Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/09/2010

la confrérie féminine de San Petru di Nesce/Nessa

San Petru di Nesce, Pieve di Sant'Andrea

(Je reprends et complète, avec les informations les plus récentes, ma dernière note sur ce sujet)

Nessa fresque confrérie féminine blog.jpg

E PISOCHJE (fresque du XV° siècle), dans le reste de l'abside du reste de la chapelle dans le cimetière...

Notre ami Joseph Orsolini , dans son ouvrage de référence: " L'Art de la Fresque  en Corse de 1450 à 1520" (édité par le Parc Naturel Régional de la Corse) avait déjà tiré en 1989 la sonnette d'alarme pour signaler l'état désespéré et désespérant de ce petit joyau unique dans l'histoire des fresques de Corse.

Nessa-massacre chapelle fresques juillet 2007 001.jpg

La petite abside de cette chapelle dévorée par les sépultures anarchiques, massacrée par le ciment ...

Je cite Joseph Orsolini (p. 42):

" Heureusement pour notre connaissance du programme iconographique des fresques de l'Ile de Corse, le choeur de cette chapelle conserve encore, comme le bien le plus précieux de son ancienne grandeur, un tout petit détail pictural d'une première importance. Il s'agit de la représentation d'une confrérie de femmes toutes de blanc vêtues adoptant une attitude de prière (E Pisochje).

(...) Cette représentation de confrérie de femmes est un cas unique , une originalité dans l'ensemble des peintures murales existant aujourd'hui en Corse."

J'ai déjà par le passé écrit une "Brève de Purgatoire" (note du 11/07/2007) sur ce témoignage de Nessa. Je passe souvent dans ce lieu, avec tristesse et révolte. En cette année où l'on célèbre avec tant de faste et d'esthétique le monde des Confréries en Corse au Musée de Corte, je demande: ne fera-t-on rien pour sauver ce fragile témoignage d'une confrérie féminine? La Vierge en Majesté avec l'Enfant Jésus sur ses genoux qui occupait une partie importante de l'abside, Vierge de Miséricorde protégeant sous son manteau, me semble-t-il, cette confrérie de femmes , a quasiment disparu.

nessa-massacre fresques juillet 2007 008 détail visage.jpg

 ( visage de l'Enfant ? )

 nessa-juillet 2007 le pied du petit Jesus blog.jpg

(le pied de l'Enfant Jésus)

nessa-massacre fresques juillet 2007 015.jpg

(Ce qui reste de Saint Pierre tenant la clef du Paradis et le Livre saint)

Cette chapelle est inscrite au titre des Monuments Historiques depuis le 7 mars 1990. Je viens d'apprendre que la commune de Nessa a exprimé ( précisément le 29 janvier 2010) sa volonté de sauver ce patrimoine et le désir d' obtenir une subvention qui lui permettrait, pour un coût dérisoire, de transmettre aux générations futures ce témoignage unique en Corse.

Il faudrait enfin comprendre qu'on ne mesure pas toujours l'importance d'un patrimoine pictural communautaire à sa surface pas plus qu'on ne mesure l'importance d'un patrimoine chanté à ses décibels: ici ces quelques centimètres carrés peints en disent plus que  bien des gloses. 

Nessa-massacre chapelle fresques juillet 2007 visages.jpg

 (dossier à suivre)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

10/08/2010

" U Cantu in Paghjella" inscrit au Patrimoine de l'Humanité ...

Avec un mois de retard ...
cette information, dont nous connaissions l'existence, forcément,
et qui nous interpelle:
"Extrait de : Sequence - La lettre hebdomadaire du ministère de la
culture et de la communication
n°394
08.07.10


Patrimoine culturel immatériel de l’humanité
Le Maloya et le Cantu in paghjella inscrits au patrimoine culturel
immatériel de l’humanité de l’UNESCO

Le ministre de la Culture et de la Communication, a célèbré
l’inscription du Maloya et du Cantu in paghjella profane et liturgique
de Corse de tradition orale, au patrimoine culturel immatériel de
l’humanité de l’UNESCO.

