19/05/2013
l'exposition des Cartelami à Gênes: du 11 Mai au 25 Août 2013
Prélude:
où San Damianu en Castagniccia s'invite au Palazzu Ducale de Gênes ...
San Damianu, dans son environnement - photo de Paularella
l'église
et ses saints Côme et Damien.
Ces dignes saints tutélaires de cette - aujourd'hui - paisible région de Castagniccia,
ont fait un étrange voyage à Gênes
cherchant leur chemin dans les airs au-dessus de la ville tentaculaire
avec son port,
la multitude de ses palais,
et leurs jardins bien ordonnés,
ses immeubles hauts à l'assaut des collines,
ses innombrables coupoles, ses clochers émergeant entre les terrasses en quête de lumière,
faisant en vol d'étranges rencontres, tels ces deux molosses immobiles sur leur cabanon entre deux cordes à linge, , bref,
j'imagine mes bons Saints Côme et Damien quelque peu dépaysés,
atterrissant après un long périple au hasard dans l'une de ces innombrables rues étroites de Gênes et demandant leur chemin:
" S'il vous plait, pour aller au Palazzu Ducale?"
et admirant d'un oeïl connaisseur l'abondance divine ...
- je les imagine toujours, presque arrivés à destination, décidant d'entrer dans l'église du Gesu,
et, complètement enivrés par tant d'ors , virevoltant dans les airs,
à la rencontre des saints confrères
et des anges - saluant au passage Saint Matthieu :
(le maître-autel de San Damianu)
... et se disant : "bien sûr, c'est bien plus grand et plus riche qu'à San Damianu, mais à la maison c'est plus intime" ...
... maintenant allons Place de Ferrari, voir le Palazzu Ducale et cette fameuse exposition des Cartelami dont on voit les affiches partout en ville et pour laquelle nous avons fait ce voyage ...
L'imposant Palazzu accueille cette exposition qui nous fait honneur, à San Damianu, et à toute la Corse:
"Il Gran Teatro dei CARTELAMI, scenografie tra mistero e meraviglia " ...
Nous y avons rendez-vous avec notre sepolcru de San Damianu,
et avec un homme heureux: Michel-Edouard Nigaglioni, grâce à qui notre sepolcru a pu être sauvé. Tout impressionné de le voir exposé parmi tant de chef-d'oeuvres, dans un lieu aussi prestigieux, pensez donc, San Damianu au Palazzu Ducale, belle revanche sur l'histoire!
Disons-le tout de suite, notre sepolcru ne démérite pas et n'a rien à envier à ses confrères : même les Génois n'en reviennent pas ...
Il faut dire que Giacomo Grandi, le peintre milano-corse (Milan vers 1715 - Borgo 1772), réalise là en 1758 un ensemble magnifique pour la petite communauté de San Damianu. Restauré par la "Scuola Regionale per la valorizzazione dei beni cultirali" - ENAIP Lombardia - Botticina (Brescia)
(le Jugement de Pilate aux côtés de sa femme Procula)
Courez, si vous le pouvez, voir cette exposition dans les appartements du Palazzu Ducale, elle dégage une intense émotion populaire qu'il faut redécouvrir et faire connaître: un patrimoine "éphémère", car uniquement exposé lors de la Semaine Sainte, qu'il soit signé ou anonyme, du plus modeste au plus monumental, et qui ne peut se comprendre sans l'environnement humain des communautés qui l'a fait naître. La Corse, en ce domaine, même si seul le sepolcru de San Damianu est exposé à Gênes. tient une place importante dans cet "Arc latin ",
tel qu'il apparait dans le livre publié en 2009, actes des premières Rencontres Méditerranéennes sur les décors de la Semaine Sainte :
²
Le théâtre de la Passion dans l'aire méditerranéenne en ces quelques images, prises lors de l'inauguration ... mais rien ne vaut le choc de la visite!
Pour la scénographie de l'exposition, l'on a disposé des éléments parfois d'origines variées pour faciliter l'appréhension d'un tout: ici, ces silhouettes en bois découpé à taille humaine, i cartelami, proviennent de la chapelle du Saint Sépulcre des Pénitents Bleus de Nice (fin XVIII), début XIX° s.).
Elles accompagnent un Christ mort en bois polychrome de 1911: oeuvre de Cesare Zonca (Treviolo 1857 - Bergamo 1935) pour l'église du Sacré Coeur de Jésus à Sanremo (Imperia).
à comparer avec cet admirable Christ mort, présenté à la dévotion des gens de Feliceto (Balagne) pendant la Semaine Sainte, en bois polychrome -anonyme, fin XVI° s.
Ici, les sept figures de cette Déposition ont été peintes à l'huile sur des silhouettes découpées dans le métal - Castelnuovo Magra (la Spezia), Oratoire Nostra Signora Assunta début XIX°s.
