11/08/2009
A BANDERA
Je fais cette note pour répondre aux questions nombreuses et récurentes des amis qui m'accompagnent lors des parcours de la Montagne des Orgues et s'interrogent sur la signification identitaire de la tête de Maure sur le drapeau corse, que l'on voit aux côtés du drapeau européen et du drapeau français sur la façade des mairies de Corse ... et sur tee-shirts, tongs, gâteaux, fromages, enseignes, affiches faisant la promotion économique de l'identité corse ...
Voici donc quelques textes écrits sur le sujet glanés ça et là... Bonne lecture!
A propos de A TESTA MORA (la tête de Maure) sur A BANDERA, le drapeau de la Corse.

Le Maure, ou le jeu de l’altérité.
L’opposition entre Maures et chrétiens a certainement été, dans les cultures européennes, un moyen commode de désigner la différence entre soi et les autres, ceux que l'on voulait rejeter. Le théâtre populaire issu du Siècle d'or espagnol confond Maures, hérétiques et protestants; dans la pastorale basque, les «méchants» sont toujours appelés «Turcs».
Chacun, sous le regard de celui qui veut l'exclure, peut devenir le «Maure» et tel a été le destin des Corses. Des gravures du XVIIIème siècle, représentant des Grecs réfugiés en Corse et vêtus à l'ottomane, furent légendées sans vergogne «Habitants de l'Isle de Corse». Les portraits gravés du roi Théodore le représentent parfois vêtu comme un oriental et l'on s'est demandé (jusqu'à Orson Welles) si Sampiero Corso n'avait pas fourni à Shakespeare le modèle d'Othello: Le Maure de Venise. En 1722, dans ses Annotazioni..., le gouverneur génois Felice Pinelli est encore plus explicite: il déclare qu'en raison des costumes féminins, du rituel de leurs funérailles, de leurs danses, de leur sombre aspect, les Corses «ont du Moresco» dans leur apparence.
Les hasards de l'Histoire ont fait, enfin, qu'une tête de Maure figure sur les armes de la Corse. Cette figure héraldique que l'on pouvait donner au chevalier chrétien vainqueur d'un Infidèle, la Corse la devrait au royaume d'Aragon, qui prétendit à la suzeraineté sur l’île entre le XIIème et le XVème siècle. La tête de Maure est, quoi qu'il en soit, devenue l'emblème de la Corse et ses habitants ont donc dû lui trouver un sens. D'aucuns disent que la Testa mora est celle d'un sultan tué par le jeune homme auquel il avait ravi sa promise, d'autres y voient le visage d'un esclave libéré par son maître ou le symbole même d’une Corse en lutte contre ses oppresseurs. Le Maure peut être une figure de l'Autre. Il peut aussi, dans certains cas, devenir une image de soi. Mais n'est-ce pas toujours d'eux-mêmes - de leurs peurs et de leurs désirs - que les chrétiens ont parlé en parlant des Maures? »
Marlène ALBERT-LLORCA - Jean-Marc OLIVESI
Moresca – Exposition temporaire du 10/07 au 30/12/1998
Musée de la Corse – Citadelle de Corte
Testa mora
Dans la langue très codifiée des héraldistes, les armoiries de la Corse sont ...
... «d'argent, à la tête de Maure de sable, tortillée du champ»
Pour «traduire» cette description, il faut d'abord préciser que l'héraldique utilise des émaux, comprenant (notamment) cinq couleurs et deux métaux.
Les cinq couleurs: azur (bleu), gueules (rouge), sinople (vert), pourpre (rouge profond violacé), et sable (noir). Les deux métaux: or et argent.
Ces émaux peuvent être figurés en enluminure (couleurs réelles), ou par des signes conventionne (hachures...), notamment pour les ouvrages imprimés (en noir et banc). Le signe conventionnel de l'argent est un simple fond blanc.
La description commence par le champ, c'est-à-dire le fond:
«d'argent...»
«à la tête de Maure de sable», c'est-à-dire noire (certains traités d'héraldique notent qu'il est inutile de préciser cette couleur: la tête de Maure est forcément «de sable».)
«tortillée du champ» signifie que la tête porte le bandeau, qui en héraldique couronne toujours la tête de Maure, et que celui-ci est d'argent, comme le «champ».
Enfin, à l'origine, les armoiries sont destinées à figurer sur l'écu d'un chevalier. La figure (tête de Maure, par exemple) est tournée vers la dextre: c'est-à-dire vers la droite du chevalier et... vers la gauche de celui qui regarde.
On a beaucoup glosé sur tous ces éléments, et Pascal Paoli lui-même a voulu attribuer au bandeau la signification de la souveraineté retrouvée des Corses (Antonetti, 1980, p.26, n°36). Pour certains, ce bandeau blanc est en effet le signe d'une autorité royale (diadème des souverains hellénistiques par exemple). Pour Théodore de Neuhoff, cet aventurier allemand devenu roi de Corse d'Avril à novembre 1736, le bandeau descendu sur les yeux était, au contraire, le signe de la dépendance passée des insulaires, et il le souligna en ajoutant une chaîne aux armoiries. Le collier de perles et la perle d'oreille qui apparaissent fréquemment à cette époque sont moins des attributs héraldiques qu'une contamination du répertoire décoratif du temps. On dit aussi que la tête était tournée vers la gauche, alors que la tête est simplement tournée à dextre, ce qui correspond à la norme.
«Apparue à la fin du XIIIème siècle sur les sceaux d'un roi d'Aragon, portée peut-être par quelques chefs corses du parti aragonais aux XIVème et XVème siècles, reparue sur un atlas italien du XVIème siècle, répandue par lui à travers l'Europe des cartographes, ramenée en Corse par Théodore de Neuhoff en 1736, devenue avec Paoli l'emblème officiel de la Corse indépendante, telle est l'extraordinaire parabole historique de la tête de Maure» (Pierre Antonetti: «Le drapeau à tête de Maure», Études d'histoire corse - Ajaccio, La Marge, 1980).