En 2009, quatre dossiers de candidature présentés par la France ont été inscrits sur les listes représentatives et de sauvegarde
 du patrimoine culturel immatériel (PCI) : Le Maloya, l’Art du trait de Charpente et le savoir-faire de la Tapisserie d’Aubusson pour la liste représentative, le Cantu in paghjella de Corse pour la liste de sauvegarde.

Le Maloya est à la fois une forme de musique, un chant et une danse propres à l’île de la Réunion. Métissé dès l’origine, il a été créé par les esclaves d’origine malgache et africaine dans les plantations sucrières, avant de s’étendre à toute la population de l’île.
Jadis dialogue entre un soliste et un choeur accompagné de percussions, le Maloya prend aujourd’hui des formes de plus en plus variées. Chanté et dansé sur scène par des artistes professionnels ou semi-professionnels, il se métisse avec le rock, le reggae ou le jazz.
Autrefois dédié au culte des ancêtres dans un cadre rituel, le Maloya est devenu peu à peu un chant de complaintes et de revendications pour les esclaves et, depuis une trentaine d’années, une musique représentative de l’identité réunionnaise. Il
doit sa vitalité à quelque 300 groupes et à un enseignement musical
spécialisé au conservatoire de la Réunion.

La paghjella est une tradition de chants corses interprétés par les
hommes. Elle associe trois registres vocaux, fait un large usage de
l’écho et se chante a capella dans diverses langues parmi lesquelles le corse, le sarde, le latin et le grec. Tradition orale à la fois profane
et liturgique, elle est chantée en différentes occasions festives,
sociales et religieuses. Malgré les efforts des praticiens pour
réactiver le répertoire, la paghjella a progressivement perdu de sa
vitalité. Si aucune mesure n’avait été prise, elle risquait de ne
survivre que sous la forme d’un produit touristique dépourvu des liens avec la
communauté qui lui donnent son sens.

Depuis 2003, la convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel fixe pour objectif aux États qui l’ont ratifiée la protection des rites, pratiques, expressions, représentations, traditions détenues par leurs communautés dans des domaines aussi divers que les musiques, chants et danses traditionnelles, savoir-faire et techniques, manifestations collectives, traditions orales.
Cette manifestation s’est tenue la veille de l’ouverture à l’UNESCO de la troisième assemblée générale des États parties à la convention, qui rassemblera les cent vingt pays ayant à ce jour ratifié la convention."
Merci à l'amie Sophie Godaert pour sa précieuse collaboration!
Fort bien!
Faut-il se sentir rassurés pour autant? De quoi parle-t-on exactement?
Ceccu Saladinic01.jpg
(Ceccu Saladini)
En vrac, nous viennent une multitude de questions, pour nous (un nous de sympathie et de reconnaissance) qui avons tant aimé et oeuvré pour ce chant d'ici, parce qu'il nous semble contenir ce menu morceau de braise divine propre à rallumer les consciences gelées ...
***
... et qu'en pense le vieux chantre d'Olmi Cappella Ceccu Saladini, depuis là-haut, lui qui a transmis cette messe d'Olmi Cappella, et pas seulement "u versu" mais cette façon d'être au chant, inimitable, abrupte, fragile et entière... lui dont se réclament aujourd'hui tant de "groupes polyphoniques"  de la région ( ce qui doit passablement le faire sourire ou enrager) ? 
***
 ... et quelles sont les mesures prises en question? Que cherchons nous à transmettre? Des savoir-faire, fioritures et autres ricuccate  ? Des aptitudes innées ou bien des attitudes justes et pour quelle communauté solidaire? celle des Corses en mal de reconnaissance ou celle de tous les  hommes de bonne volonté?
***
... et si d'autre part, en Corse comme ailleurs, tous les chants n'étaient pas polyphoniques, et si certaines monodies portaient tout autant en leur humble reliquaire sans estampille un morceau de la vraie âme (comme on dit "de la vraie Croix") solidaire de l'île, solidaire de l"humanité?
***
... et si, par exemple - mais l'Afrique est si lointaine et si pauvre - ,  les polyphonies du peuple pygmée Aka de Centre Afrique portaient elles aussi bien autant ce message humain à préserver d'urgence, peuple pygmée pour qui chaque chant spécifique apporte une réponse de survie à la communauté ... ?
 
