18/01/2011
petite ode aux chemins de Balagne et d'ailleurs
CHEMINS
du fonds des âges
chemins de passage
chemins des bêtes
puis chemins des hommes
chemins de transhumance
piétinés par les troupeaux les pieds nus
chemins dallés chemins vécus
cheminant entre villages et vallées
d'une pieve à l'autre
entre plaine et montagne
chemins sonnant et résonnant
voix et sonnailles
sous le pas des bergers et des troupeaux
des laboureurs et des boeufs
des soldats des glaneuses des colporteurs des lavandières
chemins de misère et chemins d’abondance
chemins du malheur et chemins de la résistance
chemins des fêtes et chemins du besoin
chemins pour descendre en plaine dès l’aube
en remonter le soir au pas de l'âne
vannés et chargés
chemins d'altitude pour semer et récolter là-haut
nourrir la famille
quand les terrains d'en bas font défaut
chemins pour courir à la veillée sous la lune
de l’autre côté du col
de l’autre côté du gué
de l'autre côté du monde apprivoisé
chemins de tous les dangers
de l'embuscade des vivants et des morts
chemins de l'amour et du baiser
sérénades en chemin
chemins bordés de murs hautins
où des riches jardins
s’ouvrent et se referment les portails
à grosse serrure
clos
encadrés de pierres taillées
surmontés d'un fier linteau daté
signé pour que nul n'ignore
pas même celui qui ne lit pas
chemins de l’huile et du grain
bordés de moulins aux lourdes meules
chemins du vin entre les vignes le pressoir le tonneau
chemins de service à l’ombre des grands chênes
petits chemins de traverse
qui parcourent la trace d'anciens lieux dits
délaissés perdus oubliés sous la fougère
sur le chemin
depuis le port transporter à dos de mule
ce qui vient d’ailleurs
de Toscane de Ligurie d'Elbe la proche
de France du Cap Corse
ce qui manque
les produits manufacturés
ce qui fait rêver
ces draps fins
ces riches velours dont s'habillent les donateurs
sur les toiles peintes de la dévotion
ces statues miraculeuses
sur le passage desquelles jaillissent les sources
ces beaux objets pieux peints ciselés dorés
chapelles en chemin
et chemins des confréries
des gens cheminant en procession pieds nus
pour que la terre donne du fruit
que nous soit épargnés
la sècheresse la pourriture le criquet
la tempête la peste le choléra
pour forcer la solidarité divine
renforcer la solidarité humaine
remercier les bons saints de proximité
San Martinu San Roccu San Bastianu
entendre en chemin le chant des cloches
par-dessus les oliviers les châtaigniers
les hêtres les genévriers les chênes
jusqu'au sommet des montagnes
jusqu'au creux du vallon
jusqu’aux maisons
les cloches
qui tintent jour après jour l’angélus
au fil du temps
tissent à l'air libre
la naissance et la mort de chacun ici-bas
de ce village-ci de ce village -là
sonnent à la volée
le jour de Santu Stefanu Santa Vena
San Michele Santa Catarina San Gavinu
Santa Maria Assunta San Quilicu Santa Julitta
San Pietro San Marcellu Santa Nunziata
San Salvatore San Tumasgiu Santa Lucia
Sant’ Annunziata San Carlu Sant’ Andrea
Santa Croce San Simone
San Bartolomeu
dans l'intimité San Barto
ils sont si nombreux si bienveillants
on ne peut les citer tous
pourquoi s'en priver
et qui ne vit dans l'intimité de ses saints
a peu de chance de s'en sortir en chemin
naguère pour se trouver
rencontrer l’autre en chemin
Occhjatana, depuis la montagne
au-dessus de Speluncatu, enclos et chemin
la traite
une famille nombreuse à nourrir
de retour du lavoir
entre jardin et village
labour de montagne
sur l'aghja
l'aghja entre Ville di Paraso et Speluncatu
les musiciens de la sérénade
sur le sentier de Belgodère
portail de jardin
c'était un grand moulin
les belles donatrices ( 16°s. Belgodère)
la Vierge des Douleurs, Belgodère
en procession, la confrérie de Speluncatu
en avant! la confrérie de Costa
sur le chemin, la chapelle san Filippu de Speluncatu
Les photos anciennes proviennent du fonds récolté par Speluncatu
14:55 Publié dans chemins, corse, patrimoine de la solidarité humaine, poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sentiers de balagne, chemins, belgodère, ville di paraso, ochhiatana, speluncatu, confréries | Facebook |
06/01/2011
petite brève du Purgatoire: "Organo pleno" en Corse mardi 28 décembre 2010
Sur FRANCE-MUSIQUE, le deuxième volet de l'émission d'ORGANO PLENO, de Benjamin François,
ce 28 décembre dernier.
