09/02/2014
Les Stuarts et la Corse
Hier à Speluncatu,
la conférence de Desideriu Ramelet-Stuart:
merci!
En février 2011, nous avions convié l'historien Desideriu Ramelet-Stuart à nous faire découvrir son premier livre sur les Stuarts de Corse, voir la note:
Desideriu Ramelet Stuart à Speluncatu : ELIZABETH PARDON
Trois ans plus tard, nous avons à nouveau invité Desideriu Ramelet-Stuart pour présenter son deuxième ouvrage sur les Stuarts de Corse à l’époque de Pascal Paoli : « Un Stuart dans la nation corse ». Qui ne s’est interrogé, au cimetière du Couvent de Caccia, en découvrant les tombes de la mystérieuse famille Stuart ? D.Ramelet-Stuart, en suivant à la trace la destinée particulière de l’un de ses ancêtres, Manuel Stuart, le premier Stuart installé en Corse, croise les complexes manoeuvres diplomatiques internationales qui accompagnèrent l’histoire de la jeune nation corse.
Cette conférence dense, soutenue par une iconographie efficace,
(diaporama D. Ramelet-Stuart)
nous a fait découvrir une histoire foisonnante, étroitement liée aux activités des libérateurs de la nation corse, et où l’île, dépassant ses frontières naturelles, se retrouve au centre d’un vaste échiquier stratégique où s’affrontent les grands personnages de l’Europe, du Nord au Sud, de Castifau au Vatican, du Piémont-Sardaigne à l'Angleterre, de Gênes à la France. Mais aussi une histoire humaine où l'amitié fidèle de quelques unes des familles de Balagne et de la région de Castifau a permis l'enracinement de cette branche des Stuarts en Corse malgré un contexte politique particulièrement défavorable.
Ainsi des Grimaldi d'Esdra de Castifau, dont notre ami Joseph Grimaldi à Speluncatu garde la tradition orale familiale:
(en février 2011, Joseph Grimaldi d'Esdra et Desideriu Ramelet-Stuart)
En 1890, Théodore Stuart, descendant direct de Manuel Stuart et qui épousera une jeune fille d'Ochjatana, Lucie Siacci, s'interroge le premier sur l'identité de sa famille :
(extrait du diaporama de la conférence: un air certain de ressemblance avec Desideriu!)
Enfin, ultime interrogation : pourra-t-on un jour démontrer la filiation des Stuarts de Corse avec la famille royale d’Ecosse ? D. Ramelet-Stuart recourt à une discipline moderne, la généalogie génétique, pour tenter de combler les lacunes des archives ... Une méthodologie prometteuse qui réserve déjà de belles surprises : à suivre!
Parmi d'autres auditeurs attentifs, notre amie Evelyne Luciani, qui vient de publier sa traduction de la "Justification de la révolution de Corse", de Don Gregorio Salvini : autre travail de bénédictin!
21:12 Publié dans conférence sur la Corse, histoire de la Corse, livres sur la corse, stuart de corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : manuel stuart | Facebook |
06/02/2014
Les Corses et la Grande Guerre: les rendez-vous du Musée de la Corse pour 2014
Les Corses et la Grande Guerre,
centenaire oblige ...
Les rendez-vous du Musée :
Voici la programmation
Et tout d'abord, ces deux premiers rendez-vous :
- Samedi 15 février au Musée de la Corse à Corte, à 14 h, Pauline Vittori-Sallembien évoquera l'histoire d'un poilu , son oncle: "Ils étaient des hommes ... non des choses"
- Samedi 15 mars :
- 10 h au Couvent de Corbara, l'on retracera un épisode bien particulier et peu connu: les prisonniers de guerre et internés civils à Corbara de 1914 à 1918. (plus de 700 internés vivront en captivité dans le couvent Saint Dominique de Corbara durant toute la guerre)
- 14 h à Calvi : le Mémorial du Balkan
Dans la nuit du 15 au 16 août 1918, le vapeur "le Balkan" , de la compagnie Fraissinet, est torpillé par un sous-marin allemand et sombre au large de Calvi en quelques minutes avec 500 passagers à bord, dont 102 survivront . voir :
http://lesmidi.canalblog.com/archives/2013/08/17/27848304.html
- puis visite au Monument aux morts de Calvi:
avec l'intervention de Sylvain Gregori, docteur en histoire de l'université de Provence.