Le Christ mort, lui, a été fait en " cartapesta " ( carton pâte), au XVII° siècle - Imperia Porto Maurizio.
Deux confrères pénitents, huile sur métal, Nice, chapelle Sainte Croix (mi XIX°), entourant le Christ peint par Eugenio Ardoino en 1886 - huile sur toile collée sur bois.
Flagellation, huile sur bois - Sasello (Savona) - Peintre ligure
Groupe de la Flagellation - Cosio d'Arroscia (Imperia) -église san Pietro
A Bastia, cette année pour le Jeudi Saint, dans l'oratoire de la Conception, le groupe des silhouettes empruntées à l'oratoire Saint Charles
(détail)
(détail)
Retour à l'exposition:
ces deux très belles Dépositions
Déposition de Domenico Torrielli - huile sur bois - Sassello (Savona), oratoire de San Roccu.
et celle de Tommaso (1739-1821) et Maurizio (1737- 1819) Carrega (Porto Maurizio)
Un thème dont on retrouve un écho savoureux et populaire dans nos petits chemins de croix de Corse, comme ici à Vallica, peint par Giacomo Grandi en 1757
L'immense "sepolcro istoriato" de Giuseppe Musso ( 1806-1866) pour l'église San Matteo de Laigueglia ( Savona).
Un ensemble monumental et grandiose dans un univers végétal très exotique
pour accueillir la Déploration du Christ
Déploration ici exprimée dans le modeste sepolcru de Castiglione, en Corse, 19°s.
Fontpédrouse, église Sainte Marie de Prats-Balaguer, dans les Pyrénées Orientales: un charme fleuri pour ce petit Monument,
gardé par deux farouches soldats empannachés et abrutis
... une constante dans nos sepolcri: ici l'un des deux gardes du sepolcru de Castiglione ...
ces soldats qui veillent sur le reposoir du Jeudi Saint : dans son tabernacle le saint Sacrement pour la communion lors de l'office du lendemain, le Vendredi Saint (Fontpédrouse).
Autre tabernacle "a tempietto" du Jeudi saint, celui de Villanova d'Albenga (Savone)
Parenthèse insulaire:
Il a un petit air de famille avec celui de Santa Lucia di Mercurio, dans la chapelle latérale dont l'autel abrite ce sepolcru de stuc (XVIII°):
l'ensemble de la Déploration du Christ, à Santa Lucia di Mercurio: chapelle du reposoir du saint Sacrement et du Christ mort, pour un même message.
Elle fait l'objet de l'installation du sepolcru peint par Francescu Carli (XVIII°s.) lors de la Semaine Sainte.
Revenons à l'exposition:
Reposoir eucharistique - mi 18° s - Bottega dei Carrega,
veillé par la Vierge et Marie-Madeleine, silhouettes peintes -fin 19°s. - par un artiste niçois - Sospel, chapelle de la Sainte Croix.
J'ai été très intéressée par ce message polysémique : le reposoir eucharistique n'est plus un simple tabernacle dédié à recevoir la réserve eucharistique du Jeudi Saint, mais il devient un sarcophage qui s'inscrit dans une veillée funèbre au coeur d' une "chapelle ardente", avec cette belle représentation du Christ mort veillé par les anges,
représentation que l'on retrouve aussi en Corse, comme ici pour le sepolcru de Quercitellu (Castagniccia) - Anonyme 18°s.
Porte du Sepulcre - Molini di Prelà (Imperia). Au-dessus de l'arc, les angelots présentent les instruments de la Passion.
le Monument d'Espira-de-Conflent, Pyrénées -Orientales - XVIII°s. : le sepulcre est solidement gardé par de redoutables soldats d'opérette ... tandis qu'en haut du premier arc, l'on peut contempler les "Arma Christi", instruments de la Passion ...
Tout-à-fait dans l'esprit du sepolcru peint par Filippo Malavesi pour Barretali (Cap Corse) ,
avec en bouquet les trophées des Arma Christi ...
... Ces instruments de la Passion que l'on retrouve peints sur la toile du sepolcru de Nessa (Balagne) , du peintre local Orsini (XIX°)
Maurizio Carrega (, ' Apparata delle Quarantore": l'adoration du saint Sacrement des Quarantes heures et les Âmes du Purgatoire:
magnifique!
A retrouver dans le beau catalogue de l'exposition, richement illustré et documenté, sous la direction éclairée de Franco Boggero et Alfonso Sista:
édité par SilvanaEditoriale:
www.silvanaeditoriale.
Une très belle exposition qui mérite le voyage! Et surtout l'incitation à sauver et remettre en valeur ce monde si particulier des décors éphémères de la Semaine Sainte.