Reste le choix de cette figure. Les armoiries peuvent être parlantes (lorsque la famille se nomme Mori, Morelli, Morazzani...) ou allusives: rappel de la victoire d'un chevalier chrétien sur un adversaire «maure»; mais de quel chrétien et de quel Maure s'agit-il? On a voulu voir, dans cette image, le souvenir de la reconquête de la Corse sur les Sarrasins. Pierre Antonetti rappelle que «l'emblème n'est pas né dans notre île, qu'il y a été importé par les rois d'Aragon». Toutefois, les Corses se le sont approprié, et il suffit de rappeler que le résistant Jean Nicoli le revendiquait jusque dans sa prison, avant d'être exécuté par les fascistes.
Jean-Marc OLIVESI
Moresca – Exposition temporaire du 10/07 au 30/12/1998
Musée de la Corse – Citadelle de Corte
La tête de maure.
Il existe de nombreuses formes et représentations aptes à symboliser dans l'imaginaire des gens l'île de Corse ; citons ainsi, la forme de l'île (poing au pouce relevé), le mouflon, la silhouette de l'Empereur Napoléon 1er ou ses diverses représentations...
Toutefois, aucune d'entre elles ne pourrait mieux représenter notre île que la fameuse tête de maure (testa mora) qui reproduite sur le drapeau (a bandera) est le seul emblème officiel.
Malgré tout si le dessin est célèbre, son origine l'est moins et nul ne saurait avancer avec suffisamment de certitudes une explication quant à la provenance de ce visage noir au front ceint d'un bandeau blanc.
Loin de vouloir vous imposer la nôtre, nous aborderons donc toutes les explications.
Le Choix de la tête de maure.
Seule certitude : la Corse en fera le choix définitif lors de la Consulte du 24 novembre 1762 ; hélas nul ne peut savoir quelles étaient les motivations des membres de la Consulte lorsque en ce jour d'automne ils décidèrent de donner à la Corse un tel emblème.
Tout au plus peut on avancer sans risque de se tromper que les raisons de ce choix sont à rechercher plus dans l'histoire ancienne de la Corse que dans le contexte de 1762 ; d'autant que si le choix de sa représentation définitive sera fait en 1762 la tête de maure est connue depuis bien plus de temps dans l' île de beauté.
Pourquoi la tête de maure :
Il semble unanimement convenu que l'origine de la tête de maure soit à chercher dans une victoire remportée face à un envahisseur sarrasin. Mais par qui ?
Pour les uns cette tête symbolise la victoire des corses lorsque les sarrasins venaient piller la Corse au cours du IXe siècle, pour d'autres elle est l'héritage de la domination du roi d'Aragon (dont les armoiries comportaient 4 têtes et a qui la Corse fut confiée en 1297) qui lui avait remporté une victoire, pour d'autres encore nous la devons à l'Empereur Charlemagne qui aurait débarrassé l'île des sarrasins.
Les légendes corses ont quant à elles retenu une version flatteuse pour les habitants de Corse puisque la tête de maure représenterait une victoire acquise aux portes d'Aléria face à l'envahisseur mauresque.
L'histoire débute avec l'enlèvement d'une jeune fille par un cruel chef sarrasin, cette jeune fille aurait par la suite été délivrée par son fiancé venu la rechercher dans les possessions espagnoles du dit chef.
Par esprit de vengeance ce dernier aurait alors envoyé une partie de ses hommes dirigée par lui plus féroce de ces lieutenants récupérer la jeune fille par la force. L'armada maure débarqua alors aux environs de Piana et, semant la désolation sur son chemin, serait arrivée au bout de plusieurs jours de marche au portes d'Aléria.
Le fiancé qui avait été averti de l'arrivée des maures avait battu le rappel et les habitants de la ville se tenaient près à en découdre. La bataille s'engagea à distance mais bien vite les corses ne virent l'unique échappatoire que dans un combat au corps à corps, et à la nuit tombée au milieu d'une multitude de morts et blessés la tête du chez sarrasin se tenait là, plantée au bout d'une pique.
Emplis d'une joie justifiée, les vainqueurs auraient fait, durant plusieurs jours, le tour de l'île pour montrer la tête de village en village, en la tenant dans un drap blanc.
Évolution de la représentation.
Il n'y a pas que l'origine de l'emblème qui soit sujette à débat, la représentation en elle-même fait l'objet de controverses que nous allons à présent aborder, mais en guise de préliminaires rappelons l'unique caractéristique certaine : seule est représentée la face gauche du visage n'en déplaise aux publicitaires actuels).
La position du bandeau pose quant à elle problème, recouvrait-il les yeux ou pas ? Une version romantique pose en vérité que le bandeau couvrait à l'origine les yeux mais que Pascal Paoli aurait décidé de relever ce bandeau (signe d'esclavage) sur le front, symbolisant de la sorte la libération de la patrie.
Parmi ceux partisans de la théorie du bandeau déplacé, on en trouve également qui pensent que c'est à une décision de Théodore de Neuhoff (alors roi de Corse) que l'on doit la position actuelle du bandeau, puisque sauvé par son esclave noir d'une tentative d'assassinat il aurait demandé cette faveur en guise de reconnaissance.
Pour d'autres enfin, le bandeau n'aurait jamais été positionné sur les yeux mais cette croyance serait due au fait qu'initialement n'était représentés ni les yeux ni les oreilles, par conséquent l'imaginaire collectif aurait analysé le rajout ultérieur de ces détails comme un changement de position du bandeau.