Programme complet des rendez-vous du Musée dans les documents PDF ci-joints:
Mus%C3%A9e%20de%20la%20Corse%20Programme.2014.pdf
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31/01/2014
Conférence- débat: "Un Stuart dans la Nation Corse"
Samedi 8 février à Speloncato
salle Paul Giuliani à 16 H
l'Association Saladini invite Desideriu Ramelet-Stuart
qui présentera son livre:
"Un Stuart dans la Nation Corse"
Après trois nouvelles années de recherches en Corse et à l'étranger, Desideriu Ramelet-Stuart publie un second volume qui , suivant à la trace une destinée particulière, celle de son ancêtre, lève le voile sur les interactions diplomatiques et les enjeux internationaux autour de la Corse du XVIIIe siècle.
Voir la note :
Desideriu Ramelet Stuart à Speluncatu : ELIZABETH PARDON
A suivre!
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25/01/2014
la célèbre "Giustificazione delle Revoluzione di Corsica", de don Gregorio Salvini
Un travail que nous attendions avec impatience,
la traduction de la célèbre
JUSTIFICATION DE LA REVOLUTION DE CORSE,
(l'édition de 1764)
de Don Gregorio Salvini
Combattue par les réflexions d'un Génois,
l'évêque Pier Maria Giustiniani,
et défendue par les observations d'un Corse, Buonfigliolo Guelfucci
Présentation, traduction et notes d' Evelyne Lucciani:
un travail de titan mené à bien, édité chez Albiana et enfin mis à disposition dans toute bonne librairie! Je vous invite à en lire le commentaire qu'en fait l'historien Jacques Denis dans sa lettre d'information du site de Mausoleu.Giussani: aller à Gregorio.
http://mausoleo.giussani.free.fr/Mausoleo_aPages_Textes/News/News_2014/2014-01/News-70_01_2014.html
Magnifique travail, chère Evelyne! et qui éclaire grandement notre compréhension de cette période historique exemplaire de la révolution corse, la première dans ce XVIII° siècle des Lumières...
A propos de Don Gregorio Salvini, un enfant de Nessa (Balagne), comme l'est devenue notre amie Evelyne Lucciani ... :
en 2006 sortait l'ouvrage collectif d'Evelyne Luciani, Louis Belgodère et Dominique Taddei: Trois prêtres balanins au coeur de la Révolution Corse- Bonfigliolo Guelfucci, Erasmo Orticoni et Gregorio Salvini (éditions Alain Piazzola). Où l'on apprend l'implication d'un clergé insulaire éclairé pendant ces quarante années de combat: autre temps, autres moeurs ...
En 2009 paraissait chez Albiana un second ouvrage, co-rédigé par Evelyne Luciani et Dominique Taddei:
Je cite la quatrième de couverture:
Jusqu’en 1730, quelques rares Corses avaient fait parler d’eux, mais personne ne parlait de la Corse : il n’en existait presque aucune description, ni aucune carte ! Or, en 1730, à partir de ce qui a pu sembler une simple jacquerie, commence dans cette île une Révolution qui va durer 40 ans et passionner l’Europe des Cours et des Lumières. Désormais de Pascal Paoli à Napoléon Bonaparte, le monde entier ne pourra plus ignorer la Corse !
L’hypothèse que retient habituellement l’historiographie est celle d’une jacquerie, spontanée, qui se serait transformée au fil des années en révolution, orientée et dirigée vers l’émancipation intégrale des Corses vis-à-vis de la République de Gênes.
Le présent travail remet en cause cette interprétation traditionnelle. Il s’appuie sur de nombreux textes — donnés ici dans leur transcription originale et dans leur traduction — produits au cours de cette période : lettres entre insurgés, doléances exposées aux Génois, rapports des gouverneurs génois aux autorités centrales, des généraux autrichiens à leur monarque, etc.
L’ensemble de ces documents met en évidence le rôle d’un groupe d’hommes, qui sont à proprement parler les " pères fondateurs de la Nation corse ", composé des chefs d’un clan originaire d’un périmètre géographique restreint et de religieux, dont les noms sont restés vivaces dans la mémoire insulaire : Luigi Giafferi, Andrea Ceccaldi, Giacinto Paoli, Erasmo Orticoni, Giulio Matteo Natali, Gregorio Salvini, etc. La cohérence, la rapidité et la quasi-unanimité avec lesquelles ils agirent montrent que la révolte populaire ne fut pas aussi spontanée qu’il est commun de le dire. Très habiles stratèges, organisés entre eux, conscients de leurs forces et de leurs faiblesses, ils furent d’excellents manœuvriers qui réussirent à s’attirer la sympathie des cours européennes et, de fait, furent souvent écoutés et respectés par les grands de ce monde.