- A ce propos voir et écouter sur Youtube.com: "les chants polyphoniques des pygmées Aka de Centre Afrique". J'avais acquis en 1978 une magnifique anthologie sur disques vinyls de ces chants , publiée chez Ocora. Une découverte pour moi, à l'époque, de ce que pouvait être ce lien communautaire et sacré tissé par les chants de ces populations nomades (aujourd'hui en danger de sédentérisation) avec leur forêt nourricière. Un univers qui ne me parait pas fondamentalement si éloigné de celui qui fit naître nos chants de la Corse ancienne.
***
... et si nous devions plutôt décider, sans attendre de médailles en chocolat, d'où que nous soyions,  de devenir par tous les moyens, y compris par le chant, qu'il soit ou non en paghjella, d'hommes ou de femmes, simplement  des " résistants" à l'enfermement,  à la violence du  non-sens et du non-espoir  de notre monde, tout comme l'étaient nos frères  esclaves de l'Île de la Réunion par leurs chants et leurs danses du Maloya ... et si ... ?
***
... et si la résistance était déjà en marche, non seulement  au sein des institutions ou des écoles, mais aussi simplement dans le travail entrepris par certains au sein des villages? l'engagement actuel des confréries en serait un bon exemple, à l'image de ce que nous sommes, avec nos forces et nos fragilités ... Mémoire et création, s'il est besoin, tout simplement.
090408_01_-R-solution_de_l--cran-.JPG
(à Speluncatu)
Je dirais aussi que la paghjella partagée les jours de fête après pastissades, poignées de châtaignes grillées et gâteaux roulés ne manque ni de saveur ni de sens ...
***
Au fait, qui sont ces "praticiens" dont " les efforts  pour réactiver le répertoire " sont sensés nous sauver de l'oubli ? Dans quels moules sont-ils tentés de couler  la mémoire collective et plurielle?
*** 
Je ne suis pas sûre de bien comprendre ce genre de décision très flatteuse pour la Corse. Je ne suis pas non plus sûre que cette mesure honorifique soit suffisante ou adéquate pour rétablir le lien du chant - paghjella ou non -  avec sa communauté ... 
Désolée de ramer à contre-courant.
(à suivre) 

02/08/2010

BICENTENAIRE DE L'ORGUE CRUDELI DE SPELONCATO

affiche orgue Crudeli avec texte blog.jpg

SPELUNCATU : BICENTENAIRE

DE L’ORGUE HISTORIQUE CRUDELI

1810/2010

 

JEUDI 5 AOÛT

 à la Collégiale Santa Maria Assunta 

 

 

-          10 heures 30 :  Exposition de photos des orgues de Corse et présentation de l'orgue Crudeli par sa titulaire, Elizabeth Pardon.

clavier et pédalier SPE.jpg

(le clavier et le pédalier de l'orgue Crudeli)

 

-    15 heures : Conférence : « Les CRUDELI en Corse : la possible transmission d’un Savoir-Faire auprès de la famille Saladini de Speloncato », par Sébastien Rubellin, Musicologue, auteur de « L’Orgue corse de 1557 à 1963 », Editions Piazzola.

 

-    16 heures 30 : Diaporama / Débat :  « Les orgues de Corse, un patrimoine insulaire pour l’Europe » , par Elizabeth Pardon,  animatrice de « La Montagne des Orgues »

 

 

18 heures 30 : Vin d’Honneur, Place Sainte Croix.

  

   -    21 heures : CONCERT sur l’orgue Crudeli par Maria Cecilia Farina, Organiste de Pavie. Lauréate de nombreux concours internationaux et prestigieuse concertiste. Elle avait donné le concert d’ouverture après la restauration par Antoine Massoni de l’orgue en 1991.