Enfin, dans le même registre, nous avons été touchés, à la cathédrale San Lorenzo de Gênes, par l'affliction muette de ce petit calvaire de marbre, anonyme du XV° s.:
Saint Jean prostré
La Vierge évanouie dans les bras de Marie-Madeleine
Il s'agit bien d'un même partage émotionnel ...
00:04 Publié dans corse, expositions, la Semaine Sainte en Corse, sepolcri de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gênes, palazzu ducale, cartelami, sepolcri, san damianu, castagniccia | Facebook |
06/08/2012
la Balagne et la Castagniccia, avec la Montagne des Orgues
Association Saladini de Speloncato
« LA MONTAGNE DES ORGUES »
à la découverte du PATRIMOINE
Des parcours initiatiques et festifs pour rencontrer la Corse autrement, vous immerger dans ses paysages et ses communautés, découvrir son histoire, son patrimoine, ses traditions rurales : des clefs pour vous ouvrir les églises, vous faire comprendre leur sens caché et entendre leurs orgues historiques que l’on vous joue.
(Belgodère, vu depuis a Torra a la Cima)
MARDI 7 AOÛT : en Balagne
Accueil à Belgodère à 9h place de l’église : église St Thomas ( orgue Lazari , 1761), puis découverte de Costa (San Salvatore, orgue anonyme début XIX° s.), Muro (Sta Nunziata, orgue Pagnini 1796/Agati Tronci 1878), Cateri (Ste Marie, orgue Domini 1902).
(les petits monstres du fronton du premier autel des Servites)
JEUDI 9 AOÛT : en CASTAGNICCIA
maisons de Castagniccia et terrasses
Accueil à Ponte Leccia à 9h sur le parking du Super U. Découverte des fresques de la chapelle San Tumasgiu à Castellu di Rustinu, des églises baroques de Piedicroce ( St Pierre et St Paul, et l’orgue le plus ancien de Corse, 1619), Verdèse (St Sébastien, orgue 1896 Stoppia Nova (Notre Dame du Carmel), La Porta ( St Jean-Baptiste, orgue 1780), enfin du site archéologique paléochrétien et roman de Santa Maria di Rescamone à Valle di Rustinu.
(le clavier de l'orgue de La Porta)
Ces parcours reposent sur le bénévolat et les fonds récoltés lors de ces journées contribuent à la restauration et à la valorisation du patrimoine. Ils sont recommandés par les guides : Routard, Bleu, Michelin, Geo , Arthaud, Balado, Petit Futé… et ont fait l’objet de nombreux reportages ( journaux, radios, télévisions nationales et européennes )
Renseignements et réservations au :
TEL/FAX : 04 95 61 34 85 - Portable : 06 17 94 70 72
Participation aux frais : 30 € par adulte. Gratuit pour les moins de 12 ans.
e mail : elizabethpardon@orange.fr
Site : www.montagnedesorgues.com/
12:17 Publié dans actualité des parcours de la Montagne des orgues, découverte du patrimoine en Corse, orgues historiques de Corse, patrimoine des chapelles à fresques en Corse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : balagne, belgodère, servites de marie à belgodère, costa, muro, castagniccia, castellu di rustinu, la porta, piedicroce | Facebook |
25/02/2012
Ampugnani: les stèles ésotériques de Truchinacce (suite à suivre)
Entre Casalta et Silvareccio, ce site onirique de Truchinacce dans l'Ampugnani continue de nous interroger.
et chacun y peut apporter ses analyses et chacun peut y nourrir ses rêves les plus poétiques: le langage symbolique est constitutif de l'homme.
Pour le moment, en attendant la connaissance du site avant son pillage avéré (voir les notes précédentes du 2/1 et du 10/1/2012), et l'analyse du lieu par les amis préhistoriens qui pourrait confirmer ou infirmer que nous sommes bien en présence d'une expression mégalithique, nous tentons d'explorer son univers symbolique le plus récent.
Premier constat, les trois stèles gravées qui nous restent sont alignées face à l'est. Ce "recto" comporte de très nombreux symboles qu'il conviendrait d'analyser dans un contexte historique précis. Le verso comporte toujours - entre autres signes - une grande croix. Beaucoup d'éléments nous incitent de plus en plus à penser que nous sommes devant un discours gravé lié au monde de la carboneria (carbonarisme), bien ancrée dans l'Ampugnani du XIX° siècle .
On lira avec grand profit l'écrit consacré à ce sujet par Francis POMPONI : "La voie corse du passage du carbonarisme napolitain à la Charbonnerie française sous la Restauration (1818-1823)", dans "Secret et République (1775-1840)" par Bernard GAINOT, publié aux Presses Univ. Blaise Pascal en 2004.
