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15/05/2009

sortie pédagogique à la découverte de l'orgue en Castagniccia

Ce mardi 12 Mai 2009...
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Sur l'invitation du Collège de Casinca et de sa dynamique Emmanuelle Marini, professeur de musique, les enfants de cette classe de cinquième ont pu découvrir en ma compagnie le monde un peu mystérieux de l'orgue: après une séance de présentation illustrée de photos et animée de questionnements divers sur l'histoire de l'orgue en général et sur le patrimoine actuel des orgues en Corse, toute cette joyeuse troupe a fait une première halte à Piedicroce. Pour certains qui n'ont jamais trop eu la possibilité de bouger de Folelli, c'était une occasion festive de rencontrer non seulement les orgues mais aussi cette Castagniccia montagneuse et ses belles églises (et ses virages...). Un plongeon dans un autre temps et dans la verdure des châtaigniers enfin feuillus.
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(Dans le décor foisonnant de l'église baroque de Piedicroce, le doyen des orgues de Corse,
 sa belle façade, et ses volets ouverts ornés de rinceaux dorés sur fond bleu)
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Les oreilles et les yeux grand ouverts, les enfants ont pu découvrir une partie du mécanisme du vénérable instrument de Piedicroce, orgue que le maître Giorgio SPINOLA construit en 1619 pour la cathédrale Sainte Marie de Bastia (voir la note sur l'orgue de Piedicroce) et transféré en 1842 à l'église Saint Pierre et Saint Paul de Piedicroce par le facteur d'orgue corse Anton Pietro SALADINI. C'est l'orgue le plus ancien de Corse en état de jouer, restauré par Alain SALS en 1985, un instrument prestigieux même s'il a aujourd'hui besoin d'un relevage...
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(le tirage des jeux)
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(le pédalier)
Pouvoir le toucher, l'écouter, le dessiner, l'appréhender dans un contact direct fut pour les jeunes de Folelli le privilège de cette journée. Merci à Madame le Maire qui nous a permis cette découverte en ouvrant grand ses portes! Une jeune fille originaire du village était toute fière de montrer son patrimoine,  son église. Il y a de quoi!
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(le village de Verdèse, l'un des plus beaux de Castagniccia)
Puis ce fut le tour de Verdèse, dont l'accès a donné quelques émotions à la conductrice du car (qui s'est fort bien débrouillée sur ces petites routes étroites du parcours): je ne dirai jamais assez combien ce village est cher à mon coeur, tant l'accueil y est chaleureux. La jolie église Saint Sébastien au décor charmant et agréablement restauré, accueille ce petit orgue:
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(l'orgue de Verdèse, de la firma AGATI-TRONCI, 1896)
... un petit orgue bien vaillant, avec ses clochettes et ses timbres robustes, restauré par Barthélémy FORMENTELLI en 1985.
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Les enfants ont pris conscience, ici, de l'organisation solidaire des confréries d'autrefois... C'était là aussi l'un des buts de cette journée de découverte du monde rural de la Corse: une solidarité dont ils peuvent maintenant comprendre le sens en ces jours d'insécurité... Nous venons d'apprendre que la France est entrée ce matin dans la récession: bienvenue au club!
La petite route qui va nous conduire de Verdèse à La Porta, en passant par Polveroso et Croce, ne manque ni de charme ni de surprises... Il eqst plutôt rare d'y voir circuler un car...
Enfin, c'est La Porta:
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( La Porta: l'église et son célèbre campanile )
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Dans son décor en trompe-l'oeïl de peintre architecte Domenico BAINA (l'auteur de la façade de l'église et du campanile), le petit bijou de l'église de la Décollation de Saint Jean-Baptiste de La Porta (voir la note du 03/ 06/ 2007)
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Construit par le religieux lucquois Benedetto MARACCI en 1780 probablement pour le couvent de Casabianca tout proche, transféré sous la Convention à La Porta, restauré en 1963 par Barthélémy FORMENTELLI, c'est un merveilleux instrument de taille modeste mais très raffiné dans sa facture. Un texte écrit au-dessus du clavier dit:" si tu ne me vois pas,  au moins écoute ma voix"...
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(le tirage des jeux, unique en Corse)
C'était là la dernière visite de cette journée pour les enfants de Folelli.
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Je les embrasse tous!

