12/08/2009
Les concerts de ROC: Cimbalata Academia cet été
U stringagliulu di sigolu, de Lisandrina Grimaldi,suite
U CANCELLIERU GRISGIONE
Caschemu à nantu à i sedioni.
«U nostru cancellieru? Hè u vescu chì t'hà sceltu?
- Pensate un pocu s'è u nostru Munsignore avia da infrugnassi in issu intrillicciu ! Ariulatevi è sintite. Vi spiecu: Pè vutà avia cunvucatu tutte e cunfraternite di Balagna è ancu certe di Pumonte; preti, arci-preti à carittate piene, trè veschi è cinque cardinali facianu scumesse. Spaziosa un'era a casazza abbas-tanza pè aggrundà tuttu issu mondu. E cappe inamidate, rillivate di mantellette ingumate, rosse, negre, grisgie, viuline, parianu una nivaghja fiurita. A ' ch ì mangh ja va, à chì bivia !
Nantu à a muraglia, avianu scrittu u listinu di i cunsiglieri candidati. Frà i dui ranghi di stalle lucchichente, pusati nantu à baugli pieni d'oru, i tesorieri incasciavanu, birbanti è attendi.
A' e sei in puntu, à u son' di a ciccona, u primu votu casca ind'è l'urna è cala di tonu u barbarescu. Ziu Filippu l'anzianu, Prima Pacetta un ne po piglià risustu è chjuchjuîeghja à l'arechja d'Andria «Sarrapissare»: « ...chî u celu era à scalinelli è a terra à puzzatelli...» sempre listesse litanie !
A' mezzanotte cumencia u scutinu. E cunsurelle di serviziu, arruchjate, s'eranu alluppicate una stonda. U piore è u sottu Piore, aiutati da u porta voce anu sgrannillatu nomi è cugnomi tutta a santa nuttata. I capi mondi surnacavanu nantu e stalle è e teste arricciulate ciciulavanu sopra à l'armoni di i vechji. E' conta è riconta, è volta è gira, mi trovu fora di u Cunsigliu.
Mi fermu assaittatu! Sta nuvella carica: canti, messe, granitule, simane sante, prucessione, l'acceca, l'assuffoga da l'angoscia u cunsiglieru Firtella. L'omu si svene! A moglia entre in casazza, senza permessu, superba è impara l'ultime nutizie: «E' quale hè chî hà da coce fritelle è cuggiulelle? Aghju da esse sola à fammi brusgia u pettu davanti à u fornu?»
Appena avia a biscuttaghja compiu di grugnulà, u Papa in persona, fischendu di cialambella, s'avanza à meza cumpagnia. Scarta i cardinali, i trè veschi indignati è dumanda: «Saria cuntentissimu di basgià u Cancellieru Grisgione è u Massaru». U Piore s'avanza: «Grisgione hè fora di u Cunsigliu. Hè in casa soia. Hà ghjuratu d'ùn entre più qui mancu s'ellu sbarcava u Papa. Oramai a cambiatu bandera; hè testimone di Ghjova. A so cartina a s'hà digià cumprata ind'è Spaissellu!» U Papa: «Allora ci vole andà à circà a catedra di San Roccu di u Mucale chì s'infracica in Pillicciani ! » U Piore: «Grisgione un vularà mai una catedra mucalaccia! Vularà a vostra, innurata à l'oru u più finu. Vole dinnô chî a catedra sia tirata da i cinque cavalli di a Ghjesgia di San Marcu di Venezia!
E' poi, tuttu inseme, cullaremu à pigliallu in trionfu!» Cusì fù fattu. Lisandrina: «E' s'è falatu?»
- Un aghju pussutu fà di si menu. Prima chè di chjamammi ind'è a catedra, m'anu messu addossu un
cappone di vilutu pimbatu longu fin'à i pedi cun cinquanta sei galloni. Ogni gallone riprinsenta una
grazia. Saria statu bellu ingratu di ricusà!
- Avà ùn ti manca più nulla!
- Hèe! mi manca sempre a signatura di u meru è m'anellu!
- Ti manca a signatura di u meru? Allora ti manca
tuttu ! A casazza hè soia !
- Un sapete micca ch'hà a prossima m'aghju da prisintà è di chjave un bellu tricciu n'aghju dà avè;
quelle di a casazza, di a meria ë quelle di San Petru!