Je vous invite aussi à découvrir dans l'Encyclopédie Imago Mundi le long article qui traite du carbonarisme :
http://www.cosmovisions.com/$Carbonari.htm
En voici un extrait, témoignant d'un rituel chargé de symboles:
"On a souvent confondu le Carbonarisme avec la Franc-maçonnerie, dont il n'est, en réalité, qu'un dérivé. Comme la Franc-maçonnerie, ou l'ordre des Illuminati (Illuminisme), dont on a parfois dit que les Carbonari avaient pu s'inspirer, le Carbonarisme a son cérémonial particulier, son langage symbolique, dont les termes sont empruntés au commerce du charbon. C'est ainsi que le lieu d'assemblée s'appelle hutte, en italien baracca; le pays où se tient l'assemblée, la forêt; la réunion elle-même, - ce qu'en langage maçonnique on nomme la tenue, - la vente, en italien vendita. Une réunion de huttes est une république. Purger la forêt des loups signifie délivrer la patrie des tyrans et des oppresseurs. De là, le cri de ralliement du Carbonarisme : Vengeance au mouton opprimé par le loup. Les statuts et règlements sont particulièrement sévères contre les parjures et les traîtres. L'indiscrétion, même involontaire, a son châtiment.
Chaque associé jurait de garder le secret sur l'existence du Carbonarisme, sur ses signes, son règlement et ses mots de passe; d'obéir aveuglément et sans réserve aux ordres intimés par la vente suprême, les choses commandées cessant d'être injustes dès qu'elles deviennent un moyen d'arriver au bonheur commun et, d'obtenir le but général; de dévouer sa fortune et même sa vie à la cause de la liberté et de la patrie.
En outre, pour être prêt à résister à l'oppression, à secourir ses « frères », appelés ici ses bons cousins, tout Carbonaro devait se munir, à ses frais, d'un fusil de munition et de cinquante cartouches à balle. Le parjure était puni de mort. Les grades par lesquels devait passer successivement le « bon cousin » étaient ceux d'apprenti, de maître et de grand-élu.
Un rituel d'initiation.
Voici, d'après Saint-Edme (Constitution et organisation des Carbonari), les détails du cérémonial usité pour une initiation au troisième grade : la vente se tient loin des profanes, dans une grotte obscure, cachée et connue seulement des Carbonari déjà reçus grands élus. La salle est triangulaire, tronquée aux trois pointes. Le grand maître, grand élu, qui préside la réunion, est placé sur un trône, à l'orient, dans l'angle tronqué supérieur. En face de lui, à l'occident, au milieu de la base même du triangle, se trouve la porte de la grotte. Elle est défendue par deux gardiens nommés flammes ou porte-épée, tenant à la main des sabres faits comme des flammes de feu. Les assistants sont rangés en deux files, à droite et à gauche du président. Ils ont la face tournée vers lui pour se conformer à tous ses mouvements, quand il fera des avantages ou autres cérémonies et solennités. Deux des assistants, ceux qui sont placés à l'extrémité des files, se nomment premier et second éclaireur; un troisième qui sert d'orateur est appelé étoile. Trois lumières en forme de soleil, de lune et d'étoile sont suspendues aux trois angles pour la clarté de la vendita. Le trône et les bancs sont couverts de drap rouge parsemé de flammes nombreuses. Le grand élu est en costume de l'ordre, ainsi que les autres assistants. Il a le front enveloppé d'un long mouchoir rouge enroulé en forme de turban, Il porte des sandales bleues, une tunique de même couleur et, au-dessus de la tunique, une longue robe noire serrée par une ceinture de laine rouge à laquelle sont suspendus une hachette et un poignard. Outre le costume ci-dessus, commun à tous les assistants, le grand élu président porte en sautoir un large ruban moiré tricolore, bleu céleste, jaune et vert, où sont attachés trois bijoux, marques de sa dignité : un triangle azur, image du ciel et de la divinité, un soleil d'or et un globe terrestre d'un vert pâle.« LE GRAND ÉLU. - Bon cousin, premier éclaireur, quelle heure est-il?Les sept avantages étant célébrés par les acclamations d'usage, lecture est faite aux assistants du procès-verbal de la dernière séance; puis, le procès-verbal adopté, le grand élu donne la parole à l'orateur appelé Etoile. Celui-ci explique et développe le but de la réunion. Après avoir fait une description de l'âge d'or, où les humains, obéissant aux lois de la nature, étaient bons et vertueux, l'orateur décrivait la situation malheureuse de la belle Ausonie et présentait le tableau navrant de son affreuse destinée.LE PREMIER ECLAIREUR . - Respectable grand élu, le tocsin sonne de toutes parts et retentit jusque dans les profondeurs de notre grotte. Je pense que c'est le signal du réveil général des hommes libres.
LE GRAND ÉLU. - Bon cousin, second éclaireur, à quelle heure doivent s'ouvrir nos travaux secrets?
LE SECOND ÉCLAIREUR. - A minuit, respectable grand élu, lorsque les masses populaires, conduites par nos affidés, les bons cousins directeurs, sont rassemblées, organisées, marchent contre la tyrannie et sont prêtes à frapper les grands coups.
