marche, en empruntant un sentier [je signale qu'on le trouvera au niveau du cimetière du village de Furiani: ne cherchez pas y aller en voiture! E.P.] qui va de Furiani à Biguglia. Elle est superbement placée à flanc de montagne en surplomb sur la plaine et l'étang de Biguglia" (p. 430)
" Nous ne savons pas de façon sûre si l'église elle-même appartenait au monastère de la Gorgone, mais nous savons que tous les revenus qu'elle possédait avaient été offerts à celui-ci en 1150 par Pierre, évêque de Mariana qui, disait-il, avait fait fait ce geste en signe de reconnaissance (...) (ibidem)
"En outre, les constructions que l'on peut voir encore près de l'église seraient, selon la tradition orale, les ruines d'un ermitage; une source voisine porte le nom de fontana ai monaci. Il n'est donc pas impossible que le monastère de la Gorgone y ait entretenu soit un ermite, soit quelques frères." (ibidem)
C'est une belle chapelle à nef unique,
(fenêtre meurtrière façade Sud)
(porte latérale de la façade Sud)
" Les deux portes , à l'Ouest et au Sud, sont surmontées d'un simple linteau et d'une archivolte monolithe sans décor encadrant un tympan nu." (ibidem)
avec son abside bien orientée à l'Est.
Ecoutons à nouveau G. Moracchini-Mazel:
"Il faut distinguer , croyons-nous, deux époques (...) . Toute la partie orientale avec l'abside ainsi que la façade occidentale appartiennent à un premier sanctuaire que nous supposons bien ancien: vers le IX° s. peut-être. Nous y retrouvons de petites pierres quadrangulaires,avec quelques dalles plus importantes aux angles. (...) (ibidem)
" L'étroite fenêtre meurtrière comporte une petite archivolte échancrée en arc brisé et décorée d'un simple trait gravé" (ibidem)
Une chapelle, en cet fin d' après-midi d'avril, qui semble fleurir dans la belle fabrique de son pré (comme aurait dit l'ami Francis Ponge), où, pour prendre la photo de l'abside, l'on s'enfonce voluptueusement à mi-jambes au milieu de trèfles, de bourraches , pois de senteur, jeunes chardons, dans toute la généreuse impatience du printemps ...
la fenêtre meurtrière de la façade Nord,
elle aussi décorée sobrement d'un double trait gravé
La porte ouverte invite à la découverte
Les fresques découvertes par Sandra et Vittoria
en quelques images, prises depuis les échafaudages. Il y aura des lacunes, faute de recul ou de visibilité, mais je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager dès à présent cette rencontre.
Sandra et Vittoria contemplent leur royaume du moment : le métier de restaurateur, en plus des connaissances et des qualités artistiques, requiert souplesse, endurance (au froid en particulier!), et résistance au vertige ...
" A l'intérieur, on a ajouté tardivement de bizarres arcs diaphragmes pour soutenir la charpente et la vieille toiture de teghie" (ibidem)
J'avoue que ces arcs, dont je ne conteste pas l'utilité, défigurent passablement la nef ...
grimper n'est pas une sinécure, mais une fois là-haut ...
Merveille!
Le Christ Pantocrator
Sandra et Vittoria ont vu apparaître peu peu l'ensemble du magnifique décor de l'abside : le Christ Pantocrator entouré des quatre figures du Tétramorphe.
Le Christ, confortablement installé sur un trône garni de jolis coussins, bénit comme à l'accoutumée de sa main droite et présente dans sa main gauche le Livre ouvert,
sur lequel apparaissent en lettres gothiques l'éternel message: "EGO SUM LUX MUNDI ET VIA VERITAS ET VITA". Un Livre qui, cette fois, ne repose pas sur ses genoux, mais est brandi à bout de bras.
Derrière la figure majestueuse du Christ bénissant, le dossier du Trône se transforme en représentation détaillée et étonnante de la Jérusalem Céleste : une vision exceptionnelle dans l'iconographie habituelle!
Nez bien dessiné, lèvres serrées sous une fine moustache, barbe courte, interrogation d'un regard mélancolique dans ses yeux immenses: le Christ semble sonder la folie de ce monde qu'il bénit.
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Le Tétramorphe
Entourant le Christ en majesté, les quatre figures ailées symbolisant les quatre évangélistes: l'Aigle de St Jean, le Lion de St Marc, l'Homme de St Matthieu, et le Taureau de St Luc. Ici, le Lion et le Taureau, curieusement enclos dans un cadre blanc souligné d'ocre rouge, se répartissent l'étage inférieur, tandis que l'Aigle et l'Homme occupent l'espace supérieur, de part et d'autre du " trône- Jérusalem". Ces quatre figures gardent et transmettent le Livre.
A la droite du Christ, l'Aigle, allégorie de l'élévation spirituelle de l'Evangile de St Jean;
à sa gauche, l'Homme, allégorie de l'humanité du Christ: un Homme ici curieusement accroupi, fesses au sol, et humble: St Matthieu commence son évangile avec l'ancrage généalogique de l'homme Jésus - " Livre de la génération de Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham ( ...)" .
Le Taureau de St Luc: allégorie du sacrifice du Christ et de son rôle de prêtre - l'évangile de St Luc commence par l'évocation du sacrifice du prêtre Zacharie, futur père de St Jean-Baptiste -
On remarquera le joli décor en pochoir de l'auréole
Sous l'Aigle de St Jean, le Lion de St Marc qui symbolise à la fois la royauté du Christ mais aussi le rugissement du lion dans le désert: " Voix de celui qui crie dans le désert: Préparez la voie du Seigneur; aplanissez ses sentiers" .