E', noi, tutti arritti : «Evviva u cancellieru Grisgione è u so massaru!»
LE CHANCELIER GRISGIONE
Ce n'est un secret pour personne que notre île, depuis qu'elle a largué les amarres et quitté l'Estérel, est devenue l'objet du désir irrépressible tant du Diable que du Bon Dieu. Ils se livrent d'âpres batailles pour la posséder corps et âme et leurs manoeuvres invisibles ont conjugué l'histoire de la Corse. Aujourd'hui, par exemple, le Diable fait proliférer ces décharges sauvages qui fleurissent le long des routes et envahissent les rivières: pire, vautré sur sa paillasse d'immondices, il s'amuse en excellent manipulateur, à transmuer nos doctes cervelles en dépotoirs où viennent se déverser les matières médiatiques de notre temps...
De son côté, le Bon Dieu ne chôme pas: en grand secret, à l'abri des flashes et des micros, il continue d'ensemencer les esprits les plus rudes et les montagnes les plus désolées. Par sa grâce, le vaisseau si longtemps silencieux de notre confrérie a retrouvé le grand large et vogue à nouveau, échappant à je ne sais quelle destinée sulfureuse, ses trois voiles déployées sous le souffle hardi et tout-puissant de notre ami Tumasgiu di Grisgione...
Ce samedi c'est l'émoi à la Casazza: on élit le Conseil des confrères et tout ce qui porte soutane, chasuble, surplis ou camail, se presse entre les vieilles stalles. Mais quoi? Un vent de catastrophe m'informe que notre Tumasgiu n'est pas réélu! Adieu la sève irremplaçable de ses patenôtres! Il s'est enfermé chez lui et boucle à double tour savoir et gosier...
Et que se passe-t-il encore? Quel est donc ce cortège qui descend la rue en grande pompe? Ces évêques emmitrés, ces cardinaux empourprés à la démarche sénatoriale... et là, souriant, troussant délicatement sa grande robe blanche sur les vieux pavés... c'est le pape en personne! Il maintient fermement l'attelage fringant des chevaux de Saint-Marc... et là... majestueux... trônant sur la «sedes gestatoria», enfoui sous sa chape d'or et de pierres précieuses, telle une châsse qui fait se signer et cligner de l'oeil mes consoeurs, Marie, Dédée, Fifina et les autres derrière leurs petites fenêtres, n'est-ce pas Tumasgiu porté en triomphe?
Vive notre chancelier Grisgione !
( Sur ce recueil épuisé des fole di piazza cumuna « U STRINGAGLIULU DI SIGOLU » de Lisandrina Grimaldi, voir les notes précédentes
des 03 et 05 /08/2009)
( à suivre !)
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11/08/2009
A BANDERA
Je fais cette note pour répondre aux questions nombreuses et récurentes des amis qui m'accompagnent lors des parcours de la Montagne des Orgues et s'interrogent sur la signification identitaire de la tête de Maure sur le drapeau corse, que l'on voit aux côtés du drapeau européen et du drapeau français sur la façade des mairies de Corse ... et sur tee-shirts, tongs, gâteaux, fromages, enseignes, affiches faisant la promotion économique de l'identité corse ...
Voici donc quelques textes écrits sur le sujet glanés ça et là... Bonne lecture!
A propos de A TESTA MORA (la tête de Maure) sur A BANDERA, le drapeau de la Corse.
Le Maure, ou le jeu de l’altérité.
L’opposition entre Maures et chrétiens a certainement été, dans les cultures européennes, un moyen commode de désigner la différence entre soi et les autres, ceux que l'on voulait rejeter. Le théâtre populaire issu du Siècle d'or espagnol confond Maures, hérétiques et protestants; dans la pastorale basque, les «méchants» sont toujours appelés «Turcs».
Chacun, sous le regard de celui qui veut l'exclure, peut devenir le «Maure» et tel a été le destin des Corses. Des gravures du XVIIIème siècle, représentant des Grecs réfugiés en Corse et vêtus à l'ottomane, furent légendées sans vergogne «Habitants de l'Isle de Corse». Les portraits gravés du roi Théodore le représentent parfois vêtu comme un oriental et l'on s'est demandé (jusqu'à Orson Welles) si Sampiero Corso n'avait pas fourni à Shakespeare le modèle d'Othello: Le Maure de Venise. En 1722, dans ses Annotazioni..., le gouverneur génois Felice Pinelli est encore plus explicite: il déclare qu'en raison des costumes féminins, du rituel de leurs funérailles, de leurs danses, de leur sombre aspect, les Corses «ont du Moresco» dans leur apparence.
