19/08/2008
semaine de concerts d'orgues et musique baroque dans les églises de Corse
J’ai assisté hier au concert de Muro (musiques à Venise et Rome) : la beauté des musiques choisies, la perfection des voix tiennent du miracle. Enorme émotion. J’attends avec impatience le concert qui sera donné vendredi 22 août à Speloncato (musiques à Versailles), qui a tout autant enthousiasmé ceux qui l’ont écouté dimanche soir à Luri.
C’est tout simplement une merveille !
Le concert de SPELUNCATU, sur l'orgue historique Crudeli de la Collégiale: vendredi 22 Août à 21 heures...
15:47 Publié dans Concert | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : festival musique baroque, corse, orgues historiques, musique vocale baroque | Facebook |
18/08/2008
Castirla Août 2008:Brève du Purgatoire
CASTIRLA Cappella San Michele
Faut-il sauver San Michele di CASTIRLA ? ( Pieve de Talcini)
Le cimetière de CASTIRLA et la petite chapelle San Michele, chère à mon coeur, à taille humaine, évidente et fragile sous ses teghje dérangées, sa charpente ruinée par la mérule et les insectes xylophages... Dans son environnement un peu trop paisible, un peu trop silencieux, un peu trop loin de la communauté des vivants.
Chronique:
"Mgr Mascardi a visité cette chapelle en 1589 (fol. 244): "... Eglise paroissiale San Michele, annexe de Sant'Andrea d'Omessa... elle se trouve à un tiers de mille des habitations... son toit laisse passer la pluie... il y a deux portes... les murs sont pleins de trous et comportent une fenêtre en mauvais état... il y a une cloche pendue à un arbre... l'autel est placé sous une abside peinte... il y a 21 feux et 80 âmes" (cité par Geneviève MORACCHINI MAZEL dans "Les Eglises Romanes de Corse", publié avec le concours du C.N.R.S. en 1967).
"Nous supposons que la chapelle San Michele pourrait appartenir au groupe préroman le plus ancien, entre le VIIe s. et le IXe s. ( idem)
A cette époque, bien évidemment, il n'y avait pas de cimetière autour de la chapelle.
Et voici ce qu'en dit Joseph ORSOLINI, pionnier sensible et passionné dans son ouvrage " L'Art de la Fresque en Corse de 1450 à 1520" publié en 1989:
"Sauvée une première fois de la ruine en 1963 (couverture en tôles, charpente effondrée...) la toiture de la chapelle a été refaite en 1983 par l'entreprise Piacentini de Furiani, à la demande des Bâtiments de France. Son toît de "teghje" est surmonté d'un clocheton de construction tardive (XVIIIe s.) ... Les fresques (fin XVe S.) sérieusement décollées par les intempéries furent restaurées en 1964 par les Monuments Historiques (...) Aujourd'hui protégées, elles sont le symbole par excellence de la tradition picturale populaire. (...)"
Ensemble des peintures de l’abside en cul de four et de son arc triomphal, datables de la fin XVe siècle. Une iconographie bien établie dans nos "chapelles à fresques": au centre de l'abside, le Christ Bénissant, entouré du Tétramorphe. Sous ses pieds, les douze apôtres. De part et d'autre, sur l'Arc triomphal, la scène de l' Annonciation. Sur les pieds de l'Arc, à gauche, la Vierge à l'Enfant, à droite, St Michel.
L’histoire bégaye trop souvent et 25 ans après la réfection de la toiture, voici l’état effrayant de la chapelle : ce lieu où se vit encore, mais pour combien de temps ? le divin dans une expression touchante, appliquée, un peu maladroite, est à nouveau proche de la ruine. Ces dernières années, avant 2004, lors de mes visites de "la Montagne des Orgues", j'avais pris l'habitude, aussi souvent que possible, de faire découvrir ce petit sanctuaire intime, son abside peinte à hauteur d'homme où l'on tutoie sans crainte le Christ en Majesté tant son visage est proche et son humanité évidente.
Le Christ en majesté, bénissant de sa main droite, et tenant de sa gauche le traditionnel livre ouvert: "EGO SUM LUX MUNDI ET VIA VERITAS ET VITA". Il est encadré comme de juste par la représentation du tétramorphe et l'on voit derrière sa tête la Jérusalem Céleste.
