15/11/2015
13 novembre: mes jours sont passés, mes projets anéantis ...
Toujours novembre,
encore la Mort
avec cette belle bannière de confrérie en Balagne
en dehors du temps et de toute idéologie ...
(et Job en écho aux attentats de Paris
« Post tenebras spero lucem »
"Après les ténèbres, j'espère la lumière ")
Bannière de confrérie de Feliceto
La grande Faucheuse, a Falcina, élégamment drapée de nuit et sans quitter sa faux s'accorde quelque repos. Elle médite et ricane, accoudée au comptoir d'un tombeau: devant elle vacille la dernière lueur d'une chandelle épuisée, et un grand sablier lourdement posé sur un parchemin déroulé finit d'égrainer le temps :
Dies mei transierunt cogitationes meae dissipatae sunt torquentes cor meum
Mes jours sont passés, mes pensées se sont dispersées qui tourmentaient mon coeur
(Livre de JOB , 17:11, extrait de la Vulgate)
Traduction de la Bible de Jérusalem:
" Mes jours ont fui, loin de mes projets, et les fibres de mon cœur sont rompues"
Le livre de Job (et sa douloureuse interrogation sur le Mal, vieille comme l'humanité ) fait partie des lectures utilisées lors des Offices des Morts par les confrères : la bannière de Feliceto illustre cet usage.
En résonnance avec les attentats de Paris: à Speloncato, ce soir, un Office des Morts sera récité par les confrères à la mémoire des victimes des attentats de Paris et chanteront :
Job 14:1 L`homme né de la femme! Sa vie est courte, sans cesse agitée.
Job 14:2 Il naît, il est coupé comme une fleur; Il fuit et disparaît comme une ombre.
Job 14:3 Et c`est sur lui que tu as l`oeil ouvert! Et tu me fais aller en justice avec toi!
Job 14:4 Comment d`un être souillé sortira-t-il un homme pur? Il n`en peut sortir aucun.
Job 14:5 Si ses jours sont fixés, si tu as compté ses mois, Si tu en as marqué le terme qu`il ne saurait franchir,
Job 14:6 Détourne de lui les regards, et donne-lui du relâche, Pour qu`il ait au moins la joie du mercenaire à la fin de sa journée.
Job 14:7 Un arbre a de l`espérance: Quand on le coupe, il repousse, Il produit encore des rejetons;
Job 14:8 Quand sa racine a vieilli dans la terre, Quand son tronc meurt dans la poussière,
Job 14:9 Il reverdit à l`approche de l`eau, Il pousse des branches comme une jeune plante.
Job 14:10 Mais l`homme meurt, et il perd sa force; L`homme expire, et où est-il?
Job 14:11 Les eaux des lacs s`évanouissent, Les fleuves tarissent et se dessèchent;
Job 14:12 Ainsi l`homme se couche et ne se relèvera plus, Il ne se réveillera pas tant que les cieux subsisteront, Il ne sortira pas de son sommeil.
Job 14:13 Oh! si tu voulais me cacher dans le séjour des morts, M`y tenir à couvert jusqu`à ce que ta colère fût passée, Et me fixer un terme auquel tu te souviendras de moi!
Job 14:14 Si l`homme une fois mort pouvait revivre, J`aurais de l`espoir tout le temps de mes souffrances, Jusqu`à ce que mon état vînt à changer.
Job 14:15 Tu appellerais alors, et je te répondrais, Tu languirais après l`ouvrage de tes mains.
Job 14:16 Mais aujourd`hui tu comptes mes pas, Tu as l`oeil sur mes péchés;
Job 14:17 Mes transgressions sont scellées en un faisceau, Et tu imagines des iniquités à ma charge.
Job 14:18 La montagne s`écroule et périt, Le rocher disparaît de sa place,
Job 14:19 La pierre est broyée par les eaux, Et la terre emportée par leur courant; Ainsi tu détruis l`espérance de l`homme.