Les hasards de l'Histoire ont fait, enfin, qu'une tête de Maure figure sur les armes de la Corse. Cette figure héraldique que l'on pouvait donner au chevalier chrétien vainqueur d'un Infidèle, la Corse la devrait au royaume d'Aragon, qui prétendit à la suzeraineté sur l’île entre le XIIème et le XVème siècle. La tête de Maure est, quoi qu'il en soit, devenue l'emblème de la Corse et ses habitants ont donc dû lui trouver un sens. D'aucuns disent que la Testa mora est celle d'un sultan tué par le jeune homme auquel il avait ravi sa promise, d'autres y voient le visage d'un esclave libéré par son maître ou le symbole même d’une Corse en lutte contre ses oppresseurs. Le Maure peut être une figure de l'Autre. Il peut aussi, dans certains cas, devenir une image de soi. Mais n'est-ce pas toujours d'eux-mêmes - de leurs peurs et de leurs désirs - que les chrétiens ont parlé en parlant des Maures? »
Marlène ALBERT-LLORCA - Jean-Marc OLIVESI
Moresca – Exposition temporaire du 10/07 au 30/12/1998
Musée de la Corse – Citadelle de Corte
Testa mora
Dans la langue très codifiée des héraldistes, les armoiries de la Corse sont ...
... «d'argent, à la tête de Maure de sable, tortillée du champ»
Pour «traduire» cette description, il faut d'abord préciser que l'héraldique utilise des émaux, comprenant (notamment) cinq couleurs et deux métaux.
Les cinq couleurs: azur (bleu), gueules (rouge), sinople (vert), pourpre (rouge profond violacé), et sable (noir). Les deux métaux: or et argent.
Ces émaux peuvent être figurés en enluminure (couleurs réelles), ou par des signes conventionne (hachures...), notamment pour les ouvrages imprimés (en noir et banc). Le signe conventionnel de l'argent est un simple fond blanc.
La description commence par le champ, c'est-à-dire le fond:
«d'argent...»
«à la tête de Maure de sable», c'est-à-dire noire (certains traités d'héraldique notent qu'il est inutile de préciser cette couleur: la tête de Maure est forcément «de sable».)
«tortillée du champ» signifie que la tête porte le bandeau, qui en héraldique couronne toujours la tête de Maure, et que celui-ci est d'argent, comme le «champ».
Enfin, à l'origine, les armoiries sont destinées à figurer sur l'écu d'un chevalier. La figure (tête de Maure, par exemple) est tournée vers la dextre: c'est-à-dire vers la droite du chevalier et... vers la gauche de celui qui regarde.
On a beaucoup glosé sur tous ces éléments, et Pascal Paoli lui-même a voulu attribuer au bandeau la signification de la souveraineté retrouvée des Corses (Antonetti, 1980, p.26, n°36). Pour certains, ce bandeau blanc est en effet le signe d'une autorité royale (diadème des souverains hellénistiques par exemple). Pour Théodore de Neuhoff, cet aventurier allemand devenu roi de Corse d'Avril à novembre 1736, le bandeau descendu sur les yeux était, au contraire, le signe de la dépendance passée des insulaires, et il le souligna en ajoutant une chaîne aux armoiries. Le collier de perles et la perle d'oreille qui apparaissent fréquemment à cette époque sont moins des attributs héraldiques qu'une contamination du répertoire décoratif du temps. On dit aussi que la tête était tournée vers la gauche, alors que la tête est simplement tournée à dextre, ce qui correspond à la norme.
«Apparue à la fin du XIIIème siècle sur les sceaux d'un roi d'Aragon, portée peut-être par quelques chefs corses du parti aragonais aux XIVème et XVème siècles, reparue sur un atlas italien du XVIème siècle, répandue par lui à travers l'Europe des cartographes, ramenée en Corse par Théodore de Neuhoff en 1736, devenue avec Paoli l'emblème officiel de la Corse indépendante, telle est l'extraordinaire parabole historique de la tête de Maure» (Pierre Antonetti: «Le drapeau à tête de Maure», Études d'histoire corse - Ajaccio, La Marge, 1980).
