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26/09/2010

Visiteurs du Pagliaghju ...

 

Mardi 21 septembre, en  visite sur le site des  Stantari du  Pagliaghju ...

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... ces deux touristes à quatre pattes, au moins, n'inscrivent pas  leur passage sur  papier toilette ... contrairement aux innombrables deux pattes de toutes nations qui jonchent le chemin de leurs doux -mots culiers triple épaisseur et vont même jusqu'à poser culotte sur quelque vénérable menhir à terre. Si, si, nous l'avons vu.

Le sacré souffle où il peut.

23/07/2009

Nouvelle brève du Purgatoire, San Giovanni de Corté

Le 22 Août 2007, je publiais une brève du Purgatoire un peu désespérée:

Avis de recherche du « cheval psychopompe » ….

 

 
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Depuis tous ces siècles, immobilisé (et "christianisé" ?) sous l’antique abside en cul de four d’une importante église pievane  de Corse, le cheval passeur des âmes du fond des âges a-t-il  rompu ses entraves pour reprendre librement son errance nocturne dans notre inconscient archaïque?

Trop de visiteurs incontrôlés ou pas assez d’engagement responsable ? On nous a répondu récemment qu'il valait mieux que le patrimoine ancien retourne sous les ronces pour y être préservé. Voilà une bonne solution pour ne pas s'embarrasser avec toutes ces vieilleries qui polluent notre espace et freinent le PROGRES!

Hier, en fin de journée lors de notre parcours dans la Vallée de l'Asco, Ghjuvellina et Cortenais, nous avons terminé ici, sur le site de San Giovanni, sur la commune de Corté:

Copie de juillet 2006 ruisseau, fourmis 005.jpg
En cette fin d'après-midi, dans le calme et la lumière, le baptistère et la grande église piévane en deshérance...

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Hier je n'avais pas l'appareil photo, je le regrette! L'état général du site s'est dégradé depuis ces photos (2007). La porte cadenassée du baptistère a été défoncée, des poubelles gisent au sol, une colonne brisée a été déplacée. Un tel vandalisme imbécile dépasse l'entendement et l'inertie des autorités en charge de ce haut lieu historique de la Corse est incompréhensible.
Rappelons tout de même ce qu'est ce site de San Giovanni Battista de Corté, classé M.H. en 1968:

Dans la vallée du Tavignano, dans un espace majestueux et largement ouvert sur les montagnes environnantes, peut-être sur l'emplacement de l'antique ville romaine de Venicium, à quelques mètres  à peine du Palazzu ( maison forte) du semi mythique Comte Ugo della Colonna, le héros de la Reconquista de la Corse lors de la croisade contre les Maures au début du IX° siècle, ce site fut probablement déjà occupé dès la préhistoire:  la colline du Poggio dello Palazzo (dont Madame Moracchini Mazel pense que le sommet est couronné d'une triple enceinte mégalithique)  disparait aujourd'hui sous la végétation et l'on ne peut même plus distinguer les vestiges du Palazzo. Voici, juxtaposés,  l'église-mère et le baptistère de la Piève de Venaco : fouillée en 1956/58 par Mme Moracchini Mazel, l'église préromane dont il reste la belle abside en cul de four et la base des murs, des piliers séparant les trois nefs, et le baptistère de plan tréflé, recouvert d'une charpente et d'un toit de lauzes. Notre ami Etienne Jacquemin, hier, rappelait que le relevage du baptistère fut l'oeuvre de l'Armée, alors propriétaire des lieux ... Ces deux édifices, leur appareil archaïque (pierres cassées au marteau, utilisation d'un mortier  de chaux, de tuffeau)  et leur décor de bandes murales à la façon des églises lombardes permettent d'estimer leur construction du début du IX° siècle... Comme souvent on retrouve là la permanence de l'occupation humaine sur un site sacré, vestiges mégalithiques, nombreux éléments de tuiles et poteries romaines réemployés dans la maçonnerie des deux édifices...

Le petit "cheval psychopompe" disparu, c'est désormais un peu de l'âme du lieu qui  qui nous manque.

 

 

 

                                                                                                                                  

 

 

19/06/2009

Monte Revincu 14 juin

Ce dimanche 14 Juin, avec Colette, Hélène et Chantal:
quelques photos d'une délicieuse improvisation dans l'Agriate et le Nebbiu...
 
 
 
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Après une bonne grimpette (avec cueillette d'un petit morceau de bronze), cette première structure dallée... le plongeon dans le temps a commencé...
 
 
 
 
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Matinée chaude, cuisson annoncée dans le maquis du Monte Revincu: nous arrivons au-dessus de A Casa di l'Orca ( la maison de l'Ogresse: retrouver la légende de l'Orcu et de l'Orca dans la note du 5/6/2009)
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L'entrée de la Stazzona di l'Orca: la chambre devait être précédée d'un couloir. Ouvert au soleil levant, ce petit dolmen  est composé de 3 orthostates (dalles de pierre dressées) et d'une dalle faisant couverture... Une agréable fraîcheur règne à l'intérieur, tapissé d'une douillette végétation parfumée.
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Deux sympathiques et jeunes ogresses maîtresses d'école en visite contemplent l'aménagement des dalles autour de la stazzona,
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et la force tranquille d'une vieille orca ...
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Respectueuses pour l'Ancêtre mais prudentes, les jeunes ogresses se tiennent à l'entrée de la Casa en attendant je ne sais quel oracle.
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Un peu plus haut, dans le secteur de la Cima-di-Suarella: le site est vaste et impressionnant, découvert dans les dernières années du XXème siècle, en partie fouillé (la végétation recouvre encore une partie du site) depuis 1996 par l'équipe de Franck LEANDRI, cette importante nécropole mégalithique aurait été utilisée entre la fin du Ve millénaire et l'Âge du Bronze. La destination de ce site, associant la fonction funéraire des coffres et des dolmens à ces structures rectangulaires évoquant un usage d'habitat, dans ce paysage de col entre le Nebbiu et l'Agriate nous interroge . Quelle que soit la réponse, le lieu dégage avec force une obstination dans le travail de la pierre et le sens du sacré au sein d'une population pastorale..
Pour cette balade, je vous renvoie au livre, parmi d'autres:
MONUMENTS DE CORSE,
édité par Franck Leandri et Laurent Chabot à EDISUD

