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29/04/2011

le Monte Revincu, ce lundi de Pâques

Nous partons aujourd'hui à la découverte du petit dolmen à couloir de Celluccia, que je ne connais pas encore, au sommet du Monte Revincu: trois cabrettes en cavale ...

... et  les pierres qui signent les hommes, sous la pluie ...

 

Avant tout, je signale - pour ceux qui ne l'auraient pas - l'excellent article dans le numéro de février de STANTARI: "Aux origines du mégalithisme en méditerranée".

Vous pouvez également le retrouver en ligne:

  1. www.cg2b.fr/cg2b/agriate/stantari_2011.pdf

 

Ainsi que le compte-rendu de la première journée de l'Agriate, le 22 novembre 2008 :

www.agriate.org/documents/Journée%20Agriate%202008%20compil.pdf

 

Vous y trouverez tout ce que vous devez savoir sur l'ensemble de ce site extraordinaire, ainsi que de fort belles photos aériennes très parlantes.

 

 

pancarte blog.jpg

En ce lundi de Pâques, donc, nous devrions passer entre les tirs militaires, sinon entre les cornes des vaches et taureaux en libre vagabondage ...

Je cite ( compte-rendu de la journée du 22 novembre 2008 ):

" Le Monte Revincu

Franck Leandri

Direction Régionale des Affaires Culturelles

Etude réalisée avec le concours de1 : Franck Leandri1, Christophe Gilabert1, Christophe Jorda2 , Maëva Assous-Plunian3, Céline Bressy 4, Lucie Chabal5, Frédéric Demouche6, François- Xavier Le Bourdennec7 , Serge Muller8, Nadia Federzoni9, Kewin Pêche-Quillichini4, Charles Pinelli13, Hélène Paolini-Saez 10, Gérard Poupeau 7, Marc-Antoine Vella 11 , Julia Wattez 12 .

1 1 MCC et LAMPEA- UMR 6636 (Univ. de Provence et CNRS), 2 UMR 5059, 3Université de Paris IV, 4

LAMPEA- UMR 6636 (Univ. de Provence et CNRS), 5 UMR 5059 et 154, 6Musée de Préhistoire corse de

Sartène , 7UMR 5060, 8ISEM, Université de Montpellier-2., 9Université de Corse., 10Association laboratoire

régional d’archéologie, 11 Université de Corse et Université de Paris IV., 12UMR 5140 CNRS, ASM, science du

sol et archéologie, 13 Association les amis des Agriate.

L’établissement Néolithique du Monte Revincu est localisé au nord de la Corse à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Bastia. Il tient son nom d’une montagne culminant à près de 356 mètres dominant la plaine de Casta. Le site est implanté au sommet et au pied de cette montagne. Les recherches ont révélé sur 4 secteurs, disséminés sur une dizaine d'hectares une cinquantaine d’aménagements architecturés à vocation domestique ou funéraire, attribués pour la plupart au Ve millénaire av. J.-C.

C’est dans le secteur de la Cima-di-Suarella, un petit plateau surplombant le paysage vallonné que se concentrent les vestiges d’habitat. Une trentaine de structures dans un remarquable état de conservation y ont été découvertes. Elles sont délimitées au sol par des dalles disposées de chant et contiennent parfois un ou plusieurs niveaux de radiers constitués d’un empierrement relativement soigné. Ces structures présentent également des dispositifs de calage contre les dalles ou de trous de poteaux. Des cloisonnements ou des juxtapositions de compartiments quadrangulaires ont été observés sur certaines d'entre elles. La mise en évidence, grâce notamment à l’étude micromorphologique, de probables niveaux de sol contenant des restes d’aménagements en terre permet d’approcher la restitution précise d’unités domestiques. Les datations radiocarbones ainsi que le mobilier lithique et céramique, permettent de les situer dans le dernier tiers du Ve millénaire. A proximité de ces unités domestiques, on retrouve également au moins 3 structures qui, de par leur morphologie, pourraient se rapporter à une utilisation funéraire. L’ensemble des informations architecturales et chronologiques plaide en faveur d’une organisation trouvant tout son sens dans l’association entre aménagements domestiques et funéraires. La surface et la lourdeur de ces implantations au sol illustrent un ancrage territorial et peut-être un véritable essor démographique qui peut correspondre à la sédentarité d’une communauté et à la mise en place d’un véritable village. Une approche environnementale permet d’apprécier le territoire parcouru et exploité en synchronie avec le site et de retracer les influences que société et milieu ont pu exercer l’un sur l’autre.