 

 

VENDREDI 6 AOÛT

 

Ballade autour des orgues historiques de la micro région, avec la participation des organistes présents :

 

- 10 heures : Eglise de Costa, orgue anonyme début XIX ème siècle -   

- 11 heures 30 : Eglise de Feliceto, orgue Saladini 1839 -              

- 14 heures 30 : Eglise de Pioggiola, orgue Saladini 1845.                                                        

 - 16 heures 30 : Eglise d’Olmi Cappella, orgue anonyme vers 1805)  

orgue de Pioggiola copie Blog.jpg
(l'orgue Saladini de Pioggiola)

  

                                                                                                    

 

                                                                                

 

SPELONCATU 5 Août 2010

CONCERT du BICENTENAIRE DE L’ORGUE CRUDELI

Organiste Maria Cecilia Farina

l' organiste de Speloncato blog.jpg

 

Johann Kaspar Kerll                            Passacaglia

(1627 – 1685)                                       Magnificat (couplets alternés au chant grégorien chanté par l’organiste)

 

Anonyme espagnol                                  Batalla    

(XVII siècle)                                        Espanoleta

                                            

Georg F. Haendel                               Ouverture in Ptolomy

(1685 – 1759)             

 

J.Sebastian Bach                                Wer nur den lieben Gott  BWV 690, 691

(1685 – 1750)                                     Fugue sur le Magnificat  BWV 733

 

G.Battista Martini                              Sonata all’Elevazione

(1706 – 1784)

 

Anonimo toscano                               Postcommunio  

(XVIII siècle)                                           

 

Amilcare Ponchielli                           Allegretto campestre

(1834 – 1886)

 

Niccolò Moretti                                 Sonata del Signor Mozart

(1763 – 1821)                                      ridotta per l’organo dal Signor Nicolò Moretti

 

 

MARIA CECILIA FARINA , appartenente ad una famiglia di illustri musicisti pavesi, affianca all’insegnamento presso il Conservatorio “G.Verdi” di Milano un’intensa attività concertistica come organista e clavicembalista, esibendosi sia come solista che all’interno di gruppi strumentali. Condotti gli studi musicali accanto a quelli umanistici, si è diplomata presso il Conservatorio di Milano in Organo e composizione organistica, Pianoforte e Clavicembalo; presso il Conservatorio di Brescia in Musica corale e direzione di coro,  laureandosi nel 1987  in Lettere moderne presso l’Università di Pavia col massimo dei voti e la lode. Si è quindi perfezionata per due anni in organo alla Musikhochschule di Vienna nella classe di Michael Radulescu e per tre anni in cembalo all’Accademia Chigiana di Siena con Kenneth Gilbert . Premiata in alcuni concorsi organistici e clavicembalistici  nazionali e internazionali, ha tenuto concerti nelle principali città italiane, in molti paesi europei, in Argentina, Israele e Corea del Sud, partecipando a manifestazioni e festival quali “Wienerorgelkonzerte” a Vienna, “Musica ai Frari” a Venezia, “Musica e poesia a S. Maurizio” a Milano, “Festival Estival de Paris”, “Italiana 86” a Buenos Aires, “Tribute to Stradivarius” a Londra etc., suonando strumenti di altissimo valore storico-artistico (organo Arp Schnitger di Norden, organo Stellwagen di Lubecca, organo Sieber a S.Michele in Vienna, organi Riepp a Ottobeuren, Raphaelis a Roskilde e numerosi altri).

Ha effettuato registrazioni per RAI, Radio Svizzera Italiana, Israel B.C. e inciso come solista  CD per Ermitage, Discantica , Sarx e Stradivarius (per quest’ultima etichetta ha partecipato all’integrale delle Sonate di Domenico Scarlatti a cura di Emilia Fadini)  . E’ organista e clavicembalista dell’Arion Consort & Choir del Collegio Ghislieri di Pavia.

 Appassionata alla ricerca musicologica, ha tenuto conferenze e lezioni-concerto per l’Università di Pavia, la Scuola di Musica di Fiesole, il Museo Teatrale alla Scala e pubblicato studi e contributi per editori quali Casa Ricordi e Zanibon e per la rivista culturale KOS. La Provincia di Pavia le ha affidato la supervisione e il coordinamento scientifico del volume “Organi storici in Provincia di Pavia- Viaggio all’interno della più antica macchina da musica”, pubblicato nel dicembre 2004.