Piedicroce, l'orgue historique

L’ORGUE DE PIEDICROCE (CASTAGNICCIA).

Eglise Saint Pierre et Saint Paul.

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Construit en 1619, c’est le doyen des orgues historiques de Corse.

Avant d’être installé , 1842 dans la magnifique église de PIEDICROCE, cet orgue était à la Cathédrale  Sainte Marie de BASTIA. En 1619, le Maître Giogio SPINOLA, facteur d’orgue génois, construit un nouvel orgue pour la Cathédrale en remplacement d’un orgue plus ancien qui existait déjà en 1571. Il réutilise alors un certain nombre d'éléments de l'orgue ancien qui sont toujours présents à Piedicroce.

En 1636, l’orgue de Spinola est déjà en mauvais état et la Magnifique Communauté de Bastia décide de confier la restauration de l’orgue à un facteur d’orgue romain , Messire Brutus VISCHEA, qui se trouve alors à Bastia. Après ces travaux, l’orgue semble donner pleinement satisfaction… jusqu’au jour où, en 1661, la cathédrale est frappée à plusieurs reprises par la foudre, entraînant un incendie dévastateur : «  l’éclair venant du campanile plongea dans la voûte de l’église et passa dans l’orgue, qu’il mit sans dessus dessous ainsi que beaucoup de ses tuyaux ; il brûla l’ornementation de l’orgue, et la rompit en tout petits morceaux ; toutes les fenêtres furent ébranlées par cette grande secousse, et réduites en miettes ; ensuite, de l’orgue, l’éclair s’enfonça dans le sol. Les ornements du buffet furent détruits, et après une forte secousse qui brisa toutes les fenêtres du chœur, l’orgue s’écroula sur le sol ».*

Restauré peu de temps après par l’organier SANTALUCCIA, l’orgue continuera sa vie  liturgique à Sainte Marie… jusqu’au moment où la Ville de Bastia décide de faire construire un nouvel orgue « au goût du jour », et commande aux frères SERASSI un instrument prestigieux et beaucoup plus important pour sa Cathédrale. On confie alors, en 1842, à Anton Pietro SALADINI, célèbre facteur d’orgue originaire de Speloncato, le soin de restaurer l’ancien orgue de Sainte Marie de Bastia et de le transférer dans l’église Saint Pierre et Saint Paul de Piedicroce où il se trouve aujourd’hui.

 

Grâce à la restauration d’Alain SALS (1975/1985), le bel orgue de Piedicroce est aujourd’hui le seul instrument conservant des éléments du 17ème siècle : façade, buffet, sommier, Principale, Voce umana, Nazardo …

*Cité par Sébastien Rubellin dans : « L’Orgue Corse, de 1557 à 1963 », édition A. Piazzola.

DESCRIPTION

ET COMPOSITION

 

 

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La caisse du buffet, en châtaignier, est fermée par deux volets de toiles peintes :ouverts ils montrent un élégant décor bleu et or du XVIIIe  siècle, repeint par-dessus l’ancien décor du XVIIe siècle. Fermés, les volets, repeints au XIXe siècle, illustrent le Roi David et Sainte Cécile, les saints patrons de la musique.

On peut aujourd’hui admirer l’ordonnance esthétique de cette façade exemplaire, constituée de cinq plates-faces de 5-9-5-9-5 tuyaux en étain, dont les écussons sont en ogive. Deux ensembles d’ « organetti morti » (des tuyaux décoratifs et muets) finissent d’animer cette composition typique du XVIIème siècle. Lors de la restauration, en 1975, Alain SALS a restitué la majorité de la tuyauterie du XVIIème siècle, extrêmement fragile, et refait à l'identique les 98 tuyaux qui avaient disparu.

Le grand fronton au-dessus du buffet porte les lettres signalant la dédicace à la Vierge Marie  : « A.M. », pour Ave Maria.

Le sommier à registres coulissants, est probablement celui du XVIIe siècle.

Le clavier, avec octave courte selon l’usage ancien, à l’origine de 45 notes, a été agrandi par SALADINI de 5 notes dans les aigus.

Depuis sa restauration (1975/1985) par Alain SALS, le doyen des orgues corses parle aujourd’hui pour les fêtes du village et lors des concerts.