Ce site permet de compléter la connaissance du mégalithisme en Méditerranée, sur son émergence et son évolution. Trois dolmens et plusieurs coffres funéraires, tous attribués au Ve millénaire avant notre ère par des analyses C14 et grâce au mobilier qu’ils contenaient ont été recensés sur le site. Les dolmens sont parmi les plus significatifs de l’île puisqu’ils conservent les arases de tumulus qui devaient les recouvrir. Au final ce travail rend une image plus fiable du mégalithisme corse, peut-être un peu flatteuse car avec les recherches récentes menées dans le sud, à Cauria, l’île apparaît comme un des premiers foyers d’émergence du mégalithisme méditerranéen occidental, si ce n’est le premier, en concordance avec les grandes architectures du mégalithisme de la façade atlantique. Parallèlement aux travaux de fouilles, a été entreprise une démarche environnementale qui consiste à définir par une étude paléogéographique les processus d’évolution, d’adaptation et de relation entre espace naturel et espace anthropique de manière diachronique. L’objectif premier de l’intervention s’appuyait sur la reconnaissance de phénomènes permettant d’évaluer le potentiel d’interrelations entre les sociétés et leur milieu. Dans ce cadre, ont été recherchés les secteurs offrant des séries stratigraphiques suffisamment puissantes et renseignées d’un point de vue chronologique, pour être interprétées. Les premières observations ont montré une faiblesse extrême de la couverture sédimentaire et la rareté de secteurs en cours d’érosion : le milieu est demeuré stable d’un point de vue hydrosédimentaire. Cette étude a été pour l’instant plus particulièrement dirigée vers les périodes les plus anciennes de l’utilisation anthropique du site. Cette étude s’appuie sur la réalisation d’un système d’information géographique (SIG) encore en cours d’amélioration qui repose sur le croisement de plusieurs types de données. Grâce à cette démarche nous disposons d’un large panel d’informations aussi bien sur les potentialités agricoles de la région (espaces utiles, zones de pâturages, réseau hydrographique etc…) que sur les axes de communication traditionnels (cheminements, sentiers, chemins pastoraux, axes de transhumances etc…). Le croisement de l’ensemble des données grâce aux SIG nous permet d’apprécier la perduration possible de certains phénomènes liées à des réalités géographiques et environnementales dont ont sait aujourd’hui qu’elles n’ont pas ou peu évoluées. De même il donne les moyens d’apprécier le maillage des sites, son évolution et par conséquent la pérennité de certains lieux d’occupation, de passages marqués par les mégalithes. La représentation 3D permet d’optimiser la visualisation des résultats.des recherches sont entreprises pour mieux comprendre la transformation de l’environnement des Agriate depuis les périodes préhistoriques jusqu’à nos jours. De plus des prospections permettent de se faire une meilleure idée sur l’évolution du peuplement. L’ensemble des données est en cours de mise en forme grâce notamment à un système d’information géographique. Ces recherches pluridisciplinaires viennent de faire l’objet d’une présentation dans le cadre du colloque de préhistoire récente de Périgueux.

Depuis 1995, ce gisement est propriété du conservatoire du littoral, des communes de Santo-Pietro-di-Tenda et de San-Gavino-di-Tenda. Les fouilles devraient permettre de rassembler la documentation nécessaire à sa mise en valeur. Certains monuments ont fait l’objet de reconstitutions 3D qui ont été intégrées dans un documentaire produit par la société bastiaise ISI Production et France 3 Corse, en partenariat avec la CTC ; ce film régulièrement diffusé sur FR3 et la chaine Via Stella a reçu le second prix du festival du film documentaire archéologique d’Amiens.

Le conservatoire du littoral et les communes ont clairement exprimé leur volonté de présenter à un large public ce gisement classé au titre des Monuments historiques depuis 1887. Le Monte Revincu est situé dans une région riche en vestiges mégalithiques (menhirs, statues-menhirs, dolmens etc…) qui pourraient compléter la visite dans le cadre d’un itinéraire des mégalithes du Nebbiu et des Agriate. Un cahier des charges devrait être rapidement présenté par un comité de pilotage qui sera mis en place très prochainement.

Cette démarche devrait être réalisée en concertation avec la CTC."

 

 

 

Quelques images de ce site toujours aussi puissant: la pluie fait lever les parfums et les couleurs des myrtes, cistes, lavandes, orchidées, bruyères, asphodèles, férules ...

le chemin pour y arriver blog.jpg

le chemin pour y arriver: nous allons grimper jusqu'au sommet du Revincu, là-bas, au fond du paysage

 

... en cheminant, quelques  alliens ...

épaves militaires.jpg

 

" Il est actuellement déconseillé de se rendre sur ce gisement qui se trouve dans les abords du champs de tir de Casta nord. L’armée, locataire des parcelles attenantes au site devrait quitter l’endroit et le dépolluer à très court terme." (compte-rendu, idem).

Bon. Ce n'est pas encore nettoyé ...

trace militaire.jpg

fleur de culture


orchidée.jpg

et orchidée sauvage

 

 

 

montagne du Revincu blog.jpg

Il va falloir grimper là-haut ... de la grimpette de chèvres au milieu du maquis odorant,  baveux ( les cistes!), fleuri et piquant

chèvres 3.jpg

justement, rencontre avec une famille de chèvres (et de leur bouc)

chèvres 1 détail.jpg

curieuses, comme nous, et libres!