Job 14:20 Tu es sans cesse à l`assaillir, et il s`en va; Tu le défigures, puis tu le renvoies.
Job 14:21 Que ses fils soient honorés, il n`en sait rien; Qu`ils soient dans l`abaissement, il l`ignore.
Job 14:22 C`est pour lui seul qu`il éprouve de la douleur en son corps, C`est pour lui seul qu`il ressent de la tristesse en son âme
Le texte d'où est extrait celui de la bannière:
Job 17
17:1
Mon souffle se perd, Mes jours s'éteignent, Le sépulcre m'attend.
spiritus meus adtenuabitur dies mei breviabuntur et solum mihi superest sepulchrum
17:2
Je suis environné de moqueurs, Et mon oeil doit contempler leurs insultes.
non peccavi et in amaritudinibus moratur oculus meus
17:3
Sois auprès de toi-même ma caution; Autrement, qui répondrait pour moi?
libera me et pone iuxta te et cuiusvis manus pugnet contra me
17:4
Car tu as fermé leur coeur à l'intelligence; Aussi ne les laisseras-tu pas triompher.
cor eorum longe fecisti a disciplina et propterea non exaltabuntur
On invite ses amis au partage du butin, Et l'on a des enfants dont les yeux se consument.
praedam pollicetur sociis et oculi filiorum eius deficient
17:6
Il m'a rendu la fable des peuples, Et ma personne est un objet de mépris.
posuit me quasi in proverbium vulgi et exemplum sum coram eis
17:7
Mon oeil est obscurci par la douleur; Tous mes membres sont comme une ombre.
caligavit ab indignatione oculus meus et membra mea quasi in nihili redacta sunt
17:8
Les hommes droits en sont stupéfaits, Et l'innocent se soulève contre l'impie.
stupebunt iusti super hoc et innocens contra hypocritam suscitabitur
17:9
Le juste néanmoins demeure ferme dans sa voie, Celui qui a les mains pures se fortifie de plus en plus.
et tenebit iustus viam suam et mundis manibus addet fortitudinem
17:10
Mais vous tous, revenez à vos mêmes discours, Et je ne trouverai pas un sage parmi vous.
igitur vos omnes convertimini et venite et non inveniam in vobis ullum sapientem
17:11
Quoi! mes jours sont passés, mes projets sont anéantis, Les projets qui remplissaient mon coeur...
dies mei transierunt cogitationes meae dissipatae sunt torquentes cor meum
17:12
Et ils prétendent que la nuit c'est le jour, Que la lumière est proche quand les ténèbres sont là!
noctem verterunt in diem et rursum post tenebras spero lucem
17:13
C'est le séjour des morts que j'attends pour demeure, C'est dans les ténèbres que je dresserai ma couche;
si sustinuero infernus domus mea est in tenebris stravi lectulum meum
17:14
Je crie à la fosse: Tu es mon père! Et aux vers: Vous êtes ma mère et ma soeur!
putredini dixi pater meus es mater mea et soror mea vermibus
17:15
Mon espérance, où donc est-elle? Mon espérance, qui peut la voir?
ubi est ergo nunc praestolatio mea et patientiam meam quis considerat
17:16
Elle descendra vers les portes du séjour des morts, Quand nous irons ensemble reposer dans la poussière.
in profundissimum infernum descendent omnia mea putasne saltim ibi erit requies mihi
texte extrait de la Vulgate et traduction tirés de : http://bibleglot.com/pair/FreSegond/Vulgate/Job.17/
Job raillé par sa femme, Georges de La Tour 1630, Epinal
En attendant, quelles que soient nos "cogitationes"
et pour répondre et résister à la terreur,
(même pas peur!)
ne manquons pas de partager nos fêtes :
" Prendre soin de la vie et de l'humain, avec une infinie tendresse et une obstination sans faille, est, aujourd'hui, la condition de toute espérance."
