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30/11/2012

Sainte Cécile et le Roi David en Corse patrons de la musique sacrée

le 22 novembre on fêtait

Sainte Cécile de Rome

 

http://youtu.be/fkxZZFEAkiM

http://youtu.be/vhIA3RcrLYk

comme on le sait, patronne de la musique sacrée, des organistes et des facteurs d'orgue, tâche qu'elle partage fort souvent et bien volontiers  avec son collègue de l'Ancien Testament, le Roi David, du moins sur les tribunes et les volets d'orgues de Corse, et ce, souvent avec une verve toute populaire ...

 

Zilia Orgue Saladini 1831  blog.jpg

à Zilia (Balagne), du haut de la belle tribune d'Aton Giuseppe Saladini, peints sur les volets de l'orgue ( (Saladini 1831) ,Sainte Cécile et le Roi David veillent sur la destinée de la  "Musica sacra" au village:

 

Zilia volet d'orgue ste Cécile.jpg

Cécile , drapée dans sa dignité de vierge martyre des premiers âges, s'appuie sur "son" orgue,

Zilia le Roi David.jpg

tandis que le Roi David assure, le regard inspiré ( du moins je veux bien le croire) et affublé d'un costume à l'antique d'opéra,  une main sur le coeur, l'autre tenant sa harpe biblique . Bref, ils  se donnent à voir avec toute l'intention adéquate ... et la meilleure bonne volonté du moment, 

Zilia  volets ouverts.jpg

avant que ne s'ouvrent les ailes de la musique:

 hélas, aujourd'hui l'orgue n'est pas au mieux de sa forme et j'imagine sans peine la déception de ses saints patrons !


 

Corbara orgue volets fermés blog.jpg

 A Corbara (Balagne), peints sur les volets de l'orgue Saladini (début XIX°)/ Agati-Tronci,  (1890)

Corbara volets ste Cécile et le Roi David.jpg

  Francesco Giavarini peint sa Sainte Cécile enturbannée en compagnie du Roi David en 1819  : à nouveau d'un côté la harpe pour David ( l'Ancien Testament), de l'autre l'orgue pour Cécile ( le Nouveau Testament).

Cette représentation de Cécile jouant de l'orgue, semble reposer sur un contresens. Voici ce qu'en dit Louis Réau dans son Iconographie de l'Art Chrétien ( cet ouvrage précieux et convoité, édité en 1958 aux Presses Universitaires de France, malheureusement aujourd'hui épuisé ):

   "On lisait en effet dans la  Passio légendaire de sainte Cécile la phrase suivante: " Cantantibus organis, Caecilia in corde suo soli Domino decantabat, dicens: Fiat cor et corpus meum immaculatum"; ce qui veut dire : " Pendant qu'on conduisait Cécile, le jour de ses noces, dans la maison de son fiancé au son des instruments de musique, c'est Dieu seul qu'elle invoquait dans son coeur pour lui demander la gâce de conserver son coeur et son corps sans tâche."

   Ainsi  non seulement , si l'on interprète correctement ce passage, Cécile n'est pas elle-même musicienn, elle ne joue ni de l'orgue ni d'un instrument quelconque; mais elle ferme ses oreilles à la marche nuptiale exécutée en son honneur pour concentrer sa pensée sur Dieu seul et implorer la sauvegarde de sa virginité. Elle aurait été plutôt mélophobe que mélomane.

    Comment, dans ses conditions sainte Cécile a-t-elle pu passer pour une amie de la musique? C'est parce que l'antienne extraite de sa Passio, en détachant les mots : cantatibus organis et en supprimant in corde suo a dénaturé le sens de la phrase : on a compris que Cécile chantait au son des instruments ou même en s'accompagnant de l'orgue. En réalité organa ne signifie pas orgues et decantabat doit être pris au sens figuré.

   La fable de sainte Cécile musicienne et son patronage usurpé de la musique religieuse aurait donc une origine liturgique."

 

Quant à l'orgue antique, pourquoi pas, puisque notre Cécile est une sainte du II° ou III° siècle après J.C. et que l'on attribue à l'ingénieur alexandrin Ctésibios, au III° siècle avant J.C. la paternité de l'invention du premier orgue hydraulique ...

Voir à ce sujet  l'excellent article consacré à l'orgue hydraulique antique sur le site:  www.unicaen.fr/puc/ecrire/preprints/preprint0022005.pdf


Revenons à Corbara: la tradition veut que Davia Franceschini, Sultane du Maroc, ait prêté ses traits à Sainte Cécile : et le Roi David? Peut-être inspiré du Sultan Sidi Mohammed ben Abdallah, son royal époux ? En tous cas, voilà une bien belle histoire dont ne sont pas peu fiers nos amis de Corbara!