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De l'autre côté du col, à quelques mètres de là, a Casa di l'Orcu , qui, comme a Casa di l'Orca, a conservé une partie de son tumulus et de son couloir d'accès. Toujours aussi présent.
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Un étai consolide maintenant la dalle de couverture. Rappelons que par le passé ce dolmen (déjà classé en 1887) se trouvait au milieu du champ de tir de l'Armée, servant de cible: un tir d'obus bien ajusté l'a gravement endommagé dans les années cinquante... Aujourd'hui le site, racheté par le Conservatoire du littoral et des espaces lacustres, semble protégé...
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La grande dalle du "fond".
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no comment!
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Et, tout proche de la Casa di l'Orcu, l'une des tombes en coffre:
"L'un de ces coffres, situé à proximité immédiate du dolmen de la Casa di l'Urco illustre la continuité de la fonction funéraire du site du Monte Revincu: elle s'inscrit dans la tradition des premières tombes en coffres méditérranéennes et permet de concevoir l'émergence de ce type d'architecture en Corse vers la fin du Ve millénaire (...)"
(in: Monuments de Corse, précité.)
à suivre...

05/06/2009

Monte Revincu: a Casa di l'Orcu et a Casa di l'Orca

 
Orcu civilisateur
(suite de la note précédente sur Piève):

 Légende de a Casa dell’Orcu et de a Casa di L’Orca, sur le Monte Revincu.

 
 
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(a casa dell'Orcu)

 

Dans ces temps lointains, vivaient dans  sur le Monte Revincu un Orcu ( ogre)  d’une force terrifiante et sa mère. Ils s’étaient construit chacun leur maison en dressant ces lourdes dalles de pierre que vous voyez ici. La plus grande était la demeure de l’Orcu, et un peu plus loin, celle  de la mère, plus petite, avec, pour l’une et l’autre, une vue imprenable sur les alentours et l’ouverture au soleil levant. Soulever ces lourdes pierres était un jeu d'enfant pour l'Orcu.

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(a casa di l'Orca)

L’Orcu, un jeune ogre très curieux des choses de ce monde,  terrorisait tous les pauvres gens de la région, déambulant à grandes enjambées sur les pentes fleuries du Monte Revincu, franchissant à la vitesse de l’éclair les vallons fertiles de l’Agriate, faisant jour après jour sa besogne d’ogre.

 

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Bien des téméraires avaient perdu la vie en essayant de l’attraper : mais sa force était prodigieuse et sa mère rusée arrivait toujours à déjouer toutes les embuscades … Pourtant un jour un jeune berger  - de ceux qui savent attraper les oiseaux tout en gardant leurs troupeaux -  inventa un piège d’un genre nouveau : pendant une nuit obscure d’hiver il déposa silencieusement devant la casa de l’Orcu une énorme et robuste botte en peaux de sanglier ( il en avait fallu 350 pour arriver à coudre quelque chose d’assez grand pour le pied géant de l’ogre : on avait mesuré ses empreinte s… ) enduite de poix à l'intérieur et sur la semelle. Le matin, l'ogre découvrit cette merveille et voulut aussitôt l’essayer : à grand mal il enfila son énorme pied dans l’énorme botte  et se trouva piégé. Les bergers qui s’étaient cachés derrière les rochers  se précipitèrent sur lui pour le tuer. L'ogre les supplia de le laisser vivre, leur faisant cette promesse : " si vous me laisser vivre  je vous promets de vous apprendre le secret de la fabrication du brocciu » ( en ce temps là, les bergers corses ne savaient pas encore fabriquer cette merveille à partir du petit lait de leurs chèvres) :  il leur révéla donc cette divine et mystérieuse recette  dérobée aux dieux. Les bergers, faisant fi de leur marché, voulurent  se débarrasser définitivement de l’ogre qui essaya encore de sauver sa peau en leur promettant –malgré les conseils prudents de sa mère -  de leur apprendre aussi le secret de la fabrication de la cire à partir du dernier petit lait … Peine perdue, les hommes massacrèrent l’ogre et sa mère avant d’avoir obtenu cette dernière révélation : c’est ainsi que s’est transmise à travers les âges la recette du précieux brocciu, tel que vous pouvez encore le déguster à la bonne saison si du moins vous allez le chercher chez les bergers qui se la transmettent de génération en génération depuis la nuit des temps. 

( d'après la légende récoltée par Adrien de Mortillet en 1883, rédigeant un rapport sur les "mégalithes de Corse")

 

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Toujours est-il que là haut vous pouvez encore voir ces coffres à usage funéraire, ces structures rectangulaires conservées dans une végétation généreuse, qui témoignent d'un art de la construction et d'une pratique cultuelle inscrits dans la durée: les fouilles archéologiques ont révélé un matériel lithique et céramique qui semble dater de la fin du Vème millénaire avant notre ère... Association entre l'usage des vivants et l'usage des morts:

 

 
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En espérant que les tirs de la Légion épargneront désormais  ce site fouillé  et désormais protégé par son acquisition par le Conservatoire  du littoral et des espaces lacustres
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Merci, Colette, pour les photos!