(à nouveau, Philippe Mérieu)
16:35 Publié dans bannières de la Mort, la mort, vendredi noir à Paris | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre de job, feliceto, attentats de paris, speloncato | Facebook |
01/11/2015
Libera me, Domine, nemini parco, hodie mihi cras tibi et bannières de la Mort
Avec une belle bannière de la Mort en Castagniccia :
Toussaint et Défunts ...
Aujourd'hui, les villages ont honoré leurs morts
(d'un côté, dignement drapée dans son suaire, a Falcina, la Faucheuse, la Mort)
et là où cela était possible, les confrères ont chanté l'Office des Morts,
avec entre autres chants , le très beau Libera Me :
LIBERA ME
Libera me, Domine, de morte aeterna, in die illa tremenda : quando coeli movendi
sunt et terra ; dum veneris judicare saeculum per ignem.
Tremens factus sum ego, et timeo, dum discussio venerit, atque ventura ira.
Dies illa, dies irae, calamitatis et
miserirae, dies illa, dies magna et amara valde.
Dum veneris judicare saeculum per ignem.
Requiem aeternam dona eis, Domine, et lux perpetua luceat eis.
Libera me, Domine ...
(et de l'autre côté, les âmes s'ébattant dans les flammes du Purgatoire, la rédemption, l'accueil bienveillant au Paradis : espoir! )
Délivre- moi, Seigneur, de la mort éternelle, en ce jour redoutable où le ciel
et la terre seront ébranlés ; quand tu viendras éprouver le monde par le feu.
Voici que je tremble et que j’ai peur devant le jugement qui approche et la colère qui doit venir.
Ce jour là sera jour de colère, jour de calamité et de misère, jour mémorable et très amer .
Quand tu viendras éprouver le monde par le feu.
Donne- leur, Seigneur, le repos éternel,
et que la lumière brille à jamais sur eux.
Délivre- moi, Seigneur…
Toujours en Castagniccia, cette autre très belle bannière de la Mort, peinte par Francesco Carli (XVIII°s.) et personnalisée là aussi comme souvent par a Falcina: "NEMINI PARCO" , je n'épargne à personne la mort physique.
et, de l'autre côté, son versant rédempteur qui passe par la seule voie de la Crucifixion: une typologie classique de bannière de confrérie ...
Dans le Ghjunsani, cette autre bannière de confrérie (anonyme), avec, d'un côté, sa terrible Falcina, moissonnant à grandes enjambées la misérable humanité, faux et sablier à la main,
et de l'autre, son pendant, le chemin de la rédemption spirituelle ...
Des bannières innombrables, "petit patrimoine" populaire, précieux, souvent manipulé, aujourd'hui souvent oublié, fragilisé, et son message constant, implacable :
HODIE MIHI, CRAS TIBI: aujourd'hui c'est à moi, demain c'est à toi ...
21:25 Publié dans bannières de la Mort, la mort | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
17/04/2014
Semaine Sainte: les Sepolcri du Rustinu et de la Castagniccia
Vendredi 18 Avril 2014
l'association Saladini vous invite à découvrir ou redécouvrir
les sepolcri et les chemins de croix de la Semaine Sainte en Rustinu et Castagniccia
Ici, la déploration du Christ, élément du sepolcru de San Damianu, aujourd'hui restauré et présenté au Musée de Corte: vous ne verrez pas jeudi cet ensemble qui reste au Musée, mais verrez ses frères dans certains villages de Castagniccia, dressés pendant ces trois jours de la Semaine Sainte. Le reste de l'année, ces installations regagnent leur cachette secrète ... Vous pouvez retrouver les notes du blog consacrées à ce patrimoine populaire des sepolcri et des chemins de croix liés à la Semaine Sainte en Corse.
à Castellu, la déploration du Christ
En 2010, lors de notre visite, nous avions provoqué la renaissance fragile du petit sepolcru de Frassu ... après un demi siècle de sommeil...
