24/03/2014
le toponyme Ghjuvellina par Jean Chiorboli
Sur les chemins escarpés du rêve,
la Pieve de Ghjuvellina:
L'analyse du toponyme Ghjuvellina
par Jean Chiorboli, éminent linguiste oeuvrant à l'Université de Corse, et dont j'avais sollicité les lumières à propos de ce mystérieux toponyme .
(les Aiguilles de Rundinaghja et le village de Castiglione : une région forte et mystérieuse, où il vaut mieux avoir sa tête et ses jambes)
(les Aiguilles de Popolasca vues du Castellu di Serravalle)
(a Tribuna, église pievane de la Ghjuvellina, dédiée aux saints Gervasio et Protasio - façade ouest)
Les voici, proposées dans l' excellente rubrique du site Corse Net infos (à retrouver ci-dessous), où il propose ses recherches et sa réflexion sur la toponymie, les langues régionales, etc ... :
http://www.corsenetinfos.fr/Ghjuvellina-toponyme-Corse-De...
Je cite :
" Ghjuvellina (toponyme Corse) :
Des dieux, des hommes et des montagnes. C'est le thème de la nouvelle rubrique de Jean Chiorboli pour Corse Net Infos
Je reçois de Elizabeth Pardon (https://www.facebook.com/messages/elizabeth.pardon) le message suivant :
"Bonjour, je voudrais solliciter vos lumières quant au toponyme Ghjuvellina - la piève de Giovellina- où chacun donne sa version: avec un joyeux mélange de Jupiter, joyaux, jeunesse ... Mme Moracchini-Mazel émettait l'hypothèse de "Giove" (cf la note récente sur la piève de Giovellina http://elizabethpardon.hautetfort.com/prato-di-giovellina/), ce qui est très séduisant, mais la séduction ne tient pas lieu de certitude scientifique... Toute cette région est magnifique, forte, très anciennement travaillée par les hommes, avec présence romaine du côté de Piève. Dans ce même secteur, sur un plateau fertile qui surplombe celui de l'église pievane "a Tribuna",un village abandonné avec chapelle San Cervone et une grande maison forte ruinées porte le nom de : e Line. Là aussi nous nous interrogeons: pas bien loin au-dessus se trouve la Torre de Monte Albano. Et pas très loin non plus à vol d'oiseau, c'est le castellu de Serravalle ... Tout ceci sous le regard imposant des Aiguilles de Rundinaghja. Enfin je signalerai que toute cette micro -région est parsemée de cailloux ronds assez surprenants (dont un jeune historien, Jean-Michel Colombani qui a écrit son mémoire sur "l'occupation de l'espace dans la Corse médiévale: la Giovellina orientale" se demandait s'il ne s'agissait pas d'éléments liés au volcanisme ancien). Merci, si vous pouvez prendre le temps de me répondre ... Cordialement à vous, Elizabeth Pardon".
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L'auteur me pardonnera de citer ici son message privé. Elizabeth Pardon a bien résumé les données du problème, notamment les "diverses versions" données par ceux qui se sont penchés sur l'origine du toponyme Ghju(v)ellina. Disons d'emblée que du point de vue linguistique aucune des explications citées ne peut être exclue a priori. On a, en schématisant, deux étymons latins possibles: le nom propre JOVIS et le nom commun JUGUM, qui ont pu conduire à Ghjuvellina selon des mécanismes d'évolution phonologique bien connus.
Nous évoquerons aussi la possibilité d'une racine correspondant au français "joyau" (corse ghjuvellu, ghjuellu, giuellu, giuellu) proposé par G. de Zerbi pour le toponyme Giuelli qui s'applique à des jardins situés "dans une zone très irriguée, à la terre fertile" (http://www.worldcat.org/title/noms-de-lieux-de-la-commune... ).
Jugum : topographie, géologie
En latin jugum désigne le "joug", c'est-à-dire un instrument utilisé comme moyen d'atteler des bovins, une pièce de boisqui "joint" (latin jungere) deux bœufs par exemple. Par analogie le mot désigne aussi divers objets dont la forme rappelle un joug, ainsi qu'un sommet arrondi ou une chaîne de montagne. On pense au défilé étroit des "Fourches Caudines" où les Romains se laisssèrent enfermer et furent contraints de passer en signe de capitulation sous le "joug" (ici le mot acquiert un sens figuré).