Extrait du site de Curbara:

" Marthe FRANCESCHINI, dite Davia FRANCESCHINI, Sultane du Maroc (1756-1799) :

Davia Franceschini

 

Alors qu’ils cultivent leurs champs près de la mer, Jacques-Marie FRANCESCHINI, son épouse Silvia MONCHI sont capturés, quelques mois après leur mariage, par des pirates tunisiens. Nous sommes en 1751. Conduits à TUNIS, ils sont achetés par l’intendant du DEY pour le compte de son maître. Surveillant des esclaves du DEY, Jacques-Marie gagne sa confiance, se révélant un bon administrateur, ce qui lui permet de se constituer une belle fortune. Il apprend un jour qu’un complot se trame pour assassiner le DEY et après hésitations, se décide à le lui révéler. Pour le remercier, celui-ci lui fait de riches cadeaux et lui rend sa liberté.

Au cour de leur séjour à TUNIS, les époux FRANCESCHINI ont une fille, née le 25 avril 1756, baptisée le 29 du même mois par le Frère Stephanus Antonius, capucin de Gênes, préfet et provicaire apostolique de la mission de Tunis et des lieux voisins. (acte de baptême rédigé et paraphé par le père Stéphanus Antonius).

Libres, les époux FRANCESCHINI et leur fille Marthe quittent la Tunisie pour rentrer en Corse. Au cours du voyage, ils sont enlevés par des Marocains qui les conduisent dans leur pays. Ils sont vendus comme esclaves au Sultan Sidi Mohammed ben Abdallah qui confie à Jacques-Marie la direction des travaux du jardin impérial à Marrakech. Jacques-Marie a l’idée de faire parvenir au Sultan, un mémoire relatant le fait qu’il est sujet du Bey de Tunis à qui il a sauvé la vie et qu’il ne peut être considéré comme un étranger. Il est reçu par le Sultan devant lequel il se rend avec sa femme et ses deux enfants, Marthe et Vincent (Né à Marrakech le 29 novembre 1759).

Le Souverain est « impressionné par la grande beauté, la grâce et l’esprit » de la jeune Marthe » au point « d’ordonner qu’elle soit immédiatement emmenée pour faire l’ornement du sérail ». Marthe a alors 7 ans.

Jacques-Marie, son épouse Silvia et son fils Vincent regagnent la Corse. Leur troisième enfant, Augustin, naîtra à CORBARA. Il ne supporte pas toutefois l’absence de Marthe dont la présence au harem du Sultan est pour lui la pire des injures. Il conçoit donc le projet de retourner au Maroc. Il demande même l’aide de Pascal PAOLI qui lui conseille de « laisser sa fille suivre sa destinée ». Il arme un navire avec un équipage et part pour le Maroc. Le destin veut qu’il meurt au Maroc, à Salé, atteint de la peste.

Marthe est obligée de se convertir à l’Islam et reçoit le nom de DAWIYA (DAVIA). Le sultan dit d’elle qu’elle est « La plus belle rose de son harem ». Il apprécie en elle « la fraîcheur, le charme et la vivacité d’esprit ». En 1786, elle devient sa femme légitime, et Première Sultane. Dans son village, en CORSE, on la dit « IMPERATRICE DU MAROC ».

La beauté légendaire de DAVIA suscite beaucoup de jalousies. Le Sultan lui demande même de suivre des cours de droit coranique et obtient le diplôme de Talba (licenciée en droit), ce qui est quasiment unique à l’époque. Il la charge même « de la correspondance avec les cours européennes » et l’admet « à son conseil privé ». Son influence est immense sur la politique intérieure et extérieure du Maroc et a un grand ascendant sur les populations musulmanes. Elle a entretenu une correspondance avec la Reine d’Espagne et les deux femmes ont procédé à un échange de portraits.

La Sultane se considère comme française et décide le souverain d’entrer en relation avec NAPOLEON, se disant fière qu’un corse soit souverain des Français.

Plus tard, DAVIA souhaite revoir sa famille. Son époux accéde à sa demande, et des envoyés du Sultan sont dépêchés à CORBARA, chez la veuve de Jacques-Marie à qui on remet une lettre de sa fille lui demandant de rejoindre le Maroc. La mère de DAVIA n’a aucune hésitation, et après intervention de Monsieur Chiappe, Consul de Venise au Maroc, LOUIS XVI charge le Vicomte Dubarin de Pélivier, Consul de France à Tanger, de délivrer les passeports nécessaires au voyage de la famille FRANCESCHINI. Ils sont reçus à la cour chérifienne « avec tous les honneurs dus aux princes de la famille impériale ». Ils s’installent dans la ville de LARACHE où DAVIA se serait retirée après le décès de son époux, Sidi Mohammed Ben Abdallah.