( à retrouver sur: http://www.corsicanews.net)
Des rois d'Aragon à la Révolution ..."(...) La tête de Maure n’apparaît pour la première fois qu’en 1281, sur un sceau du roi Pierre III dit le Grand. Elle est quadruple et entoure une croix. Les successeurs de Pierre III continuèrent à se servir de cet emblème pendant un bon siècle, et ce n’est qu’en 1387 que le roi Jean Ier revient au sceau à quatre pals de ses ancêtres qu’il employa seul et que conservèrent ses successeurs tant que dura le royaume d’Aragon. (...) En ce qui concerne la Corse, retenons que l’emblème n’est pas né dans notre île, qu’il y a été importé par les rois d’Aragon et qu’il n’y est attesté ni à la fin du XIIIè, ni au début du XIVè siècle. (...) S’il n’est pas absolument exclu que certains chefs corses aient pu prendre la tête de Maure comme enseigne de leurs fanions et étendards, il est en revanche certain que le drapeau à la tête de Maure n’a pas été, en cette même période [XIIIè au XVIIè siècle], le drapeau officiel de la Corse. (...) Le 12 mars 1736 débarquait à Aleria un baron allemand qui se paraît indûment de titres aussi prestigieux qu’empruntés " [...] " Théodore de Neuhoff se faisait partout accompagner, dans sa marche triomphale à travers la Corse d’un portrait où il figurait en tenue d’apparat. Au bas de ce portait figurait un blason ainsi conçu : au centre, un écu carré surmonté d’une couronne royale, elle-même surmonté d’un globe. Dans l’écu, une tête de Maure, tournée vers la droite de celui qui la regarde, portant un bandeau sur les yeux, noué derrière la tête. (...) C’est donc à ce " roi d’opérette ", à cet aventurier qui ne régna que six mois que l’on doit la présence de la tête de Maure sur le drapeau officiel de la Corse. Or la popularité de Théodore fut immense en Europe... (...) Désormais, la tête de Maure est connue de l’Europe entière comme le symbole officiel des armes de la Corse (...) C’est avec Pascal Paoli que le drapeau à tête de Maure est devenu l’emblème officiel de la nation corse. | |
(...) Au début de son " Généralat " Paoli ne songea à innover en cette matière. Il garda l’emblème choisi, en janvier 1735, par les chefs insurgés dont son père, à la " Consulta " de Corte. L étendard portait l’image de la Vierge Marie. (...) Mais en 1760 Paoli imagina un changement. |
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(...) le 24 mai 1761, il fut décidé de fapper des monnaies "aux armes du Royaume". Ces monnaies[..]portent les armes de la Corse dans leur version définitive : un cartouche enferme une tête de Maure tournée vers la gauche avec un bandeau sur le front, noué derrière la nuque et un collier à deux ou trois grains. (...) Paoli a décidé de relever le bandeau qui, on l’a vu, était placé sur les yeux dans les armes de Théodore. Un mot de lui, cité par l’un de ses biographes, nous donne la raison de cette déclaration : " Les Corses veulent y voir clair. La liberté doit marcher au flambeau de la philosophie. Ne dirait-on pas que nous craignons la lumière ? (...) Ces propos sont corroborés par Ambrogio Rossi : " Le général avait coutume de dire en riant : " Désormais le bandeau royal est bien placé comme il faut et comme il convient à notre dignité et non pour notre honte, comme le voulaient nos ennemis. (...) Là ne s’arrête pas l’histoire de la tête de Maure. (..) Les Français la conservèrent en y ajoutant les fleurs de lys mais en supprimant complètement le bandeau. La Révolution, dans un premier temps donna au nouveau département de la Corse des armes où la tête de Maure voisinait avec les et une devise : La Loi, Le Roi . Mais, dès 1792 cette devise disparaît bien que la tête de Maure et les fleurs de lys subsistent encore. Lorsque Paoli forma le royaume anglo-corse, la tête de Maure associée aux armes du roi d’Angleterre redevint, de 1794 à 1796, l’emblème officiel de la Corse. (...) Apparue à la fin du XIIIè siècle sur les sceaux du roi d’Aragon, portée peut-être par quelques chefs corses du parti aragonais aux XIV et XVè siècles, reparue sur un atlas italien du XVIè siècle, répandue par lui à travers l’Europe des cartographes, ramenée en Corse par Théodore de Neuhoff en 1736, devenue avec Paoli l’emblème officiel de la Corse indépendante, telle est l’extraordinaire parabole historique de la tête de Maure." (Extraits de l'Ouvrage : Trois Etudes sur Paoli par Pierre Antonetti - La Marge édition) etc... Si vous circulez du côté de Bastia, vous apercevrez peut-être les affiches de l'humoriste PIDO pour son spectacle actuel... une "tête de Maure" (sic!) pour le moins dérangeante, un peu pâlichonne, mal rasée, l'oeïl malicieux ... |
16:21 Publié dans corse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : drapeau corse, a bandera, tête de maure, héraldique corse, histoire de la corse | Facebook |
07/08/2009
hier, en Castagniccia...






09:48 Publié dans parcours de découverte du patrimoine en Corse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : castagniccia, fresques de corse, églises baroques de corse, orgues historiques de corse | Facebook |
05/08/2009
U stingagliulu di sigolu de Lisandrina Grimaldi: suite...

dessin de Ghjuvanna Lanzalavi
San Ghjuvanni si n'era falatu in Calvi à fà a so pruvista pè una misatica. Ghjimbava u spinu di a so picurella
sottu à i diciottu chilò di u bugnu chì Tumasgiu di Grisgione, O lu scruccone!, l'avia vindutu à prezzu di turistu,
tuttu imbulicatu inc'una piccia di casgiu vechju puzzulente.
Pocu cuntrastu frà i dui omi ! San Ghjuvanni dicia :
«E' cumu, o sgiò Cancellieru, soga mi pigliate pè u «Club Méditerranée» o pè u direttore di a «Balagne»!
Eiu sò santu è voi cunfratellu, allora fatemi un prezzu ragiunevule!