Ces fresques ont déjà beaucoup souffert, lessivées par les intempéries, certaines parties se sont effacées comme le visage de Saint Michel, les orbites des yeux de certains saints personnages se sont vidées depuis longtemps de leurs prunelles, mais il reste un ensemble plein de vie qui résiste encore, mais pour combien de temps? à la dégradation générale de l'édifice.
... l'Archange Gabriel, dans la scène de l'Annonciation, écoinçon de gauche de l'Arc triomphal....
... et dans l'écoinçon de droite, la Vierge en prière reçoit la Colombe de l'Esprit Saint.
Les tentures pourpres de sa chambre close évoquent peut-être l'intimité inviolable de son ventre maternel. Le bleu de son manteau, couleur céleste, a bientôt disparu, seul reste le rouge-humanité de sa robe.
...sous les pieds de la Vierge, l'Archange St Michel, le Saint Patron de cette chapelle.
Selon l'usage, il pèse les âmes et maintient Satan sous sa lance.
Dans la partie basse de l'abside l'on peut détailler les douze apôtres, comme autant de piliers solides de l'église.
...parmi eux, Saint Barthélémy, sa peau d'écorché sur l'épaule et le couteau de son supplice à la main...
... à gauche de l'abside, sous Gabriel, la Vierge présente sur ses genoux l'Enfant Jésus à l'adoration des fidèles...
Mère de Dieu, Mère de l'Eglise. Là encore, les couleurs se sont estompées... A sa droite, la frise des apôtres en grande conversation et tenant le Livre à la main. Au-dessus de leurs têtes, on aperçoit le Lion de l'Evangéliste Marc.
Et maintenant, voici l'état actuel de la charpente, vue lors de mon dernier passage à la chapelle, le 13 AOÜT 2008. La chapelle est bien entendue fermée au public: les risques d'effondrement de la toiture sont malheureusement aujourd'hui confirmés.
La partie de droite de la charpente a déjà cédé et l'on voit le jour à de nombreux endroits. Sous l'action de la mérule ( ce champignon qui ôte toute cohésion aux fibres du bois, une véritable peste), les poutres ne peuvent plus soutenir le poids des teghje (dalles de pierre couvrant traditionnellement le toit, très lourdes). La mérule s'est installée insidieusement, profitant du glissement incontrôlé de certaines teghje, de l'absence de surveillance régulière de ce lieu, du lessivage des pluies pénétrant en force, de l'obscurité ambiante, un vrai régal pour tous les prédateurs du bois, de quel ordre qu'ils soient... Les taches blanchâtres sur les poutres signent la présence de la mérule, que j'ai appris à reconnaître grâce à un ami architecte qui faisait cette visite avec moi en 2004... Nous avions alerté alors la municipalité de Castirla qui se bat depuis pour tenter de trouver une solution à cette situation d'urgence.
Les instances sollicitées par le maire pour tenter de sauver cet édifice classé par les Monuments historiques le 22 septembre 1958, demandent à ce que soient réalisées des fouilles archéologiques avant de s'atteler à la restauration de la chapelle. L'archéologue pressentie pour ces fouilles a exprimé le désir somme toute assez humain de rester en vie, et remet son intervention à une date indéterminée, lorsque la toiture sera hors de danger... de nuire. A la suite de quoi, l'architecte en chef des M.H. demande à la mairie de Castirla de déposer le toit et de construire une charpente provisoire recouverte de tôles (retour à la case départ! ), ce qui engendre des dépenses très importantes pour cette petite commune proche de Corte. Ce qui signifie aussi que l'on devra, pour la énième fois, payer une nouvelle toiture... éphémère, celle-là, en attendant d'engager à nouveau de futures dépenses pour la reconstruction de ce toit dont rien, décidément, ne nous garantit le caractère définitif...
Il est dommage que cette chapelle n'ait pas fait l'objet d'une surveillance, après la réfection du toit en 1983. On aurait évité le pire, et allégé d'autant les dépenses de la Mairie et de l'Etat.
Ces toits de lauzes étaient autrefois régulièrement surveillés, entretenus comme l'on entretenait le toit de sa propre maison. On savait que le moindre glissement de teghje entraine forcément et rapidement des dégats, et l'on n'attendait pas pour agir, la chapelle ou l'église paroissiale étant alors vécue au quotidien. Notre problème vient de ce que ces chapelles sont éloignés "physiquement et moralement" des communautés dont elles dépendent. Toutes n'ont pas, comme à Cambia, un ange gardien qui les surveille amoureusement ...