Les Génois ne purent contenir cette première insurrection que par l’intervention militaire de l’Empereur d’Autriche, qui entraîna l’emprisonnement des chefs corses. Mais quelques mois plus tard, en 1733, dès leur libération, ils reprirent le combat au nom des mêmes valeurs et des mêmes principes, profondément révolutionnaires dans une Europe absolutiste qui s’ouvrait avec peine aux idées des Lumières. Ces derniers constituent les fondements théoriques, théologiques et politiques sur lesquels se fonderont les revendications corses des décennies suivantes. Au-delà, les Pères fondateurs de la Nation Corse sont les précurseurs des débats qui ébranleront le reste du monde, notamment celui du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes!"
Des livres de référence à découvrir s'ils ne sont pas déjà dans votre bibliothèque!
19:23 Publié dans corse, histoire de la Corse, livres sur la corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : giustificazione delle revoluzione di corsica, don gregorio salvini, evelyne lucciani | Facebook |
24/01/2014
restauration des orgues historiques: déontologie
Restauration des orgues historiques: je réédite cette note
A propos de la déontologie de la restauration des orgues historiques
(Costa)
Tout d'abord ce premier texte officiel, publié par le G.P.F.O., Groupement Professionnel des Facteurs d'Orgues, dans leur revue N°26, du printemps 2005:
à retrouver sur le site: http://gpfo.free.fr/engage.htm
GROUPEMENT PROFESSIONNEL DES FACTEURS D'ORGUES
RÉSULTATS, SERVICES, TRANSPARENCE... LA PROFESSION S'ENGAGE
LES FACTEURS D'ORGUES S'ENGAGENT À :
QUALITÉ
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RESPECT DE L'INSTRUMENT
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DEVIS - MARCHÉS
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SERVICE APRÈS-VENTE
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PRIX
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CONDITIONS GÉNÉRALES DE GARANTIE
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***
Puis cette Charte conçue en janvier 2005 par Laurent PLET, facteur d'orgues installé dans la région de Troyes, et qui concerne plus précisément la restauration des orgues. C'est une charte préparée avec le bureau du GPFO et les techniciens conseils. Ce texte a été officiellement adopté en Assemblée Générale du GPFO le 27/05/2005 . IL me semble particulièrement important par sa réflexion et son engagement.
http://lplet.org/textes/idxchar.htm
Charte du facteur d'orgues restaurateur |
Laurent PLETFacteur d'orgues |
1 - LA PRUDENCE
La première règle à suivre pour une remise en état ou une restauration est d'intervenir le moins possible. Le but n'est pas d'obtenir un instrument ayant l'aspect d'un neuf, mais au contraire gardant les traces d'utilisation dès lors que cela n'altère pas son fonctionnement ni sa musicalité. En cas de démontage, toutes les précautions doivent être prises pour limiter les conséquences des changements hygrométriques. Les remplacements ne seront jamais systématiques ou « précaution ».
Je m'engage à appliquer ces règles de prudence dans tous les travaux de restauration historiques qui me seront confiés cette année
2 - LA RÉVERSIBILITÉ
Chaque intervention sur un élément historique doit être réversible, c'est-à-dire susceptible d'être corrigée pour améliorer l'approche vers le but fixé
La conservation des pièces déposées et une documentation photographique sont indispensables, mais il faut absolument essayer de laisser des éléments d'origine en fonction.
Je m'engage à proscrire tout geste ou action ne pouvant être clairement identifié et éventuellement annulé par un autre facteur d'orgues.
3 - L'HUMILITÉ
Toute modernisation d'un élément mécanique ou acoustique originel est à proscrire. L'utilisation des normes et techniques actuelles sont à éliminer pour la restauration d'un instrument ancien. Le facteur d'orgues doit adapter sa manière de travailler à celle de l'auteur, il en est de même pour le choix des matériaux. Le restaurateur s'interdit de prétendre améliorer l'œuvre ancienne même dans le cas de certains défauts mécaniques ou harmoniques ne rendant pas l'orgue inutilisable.
Je m'engage à ne pas intervenir différemment suivant ma notion de qualité de l'orgue à restaurer et à conserver intégralement les caractéristiques de cet instrument
4 - LA TRANSPARENCE
Les pièces complétées ou reconstruites doivent être identifiables par les générations suivantes. Elles seront donc datées de façon discrète et mentionnées dans le dossier de restauration. S'il n'existe pas de modèle dans l'instrument ni dans un autre orgue du même facteur, on prendra pour référence un orgue contemporain de celui à restaurer et d'une facture aussi proche que possible.