(Un des plus beaux instruments emblématiques de la Balagne: l'orgue anonyme de la confrérie San Carlu, 1733, restauration de B. Formentelli en 1976: si mes oreilles ne m'ont pas trahie, c'est ici qu'a été jouée et enregistrée la toccata de Zipoli, par Dominique Ferran (in "Zipoli l'Européen, les chemins du Baroque, CD K 617 037, en 1993) - Au fait, une véritable discographie des orgues corses eût été bien venue dans cette émission ou, à défaut, sur le site de Benjamin François)
J'ai écouté hier en différé cette deuxième émission sur les orgues de Corse. En vérité je reste perplexe sur les intentions de Benjamin François: voulait-il faire découvrir les orgues de Corse et à quel public s'adressait-il? Connaisseurs? "grand public" ? Quoi qu'il en soit ce deuxième volet, plus intéressant en soi que le premier, m'a semblé davantage dédié à la voix qu'aux orgues de l'île: il eût mieux trouvé sa place dans une étude sur le chant polyphonique en Corse.
Toute cette émission repose sur une idée sympathique mais irréelle quant aux pratiques d'aujourd'hui, celle d'un alternatim entre les chants polyphoniques et les interventions de l'orgue.
Parole de coliturge, si je m'avisais de pratiquer cette alternance improvisée entre les versets chantés par les chantres du village lors du Kyrie, du Gloria ou de l'Agnus en situation de messe à Speluncatu, je m'attirerais les foudres de mon curé, toujours "à la bourre" entre deux offices!
Que cet alternatim ait existé par le passé, on peut le penser, à une époque désormais révolue où il y avait au moins un prêtre par paroisse et où les cérémonies se déroulaient avec tout le temps et le faste requis ...
Les interventions fort savantes de nos amis de Pigna témoignaient de leur travail depuis des décennies pour le riacquistu du patrimoine culturel de la Corse. En revanche je doute qu'à l'écoute de cette émission les auditeurs non initiés aient découvert réellement ni la diversité du patrimoine organistique de l'île, ni la pratique actuelle du chant dans les villages.
Pour les orgues, on aurait aimé en savoir un peu plus sur la composition de ces instruments, goûter, comme on goûte les vins de terroir, la saveur particulière de tel ou tel jeu, du cornetto, de la voce umana ... et si les interventions à l'orgue Viviane Loriaut sont toujours aussi musicales (ah! le Tiento de Correa!) on aurait apprécié qu'elle nous fasse entendre cet orgue Agati-Tronci de Rogliano aussi avec un répertoire du dix-neuvième siècle, ce qu'elle fait également très bien (voir sa discographie). Bref, un grand nombre d'orgues corses datant du 19° siècle il me semble très réducteur pour le public de n'évoquer que la musique ancienne de nos très chers Frescobaldi ou Correa de Arauxo !
La tribune et le buffet de l'orgue de Roglianu, église sant Agnellu, qui abritait au 18°siècle l'orgue LAZARI de 1731. La reconstruction et l'agrandissement de cet orgue par la firme Agati-Tronci en 1888 va mettre en danger l'ensemble...
la tribune, alourdie par l'augmentation des jeux, est menacée d'effondrement et lors de la restauration en en 1988, J.F.Muno va installer l'orgue restauré dans une chapelle latérale: c'est cet instrument que nous avons entendu lors de l'émission du 28 décembre.
l'esthétique musicale de cette fin 19° siècle se traduit par l'abondance des jeux " da concerto", où en particulier les anches se font la part belle ...
Il est bien évident que la composition (6 rangs de ripieno décomposé + flauto + voce umana) d'un petit orgue comme celui-ci à Costa, anonyme du début 19°siècle, évoque une toute autre pratique musicale ... plus proche de l'esthétique classique italienne des 17° et 18° siècles et servira d'autres musiques. C'est ce qu'on aurait aimé percevoir dans l'émission de Benjamin François.
Par ailleurs quelques erreurs "d'étiquetage" des plages sonores ont embrouillé l'écoute ... du moins pour les connaisseurs. Peu importe sans doute: probablement estime-t-on en haut lieu qu'un orgue en vaut un autre et que tous les interprêtes sont interchangeables ...
Enfin, à nouveau on peut s'étonner de ne pas avoir appris ce qu'a été et ce qu'est toujours "ROC" (Renaissance de l'orgue corse), cité dans l'émission mais sans explication. Etrange zappage qui occulte une masse de travail et de connaissance sur l'orgue corse.
***
Venons-en au chant.
L'histoire de cette réappropriation mériterait plus qu'une note brève de réaction à cette émission.