DAVIA meurt à LARACHE en 1799. Sa mère meurt dans cette même ville le 19 janvier 1811.

DAVIA a eu une fille, morte à l’âge de quatre ou sept ans.

Vincent FRANCESCHINI, son frère, sur intervention du Roi Moulay Sliman auprès de Premier Consul, est nommé Consul de France à Mogador. Après 1804, il se retire en CORSE, dans le village de CORBARA où, « avec l’argent gagné au service du Directoire et grâce aussi aux cadeaux de sa sœur et du Sultan, il fait construire une maison, située près de l’église, et qui est appelée « A CASA DI I TURCHI ».

Augustin FRANCESCHINI le dernier des frères de DAVIA, est né à CORBARA en 1772. Après quelques années de vie dans ce village, il part à PORTO-RICO en février 1829."


DSC_0147.JPG

A Palasca (Balagne), sous le regard impavide de Jeanne d'Arc (!), l'orgue d'A.P. Saladini (1833) sur sa  tribune du papa Anton Giuseppe Saladini,

Palasca Ste Cécile et le roi David.jpg

se place lui aussi sous la protection de Ste Cécile et du Roi David, peints en médaillons sur les volets.

Sant Antonino orgue tribune et buffet.jpg

A Sant' Antonino, sur la magnifique tribune baroque peinte par Vicente Suarez en 1789, trône l'orgue Pomposi aujourd'hui vide, et construit à l'origine pour le couvent de Marcassu tout proche:

 

 

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(les panneaux peints avant leur réinstallation sur le buffet)

 le concert mystique de Sainte Cécile,

en compagnie des anges musiciens,

et toujours par la main élégante de Vicente Suarez ...

 

DSCN5981.JPG

A Piedicroce,  les volets de l'orgue vénérable de Spinola (1619)

 

Piedicroce orgue Spinola 1619 volets repeints XIX°Ste Cécile et le Roi David .jpg

accueillent aussi nos deux saints patrons, maladroitement et fortement repeints au XIX° siècle après le transfert en 1844 de la cathédrale Ste Marie de Bastia à St et St Paul de Piedicroce:

Piedicroce orgue Spinola  volets ouverts.jpg

En vérité, et si je puis me permettre,

le ramage vaut mille fois mieux que le plumage!



 

6328356.jpg

(photo de Michel-Edouard Nigaglioni)

à Lozzi (Niolu), sur le rideau cachant un orgue désormais vide (on m'a raconté que les tuyaux ont naguère été joués aux cartes !) le Roi harpiste joue en duo

 

6270456.jpg

avec Ste Cécile, non plus à l'orgue mais à la cetera (ce bel instrument traditionnel de la Corse, de la famille des cistres) , cette fois-ci!

Peinture de Desanti (1824-1892).


Ochjatana orgue Luiggi de Ferrari 1839 et tribune Fabio Lecca blog.jpg

à Ochjatana (Balagne), sur la tribune signée de Fabio Lecca, l'orgue de Luiggi de Ferrari (1839) ,

Occhiatana orgue détail ste Cécile blog.jpg

cette jolie peinture de notre Ste Cécile à l'orgue entourée de dévots: le peintre (?) se serait-il représenté en bas à gauche ?

 

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A Pioggiola (Ghjunsani), la tribune (1814) de l'orgue d'A.P. Saladini (1844)

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accueille sa Ste Cécile sage comme une image

 

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Et à Omessa, voisine de Corte, la pauvre petite Ste Cécile se sent désormais  bien solitaire sur sa tribune muette et vide ...

 

 

Speloncato orgue Crudeli volets ouverts blog.jpg

Quant à Speluncatu,

l' organiste de Speloncato blog.jpg

notre petite organiste Ste Cécile, peinte comme tout cet ensemble  par l'énigmatique Grunwaldo Graffini, s'est modestement nichée dans le coin gauche sur la conque de la somptueuse tribune d'A.G. Saladini de l'orgue Crudeli de la Collégiale (1810) ,

Speluncato volets fermés blog.jpg

cédant au Roi David la place de choix sur les volets:

Speloncato le Roi David volet détail.jpg

si, si, c'est bien lui, même s'il est imberbe, 

je reconnais sa harpe et tout le decorum!