LE GRAND ÉLU. - Bons cousins, flammes et gardiens de la sûreté de notre asile, êtes-vous sûrs qu'il ne s'est glissé parmi nous aucun profane et que tous les carbonari réunis dans cette vendita sont bien grands maîtres, grands élus?
UNE DES FLAMMES. - Oui, vénérable grand élu, les Introducteurs ont fait leur devoir. Il n'existe ici ni profane, ni Carbonaro subalterne.
LE GRAND ÉLU. - Tous les directeurs des divers grades carboniques, destinés au mouvement général qui va s'opérer, sont-ils à leur poste, bien armés, mes bons cousins, premier et second éclaireurs?
LES DEUX ÉCLAIREURS en même temps. - Oui, vénérable grand élu; tous sont partis après avoir réitéré le serment sacré de périr ou de vaincre.
LE GRAND ÉLU. - Puisque tout est si bien disposé, mes bons cousins, je vous invite à m'aider dans l'ouverture de nos travaux nocturnes en célébrant le septuple avantage que je commence à l'instant. A moi, mes bons cousins.
1° Au Créateur de l'Univers; 2° au Christ, son envoyé sur la terre, pour y rétablir la philosophie, la liberté, l'égalité; 3° à ses apôtres et prédicateurs; 4° à saint Tibaldo, fondateur des Carbonari; 5° à François Ier, comme notre protecteur et l'exterminateur de nos anciens oppresseurs; 6° à la chute éternelle de toutes les tyrannies; 7° à l'établissement d'une liberté sage et sans fin, sur la ruine éternelle des ennemis des peuples. »
« Elle obéit maintenant, disait-il, à trente soi-disant souverains, qui, rétrécis dans ce qu'ils appellent leurs domaines, n'en tyrannisent qu'avec plus d'impudence les peuples infortunés soumis à leur autorité dure, mais chancelante. C'est pour en débarrasser le sol que nos aïeux, les premiers bons cousins, ont établi la respectable Carboneria. Exilées du monde, n'osant se montrer au grand jour, la liberté, l'égalité, se réfugièrent dans les rand se cachèrent dans les ventes, dans les grottes les plus reculées, et là, reprenant la robe virile dont nous sommes revêtus, aiguisèrent leurs hachettes et leurs poignards et jurèrent de renverser en un seul jour tous les oppresseurs de ces belles contrées. Nous avons tous fait, sur le signe éclatant de la rédemption du Sauveur du monde, le serment sacré de rétablir sa sainte philosophie. Le moment est arrivé, mes bons cousins ; le tocsin de l'insurrection générale a sonné, les peuples armés sont en marche. Au lever de l'astre du jour, les tyrans auront vécu, la liberté sera triomphante. Employons le peu d'heures qui vont s'écouler avant d'arriver aux moments d'une courte et terrible vengeance, à relire et proclamer les nouvelles lois qui vont régir la belle Ausonie, la réunir en un seul peuple dans ses limites naturelles et la rendre libre, heureuse, florissante à l'exemple du reste de l'univers. »Ce discours achevé, le grand élu président prononçait à haute voix la formule du serment :« Moi, citoyen libre de l'Ausonie, réuni avec mes frères sous le même gouvernement et les mêmes lois populaires que je me dévoue à établir, dût-il m'en coûter tout mon sang, je jure, en présence du grand maître de l'univers et du grand élu, bon cousin, d'employer tous les moments de mon existence à faire triompher les principes de liberté, d'égalité, de haine à la tyrannie, qui sont l'âme de toutes les actions publiques et secrètes de la Carboneria. Je promets de propager l'amour de l'égalité dans toutes les âmes sur lesquelles il me sera possible d'exercer quelque ascendant. Je promets, s'il n'est possible de rétablir le régime de la liberté sans combattre, de lutter jusqu'à la mort. Je consens, si j'ai le malheur de devenir parjure à mes serments, à être immolé par mes bons cousins les grands élus, de la manière la plus douloureuse. Je me dévoue à être mis en croix au sein d'une vendita, nu, couronné d'épines et de la manière que le fut le Christ, notre rédempteur et notre modèle. Je consens de plus à ce que mon ventre soit ouvert de mon vivant, que mon coeur et mes entrailles soient arrachés et brûlés, que mes membres soient coupés et dispersés et mon corps privé de sépulture. Telles sont nos obligations à tous, mes bons cousins, jurez-vous de vous y conformer?TOUS LES ASSISTANTS à la fois. - Nous le jurons.