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en chemin, les premiers aménagements et coffres: toujours saisissants. Notre vieille humanité, ancrée dans le sol, et les paroles envolées.

 

casa di l'Orca blog.jpg

 et "a Casa di l'Orca", toujours aussi accueillante ... pour les bergers d'il y a peu.

colette et le cairn.jpg

Colette nous mène, avec un sixième sens pour repérer les cairns: pas de sentier visible ...

ouf!.jpg

ouf! les sécateurs sont de sortie. Chantal fait semblant de souffrir!

arrivée sur le site de Celluccia.jpg

enfin, l'arrivée au sommet du Monte Revincu ... et le site de Celluccia. Emotion

dolmen et menhir de Celluccia.jpg

le petit dolmen de Celluccia et, dans son prolongement, le menhir qui lui est associé

dolmen de celluccia.jpg

 le dolmen de Celluccia, sans sa dalle supérieure, mais avec son couloir  et son tumulus: daté du dernier tiers du V° millénaire ...

Ici nous partagerons notre nourriture avec les morts du lieu

le menhir de Celluccia.jpg

et son menhir,

menhir de Celluccia et St Florent.jpg

planté comme un amer dominant St Florent

Chantal, 1m 59 !.jpg

Chantal a pris la pose, du haut de son 1m 59!

cima di suarella.jpg

 Au retour, nous voici sur le plateau de a Cima di Suarella, avec ses vestiges associant habitats des vivants et rites funéraires : sur les fouilles et leur résultat, voir le Stantari de février/avril 2011 ...

casa di l'Orcu, de loin.jpg

 et, un peu plus loin en-dessous, la maison de l'ogre ...

a casa di l'orcu blog.jpg

le dolmen dit "a Casa di l'Orcu", qui a , hélas, servi assez récemment de point de mire pour les tirs d'artillerie ...

Un temps gris qui s'enfonce dans le mystère et le sacré du lieu.

Sous la pluie battante,  honorant les morts: férules vigoureuses, blanches asphodèles, lavandes sauvages et herbes tendrelettes ... Le parfum des myrtes est étourdissant.

 

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A côté du dolmen, cette petite construction en réemploi .

 


 

 

 

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 Merci aux jeunes biquettes de m'avoir accompagnées là-haut, même si nous avions des têtards dans les chaussettes.

C'était magnifique!

et vivent les appareils photo étanches!


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

26/04/2011

le printemps de "Contami" à Belgodère

  la troisième édition du festival de Belgodère     "Contami " commence aujourd'hui,

servie par la belle énergie créatrice de Marie-Clair Peretti et de ses complices

et à retrouver sur le site :

http://www.contami-festival.info

 

Belgodère Contami2011-1 affiche blog.jpg

 

 

Contami présentation blog.jpg

 

Contami 2011 programme 1 blog.jpg

2011contami_Programme 2 blog.jpg

Histoire_d-un_conte_ordinaire_-_mail-1 blog.jpg

A propos du concert "nos deux orgues" du jeudi 28 avril

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  une précision importante:

le clavier du petit orgue Lazari (1761) a été remis en état, et vous pourrez donc l'entendre jeudi 28 avril aux côtés de l'orgue Abbey (1913) ...

 

 

 

 

23/04/2011

un Jeudi Saint lumineux et frisquet en Castagniccia

Jeudi 21 avril 2011, une journée de partage et de rencontres autour de la Semaine Sainte, des Sepolcri et des Chemins de Croix en Castagniccia qui a débuté à Castellu di Rustinu

4 san Tumasgiu 2 blog.jpg

avec  les fresques de la chapelle san Tumasgiu di Pastureccia ( pour l'ensemble de ces fresques, voir les notes sur cette chapelle: " les fresques de San Tumasgiu di Pastureccia")

                                        

ensemble fresque Passion mur nord blog.jpg

et le récit de la Passion, sur le mur Nord. C'est, à ma connaissance, le seul ensemble cohérent de fresques  sur ce thème. Notons au passage que certaines chapelles n'ont sans doute pas fini de dévoiler leurs décors qui dorment peut-être ici et là sous leur badigeon de chaux ...

Même lacunaire, cette "série" fonctionne comme un Chemin de Croix : toucher et enseigner. Elle semble offrir la réponse du salut face à la représentation infernale du mur sud, en face : une invitation à se laisser envahir par la compassion en communiquant par l'image, tout comme le musicien saura émouvoir en créant un oratorio sur la Passion.

la Cène ensemble droit blog.jpg

la Cène: sur la table, le pain et le vin de ce dernier repas pris ensemble avec les disciples.