Reste le choix de cette figure. Les armoiries peuvent être parlantes (lorsque la famille se nomme Mori, Morelli, Morazzani...) ou allusives: rappel de la victoire d'un chevalier chrétien sur un adversaire «maure»; mais de quel chrétien et de quel Maure s'agit-il? On a voulu voir, dans cette image, le souvenir de la reconquête de la Corse sur les Sarrasins. Pierre Antonetti rappelle que «l'emblème n'est pas né dans notre île, qu'il y a été importé par les rois d'Aragon». Toutefois, les Corses se le sont approprié, et il suffit de rappeler que le résistant Jean Nicoli le revendiquait jusque dans sa prison, avant d'être exécuté par les fascistes.
Jean-Marc OLIVESI
Moresca – Exposition temporaire du 10/07 au 30/12/1998
Musée de la Corse – Citadelle de Corte
La tête de maure.
Il existe de nombreuses formes et représentations aptes à symboliser dans l'imaginaire des gens l'île de Corse ; citons ainsi, la forme de l'île (poing au pouce relevé), le mouflon, la silhouette de l'Empereur Napoléon 1er ou ses diverses représentations...
Toutefois, aucune d'entre elles ne pourrait mieux représenter notre île que la fameuse tête de maure (testa mora) qui reproduite sur le drapeau (a bandera) est le seul emblème officiel.
Malgré tout si le dessin est célèbre, son origine l'est moins et nul ne saurait avancer avec suffisamment de certitudes une explication quant à la provenance de ce visage noir au front ceint d'un bandeau blanc.
Loin de vouloir vous imposer la nôtre, nous aborderons donc toutes les explications.
Le Choix de la tête de maure.
Seule certitude : la Corse en fera le choix définitif lors de la Consulte du 24 novembre 1762 ; hélas nul ne peut savoir quelles étaient les motivations des membres de la Consulte lorsque en ce jour d'automne ils décidèrent de donner à la Corse un tel emblème.
Tout au plus peut on avancer sans risque de se tromper que les raisons de ce choix sont à rechercher plus dans l'histoire ancienne de la Corse que dans le contexte de 1762 ; d'autant que si le choix de sa représentation définitive sera fait en 1762 la tête de maure est connue depuis bien plus de temps dans l' île de beauté.
Pourquoi la tête de maure :
Il semble unanimement convenu que l'origine de la tête de maure soit à chercher dans une victoire remportée face à un envahisseur sarrasin. Mais par qui ?
Pour les uns cette tête symbolise la victoire des corses lorsque les sarrasins venaient piller la Corse au cours du IXe siècle, pour d'autres elle est l'héritage de la domination du roi d'Aragon (dont les armoiries comportaient 4 têtes et a qui la Corse fut confiée en 1297) qui lui avait remporté une victoire, pour d'autres encore nous la devons à l'Empereur Charlemagne qui aurait débarrassé l'île des sarrasins.
Les légendes corses ont quant à elles retenu une version flatteuse pour les habitants de Corse puisque la tête de maure représenterait une victoire acquise aux portes d'Aléria face à l'envahisseur mauresque.
L'histoire débute avec l'enlèvement d'une jeune fille par un cruel chef sarrasin, cette jeune fille aurait par la suite été délivrée par son fiancé venu la rechercher dans les possessions espagnoles du dit chef.
Par esprit de vengeance ce dernier aurait alors envoyé une partie de ses hommes dirigée par lui plus féroce de ces lieutenants récupérer la jeune fille par la force. L'armada maure débarqua alors aux environs de Piana et, semant la désolation sur son chemin, serait arrivée au bout de plusieurs jours de marche au portes d'Aléria.
Le fiancé qui avait été averti de l'arrivée des maures avait battu le rappel et les habitants de la ville se tenaient près à en découdre. La bataille s'engagea à distance mais bien vite les corses ne virent l'unique échappatoire que dans un combat au corps à corps, et à la nuit tombée au milieu d'une multitude de morts et blessés la tête du chez sarrasin se tenait là, plantée au bout d'une pique.
Emplis d'une joie justifiée, les vainqueurs auraient fait, durant plusieurs jours, le tour de l'île pour montrer la tête de village en village, en la tenant dans un drap blanc.
Évolution de la représentation.
Il n'y a pas que l'origine de l'emblème qui soit sujette à débat, la représentation en elle-même fait l'objet de controverses que nous allons à présent aborder, mais en guise de préliminaires rappelons l'unique caractéristique certaine : seule est représentée la face gauche du visage n'en déplaise aux publicitaires actuels).