Piedigriggio orgue.jpg

à Piedigrisgio (Ghjuvellina),

sur le petit orgue anonyme,

orgue de Piedigriggio Roi David.jpg

un peu trop ripoliné,  c'est toujours lui,

revêtu de pourpre et d'hermine comme un vieux Roi

sur les buvards de mon enfance

il accompagne la mélopée de ses Psaumes:

 

avec Darius Milhaud:

http://youtu.be/gPqfoq4Gd4Y

***

castiglione tribune ste Cécile.jpg

A Castiglione (Ghjuvellina), dans la petite église on aurait bien aimé avoir un orgue: la  tribune (mi- XIX° s.) abrîte un vieil harmonium sous la protection de Ste Cécile, du Roi David et de St Antoine de Padoue

Castiglione ste Cécile blog.jpg

au centre, notre Cécile, porte un bien joli turban.

Corte orgue sta Croce.jpg

Le même peintre réalise des années plus tard le décor de la tribune du petit orgue anonyme de la confrérie Santa Croce de Corte: cet orgue vient d'être relevé par Jean-François Muno et l'église va prochainement faire l'objet d'une restauration devenue urgente, comme on le voit ici ...



Mais l'on rencontre également Sainte Cécile en dehors des tribunes d'orgues:

 

San Martinu di Lota Ste Cécile Michel  Ames du purgatoire.jpg

Comme ici, peinte par Marc-Antoine de Santis (XVII° s.) à San Martinu di Lota (Cap Corse): elle intercède en compagnie de St Michel pour les âmes du Purgatoire,

San Martinu di Lota Ste Cécile Michel  Ames du purgatoire détail orgue.jpg

tant est grand le pouvoir de la foi et de la musique: elle tient à la main la palme de son martyre et un petit orgue  posé sur le Livre.

 

Scata Ste Cécile M A de Santis blog.jpg

A Scata (Castagniccia), le même et talentueux M.A. de Santis peint cette belle Ste Cécile qui malheureusement souffre terriblement de l'humidité de l'église paroissiale Ste Cécile et de l'impécuniosité de cette petite commune de l'Ampugnani ...

 

Giordani J -  Tableau d'autel - 1862 - église de  Pianello.jpg

 A Pianellu (vers Aleria), le peintre Giordani exprime en 1862 la même dévotion dans son tableau d'autel dans l'église Sainte Cécile: merci M.E. Nigaglioni!


Et pour ceux qui veulent en savoir plus sur Ste Cécile:

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9cile_de_RomRaffaël Ste Cécilia 1514 Pinacoteca Nazionale Bologna.jpg

la Sainte Cécile de Raphaël (1514, Pinacothèque de Bologne) ornait à l'origine l'autel de la chapelle cécilienne de San Giovanni in Monte à Bologne.

Ici Cécile délaisse les instruments terrestres, déglingués, fracassés au sol pour mieux participer à la musique des anges.

Sa Passio date de la fin du V° siècle et sa légende doit beaucoup à l'Histoire de la persécution vandale de Victor de Vite (486).

L'histoire raconte que le pape  Pascal 1er  transféra en 821 ses reliques du cimetière de Saint Calixte dans la basilique de Sainte Cécile- du-Transtévère, élevée sur l'emplacement du palais qu'elle habitait ( Sainte Cécile était une jeune patricienne de la gens Caecilia ,du nom caecus, aveugle).

En 1599, le pape Clément VIII fit ouvrir le cercueil de Ste Cécile et l'on découvrit avec stupéfaction que le corps de la jeune sainte gisait intact, la tête à moitié tranchée, et couchée sur le côté droit dans la position de son martyre, semblant faire un dernier signe de la main, trois doigts levés pour témoigner la Trinité. Cette découverte fut immortalisée par le sculpteur Stefano Maderno

 

la ste Cécile de Maderno.jpg

 

la Sainte Cécile de Moderno à l'église Sainte Cécile du Trastevere à Rome

voir le lien:

www.rome-passion.com/sainte-cecile-trastevere.html

 

Ce qu'en dit Jacques de Voragine

dans La Légende dorée ( rédigée  entre 1261 et 1266 par Jacques de Voragine, dominicain et archevêque de Gênes)


SAINTE CÉCILE,

vierge et martyre, célébrée le 22 novembre:

 

 