... éparpillés au sol, des débris de la charpente...
J'ai été profondément surprise de découvrir que cette chapelle si menacée d'effondrement prochain ne faisait pas partie de la première tranche de travaux engagés par la Collectivité Territoriale de Corse: ce projet magnifique des restaurations de nos chapelles à fresques est porteur d'espoir, mais je me demande si nos responsables du Comité scientifique créé au sein de la C.T.C. pour étudier ces projets de restauration sont venus récemment sur le site de Castirla et s'ils ont connaissance de l'état aujourd'hui désespéré de cette chapelle. Castirla mérite bien autant d'amour et de soins, malgré sa modestie et sa naïveté, que celles de Sermanu, Cambia, E Valle di Campuloru, Brandu (les quatre chapelles sélectionnées pour cette première tranche)... L'urgence absolue d'une intervention saute aux yeux, et si, par malheur, la charpente vient à s'écrouler avant qu'on intervienne, il est probable que les murs suivront de près cette ruine. Ce qui serait traiter le problème par le vide.
Ceci était "une brève du Purgatoire", pavé, comme l'Enfer de bonnes intentions....
(à suivre)
09/07/2008
le stage d'orgue à Corte
Sur l'orgue de l'Annunziata de Corte, le stage a bien commencé...
08:42 Publié dans orgues historiques de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : orgues historiques, corse, stage d'orgue | Facebook |
07/07/2008
Olmi Cappella: la vie d'un petit orgue de montagne au milieu des siens
La vie d’un petit orgue de montagne au milieu des siens…
Aujourd’hui installé à Olmi Cappella dans le silence d’une église qui subit l’exode rural et l’inévitable évolution du monde moderne, le petit orgue a vécu dans sa jeunesse une existence certainement plus mouvementée : l’absence de pupitre porte-partitions nous indique clairement que nos anciens organistes n’avaient pas besoin de notes pour musiquer, qu’ils avaient un rapport instinctif avec leur instrument, le même qu’avaient les violoneux lorsqu’ils empoignaient leur violon pour faire danser les villageois lors des fêtes ou des veillées, accompagner les sérénades ou rythmer la mauresque … L’orgue avait été construit pour magnifier les fêtes religieuses : l’église d’alors était vécue comme le lieu festif et unificateur de la communauté qui se reconnaissait dans les manifestations de sa confrérie, de ses chants, de son orgue… comme dans le choix de ses maîtres-maçons et de ses peintres. A la polyphonie des chants répondait celle de l’orgue, l’organiste ayant appris à jouer l’instrument pour le service de la liturgie, l’accompagnement des cantiques, et chacun selon ses talents et son tempérament se donnait à sa charge. S’il le fallait, il attaquait une vigoureuse ouverture d’opéra en entrée de messe ou improvisait « assai pietoso » pour l’offertoire quelque valse à la mode . Le grand Bach n’a pas agi autrement en réutilisant ses compositions profanes dans ses cantates religieuses. Je me souviens d’une grande messe patronale en Espagne, à Viana, sur le chemin de St Jacques en 1989, dans une église bondée de fidèles, où l’organiste emmena la foule fervente vers la table de communion au son d’un tango… Et aussi, en Corse, à Monticello, cet organiste des années trente, qui, après avoir joué une valse à l’offertoire, avait tenté la java à la communion : là, le prêtre s’était rebellé, arguant que la java faisait trop lever la jambe aux jeunes filles…
Nous sommes là bien loin de Frescobaldi et l’écriture polyphonique de l’époque serait sans doute paru une bizarrerie d’extraterrestre aux organistes du XIXème siècle. Et pourtant ! Le petit orgue d’Olmi Cappella, avec sa fraîcheur et sa vaillance retrouvées grâce à J.F.Muno, chante avec justesse cette musique intérieure qui ne demande pas des effets spectaculaires. Non seulement lors de concerts, mais aussi lors des messes : il apporte alors cette poésie intemporelle et méditative où il n’est pas besoin de connaître la grammaire pour ressentir l’émotion…
La pratique de l’alternance du chant et de l’orgue dans la messe de Frescobaldi, commune à tous les musiciens de cette époque prend sa source dans le chant responsorial des premiers chrétiens : le dialogue d’un soliste avec le chœur, représentant la communauté des fidèles. Elle est proche également de l’usage traditionnel du chant religieux de nos villages, où alternent la chjama (« l’appel » d’une seule voix) et le chant en paghjella (« réponse » polyphonique à trois voix), comme on peut l’entendre à Olmi Cappella. La fonction est la même : ainsi recréé et sacralisé dans ce dialogue qui pourrait évoquer le dogme de la Trinité , l’espace sonore de l’église resserre la communauté, un pour tous, tous pour un . Le rôle du chant et de l’orgue dépasse alors largement le pur plaisir musical ou la réplétion ethno-touristico-musicologique.