Nous évoquerons ici des termes corses (pas tous forcément de même origine) qui évoquent des resserrements entre deux parois, des passages entre deux grosses pierres, des endroits exigus, étroits, resserrés. Nous renvoyons notamment au Vocabolario de Falcucci (on a parfois à l'initiale une variation entre GHJ- et CHJ-): ghjova, chjova, chjovu, chjuvellu, chjuveddu, chjuvinu…Du point de vue sémantique on a le sens générique de "rigole" (cf. aussi piova qui désigne aussi un canal d'irrigation ou d'amenée d'eau pour les moulins et les jardins); le point commun de tous ces termes est qu'ils peuvent renvoyer à la notion de col, de passage, de défilé…, en somme à une référence topographique dont le point de départ est laforme du joug, jugum. Cela pourrait donc être la base de Ghjuvellina, avec un double suffixe, -ellu (eddu) et –inu.
Il Giovello (Lombardie)
Il existe en Italie un toponyme Giovello dont la base serait jugum, jughellum désignant alors un petit col. Cependant une seconde hypothèse rappelle l'activité minière de la région, et la présence d'un ensemble de mines (Giuel en langue locale) d'où l'on extrayait des plaques de roche éruptive et schisteuse, de couleur verte, qui servait aussi pour couvrir les habitations.
On hésite entre les deux origines, qui sont peut être étroitement associées: le col, la gorge (jugum) et/ou les carrières de serpentine (http://www.ecomuseovalmalenco.it/).
Jovis: des dieux et des hommes
À propos de Giovellina, Rodié note (prudemment): "peut-être de Giove, Jupiter ; non loin se trouve la pieve de
Mercurio" (http://books.google.fr/books?id=XUR9ngEACAAJ&hl=fr&am...)
Effectivement les noms de lieux perpétuent parfois des cultes et des traditions locales. Les types (italiens) Giove, Giovi, Iovi, Gioia peuvent être des "théonymes" (cf. Iuppiter/Iovis). Gioia (Italie) peut avoir comme base un Iovia employé comme attribut de lieux consacrés à Jupiter, qui n'appartient pas à la tradition latine mais à renvoie au substrat "italique" (osque), même si on a Iovius en latin tardif. Par ailleurs selon certains auteurs, Gioia (Tauro, Calabre) correspondrait à l'italien (et corse) gioia (issu du provençal joi) au sens "cité de joie", de bonheur (Rohlfs).
Il ne faut pas oublier non plus que certains toponymes font référence à des noms personnels (les "noms d'homme" chers à Dauzat): ainsi le mont Giovi en Toscane peut refléter le nom de personne latin Iovius. Pour de plus amples informations sur ce type de toponymes, nous renvoyons aux divers dictionnaires toponymiques (voir par exemple http://www.utetlibri.it/libri/ dizionario-di-toponomastica/).
Nous citons ci-après quelques toponymes corses (graphie IGN) de forme proche des types en question.
2A: Bocca Di Giovo (Pastricciola)
2A: Giovo (Pastricciola)
2A: Giovo (Pastricciola)
2B: Capu Ghiovu (Calenzana)
2B: Costa a I Giuelli (Popolasca)
2B: Gioelli (D'Olmi-Cappella)
2B: Giovaggio (Altiani)
2B: Giovaggio (Altiani)
2B: Giovaggio (Poggio)
2B: Giovaggio (Poggio)
2B: Pinzi a I Giuelli (Castiglione)
2B: Prato-Di-Giovellina
2B: Punta Di Juva (Serra-Di-Fiumorbo)
2B: Ruisseau de Gioielli (Rogliano)
2B: Ruisseau de Giovaccio (Altiani)
2B: Ruisseau de Giovaccio (Altiani)
2B: Ruisseau de Giovaggio (Poggio)
2B: Ruisseau de Giovaggio (Poggio)
2B: Ruisseau de Juva (Chisa)
2B: Ruisseau de Juva (Serra-Di-Fiumorbo)
Conclusion ?
Ghjuvellina : la description et les détails donnés par E.Pardon semblent plaider en faveur de l'explication topographique (jugum), éventuellement géologique. Quand aux autres explications, notamment la référence à un éventuel temple de Jupiter (Jovis), le linguiste ne l'exclut pas, mais passe la main aux historiens, aux archéologues pour confirmer une piste tout aussi séduisante mais qui semble pour l'instant manquer d"éléments concrets.