Je m'engage à permettre la reconnaissance ou la datation de tous mes apports dans l'instrument restauré
5 - LA MAINTENANCE
Une tuyauterie ancienne doit toujours être accordée avec prudence et le moins souvent possible. L'accord général sera contrôlé ponctuellement par le facteur assurant l'entretien régulier. Il ne sera refait intégralement qu'après un dépoussiérage de la tuyauterie.
Je m'engage à intervenir toujours prudemment dans un orgue historique même pour les opérations les plus simples
Ces prescriptions générales doivent guider chacune de mes interventions sur tout ou partie d'un orgue historique. Je m'engage personnellement et sur mon honneur, à ne pas y déroger ni dans l'esprit ni dans la lettre, même à la demande d'une tierce personne, et à ne pas exiger d'un autre qu'il y déroge.
À Troyes le 8 janvier 2005
Laurent Plet. | Jean-Louis Pfeiffer | Pascal Germain | Grazyna Pawlikowski |
Thomas Bape | Jean-Claude Brion | Julien Bergeron |
Quelques réflexions à propos de la restauration des orgues en Corse - et ailleurs ...
Sur nos belles tribunes d’orgue, une fois enjambées - dans les escaliers ou les échelles de meunier - les déjections de rats et de chauve-souris que trouve-t-on ? …Tuyaux pliés, écrasés, mâchouillés, dispersés, mécanismes disloqués, soufflets éventrés, excréments, petits cadavres desséchés, débarras d’objets de cultes tombés en disgrâce, gravas tombés des voûtes…
Les facteurs d’orgue qui s’engagent dans la restauration d’un orgue historique savent bien qu’ils ne devront pas compter leur temps ni leur peine pour « récupérer » et réutiliser les moindres parties, même apparemment ruinées .
(Quelques photos de l'orgue de Ferrari, démembré, de Sainte Marie à Bonifacio)
Tous ces éléments qui constituent l’orgue et qui lui arrivent souvent dans un désordre indescriptible, en particulier lorsque l'orgue a été démonté et entreposé avec bonne volonté mais sans aucune connaissance du matériel et sans l'aide technique hautement souhaitable d'un spécialiste , laissés en vrac comme des morceaux d’un puzzle à reconstituer, sont autant de témoins précieux que le facteur d'orgues - restaurateur devra analyser avec toute la patience et la prudence requises, comme le ferait un archéologue sur un chantier de fouille.
Cette patience et cette prudence s’accompagneront d’une grande humilité : le facteur d’orgue doit s’effacer devant l’existant s’il veut véritablement réanimer l’orgue ancien. Faute de quoi, il se contentera de donner une fonction à l’instrument sans lui redonner son esprit d’origine. Ecoutons les réflexions d’Alain FAYE, co-restaurateur avec Alain SALS du petit orgue de l'église saint Sauveur à COSTA (Balagne), en 2004 :
« La restauration d’un orgue ancien est pour nous une démarche à la fois historique, technique et musicale.
Elle commence par une mise en condition, qui consiste à comprendre le contexte initial dans lequel l’ouvrage a été créé. Cette démarche intellectuelle est importante : les anciens n’avaient pas les mêmes idées que nous, pas la même façon de fonctionner, n’attachaient pas la même priorité aux mêmes choses.
L’artisanat était bien structuré, il y avait toujours une continuité dans la transmission du savoir, une école. Au quotidien, certains travaux demandaient alors une main d’œuvre bien plus importante que de nos jours. L’organisation du travail, la façon de se procurer les matériaux, le contexte général : transports, économie, conditions de vie, autant de choses qui ont conditionné la création artisanale et qui n’ont rien à voir avec les valeurs auxquelles nous sommes habitués.
Le regard du restaurateur tient compte de tout cela. Savoir lire le message des anciens artisans, parfois déconcertant, le déchiffrer sans l’interpréter hâtivement : on a vite fait de changer totalement la lettre comme l’esprit. Comprendre les transformations de l’ouvrage, comment et pourquoi il a été modifié, adapté, quand cela a-t-il été fait (…). Il est essentiel de couper tout préjugé pour ne pas trouver ce que nous voudrions bien trouver.
