Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/10/2010

ALTIANI , avec le village, visite de la Santa Nunziata

(Je réactualise aujourd'hui, finalise et regroupe ces notes rédigées à la fin de l'été sur l'église paroissiale d'Altiani)
 
ALTIANI, Pieve de Rogna, anciennement Diocèse d'Aleria.

Ce 31 Juillet dernier, à la demande de l'active et formidable assosciation "Campa in Altiani", nous avons pu partager avec les gens d'Altiani la richesse de leur église paroissiale: un après-midi festif et animé!
 Ces notes leur  sont dédiées.
en attendant la rencontre blog.jpg*

... papotages et embrassades à l'ombre de l'église, en attendant le début des "opérations" ...
Car il s'agit bien là d'une opération de charme: les gens d'Altiani s'apprêtent à voir de près les peintures qui ornent les autels de cette belle église, hélas dénaturée par l'actif pinceau ripolinant d'un décorateur qui a sévi dans de nombreuses églises de Corse ("là où L. passe, les anges trépassent"). Qu'importe, aujourd'hui, c'est le grand jeu, on va déplacer statues et autres saints objets encombrants pour pouvoir regarder et admirer ce richissime patrimoine des peintures d' Altiani. Une occasion rare de renouer, le temps d'un exposé déambulatoire avec cette iconographie dont la plupart des gens ont perdu le sens et l'usage.

          Altiani paysage blog.jpg

J'étais venue rencontrer ce village en février 2010, un coup de coeur! Une fois enjambé le Tavignano sur le beau "Ponte à u Larice", la route grimpe par lacets jusqu'à Altiani qui domine ainsi la vallée du  haut de ses 600 m: lumière et vents assurés. J'avais en février évoqué la chapelle romane San Michele qui fait l'objet d'un solide projet de restauration, mais aujourd'hui, place à la peinture baroque de Corse! Lors de ma première visite j'avais été émerveillée de la richesse iconographique de cette église, voyez plutôt ... et n'oublions jamais que le but premier de ces peintures était d'éduquer les gens par l'image ...

I° L' ANNONCIATION ( Francescu CARLI)

 

 

     Annonciation blog.jpg

Tout d'abord, cette toile de l'Annonciation, qui domine le maître autel: c'est le patronnage de l'église. Peinture de Francescu CARLI . Né en 1735, originaire de l'état de Lucca, en Toscane, il devient l'un des peintres les plus productifs (plusieurs centaines d'oeuvres) de l'Ecole corse du XVIIIème siécle, puisque c'est en Corse qu'il a choisi de vivre, de se marier (avec une jeune fille Franceschi de San Lorenzu) et de travailler jusqu'à sa mort, en 1826 ...

Ici, L'Annonciation met en scène les trois personnages requis: traversant la nuée peuplée d'angelots, la Colombe de l'Esprit Saint est déjà à l'oeuvre, dardant le divin rayon sur la Vierge agenouillée sur son prie-Dieu à droite, une main ouverte pour l'acceptation, l'autre retournée vers le sol pour la frayeur. On peut la comprendre! Robe rose de son humanité, manteau bleu de son appartenance céleste ...

A gauche, l'archange Gabriel, le beau Messager chatoyant, d'une main tend le lys de la pureté à Marie et de l'autre brandit son index droit vers le ciel, annonçant fermement le message d'en Haut:

" Réjouis-toi, pleine de grâce. Le Seigneur est avec toi. Tu es bénie parmi les femmes. (...) Et voici u'un ange debout devant elle disait: " " Ne crains pas, Marie, tu as trouvé grâce devant le maître de toute chose. Tu concevras de son Verbe " (Protoévangile de Jacques) 

Remarquez qu'au même instant  le Verbe sort bien du bec de la Colombe...