LE GRAND ÉLU. - Dieu vous entend, mes bons cousins! son tonnerre gronde; vos serments sont agréés. Le peuple est prêt à combattre, il triomphera! Malheur à vous si vous le trahissiez! »
L'orateur donnait ensuite lecture du pacte constitutionnel de l'Ausonie, qui devait être soumis à la sanction de la nation libre et unie."Comme on peut le voir, les bons cousins ne plaisantent pas!Voici une première grille de lecture de ces trois stèles proposée par un jeune chercheur féru d'ésotérisme en Corse:
(la face nord de la stèle centrale)
Je cite:
" Cœur (placé au sommet): N'est pas sans rappeler l'anthropomorphisme dont étaient dotées certaines « stantare ». Le coeur tient lieu de visage et s'apparente par la forme à la feuille de peuplier (arbre initiatique tenu pour sacré dans l'antiquité, lié à la résurrection).
Croix celtique écourtée (gauche) :
Symbole solaire apparenté à la roue solaire. Cycle (saison, course du temps …).
Symbole apparaissant dès le néolithique ou, si plus tardif, chrétien (signaculum domini = plaies du Christ).
Soleil (droite): Symbole solaire classique.
Croissant de lune vers le bas :
Symbole de minuit (passage du soleil à l’antipode).
Obscurité=secret=occulte
Croix : Se rapporter à la symbolique chrétienne et solaire.
Deux cercles concentriques radiants :
Couronne – Œil de la Providence – Soleil
Symbole surmonté par une croix.
Course du soleil (croix + astre) ou suprématie du «Christ-Roi» (couronne + croix + radiance)
Niveau (Figure centrale): Figure maçonnique (essentiellement celle du grade de surveillant) = équilibre ou harmonie, l'œuvre est réalisé et équilibré.
Figures pointues avec point au centre (sur les côtés du niveau): symbole inconnu. Possibilité d'être la lettre « D » dans l'alphabet maçonnique.
Eventuellement une allégorie des deux colonnes du temple (J et B)
Soleil et lune (gauche et droite) : Symboles maçonniques classiques.
Les gravures circulaires et rectangulaires, voire carrées, semblent être en rapport avec les degrés dans la hiérarchie des maçons ou compagnons ayant œuvré sur le site.
(la face ouest de cette stèle centrale et son percement au sommet, qui disait-on, laissait passer un rayon de soleil qui illuminait l'église pievane de Casalta)
(la face ouest de la stèle de droite)
INRI : Igne Natura Renovatur Integra (la nature est intégralement renouvelée par le feu).
Parole du rituel de Chevalier Rose+Croix (REAA) héritée de l’alchimie.
Croix à pointe aiguisée : Symbole héraldique (tranchant, aiguisé). Certainement un rapport avec l’arme (poignard rituel du Carbonaro ou Pinatu du Topu Pinutu).
Deux soleils : Symbole maçonnique typique. Saint Jean de l’Apocalypse (Solstice d’hiver) et Saint Jean le Baptiste (Solstice d’été), similitudes avec le dieu Janus aux deux visages.
(la face est de cette même stèle: le chêne qui a poussé entre temps ne permet pas de faire une photo d'ensemble)
(la face nord de la stèle de gauche)
Œil de la providence : Elément courant dans la symbolique maçonnique.
2 : Symbole évident de la dualité. En rapport certainement avec les deux colonnes du temples, les deux surveillants et le damier initiatique (noir et blanc).
S : Certainement symbole du serpent (symbole compagnonnique du tailleur de pierre).
Pentagramme : Elément maçonnique du grade de compagnon. 5 éléments (eau, terre, air, feu, éther) ou 5 sens.
Humain accompli et achevé.
Deux lunes superposées au dessus de l’horizon : Apogée et périgée.
4 : Chiffre de la matière. Croix dont l’axe horizontal et l’axe vertical sont reliés. Chiffre du carré.
3 : Trinité. Peut être même Troïka (organisation de cellules de 3 personnes). Chiffre du triangle.
(Peut-être le Chapitre 4 verset 3 des Corinthiens: « Si notre Evangile est encore voilé, il est voilé pour ceux qui périssent »)
Compas : Sert à tracer le cercle, qui garde en lui les secrets de l’initié. Symbole de l’esprit et composante des 3 grandes lumières.
Les trois dernières figures sont un rappel évident de la géométrie et sa symbolique ésotérique.
Cette stèle est certainement celle d’un compagnon devenu maitre. Elle a du être gravée progressivement du bas vers le haut
(la face ouest de cette stèle)
... et enfin, sa première conclusion:
Les monolithes sont certainement très anciens.
Il est essentiel de pratiquer un relevé topographique de la disposition des monuments ainsi qu’une analyse géologique des pierres.
Les éléments disparus ont de toute évidence, de façon coutumière en Corse, été certainement récupérés et insérés dans le paysage architectural (probablement dans les environs proches du site), que ce soit dans une bergerie ou dans les parois d’une maison.