COMPOSITION:

Principale - Ottava - Decima nona - Vigesima secunda - Vigesima sesta -

Cornetto Soprani (2 rangs) -  Cornetto Bassi (2 rangs)

Nazardo - Flauto in ottava - Voce umana

jeu de bassi (16’ et 8’).

Tempérament mésotonique (avec 6 tierces justes).

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(détail des frontons de touche: lors de son transfert à Piedicroce, Anton Pietro Saladini a augmenté l'étendue du clavier de cinq notes dans les aigus.)

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(le tirage des jeux et, au clavier, l'augmentation des touches dues à Saladini)
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(le pédalier, à octave courte, comme il se doit)

La surabondance des décors baroques, fresques, stucs et marbres qui envahissent cette grande église baroque de saint Pierre et Saint Paul de Piedicroce, édifiée en 1691, manifeste assez l'ancienne richesse de ce village, aujourd'hui plus dépeuplé qu'alors. C'est ici que l'on peut admirer le doyen des orgues corses.

Campé sur sa légère tribune de bois à claires-voies ornée de trophées musicaux réhabillés au XIX ème siècle sans trop de ménagement, le rose saumon et le bleu caeruleum recouvrant les verts d'origine ce magnifique instrument est pourvu de deux grands volets de toile peinte. Madeleine ALLEGRINI, lors de leur restauration a constaté plusieurs strates de décor : les lauriers ocres et verts du XVII ème siècle ont cédé la place, sur les volets intérieurs, à des feuilles d’acanthe qui épanouissent depuis le XVIII ème siècle leurs arabesques dorées sur un fond bleu intense. La belle façade caractéristique de SPINOLA, avec son ordonnance en cinq plate faces et ses deux séries d’organetti morti (tuyaux ornementaux, non postés), conjuguée avec les rinceaux dorés des volets ouverts donne beaucoup de majesté au vieil orgue. Au siècle dernier, on a rajouté un fronton bleu et fleuri où trône le monogramme de la Vierge (AM). Fermés, les volets font apparaître Sainte Cécile et le Roi David (les saints patrons de la musique) déclamés à nouveau au XIXème siècle par un pinceau quelque peu emphatique. La théâtralité redondante de ce décor est alors renforcée par la présence de lourdes volutes végétales, repeintes à la même époque, enroulées de chaque côté du buffet.

Depuis son transfert en 1842, le vénérable instrument tient désormais compagnie à la foule des Saints et des Anges qui peuplent l’église paroissiale de Piedicroce.

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J'ajoute aujourd'hui, 2 Mars 2010, ces deux beaux dessins réalisés par une toute jeune fille de Piedicroce, Angelina Jolie Raffali ...
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Merci, Angelina!

 

 