Pour faire court, disons seulement ceci: le propos du chantre et confrère de Roglianu, évoquant la transmission naturelle et tranquille du chant entre les générations m'a paru ce qu'il y avait de plus juste et de plus réaliste. Certes il a été nécessaire dans différentes communautés de renouer avec le chant du village grâce au travail "musical" de certaines personnalités, mais heureusement ce travail initial ne s'est pas sclérosé dans un seul mode opératoire et notre expérience du chant s'est rapidement affranchie de tout calque extérieur: avant tout, le chant, ce sont des gens qui le passent, qui l'expriment avec leurs qualités particulières et parfois aussi leurs manques. Il n'y a pas un seul modèle labélisé pour porter le chant, une seule démarche "esthétique" pour recevoir l'estampille AOC du chant corse ... Il n'est souvent pas nécessaire d'ornementer de façon savante pour être "juste" Ni du reste d'être dans la polyphonie pour être corse.
J'ai le souvenir d'un Libera me terriblement simple et poignant, chanté à voix seule par un vieux monsieur de Muro pour l'enterrement d'une jeune femme: on était là aux antipodes de ces beaux chants polyphoniques qui plaisent tant aux amis touristes, mais on était dans la réalité profonde de ce chant d'adieu et d'accompagnement. Des souvenirs comme celui-là, j'en ai beaucoup qui témoignent avant tout d'une façon simple d'être au chant, rien de savant, mais tout dans la présence sans tricherie, dans l'intention et le partage.
A ce sujet, seulement un autre souvenir: sur cette vieille photo que j'aime beaucoup, l'on voit Ceccu Saladini au centre, chantant en compagnie de Nunziu et de Santu. Pour les amis du Ghjunsani, ces noms disent beaucoup ... Nous avions ensemble travaillé à la renaissance des chants religieux d'Olmi Cappella et pour moi cette période privélégiée m'avait ouvert les oreilles et le coeur, me conduisant par la suite au travail communautaire de la messe de Speloncatu .
Un peu plus tard, Ceccu, après le décès de sa chère épouse, affligé et fatigué, avait désormais refusé de chanter encore pour l'église. Jusqu'au jour où une vieille dame amie décèda à son tour à Piuggiula: et là, contre toute attente, Ceccu, pour la dernière fois, lui a fait, nous a fait le cadeau de sa présence. Dans la petite église bondée, vous auriez entendu voler une mouche: nous étions suspendus à la voix de Ceccu, voix d'asthmatique et de cardiaque. Avec lui, le bassu et la terza accompagnèrent ce jour là ce filet de voix dans un murmure doux comme une ultime berceuse, un ultime viatique pour Angèle ...
Cette émotion là me parait bien loin de l'apprentissage formaté de la riuccada ou de l'harmonie traditionnelle. Tous ces groupes vocaux qui interprètent avec leurs voix magnifiques le répertoire traditionnel des villages sont parfaits en concert mais sans doute plus proches des conservatoires de musique que des communautés villageoises elles-mêmes. Ils n'ont sans doute plus grand chose à voir avec le travail solidaire et de longue haleine mené par les confréries des villages ni avec leur rôle au sein des villages ... Deux mondes distincts.
Ici les trois chantres qui chantent a Nanna à Olmi Cappella (entendue au cours de l'émission)
in: Chants religieux et Orgues de Corse,
double CD avec les orgues d'Olmi Cappella et de Muro,
Marie Hélène Geispieler à l'orgue.
Disque CORIOLAN COR/GPP 325 0401
(à suivre)
11:29 Publié dans brèves du purgatoire, corse, orgues historiques de Corse, patrimoine, patrimoine du chant corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : benjamin françois, organo pleno, dominique ferran, orgues de corse, chant polyphonique de corse, alternatim voix et orgue, ceccu saladini | Facebook |
30/12/2010
La famille des Stuart en Corse
Les STUART de Corse:
dans la pieve di Caccia,
au couvent San Francescu di Castifau
construit à cheval sur le col qui chevauche les territoires de Castifau et de Moltifau. Lieu chargé d'histoire, en particulier à l'époque de Paoli:
"Après son retour en Corse, le 16 avril 1755, Pasquale de Paoli est accueilli par les chefs corses réunis au couvent San Francescu di Castifau, pieve di Caccia, en tant que député de Merusaglia. Les travaux de ce directoire élargi jettent les bases de la première constitution de la Corse en édictant toute une série de règlements et de décrets de droit commun et pénal. Le choix de la pieve de Caccia pour réfléchir aux fondements légaux de l'Etat corse et à sa structuration ne doit rien au hasard. En effet, dans cette pieve, les nationaux corses peuvent s'appuyer sur l'apport de nombreux juristes formés dans les prestigieuses universités toscanes" ( "Stuart of Corsica, l'origine dévoilée, de Desideriu Ramelet Stuart, éditions Stuart of Corsica, p.11)
(les bâtiments conventuels)
... Lieu onirique s'il en fut, avec son église trouée de lumière et ses sépultures anarchiques sous la voûte béante (qui résonnait autrefois du chant de l'orgue Lazari installé en 1758 dans la niche au fond du choeur - aujourd'hui transféré dans l'église paroissiale San Nicolau de Castifau)
(photo de Tomas Heuer)
Je m'étais souvent interrogée lors de mes visites sur la présence inattendue de ces noms de la famille STUART sur un certain nombre de tombes du cimetière: cette référence à la célèbre famille royale d'Ecosse résonnait pour moi d'une façon fort mystérieuse, comme une mélodie imprévisible, une invitation à suivre une trace différente et ténue dans l'innombrable piétinement des destins croisés dans l'histoire de la Corse...