Notez aussi ce nuage lenticulaire en forme de gâteau roulé aérodynamique sur lequel surfe Gabriel avec beaucoup d'aisance: on retrouvera cette même représentation des nuages célestes chez Giacomo Grandi, un autre peintre fort proche de Carli et présent également dans cette église. En écho, le décor végétal du prie-Dieu.

 Le style de Carli est immédiatement reconnaissable:  un univers pastel et rococo où les personnages mis en scène se meuvent avec grâce et délicatesse, des visages enfantins, des mains élégantes aux longs doigts graciles  ...

Annonciation jeu de mains blog.jpg

sans oublier les humbles outils du quotidien ...        Annonciation détail panier blog jpg.jpg

Marie, surprise dans sa prière, son ouvrage à ses pieds, le couvercle du panier entrouvert:  filer, inlassablement le voile du Temple, le fil du Destin, mêler sur la trame des jours le bon et le mauvais, l'âpre et le doux, la prière et l'imprécation, racommoder la déchirure, broder l'enfance ... bref, incessant travail de femme.

II° LA VIERGE DU ROSAIRE ET LES ÂMES DU PURGATOIRE ( Francescu CARLI)

             Rosaire blog.jpg

Une représentation habituelle - on en trouve dans un très grand nombre d'églises - de cette dévotion du Rosaire ... mais pour autant savons-nous encore la lire?

 La Vierge et l'Enfant, bien installés sur leur drôle de nuage, remettent le Rosaire à  St Dominique, à gauche et Ste Catherine de Sienne, à droite: Dominique, le fondateur de l'ordre des dominicains est reconnaissable à sa robe blanche, son manteau noir, et à la petite étoile qui brille au-dessus de sa tête; il est accompagné de son chien fidèle portant le brandon allumé de l'ardeur de la foi ("Domini canes": en un temps sombre de l'Eglise, les dominicains furent les grands inquisiteurs et firent allumer des bûchers de sinistre mémoire. Paix à la mémoire des uns et des autres.) . Et de l'autre côté, la dominicaine Catherine de Sienne, reconnaissable aux stigmates qui percent ses mains ...

                                                      mains.jpg                   

         Regards tendres et gestes raffinés de gens bien éduqués, phalanges musiciennes et petits doigts en l'air de buveurs de thé ...

 Venons-en aux 15 Mystères du Rosaire qui encadrent et justifient la scène:

 les Mystères blog.jpg

 

Autour du visage enfantin et paisible de la Vierge et de l'Enfant, 15 tableautins pour réviser son cathéchisme en récitant le Rosaire, 10 Ave Maria pour chaque Mystère:  5 Mystères Joyeux, 5 Mystères Douloureux, 5 Mystères Glorieux, bref, en tout 150 Ave Maria (aujourd'hui il faudrait rajouter à cette iconographie les 5 Mystères Lumineux ...)

 Un investissement de temps précieux en ces temps difficiles où la survie du plus grand nombre dépendait d'une lutte acharnée avec la nature: terrains souvent en terrasses, pierreux, pentus, dont il fallait inlassablement entretenir, remonter les murs, avec ces risques imprévisibles d'une météo capricieuse, voir d"une guerre fratricide où brûlent les moissons, mais  un vrai livre ouvert de cathéchisme en images doublé d'un vrai acte de charité envers ...

 

 

Ames du Purgatoire blog.jpg

 ...  ces pauvres Âmes du Purgatoire qui grillent (pendant quelques centaines de milliers d'années, parait-il: 800.000 ans pour une peccadille!) leurs imperfections en attendant de pouvoir enfin sortir de la fournaise,  nettoyées et légères. Réciter un Rosaire fait avancer le compte à rebours de façon notoire (moins 200.000 ans, m'a-t-on dit!) et témoigne d'une réelle solidarité des vivants pour les morts ...