C’est à Olmi-Cappella et sur la tribune de l’orgue que j’ai commencé à comprendre de l’intérieur la réalité et l’enjeu du chant religieux d ‘un village mais aussi la relation des villageois avec leur orgue. Le dernier chantre d’Olmi Cappella, Ceccu Saladini transmettait alors de sa voix nerveuse et ténue cet héritage direct, suspendu à la frontière de deux mondes.
Elizabeth .
(texte écrit pour le livret du disque enregistré sur l'orgue d'Olmi Cappella par Marie-Hélène Geispieler:
"Canti Religiosi e Organi di Corsica" : Olmi Cappella - Muro
avec les chantres d'Olmi Cappella et Marie Hélène GEISPIELER, orgue
Disques CORIOLAN
12:09 Publié dans orgues historiques de Corse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : patrimoine populaire, orgues corses | Facebook |
01/07/2008
du 7 au 12 Juillet le stage d'orgue organisé par ROC
Cette année à nouveau, du 7 au 12 Juillet, Corte accueille sur le magnifique orgue de Johann Conrad WERLE (vers 1760) à l'église paroissiale de l'Annunziata le stage d'orgue organisé par Renaissance de l'Orgue Corse (ROC): nous avons plébiscité la présence d'Umberto FORNI comme Maître de stage, qui nous a tant apporté déjà les années précédentes. Nous retrouvons avec bonheur ce grand artiste qui sait si bien transmettre l'âme de la musique...
Pour plus de détails:
Le programme
Tous les niveaux sont dans les propositions de programme.
Thème : « Musiques pour l’Orgue méditerranéen, de l’Espagne à l’Italie".
Œuvres de Cabezon, Correa de Arauxo, Cabanilles… et de Frescobaldi, Zippoli, Scarlatti, Pasquini, Gherardeschi…
Les stagiaires peuvent avoir leurs propres partitions.
Cours collectifs sur l’orgue italien et la registration selon les indications de Costanzo Anteniati.
Le Maestro
Umberto FORNI est né à Bologne (Italie) en 1953.
En même temps que des études de médecine (qu'il abandonnera en 1976), il étudie orgue et clavecin au conservatoire de sa ville natale, s'intéressant, par ailleurs, à l'histoire de la facture des instruments anciens.
Diplomé à l’unanimité du conservatoire de Bologne dans la classe de Stefano Innocenti en 1976, il enseigne au conservatoire de Ferrara.
Se consacrant à l’étude et aux répertoires des XVIe et XVIIe s., il sera reçu brillamment en clavecin en 1985 dans la classe de SergioVartolo.
Inspecteur honoraire des orgues historiques en Vénétie, il suit et dirige la restauration d’instruments très importants ; il publie, multiplie les conférences. Il est membre du jury de concours nationaux.
Comme soliste, il donne de nombreux concerts en Europe et au Japon, participant à de nombreux festivals internationaux.
Il intervient dans plusieurs formations en tant que continuiste ou à la direction.
Il a publié à Florence un important manuscrit de musique pour clavecin et orgue du XVIIIe siècle et une étude très documentée sur le "clavecin organisé".
Umberto Forni est titulaire du très bel orgue de "Santa Maria in Organo" à Vérone.
Ce stage bénéficie du soutien de la Collectivité Territoriale de Corse
et de l’aide de l’Association « Les Amis des Orgues de Corte »
09:28 Publié dans orgues historiques de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : orgues corses, stage d'orgue | Facebook |