San Tumasgiu détail apôtres Cène blog.jpg

détail (un peu flou...) de l'interrogation inquiète des apôtres: qui va trahir?

le Christ au jardin des oliviers blog.jpg

le Christ au Jardin des Oliviers et ses compagnons endormis

apôtre endormi.jpg

Saint Pierre plombé de sommeil

 

 

Comparution devant Pilate blog.jpg

 l'arrestation de Jésus et sa comparution devant Pilate

flagellation blog.jpg

la flagellation, sur un fond rouge sang,

Crucifixion et Mère blog.jpg

enfin la Crucifixion, sur le bleu du ciel, en présence de Marie prostrée

le visage de la Vierge au pied de la Croix blog.jpg

 

 visage de la Mère:

"Stabat Mater dolorosa

Juxta crucem lacrymosa

Dum pendebat Filius"

visage du Christ blog.jpg

 et ce magnifique visage du Christ mort, fragment à gauche de l'arc triomphal ...

 

Un peu plus haut, la belle église paroissiale de Castellu et son haut campanile

Castellu di Rustinu le campanile blog.jpg

abrite bien des " messages"  insoupçonnés,

Castellu le sepolcru avec nous blog.jpg

Découverte de ces grands décors peints du sepolcru (anonyme, début XIX°s.): voir la note de l'an dernier, sur cet ensemble impressionnant (" les sepolcri du diocèse d'Accia", le 12/04/2010 )

Décors éphémères chargés de sens et d'histoire sous lesquels se jouait ici naguère, nous a-t-on dit, une Passion à l'usage des gens de cette communauté ...

déploration et mise au tombeau blog.jpg

 

 

Semaine Sainte accompagnée, comme dans de nombreuses églises de cette région depuis la prédication en Corse de saint Leonardo da Porto Maurizio (1744) , par la série des quatorze tabeautins du Chemin de Croix, ici peint par Giacomo Grandi:

portement de croix.jpg

"Stazione II:  Gesù caricato della croce"

le portement de croix: avec une soldatesque superméchante au look barbaresque, histoire de la Corse razziée oblige.

Castellu di Rustinu, Véronique détail blog.jpg

"Stazione VI: Gesù ascingato dalla Veronica"

 Rencontre avec sainte Véronique qui lui essuie le visage.

Castellu Crucifixion blog.jpg

"Stazione XI: Gesù é inchiodato sulla croce"

Jésus est cloué sur la croix: voyez avec quelle gentillesse le bon Jésus regarde son bourreau aux moustaches acérées!

Castellu le Christ entre les deux larrons blog.jpg

" Statione XII: Muore Gesù in croce"

Mort de Jésus et le dernier soupir du bon larron ...

Chemin de croix conçu pour être cheminé et chanté :

"Vi prego, o Gesù buonu,

Per la vostra passion darci

Il perdono..."

La Porta depuis Quercitello blog.jpg

Nous quittons le Rustinu et, en début d'après-midi, nous voici dans la pieve de l'Ampugnani à Quercitellu, avec une vue plongeante sur le village voisin de La Porta ...

le sepolcru de Quercitello blog.jpg

 Dans l'église San Carlu, cette belle toile du sepolcru aux anges compatissants. Le prieur de la confrérie de Quercitellu nous rejoint et évoque les préparatifs du Vendredi Saint: reposoirs dans les rues du village, chemin de croix, granitula ... moment fort pour cette confrérie fraichement reconstituée ...

Après un passage à La Porta, nous voici arrivés au village proche de Ficaghja, où nous avons rendez-vous avec Petru Vachet-Natali qui s'est arrangé malgré les difficultés pour nous recevoir:

Ficaghja l'accueil avec Vachet Natali blog.jpg

Petru Vachet-Natali nous accueille à l'église de l'Immaculata  Cuncezzione, paroisse de son village natal de Ficaghja. Ecrivain, poète et chroniqueur, cet homme affable et généreux a écrit en 2006 une amoureuse monographie sur Ficaghja en langue corse:

"Monografia e Tupunumia di Ficaghja, cù una ricerca tupunomica nantu à 216 nomi di lochi", publié chez Anima Corsa.

Avis!

Il nous fait les honneurs du désormais célèbre sepolcru de Ficaghja auquel je réserverai un de ces jours une note particulière:

Ficaghja sepolcru 2011 blog.jpg

véritable petit théâtre religieux dressé à l'intérieur de l'église pour la Semaine Sainte: cet ensemble imposant gardé par deux redoutables soldats, est l'oeuvre de Francescu Carli, l'un des peintres les plus actifs de cette deuxième moitié du XVIII°s. Une scénographie efficace !

 

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la trahison de Judas(et ses paroles qui sortent de sa bouche, comme dans une bande dessinée)

Ficaghja garde de droite blog.jpg

intraitable et menaçant, le gardien de droite, celui qui vous suit du regard...

 

Ficaghja sepolcru Christ gisant.jpg

Au fond du sepolcru, la déploration du Christ. Autrefois, le prêtre célébrait la messe sur un petit autel au fond de cet espace peint.