Je rappelle ici le rôle de  l'église du  Purgatoire : il s'agit de cette "scession de rattrapage" qui permet de débarrasser - par le feu, par l'absence - l'âme de ses scories (les péchés) pour ne garder que le métal pur de la spiritualité. C'est aussi une forme d'assurance sur l'Au-delà . Ainsi va notre pauvre humanité, toujours inquiète , édifiant inlassablement des systèmes pour se rassurer contre l'inéluctable  ... En ce qui concerne notre monde occidental, je vous renvoie aux excellents ouvrages de Jean DELUMEAU: La Peur en Occident, Le Péché et la Peur, Rassurer et protéger, l'Aveu et le Pardon" etc ... (éditions Fayard) . Cette pastorale de la Peur n'est plus guère de mise aujourd'hui: nous prenons des assurances multirisques pour la vie, la maladie, la mort, la voiture, le vol, le bris de glace, bref, nous essayons de prévoir sur un laps de temps somme toute plutôt court (une vie d'homme, bien peu de chose au regard de l'éternité) ...

Avons-nous vraiment changé  ou sommes-nous simplement devenus myopes? Je ne prendrai pas partie mais dirai seulement ceci: les bons Pères de l'Eglise qui ont développé cette pastorale par l'image étaient de fabuleux publicistes!

 (à suivre pour les autres toiles d'Altiani)

 

 

13/07/2010

mercredi 7 juillet dans le Boziu ...

Une journée bénie dans le Boziu ...
 
sur la route du Boziu.jpg
la petite route d'Erbajolo sinue au-dessus d'à pics touffus... un virage entre mille et cent virages , entre mille et cent vies dans ce creux montagneux du monde
un paradis de genêts.jpg
... entre les genêts : un enivrement candide dans l'air à rendre fous d'amour abeilles, bourdons et autres butineurs ...
à la croisée des chemins.jpg
et plus loin, plantée là à ce croisement, cette présence imprévue de pierres sèches abrîte avec élégance d'improbables statuettes de plastique où se conserve une pure dévotion.
ERBAJOLO
Ce que nous voulions voir:
Erbajolo personnage masculin (Joachim-) blog.jpg
(ici un noble personnage : un prêtre? St Joachim?)
par endroits dégagée par Ewa Poli de son terrible enduit
(l'infâme L. est passé par là, réhabillant de toc nauséabond cette pauvre église d'Erbajolo:"Là où L. passe, les anges trépassent")
cette fresque inattendue qui appelle restauration
Erbajolo personnage fémini (ste Anne-) blog.jpg
(et là, une vieille femme souriante: Ste Anne?)
Erbajolo la Vierge à l'Enfant - blog.jpg
(et sous ces deux personnages qui les couvent du regard, cette jeune femme à l'enfant)
la Vierge avec Jésus... ou une servante avec la petite Marie ?
S'agit-il d'une scène de sainte Parenté ou de la Naissance de la Vierge ?
Espérons qu'une restauration pourra dégager l'ensemble de cette fresque et restituer une iconographie cohérente malgré les dégats qu'elle a déjà subi ...
La Nativité de la Vierge, nous la trouvons ailleurs dans cette petite église:
premier bain blog.jpg
L'eau du bain est-elle assez chaude ? L'enfant confiante et douce repose sagement : je sens sa petite tête chaude dans le creux de ma main
Réconfort de Ste Anne.jpg
Dans son lit, la vieille accouchée Sainte Anne reprend des forces: rien de tel que deux bons gros oeufs accompagnés d'un petit verre de vin pour vous reconstituer !
naissance de la Vierge Erbajolo détail.jpg
On a fait une bonne flambée: la servante réchauffe le lange qui enveloppera la petite après son bain.
Erbajolo naissance de la Vierge blog.jpg
Cette scène de la Nativité de Vierge se prête au mieux  à l'évocation des petits gestes quotidiens,  racontés tendrement sur cette toile peinte par Francescu CARLI et récemment restaurée par Ewa Poli ...
(la scène de la naissance de la Vierge, fresque de Ghirlandaio, en la chapelle Tornabuoni de Santa Maria Novella de Florence)
Lorenzetti_%20Pietro_3_jpg.jpg
(la même scène, peinte par Pietro Lorenzetti en 1342:
musée de l'oeuvre du Dôme à Sienne)
(à suivre)