Cécile, jeune fille romaine, de race noble, et nourrie dès le berceau dans la foi du Christ, portait toujours un évangile caché dans sa poitrine, priait nuit et jour, et demandait au Seigneur de lui conserver sa virginité. Elle fut cependant fiancée à un jeune homme nommé Valérien. Le jour de ses noces, elle revêtit ses chairs d’un cilice, par-dessous les robes dorées ; et, pendant que les orgues jouaient, elle, s’adressant à Dieu seul, chantait : « Permets, Seigneur, que mon cœur et mon corps restent immaculés ! » Vint enfin la nuit, et Cécile se trouva seule avec son fiancé dans le silence de sa chambre. Et elle lui dit : « Doux jeune homme bien-aimé, j’ai un mystère à te révéler, à la condition seulement que tu me jures de ne point me trahir ! » Puis, Valérien le lui ayant juré, elle lui dit : « Sache donc que j’ai pour amant un ange de Dieu, et que mon amant est jaloux de mon corps. S’il apprenait que, même légèrement, tu m’aies touché d’un amour impur, aussitôt il te frapperait et te ferait perdre la fleur de ta belle jeunesse. Mais si, au contraire, il apprend que tu m’aimes d’un amour pur, il t’aimera autant que moi et te montrera sa gloire ! » Alors Valérien, inspiré de Dieu, dit : « Si tu veux que je te croie, fais-moi voir cet amant ! Et si c’est en vérité un ange, je ferai ce que tu me demandes. Mais si ton amant est un homme, je. le tuerai avec toi ! » Et Cécile : « Pour que tu voies mon amant, il faut que tu croies dans le vrai Dieu, et que tu promettes de te faire baptiser. Va à trois milles d’ici, dans la voie Apienne ! Tu y trouveras des pauvres, à qui tu diras que Cécile t’envoie vers eux pour qu’ils te conduisent auprès du saint vieillard Urbain. Et quand tu seras en présence de ce vieillard, répète-lui. mes paroles ! Il te purifiera ; et, à ton retour ici, tu verras l’ange ! » Valérien se mit en route, et alla trouver l’évêque saint Urbain, qui se cachait parmi les tombeaux des martyrs. Et quand il lui eut répété les paroles de Cécile, le vieillard, levant les mains au ciel, s’écria : « Seigneur Jésus-Christ, bon pasteur, recueille le fruit de la semence que tu as semée en Cécile! Car voici que, ayant reçu pour mari un lion farouche, ta servante te l’as envoyé comme un doux agneau ! » Aussitôt apparut un vieillard tout vêtu de blanc, qui tenait un livre écrit en lettres d’or. À sa vue, Valérien, épouvanté, se jeta sur le sol; mais le vieillard le releva et lut dans son livre : « Un seul Dieu, une seule foi, un seul baptême! » Puis il dit à Valérien : « Crois-tu à tout cela, ou bien doutes-tu encore ? » Et Valérien de s’écrier : « Il n’y a rien sous le ciel à quoi je croie davantage ! » Aussitôt le vieillard disparut. Valérien reçut le baptême des mains de saint Urbain ; et, quand il revint auprès de Cécile, il la trouva s’entretenant avec un ange, dans sa chambre. Et cet ange tenait en main deux couronnes de roses et de lis, dont il donna l’une à Cécile et l’autre à Valérien, en disant : « Gardez ces couronnes avec un cœur pur et un corps immaculé, car je vous les ai apportées du paradis de Dieu ! Jamais elles ne se faneront ni ne perdront leur parfum ; mais ceux-là seuls pourront les voir qui aimeront la chasteté. Quant à toi, Valérien, puisque tu as suivi le sage conseil de Cécile, demande ce que tu veux, et tu l’obtiendras ! » Et Valérien : « Il n’y a rien dans cette vie qui ne me soit plus précieux que l’affection de mon frère unique. Je désirerais donc, que comme moi, il reconnût la vérité ! » Et l’ange : « Ta demande plaît à Dieu. Sache que tous deux, ton frère et toi, vous irez au Seigneur avec la palme du martyre! »