 

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cette toile faisait donc office d'antependium

 

Ficaghja l'envers du décor blog.jpg

et l'envers du décor ...

A l'issue de cette rencontre notre ami Petru Vachet- Natali nous a offert fort gentiment le pot de l'amitié ...

***

  A CERCA: un lien solidaire noué entre les villages

Nous voici à présent à Nocario, dans la belle église paroissiale sant' Angelo de cet important village de la pieve d'Orezza: ici se pratiquent toujours ces mouvements des confréries et de leurs  communautés qui échangent leurs visites aux différents sepolcri de la région, investissant ainsi un espace commun . Processions programmées sur les deux jours du Jeudi et du Vendredi Saints entre les églises et les chapelles de Verdèse, Nocario et Campana

 

Nocario sepolcru église st Michel blog.jpg

 A notre arrivée, une dame finit de fleurir le reposoir : simplicité et grâce de ces modestes installations de village où chacun viendra à tour de rôle se recueillir, prier et chanter ...

Petricaghju église et sepolcru blog.jpg

Un peu plus loin, c'est le hameau de Petricaghju et sa chapelle San Giovanni Battista. Divine surprise, une merveille de peinture nous attend au-dessus du maître-autel: Giacomo Grandi représente ici la naissance de saint Jean-Baptiste ...

 

Petricaghju la naissance de Jean Baptiste blog.jpg

un charme fou! Je reviendrai sur cette toile délicieuse à laquelle je ne m'attendais pas.

Pietricaghju Dieu le Père blog.jpg

Dehors, nous faisons connaissance de monsieur Paul Battesti, le maire de Nocario qui attend de pied ferme l'arrivée prochaine de la procession partie de Campana et, savez-vous ? il a le bon visage du Dieu le Père au sommet de cette représentation de la naissance de Saint Jean-Baptiste... Nous rencontrons aussi le célèbre ébéniste Pantaleon Alessandri: quel plaisir d'évoquer la tradition de  ces cheminements, mais aussi quel souci pour entretenir ce patrimoine des quatre églises de Nocario! Toujours est-il que ces deux jours sont l'occasion de se rencontrer autrement et de partager un espace commun au pas de l'homme. Fierté pour les plus âgés d'y être arrivés cette année encore ...

 

Pietricaghju façade église blog.jpg

la façade de St Jean Baptiste de Petricaghju

Nocario chapelle San Martinu blog.jpg

Un peu plus tard, la chapelle San Martinu d'Erbaggio, veillant sur la vallée de Nocario

 

Nocario suprano chapelle sta Barbara et sepolcru copy.jpg

Enfin, nous voici arrivés à notre dernière étape de la journée, dans la chapelle santa Barbara de Nocario Supranu

 

Nocario soprano Sta Barbara autel blog.jpg

une chapelle d'une grande gaieté

église de sta Barbara à Nocario- saint Luc blog.jpg

et le pinceau naîf et efficace d'un peintre du XIX° s: ici saint Luc ... et son "taureau" à barbichette malicieux comme une chèvre.

 

 

arrivée de a cerca à Petricaghju blog.jpg

Dehors on entend au loin , de l'autre côté de la vallée, la plainte chantée et marchée  du " Perdono mio Dio": là-bas l'on aperçoit, sortant des arbres, les confrères et les fidèles, approchant lentement du hameau de Petricaghju  en cette fin d'après-midi ...

Petricaghju granitula 2 blog.jpg

puis, s'enroulant devant l'église, c'est la circumambulation de la Granitula, mort et renaissance ...

Merci à tous pour tout cet échange, de toute cette poésie profonde, et aussi aux enfants qui ont participé à cette journée avec beaucoup de gentillesse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

17/04/2011

Sepolcri de la Semaine Sainte en Corse

Sepolcri de la Semaine Sainte en Corse

 


 

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(à Volpajola, un sepolcru populaire, fleuri et placé en situation pour la Semaine Sainte)

Parmi les objets de la dévotion populaire les plus extraordinaires et les plus touchants pour moi, il est un patrimoine particulièrement menacé par l’abandon des coutumes religieuses : c’est celui des sepolcri peints que l’on créait pour célébrer la Semaine Sainte  dans les villages. Contrairement aux séries des Chemins de Croix peints à partir de la prédication en Corse de San Leonardo da Porto Maurizio, en 1744, et qui sont encore visibles aux murs de nos églises  – pas toujours en ordre, ni en très bon état, sauf lorsque la communauté a décidé de les faire restaurer et les réutilise "en situation" – les sepolcri, eux, survivent cachés, souvent mal entreposés, victimes de leur destination passagère:  conçus pour mettre en scène la Passion dans l'église dès le Jeudi Saint , délimitant une sorte de chapelle ardente -le sepolcru ou reposoir -  par des toiles peintes qui seront démontées et disparaîtront le Samedi Saint.