12/04/2010

sepolcri du diocèse d'Accia, suite

Castellu di Rustinu, Pieve du Rustinu, ancien diocèse de Mariana ed'Accia
Eglise de l'Annonciation
 
Castellu di Rustinu maître autel Baino blog.jpg
 
 
 
 
 
Cette très belle église abrîte un patrimoine d'une grande richesse et elle a bénéficié, grâce à la volonté de sa dynamique municipalité, de campagnes de restaurations ( atelier d'Ewa POLI) qui ont redonné en particulier au maître-autel toute sa splendeur, signé par le grand Maestro Domenico Baini et daté de 1703:

Domenico BAINI , dit aussi Domenico BAINO s'est illustré en Corse entre 1695 et 1732 dans une large palette de ses talents : architecte (il est l'auteur, entre autres,  du célèbre campanile et de la façade de l'église saint Jean Baptiste de La Porta) , ingénieur, stucateur et peintre décorateur originaire de Côme, dans l'état de Milan. (merci, Michel Edouard Nigaglioni)

La surprise, lorsque que je suis rentrée dans cette église il y a une bonne quinzaine d'années, grâce à l'extrême gentillesse de Laurence M., une dame âgée du village et servante dévouée de son église, fut de rencontrer, entreposées derrière ce maître-autel , d'immenses toiles d'une facture populaire  et dont j'ignorais totalement la fonction: ce fut la première fois que je voyais un décor de sepolcru et Laurence évoqua alors pour moi cette dévotion si particulière que depuis, j'ai appris à reconnaître ...

 
Ce vaste décor "raconte" la Passion :
montée du Golgotha 2 blog.jpg
Ici Jésus tombe sous le poids de la croix ... après en avoir été chargé par ordre de Pilate , que l'on voit assistant à la scène depuis le perron de son palais. Pilate enturbanné est accompagné de personnages indéfinis , un prêtre sans doute et un soldat, et un petit page négrillon pour ajouter une touche exotique. Sous eux se déroule la douloureuse ascension du Mont Golgotha en plusieurs épisodes, comme dans le sepolcru de Castiglione, et la soldatesque à cheval ou à pied accompagne tout ceci de façon fort vivante: un soldat pousse en avant Simon de Cyrène pour qu'il aide au portement de croix ... Décor de montagne, comme celles qui entourent Castellu, et maisons hautes de village ...
crucifixion blog.jpg
La crucifixion: d'un côté Marie, les saintes femmes et  saint Jean, de l'autre, les soldats en groupe compact.
descente de croix et déploration blog.jpg
La descente de croix et la déploration
déploration et mise au tombeau blog.jpg
La déploration du Christ sur les genoux de sa Mère avec Marie de Magdala en robe safran, et l'ensevelissement:
" Sur le soir, vint un homme riche d'Arimathie, nommé Joseph, qui s'était fait, lui aussi, disciple de Jésus. S'étant rendu chez Pilate, il lui demanda le corps de Jésus. Alors Pilate ordonna qu'on le lui remît. Joseph prit donc le corps, l'enveloppa dans un linceul propre et le déposa dans le tombeau tout neuf qu'il s'était fait tailler dans le roc; puis il roula une grande pierre à l'entrée du tombeau et s'en alla."
(Evangile de saint Matthieu)
tombeau et anges blog.jpg
Deux anges particulièrement grassouillets nous prennent à témoin, dans le sépulcre ...
Résurrection blog.jpg
Mais voici enfin le moment espéré de la Résurrection: le Christ glorieux s'élève dans le ciel ...
panique à bord blog.jpg
... provoquant une panique noire chez les gardiens  postés  devant la pierre qui fermait le sépucre:
" Le lendemain, c'est-à-dire après la Parascève, les grands prêtres et les Pharisiens se rendirent en corps chez Pilate et lui dirent:
"Seigneur, nous nous sommes souvenus que cet imposteur a dir, de son vivant: "Après trois jours je vais rescussiter!" Commande donc que le sépulcre soit tenu en sûreté jusqu'au troisième jour, pour éviter que ses disciples ne viennent le dérober et ne disent au peuple: Il est ressucité des morts! Cette dernière imposture serait pire que la première."
Pilate leur répondit:" Voici une garde; allez et prenez vos sûretés comme vous l'entendez." Ils allèrent donc et s'assurèrent du sépulcre, enscellant la pierre et en postant une garde."
Je remercie ici tout particulièrement Richard Girolami qui a eu la gentillesse vendredi dernier de nous permettre d'admirer au mieux ces toiles du sepolcru de Castellu di Rustinu: une enquête démarre maintenant autour de ce sepolcru, devant lequel semble s'être déroulée autrefois une Passion jouée par les gens du village. Une preuve de plus, s'il en était besoin, de l'efficacité de cette scénographie de la Semaine comme vecteur de cohésion de la communauté autour de ce drame universel de la Passion ...
Je termine cette note sur Castellu en évoquant à nouveau son patrimoine ... Entre autres:
portement de croix.jpg
Le peintre milanais Giacomo Grandi (mort en 1772) a peint pour cette église un savoureux chemin de croix : devinez qui est gentil et qui est méchant ?
chaire.jpg
Le stucateur Ignazio Saverioo RAFFALI a créé  (18ème siècle) cette charmante chaire de prêche , dégagée lors de sa restauration (avoue, Leonor, que tu y as pris plaisir!)
orgue.jpg
un orgue d'Anton Pietro Saladini, de 1837, auquel manque aujourd'hui la voix ... et l'accès. Là aussi , rêvons un peu ...
A bientôt!
 