E’ consulente del Servizio Tutela Organi presso la Direzione regionale per i Beni culturali e paesaggistici della Lombardia.

putti SPE.jpg

(à suivre!)

 

18/06/2010

Santa Maria Sicché

 

 

à SANTA MARIA SICCHE

ce samedi 12 Juin 2010, sous l'égide de l'association Renaissance de l'Orgue Corse,

 et pour fêter ses quarante ans de vie militante :

première rencontre autour des orgues de Corse

 orgue Sta Maria Sicché blog.jpg
... sous la présence bienveillante et robuste de ce petit orgue signalé en 1872 dans les registres du Conseil de fabrique de Santa Maria Sicché:
" A Clergeau, organiste, pour solde de l'instrument acheté chez le fabriquant" 
(cf Sébastien Rubellin: L'orgue corse", p.75, éditions A. Piazzola)
Le mystère reste entier sur la paternité réelle de ce petit instrument qui ressemble fortement entre autres à celui de Florac, en Lozère, attribué à l'abbé Clergeau. Pour plus de précisions , je vous renvoie à ce site fort bien renseigné:
 
monde-orgue.cultureforum.net/...facteurs-d-orgues.../france-les-ateliers-de-l-abbe-clergeaudepuis trop longtemps
 
Toujours est-il que ce fort joli petit orgue d'esthétique française de transition préromantique, a été restauré en 1980 par Jean-François MUNO qui le bichonne à chacun de ses passages annuels sur l'île.
Son seul souci : il est bien trop peu joué, illustrant ainsi le mal qui frappe une majorité de nos instruments sur l'île ...
clavier et pédalier blog.jpg
(excusez le flou de cette photo!)
 
le clavier de 54 notes ( Do1 à Fa 5)
Coupure en basses et dessus: si2-do3
et le pédalier 18 notes (Do1 à Fa 2) - tirasse obligée -
Composition  des jeux (tirage vers soi sur sur deux files de part et d'autre du clavier): 
Prestant (4’) ; Bourdon (8’) ;  Doublette (2');Flûte (8’) ;Voix céleste; Clairon; Hautbois

On aperçoit sous le clavier les éléments du mécanisme de transposition , aujourd'hui "neutralisé" qui semble avoir été installé par Clergeau:
[Clergeau avait demandé en 1845 un brevet pour "un mécanisme musical détruisant pour l'artiste toute transposition et s'appliquant aux orgues existantes sans rien y changer". Ce mécanisme semble avoir été installé sur les orgues de Sainte Marie Sicché, Olmeto, et Sartène. ] (idem :Rubellin, p. 76)

  

 
façade blog.jpg
... la belle tuyauterie de la façade:
j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir et jouer ce petit orgue d'esthétique française bien différentes de nos petits instruments italiens du nord de la Corse, mais qui répond tout aussi bien à la vocation d'accompagnement de la  piété rurale sur l'île ...
 
 
 
 P1010017.JPG

 L'exposition de photos a de quoi convaincre  les visiteurs de l’importance et de la richesse de ce patrimoine exceptionnel des orgues historiques de Corse :  évocation de leur conservation, de  leur restauration, et politique de leur mise en valeur …

P1010021.JPG

… Petite prière auprès de notre saint  rebouteux favori Pancraziu pour qu’il épargne aux visiteurs lumbagos et vilains tours de dos …

P1010022.JPG
Une fois résolues les énigmes techniques (merci Pedru!)
... le diaporama/débat sur l'historique des orgues en Corse peut commencer:  
P1010025.JPG

... où la grande histoire des puissants de ce monde croisera les innombrables chemins muletiers de nos petites communautés villageoises: et vogue la musique!

  L’après-midi s’est achevée avec l’audition festive de l’orgue de Santa Maria Sicché … que l'on aimerait entendre sonner plus régulièrement!

Prochaine édition : samedi 24 Juillet à Piedigriggio …

à suivre!