La position du bandeau pose quant à elle problème, recouvrait-il les yeux ou pas ? Une version romantique pose en vérité que le bandeau couvrait à l'origine les yeux mais que Pascal Paoli aurait décidé de relever ce bandeau (signe d'esclavage) sur le front, symbolisant de la sorte la libération de la patrie.
Parmi ceux partisans de la théorie du bandeau déplacé, on en trouve également qui pensent que c'est à une décision de Théodore de Neuhoff (alors roi de Corse) que l'on doit la position actuelle du bandeau, puisque sauvé par son esclave noir d'une tentative d'assassinat il aurait demandé cette faveur en guise de reconnaissance.
Pour d'autres enfin, le bandeau n'aurait jamais été positionné sur les yeux mais cette croyance serait due au fait qu'initialement n'était représentés ni les yeux ni les oreilles, par conséquent l'imaginaire collectif aurait analysé le rajout ultérieur de ces détails comme un changement de position du bandeau.
( à retrouver sur: http://www.corsicanews.net)
Des rois d'Aragon à la Révolution ..."(...) La tête de Maure n’apparaît pour la première fois qu’en 1281, sur un sceau du roi Pierre III dit le Grand. Elle est quadruple et entoure une croix. Les successeurs de Pierre III continuèrent à se servir de cet emblème pendant un bon siècle, et ce n’est qu’en 1387 que le roi Jean Ier revient au sceau à quatre pals de ses ancêtres qu’il employa seul et que conservèrent ses successeurs tant que dura le royaume d’Aragon. (...) En ce qui concerne la Corse, retenons que l’emblème n’est pas né dans notre île, qu’il y a été importé par les rois d’Aragon et qu’il n’y est attesté ni à la fin du XIIIè, ni au début du XIVè siècle. (...) S’il n’est pas absolument exclu que certains chefs corses aient pu prendre la tête de Maure comme enseigne de leurs fanions et étendards, il est en revanche certain que le drapeau à la tête de Maure n’a pas été, en cette même période [XIIIè au XVIIè siècle], le drapeau officiel de la Corse. (...) Le 12 mars 1736 débarquait à Aleria un baron allemand qui se paraît indûment de titres aussi prestigieux qu’empruntés " [...] " Théodore de Neuhoff se faisait partout accompagner, dans sa marche triomphale à travers la Corse d’un portrait où il figurait en tenue d’apparat. Au bas de ce portait figurait un blason ainsi conçu : au centre, un écu carré surmonté d’une couronne royale, elle-même surmonté d’un globe. Dans l’écu, une tête de Maure, tournée vers la droite de celui qui la regarde, portant un bandeau sur les yeux, noué derrière la tête. (...) C’est donc à ce " roi d’opérette ", à cet aventurier qui ne régna que six mois que l’on doit la présence de la tête de Maure sur le drapeau officiel de la Corse. Or la popularité de Théodore fut immense en Europe... (...) Désormais, la tête de Maure est connue de l’Europe entière comme le symbole officiel des armes de la Corse (...) C’est avec Pascal Paoli que le drapeau à tête de Maure est devenu l’emblème officiel de la nation corse. | |
(...) Au début de son " Généralat " Paoli ne songea à innover en cette matière. Il garda l’emblème choisi, en janvier 1735, par les chefs insurgés dont son père, à la " Consulta " de Corte. L étendard portait l’image de la Vierge Marie. (...) Mais en 1760 Paoli imagina un changement. |
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(...) le 24 mai 1761, il fut décidé de fapper des monnaies "aux armes du Royaume". Ces monnaies[..]portent les armes de la Corse dans leur version définitive : un cartouche enferme une tête de Maure tournée vers la gauche avec un bandeau sur le front, noué derrière la nuque et un collier à deux ou trois grains. (...) Paoli a décidé de relever le bandeau qui, on l’a vu, était placé sur les yeux dans les armes de Théodore. Un mot de lui, cité par l’un de ses biographes, nous donne la raison de cette déclaration : " Les Corses veulent y voir clair. La liberté doit marcher au flambeau