 

 

17/12/2009

en Castagniccia: Rapaggiu , pècure è pastore

RAPAGGIU
Pècore è Bonu Pastore

Banc.jpg
les agneaux et le bon Pasteur
 

"La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: Fils d'homme, prophétise contre les pasteurs d'Israël, prophétise. Tu leur diras: (...) Malheur aux pasteurs d'Israël qui se paissent eux-mêmes. Les pasteurs ne doivent-ils pas paître le troupeau? Vous vous êtes nourris de lait, vous vous êtes vêtus de laine, vous avez sacrifié les brebis les plus grasses, mais vous n'avez pas fait paître le troupeau. Vous n'avez pas fortifié les brebis chétives, soigné celle qui était malade, pansé celle qui était blessée. Vous n'avez pas ramené celle qui s'égarait, cherché celle qui était perdue. Mais vous les avez régies avec violence et dureté. Elles se sont dispersées, faute de pasteur, pour devenir la proie de toute bête sauvage; elles se sont dispersées. Mon troupeau erre partout, sur les montagnes et sur les collines élevées, mon troupeau est dispersé sur toute la surface du pays, nul ne s'en occupe et nul ne se met à sa recherche. (...)

tête 5.jpg

(...) Voici, je vais prendre à partie les pasteurs. Je leur reprendrai mon troupeau et je les empêcherai de paître mon troupeau. (...) Voici que j'aurai soin moi-même de mon troupeau, et je le passerai en revue. Comme un pasteur passe en revue son troupeau quand il est au milieu de ses brebis dispersées, je passerai en revue mes brebis. Je les retirerai de tous les lieux où elles furent dispersées au jour de brouillard et de ténèbres. (...) Dans un bon pâturage je les ferai paître (...). C'est moi qui ferai paître mes brebis et c'est moi qui les ferai reposer, oracle du Seigneur Yahvé. Je chercherai celle qui est perdue, je ramènerai celle qui est égarée, je panserai celle qui est blessée, je guérirai celle qui est malade. Celle qui est grasse et bien portante, je veillerai sur elle. Je ferai paître avec justice.