- Innò! Innò! Ciô chì hè dettu hè dettu! S'è voi un avete frasca lampate una chjama à Roma chì, quallà,
l'anu ancu rughjinosi!
Ind'è stu mentre, Sant'Eramu, u santu di i piscadori, in un scornu, à mezu aligoste, zarruli è capponi
mughjava cum'è un persu: «A' i pesci freschi ! »
A' dui passi, Sant'Ignaziu, crosciu cum'è un piulellu chì candillava in casa soia, circava un pocu di muneta
pè copre a so cappella tufunata. Grisgione facia u passa è veni scarmigliendusi tuttu :
« Ma cumu fà pè empie e nostre stacche?
- Ne pensu una ! State à sente à me o cari amichi !»
«Sintemu ciò ch'ellu bolle sottu à stu chjoppulu!
- L'estatina, s'è no vindessimu cugnole, acqua è sole a nostra furtuna hè fatta dice Grisgione.
- Uh mamma! E' à piscà, quale hà da andà risponde Sant'Eramu tuttu infritulitu.
- E'Faustinu.induveumittite?
- Anh ! Avete raggiò o Tumà ! »...
I quattr'omi assuciati lege 1901 missenu trè mesi pè almanaccà u so marcatu ch'andava da u Ponte à Bambinu
à a Foce di a Figarella. Diraschendu, anu scupartu uni pochi di vechji rundini di pinu larice chì i Rumani
falavanu da Ficamara pè fà battelli. Cusì era l'usu. Fedenu un tavuletu chì righjunghjia e duie sponde di u fiume.
Sant'Eramu strascinò cugnole di tutti i culori da Galeria à a Punta di Spanu è impiì e curbelle è e fattoghje
chì Tumasgiu fece cu i ghjunculi di a Marana è di e Tamarice.
San Ghjuvanni, cun garbu, azzingò tutta issa marcanzia nantu a e rete pè mettela in vista à i passanti.
Funu messi i caratelli d'acqua fresca muntagnola à l'umbria sottu à u ponte carcu di frasche è di bussu.
U tavuletu di pinu larice luccichente aspittava e ghjente in bramma di sole. Sant'Ignaziu era u secretariu
è u casceru di l'associu. A' u son di u cornu marinu è tale l'apparitore di a nascita di u Bambinu,
chjamava a folla sempre pagna à ogni scalu di battellu.
U trent'unu d'agostu i baugli eranu pieni à tappu. Sant'Eramu hà pussutu rinnuvilla i vechji cannoti è e barcelle
calvese è poi hà apartu in citadella u Museu internaziunale di a marina; Biasgiu Orsini
dettu «Birbantellu» spisciuleghja tuttu!
Sant'Ignaziu hà rifattu a so cappella nova è avà l'altare hè di marmaru di Carrare. I scultori sô vinuti da Muru,
i vitraghji da Francia, a pittora da a Piazza di l'Olmu. Di lugliu, in cappella di Santu Ignà ci si canta a messa parata.
U nostru caru Grisgione, cantore, impaghjillante, traculinu, travindarolu di casgiu è di figatelli, u nostru
Grisgione cunfratellu, cancellieru, prufessore d'armunia, zappaghjolu, biancadore di tombe, teatrinu, teologu,
u nostru Tumasgiu s'hè tinutu una bella purzione di sole pè fà fiurisce a machja calinzaninca.
E' cusì, nantu à e ripe di u Seccu, s'attollanu è si scioglienu l’ape in un spirilizzu d'oru.
L'ASSOCIATION (cuntrapuntu d'Elizabeth)
Lassés depuis longtemps d'attendre sous leurs ors et leurs carmins poussiéreux que la dévotion des villageois leur fasse prendre l'air hors de leurs chapelles décaties, Saint Jean, Saint Ignace et Saint Erasme ont abandonné leur immobilité vermoulue et repris incognito du service parmi nous. Leur statut imprévisible de Saint ne leur vaut ni inscription sur les listes électorales, ni pension de l'Etat, ni sécurité sociale, ni retraite des vieux. L'Eternité demande quelque débrouillardise. Or notre pays regorge de tout ce qu'une âme sainte peut désirer et c'est que songe leur collègue, notre confrère, Tumasgiu di Grisgione, tout en déplaçant ses ruches du côté du Fiume Seccu: les cascades d'eaux vives dévalant les montagnes, et qui se reposent parfois dans de mystérieux cloîtres chantants, où, de laudes à vêpres, frémissent et glissent gyrins et gerris... les menthes aquatiques, violettes, accrochées aux galets de couleur, le soleil bouillonnant dans le cresson à la dérive, les dessous de rochers sombres comme des cavernes où veillent de minuscules dragons, la salamandre flamboyante et le triton transparent... et tous ces parfums capiteux où chavirent les abeilles: aubépines, églantines, fastueuses ombellifères, troublantes clématites... Pardessus ces merveilles, l'astre souverain, et là-bas, au fond de la vaste plaine, la mer et ses arrivages frais de poissons - et ceux (les voies du Seigneur sont impénétrables) bien moins frais de touristes pâlichons...
Tumasgiu et nos trois saints s'associent donc et installent sur la Figarella « avec les matériaux locaux » un vaste présentoir digne d'une multi-nationale où brillent de tous leurs feux cailloux de rivière, fiasques d'eau fraîche, pièges à soleil, ombres de buis, odeurs de maquis, miroirs aux alouettes, chants de verdiers, roucoulades d'amoureux et même grommellements de sangliers. Bref, pour un prix raisonnable, les hordes hagardes de touristes à peine débarqués reprennent forme et couleur, s'apprivoisent et se civilisent, redonnant du même coup un toit solide à la chapelle de Saint Ignace, des barques neuves aux pêcheurs de Saint Erasme, des visions optimistes à Saint Jean et de nouveaux essaims dorés à Tumasgiu...
Venez donc à Calenzana vérifier si j'ai menti.
(à suivre...)
11:50 Publié dans patrimoine populaire de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : contes corse, fole, lisandrina grimaldi, calenzana | Facebook |
03/08/2009
U stringagliulu di sigolu de Lisandrina Grimaldi, suite de la note précédente
... et voici comment notre chère Lisandrina préfaçait son ouvrage:
STRINGAGLIULI
Mai ùn avia pinsatu
Quandu in fiera cuntava
I strumbechji di u passatu
Chì u ventu i puntava
Frà i baroni di l’aghja
Mentre u sole s’appaghja.
Qual’hè chì và spiculendu
Postu chì a mansa hè bella
E’ qual’hè chì và stuppiendu
Hè ripiena a curbella
E’ qual’hè ch’atorzi manghja
Gustosi fiuroni incagna.
Vecu un’ombra chi s’inclina
«Gérins» è «gérris» alleva
Malgradu sta gran’ sicchina
Arba bambina sulleva
L’acqua di a Cinnarosa
Pè tutti hè generosa
Volta è gira Risabetta
Da u Seccu à u Reginu
Circhendu à Cantaretta
Trova Mascone è Bacinu
I capelli ricciulati
Di sigoli infasciulati.
Issa donna ammaistrata
Ristretti almanaccava
I frutti di a so grata
Acciarbi i rimbiccava
Nun possu più parà u scrittu
Hà maturatu è tene arrittu.
Noi avemu à Ghjuvanna
Ghjornu è notte disegna
E’ ci lampa la so manna
O quantu a trovu degna
Topi, ghjatti, torri è fere
Giranu cum’è le sfere.
A fata di u granaghju
Hà ringraziatu à Santu
Da ottobre à ferraghju
L’hà purtatu u so stantu
Più d’un stringagliulu avia
Pè traccià a nostra via.
... et voici à nouveau deux "fole" de Lisandrina Grimaldi... Je rappelle que les dessins originaux sont de Ghjuvannina Lanzalavi.
U BIGLIARDU RUSS1U

Furnaghjolu, un caffitteru muntagnolu, avia spusatu una parente ristretta. Illetteratu ma astutu, garbatamente s'avia fattu una bella clientella. L'omi d'ogni rangu suciale, ghjucavanu è fumavanu in tutta amicizia.
Ind'è e duie grande sale, u pastizzu curia cum'è a funtana di i Cavi. A prima ricivia i ghjucadori di carte; a seconda l'amatori di bigliardu.
Bramosu di cuntintà a giuventù, in più di u bigliardu tradiziunale, Furnaghjolu avia compru à tratte ind'è Mossiù Mustaccinu un bigliardu russiu. Tutta a santa ghjurnata, e stecche calcinate azure à puntu, facianu sciacchità e bocce rosse è bianche nantu à u lustrinu verde.
A' l'or a di l'aperitivu, e mamme spazienzose di vede rifrità a cena mandavanu i zitelli à circà i babbi, impazziti da issu ghjocu.
A' mezu à Santarella a so moglia malaticciosa, à Stella a figliola é à i clienti u caffitteru passava una vita alegra. Disgraziatamente, una dumenica d'aprile, issu bravu omu si n'hè mortu subitaniu, lasciendu dulori è debiti.
U dipusitariu di i bigliardi ghjunse lindumane in casa di a veduva è senza pietà si misse à prisintalli e so lagnanze. In corte parolle, ellu vulia u caffè sanu sanu
per scuntà u bigliardu russiu. Ma u Signore face un fattu è un altru... Amichi è parenti ghjunsenu à succore e duie sciartinate. Dopu à u cunsigliu di famiglia si decise: pagati saranu i debiti à a magiurita di Stella.
Mustaccinu, allora, ghjurede di fà passà à l'orfagna una vita ripintina. Durente anni è anni, l'adulescenza oscurata da issu core negru, Stella ingrandò, curata, allisciata da a so mammarella.
Trè volte a notte, Santarella e so duie mane e mittia nantu à u core di a so speranza è e s'arechje nantu à a bocca per sentene u rispiru aspessu lamen-tosu.
Ogni notte, fin'à vint'anni, Stella hà fattu sempre listessu sunniacciu: ghjunghjia in chjusella è mentre ch'ella cuglia fichi è uva, sbuccava un toru mugliu è curnutu à l'accessu. L'uchjaturaccia negra l'avia di Mustaccinu. Stella staccava un saltu nantu à u muru lamaghjosu è curia senza rifiatà fin'à u ponte di Santa Ristituta u toru curnutu sempre à e zanche. Ghjunta nantu à u ponte, Stella si lampava in fiume per francassi da e curniate è nutava fin'à Mercuriu. Custì,
u toru sciappatusi e corne nantu à e petre di u chjaccone smaria in l'acque sciumose di u turrente.
Era scritta in celu. A' a so magiurità, Stella s'hè spatriata cù a mamma u core alegru. Nulla cuntava per elle, nè case, nè tetti, nè amicizie. A pagaria di u bigliardu valia più chè a fame. Francassi da l'uchjatura di Mustaccinu era una grazia tamanta à u mondu. Pinsate à a gioia di Stella u ghjornu ch'ella hà pussutu pagà i debiti di Furnaghjolu.
Avà, vechja è serena, di ritornu in paese, cuntenta di ritruvà i so muri, Stella si ramenta a so giuventù. Ogni tantu, sunnieghja u toru mugliu vistutu di verdurinu tale u bigliardu russiu.
LE BILLARD RUSSE (contrapuntu)
Le destin m'apparaît parfois sous les traits d'un joueur de billard infatigable qui fait caracoler nos vies au gré de sa fantaisie. Vous pouvez le voir avec ses amis, debout sous la voûte fumeuse d'un café accueillant, sanglé dans son meilleur costume et chapeauté de neuf: je vous le dis, il a le coeur léger lorsqu'il mesure l'angle de nos destinées, car il sent d'ici le fumet du fricot que sa femme mijote à la maison depuis l'aube... A côté de lui, le patron, tendre et vigilant comme Furnaghjolu, veille à remplir les verres et contemple avec orgueil ce billard pour lequel il vient de s'endetter jusqu'au cou...
Un jour donc, la bille d'ivoire Furnaghjolu, habilement queutée, s'en vient frapper la bille Mustaccinu, négociant, qui lui vend alors à crédit le fameux billard russe. Peu après, Furnaghjolu brutalement blousé, est expédié «ad patres», et Mustaccinu s'en vient buter sur la douce Santarella devenue veuve. Par ricochet il percute Stella leur fillette. De cette méchante série, il s'ensuit que Stella devra avoir achevé de payer la dette du billard à sa majorité. Du coup, Mustaccinu, le cœur fielleux, visite inlassablement le sommeil de l'enfant sous la forme d'un taureau infernal et la chasse loin de son Eden de figues et de raisins mûrs.
Stella, le moment venu, franchira la mer, rencontrera dans sa course folle une bille autrement plus aimable que Mustaccinu et reviendra bien plus tard dans son village, allégée de sa dette: elle jouit aujourd'hui d'un repos mérité et d'une mémoire sereine. Pourtant certaines nuits, surgi de la ruelle, meugle sous sa fenêtre un grand taureau aux cornes d'ivoire et à la robe de feutre vert...
A MO GHJATTA «MARGOT»
Era tutta ammullizzata nantù à sette o ottu fronde di filetta, cuparta di pampana, techja è muscia di «chasselas» inzuccaratu. Mi campava! U 17 di sittembre in 25, dunque, mamma vindimiava. Alza una vetta è chì scopre? Lisandrinella divintata di poi Lisandinone mastucone! a macina! Era più bella chè una stilliccia di miziornu ! Ringraziendu à Diu !
«Eccu e furtune! disse mamma. Vulia cumandalla à a «Samaritaine» cum'è ramine di Lellè a Coffa è poi Santa Maria è San Antone a m'anu lampata quì, fatta è lesta ».
Da ch'ellu m'hà vistu, babbu hè andatu à l'Isula à cumprammi un lettu di farru biancu tuttu fattu à turtogliuli; un lettu pienu di seta, di ricamu è d'amore.
Zia Cisara hè corsa subitu ind'è a so mandria à munghje à Chjarasgiola è, a sera stessa m'aghju sciaccatu un fiadone tantu frescu è bonu ch'ùn aghju fattu mancu un rottu.
Zia Pindarella, ella, m'hà fattu rigalu d'una ghjatta rossa è bianca chì si chjamava «Margot» cum'è quella grand' criminale Margarita di Vergogna. Sapete quella roccia chì lampava l'amanti pè i purtelli ind'è a Senna. «Margot» era marzita da u mese d'aprile à u mese di sittembre. Un misgiu passa è l'altru vene è poi sò ghjunti nantu à sta tarra Musulinu è Hittileru, dui essari degni da forca. Dopu à sei anni di guerra strepitosa, ci hè vulsutu à parte da mare in là à stantà a nostra pastura, perchè chì stu stomacu sfundatu più s'empie è più si viota.
In 45, sò partuta cù mamma è ci avemu lasciatu case, tettu è «Margot» sola sola. Fù dura a staccanza.
Tutte e mane, a Signora Lisa li dava un'ovu frescu ch'ella pigliava ind'è u nidicale sottu à u so purtellu di cucina. Maria di «Ghjineparu» a ricattava è a scaldava pè u megliu.
Dopu à trè anni, incù u mo maritu Andria, ci avemu fattu un'affaccatella in paese è subitu subitu, ghjunta in piazza cumuna, mi sò messa à scallicà: «O Margot, o Margot!» Madama Sinibaldi à u purtellu: «Chjama puru chì Margot hè navantata, hé à limbu!»
- Cum'è? A limbu! Ma nimu m'hà dettu ch'ella hè morta!
Corgu ind'è Maria di Ghjineperu è prima ch'abbraccialla dicu:
- Chì n'ai fattu di a mo ghjatta,
- Eccu i stomachi! Hè avà chè tu
ghjunghji à riguaralla? Stammi à sente o Lisandrì: durente trè invernate si mittià frà a mo brusta è a mo trallanchera !
Si pigliava tuttu u mo calore, si pigliava ! mancu più e mo ghjambe frisgiulate ùn avia. Un bellu ghjornu di frighjina, ch'ella c'era a neve in Irruglia è u cotru ind'è a stretta di San Barlandinu, aghju scaldatu u spetu è quand'ellu hè statu rossu l'aghju infilzata!»
O ! O ! O ! Da u santavugliu, sò cascata in zizula è m'aghju fattu una bella sunnata.
Svegliati! Discetati! Milla a to ghjatta!
Apru un ochju è chì vecu? Margot inturniata d'una mansa di Margaritelle! A' chì mi sparliccava a faccia, à chì mi liccava e mani! O chì piacè! Ecculu u stirpugliu.
Una simana dopu, quandu no simu partuti, avemu viutatu e nostre valisgie è l'avemu impiute di i nostri ghjatti.
E' s'è voi andata à visità u Castellu di i Papi
in Avignon, ci sò sempre i ghjatti calinzaninchi à spassighallasi fronti alti è fieri

LA CHATTE MARGOT (cuntrapuntu )
II était une fois un roi et une reine très charitables et hospitaliers. Ils régnaient sur un pays florissant et leurs vignes étaient renommées au-delà des monts et des mers. Dans cette bénédiction ils n'avaient plus qu'un désir: avoir un enfant, et un beau jour de septembre, leur voeu fut exaucé. C'est ainsi que naquit la petite Lissandrina, tétant goulûment le chasselas sous les pampres ensoleillées, bercée par Bacchus lui-même, et chérie des fées: la fée des ondes, la fée des montagnes, la fée de l'âtre, la fée de l'olivier, la fée des greniers, la fée des sages, la fée des fous, la fée des fables... enfin, je ne peux toutes les nommer car elles sont des myriades pour qui sait les reconnaître (malheur à moi si j'en oubliais!) Elles étaient toutes là souriant autour de son berceau de vignes.
La première dit : « Quoi qu'il arrive, tu auras toujours un bon lit où coucher ».
La deuxième: «Quoi qu'il arrive, tu auras toujours un fiadone à manger ».
La troisième: «Quoi qu'il arrive, tu auras toujours avec qui partager ».
Une autre disait: «Quoi qu'il arrive, tu auras toujours la langue bien déliée ».
La fée Pindarella, elle, lui dit: «Quoi qu'il arrive, tu auras toujours une chatte Margot pour te réchauffer » et elle lui fourra dans les bras la plus chaleureuse, la plus douce, la plus capricieuse des petites chattes blanches et rousses...
La vie va et vient et les orages s'étaient abattus plus d'une fois sur la fillette, mais chaque soir, lorsqu'elle montait se coucher dans son grand lit, elle retrouvait Margot pelotonnée sur l'oreiller qui l'attendait, les yeux mi-clos: la chatte s'étirait et venait s'enrouler autour du cou de l'enfant, lui faisant un anneau magique contre le mauvais sort. Là, dans la chaleur de l'édredon, Margot lui ronronnait à l'oreille les mille contes de la Piazza Cumuna tels qu'elle les apprenait du haut des gouttières auprès de ses soupirants.
Bien plus tard vint l'époque douloureuse du sevrage: il fallut bien quitter Margot... Mais maintenant, Lissandrina, épouse et mère, offre à son tour à ceux qu'elle aime les innombrables enfants de sa chatte Margot qui se chargent d'apprivoiser les terreurs de la nuit et miaulent dans toutes les langues les fables calenzanaises. Il paraît qu'ils ont fait un tabac au festival «off» d'Avignon cet été...
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E fole di Piazza Cumuna, di Lisandrina Grimaldi


FUNTANE E’ MURICCIATE
Dopu à tante pesche, squasi mai miraculosi, a nostra barcella, avà truvillinata, ma cusì fiurita, finisce d’invichjà à l’intrata di u boscu. A menta fresca s’intillicceghja à i curdami.
I turisti chì ripiglianu fiatu, nantu à e muricciate di punta à u nostru ortu, venenu à inzuffasi u mustacciu ind’è a friscura. Pè innariulalli l’andatura l’avemu inturniata di rena è di piastre marine. Appillicate à cinque fili bianchi qualchi note di musica ramentanu l’introitu di a messa di u Mucale.
A’ mezziornu, u stradò lampa focu è, aspessu, porghju un broccu d’acqua fresca à i zitelloni chì collanu in muntagna pè scopre valle, monti è funtane. O tante surgente pè i nostri lochi ! ma tantu limicu à e petre di i canali.
Una notte di l’annu scorsu, un pastore piaghjincu, nativu di i cannoni Suprani, ci disceta cù voce disperata. Pare ch’una purtantina era ghjunta ind’è u compulu à l’ora di a munghjera è senza alcuna manera li disse di cullà à u più prestu in paese pè scopre un’affaru guffissimu : a funtana di a Regina avia persu u so vechju sciarbu è era culurita turchina. Tutta stunata, cercu à calmà e furie di u nostru amicu.
« Ti senti bè ? Sè sicuru ? Voli un duttore ? Ma chì sò ste pazzie ? Hè notte ceca, ùn ti possu infurmà s’ella hè sfigurata a funtana ! »
Ma l’omu era tantu inchietu ch’escu à pasparoni. Chjamu a mo vicina Cecca, micca più uchjuta chè mè è ci n’andemu à braccetta versu u guadellu. Duie donne in camisgia, in carrughju à mezanotte, pocu stranu u fattu.
Un cavalieru sbocca à u malgranu di Ciuschellà è ci lampa in sella. Mughju : « O furasteru, s’ell’era meziornu, sta franasia v’era passata ! Semu grisgie è sdinticate ! E’ chì vulete fà di noi ? »
« Cercu donne amurose di belle funtane. Site signalate nantu à a cumeta di l’acqua. Aisù ! Belle faccende v’aspettanu ! »
A sella ci sfughje è m’azzingu à a trecia di Cecca. Appese à a chjoma di a ghjumenta Saittella, franchemu Cuzia è u Castardu sculunendu e disfatte di l’omi. Puzzicheghj tanti è piu.
U cavalieru tira a sciabula, scupuleghja à San Petrone è crepa u nulu. Lavate è risciarate ci sentemu rinnuvilà ! Una fata cusgidora ci appara. Mittenduci dui tarraghjoli in manu ci ricumanda : « O donne affacindate, u sfilarozzu di e petre zucate gira in Balagna. Siate pronte à fà fronte ! A’u promu cantu di u cuccu, faranu una piantata in Bocca di u Ravalante ! »
Ubbidiole, l’uparata cuminciò cum’è i nostru antichi a ci avianu amparata. Anu ghjuvatu i tarraghjoli à ammansà tarra è cotuli à l’intornu di e surgente, di i lavandaghji, di e vaccaghje, di i ponti, di i piazzili, di i mulini è ancu d’un cunventu !
E’ poi, una mane d’aprile, avemu intesu cantà u cuccu è semu corse à a Fiera di e Petre. O chì billeza ! Tutte dumandavanu à fassi cunnosce è cherianu a stima di l’umani. I cumplotti di e petre ghjesgiale prufumate d’incensu s’alluntanavanu da quelle brumicciose di i casgili. A’ l’ombra di i lustinchi, a macine di a Rainca parlava di farina è di brennu è quela di u Pasturu, fata di mille chilò di marmaru, parlava di simulinu. Una ronda di tribbii cantava a « Chjama di l’aghju vaccinate » è l’altre si vultulavanu cum’è in tempu di spulera. Una funtanone in pezzi, à asciuvà l’arba bambina, e pignate figliuline di ranochje saltichjulavanu. Una cantarina schirzava u siccume di i guadri di u nostru chjassu cacciapuntati da une poche di teghje di Brandu. Duie pile di sumere, maestose vulianu inciaccia quella più preziosa di a turturella di u sgiò Ore.