Là-dessus entra dans la chambre le frère de Valérien, Tiburce. Et, frappé du parfum des fleurs, il dit : « Je me demande d’où peut venir, en cette saison, ce parfum de roses et de lis. Sans compter que, si même j’avais les mains pleines de ces fleurs, je ne me sentirais pas imprégné de leur parfum aussi profondément ! » Et Valérien : « C’est que nous avons des couronnes faites de ces fleurs, et dont l’éclat n’est pas moins merveilleux que le parfum. Mais tes yeux ne peuvent les voir ; ils le pourront, seulement, si tu consens à partager notre foi. » Et Tiburce : « Est-ce que je rêve, ou bien me parles-tu vraiment ? » Et Valérien : « C’est jusqu’à présent que nous avons rêvé ; et désormais nous nous sommes éveillés à la vérité. » Et Tiburce : « Comment sais-tu cela ? » Et Valérien : « C’est un ange qui me l’a appris ; et tu pourrais le voir, comme nous, si, après avoir renoncé aux idoles, tu te faisais purifier. » Après quoi Cécile lui démontra avec tant d’évidence l’inanité des idoles, que Tiburce s’écria : « Celui qui ne croit pas à cela est une bête brute! » Alors Cécile, lui baisant la poitrine, dit : « Je reconnais en toi mon frère, et c’est Dieu qui a fait de toi mon frère, comme de ton frère il a fait mon mari. Va donc avec Valérien pour te faire purifier, afin qu’à ton retour tu puisses contempler le visage de l’ange ! » Et elle demanda à Valérien de conduire son frère auprès de l’évêque Urbain. Alors Tiburce : « Serait-ce le même Urbain qui se cache quelque part, après avoir été tant de fois condamné ? Mais, si on le découvre, on le brûlera, et nous serons brûlés avec lui ; et, pendant que nous chercherons au ciel une divinité cachée, nous trouverons sur la terre les angoisses du supplice ! » Et Cécile : « Si la vie d’ici-bas était notre seule vie, nous aurions raison de redouter de la perdre. Mais il y a une autre vie, meilleure, et qui ne se perdra point. C’est celle que nous a annoncée le-Fils de Dieu. » Puis elle lui raconta l’avènement du Christ et sa passion. Si bien que Tiburce dit à son frère : « Par pitié, conduis-moi vite vers cet homme de Dieu, pour que je reçoive ma purification ! » Et dès qu’il fut baptisé, il put, lui aussi, voir l’ange, et obtenir de lui ce qu’il désirait.

Ainsi convertis, Valérien et Tiburce passaient leur temps à distribuer des aumônes et à ensevelir les corps des martyrs. Ce qu’apprenant, le préfet Almaque leur demanda pourquoi ils ensevelissaient des hommes justement condamnés pour leurs crimes. Et Tiburce : « Plût à Dieu que nous fussions dignes d’être les esclaves de ceux que tu appelles des criminels ! Car ils ont su dédaigner ce qui paraît exister et n’existe pas ; et ils ont trouvé ce qui paraît ne pas exister et qui existe ! » Et Almaqué : « De quoi parles-tu là ? » Et Tiburce : « Ce qui paraît exister et qui n’existe pas, c’est tout ce qui est dans ce monde ; et c’est cela qui conduit l’homme, lui aussi, à ne pas exister. Et ce qui paraît ne pas exister et qui existe, c’est le salut des justes. » Le préfet lui répondit qu’il déraisonnait. Puis, s’adressant à Valérien : «. Puisque ton frère a le cerveau dérangé, toi, du moins, essaie de me répondre raisonnablement ! Dis-moi ce qui vous porte à dédaigner les plaisirs de la vie et à rechercher les souffrances. » Valérien répondit que, l’hiver, il avait vu des oisifs se moquant du pénible travail des laboureurs ; mais, l’été venu, et la saison des moissons, ceux-là se réjouissaient dont on s’était moqué, tandis que les railleurs se mettaient à pleurer. « Et de même, nous aussi, nous supportons la fatigue et les injures ; mais plus tard nous recevrons la gloire et la récompense éternelles. Et vous, qui éprouvez ici-bas une joie partagée, vous trouverez dans l’avenir le deuil éternel ! » Et le préfet : « Ainsi nous, princes glorieux, nous n’aurions à attendre qu’un deuil éternel, tandis que vous, misérables, vous posséderiez une joie sans fin ? » Et Valérien : » Vous n’êtes-que de pauvres hommes, et non pas des princes. Nés comme nous, vous aurez seulement à rendre à Dieu des comptes plus forts. » Alors le préfet : « A quoi bon tous ces bavardages ? Sacrifiez aux dieux, et vous vous en irez librement ! » Et comme les deux saints se refusaient à sacrifier, le préfet les confia à la garde de Maxime, qui allait, lui aussi, devenir un saint. Et Maxime leur dit : « Ô fleur pourprée de la jeunesse, ô couple charmant et tendre, d’où vient que vous couriez ainsi à la mort comme à un festin ? » Valérien lui répondit que, s’il voulait partager leur foi, il pourrait, après leur mort, contempler la gloire de leurs âmes. Et Maxime : « Je veux que la foudre m’anéantisse, si, quand j’aurai vu ce que vous me promettez, je ne proclame pas que votre Dieu est le seul vrai Dieu ! » Sur quoi Maxime et toute sa famille et tous les gardiens se convertirent, et reçurent le baptême des mains d’Urbain, qui vint en secret dans la prison.