Sur le plan technique, il s’agit de conserver une œuvre, physiquement, mais aussi de la restituer dans sa fonction. Ainsi, nous nous tenons strictement à l’obligation morale de transmettre et conserver l’ensemble du matériel ancien cohérent, d’empêcher sa dégradation et de le compléter à l’identique en adaptant nos techniques et savoir-faire au cas par cas.(…) La technique des anciens est faite de savoir-faire très directs. On allait droit au but dans la plupart des cas. Ce qui n’empêche pas quelques fioritures absolument gratuites qui ne s’expliquent que par la beauté du geste.
Sachant qu’une restauration n’est pas toujours la première et encore moins la dernière, nous nous efforçons de garder identifiable ce qui a été fait précédemment ou au moins d’en conserver une trace écrite et iconographique pour mémoire. Tous les matériaux et techniques utilisés lors de nos interventions sont absolument réversibles et les matériaux techniques utilisés sont conformes aux spécifications du CCTP.(…)
La conservation et la remise en fonction du matériel ancien est indissociable de l’objectif d’un résultat musical cohérent. L’ensemble de la démarche poursuit cette finalité. »
(2004)
Et à propos de déontologie:
"La déontologie est un ensemble de règles aussi bien mprales que techniques, applicables à l'exercice de notre art, aussi bien en ce qui concerne une attitude professionnelle vis-à-vis de notre clientèle et des autres professionnels qu'à l'objet même de notre travail, l'orgue en l'occurence, principalement lorsqu'il s'agit de restauration d'un patrimoine (ces règles se retrouvent dans la plupart des métiers du patrimoine)
Attitude du professionnel:
Rien de bien spécifique à la facture d'orgues: obligation de résultat, service et respect du client et des différents protagonistes d'un marché, service après-vente parfaitement assuré, recherche d'une bonne image de l'entreprise et de la corporation en général. Une attitude claire, positive et collégiale au sein de la corporation est nécessaire. Tout le monde s'y retrouve en définitive si cela se passe bien, et les travaux de facture d'orgue n'auront pas l'image de quelque chose de problématique.
Attitude du restaurateur - maintes fois définie, tient à quelques principes simples:
- conservation, transmission d'un patrimoine, éviter (retarder?) sa dégradation, physiquement.
- pas de prise de position définitive: l'expérience a montré que la restauration est sujette à des doctrines qui évoluent, donc on peut la remettre en question à un autre moment, principe de réversibilité, ne rien jeter, laisser témoins, également de certaines interventions intermédiaires s'il y a lieu, ne pas perdre de vue qu'une restauration n'est pas toujours la première, et encore moins la dernière. Après une ou deux restaurations, que restera-t-il ? On a vite fait de changer totalement la lettre comme l'esprit. Et à chaque fois se réduit la part du patrimoine lisible transmis à la génération suivante.
-dans la facture d'orgues, nous sommes tenus de restituer également une fonction, l'instrument doit être rendu en état de jouer, mais il ne faut pas perdre de vue l'idée de restituer à la lettre, donc ne rien perdre matériellement. Parfois certaines pièces semblent trop dégradées pour continuer à assurer leur fonction. Il faut alors veiller à conserver également ces pièces originales pour les garder comme témoins.
(Cela arrive peu dans l'orgue, mais souvent des instruments de musique sont conservés même sans être en état de jouer, pour ne pas subir des interventions qui nuiraient à l'intégrité de leur contenu patrimonial.)"
( Réflexions d'Alain FAYE, facteur d'orgues à CALLEN, écrites à notre demande en janvier 2011 pour nourrir la nôtre .)
Quelques réflexions à propos de la restauration des orgues en Corse (... et d'ailleurs)
(Les tuyaux s'affaissent les uns sur les autres et en entraînent d'autres dans leur chute : c'est le début d'une longue agonie...)
La première condition - impérative celle-là- pour obtenir une bonne restauration de l’orgue demeure avant tout l’étanchéité sans faille de son sommier : si le sommier présente des fuites, même minimes, les tuyaux ne parleront jamais parfaitement… et seront inaccordables. Un sommier bien restauré donne sa stabilité à l’ensemble de l’orgue, quels que soit sa taille et son ancienneté.