Notre pélerinage débutera avec la rencontre de ce petit sepolcru de Frassu qui sera à nouveau remonté pour la troisiième fois et pour l'occasion: merci aux amis du Rustinu de permettre cette découverte . Notons que ce sera l'occasion également de redécouvrir l'église romane Saint Côme et Saint Damien de Frassu, restaurée l'année dernière, et qui laisse aujourd'hui admirer ses murs ...
Au programme de cette journée: Frassu, San Tumasgiu di Pastureccia, Santa Maria de Castellu di Rustinu (et son sepolcru), La Porta, Ficaghja et Nocariu .
Rendez-vous à PONTE NOVU à 9H sur le parking de la poste
Inscriptions et renseignements : 04 95 61 34 85 ou 06 17 94 70 72
08:16 Publié dans corse, la mort, patrimoine, patrimoine populaire de Corse, semaine sainte en corse, sepolcri de Corse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : semaine sainte, sepolcri, castagniccia | Facebook |
19/11/2012
Jugement dernier : le poème eschatologique d'Autun
le Jugement dernier d'Autun
avec Olivier Messiaen et le Quatuor pour la fin du Temps (1941):
http://youtu.be/DjZ3HAIfGwo
http://youtu.be/hybAbTbh5wY
en ces temps inquiets et troublés,
où les anges de l'Apocalypse embouchent leurs terribles trompettes pour annoncer la Fin des Temps,
je réédite cette note de novembre 2010 sur le tympan de la cathédrale Saint Lazare d'Autun, d'autant plus volontiers que nous lui avons dernièrement à nouveau rendu visite et dévotion en ce mois de novembre.
J'en profite pour signaler la parution du dernier numéro d'Arts Sacrés
(n° 20) et en particulier de son dossier sur "la fin des temps":
passionnant!
"En ces temps-là, après une terrible détresse, le soleil s'obscurcira et la lune perdra son éclat. Les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l'homme venir sur les nuées avec grande puissance et grande gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, de l'extrémité de la terre à l'extrémité du ciel" (Evangile selon Saint Marc, 13, 24-32)
avec notre frère Gislebertus,
le tympan de la cathédrale Saint Lazare d'Autun:
quelques images du Jugement Dernier
Autun, cathédrale Saint Lazare,
l'ensemble du porche qui, à l'origine, jouxtait un cimetière.
Le trumeau, refait au XIX° siècle, porte les sraues de Saint Lazare, au centre, et de ses soeurs. La première voussure intérieure, aujourd'hui vide, accueillait à l'origine les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse (on a retrouvé quelques-unes des têtes). Sur la voussure extérieure, on reconnait les signes du Zodiaque ainsi que les Travaux des mois (de janvier à décembre en partant de la gauche ).
Au centre du tympan, la figure lumineuse du Christ en majesté dans sa mandorle. A sa droite le Ciel, la Jérusalem Céleste, la Vierge, le Soleil (le Nouveau Testament); à sa gauche, la pesée des âmes, l'Enfer, les prophètes Enoch et Elie, la Lune (l'Ancien Testament).
Voici venu le moment de la Parousie: la seconde venue du Christ dans sa gloire à la fin des temps et le Jugement dernier :
"Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges, alors il prendra place sur son trône de gloire. Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des chèvres." (Evangile selon Saint Matthieu, 25, 31- 32)
Tout autour, que de monde!
à sa droite - coté Nouveau Testament, au plus haut des cieux, Notre-Dame assise sur un trône, paumes levées pour l'adoration . A son côté, un ange de l'Apocalypse sonne de sa trompe.
et, faisant pendant, à sa gauche, côté Ancien Testament, les prophètes Enoch et Elie, les deux Témoins de la Fin des Temps
au son de la trompette:
DEBOUT LES MORTS!
Voici venue l'heure du Jugement dernier,
la main de Dieu tient la balance: c'est la "Psychostasie",
la pesée des âmes :
d'un côté la douceur, l'harmonie des formes,
de l'autre le chaos, la monstruosité des corps hybrides.