Ici comme souvent en matière de toponymie, l'approche pluridisciplinaire est indispensable. Faute de travail en équipe (et sur le terrain) les explications les plus brillantes demeurent des hypothèses, plus ou moins vraisemblables.
Jean Chiorboli, Université de Corse, 18-03-2014"
Derrière Castiglione et Popolasca, et non loin de la Cima a I Mori, ces deux toponymes intéressants : Pinzi a I Giuelli et Costa a I Giuelli (carte IGN). Un cheminement ardu pour chercheurs infatigables ...
(détail)
12:31 Publié dans Ghjuvellina, Prato di giovellina, Serravalle, Toponymie corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : toponyme ghjuvellina, jean chiorboli | Facebook |
19/03/2014
Justification de Révolution de Corse:conférence d'Evelyne Luciani au Spaziu
Ce Vendredi 21 Mars à 18 h
au Centre culturel U SPAZIU d'Ile-Rousse
Conférence et dédicace d'Evelyne Luciani
autour de son dernier ouvrage:
de Don Gregorio Salvini sa
" Justification de la Révolution de Corse,
combattue par les réflexions d'un Génois,l'évêque Pier Maria Giustiniani,
et défendue par les observations d'un Corse, Buonfigliolo Guelfucci"
Présentation, traduction et notes d'Evelyne Luciani: un travail colossal !
Cette citation, qui ouvre l'ouvrage:
" Les malheureux Corses, se voyant totalement dégradés et avilis et n'ayant plus rien à espérer de l'impitoyable dureté de la République, pleuraient sur leurs malheurs; dans cette profonde tristesse et ces cruels malheurs qui les accablaient, ils eurent pourtant le courage de se ressouvenir qu'ils étaient des hommes; ce sentiment-là leur procura une grande consolation et leur fit concevoir l'espérance de s'affranchir de l'odieuse tyrannie sous laquelle ils gémissaient ou bien de mourir ensevelis sous les ruines de leur patrie pour ne plus vivre dans un si vil esclavage. "
Giustificazione, Guelfucci, p.94
18:47 Publié dans Giustificazione della rivoluzione di Corsica | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : evelyne luciani, don gregorio salvini, u spaziu d'ile rousse | Facebook |
18/03/2014
Speloncato : Marie Quilici nous a quittés, hommage
Marie Quilici nous a quittés
nous laissant en héritage
cette façon ancienne
d'être au chant,
nécessaire, droite et naturelle,
comme on respire
Cette forte personnalité de Speloncato vient de disparaître à l'âge de 91 ans. Nous voilà privés d'une vieille amie chère à nos coeurs, et d'une voix irremplaçable : un fil ininterrompu d'une certaine tradition du chant naturel vient de se rompre.
Bien que fatiguée, elle avait eu encore l'énergie de nous rejoindre lors de notre préparation de la veillée de Noël pour chanter pour et avec nous le beau chant du "Tu scendi dalle stelle", la Nanna de Speloncato.
Marie qui nous avait fait encore récemment le magnifique cadeau imprévisible de sa voix et de son témoignage sur ce chant, lors des Journées du Patrimoine 2010, alors que nous évoquions les chemins de la transmission du chant à Speloncato ... Une voix de dame âgée mais qui ne dévie pas de son centre, sans fioritures, naturelle et ferme. Une vraie leçon d'être au chant, et non de savoir faire. Malheureusement, pas d'enregistrement ...
Les chants transmis dans nos villages ne sont pas désincarnés, ni fixés une fois pour toutes dans une partition : ils ont une vie, je devrais dire des vies, des âmes, des histoires, et toute la fragilité coriace d'un monde qui passe et résiste ...
Marie connaissait tous les chants d'église de sa jeunesse, qu'elle chantait de sa belle voix grave, les cantiques français (ah! "Dieu de paix et d'amour", ce cantique composé sur un poème de Lamartine et qu'ont chanté avec ferveur tous les fidèles de la région avant guerre, un peu pompeux, certes, dans l'usage de l'époque, mais de la tenue musicale et un bien beau texte pas falot dont devraient bien prendre de la graine les créateurs de cantiques d'aujourd'hui!), comme les chants latins ou italo-corses : les hymnes, les Ave Maria, Magnificat, Tota pulcra es, les chants de procession, ceux de la Semaine Sainte, la Nanna ; mais aussi elle fredonnait pendant la messe, mezzo-voce, tout l'ordinaire de la messe chanté par les hommes, partageant avec eux sans complexe ni malice cet héritage chanté des anciens.