06/02/2009

Balade hivernale dans le Boziu et la Castagniccia

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Ce matin de début février, nous profitons de cette accalmie du mauvais temps pour décider une libre escapade vers le Boziu et la Castagniccia. En montant par les routes sinueuses et gorgées d'eau, sur les bas-côtés encore de la neige. Aujourd'hui nous n'irons pas à Sermanu ni à Favalellu: nous souhaîtons rencontrer l'église pievane de Sant'Andrea actuellement en cours de restauration, et que je ne connais que par l'ouvrage de Raoul PIOLI (merci Colette!).  Je n'ai pas réussi à joindre l'ami Jérôme SANGUINETTI qui y travaille, mais nous tentons la balade bien volontiers dans cette haute pieve du Boziu si chargée d'histoire, si riche de patrimoine: chants polyphoniques, musique instrumentale, églises, chapelles à fresques...  Site admirable: au loin, dans le cirque majestueux des montagnes enneigées, un rai de lumière éclaire ce matin, la ville de Cortè.
 Isolée à 870 m d'altitude, possiblement à l'emplacement d'une première église romane, l'église ( bénie en 1722) dresse son campanile aérien (37,82 m) au-dessus des hameaux d'Arbitro, Rebbia, Poggio, Piedilacorte...
Spacieuse -  large nef unique,  transept et  choeur - et glaciale. Et encore, nous disent les restaurateurs emmitouflés, ce n'est rien par rapport aux jours précédents: il faut avoir le courage chevillé au corps pour travailler dans ce froid humide. Malgré les travaux en cours (sur le choeur, le maître-autel), les échaffaudages et le bâchage protecteur des oeuvres , l'ensemble apparait richement décoré: Pietro SICURI, le peintre décorateur "nativo di Parma" arrivé en Corse vers 1860, qui signe ici son oeuvre en 1863, s'est marié, semble-t-il à une jeune fille de la région.  Nous le connaissons  bien aussi en Balagne où il a exercé son métier jusqu'en 1905... C'est un peintre talentueux et qui ne craint pas les couleurs vives:
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On retrouve ici les motifs habituels des draperies colorées et rayées, et ces bleus enfin rendus accessibles et industrialisés, au XIXème siècle, issus des découvertes  chimiques de l'époque: dans les périodes antérieures, les bleus rares et chers, obtenus à partir de la poudre de lapis-lazuli s'utilisaient avec parcimonie. A l'époque de Sicuri, c'est l'explosion des couleurs et les peintres s'en donnent à coeur joie, n'hésitant pas, du reste à recouvrir les anciens décors de leur nouvelle palette ...
A propos... Ewa POLI, à qui l'on doit la précieuse étude préalable des décors de l'église, a fait ressurgir ceci:
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... un pur miracle! Ewa avait sondé quelques centimètres carrés au hasard sur l'un des murs, et voici l'ange venu à elle, nous suppliant: nous sommes tous là, sous les enduits, sous les repeints, sauvez nous de l'oubli! Douceur du modelé. Mélancolie. Perfection du trait, sans repentir. Un siècle sépare ces anges... Qui ne rêverait de connaître le reste? Espérons, pour le patrimoine de la Corse, que ces témoignages délicats rencontrent des volontés et des financements suffisants pour revivre avec tout le soin requis.
Il faudra revenir à l'issue de ce chantier, découvrir les oeuvres peintes sur les autels, actuellement cachées.
Un objet monumental en bois peint attire notre attention:
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u venetru,
c'est-à-dire le catafalque, monumental, monté sur roulettes pour être déplacé à l'occasion dans le transept. Dis-moi comment on t'enterre et je te dirai qui tu es! Ce n'est plus le modeste cataletu, souvent ancien, que nous rencontrons le plus souvent dans nos églises (ce "berceau des morts", comme j'aime à le nommer et qui me parait si paisible). Non, ici, la mise en scène me parait démesurée et sombre outre mesure... ça sent l'enterrement de première classe. D'autant plus que, nous dira ce monsieur du village rencontré au dehors, selon "l'importance" du mort, le nombre et la grandeur des cierges allumés tout autour faisaient hiérarchie. Chère et piteuse humanité! Au-dessus du monument, dans la chapelle qui l'accueille, cette inscription surmontant une tête de mort plantée sur tibias:
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Aujourd'hui, il ne semble plus y avoir de confrérie (si j'en crois ce même monsieur). Pourtant un tableau en piteux état évoque la Confrérie du lieu. En voici un détail -  pardon pour le flou de la photo! que je trouve magnifiquement expressif. Serait-ce l'autoportrait du peintre??
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Nous reviendrons...