 

(...) Voici que je vais juger entre brebis et brebis, entre béliers et boucs. Non contents de paître dans de bons pâturages, vous foulez aux pieds le reste de votre pâturage; non contents de boire une eau limpide, vous troublez le reste avec vos pieds. Et mes brebis doivent brouter ce que vos pieds ont foulé et boire ce que vos pieds ont troublé!  Eh bien! ainsi leur dit le Seigneur Yahvé: Me voici, je vais juger entre la brebis grasse et la brebis maigre. Parce que vous avez frappé des reins, de l'épaule  et des cornes toutes les brebis souffreteuses jusqu'à les chasser dehors, je vais venir sauver mes brebis pour qu'elles ne soient plus au pillage, je vais juger entre brebis et brebis. (...) (ça , c'est pour nos dirigeants du sommet de Copenhague!)

EZECHIEL (34)

 

Rapaggiu banc.jpg
En vérité, je ne sais rien ni de l'époque ni du menuisier qui a fabriqué ces bancs dans l'église de Rapaggiu, piève d'Orezza, en Castagniccia. Rustiques, bigarrés comme la toison nos brebis corses, ils accueillent , avec leurs accoudoirs bêlants, la bonne parole du "Bon Berger"...
tête 4.jpg
... ou devrais-je dire, ils attendent, la bouche entravée (ils portent tous " u capestru "... Je n'ai rien vu de tel ailleurs. Etonnant!

08/09/2009

u stringagliulu di sigolu, de Lisandrina Grimaldi (suite)

( Suite des ) FOLE DI PIAZZA CUMUNA:
U stringagliulu di siggolu de Lisandrina GRIMALDI
(voir les notes précédentes des 3/8 , 5/8, 12/8 2009)
a tuparella Battistina.jpg
( illustration deGhjuvannina Lanzalavi)

 

 

A TUPARELLA BATTISTINA

 

 

 Battistina Tagliarina, figliola d'un artisgianu paghjulaghjolu calzanincu era vana cum'è una zucca è predaghja cum'è a lisciva. E bocchi final Un c'era barba ch'ell'andessi cù e surelluccie à a scola in'è a maestra Pillì cù i so scurzali negri rillivati d'un filet tu rossu o turchinu. Innò! Ella s'appumpava di linu biancu. Un li piacia chè casgiu vechju picurinu o casgiu frescu caprunu. Ci vulia u criccu pè falli ruzzicà qualchi granellu di risu, stantatu cun tantu amore da cumpare Tagliarinu, st'omu di valore, rinumatu ind'è u circundariu.

A so paghjulaghjola era installata ind'è u Tofulu, in faccia à u casale Villanova, in cima di a piazza di a Torra. Sopra à a porta, inzuccata ind'è a petra si lighjia: «Ind'è u Tofulu, paghjole à chì ne vole, stagnarò è ranime, cochje è cuchjarine». A furastera, bramosa di rinnuvillà a so battaria di cucina, ghjunta à l'Annun-ziata, lasciava u ponte di u Saltu à manu diritta è pian pianellu cullava à fassi a so spesa.

A' dui passi, cumpare Bartoldu, artisgianu carbu-naghjolu, più forte chè u pevaru mattu, avia azzin-gatu sottu à u so purtillone à dece vetri un rillogiu di farru battutu, più grande chè quellu di u campanile è issu scrittoghju :

     « Pè fà coce a paghjola

     Noi vindemu carbone

     Ind'è a nostra tupaghjola

     O sottu a figa Narbone

     L'or a a demu di rigalu

     Un ci hè bisognu di ghjallu ».