***
Le Père Noël, qui décidément est un type bien informé, m'a offert cet ouvrage particulièrement bien documenté et qui porte un éclairage passionnant entre autres sur les relations occultes et complexes nouées entre la Corse et l'Ecosse au sein de l'Europe des Lumières à l'époque de Pasquale Paoli :
travail extrêmement sérieux et riche de documents inédits du jeune historien Desideriu RAMELET-STUART, Maître en sciences historiques et diplômé de l'Université de Corte.
Certaines familles de Balagne, en particulier d'Aregnu et de Speluncatu trouveront là du bon grain à moudre et l'on rencontrera dans le sillage de cette recherche sur les Suart des Grimaldi d'Esdra, des Saladini de Speluncatu, des Casta, des Arrighi...
Je ne saurais trop vous conseiller d'acquérir cet ouvrage qui place la Corse du XVIII°siècle au coeur des enjeux stratégiques complexes des grandes puissances de l'époque.
Il y sera question entre autres des forges de cette région de Caccia (riche en mines) et de leur exploitation pour produire des pièces d'artillerie lors de la guerre paoline ... histoire particulière où se trouvera sans doute mêlé la famille Saladini de Speluncatu: mais là, nous attendrons avec impatience la poursuite du travail de notre auteur Desideriu Ramelet Stuart ...
à suivre, donc!
19:32 Publié dans corse, histoire de la Corse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : desideriu ramelet-stuart, famille stuart de corse, aregnu, speluncatu, grimaldi d'esdra, mibelli, casta, parsi | Facebook |
25/12/2010
Natale 2010
La veillée de Noël 2010
à Speluncatu, la veillée partagée avec tout le village, jeunes et vieux, chantres et assemblée:
les enfants , bien concentrés, chantent leurs Noëls
Marie, dans l'assemblée:
"Tu scendi da le stelle, ore del cielo
E vieni in una grotta al fredo, al gelo
O Banbino, mio divino, lo ti vedo qui trema
O Dio beato!
Ah ! Quanto ti costo l'avermi amato ..."
suivie de la messe chantée ...
Merci Edouard, d'avoir réalisé les livrets de cette veillée, bien utiles!
Retour à la petite gare:
un chemin de lumière nous conduit au feu de la plaine
chaleur du vin chaud
et du feu préparé par les enfants depuis ces jours derniers
sous la conduite de notre maître du feu, Gaspard
et pour la plus grande joie des farfadets de la famille
16:57 Publié dans corse, famille, nature | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
20/12/2010
Bon Natale!
Bon Noël !
Nativité
avec Jean Hey, dit le Maître de Moulins, vers 1480 (Musée Rolin d'Autun), actuellement exposée à Paris au Grand Palais ("FRANCE 1500")
avec la tenture de la Vie de la Vierge
( Collégiale Notre Dame de Beaune)
Avec cette toile inattendue attribuée à Zurbaran- ou de son école , à l'église saint Andreu de Campana (Castagniccia, Corse) ...
A ce propos, peu de scènes de nativités de Jésus représentées dans les églises de Corse: on trouve en revanche beaucoup plus fréquemment des toiles célébrant la nativité de la Vierge ...
(naissance de la Vierge, F. CARLI)
... comme celle-ci, dans l'église d'Erbajolo ...
Dans la nuit de Noël peut-être chanterez-vous comme nous le ferons à Speloncato , entre autres chants ... cette version corse du célèbre "Il est né le Divin Enfant":
(la main de la petite Louise, naissance)
"Ohhje hè nata una maraviglia
A l'iniziu d'a nova storia
Oghje hè nata una maraviglia
Tuttu hè pace è tuttu hè gioia
Prumessa fatta seculi fà
Festighjemu oghje l'arrivata
Di quellu chi hà da salvà
Di u mundu a rinumata.
Eranu seculi è piu
I prufetti l'avianu detta
Chellu si chiamarebbe Gesu
Tutti inseme femuli festa.
Fra un boie è un sumere
Per agrottu solu una stella
Incu e stelle pè lumere
O cusi bella sta nuttata ..."
(Beaune)
12:04 Publié dans corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |