30/04/2014
REGARDS DU SUD 2014: 9, 10, 11 MAI A CALENZANA
REGARDS DU SUD
9, 10, 11 MAI à CALENZANA
Je diffuse bien volontiers ce message de l'ami Laurent Billard: un chouette programme, non?
> Message du 29/04/14 23:42
> De : "ventu di mare"
> A : Undisclosed recipients:;
> Copie à :
> Objet : REGARDS DU SUD 2014: 9 10 11 MAI A CALENZANA
>
>
>Tout le programme de Regards du Sud ici, avec du cinéma, du théatre, de la musique, des spectacles et des ateliers pour les enfants pendant trois jours dans les rues de Calenzana: 9 10 11 MAIAvec la présence pour la première fois en Corse du cinéaste tunisien Nouri Bouzid qui présentera son dernier film " Millefeuille"Le groupe occitan DU BARTAS, Celia PICCIOCCHI et Jacky LEMEN, les magiciens d'ARISTOBULLE, les masques de Pascal ARBEILLE, les spectacles pour enfants avec THILINA, les ateliers cirque avec Charlotte ARRIGHI DE CASANOVA, les sténopés avec Fabien DELISLE, les plasticiennes Linda CALDERON, Cathy ASTOLFI, Laura SANSONETTI, la danse avec Luisa VELOTTO et Maura GUERRERA, l'heure de l'olivier avec Jean Michel NERI et Christian RUSPINI, les "G", ALDILA, les associations UNA LENZA DA ANNACQUA, l'ANDATI, la dégustation de produits locaux, etc , etc...Entrée libre. Restauration sur place: spuntinu le midi, soupe du Sud le soir.
>Vous pouvez aussi devenir acteurs!! avec des ateliers:
>MASQUE avec Pascal ARBEILLE: du 2 au 4 mai Maison Saint Michel à CalenzanaDANSE AVEC Luisa VELOTTO ET Maura GUERRERA: Danse traditionnelle d'Italie: jeudi 8 mai de 11H à 12H30 à la Balagne, Samedi 10 mai 10H30 Place de la Mairie à Calenzana Danse orientale: vendredi 9 mai de 11H à 12H30 à la Balagne ( Calvi)CHANT POLYPHONIQUE avec Letizia GIUNTINI Mardi 6 mai, mercredi 7 mai, jeudi 8 maide 18H à 20 H Maison Saint Michel à Calenzana -Alors ... Osez... Participez à Regards du Sud 4ème édition!!pour s'inscrire répondre à ce mail... que vous pouvez faire suivre .A bientôtL'équipe de Ventu di mare
>merci à nos partenaires: Collectivité Territoriale de la Corse,Département de Haute Corse, Mairie de Calenzana, Eau de Zilia, Vignerons de Balagne, Clos Alzipratu, Leclerc Ile Rousse, Sonu è lumi, SPAR Calenzana, Boulangerie Amadeus, SEB Viande, Restaurant A Stazzona, Miel Dupré, Pépinière Roy, Village vacances la Balagne, foyer rural de Montemaioet à tous les bénévoles! A prestu!Ventu di Mareroute de Santa restituda20214 CALENZANA0611964645
>
>
08:42 Publié dans rencontres méditerranéennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : calenzana, regards du sud | Facebook |
17/04/2011
Sepolcri de la Semaine Sainte en Corse
Sepolcri de la Semaine Sainte en Corse
(à Volpajola, un sepolcru populaire, fleuri et placé en situation pour la Semaine Sainte)
Parmi les objets de la dévotion populaire les plus extraordinaires et les plus touchants pour moi, il est un patrimoine particulièrement menacé par l’abandon des coutumes religieuses : c’est celui des sepolcri peints que l’on créait pour célébrer la Semaine Sainte dans les villages. Contrairement aux séries des Chemins de Croix peints à partir de la prédication en Corse de San Leonardo da Porto Maurizio, en 1744, et qui sont encore visibles aux murs de nos églises – pas toujours en ordre, ni en très bon état, sauf lorsque la communauté a décidé de les faire restaurer et les réutilise "en situation" – les sepolcri, eux, survivent cachés, souvent mal entreposés, victimes de leur destination passagère: conçus pour mettre en scène la Passion dans l'église dès le Jeudi Saint , délimitant une sorte de chapelle ardente -le sepolcru ou reposoir - par des toiles peintes qui seront démontées et disparaîtront le Samedi Saint.
Décors éphémères, donc, peints sur des supports relativement grossiers et peu apprêtés, à l’économie, décors d’autant plus fragiles que manipulés chaque année à cette période…
En Castagniccia, à Ficaja, un sepolcru peint par Francescu CARLI
(ici le Jugement de Pilate et le portement de croix).
(idem: l'arrestation de Jésus au Jardin des Oliviers et la flagellation)
Deux panneaux articulés à taille humaine composent une partie de ce sepolcru dont l’entrée était gardée par ces deux soldats peu commodes.
Les anciens dans les villages me le disent tous et se souviennent: lorsque enfants, ils traversaient de nuit, la main serrée dans celle de leur mère, l'obscurité de l'église pour aller prier devant le sepolcru, la terreur s'emparait d'eux à la rencontre de ces guerriers menaçants montant la garde devant cette chapelle ardente éclairée par les lampes à huiles et les cierges crépitants… Emotion religieuse mêlée d'effroi, tissée de chants et de prières murmurées. De même qu'on ne laisse jamais un mort sans compagnie avant son inhumation, de même l'usage était de veiller Jésus après son agonie: Jésus et nos morts se bercent comme on berce les petits enfants, à voix douce, avec tendresse et instinct.
(les gardiens du sepolcru de Castiglione)
... sale tête, non? C'est l'Autre ( dans l'iconographie méditerranéenne "le Maure", "le Turc", "le Juif", bref, délit de sale tête oblige, ce n'est pas nouveau...), le féroce envahisseur qui razzie, massacre, ou le mécréant au service du Mal, de l'injustice etc...
et son collègue, redoutable centurion d'opérette, fièrement campé jambes écartées ...
(Castiglione, la Déploration du Christ: anonyme, début XIXe)
Peinture forte, et même si non conforme aux meilleures règles de l'art, efficace: au premier plan, les personnages jouent leur partition dramatique, nous happent dans leur communion muette et véhémente de la douleur autour du Christ mort: nudité rigide du Christ, Marie la Mère, les bras largement ouverts sur la pire souffrance du monde, compassion et chagrin du disciple aimant, Jean, larmes silencieuses de la femme à la chevelure flamboyante, Marie-Madeleine , commentaire du choeur des saintes femmes drapées de bleu sombre, tout est en place. Derrière eux, une surprenante montée du Golgotha avec le portement de croix égréné à petits traits nerveux le long de la pente...
Dans cette petite église de la Ghjuvellina se jouait - et se chantait - naguère une Passion à laquelle participaient tous les gens du village, jeunes et vieux, réactualisant le sens des mystères du Moyen-Age: j'ai rencontré là-bas le dernier ange de cette passion, un ange de quatre vingt dix ans passés... Ce vieux monsieur restait aussi le dernier protagoniste de l'extraordinaire carnaval de ce village où se vivait pour le Mardi-Gras un véritable rite de printemps: musique, danse et castagnes pour faire renaître la vie, et précédant comme il se doit la grande fête théâtralisée de la Passion .
En Corse la présence du chant est indissociable de la ferveur religieuse et pour moi toutes ces peintures ont une voix.
Accompagnant cette iconographie, parmi les chants les plus répandus, l'on pourrait entendre la lamentation douloureuse du Stabat Mater :
"Stabat Mater Dolorosa
Juxta crucem la crimosa
Dum pendebat filius
Cujus animam gementem
Contristatam et dolentem
Pertransivit gladius
(Déploration du Christ)
O quam tristis et afflicta
Fuit illa benedicta
Mater Unigeniti!
Quae moerebat et dolebat
Pia Mater dum videbat
Nati poenas inclyti
Quis est homo qui non fleret
Matrem Christi si videret
In tanto supplicio?"
Nous sommes pris à témoin par ces sepolcri : compassion devant un drame universel, bien au-delà de la religion,
ou plutôt en amont, partage humain de cette douleur-là trop bien expérimentée par tous. Fonction libératrice du partage de la douleur.
"Santa Madre, questo fate,
Che le piaghe del Signore
Siano impresse nel moi core !"
(refrain populaire du Stabbat Mater)
Résonnance. Reconnaissance. Lien communautaire. Surtout lorsque ces sepolcri font l'objet de la Cerca, visites déambulatoires entre communautés voisines, ou entre confréries comme c'est encore le cas pour certaines régions de Corse.... Pas d’échappatoire: nous voilà acteurs de cette dramaturgie, non pas invités à un festin esthétique.
18:09 Publié dans patrimoine, semaine sainte en corse, sepolcri de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : reposoirs, semaine sainte, dévotion populaire, iconographie populaire de la semaine sainte en corse, dramaturgie du sacré, volpajola, calenzana, san damianu, ficaghja, nessa, feliceto, castiglione | Facebook |
23/11/2010
Toujours Novembre ...
Et après ... comment ça se passe ?
(nous chantait-on alors)
... DIES IRAE DIES ILLA ...
En Balagne, à Calenzana, comme dans une bande dessinée, ce Jugement dernier:
bon, ce que je constate, c'est que de l'autre côté il y a foule!
Le moment semble venu de définitivement séparer les Bons des Méchants, les Elus des Maudits: heureusement pour le tribunal céleste, les enquêtes sont menées rondement et sans risque d'erreur ... rien n'échappe à l'oeil du Juge suprême, pas même les plus petites rétrocommissons occultes ... ça va faire mal!
Une version jupitérienne de Dieu le Père, nimbé de gloire, foudroie les "MALEDICTI", désigne de sa main droite la Croix salvatrice et de sa gauche armée du sceptre montre les Ecritures, tandis que sonnent les trompettes annonçant la résurrection des morts. A ses côtés, la Vierge "nostra advocata" plaide, en compagnie d'une nuée de saints, reconnaissables à leurs symboles habituels, leur palme, l'instrument de leur martyre ... tous intercèdent en faveur des Morts: c'est qu'ils ont des trésors inépuisables de bienfaits à déverser sur nous ...
... foule animée, le regard tendu vers la lumière de Dieu le Père, à moins qu' on ne vous contemple vous, pour vous mettre en garde, comme ce Saint François qui prie pour vous ... ce qui me fait penser que cette oeuvre était peut-être destinée à la pastorale franciscaine ... en dessous, les élus, nombreux et sereins
tandis qu'au centre de la toile Saint Michel Archange continue de terrasser Satan et de chasser les Damnés (beaucoup moins nombreux que les Elus, je vous rassure) voués irrémédiablement à leur sort misérable : voyez ce qui nous attend si par malheur ...
... hé hé hé! ...
... j'espère que cet acte de dévotion lui aura été profitable, à ce Giuseppe,
le moment venu !
(à suivre)
22:59 Publié dans corse, la mort, patrimoine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jugement dernier, calenzana, balagne | Facebook |
08/09/2009
u stringagliulu di sigolu, de Lisandrina Grimaldi (suite)
A TUPARELLA BATTISTINA
Battistina Tagliarina, figliola d'un artisgianu paghjulaghjolu calzanincu era vana cum'è una zucca è predaghja cum'è a lisciva. E bocchi final Un c'era barba ch'ell'andessi cù e surelluccie à a scola in'è a maestra Pillì cù i so scurzali negri rillivati d'un filet tu rossu o turchinu. Innò! Ella s'appumpava di linu biancu. Un li piacia chè casgiu vechju picurinu o casgiu frescu caprunu. Ci vulia u criccu pè falli ruzzicà qualchi granellu di risu, stantatu cun tantu amore da cumpare Tagliarinu, st'omu di valore, rinumatu ind'è u circundariu.
A so paghjulaghjola era installata ind'è u Tofulu, in faccia à u casale Villanova, in cima di a piazza di a Torra. Sopra à a porta, inzuccata ind'è a petra si lighjia: «Ind'è u Tofulu, paghjole à chì ne vole, stagnarò è ranime, cochje è cuchjarine». A furastera, bramosa di rinnuvillà a so battaria di cucina, ghjunta à l'Annun-ziata, lasciava u ponte di u Saltu à manu diritta è pian pianellu cullava à fassi a so spesa.
A' dui passi, cumpare Bartoldu, artisgianu carbu-naghjolu, più forte chè u pevaru mattu, avia azzin-gatu sottu à u so purtillone à dece vetri un rillogiu di farru battutu, più grande chè quellu di u campanile è issu scrittoghju :
« Pè fà coce a paghjola
Noi vindemu carbone
Ind'è a nostra tupaghjola
O sottu a figa Narbone
L'or a a demu di rigalu
Un ci hè bisognu di ghjallu ».
Cumare Rillogia apria e so porta à tempu à ghjornu è chjamava e tope calzaninche ch'andavanu à empie e so sechje à la funtana di Sant'Antone, locu binadettu da i Dii; induve a vita si passava à chjachjarà, à fragassi pè a tacca o cantà à la ciotta di u sole. A ramina, ammanita da ziu Tagliarinu, sempre pronta à rinfriscà l'ansciaghjolu, guarnia u sichjaghju.
A' u sonu di a viola di cumpare Santu, i topi ballavanu masurche é scurtichje. Ma ghjuntu miziornu, cacciavanu e so meridiane di u stacchinu pè uchjighjà l'ora ghjusta. Mossiu Albertini, dettu «Spaissellu» perché l'avia fattu una grande carriera ind'è l'armata africana, ellu vindia i zuccarami, ghjustu in faccia à u scarparu ziu Bacinu.
U sabatu, zia Tagliarina carcava u so sumere Muvrone di stuvigliami è partia à fà u giru di u cantone, accumpagnata da i so masci. Quandu u tempu si pristava, turcianu à rochju versu Cassanu fin'à Belgudé cu tanti traculini è travindaroli. Strada facendu, pochi i scontri: a prima zia Bacina chì vendia scarpi, poi zia Martinò, ligera cum'è zilevra, lesta cum'è u telefragu ch'era incaricata d'andà à apre e porte di a cappella di Santa Restituta dopu avè sunatu l'Ave Maria in paese. Ghjunta à a piopa, salutava ziu Scopa riccu marcante di spazzule. Un si dispiazzava mai senza a so furtuna allibrata ind'una fronda di ghjineparu é piatta sottu à catacula di Muvrella a so sumirella grisgia. Di landi à e Petrine, scuntrava à Ambrosgiu u ziliacciu nantu à u so cabriulè, carcu insumatu di belle robe chì partia in Calvi. Sculà, a so serva, acciucciata, ripusava e so osse tronche ind'è a seta.
Una mane, Ambrosgiu si tampillava à mezu stradò.
«E’ chì v'accade o Ambrò?
- Un vi pare o zia Tagliarì, sta donna vistuta à te
Falcone, tè Lione è chì hà fattu piantà u mo sumere
incù u so ditu grossu innariulatu, scrilla da poi una
bella stonda ch'e l'aghju tocca ind'è a vigna. Sta
grand' bugiarda!»
E' quella: «Ma toque est dans la vigne!» Una buffulata di ventu scorna boie l'avia scappillata è u so cappellu si n'era vulatu ind'è a ruzeta di Toniu Maria ind'è a vigna suttana. Ci hè vulsutu à fà appellu à i Franciscani d'Alzipratu pè discioglie stu nodu. «M'hà toccu... tira è tocca... è vi ne contu nulla ! »
Una mane, versu trè ore, zia Sculiscia fala in carcera pè lavà u so casgiu. Sintia surnacà ind'una madia casgiaghja. Face pè sullivà u cuparchju eccu chì e madie si mettenu à ballà. Zia Sculiscia, spavintata pè issu valzu stranu si lampa pè u purtillinu ind'è u pozzu di Rafone, mughjendu: «O Lisandrì, O Natà! chì si passa sta mane? Currite tutti à vede i casgi ballarini!» In quattru è trè sette si forma un'accultina ind'è u chjassu. Natale, pè calmà e furie di a mamma li spiegava : « Un hè nulla o ma ! Hé un tarramotu annunziatu eri sera da u sapientone Arunu ! »
- E' quale hè stu lanciafame? Belli affari pô!
Ch'ellu fia a dinga, ch'ellu fia!
Sempre incruchjatu u cuparchju, a casgilante si
Misse à sigunallu. A Battistina piatta li mancava u
rispiru. Corri cuì, corri custì. Un s'hé pussuta francà
da u tagliu. A so vita era appesa à un filu. A ladra
vargugnosa tira un mughju: «Cruda chè voi site!
M’avete tagliatu a coda? Aiò, currite ind'è cumare
Ambrosgia è spiegateli u casu!»
Zia Sculiscia, tutta sturdulita pè issi fatti strani, piglia a stretta di San Barlandinu di u Rusugnulacciu, s'intiscia cù Restituta carca d'urtaglia di u Vivu, disceta à Ambrosgia è voltanu à curà a firita di a tuparella. A mettenu nantu à a scaffa, l'appiciccicanu a so coda eu una chjarula d'ovu è l'annodanu inc'un stringagliulu di sigolu.
«S'è a to coda ùn tene micca, a farè ristagnà da babbitu è dopu sarà sticchita cum'è u sgiò ghjudice. E' quandu u tarramotu s'avvicinarà starè in tupaghjola, hè u locu u più sicuru!» Allora Battistina disse ch'ella un era micca d'accordu, ch'issu ragiunamentu era falsu. Si misse à parlà di u passata pè appughjà i so detti: «In tempu di guerra, quandu e squadre inglese passavanu sopra à Calinzana pè andà à bumbardà l’Italia, c'era un bellu tupone rondulu cum'è un turettu, aiutante sceffu di giandarmaria chì mughjava da antu à l'usciu: «Sauve qui peut!»
A'u colpu, tutti i topi grandi è chjuchi, vechji è zitelli, masci è femine, mezi vistuti, mezi spugliati, scappavanu à bandula rotta pè u Dragone sopra à i Cannoni Suprani. Ghjunti ind'è e Merizaccie, si mittianu à l'aggrondu sottu à u castagnettu, à mezu à e vacche à u merezu; manse è spaurate, un rumina-vanu d'un pelu.
Tuttu parlendu, Battistina s'accunciava, si scuzzulava, pinsendu chì à miziornu ci vulia andà à tavulinassi in famiglia. Dopu centu scuse pè a so ingurdizia è tanti rincrazii pè a cura, Battistina sin'hè ghjunta in casa, ammutulita ma decisa. Lindumane, migliurata è assinnuta, vistuta d'un scurzale negru cum'è tutti i sculari, Battistina era in scola è pinsava: «Eccu i miraculi! Sò digià migliurata! Pensu chì a chjarula di l'ovu pè assanà l'osse hè l'untu di a Maddalena. Rumintatevi o ghjente e piaghe di Ghjesù!»
HISTOIRE EDIFIANTE DE LA SOURIS BATTISTINE (cuntrapuntu)
SUPERT AKAYAKAHACHTU ( *)
n'était pas encore venu
au village des Trottmenus.
Battistine Tagliarinu,
futile
fille d'un papa dinandier,
grandissait dans ce bon quartier :
on y trouvait un cordonnier
pour remplacer les vieux souliers
usés,
rompus à trotter sur les pierres
comme trottait maman si fière,
sa marchandise en bandoulière,
trottaient les moines en prières,
bien gras,
le marchand de balais radin,
le charbonnier notre voisin,
la fromagère aux ramequins
que Battistine au fin tarin,
en douce,
visitait, esquivant l'école,
rongeant sans autre protocole
de chèvres et brebis l'obole:
notre paresseuse en raffole!
ripailles...