Cumare Rillogia apria e so porta à tempu à ghjornu è chjamava e tope calzaninche ch'andavanu à empie e so sechje à la funtana di Sant'Antone, locu binadettu da i Dii; induve a vita si passava à chjachjarà, à fragassi pè a tacca o cantà à la ciotta di u sole. A ramina, ammanita da ziu Tagliarinu, sempre pronta à rinfriscà l'ansciaghjolu, guarnia u sichjaghju.

A' u sonu di a viola di cumpare Santu, i topi ballavanu masurche é scurtichje. Ma ghjuntu miziornu, cacciavanu e so meridiane di u stacchinu pè uchjighjà l'ora ghjusta. Mossiu Albertini, dettu «Spaissellu» perché l'avia fattu una grande carriera ind'è l'armata africana, ellu vindia i zuccarami, ghjustu in faccia à u scarparu ziu Bacinu.

U sabatu, zia Tagliarina carcava u so sumere Muvrone di stuvigliami è partia à fà u giru di u cantone, accumpagnata da i so masci. Quandu u tempu si pristava, turcianu à rochju versu Cassanu fin'à Belgudé cu tanti traculini è travindaroli. Strada facendu, pochi i scontri: a prima zia Bacina chì vendia scarpi, poi zia Martinò, ligera cum'è zilevra, lesta cum'è u telefragu ch'era incaricata d'andà à apre e porte di a cappella di Santa Restituta dopu avè sunatu l'Ave Maria in paese. Ghjunta à a piopa, salutava ziu Scopa riccu marcante di spazzule. Un si dispiazzava mai senza a so furtuna allibrata ind'una fronda di ghjineparu é piatta sottu à catacula di Muvrella a so sumirella grisgia. Di landi à e Petrine, scuntrava à Ambrosgiu u ziliacciu nantu à u so cabriulè, carcu insumatu di belle robe chì partia in Calvi. Sculà, a so serva, acciucciata, ripusava e so osse tronche ind'è a seta.

Una mane, Ambrosgiu si tampillava à mezu stradò.

«E’ chì v'accade o Ambrò?

- Un vi pare o zia Tagliarì, sta donna vistuta à te
Falcone, tè Lione è chì hà fattu piantà u mo sumere
incù u so ditu grossu innariulatu, scrilla da poi una
bella stonda ch'e l'aghju tocca ind'è a vigna. Sta
grand' bugiarda!»

E' quella: «Ma toque est dans la vigne!» Una buffulata di ventu scorna boie l'avia scappillata è u so cappellu si n'era vulatu ind'è a ruzeta di Toniu Maria ind'è a vigna suttana. Ci hè vulsutu à fà appellu à i Franciscani d'Alzipratu pè discioglie stu nodu. «M'hà toccu... tira è tocca... è vi ne contu nulla ! »

Una mane, versu trè ore, zia Sculiscia fala in carcera pè lavà u so casgiu. Sintia surnacà ind'una madia casgiaghja. Face pè sullivà u cuparchju eccu chì e madie si mettenu à ballà. Zia Sculiscia, spavintata pè issu valzu stranu si lampa pè u purtillinu ind'è u pozzu di Rafone, mughjendu: «O Lisandrì, O Natà! chì si passa sta mane? Currite tutti à vede i casgi ballarini!» In quattru è trè sette si forma un'accultina ind'è u chjassu. Natale, pè calmà e furie di a mamma li spiegava : « Un hè nulla o ma ! Hé un tarramotu annunziatu eri sera da u sapientone Arunu ! »

- E' quale   stu  lanciafame?  Belli  affari  pô!
Ch'ellu fia a dinga, ch'ellu fia!

Sempre incruchjatu u cuparchju, a casgilante si

Misse à sigunallu. A Battistina piatta li mancava u

rispiru. Corri cuì, corri custì. Un s'hé pussuta francà

da u tagliu. A so vita era appesa à un filu. A ladra

vargugnosa tira un mughju: «Cruda chè voi site!