Un chant communautaire, pour le quotidien, ou pour les jours de fête, comme le pain et l'eau, les fritelle et le vin, la marche sur les sentiers et les travaux des champs. Pas un objet vernissé, étiqueté,figé, mis derrière une vitrine.
Car c'est ainsi que se vivaient naguère tous ces chants, dans le partage d'une assemblée encore vivante, même si les belles voix des confrères portaient en priorité ces chants de la messe, représentant et symbolisant sûrement le meilleur de la communauté.
Lors de la renaissance du chant à Speloncato, à partir de 1991, elle avait, avec une fraîcheur et un enthousiasme communicatifs, participé à l'effort de réappropriation de ce chant ancien, véritable patrimoine du village et qui fait sa fierté, avant que ne se recrée, quelques années plus tard, le monde à nouveau vivace des confréries.
A ses côtés, il faudrait citer bien d'autres figures attachantes de Speloncato, car Marie faisait naturellement partie de la communauté de son village, en un temps, je crains, révolu, où les individualités les plus fortes savaient encore s'effacer devant la vie communauataire : Martin Ambrosini, notre cher sacristain à la belle mémoire, le vaillant Jacques Papi grand porteur de sérénades devant l'Eternel, Noncette Colombani toujours prête au partage, et bien d'autres encore ... tous ces anciens, disparus, et que Marie vient rejoindre aujourd'hui pour chanter avec eux sans plus de fatigue et jusqu'à la fin des temps.
J'adresse à Madeleine, sa fille fidèle, à Gilbert, son gendre affectueux, et à ses deux petites filles Marie-Pierre et Isabelle, toute mon affection dans cette séparation.
L'avis de décès:
Madeleine et Gilbert Perrin, Marie-Pierre et Isabelle, ses enfants et petits-enfants, ses neveux et nièces, cousins et cousines, parents et alliés, ses amis de Speloncato
ont la tristesse de vous faire part du décès de
Marie QUILICI née AMBROSINI
à l'âge de 91 ans.
Ses obsèques auront lieu le mardi 18 mars à quinze heures au cours d'une messe de communion célébrée en la collégiale Santa Maria Assunta de Speloncato.
09:51 Publié dans patrimoine du chant corse, Speloncato | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marie quilici | Facebook |
17/03/2014
Ghjuvellina: l'occupation médiévale d'e Line
Pratu di Gjhuvellina :
la chapelle San Cervone et e Line
Ce jeudi 13 mars 2014,
(l'arrivée sur le site des ruines de San Cervone )
en la compagnie amicale de Paul Rolles, un enfant de Prato di Giovellina
la découverte du site admirable de e Line, et en attendant de pouvoir lire le mémoire universitaire de Jean-Michel Colombani (1999) :
" L'occupation de l'espace dans la Corse médiévale :
la Giovellina orientale".
Cette pieve de Giovellina fut longtemps sous l'influence de la grande famille des seigneurs Amondaschi:
" Les rares informations concernant la famille seigneuriale des Amondaschi nous viennent des mentions citées dans la chronique de Giovanni della Grossa écrivant au XV° siècle, ainsi que d'un précieux acte datable des environs de 1080, où apparaissent, comme témoins, Ansifredo Amundasco, ses fils et ses frères.
(...) Cet Ansifredo Amundasco avait-il sa résidence au castellu de Supietra (commune d'Omessa) ou bien au château primitif de Prato de Giovellina? Qu'y avait-il alors à Serravalle ? Y résidait-on déjà?"
(G. Moracchini-Mazel, Cahier Corsica 214, p.149/150 - 2004)
Toujours est-il que, sur le territoire de Prato de Giovellina, deux places fortes dominent stratégiquement le paysage :
le Castellu di Serravalle (au-dessus de Pedigrisgiu)
et la Torre di Monte Albano,
où "l'on peut supposer qu'il y eut là, au IX° siècle, une précédente résidence des seigneurs de Giovellina. Sur ses vestiges, on a dû bâtir la tour ruinée que l'on voit aujourd'hui." (idem)
à environ 3 km au S.-E. de Serravalle, dans une position à couper le souffle (ici Prato et les Aiguilles à travers une ouverture de la tour):
" Cette bâtisse carrée (...) placée au sommet d'une douce colline à caractère peu défensif, qui pourrait dater du XV° ou du XVI° siècle environ, a pu servir pour la transmission des signaux par feux dans la lutte contre les Barbaresques. En effet, depuis ce point, la vue à 360° est impressionnante (on y voit Rescamone, Supietra et d'autres Castelli d'Omessa, le San Petrone et les monts de Castagniccia et de Tenda, les sommets des aiguilles de Giovellina ...)" (idem, p. 152)
en passant non loin de la Torre de Monte Albano, nous descendons par une piste cahotique vers le plateau fertile des Line.