de la philosophie. Ne dirait-on pas que nous craignons la lumière ? (...) Ces propos sont corroborés par Ambrogio Rossi : " Le général avait coutume de dire en riant : " Désormais le bandeau royal est bien placé comme il faut et comme il convient à notre dignité et non pour notre honte, comme le voulaient nos ennemis. (...) Là ne s’arrête pas l’histoire de la tête de Maure. (..) Les Français la conservèrent en y ajoutant les fleurs de lys mais en supprimant complètement le bandeau. La Révolution, dans un premier temps donna au nouveau département de la Corse des armes où la tête de Maure voisinait avec les et une devise : La Loi, Le Roi . Mais, dès 1792 cette devise disparaît bien que la tête de Maure et les fleurs de lys subsistent encore. Lorsque Paoli forma le royaume anglo-corse, la tête de Maure associée aux armes du roi d’Angleterre redevint, de 1794 à 1796, l’emblème officiel de la Corse. (...) Apparue à la fin du XIIIè siècle sur les sceaux du roi d’Aragon, portée peut-être par quelques chefs corses du parti aragonais aux XIV et XVè siècles, reparue sur un atlas italien du XVIè siècle, répandue par lui à travers l’Europe des cartographes, ramenée en Corse par Théodore de Neuhoff en 1736, devenue avec Paoli l’emblème officiel de la Corse indépendante, telle est l’extraordinaire parabole historique de la tête de Maure." (Extraits de l'Ouvrage : Trois Etudes sur Paoli par Pierre Antonetti - La Marge édition) etc... Si vous circulez du côté de Bastia, vous apercevrez peut-être les affiches de l'humoriste PIDO pour son spectacle actuel... une "tête de Maure" (sic!) pour le moins dérangeante, un peu pâlichonne, mal rasée, l'oeïl malicieux ... |
16:21 Publié dans corse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : drapeau corse, a bandera, tête de maure, héraldique corse, histoire de la corse | Facebook |
07/08/2009
hier, en Castagniccia...
09:48 Publié dans parcours de découverte du patrimoine en Corse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : castagniccia, fresques de corse, églises baroques de corse, orgues historiques de corse | Facebook |
05/08/2009
U stingagliulu di sigolu de Lisandrina Grimaldi: suite...
dessin de Ghjuvanna Lanzalavi
San Ghjuvanni si n'era falatu in Calvi à fà a so pruvista pè una misatica. Ghjimbava u spinu di a so picurella
sottu à i diciottu chilò di u bugnu chì Tumasgiu di Grisgione, O lu scruccone!, l'avia vindutu à prezzu di turistu,
tuttu imbulicatu inc'una piccia di casgiu vechju puzzulente.
Pocu cuntrastu frà i dui omi ! San Ghjuvanni dicia :
«E' cumu, o sgiò Cancellieru, soga mi pigliate pè u «Club Méditerranée» o pè u direttore di a «Balagne»!
Eiu sò santu è voi cunfratellu, allora fatemi un prezzu ragiunevule!
- Innò! Innò! Ciô chì hè dettu hè dettu! S'è voi un avete frasca lampate una chjama à Roma chì, quallà,
l'anu ancu rughjinosi!
Ind'è stu mentre, Sant'Eramu, u santu di i piscadori, in un scornu, à mezu aligoste, zarruli è capponi
mughjava cum'è un persu: «A' i pesci freschi ! »
A' dui passi, Sant'Ignaziu, crosciu cum'è un piulellu chì candillava in casa soia, circava un pocu di muneta
pè copre a so cappella tufunata. Grisgione facia u passa è veni scarmigliendusi tuttu :
« Ma cumu fà pè empie e nostre stacche?
- Ne pensu una ! State à sente à me o cari amichi !»
«Sintemu ciò ch'ellu bolle sottu à stu chjoppulu!
- L'estatina, s'è no vindessimu cugnole, acqua è sole a nostra furtuna hè fatta dice Grisgione.
- Uh mamma! E' à piscà, quale hà da andà risponde Sant'Eramu tuttu infritulitu.
- E'Faustinu.induveumittite?
- Anh ! Avete raggiò o Tumà ! »...
I quattr'omi assuciati lege 1901 missenu trè mesi pè almanaccà u so marcatu ch'andava da u Ponte à Bambinu
à a Foce di a Figarella. Diraschendu, anu scupartu uni pochi di vechji rundini di pinu larice chì i Rumani
falavanu da Ficamara pè fà battelli. Cusì era l'usu. Fedenu un tavuletu chì righjunghjia e duie sponde di u fiume.