 Pour l'heure, il s'agit d'emmener Pierre découvrir la chapelle San Quilicu de Cambia. L'expérience m'a confortée dans l'idée qu'on la voit le mieux à cette saison, dans cette belle lumière hivernale. Traversée des villages un peu trop silencieux (dire que c'était la région la plus peuplée de Corse...). A Bustanicu, la porte de l'église semble ouverte: l'occasion rare de jeter un oeïl. Des voitures se garent, des dames en noir se dirigent vers l'église. Il est 1 heure. Nous ne verrons pas l'église: c'est un enterrement...
CAMBIA, San QUILICU: voir les notes et photos des 28/01/2008; 31/01/2008; 6/02/2008
Enfin San Quilicu. Madeleine Allegrini a eu le chantier de restauration des fresques ( Première tranche des restaurations des fresques en Corse): sera-t-elle là?
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Une affiche plantée dans le paysage annonce l'importance du chantier:
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Charles Angeli, le cher gardien des lieux, nous informe que les travaux de Madeleine prendront en avril et que les fresques ne sont pas visibles pour l'instant. Après un bon moment passé à bavarder dans la chaleur de sa cheminée, nous descendons vers San Quilicu par la  "ricciata" aménagée par les bons soins de Charles et de sa famille. Et soudain Pierre découvre...
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... et  dans la lumière rasante de cet après-midi de février ...
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...nos bons ancêtres...
Pierre est sous le charme: beauté des murs, des shistes blonds, de la statuaire. A l'intérieur, comme prévu, nous ne verrons pas les fresques. En revanche le carrelage moderne a été enlevé et l'on a retrouvé les belles dalles anciennes, ainsi que les deux trappes d'arca:
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ici, au pied de l'autel, l'arca des enfants: nul ne peut mieux que San Quilicu, petit saint martyre (3 ans, dit-on!) et fils de sainte Julitte,  convenir pour protéger les enfants morts prématurément.
Nous quittons à regret San Quilicu, mais je veux montrer maintenant à Pierre sa petite soeur Santa Maria, sobre mais belle,
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sa cloche,
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et son menhir figé sur un cri:
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et abondamment graffité... Un peu plus loin nous irons voir a Petra frisgiata, l'une des dalles gravées ( la plus grande ) de cette extraordinaire région de Cambia: préhistoire, histoire, traditions agropastoral sur ces chemins immémoriaux de transhumance arrêtent pour nous le temps présent... Dans le silence de cette fin d'après-midi, le sacré imprègne chênes et pierres.
Il nous  reste une dernière visite à faire au retour avant de rentrer à la maison: je veux voir où en est la chapelle San Michele de Castirla. La saga de cette petite chapelle, je vous l'ai racontée cet été. Je sais qu'on a, en attendant la reconstruction définitive du toît, mis en urgence une bâche solide pour tenter de protéger la chapelle...
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Dans la dernière lueur de cette belle journée, la voilà. Si fragile.
Voir la note dans les archives du 18/08/2008...
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On a étayé la charpente minée par la mérule et l'impéritie de certains. Nous avons eu ce jour là  une conversation très éclairante avec Charles Angeli: il nous montrait une grande dalle de schiste ancienne, de celles qui recouvrent le toit de sa maison (une trentaine de tonnes pèsent sur la solide charpente), et nous faisait remarquer les aspérités à la surface de ces dalles débitées à la main. Les risques de glissement de ces pierres rugueuses sont moindres qu'avec les lauzes usinées à la machine. La suite, on la connait, trop de toits refaits avec ces lauzes trop fines (pour le poids), trop lisses, encollées, mal surveillées...
Aujourd'hui à Castirla la dangerosité est évidente: défense d'entrer sous peine de prendre le toit sur la tête...
J'espère que dès les beaux jours les travaux du toit commenceront: devraient suivre les fouilles archéologiques et enfin la restauration des fresques. Cette chapelle fait partie, je crois, de la deuxième tranche de restauration des chapelles à  fresques initiée par la Collectivité Territoriale de la Corse. Souhaitons que la communauté de Castirla manifeste avec force son attachement à ce patrimoine si émouvant et fragile... Nous ne sommes pas ici dans le domaine de la rentabilité financière, et dans cette période incertaine de l'économie mondiale, souhaitons aussi que soient malgré tout sauvés ces frêles témoins de la dévotion populaire...