Le lendemain, à l’aurore, Cécile s’écria : « Allez, soldats du Christ, rejetez l’œuvre des ténèbres, et revêtez les armes de lumière! » On conduisit les martyrs à quatre milles de Rome, devant une statue de Jupiter. Et comme ils se refusaient à sacrifier, ils eurent la tête tranchée. Et Maxime affirma sous serment qu’il avait vu des anges briller autour d’eux et emporter leurs âmes vers le ciel, pareilles à des vierges qu’on porte dans leur lit. Ce qu’entendant, Almaque ordonna que Maxime fût frappé de verges plombées jusqu’à ce que mort s’ensuivît. Cécile recueillit son corps et l’ensevelit à côté de ceux des deux saints.

Après cela, Almaque s’enquit des biens laissés par ceux-ci. Et, découvrant que la femme de Valérien était chrétienne, il lui ordonna de sacrifier aux idoles, sous peine de mort. Les soldats qui la conduisaient l’engageaient à se soumettre, désoles de voir une jeune femme si belle et si noble se livrer à la mort. Et elle leur dit : « Chers amis, ce n’est point là perdre sa jeunesse, mais faire un échange ; c’est donner de la boue et recevoir de l’or, c’est donner une cabane et recevoir un palais. Si quelqu’un vous offrait une livre pour un sou, ne vous hâteriez-vous pas d’accepter son offre? Or Dieu rend au centuple tout ce qu’on lui donne. Croyez-vous à tout ce que je vous dis ? » Et eux : « Nous croyons que ton maître le Christ est le vrai Dieu, puisqu’il possède une servante telle que toi ! » Et l’évêque Urbain les baptisa, au nombre de plus de quatre cents.

Puis Cécile comparut devant Almaque et répondit à ses questions en proclamant sa foi. Alors Almaque : « Laisse maintenant tes folies, et sacrifie aux dieux ! » Et Cécile : « C’est toi qui me parais atteint de folie : car, là où tu vois des dieux, nous ne voyons que des pierres. Étends la main, et constate du moins parle toucher ce que tes yeux ne parviennent pas à voir ! » Almaque, furieux, la fit ramener dans sa maison, où, jour et nuit, il ordonna qu’elle fût plongée dans un bain d’eau bouillante. Mais elle y resta comme en un lieu frais, et sans que même une goutte de sueur parût sur elle. Ce qu’apprenant, Almaque ordonna qu’elle eût la tête tranchée dans son bain. Le bourreau la frappa de trois coups de hache ; et comme elle vivait toujours, et que la loi défendait de frapper les condamnés de plus de trois coups, la sainte fut laissée encore respirante. Elle survécut trois jours à son supplice. Elle distribua aux pauvres tous ses biens, et recommanda à l’évêque Urbain tous les fidèles qu’elle avait convertis, en disant : « J’ai demandé au ciel ces trois jours de délai pour te faire une dernière fois mes recommandations, et pour te prier de consacrer une église sur l’emplacement de cette maison où je meurs. » Puis elle rendit l’âme, et saint Urbain, après l’avoir ensevelie, transforma sa maison en église, comme elle l’avait de- mandé. Elle mourut à l’âge de vingt-trois ans, en l’an du Seigneur 200, sous l’empereur Alexandre. Mais d’autres historiens veulent que son martyre ait eu lieu vingt ans plus tard, sous le règne de Marc-Aurèle."


Je rappelle au sujet des volets d'orgues peints en Europe ce beau livre paru en 2001 à Rotterdam (où se glisse un chapitre sur la Corse dans le concert de l'Europe)  :

 

ste cécile,le roi david,tribunes et volets d'orgues peints en corse,psaumes de david,davia,corbara,zilia,sant antonino,speloncato,piedigrisgio,castiglione,san martinu di lota,lozzi,ochjatana,palasca,pianellu

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Je ne suis pas sûre, hélas, qu'il soit encore disponible.

ISBN 90-804439-2-1

NUGI 912



 

 

 

 

 

 

 

 

 


29/04/2012

en Corse, les mazzeri et le destin

Je retransmets ce lien adressé par Anne de Giafferi qui intéressera sans doute beaucoup les amis:

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" De toutes les vieilles croyances insulaires, celle des mazzeri est sans doute la plus mystérieuse. Ces héritiers d’un savoir occulte font partie de la mémoire collective corse. Les mazzeri, homme ou femme sont dotés de pouvoirs et de facultés de voyance en état de transe, d’extases ou de sommeil lors desquels ils fréquentent l’au-delà. Comme vision de la mort, le mazzerisme subsiste dans certaines régions du centre et du Sud de la Corse. Les mazzeri sont les derniers témoins d’une religion du destin, ce fatum romain qui hante le bassin méditerranéen. Anne de Giafferi est allée dans les villages enclavés de la vallée du Cruzini où elle a rencontré Pierrot puis son ami Marius ; pour elle et pour la première fois, ils lui racontent leur don de vision et leur histoire avec les morts."