L’une des caractéristiques de nos instruments en Corse est la sonorité du RIPIENO (l’ensemble du plein-jeu), qui leur donne son âme à la fois majestueuse et lumineuse. Cette « clarté » des sons qui jaillit des tuyaux lorsqu’ils sont bien restaurés (et placés sur un sommier étanche !) permet de faire chanter des musiques polyphoniques à l’orgue sans que les voix s’embrouillent dans une pâte sonore informe. On est très étonné de voir les facteurs d’orgue arriver à récupérer ces tuyaux écrabouillés, crevés, mâchouillés par les rats (qui s’aiguisent les incisives dessus !), les remettre en état de revivre et de témoigner de cette esthétique particulière. Seuls les meilleurs d’entre les artisans organiers obtiennent ces véritables résurrections grâce à une connaissance et une pratique accomplies de ce métier dans toutes ses interventions, même les plus humbles : savoir « panser » les plaies des métaux anciens, souvent fins comme des feuilles de papier à cigarette.
Le temps! Une donnée qui a un coût ... Il est moins onéreux de fabriquer des tuyaux neufs que de restaurer les anciens ...
Un exemple des étapes de sauvetage et de restauration par Alain Sals d'un tuyau du petit orgue de Costa:
La science de l’harmonisation : commence alors l’opération la plus délicate et qui signe véritablement l’excellence musicale du facteur d’orgue. Il s’agit de traiter avec douceur et délicatesse la bouche du tuyau pour le faire parler sous le vent : mal maîtrisée, cette opération peut produire des effets très désagréables, même si le tuyau est neuf . Bien gérée, une bonne harmonisation permet aux tuyaux de recevoir tout le vent dont ils ont besoin pour "parler clair". La personnalité, la sensibilité et le degré de qualification du facteur d'orgue s'expriment souvent à travers cette opération primordiale.
(le petit orgue de Costa: anonyme du début XIX° siècle, restauration
d' Alain Faye, Alain Sals et Pierre Sibieude en 2004)
Parmi tous les choix qui seront nécessaires à une bonne restauration, une autre décision importante donnera son caractère à l’orgue : celle du tempérament.
Nos instruments les plus anciens ont souvent été restaurés avec un tempérament mésotonique (avec des tierces justes), ce qui donne une saveur toute particulière à l’ensemble, même si du coup ce choix restreint la quantité de musiques exploitables sur nos orgues au bénéfice de la qualité.
On le voit, le terme de restauration à l’identique implique non seulement un savoir faire sans faille mais aussi une démarche déontologique très exigeante : il est important de décider, lorsque l’on désire redonner vie à un orgue, si l’on va se contenter de reconstruire l’orgue et de lui redonner sa fonction ou si on veut aller au-delà de cette « remise en souffle » : une restauration n’est pas une simple reconstruction. Dans une véritable restauration chaque élément récupérable sera remis en état de façon à pouvoir témoigner de l’orgue original et de l’époque de sa création… En Corse, il faut saluer la première restauration à l'identique du petit orgue de LA PORTA, en 1963 par un tout jeune homme à l'époque, Barthélémy Formentelli...
Il reste de nombreux orgues de grande qualité à restaurer en Corse: tous méritent le titre d'"orgues historiques", ce qui fait de l'île une exception dans le monde organistique européen.
Qu'ils soient classés ou non, ces instruments doivent recevoir toute notre attention et l'on ne saurait trop croiser les regards des spécialistes en toute transparence, lors des restaurations, pour que chaque instrument demeure un livre ouvert racontant l'histoire de sa communauté... On y découvrira du reste que les anciens ne percevaient pas leurs instruments comme nous: notre esprit esthétique de consommation de biens figés dans un paraître impeccable nous empêche parfois d'admettre la vitalité faite de savoir-faire, d'intuitions géniales et parfois d'imperfections ponctuelles nées de contraintes particulières auxquelles le facteur d'orgues local, parfois formé sur le tas, cherchait à donner la meilleure réponse possible. Il faut avoir visité l'espace exigu d'un modeste atelier de village pour comprendre ce robuste corps à corps du facteur avec son orgue...
Enfin signalons qu'une bonne restauration doit pouvoir assurer dans la durée l'utilisation de l'orgue restauré, sans panne majeure, avec un suivi régulier, et avec un maximum de joies pour les utilisateurs:
- tout d'abord pour les communautés qui se sont engagées avec leur municipalité dans cet effort onéreux de la restauration pour que "leur" orgue, forcément le plus beau de la région! sonne à nouveau et serve, en situation liturgique, pédagogique, en concert ...
- mais aussi bien sûr pour les organistes qui l'utilisent: plus l'organiste responsable de l'instrument et les organistes de passage auront de plaisir à le jouer, mieux se portera l'orgue restauré, et mieux sera garantie son espérance de vie ...
Elizabeth.
(l'orgue de Muro, Pagnini 1796/ Agati- Tronci 1878, restauration Jean François Muno 1982)
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