Un territoire longuement occupé depuis la période médiévale - et probablement romaine, si l'on en juge par les nombreuses briques et tuiles à crochets d'époque romaine trouvées sur le site de a Pieve (a Tribuna), non loin de là, en contre-bas des Line.
Espace travaillé, modelé, aujourd'hui abandonné. Les beaux chemins d'accès de naguère longés de murs où circulaient gens, bêtes et charrettes sont à présent impraticables, embroussaillés, pierres descellées: désormais royaume des sangliers, 4X4, chasseurs et randonneurs aventureux. La dense végétation des chênes verts, des lierres, des euphorbes, des ronces ... n'a pas encore effacé les traces insignes de la vie d'autrefois.
Quelques images :
la vieille chapelle San Cervone, dont il ne reste plus que le mur sud et cette façade occidentale, coincée entre deux ruines.
(San Cervone , évêque de Populonia, fut sans doute vénéré en Corse dès le lendemain de sa mort en 545)
détail de la façade occidentale
G. Moracchini-Mazel, en examinant ses maçonneries, ses dalles de revêtement, la taille de ses pierres, pensait (dans "Les églises romanes de Corse", 1967) qu'elle pouvait dater de la seconde moitié du IX° siècle. Une construction lui a été accolée contre le mur sud. L'abside a disparu.
le mur sud et ses belles pierres de revêtement roses et dorées.
Une grande maison ruinée occupe le flanc nord de la chapelle.
La porte occidentale de San Cervone,
et son linteau : comme à Tribuna, deux trous ont été creusés dans ce linteau et dans le seuil pour accueillir le mouvement des portes.
l'imposante maison qui borde le mur nord de San Cervone présente à ses angles de bien curieuses constructions, sortes de piliers arrondis.
Si les étages supérieur sont détruits, les pièces voûtées du rez-de-chaussée, elles, restent intactes, et magnifiquement appareillées .
Ici et là, des témoignages d'utilisation, comme ces niches,
ou cette mangeoire
Au fond d'une pièce voûtée, ce mystérieux pilier engagé.
façade et aménagements voûtés : manifestement, les étages supérieurs semblent postérieurs.
et , à nouveau à l'angle, ce démarrage de pilier arrondi.
l'escalier extérieur, et, à nouveau cette sorte de pilier circulaire à l'angle.
... et ce beau four, en parfait état,
qui ne demande qu'à reprendre du service ...
***
A quelques pas de là, les ruines d'une autre bâtisse encore plus impressionnante :
G. Moracchini-Mazel écrit en 1967 ( in "les églises romanes de Corse" ):
" Tout près de San Cervone également, on peut voir les ruines d'une vaste construction, sorte de maison forte où l'on distingue une grande salle avec un pilier circulaire au centre. Un des angles est fortifié d'une tourelle et une entrée est protégée de créneaux. En 1589, Mgr Mascardi rapporte que les évêques d'Omessa résidaient à San Cervone (la famille d'Omessa avait produit plusieurs évêques au XV° s.). Ce sont peut-être là les ruines de leur demeure."
le pilier central d'une grande salle
la tour et une sorte de mâchicoulis
le "mâchicoulis" (?)
portant en son centre une dalle percée d'un orifice ... pour quel usage ?
l'une des tours d'angle
et quelques meurtrières ...
(bref, la vie des seigneurs de l'époque n'était pas
"un long fleuve tranquille" ...)
mais aussi des bassins
successifs ...
les ruines, vues d'en-dessous,
dominant un vaste paysage peuplé de chemins, de vergers, de ruisseaux,
et de nombreuses maisons et palliers,
témoignant d'une intense activité naguère:
Paul Rolles, notre cicerone pour cet après-midi, se lamente : les jeunes d'aujourd'hui ne sont pas intéressés par leur patrimoine ...