Nous pouvons, aux vues des symboles et « styles » de gravures, qu’il s’agit d’une œuvre collective. Les gravures ont du se succéder au fur et à mesure du temps.
L’iconographie religieuse et maçonnique est quasiment classique mais la présence conjointe de celle-ci avec des éléments chrétiens nous laisse à penser qu’une société secrète du XVIIIème ou XIXème siècle a utilisé ces éléments en vue de rituels.
La maçonnerie dite « du bois », les Pinnuti ou Carbonari sont effectivement à l'origine des gravures. Des références au Compagnonnage sont évidentes. "
(à suivre ...)
11:16 Publié dans corse, histoire de la Corse, les pierres qui signent, les stèles de Trucchinacce, préhistoire corse, sculpture | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : casalta, castagniccia, silvarecciu, stèles ésotériques de l'ampugnani, carbonarisme corse, franc-maçonnerie corse, symbolique franc-maçonne, francis pomponi | Facebook |
20/01/2012
Santa Maria di Casalta, Piebania d'Ampugnani: brève du purgatoire ...
Santa Maria di Casalta, Pievanie d'Ampugnani, Castagniccia
Le 28 décembre 2011,
visite à Santa Maria di Casalta,
en bonne compagnie ... et en quelques images
Cette église pievane de l' Ampugnani a fait l'objet d'une publication dans les cahiers CORSICA de la F.A.G.E.C., n° 158/159, éditée en 1993. Ce cahier qui comporte une première partie sur la Piévanie d'Ostricone, fait, dans la seconde partie, le point sur cette Piebania d' Ampugnani après que l'équipe de jeunes sous la direction de monsieur Simonin ait réalisé en 1993 le sauvetage de ce sanctuaire menacé d'une ruine inexorable.
Parenthèse: en cette fin décembre, la belle lumière d'hiver vibre et joue dans les oliviers: l'appareil photo a fixé un rayon fort communiquant dans ce lieu habité ... (je rappelle que non loin de là en amont se trouvent les stèles gravées énigmatiques, dont l'une, dit-on, désigne par un rayon du soleil à travers un trou l'emplacement de Sta Maria ... ( voir la note : l'énigme des stèles ésotériques de Casalta).
... digne d'une Annonciation ...(Calenzana, collégiale st Blaise)
ou d'une adoration mystique ... telle celle de St Pascal Baylon (bannière, Francescu Carli, Alesani)
Revenons à Santa Maria. Cette église, classée Monument Historique en 1980, n'avait jusqu'alors bénéficié d'aucune intervention, et fissurée de toutes parts, pillée de quelques-unes de ses dalles de parement en calschiste gris, sournoisement éventrée par les lierres, elle risquait de sombrer définitivement dans la ruine. Je vous renvoie au cahier Corsica où vous trouverez le descriptif détaillé de ce sauvetage ainsi que les riches notes en pièce annexe qui, comme toujours, éclairent ce dossier. Hélas, depuis 1993, les choses en sont restées là, et faute d'investissement suffisant cette église romane du XI° siècle n'a pas bénéficié de la restauration qu'elle mériterait largement.
Aujourd'hui abandonnée des fidèles, elle n'est plus guère visitée que par les chasseurs et les bergers ... "On se souvient, à Casalta, que c'est à partir de 1939 que la procession annuelle à S. Maria a cessé de se pratiquer; auparavant, chaque année, le 25 mars, le curé bénissait les branches de lierre cuillies la veille sur les murs par les jeunes gens du village, et chacun en prenait une pour la mettre dans sa maison." (in Cahier Corsica 159) -
Curieuse, presque païenne, cette bénédiction du lierre : à la fois plante bénéfique et poison, tour à tour symbole d'immortalité et d'amour fidèle ou plante démoniaque... d'un vert insolent, sa force vitale ici s'agrippant vigoureusement aux murs ruinés de Santa Maria comme autour du tronc d'un arbre mort, échappant aux cycles habituels de la végétation perpétue la vie: " non meis viribus "...
La consolidation "provisoire" du mur nord en bois de pin remplit toujours tant bien que mal son office ...
mais jusqu'à quand tiendra-t-elle ?
l'abside, bien orientée à l'est et son beau parement de dalles de calschiste gris clair, attaquée par la végétation.