Saint Michel Archange fait pencher la balance du côté des élus : c'est que, dans ce contexte, l'âme des élus pèse plus lourd que celle des damnés -
"Tu as du poids à mes yeux" [Isaïe 43-4], cité dans l'excellent article du frère Philippe Markiewicz sur "Les jugements derniers dans les églises" (Arts Sacrés, n° 20)
à la droite du Christ,
les Elus et les Réprouvés ...
"Alors le Roi dira à ceux de droite: "Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis les origines du monde. Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger; j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli, nu et vous m'avez vêtu, malade et vous m'avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir." (...)( St Matthieu, 25, 34-36)
les petites âmes ont cherché et trouvé refuge et sécurité dans les vagues de sa robe, ...
en marche dans l'attente du jugement, tête levée vers le ciel et toute la tendresse du monde:
le père et la mère se tiennent par la main. Elle le retient et le force à se retourner: "Eh! regarde le petit, il s'est réveillé lui aussi!"
Venez, les enfants, c'est par ici! L'ange indique le bon chemin
Répondant à l'appel des trompettes des anges, tous, nus ou habillés, ont le visage tendu vers la lumière: dame, enfant, évêque ...
... moinillon, croisé ...
Si menus, si fragiles, il faut les aider: regardez l'ange qui hisse à bout de bras cette petite âme pour la faire entrer dans la Jérusalem céleste, tandis qu'un petit enfant s'accroche à ses jambes ... Et à côté voilà que saint Pierre, bienveillant, saisit les mains d'un autre marmot: gestes de compassion, de douceur ...
Pour ce faire, il s'est détourné quelques instants du groupe des saints en adoration ...
... devant le Christ revenu à la fin des temps et qui accueille, mains et bras ouverts, l'humanité entière. Révélé dans sa mandorle soutenue par les anges, il est la porte, la voie, la lumière pour toutes les créatures ("EGO SUM LUX MUNDI ET VIA VERITAS", comme on pourrait lire sur le livre tenu par le Christ Pantocrator de nos petites chapelles à fresques de Corse - et d'ailleurs ...). Sur le pourtour de sa mandorle on peut lire:
" OMNIA DISPONO SOLUS MERITOSQUE CORONO; QUOS SCELUS EXERCET ME JUCICE POENA COERCET" ( Seul, Je dispose de tout et couronne les mérites. La peine que j'inflige comme juge retient ceux qu'entraîne le vice.)
Et sous Ses pieds, une longue inscription:
à sa droite, côté Elus:
"QUISQUE RESURGET ITA QUEM NON TRAHIT IMPIA VITA ET LUCEBIT EI SINE FINE LUCERNA DIEI" (Ainsi ressucitera quiconque ne sera pas victime d'une vie impie)
Et à sa gauche, côté Damnés:
"TERREAT HIC TERROR QUOS TERREUS ALLIGAT ERROR NAM FORE SIC VERUM NOTAT HIC HORROR SPECIERUM" ( Que cette terreur terrifie ceux que détient l'erreur terrestre car l'horreur de ces images montre ce qui les attend)
A Sa gauche, côté damnés, cuirassés comme des insectes, les affreux grimaçants à longues pattes hurlent leur fureur de voir échapper leurs proies ... Le petit monstre dans la balance a l'air de grogner: "si j'avais su !".
Tandis que l'ange de l'Apocalypse souffle, souffle , souffle dans son énorme trompette pour réveiller les morts, déjà le grand jugement a commencé: la gueule du Léviathan avale, avale, avale les damnés crochetés...
(avec Saint Matthieu, 25, 41-44:)
"Puis il dira encore à ceux de gauche: "Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le Diable et ses anges. Car j'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger, j'ai eu soif et vous ne m'avez pas donné à boire, j'étais un étranger et vous ne m'avez pas accueilli, nu et vous ne m'avez pas vêtu, malade ou prisonnier et vous ne m'avez pas visité." Et ceux-ci lui demanderont à leur tour:" Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé ou assoiffé, sans gîte ou sans vêtement, malade ou prisonnier, et de ne point te secourir ?"