M’avete tagliatu a coda? Aiò, currite ind'è cumare

Ambrosgia è spiegateli u casu!»

Zia Sculiscia, tutta sturdulita pè issi fatti strani, piglia a stretta di San Barlandinu di u Rusugnulacciu, s'intiscia cù Restituta carca d'urtaglia di u Vivu, disceta à Ambrosgia è voltanu à curà a firita di a tuparella. A mettenu nantu à a scaffa, l'appiciccicanu a so coda eu una chjarula d'ovu è l'annodanu inc'un stringagliulu di sigolu.

«S'è a to coda ùn tene micca, a farè ristagnà da babbitu è dopu sarà sticchita cum'è u sgiò ghjudice. E' quandu u tarramotu s'avvicinarà starè in tupaghjola, hè u locu u più sicuru!» Allora Battistina disse ch'ella un era micca d'accordu, ch'issu ragiunamentu era falsu. Si misse à parlà di u passata pè appughjà i so detti: «In tempu di guerra, quandu e squadre inglese passavanu sopra à Calinzana pè andà à bumbardà l’Italia, c'era un bellu tupone rondulu cum'è un turettu, aiutante sceffu di giandarmaria chì mughjava da antu à l'usciu: «Sauve qui peut!»

A'u colpu, tutti i topi grandi è chjuchi, vechji è zitelli, masci è femine, mezi vistuti, mezi spugliati, scappavanu à bandula rotta pè u Dragone sopra à i Cannoni Suprani. Ghjunti ind'è e Merizaccie, si mittianu à l'aggrondu sottu à u castagnettu, à mezu à e vacche à u merezu; manse è spaurate, un rumina-vanu d'un pelu.

Tuttu parlendu, Battistina s'accunciava, si scuzzulava, pinsendu chì à miziornu ci vulia andà à tavulinassi in famiglia. Dopu centu scuse pè a so ingurdizia è tanti rincrazii pè a cura, Battistina sin'hè ghjunta in casa, ammutulita ma decisa. Lindumane, migliurata è assinnuta, vistuta d'un scurzale negru cum'è tutti i sculari, Battistina era in scola è pinsava: «Eccu i miraculi! Sò digià migliurata! Pensu chì a chjarula di l'ovu pè assanà l'osse hè l'untu di a Maddalena. Rumintatevi o ghjente e piaghe di Ghjesù!»

 

 

HISTOIRE EDIFIANTE DE LA SOURIS BATTISTINE (cuntrapuntu)

SUPERT AKAYAKAHACHTU ( *)

n'était pas encore venu

au village des Trottmenus.

Battistine Tagliarinu,

futile

fille d'un papa dinandier,

grandissait dans ce bon quartier :

on y trouvait un cordonnier

pour remplacer les vieux souliers

usés,

rompus à trotter sur les pierres

comme trottait maman si fière,

sa marchandise en bandoulière,

trottaient les moines en prières,

bien gras,

le marchand de balais radin,

le charbonnier notre voisin,

la fromagère aux ramequins

que Battistine au fin tarin,

en douce,

visitait, esquivant l'école,

rongeant sans autre protocole

de chèvres et brebis l'obole:

notre paresseuse en raffole!

ripailles...

Mais quel est donc ce valdingage

de bols, de formes à fromage?

Maman! la terre déménage!

et prise au piège du tangage,

petite

Battistine à son tour trompée

voit sa mignonne queue tronquée!

Piteuse, d'un blanc d'oeuf soignée,

pois d'une guimpe entortillée,

pensive,

elle retrouve sa maison,

sa queue, l'école, la raison,

apprend sagement ses leçons

et récite moults oraisons,

miracle !

Moralité: mieux qu'arnica,

à queues ou voix perdez, ô rats,

mn bon blanc d'œuf, deux hosannahs,       

c 'est ce qu 'il faut, et puis... basta !                     

Souris...                                                                     

 

* Prononcer « u » ou bien « ou » au choix