Mais quel est donc ce valdingage
de bols, de formes à fromage?
Maman! la terre déménage!
et prise au piège du tangage,
petite
Battistine à son tour trompée
voit sa mignonne queue tronquée!
Piteuse, d'un blanc d'oeuf soignée,
pois d'une guimpe entortillée,
pensive,
elle retrouve sa maison,
sa queue, l'école, la raison,
apprend sagement ses leçons
et récite moults oraisons,
miracle !
Moralité: mieux qu'arnica,
à queues ou voix perdez, ô rats,
mn bon blanc d'œuf, deux hosannahs,
c 'est ce qu 'il faut, et puis... basta !
Souris...
* Prononcer « u » ou bien « ou » au choix
10:41 Publié dans patrimoine populaire de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : folle, conteuse populaire, lisandrina grimaldi, calenzana | Facebook |
05/08/2009
U stingagliulu di sigolu de Lisandrina Grimaldi: suite...
dessin de Ghjuvanna Lanzalavi
San Ghjuvanni si n'era falatu in Calvi à fà a so pruvista pè una misatica. Ghjimbava u spinu di a so picurella
sottu à i diciottu chilò di u bugnu chì Tumasgiu di Grisgione, O lu scruccone!, l'avia vindutu à prezzu di turistu,
tuttu imbulicatu inc'una piccia di casgiu vechju puzzulente.
Pocu cuntrastu frà i dui omi ! San Ghjuvanni dicia :
«E' cumu, o sgiò Cancellieru, soga mi pigliate pè u «Club Méditerranée» o pè u direttore di a «Balagne»!
Eiu sò santu è voi cunfratellu, allora fatemi un prezzu ragiunevule!
- Innò! Innò! Ciô chì hè dettu hè dettu! S'è voi un avete frasca lampate una chjama à Roma chì, quallà,
l'anu ancu rughjinosi!
Ind'è stu mentre, Sant'Eramu, u santu di i piscadori, in un scornu, à mezu aligoste, zarruli è capponi
mughjava cum'è un persu: «A' i pesci freschi ! »
A' dui passi, Sant'Ignaziu, crosciu cum'è un piulellu chì candillava in casa soia, circava un pocu di muneta
pè copre a so cappella tufunata. Grisgione facia u passa è veni scarmigliendusi tuttu :
« Ma cumu fà pè empie e nostre stacche?
- Ne pensu una ! State à sente à me o cari amichi !»
«Sintemu ciò ch'ellu bolle sottu à stu chjoppulu!
- L'estatina, s'è no vindessimu cugnole, acqua è sole a nostra furtuna hè fatta dice Grisgione.
- Uh mamma! E' à piscà, quale hà da andà risponde Sant'Eramu tuttu infritulitu.
- E'Faustinu.induveumittite?
- Anh ! Avete raggiò o Tumà ! »...
I quattr'omi assuciati lege 1901 missenu trè mesi pè almanaccà u so marcatu ch'andava da u Ponte à Bambinu
à a Foce di a Figarella. Diraschendu, anu scupartu uni pochi di vechji rundini di pinu larice chì i Rumani
falavanu da Ficamara pè fà battelli. Cusì era l'usu. Fedenu un tavuletu chì righjunghjia e duie sponde di u fiume.
Sant'Eramu strascinò cugnole di tutti i culori da Galeria à a Punta di Spanu è impiì e curbelle è e fattoghje
chì Tumasgiu fece cu i ghjunculi di a Marana è di e Tamarice.
San Ghjuvanni, cun garbu, azzingò tutta issa marcanzia nantu a e rete pè mettela in vista à i passanti.
Funu messi i caratelli d'acqua fresca muntagnola à l'umbria sottu à u ponte carcu di frasche è di bussu.