Dessous, la grande solitude des Damnés: toute cette souffrance longuement ruminée qui alourdit les têtes, fléchit les genoux, effondre les âmes, isole:
définitivement condamnés, chassés , exilés sans espoir de retour ...
les exclus de la lumière "sont reconduits à la frontière" manu militari
trop tard: deux serpents lui mordent les mamelles
l'avare
l'ivrogne et son tonneau: en ce pays béni de vignobles, il avait pourtant des circonstances atténuantes, non?
et celui là , les genoux immobilisés entre ses mains - faute d'avoir marché vers la lumière - crie sa terreur entre les griffes de Satan ...
"Alors il leur répondra:" En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous n'avez rien fait pour l'un de ces tout petits, pour moi non plus vous n'avez rien fait." Et ils s'en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à une vie éternelle."
Celui, du moins le pense-t-on, qui a insufflé la vie à ce monde de pierre, dégageant amoureusement chaque corps de sa gangue minérale, l'inscrivant dans cette chorégraphie spontanée, chaleureuse, charitable, tendre pour les élus, compatissante pour les damnés, c'est Gislebertus d'Autun, ce génial sculpteur du XII°siècle .
Voyez, il a signé (du moins on peut le penser) sous les pieds du Christ:
" GISLEBERTUS HOC FECIT"
... tout ça à cause de notre petite mère Eve!
et à nouveau Messiaen, et dans le texte s'il vous plait!:
http://youtu.be/UeSVu1zbF94
23:07 Publié dans apocalypse, art roman, la mort | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : autun, eschatologie, jugement dernier, parousie, apocalypse, psychostasie, gislebertus, olivier messiaen, quatuor pour la fin du temps, enoch et elie | Facebook |
01/07/2012
avec les Amis du Parc, dans le Rustinu et la Castagniccia ...
(Première partie)
Dimanche 24 Juin dernier, une belle journée de partage avec les membres de l'Association des Amis du PNRC ( Conservatoire d'espaces naturels de Corse) dans le Rustinu et en Castagniccia ...
avec les belles photos de Michelle Lafay, de Claudine Garcia ...
et quelques notes précédentes du blog:
San Tumasgiu di Pastureccia à Castellu di Rustinu:
J'avais "commandé " quelques nuages, mais le ciel restera d'un bleu impertubable toute la journée. Arrivés sur le site de la chapelle San Tumasgiu, à Castellu di Rustinu: la vue magnifique sur le Monte Padru, la Pieve de Caccia (et le village de Moltifau, au loin) et le massif des Aiguilles de Rundinagjha (Alias Popolasca ou Castiglione ...)
San Tumasgiu, bien orienté à l'est
L'abside. La datation de cette chapelle reste mystérieuse. Sa fondation est probablement largement préromane, mais on peut penser qu'elle a connu d'importants travaux en 1470, date - MCCCCLXX - que l'on retrouve gravée à plusieurs endroits, à l'intérieur, au fond d'une niche aménagée dans le mur, côté Nord-Est; sur le tympan de la porte latérale sud; enfin dans l'ébrasement extérieur de cette fenêtre meurtrière de l'abside, où l'on semble avoir oublié en route un C.
l'inscription du tympan de la porte latérale sud.
la croix au sommet du mur est
En octobre j'étais passée voir les sondages effectués par l'INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) pour établir un diagnostic sur l'intérêt archéologique du site.
découverte des sépultures sous le sol de la chapelle
vous pensiez être tranquilles pour la perpétuité ...
et voilà qu'on vous mesure, qu'on vous ramasse par petits bouts et qu'on vous fourre dans des sacs en plastique, bien précautionneusement, certes, mais de quoi douter de l'éternité...
A l'extérieur, une sépulture a même donné de fausses joies à l'équipe qui pensait avoir trouvé quelque chose de bien antique: manque de chance! le cher disparu portait en dentier ...
