27/09/2010
Sur le plateau de Cauria
CAURIA, avec Philippe JACCOTTET
Coriaces, drues, dressées au matin d'automne, les chardonneuses sentinelles du plateau de Cauria.
Veille:
Et puis en silence tournés vers le soleil levant, i stantari. Contemplation.
"Poids des pierres, des pensées
Songes et montagnes
n'ont pas la même balance
Nous habitons encore un autre monde
Peut-être l'intervalle"
(...) En fait, de toutes mes incertitudes, la moindre (la moins éloignée d'un commencement de foi) est celle que m'a donnée l'expérience poétique; c'est la pensée qu'il y a de l'inconnu, de l'insaisissable, à la source, au foyer même de notre être. Mais je ne puis attribuer à cet inconnu, à cela, aucun des noms dont l'histoire l'a nommé tour à tour. Ne peut-il me donner aucune leçon, hors de la poésie où il parle -, aucune directive, dans la conduite de ma vie ?
Réfléchissant à cela, j'en arrive à constater que néanmoins, en tous cas, il m'oriente, du moins dans le sens de la hauteur (...)
(La plus haute espérance, ce serait que tout le ciel fût vraiment un regard)
Philippe JACCOTTET: Eclaircies, dans Paysages avec figures absentes. NRF Gallimard.
19:12 Publié dans balades en Corse, les pierres qui signent, préhistoire corse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : plateau de cauria, préhistoire corse, philippe jaccottet | Facebook |
26/09/2010
Visiteurs du Pagliaghju ...
Mardi 21 septembre, en visite sur le site des Stantari du Pagliaghju ...
... ces deux touristes à quatre pattes, au moins, n'inscrivent pas leur passage sur papier toilette ... contrairement aux innombrables deux pattes de toutes nations qui jonchent le chemin de leurs doux -mots culiers triple épaisseur et vont même jusqu'à poser culotte sur quelque vénérable menhir à terre. Si, si, nous l'avons vu.
Le sacré souffle où il peut.
18:45 Publié dans balades en Corse, préhistoire corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : menhirs de pagliaghju, mégalithisme corse | Facebook |
23/07/2009
Nouvelle brève du Purgatoire, San Giovanni de Corté
Le 22 Août 2007, je publiais une brève du Purgatoire un peu désespérée:
Avis de recherche du « cheval psychopompe » ….
Depuis tous ces siècles, immobilisé (et "christianisé" ?) sous l’antique abside en cul de four d’une importante église pievane de Corse, le cheval passeur des âmes du fond des âges a-t-il rompu ses entraves pour reprendre librement son errance nocturne dans notre inconscient archaïque?
Trop de visiteurs incontrôlés ou pas assez d’engagement responsable ? On nous a répondu récemment qu'il valait mieux que le patrimoine ancien retourne sous les ronces pour y être préservé. Voilà une bonne solution pour ne pas s'embarrasser avec toutes ces vieilleries qui polluent notre espace et freinent le PROGRES!
Hier, en fin de journée lors de notre parcours dans la Vallée de l'Asco, Ghjuvellina et Cortenais, nous avons terminé ici, sur le site de San Giovanni, sur la commune de Corté:
Dans la vallée du Tavignano, dans un espace majestueux et largement ouvert sur les montagnes environnantes, peut-être sur l'emplacement de l'antique ville romaine de Venicium, à quelques mètres à peine du Palazzu ( maison forte) du semi mythique Comte Ugo della Colonna, le héros de la Reconquista de la Corse lors de la croisade contre les Maures au début du IX° siècle, ce site fut probablement déjà occupé dès la préhistoire: la colline du Poggio dello Palazzo (dont Madame Moracchini Mazel pense que le sommet est couronné d'une triple enceinte mégalithique) disparait aujourd'hui sous la végétation et l'on ne peut même plus distinguer les vestiges du Palazzo. Voici, juxtaposés, l'église-mère et le baptistère de la Piève de Venaco : fouillée en 1956/58 par Mme Moracchini Mazel, l'église préromane dont il reste la belle abside en cul de four et la base des murs, des piliers séparant les trois nefs, et le baptistère de plan tréflé, recouvert d'une charpente et d'un toit de lauzes. Notre ami Etienne Jacquemin, hier, rappelait que le relevage du baptistère fut l'oeuvre de l'Armée, alors propriétaire des lieux ... Ces deux édifices, leur appareil archaïque (pierres cassées au marteau, utilisation d'un mortier de chaux, de tuffeau) et leur décor de bandes murales à la façon des églises lombardes permettent d'estimer leur construction du début du IX° siècle... Comme souvent on retrouve là la permanence de l'occupation humaine sur un site sacré, vestiges mégalithiques, nombreux éléments de tuiles et poteries romaines réemployés dans la maçonnerie des deux édifices...