 

24/04/2010

la chapelle privée des Raffali à Stazzona

Dernièrement, après les festivités du lundi de Pâques à Piedicroce,

cette rencontre crépusculaire

avec Jean Grosjean

tombeau Raffali 2 blog.jpg
cachée, enfouie, oubliée,
la chapelle privée de la famille Raffali à Stazzona:
" La faille des nues qui brille à ras des forêts
rallume sous un vieux buisson la feuille morte.
Ah combien le fascinateur se dissémine
en des lueurs que devient la motte ou la touffe!
*
Le soir traîne sur des affleurements de roche,
les clartés pendent par gouttes à des ramilles,
les brumes blêmies vont errantes sur la terre.
Je suis trouvé par les plus intimes des gloires.
 
tombeau Raffali arbres sur le toit.jpg
(...) " La nuit même ne s'en vient pas sans avec elle
la pâleur lunaire à travers la toile d'ombre
ou, plus proche encor mais à peine perceptible,
le passage de l'effraie blanche sous mon crâne.
 
tombeau Raffali autel blog.jpg
Splendeurs éparses qui m'avez choisi pour temple,
vous m'occupez l'ême et le corps de fond en comble.
Le moindre écart serait maintenant sacrilège.
Ma joie de ne savoir que vous pleure et demeure.
*
Les jours s'en vont au fond des vergers qu'ils fleurissent
mais la lune brouillée de bruine sur les toits
est la seule amie de village à nous attendre
 le long des hauts fumiers carrés qu'elle caresse
*
tombeau Raffali autel profil.jpg
Lampe tenace au plafond des pluies ténébreuses,
 tu es le dieu du bonheur et des arbres morts,
la clarté des morts dans leur tombe et dans notre âme.
*
Qui sait jusqu'où ni quel soir tu vas nous conduire?
Le ciel est si trouble et la terre si douteuse!
Toi qui parcours les brouillards que nous habitons,
qui sait si tu ne franchis pas les triples portes?
*
tombeau Raffali lanternon blog.jpg
Chauleuse des coteaux épars, à toi nos vitres,
à toi le coffre au bout du plancher. Quand le vent
te poncerait comme une effigie, que d'oboles
dans les flaques pour soudoyer le factionnaire!
*
Les déploiements de drapeaux du ciel et des arbres,
le chant des oiseaux, et des brises dans la nue,
et tomber au creux d'un sommeil qui nous dénoue!
*
Le corps s'encombre comme un grenier de moulin
puis l'âme en farine est la proie des charançons
dans le noir boisseau d'un sepulcre à sa mesure
sous le naïf et lugubre printemps des autres.
 
 
tombeau Raffali détail lanternon.jpg
 
L'amour plus semblable à l'automne qu'à nos oeuvres
renverse l'or des forêts, délave l'azur
pour combler de plaisir et d'hiver son amante
puis il passe sur les primevères des tombes.
*
Nos gestes cloués dans la terre s'y dissolvent,
nos songes mêmes sont évaporés dans l'air,
tout nous oublie, aimée, mais le dieu que nous fûmes
défera le monde à sa guise sans cesser."
*
 
Jean GROSJEAN, Hiver, nrf Poésie Gallimard
crépuscule sur morosaglia.jpg
 
Merci à Jean-Christophe Desrues pour ses indications enthousiastes qui m'ont permis de voir cette  chapelle funéraire octogonale de la famille Raffali, encore debout, magnifique dans sa présence nue et la perfection de son discours architectural , mais si proche de la ruine, avec ces arbres qui poussent leurs racines sous l'édifice et sur le toit, l'eau qui s'engouffre par les vitres cassées du lanternon, l'humidité détruisant la cohésion des murs et menaçant les restes du décor peint .

Patrimoine privé de notables mais mémoire communautaire ... J'ignore encore s'il s'agit bien de la famille de cette dynastie d' artistes stucateurs - les RAFFALI -qui ont façonné le regard et accompagné la religiosité des gens dans toutes ces églises admirables de cette région ... Le décor du lanternon n'est pas anodin.
Agir quand il est encore temps, à condition de reconnaître cette part commune de notre histoire.
HODIE MIHI CRAS TIBI !
(à suivre!)