Tout cela pour dire que le chantier de restauration prévu à l'origine pour cette année devra attendre la réalisation des fouilles archéologiques.
Toussaint Quilici exprime ici son désarroi.
Ce qui nous inquiète, nous qui aimons d'un amour profond cette chapelle: le toit va vraiment mal, la pluie ruisselle sur les fresques qui souffrent un peu plus de jour en jour. Il faudrait pour le moins, en attendant les fouilles, protéger le toit par une bâche comme cela s'est fait à Castirla. Nous ne comprenons pas cette absence de protection.
(le Christ Pantocrator de San Tumasgiu)
Santa Maria de Rescamone à Valle di Rostino
à retrouver ... si vous pouvez! le cahier Corsica 98-99 de janvier 1982dédié par la FAGEC à la Piévanie de Rescamone. Et, dans l'ouvrage précieux de Geneviève Moracchini-Mazel "Corsica Sacra" ( éditions A Stamperia) les pages 207 à 209.
et dans le blog:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/trackback/2829320
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/03/13/un-serpent-nu.html
l'abside préromane - début X° s. ? - époque présumée de la grande reconstruction de Santa Maria di Riscamone.
le petit baptistère paléochrétien et le mur sud de l'église pievane Santa Maria di Rescamone
les Amis du Parc devant le grand Baptistère: le soleil est de plomb mais rien n'arrête les braves!
Adam et Eve et le récit de la Tentation dans la Genèse:
"Or tous deux étaient nus, l'homme et sa femme, et ils n'avaient pas honte l'un devant l'autre.
Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que Yahvé Dieu avait faits et il dit à la femme:
"Alors, Dieu vous a dit: Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin?"
La femme répondit au serpent: "Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin. Seulement quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n'en mangerez pas, vous n'y toucherez pas, sous peine de mort."
Le serpent rétorqua à la femme:
"Pas du tout! Vous ne mourrez pas! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous serez comme des êtres divins, qui connaissent le bien et le mal."
La femme vit que l'arbre était appétissant à manger et séduisant pour les yeux, et qu'il était, cet arbre, désirable pour l'entendement. Elle prit de son fruit et mangea. Elle en donna aussi à son mari, qui était avec elle, et il mangea. Alors leurs yeux à tous deux s'ouvrirent et ils connurent qu'ils étaient nus; ils cousirent des feuilles de figuier et se firent des pagnes. "
(idée passablement urticante, je vous la déconseille !)
(le tympan du grand baptistère roman : le Serpent se mord la queue auprès de l'Arbre de la Connaissance. Un éternel recommencement ...)
... "Alors Yahvé Dieu dit au serpent:
Parce que tu as fait cela, Maudit sis-tu entre tous les bestiaux et toutes les bêtes sauvages.
Tu marcheras sur ton ventre et tu mangeras de la terre tous les jours de ta vie.
Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t'écrasera la tête et tu l'atteindras au talon."
(La Genèse)
Un peu au-dessus du site, cet amas rocheux nous attire
et l'énigme posée par cette grande dalle, "miraculeusement" posée comme un abri sous roche. Même si l'on peut raisonnablement envisager son origine naturelle, la dalle s'étant détachée du bloc, on peut aussi supposer qu'elle ait pu servir dans un temps lointain de la préhistoire:
seule une fouille pourrait déterminer s'il y eut jamais une quelconque pratique d'inhumation à cet endroit.
(à suivre ... pour la deuxième partie)
Petit rappel autour du livre de Toussaint Quilici : une mine richissime de renseignements sur le patrimoine de la Pieve di Rustinu et des Pieve alentour ...
19:50 Publié dans art roman, chapelles romanes corses, fresques de corse, la mort, les pierres qui signent, parcours de découverte du patrimoine en Corse, patrimoine des chapelles à fresques en Corse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : les amis du parc corse, c.e.n.corse, san tumasgiu di pastureccia, restauration de fresques, site archéologique santa maria di rescamoneadam et eve, genèse, philippe jaccottet | Facebook |