U tavuletu di pinu larice luccichente aspittava e ghjente in bramma di sole. Sant'Ignaziu era u secretariu
è u casceru di l'associu. A' u son di u cornu marinu è tale l'apparitore di a nascita di u Bambinu,
chjamava a folla sempre pagna à ogni scalu di battellu.
U trent'unu d'agostu i baugli eranu pieni à tappu. Sant'Eramu hà pussutu rinnuvilla i vechji cannoti è e barcelle
calvese è poi hà apartu in citadella u Museu internaziunale di a marina; Biasgiu Orsini
dettu «Birbantellu» spisciuleghja tuttu!
Sant'Ignaziu hà rifattu a so cappella nova è avà l'altare hè di marmaru di Carrare. I scultori sô vinuti da Muru,
i vitraghji da Francia, a pittora da a Piazza di l'Olmu. Di lugliu, in cappella di Santu Ignà ci si canta a messa parata.
U nostru caru Grisgione, cantore, impaghjillante, traculinu, travindarolu di casgiu è di figatelli, u nostru
Grisgione cunfratellu, cancellieru, prufessore d'armunia, zappaghjolu, biancadore di tombe, teatrinu, teologu,
u nostru Tumasgiu s'hè tinutu una bella purzione di sole pè fà fiurisce a machja calinzaninca.
E' cusì, nantu à e ripe di u Seccu, s'attollanu è si scioglienu l’ape in un spirilizzu d'oru.
L'ASSOCIATION (cuntrapuntu d'Elizabeth)
Lassés depuis longtemps d'attendre sous leurs ors et leurs carmins poussiéreux que la dévotion des villageois leur fasse prendre l'air hors de leurs chapelles décaties, Saint Jean, Saint Ignace et Saint Erasme ont abandonné leur immobilité vermoulue et repris incognito du service parmi nous. Leur statut imprévisible de Saint ne leur vaut ni inscription sur les listes électorales, ni pension de l'Etat, ni sécurité sociale, ni retraite des vieux. L'Eternité demande quelque débrouillardise. Or notre pays regorge de tout ce qu'une âme sainte peut désirer et c'est que songe leur collègue, notre confrère, Tumasgiu di Grisgione, tout en déplaçant ses ruches du côté du Fiume Seccu: les cascades d'eaux vives dévalant les montagnes, et qui se reposent parfois dans de mystérieux cloîtres chantants, où, de laudes à vêpres, frémissent et glissent gyrins et gerris... les menthes aquatiques, violettes, accrochées aux galets de couleur, le soleil bouillonnant dans le cresson à la dérive, les dessous de rochers sombres comme des cavernes où veillent de minuscules dragons, la salamandre flamboyante et le triton transparent... et tous ces parfums capiteux où chavirent les abeilles: aubépines, églantines, fastueuses ombellifères, troublantes clématites... Pardessus ces merveilles, l'astre souverain, et là-bas, au fond de la vaste plaine, la mer et ses arrivages frais de poissons - et ceux (les voies du Seigneur sont impénétrables) bien moins frais de touristes pâlichons...
Tumasgiu et nos trois saints s'associent donc et installent sur la Figarella « avec les matériaux locaux » un vaste présentoir digne d'une multi-nationale où brillent de tous leurs feux cailloux de rivière, fiasques d'eau fraîche, pièges à soleil, ombres de buis, odeurs de maquis, miroirs aux alouettes, chants de verdiers, roucoulades d'amoureux et même grommellements de sangliers. Bref, pour un prix raisonnable, les hordes hagardes de touristes à peine débarqués reprennent forme et couleur, s'apprivoisent et se civilisent, redonnant du même coup un toit solide à la chapelle de Saint Ignace, des barques neuves aux pêcheurs de Saint Erasme, des visions optimistes à Saint Jean et de nouveaux essaims dorés à Tumasgiu...
Venez donc à Calenzana vérifier si j'ai menti.
(à suivre...)
11:50 Publié dans patrimoine populaire de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : contes corse, fole, lisandrina grimaldi, calenzana | Facebook |