05/06/2008

une famille harmonieuse...

... dans une petite église amie de Castagniccia...

Oui, je sais, l'image n'est pas fameuse et la toile pas bien en forme, mais n'est-ce pas délicieux?
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C'est la fin d'après-midi, je dirais même que c'est peut-être l'hiver, le jour baisse si vite à cette saison! à moins qu'un brusque orage de printemps n'ait saisi la montagne et ses habitants... Mais le travail ne manque jamais à la maison: Papa Joseph, "il  FALEGNAME", artisan de sang royal puisque issu de la lignée de David, exerce humblement le beau métier de charpentier dans cette région de Castagniccia qui fournit en abondance l'excellent bois de châtaignier dont on peut faire, entre autres, ces  robustes planchers des maisons d'ici, ou ces belles portes d'églises sculptées, ou ces meubles derrière les autels, que l'on pourra peindre... Il travaille donc, tout en regardant tendrement Marie,
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et s'active à son établi (je crois bien qu'il rabote), ses outils bien rangés à portée de main. Par la porte ouverte, émergeant d'un ciel crépusculaire aux nuages menaçants, j'aperçois deux anges contemplant la scène,
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 tandis que maman Marie coud ou brode paisiblement, tout en surveillant...
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 ...son petit garçon Jésus qui balaie les copeaux en bon fils qu'il est. A ses pieds quelques outils bien utiles, peut-être forgés à Campana, village proche de là... La culture du châtaignier n'est pas trop chronophage et laisse du temps pour se livrer à toutes sortes d'artisanats bien utiles lorsqu'on vit en quasi autarcie...
C'est bien un autel dédié à St Joseph ( patron des menuisiers et des charpentiers) et à la
  la Sainte Famille. L'avenir de Jésus est tout tracé: il sera donc charpentier comme papa.
 Un programme de vie simple, pas de galère à l'époque pour gérer l'école obligatoire jusqu'à seize ans, l'Education Nationale, l'orientation et  l'apprentissage des jeunes, le métro-boulot-dodo, le rêve, quoi!
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Sauf que, vous le savez sans doute, c'est une histoire qui finit tragiquement, et peut-être que les tenailles aux pieds de Jésus préfigurent celles que l'on voit représentées sur les Croix de la Passion... Est-ce ce que signifient les gros nuages noirs qui planent à l'extérieur près de la porte? ...
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Michel-Edouard Nigaglioni me le confirme: il s'agit d'une toile du maître milanais Giacomo GRANDI, actif en Balagne (il s'est marié à Monticello vers 1750) et en Castagniccia dans la deuxième partie du XVIIIe siècle. On lui doit, entre autres, plusieurs Chemins de Croix d'une belle efficacité et le magnifique sepolcru de San Damianu, actuellement en restauration.

25/04/2008

Aux amis du parcours d'hier, 24 avril 2008...

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Bien chers amis, quelques images de notre parcours d'hier en Rustinu et Castagniccia... Si vous avez fait des photos, soyez gentils de m'en faire parvenir quelques unes! Merci d'avance!

A Castellu di Rustinu, notre cher ami Toussaint Quilici nous a fait la gentillesse de nous présenter le site impressionnant du Castellu, que l'on aperçoit derrière lui, avec toute sa compétence et sa passion communicative. Vous aurez gardé en mémoire l'étendue de ce Castellu, planté sur l'éperon rocheux dominant la vallée du Golo, d'un côté, et de l'autre le site non moins important de la chapelle préromane de San Tumasgiu. Toussaint a bien fait ressortir le fait que cette partie-ci du Rustinu est beaucoup plus  tournée vers la région du Monte Padru, la Pieve de Caccia (Moltifau et Castifau) , et plus lointainement vers la Balagne, plutôt que vers la Castagniccia et le San Pedrone, pourtant bien plus proches à vol d'oiseau... L'amour va vers ce que les yeux embrassent, et je suppose qu'ici les gens ont le coeur large, car le regard porte loin...

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Au centre de l'abside en cul de four, le Christ en majesté de San Tumasgiu, fresque du début 16ème siècle.
" Je suis la Lumière du monde, la Voie, la Vérité"...
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Parmi les apôtres, St Barthélémy, écorché vif, sa peau portée négligeamment sur l'épaule... Malheureusement ces fresques se dégradent: vivement leur restauration!
Un peu plus tard, en fin de matinée, découverte du site magnifique de la Pievanie de Rescamone, à Valle di Rustinu...
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La Pievanie de Rescamone: l'abside et ses arcatures en tuf (Xème S.) A gauche, le petit baptistère paléochrétien et sa piscine baptismale cruciforme. Avant les fouilles menées par madame Moracchini-Mazel (début des fouilles en 1956), les terres avaient glissé jusqu'au niveau de la fenêtre centrale de cette abside... Ces fouilles très importantes ont permis de sauver l'ensemble de ce site primordial .
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La belle abside préromane de Santa Maria di Rescamone au printemps...
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Un détail du grand baptistère roman (début XIIème S.)
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le pique-nique...
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A Piedicroce, en début d'après-midi, l'orgue "actif" le plus ancien de Corse (1619) Retrouvez la note sur ce très bel instrument dans les archives du blog, note du 2/7/ 2007
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Puis le petit bijou de La Porta... Voir la note sur cet orgue du 3/6/2007
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à Stoppia Nova... au bout du jour, sous le San Pedrone...
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la belle façade récemment restaurée de Notre-Dame du Carmel de Stoppia Nova.
Je vous embrasse, la paix et le printemps soient avec vous!
à suivre!