U guadru di Stipitu, incarceratu da poi tant'anni avia righjuntu a flotta è innalzava a più grande bandera, bianca, f atta à cacciamosca.
Nantu à u pinzu di u Pratu, à l'alba di a seconda matina, a Petra Incatinata, cucina carnale di a Petra Turchina di Piazza Cumuna, suffiava ind'è u cornu. Si spumunava per imparà a nutizia : a ghjumenta Saittella si truvava in foce di Fiume Seccu è tirava miraculi di gondule.
In sella, u cumandante di a navigazione era un catellu muntaninu. Da a Tora Caldana à u pede di u San petrone l'a via in pratica ellu u fiume. E gondule, puntate da a zilevra facianu u colla è fala carche à petre in brama di i so lucali. Certe, stanche morte, asciugavanu e so lacrime di cuntintezza, ghjunte à u ponte di u Cruvilaghju.
U primu premiu hè toccu à u Piazzile di Ruglia. Nantu à i ponti, l'innamurati a si spasseghjanu à chjaru di luna; è Pardine sò dinò castelli è u poveru cunventu canta l'Alleluia. Ultimamente, dui ispettori muradori: un beccu cinnaricciu è un beccu à pargulatu misuranu l'appiombu cù a punta di e corne.
Di curugliula avemu spazzatu a calcina vechja. A nostra funtana di a Regina cummencia à ripiglià u so sciarbu è u so scottu. Hè stata tantu malata d'esse inghjuliata. Ancu dopu acconcia li ferma in pettu un angoscia tenace.
Dopu tanti mesi passati à u serviziu di e guadrere; Saittella chì scalava e gondule à a foce di u Seccu, ghjunta à l'ochju di Santa Lucia si ficcò ind'è l'urzaghju una ghjurnata sana, tutta adurata di menta fresca colta in la nostra barcella.
Quandu a bandera di u guadru di Stipitu sbattulò nantu à a Petra Incatinata, Saittella smarì in altu mare. U catellu muntaninu, ingratu, ci hà rincinziatu.
Torna grisgie è sdinticate ci simu impiumicciate ind'è i nostri letti. Ci ne scurdemu di Saittella, di e gondule, di e muricciate cu e funtane. Sbrancatu u telefunu, addiu à chì ci hà vistu.
inghjuliata. Ancu dopu acconcia li ferma in pettu un angoscia tenace.

( enclos, chemins bordé de murs, terrasses: l'écriture des pierres en montagne)
SOULEVEMENT DE PIERRES (cuntrapuntu d'Elizabeth)
Celui qui n'a jamais écarté le lierre au bord du sentier, ni déchiré ses mains aux ronciers des vieilles fontaines pour en délivrer la source et la vasque,
Celui qui, vautré dans la vase le nez sur les têtards, les coudes dans la menthe, n'a jamais gratté de ses ongles le limon des pierres savonneuses où se tordait le linge,
Celui qui n'a jamais su reconnaître, ou de l'usure du vent ou de l'intention de l'homme, ce qui faisait les pierres de son chemin, les pierres éboulées de «i tribii», le roc erratique du monolithe déchu,
Celui qui n'a jamais humé, dans l'abandon des vieilles bergeries l'auréole crémeuse des pierres à fromage, ni deviné sous la gangue du béton l'aristocrate effluve des stèles d'églises démantelées, dispersées au gré d'oublieuses mémoires,
Celui-là, comment aurait-il pu entendre leurs gémissements dans les geôles, leurs plaintes de mortification, leur sourde révolte enfin,
Celui-là, comment les aurait-il vues se dresser dans la nuit des temps et se mettre en marche comme une armée d'humiliés grossissant à chaque carrefour?
Oui, celui-là, comment pourrait-il croire à notre aventure?
Cecca et moi, grises et antiques amoureuses de voûtes et de margelles, on nous réveille en pleine nuit pour constater la malfaisante parure bleue dont vient d'être affublée notre chère fontaine de quartier « A funtana di a Regina »... la voilà emplâtrée comme une sainte vierge qui tournerait mal sur ses vieux jours ! Un peu plus loin sous le grenadier de Giuschella, le chevalier des pierres révoltées, nous enlève sur sa fougueuse jument Saittella…
Comment dotées d'une nouvelle vigueur, nous devons donner place et dignité aux pierres façonnées et nous assistons aux Etats Généraux des pierres insurgées : de la timide cupule des tourterelles au massif abreuvoir des ânes, de l'humble pierre ménagère à la meule du moulin, les unes arrogantes, les autres fragiles.
Ce que toutes revendiquaient.
Et comment l'armada des gondoles voguant sur les flots du «Fiume Seccu», rapporta à sa place consacrée les unes et les autres sous le haut commandement d'un fier euprocte des eaux de mon village.
Et comment Saittella s'en fut, la tâche accomplie, gorgée d'orge et de menthe, rejoindre en haute mer les chevaux de Neptune, nous laissant retrouver enfin nos rides, nos lits tièdes et l'oubli de nos peines.
Oui, tout cela, qui pourrait le croire, sinon l'amoureux des belles fontaines, des murs redressés et des chemins bien entretenus?




(Cupules néolithiques creusées dans un rocher, sous Speloncato)
merci, Hélène pour ton aide!
10:23 Publié dans patrimoine populaire de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : contes, fables, calenzana, lisandrina grimaldi conteuse | Facebook |