Décors éphémères, donc, peints sur des supports relativement grossiers et peu apprêtés, à l’économie, décors d’autant plus fragiles que manipulés chaque année à cette période…


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En Castagniccia, à Ficaja, un sepolcru peint par Francescu CARLI

(ici le Jugement de Pilate et le portement de croix).

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(idem: l'arrestation de Jésus au Jardin des Oliviers et la flagellation)

 

 

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(les gardiens du sepolcru de Ficaja)

 

Deux panneaux articulés à taille humaine composent une partie de ce sepolcru dont l’entrée était gardée par ces deux soldats peu commodes.

 

Les anciens dans les villages me le disent tous et se souviennent: lorsque enfants,  ils traversaient de nuit, la main serrée dans celle de leur mère, l'obscurité de l'église  pour aller prier devant le sepolcru, la terreur s'emparait d'eux à la rencontre de ces guerriers menaçants montant la garde devant cette chapelle ardente  éclairée par les lampes à huiles et les cierges crépitants… Emotion religieuse mêlée d'effroi, tissée de chants et de prières murmurées. De même qu'on ne laisse jamais un mort sans compagnie avant son inhumation, de même l'usage était de veiller Jésus après son agonie: Jésus et nos morts se bercent comme on berce les petits enfants, à voix douce, avec tendresse et instinct.

 

 

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(les gardiens du sepolcru de Castiglione)

... sale tête, non? C'est l'Autre ( dans l'iconographie méditerranéenne "le Maure",  "le Turc", "le Juif", bref, délit de sale tête oblige, ce n'est pas nouveau...), le féroce envahisseur qui razzie, massacre, ou le mécréant au service du Mal, de l'injustice etc...

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et son collègue, redoutable centurion d'opérette, fièrement campé jambes écartées ...

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(Castiglione, la Déploration du Christ: anonyme, début XIXe)

Peinture forte, et même si non conforme aux meilleures règles de l'art, efficace: au premier plan, les personnages jouent leur partition dramatique, nous happent dans leur communion muette et véhémente de la douleur autour du Christ mort: nudité rigide du Christ, Marie la Mère, les bras largement ouverts sur la pire souffrance du monde, compassion et chagrin du disciple aimant, Jean, larmes silencieuses de la femme à la chevelure flamboyante, Marie-Madeleine , commentaire du choeur des saintes femmes drapées de bleu sombre, tout est en place. Derrière eux, une surprenante montée du Golgotha avec le portement de croix égréné à petits traits nerveux le long de la pente...

Dans cette petite église de la Ghjuvellina se jouait - et se chantait - naguère une Passion à laquelle participaient tous les gens du village, jeunes et vieux, réactualisant le sens des mystères du Moyen-Age: j'ai rencontré là-bas le dernier ange de cette passion, un ange de quatre vingt dix  ans passés... Ce vieux monsieur restait aussi le dernier protagoniste  de l'extraordinaire carnaval de ce village où se vivait pour le Mardi-Gras un véritable rite de printemps: musique, danse et castagnes pour faire renaître la vie, et précédant comme il se doit la grande fête théâtralisée de la Passion .

En Corse la présence du chant est indissociable de la ferveur religieuse et pour moi toutes ces peintures ont une voix.

Accompagnant cette iconographie, parmi les chants les plus répandus, l'on pourrait entendre la lamentation douloureuse du Stabat Mater :

 

"Stabat Mater Dolorosa

Juxta crucem la crimosa

Dum pendebat filius

Cujus animam gementem

Contristatam et dolentem

Pertransivit gladius

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(Déploration du Christ)

O quam tristis et afflicta

Fuit illa benedicta

Mater Unigeniti!

Quae moerebat et dolebat

Pia Mater dum videbat

Nati poenas inclyti

Quis est homo qui non fleret

Matrem Christi si videret

In tanto supplicio?"


Nous sommes pris à témoin par ces sepolcri : compassion devant un drame universel, bien au-delà de la religion,

ou plutôt en amont, partage humain de cette douleur-là trop bien expérimentée par tous. Fonction libératrice du partage de la douleur.

"Santa Madre, questo fate,

Che le piaghe del Signore

Siano impresse nel moi core !"

(refrain populaire du Stabbat Mater)

 

 

Résonnance. Reconnaissance. Lien communautaire. Surtout lorsque ces sepolcri font l'objet de la Cerca, visites déambulatoires entre communautés voisines, ou entre confréries comme c'est encore le cas pour certaines régions de Corse.... Pas d’échappatoire: nous voilà acteurs de cette dramaturgie, non pas invités à un festin esthétique.