Je traduis cela: les gens d'aujourd'hui n'ont plus besoin, pour l'instant , de ce territoire pour leur survie ... Ce qui n'était pas le cas il y a encore seulement trois générations, où l'on pratiquait volontiers le troc avec les régions voisines, fruits contre farine de châtaigne ou huile d'olive ...
***
Nous sommes à quelques centaines de mètres du site de Pieve,
dite "a Tribuna" (voir la note précédente)
qui baigne, en cet fin d'après-midi de mars,
dans une douce lumière.
le temps de revoir ces murs dépouillés sauvagement de leurs belles dalles de revêtement, et menacés de ruine définitive ...
Merci à Paul Rolles pour sa gentillesse et sa disponibilité, et qui nous a amenées sur ces sites dans son 4X4 conduit de main de maître, et fait partager sa passion pour le patrimoine de son village - et ses interrogations !
et merci aussi à Nicole d'avoir partagé elle aussi cette belle rencontre!
***
Au fait, je ne l'ai pas encore signalé:
toute cette micro-région est parsemée de galets arrondis assez mystérieux,
du style de ce sympathique caillou poilu ...
19:37 Publié dans Prato di giovellina, San Cervone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : e line | Facebook |
04/03/2014
tr: [Archeulugia corsa] Ces pistes toponymiques qui nous révèlent la...
Ce que nous raconte la toponymie,
- dont Geneviève Moracchini-Mazel a toujours relevé l'extrême importance pour la recherche de terrain, puisant à sa source intarissable d'abondantes et utiles informations -
cette publication de la Fagec dans
dans Archeulugia corsa,
à suivre!
I nomi di lochi chì insegnanu una furesta o un boscu 4
A sapete chì daretu à u nome di a cumuna di Pedicorti di Caghju si piatta un'antica furesta? Di fatti, u nome Caghju vene da una parolla longubarda, GAHAGI, chì insignava un 'boscu chjosu', un 'boscu di prupietà privata, riservatu’ dunque sottumessu à regule d'usu è d'accessu. u Longubardu GAHAGI hè accertatu da nome cumunu in Italia da l'VIIIu à l'XIu seculu, po da toponimu à partesi di u Xu s. secondu à P. Aebischer (1938). In Corsica, si trovanu ind'i nomi di lochi isulani duie variante di GAHAGI cun Caghju è Cafaghje. Cafaghje hè accertatu da toponimu ind'a ducumentazione medievale di a Corsica (cf. J. A. Cancellieri 1988), è si sarà spentu à bon'ora in tantu chè appellativu invece chì in certe parlate di u nordu di l'Italia esiste sempre per insignà un 'pasculu', un 'chjosu', cum'è a ci ramenta M. Pfister (2002). In Corsica, si trovanu vistiche di GAHAGI frà l'altru ind'e cumune di Pedicorti, Belgudè, Lozzi.
À prestu per un altru nome! Fottò di fonte Wikipedia
Qualchì riferenza bibliografica per quelli chì ne volenu sapè di più:
Aebischer P., 1938, "les dérivés italiens du langobard gahagi et leur répartition d'après les chartes médiévales", Zeitschrift für Romanische Philologie, 58, pp. 51-62.
Cancellieri J.-A., 1988, "Toponymie et défrichements et structures médiévales de l'occupation de l'espace insulaire", La Balagne, vol. II, Corti, Université de Corse, pp. 177-241.
Pfister M., 2002, "Gli elementi langobardi nell'italiano" Ex traditione innovatio, Miscellanea in honorem Max Pfister Septuagenarii oblata I, Max Pfister, Scripta minora selecta, De rebus Galloromanicis et Italicis, Beiträge zur Romanistik, Band 7, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchegesellschaft, pp. 379-405.
> Message du 03/03/14 16:42
> De : "Fagec Cahiers Corsica"
> A : "Archeulugia corsa"
> Copie à :
> Objet : [Archeulugia corsa] Ces pistes toponymiques qui nous révèlent la...
>
Fagec Cahiers Corsica 3 mars 16:42 Ces pistes toponymiques qui nous révèlent la Corse lombarde...
I nomi di lochi chì insegnanu una furesta o un boscu 4 A sapete chì daretu à u nome di a cumuna di Pedicorti di Caghju si piatta un'antica furesta? Di fatt...Voir la publication sur Facebook · Modifier les paramètres de courrier électronique · Vous pouvez répondre à ce message pour commenter.
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