Sant'Eramu strascinò cugnole di tutti i culori da Galeria à a Punta di Spanu è impiì e curbelle è e fattoghje
chì Tumasgiu fece cu i ghjunculi di a Marana è di e Tamarice.
San Ghjuvanni, cun garbu, azzingò tutta issa marcanzia nantu a e rete pè mettela in vista à i passanti.
Funu messi i caratelli d'acqua fresca muntagnola à l'umbria sottu à u ponte carcu di frasche è di bussu.
U tavuletu di pinu larice luccichente aspittava e ghjente in bramma di sole. Sant'Ignaziu era u secretariu
è u casceru di l'associu. A' u son di u cornu marinu è tale l'apparitore di a nascita di u Bambinu,
chjamava a folla sempre pagna à ogni scalu di battellu.
U trent'unu d'agostu i baugli eranu pieni à tappu. Sant'Eramu hà pussutu rinnuvilla i vechji cannoti è e barcelle
calvese è poi hà apartu in citadella u Museu internaziunale di a marina; Biasgiu Orsini
dettu «Birbantellu» spisciuleghja tuttu!
Sant'Ignaziu hà rifattu a so cappella nova è avà l'altare hè di marmaru di Carrare. I scultori sô vinuti da Muru,
i vitraghji da Francia, a pittora da a Piazza di l'Olmu. Di lugliu, in cappella di Santu Ignà ci si canta a messa parata.
U nostru caru Grisgione, cantore, impaghjillante, traculinu, travindarolu di casgiu è di figatelli, u nostru
Grisgione cunfratellu, cancellieru, prufessore d'armunia, zappaghjolu, biancadore di tombe, teatrinu, teologu,
u nostru Tumasgiu s'hè tinutu una bella purzione di sole pè fà fiurisce a machja calinzaninca.
E' cusì, nantu à e ripe di u Seccu, s'attollanu è si scioglienu l’ape in un spirilizzu d'oru.
L'ASSOCIATION (cuntrapuntu d'Elizabeth)
Lassés depuis longtemps d'attendre sous leurs ors et leurs carmins poussiéreux que la dévotion des villageois leur fasse prendre l'air hors de leurs chapelles décaties, Saint Jean, Saint Ignace et Saint Erasme ont abandonné leur immobilité vermoulue et repris incognito du service parmi nous. Leur statut imprévisible de Saint ne leur vaut ni inscription sur les listes électorales, ni pension de l'Etat, ni sécurité sociale, ni retraite des vieux. L'Eternité demande quelque débrouillardise. Or notre pays regorge de tout ce qu'une âme sainte peut désirer et c'est que songe leur collègue, notre confrère, Tumasgiu di Grisgione, tout en déplaçant ses ruches du côté du Fiume Seccu: les cascades d'eaux vives dévalant les montagnes, et qui se reposent parfois dans de mystérieux cloîtres chantants, où, de laudes à vêpres, frémissent et glissent gyrins et gerris... les menthes aquatiques, violettes, accrochées aux galets de couleur, le soleil bouillonnant dans le cresson à la dérive, les dessous de rochers sombres comme des cavernes où veillent de minuscules dragons, la salamandre flamboyante et le triton transparent... et tous ces parfums capiteux où chavirent les abeilles: aubépines, églantines, fastueuses ombellifères, troublantes clématites... Pardessus ces merveilles, l'astre souverain, et là-bas, au fond de la vaste plaine, la mer et ses arrivages frais de poissons - et ceux (les voies du Seigneur sont impénétrables) bien moins frais de touristes pâlichons...
Tumasgiu et nos trois saints s'associent donc et installent sur la Figarella « avec les matériaux locaux » un vaste présentoir digne d'une multi-nationale où brillent de tous leurs feux cailloux de rivière, fiasques d'eau fraîche, pièges à soleil, ombres de buis, odeurs de maquis, miroirs aux alouettes, chants de verdiers, roucoulades d'amoureux et même grommellements de sangliers. Bref, pour un prix raisonnable, les hordes hagardes de touristes à peine débarqués reprennent forme et couleur, s'apprivoisent et se civilisent, redonnant du même coup un toit solide à la chapelle de Saint Ignace, des barques neuves aux pêcheurs de Saint Erasme, des visions optimistes à Saint Jean et de nouveaux essaims dorés à Tumasgiu...
Venez donc à Calenzana vérifier si j'ai menti.
(à suivre...)
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