 

sepolcru Feliceto 014.jpg

et dans cette com-passion, chaque détail compte :
sepolcru Feliceto détail jpg.jpg
de sa main attentive, l'artiste a déposé la fleur amoureuse de cette blessure
(sepolcru de Feliceto)

 

 



Autre chose nous apparait de plus en plus clairement: chaque communauté a développé et interprété sa dramaturgie: les mêmes paroles du Perdono mio Dio, ou du Stabbat Mater seront chantées différemment que l'on soit à Vescovato,  Speloncato,  Calvi,  Costa,  Olmi Cappella, Bonifacio, Sartène,  Patrimonio ... les déambulations - "et comment faites-vous ça, chez vous?"- , les représentations des Chemins de Croix ou des sepolcri  ne seront jamais identiques et pourtant le fond reste le même, puissant, archétypique, faisant tressaillir quelque chose au plus profond de nous, quelque chose qui appartient au monde spirituel et non à celui de la muséographie.
Ici, on aura mieux gardé tels chants. Ailleurs, on aura perdu les chants mais on aura préservé les rencontres entres communautés le jeudi et le vendredi saint. Là-bas on va renouer les fils "de la tradition" (elle a bon dos, la tradition!) en se réinventant une mise en scène en sons et lumières , qui du reste comblera de bonheur les touristes de Pâques: quoi qu'il en soit, même sous les éclairages les plus agressifs et dans les scénographies les plus relookées,  ces Passions "jouées" dans les villages continuent d'entrouvrir un univers symbolique où s'incarne l'énigme...
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Deux éléments de sepolcru, peints par Giacomo GRANDI pour Calenzana:

reposoirs,semaine sainte,dévotion populaire,iconographie populaire de la semaine sainte en corse,dramaturgie du sacré


 la composition resserrée de la Crucifixion: la Vierge, Jean et Marie-Madeleine sont aux pieds du Christ, sur un fond dramatique tout enténébré de ciel noir; un soldat romain armé d'un bouclier à tête de diable garde, menaçant, la scène.

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  à la droite du Christ, le bon larron déjà auréolé de sainteté regarde Jésus,

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tandis qu'à sa gauche  le méchant larron détourné vers son mauvais destin se fait mettre le grappin dessus par un diablotin crachant le feu ...

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... et toute la pompe architecturale (rêvée!) du pouvoir en place: le geste noble d'un Pilate empannaché et, derrière lui, la silhouette mauresque d'un garde d'opérette...

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... et d'autres sepolcri ...
Querciolo 003 blog.jpg
... celui de Quercitello (XVIIIème s. Castagniccia) ...
nudité fragile non pas raidie
exposée tendrement dans son lange de mort
par des anges aux bras ouverts
les yeux fermés de l'Un
 les yeux baissés des autres
la main de l'ange laissée libre pour la parole
de la compassion
non pas hurlée
non pas criée
non pas chantée
juste méditée
silencieuse
sous sa guirlande de roses odorantes
Sepolcru Nessa blog.jpg
... celui de Nessa (XIXème s. Balagne) ...
peint par le peintre local Giuseppe Antonio ORSINI de NESSA:
"Attendite universi populi et videte dolorem meam"
Ici, raideur cadavérique
et cathéchisme égrené
tout autour du sepolcru
des instruments de la Passion
sepolcru Nessa orteils.jpg
meurtrissure des pieds nus
ceux-là mêmes qui ont trotté sur les chemins dallés
entre montagne et mer
sous les oliviers
pour pacager
piocher
glaner
ceux-là mêmes qui ont botté les fesses des chenapans
foulé les raisins au pressoir
goûté l'herbe et la mousse
bref des pieds intelligents de glèbeux
avec de longs orteils comme antennes

022 San Damiano - mise au tombeau- jpg blog.jpg
...  et sur  un fond sombre, celui de San Damianu (XVIIIème s. Castagniccia)
peint par Giacomo GRANDI ...
et la plainte véhémente de Marie de Magdala
qui dévoile de sa main amoureuse le visage du Christ
les larmes de Marie de Jacques
la souffrance poignardée de la Mère
devant le corps supplicié
de l'aimé
de tous les suppliciés aimés de la terre
et Marie la Mère a dénoué sa chevelure en signe de deuil
libérant le flot puissant de sa douleur
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en écho, cette autre forme de sepolcru, sur la place de nos villages
Occhiatana gisant blog.jpg
ici, le Monument aux Morts d'Ochjatana, oeuvre de Damaso Maestracci


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Brève du Purgatoire: l'église piévane San Giovanni Battista de Tuani

La Piévanie de Toani

 


san Giovanni Battista piève de Toani.jpg

Le site de cette église en ruines jouxte l'ancien couvent franciscain observentin de Tuani (" E hanno in questa pieve, li frati Minori de Santo Francesco, uno monastiro non manco bello di edificii che di  sito": Agostino Giustiniani, in  Description de la Corse  [premier tiers du XVI ème. s] , publié par Antoine-Marie Graziani) , admirablement implantée dans le paysage entre les communautés de cette Piève de Tuani, à la croisée des chemins entre les anciens villages médiévaux :

li Quercioli ( village disparu au nord de Belgodère), Belgodère, Ochjatana, le Ville (Ville di Paraso ne prendra ce nom qu'à la fin du XVIII°s.), la Costa ( centre de la pievanie),  le Cavalleragie ( disparu, au sud du couvent), Speluncato  (cette dernière communauté  était partagée entre la Pieve de Tuani et celle de Sant'Andrea)

Ecoutons à nouveau Monseigneur Giustiniani, à travers l'introduction d'Antoine-Marie Graziani (idem, Description de la Corse, Editions A. Piazzola, p.LXX) :

 

" Cette pieve (...) se réduit à trois Capelle à l'intérieur desquelles se partagent les différents villages habités.