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Les apôtres
Sous la représentation du Christ en majesté et du Tétramorphe, devait prendre place la série des apôtres, dont il ne reste , hélas que peu d'éléments.
Avant la restauration l'on ne pouvait distinguer clairement que ces deux têtes d'apôtres, San Taddeu et San Filippu, décrites par Joseph Orsolini (dans son précieux et sensible ouvrage: l'Art de la fresque en Corse de 1450 à 1520 - publié en 1990):
" Nous y rencontrons deux têtes d'apôtres (Saint Philippe et Saint Taddée) assez facilement reconnaissables, possédant, malgré un léger effet estompé, de très beaux coloris aux chaudes nuances: ocre rouge, cinabre, rose, ocre jaune, jaune clair sur fond bleu.
Tournés l'un vers l'autre, sans réellement se regarder, les deux apôtres représentés semblent adopter l'attitude d'une profonde méditation."
L'artiste a pris soin de donner de la vie au pâle visage des apôtres, par une jolie touche de fard ocre rouge sur les pommettes et sur les lèvres ... Visages doux et ronds, méditatifs et compatissants, oui, aux paupières bien dessinées.
(San Taddeu)
(San Filippu)
Non loin de là, à côté de la fenêtre meurtrière, les restauratrices ont fait apparaître le corps de St Jean, à défaut de retrouver son visage, perdu à jamais. Un traitement très moderne des plis de son vêtement: l'artiste a le sens du décor et des volumes simplifiés.
Saint Jean tient le calame de sa main droite, prêt à rédiger l'évangile et garde le Livre dans son autre main, décoré d'un petit coup de pochoir à fleurettes pour faire joli ... Il me semble que je les vois faire!
Plus à droite de l'autre côté de l'abside, l'on distingue les jambes de St Barthélémy, reconnaissable à son corps d'écorché vif: l'on aperçoit la peau de sa main qui pend. Et toujours ce décor de fleurettes au pochoir ...
L'artiste a pris soin de placer des "étiquettes" au-dessus de ses personnages, comme ici pour Bartulumeu, Bertolom ...,
toujours soigneusement écrites en lettres gothiques,
comme ici pour ce qui semble être Sta Caterina ( Catherine d'Alexandrie), et dont il ne reste plus que le visage estompé.
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L'Annonciation
Dans les écoinçons de l'arc triomphal, le plus souvent dévolu à la représentation de l'Annonciation, nous avons perdu à jamais l'archange Gabriel. Heureusement Sandra et Vittoria ont pu mettre à jour cette merveilleuse figure de Marie, dans son encadrement joliment décoré,
agenouillée devant son prie-dieu, dans sa chambre bien close aux tentures rouges, habillée de sa robe rouge (insigne à la fois de sa royauté et de son humanité), également ornée de fleurettes, voilée et revêtue du manteau céleste,
elle reçoit, les bras grand ouverts, le message de l'Ange.
Un bien beau visage rond de paysanne, réservé mais sans crainte ni fausse pudeur.
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Mur Nord : la Crucifixion
On imagine sans peine la joie des restauratrices lorsqu'elles ont dégagé, sous le badigeon de lait de chaux, et sur le mur Nord, cette très belle Crucifixion. Je referai ces photos après le départ des échafaudages qui empêchaient une vision d'ensemble, mais voyez déjà:
le Christ mort en croix, les yeux clos.
Son sang jaillit de ses plaies,
recueilli dans des calices par deux anges
l'ange de droite recueille et adore
et l'ange de gauche, main sur la poitrine, exprime aussi amour et compassion
sous lui, la Vierge.
Au pied de la croix, les trois présences douloureuses de Marie,
Marie-Madeleine et Jean.
Marie, bien que très effacée, laisse paraître son immense chagrin, sa main crispée sur la joue :
" Stabat Mater Dolorosa,
Juxta Crucem lacrymosa,
Dum pendebat Filius "
De l'autre côté au pied de la croix, St Jean, prostré, à bout de forces, prie.
Enfin, au bout des longues jambes musclées (Jésus était un marcheur!) l'aimante Marie-Madeleine, agenouillée, baise les pieds du Christ, ces pieds qu'elle avait naguère baignés de parfum, essuyés de sa longue chevelure en offrande éperdue d'amour, ces pieds aujourd'hui suppliciés. Magnifique !
Une date:
MCCCC ...
C'est toujours un cadeau de retrouver une telle inscription, même lacunaire. Parmi les fresques datées de ce XV° siècle, il faudrait comparer celles-ci, en particulier, avec les fresques de San Nicolau di Sermanu (entre 1450 et 1458, d'après Joseph Orsolini), celles d'Aregnu (1448 et 1458), celles, un peu plus tardives de Valle di Campuloru (1473), ou du trop peu qui nous reste, hélas, de San Michele di Muratu ...
Merci à Sandra
et à Vittoria
de m'avoir accueillie ici, et permis de découvrir avec elles ces fresques inespérées et si attachantes. Je reviendrai compléter et refaire ces photos lorsque tout sera fini et que la chapelle sera débarrassée de ses échafaudages ...
( à suivre!)
18:32 Publié dans fresques de corse, Furiani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chapelle santa maria di furiani, fresques furiani, christ pantocrator, tétramorphe, stabat mater dolorosa | Facebook |