Le mur Sud avec le campanile et, construite contre cette façade, les ruines de la maison du piévan (1658): "On voit aussi dans un acte de 1468 que le piévan était dénommé " vesco de Ampugnani" et que le chroniqueur de la Corse Montemaggiani (...) emploie à son sujet le terme d'évêque d'Ampugnani" (cahier Corsica 159) . Rappelons à ce sujet que la Pieve d'Ampugnani constituait avec la Pieve du Rustinu le petit diocèse d'Accia, dont la petite cathédrale avait été plantée au XII° siècle au sommet du San Pedrone ... Ne la cherchez plus ...
une pierre sculptée dégagée lors des travaux en 1993
l'angle nord-ouest et son parement lumineux
la façade ouest reconstituée, avec son beau linteau replacé,
orné d'un décor en feuilles d'eau stylisées...
au revers de la façade ouest ...
hélas, la porte a perdu ses piédroits, arc et linteau, et le lierre est reparti à l'attaque ...
un sol illisible sous les ronces, qui abritait deux grandes fosses communes, arche, et au fond ...
l'abside et l'emplacement des deux autels latéraux: au-dessus de ces autels, aujourd'hui disparus, " se trouvaient des petits voûtains reposant sur des arcs engagés prenant appui sur trois consoles moulurées visibles (...) mais ayant perdu leur quatrième appui; c'était un pilier carré sans doute, du type de ceux qui existent encore à San Parteo de Mariana, à Lucciana, puisque le choeur de ce dernier sanctuaire offrait une disposition du même genre sur ses deus autels latéraux (...)" ( Cahier Corsica n°158/159, p. 169).
celui de gauche, déjà envahi par le lierre
et celui de droite
... qui laisse encore voir encore quelques traces d'enduits et fragments de peintures à fresque : quel pouvait bien être le programme iconographique de cet ensemble ?
l'abside en cul de four,
sauvée in extremis de l'éclatement:
fissures colmatées au-dessus de la fenêtre ...
Le linteau intérieur de la porte sud.
Le linteau extérieur de cette même porte a été réemployé depuis longtemps dans la fontaine du village.
... et, dans l'angle Nord ouest, la vision de la petite chapelle (funéraire?) de San Ghjorghju (Silvarecciu) sur sa falaise abrupte ...
A quand le réveil de cette église piévane de l'Ampugnani, gelée ou protégée par les Monuments Historiques ? Le constat de la dégradation de ces monuments témoins de la spiritualité et de l'histoire de la Corse fait mal au visiteur .
Il serait urgent sans doute de voir réunies toutes les bonnes volontés de cette pieve d'Ampugnani pour sauver et mettre en valeur ce qui peut encore l'être ... Il faudrait prendre exemple sur le travail opiniâtre mené par la petite association Camà in Altiani" qui a su dynamiser son projet fou de restauration de sa chapelle romane San Michele
(voir la note: ALTIANI, chapelle San MICHELE :
elizabethpardon.hautetfort.com/.../altiani-chapelle-san-michele.html)
restauration qui va prochainement connaître sa réalisation, grâce à la volonté sans faille d'une poignée de volontaires obstinés et inventifs! Je salue bien ici les amis d'Altiani! Ils nous donnent une belle leçon d'optimisme pour cette nouvelle année 2012 ...
(San Michele, Altiani: la chapelle en piteux état, dévorée par la végétation, toîture écroulée ... bientôt sauvée de la ruine! )
Pour gagner le village de Casalta et visiter l'église Santa Maria :
le plus facile, lorsqu'on n'est pas dans la région, est de partir de Folelli, sur la côte orientale, en empruntant la D 506, soit de quitter la N 193 à Barchetta en direction du col st Antoine. Le site se trouve sous le village de Casalta, à environ 1 km, facilement accessible par un beau sentier qui prend sur la D 205 au milieu d'un virage et qui nous mène rapidement à Sta Maria.
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21/08/2011
Ghjunsani: La Montagne des orgues jeudi 25 Août 2011
Association Saladini de Speloncato :
« LA MONTAGNE DES ORGUES »
Une journée initiatique et conviviale pour rencontrer la Corse autrement, vous immerger dans ses paysages et ses communautés villageoises, découvrir son riche patrimoine religieux, son histoire, ses traditions rurales : des clefs pour vous ouvrir les églises, vous faire comprendre leur sens caché et vous faire entendre leurs orgues historiques que l’on vous joue pendant le parcours …
JEUDI 25 AOÛT
une journée en HAUTE BALAGNE et GHJUNSANI
(Palasca)
Accueil à 9h à Palasca, sur la place de l’église, puis découverte de la vallée haute du Ghjunsani avec Olmi Cappella, Pioggiola, enfin de la Collégiale de Speluncatu …
(Speloncato)
Renseignements et réservations au :
TEL/FAX : 04 95 61 34 85 -
Portable : 06 17 94 70 72
www.montagne-des-orgues.com
Ces parcours de découverte du patrimoine sont encouragés par la Collectivité Territoriale de Corse et signalés dans les guides : Bleu, Routard, Géo, Michelin, Arthaud …
Les fonds récoltés lors de ces journées contribuent à la restauration et à la valorisation de ce patrimoine.
08:58 Publié dans la montagne des orgues, orgues historiques de Corse, patrimoine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : parcours de découverte du patrimoine corse, ghjunsani, palasca, olmi cappella, pioggiola, speloncato, castagniccia | Facebook |