- Capella San Gavino ou Communauté de Belgodère

- Capella San Bartolomeo ou Communauté d'Occhiatana. Elle comprend Occhiatana et Costa.

- Capella San Simone de Ville di Speloncato. Elle est composée de Ville, Rusto, Olivacce, Querci et Cavaleraccie."

(Relazione della Prima Visita Pastorale)

 

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Le lieu-dit porte le nom de Pieve.


le mur et la porte ouest blog.jpg


Ce matin, visite mélancolique de ce beau lieu: nous nous tenons à une distance raisonnée du troupeau de vaches qui désormais fréquente assidûment le lieu et peut efficacement se gratter le dos sur les pierres de l'église. Chronique d'une ruine avancée, acceptée.

 

Des tuiles et des briques romaines trouvées sur le site évoquent une implantation antique: toute cette région généreuse de Balagne connait l'agriculture depuis le néolithique, et la présence romaine poursuit naturellement l'histoire de l'occupation humaine. Qu'y avait-il dans l'antiquité ? On peut penser à une colonisation agricole des Romains dont nous retrouvons la présence non loin de là, entre autres sous Speluncato, avec "I Bagni", restes de thermes romains ... 


Aujourd'hui les ruines de cette importante église piévane (22m de longueur sur 9 m de largeur) montrent une reconstruction tardive, sans doute au XIVème siècle, d'un sanctuaire de l'époque pisane romane (XI°s. ?). Pour une raison que nous ignorons, l'abside en cul de four à l'est nous manque,

 

pieve Toani l'arc et le choeur blog.jpg

et l'arc triomphal ouvre désormais sur un choeur plat ...

La végétation envahit le sol, mais aussi les murs , continuant de desceller les pierres

pieve lierre blog.jpg

comme ici, ce lierre vigoureux qui vampirise le mur nord est

bandeau sculpté sous l'arc blog.jpg

De nombreux éléments sculptés ou taillés ont été réemployés lors de la reconstruction du XIV° S., comme ici ce bandeau orné de petits cercles,

pieve de Toani pilastre intérieur blog.jpg

où là , au-dessus des pilastres à pans coupés


  

Les belles dalles de revêtement, en granit blanc, ocre ou gris ont retrouvé une place, ainsi que la polychromie des claveaux alternant le gris sombre et le blanc, dans les arcs de décharge au-dessus des portes:

pieve Toani porte ouest.jpg

ici la façade ouest

mur nord et porte blog.jpg

 

et là, la porte du mur nord. A côté, la béance d'une plaie ouverte, pierres arrachées.

 

porte ouest et Ville blog.jpg

(à travers la porte ouest, Ville di Paraso)

Voici donc ce qui reste de ce qui fut le coeur de cette Pieve de Tuani:

Là où venaient se faire baptiser  et juger (" a petra all'arringu" , l a pierre de justice, autrement dit le Tribunal se tenant le plus souvent près de l'église piévane : "on prêtait serment sur la petrall'arringo qui était souvent le couvercle d'une des sépultures entourant la piévanie"- G. Moracchini Mazel,les églises romanes de Corse, p. 202)  tous les habitants de cette pieve fertile, sous la protection de de San Giovanni Battista, c'est une ruine désormais abandonnée à la  villégiature des vaches et des taureaux qui viennent s'y frictionner l'échine entre deux meuglements printaniers. J'émets le souhait que nous trouvions prochainement  pour ce lieu significatif er chargé d'histoire - bien que situé sur un terrain privé-  une solution pour le conserver comme patrimoine insigne de cette communauté de la pieve de Tuani, voire, pour que nous puissions, un jour, envisager sa restauration ...

Notons enfin que le titre d'église pievane échut dès le le XVI°s. à l'église voisine San Michele de Speluncato: " ... chiesa di San Michele, che di presente serve per la chiesa plebania di Tovani, il titro pero di S. Gio. Battista, chiesa situata nella pieve di Tovani; resta mezzo miglia lontano da Speloncato vicino alli frati Riformati ..." (Mgr Marliani, 1646)

Martyre st Jean Baptiste blog.jpg

La petite église paroissiale San Salvatore de Costa conserve sans doute quelque nostalgie de ce titre piévan, comme en témoigne cette peinture   ( F. Giavarini, début XIX°s.) de la voûte représentant le martyre de san Giovanni Battista, le saint patron de l'ancienne église piévane de Tuani.