Le petit "cheval psychopompe" disparu, c'est désormais un peu de l'âme du lieu qui qui nous manque.
17:14 Publié dans brèves du purgatoire, corse, les pierres qui signent, patrimoine, préhistoire corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : piévannies de corse, san giovanni de corté, patrimoine préroman de la corse | Facebook |
19/06/2009
Monte Revincu 14 juin
05/06/2009
Monte Revincu: a Casa di l'Orcu et a Casa di l'Orca
Légende de a Casa dell’Orcu et de a Casa di L’Orca, sur le Monte Revincu.
Dans ces temps lointains, vivaient dans sur le Monte Revincu un Orcu ( ogre) d’une force terrifiante et sa mère. Ils s’étaient construit chacun leur maison en dressant ces lourdes dalles de pierre que vous voyez ici. La plus grande était la demeure de l’Orcu, et un peu plus loin, celle de la mère, plus petite, avec, pour l’une et l’autre, une vue imprenable sur les alentours et l’ouverture au soleil levant. Soulever ces lourdes pierres était un jeu d'enfant pour l'Orcu.
L’Orcu, un jeune ogre très curieux des choses de ce monde, terrorisait tous les pauvres gens de la région, déambulant à grandes enjambées sur les pentes fleuries du Monte Revincu, franchissant à la vitesse de l’éclair les vallons fertiles de l’Agriate, faisant jour après jour sa besogne d’ogre.
Bien des téméraires avaient perdu la vie en essayant de l’attraper : mais sa force était prodigieuse et sa mère rusée arrivait toujours à déjouer toutes les embuscades … Pourtant un jour un jeune berger - de ceux qui savent attraper les oiseaux tout en gardant leurs troupeaux - inventa un piège d’un genre nouveau : pendant une nuit obscure d’hiver il déposa silencieusement devant la casa de l’Orcu une énorme et robuste botte en peaux de sanglier ( il en avait fallu 350 pour arriver à coudre quelque chose d’assez grand pour le pied géant de l’ogre : on avait mesuré ses empreinte s… ) enduite de poix à l'intérieur et sur la semelle. Le matin, l'ogre découvrit cette merveille et voulut aussitôt l’essayer : à grand mal il enfila son énorme pied dans l’énorme botte et se trouva piégé. Les bergers qui s’étaient cachés derrière les rochers se précipitèrent sur lui pour le tuer. L'ogre les supplia de le laisser vivre, leur faisant cette promesse : " si vous me laisser vivre je vous promets de vous apprendre le secret de la fabrication du brocciu » ( en ce temps là, les bergers corses ne savaient pas encore fabriquer cette merveille à partir du petit lait de leurs chèvres) : il leur révéla donc cette divine et mystérieuse recette dérobée aux dieux. Les bergers, faisant fi de leur marché, voulurent se débarrasser définitivement de l’ogre qui essaya encore de sauver sa peau en leur promettant –malgré les conseils prudents de sa mère - de leur apprendre aussi le secret de la fabrication de la cire à partir du dernier petit lait … Peine perdue, les hommes massacrèrent l’ogre et sa mère avant d’avoir obtenu cette dernière révélation : c’est ainsi que s’est transmise à travers les âges la recette du précieux brocciu, tel que vous pouvez encore le déguster à la bonne saison si du moins vous allez le chercher chez les bergers qui se la transmettent de génération en génération depuis la nuit des temps.
( d'après la légende récoltée par Adrien de Mortillet en 1883, rédigeant un rapport sur les "mégalithes de Corse")
Toujours est-il que là haut vous pouvez encore voir ces coffres à usage funéraire, ces structures rectangulaires conservées dans une végétation généreuse, qui témoignent d'un art de la construction et d'une pratique cultuelle inscrits dans la durée: les fouilles archéologiques ont révélé un matériel lithique et céramique qui semble dater de la fin du Vème millénaire avant notre ère... Association entre l'usage des vivants et l'usage des morts:
18:16 Publié dans balades en Corse, corse, préhistoire corse, racines de pierre | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : agriate, préhistoire, brocciu, dolmens, ogres civilisateurs | Facebook |