 

http://www.rtbf.be/lapremiere/emission/programme_par-oui-dire?id=999&scope=past

 

14/04/2012

Jeudi Saint 2012, suite et fin

Suite et fin de notre bonne journée du 5 avril en Castagniccia

Quercitellu sepolcru blog.jpg

à Quercitello, le prieur de la confrérie de Quercitellu, en pleins préparatifs du Catenacciu du Vendredi Saint, a la gentillesse de nous ouvrir l'église San Carlu où est exposée la toile du Sepolcru: une grande douceur se dégage de cette Déploration du Christ veillé par les anges ...

Ficaghja montage sepolcru 1.jpg

Un peu plus tard, à Ficaghja (à côté de La Porta), Petru Vachet-Natali (à gauche sur la photo) nous accueille à l'église de l'Immaculata  Cuncezzione, paroisse de son village natal de Ficaghja. Ecrivain, poète et chroniqueur, cet homme amical et généreux a écrit en 2006 une amoureuse monographie sur Ficaghja en langue corse:

"Monografia e Tupunumia di Ficaghja, cù una ricerca tupunomica nantu à 216 nomi di lochi", publié chez Anima Corsa.

Nous devions arriver en fin d'après-midi, histoire de laisser l'équipe terminer le montage du sepolcru: mais notre arrivée précoce nous permet d'assister à la fin de ce montage délicat.

 

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Installation du ciel ...

 

C'est le plus grand des sepolcri en pavillon réalisés en Corse. Le lucquois Francescu Carli le crée vers 1760 pour ce village.

Ficaja gardiens blog.jpg

les deux terribles gardiens du sepolcru, de part et d'autre à l'entrée de cette chapelle du reposoir

 

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le jugement de Pilate

 

 

 

Ficaghja Jésus au jardin des oliviers blog.jpg

Jésus au Jardin des oliviers

Ficaghja sepolcru Judas blog.jpg

la trahison de Judas: "celui que j'embrasserai " : comme dans une bande dessinée ...

Ficaja sepolcru portement de croix blog.jpg

le portement de croix

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la déploration du Christ, servant d'antependium pour l'autel du sepolcru

Ficaghja sepolcru 2012 carré blog.jpg

le sepolcru de Ficaghja, fleuri et fini,  version 2012.

Petru Vachet-Natali nous a, ce jour là encore, magnifiquement accueillis et, en compagnie du maire, Monsieur Gambotti, nous a très gentiment invités à partager le pot de l'amitié autour de ce patrimoine remarquable ...

Merci Petru!

 Nocario sepolcru 2012.jpg

 Nocario, église san Michele: le petit sepolcru abrité sous sa tente et bien fleuri. Là encore le maire, Monsieur Paul Battesti, nous fait les honneurs de son église paroissiale. Cette mairie active a engagé depuis plusieurs années, des travaux de restauration (par Ewa Poli) qui portent leurs fruits.

 

Nocario atlante autel blog.jpg

Ici l'un des deux atlantes au délicat visage du maître autel restauré par Ewa

 

Nocario atlante autel dos blog.jpg

... vu de dos ...

 

 

Nocario Satan et angelot.jpg

au-dessus du maître-autel, pas vraiment à la fête et coincé entre Saint Michel et un angelot bien rose, Satan noir, moustachu et barbu hurle sa hargne. Bien fait!

Nocario naissance de J.B.jpg

Dans l'église du hameau de Patricaghju, dédiée à la naissance de Saint Jean-Baptiste, cette délicieuse toile de Giacomo Grandi

Nocario naissance J B haut blog.jpg

en haut, sous le regard attendri de Dieu le Père (portrait craché de notre maire Paul Battesti), on apporte le réconfort à Elizabeth qui vient de mettre au monde le Précurseur: la femme de gauche présente des grenades, symbole de fécondité ...

Nocario Petricaghju le bain Jean Baptiste blog.jpg

tandis qu'en dessous, près de la cheminée allumée, l'on s'affaire pour donner son premier bain au nouveau-né: à gauche, une servante bien "mauresque". Beaucoup de tendresse dans cette scène qui évoque toutes les naissances dans les maisons de Castagniccia de cette époque (mi-XVIII° s.) ... Sur un plateau, reconstituants essentiels pour la mère, le vin et les oeufs.

Nocario l'arrivée des confrères de Campana.jpg

et pour clôre cette journée sur sa thématique du Jeudi Saint, l'arrivée en fin d'après-midi de la procession de la Cerca, venant de Campana: cette Cerca comme ses soeurs du lendemain qui partiront de Verdèse et de Nocario, couvre ses douze kilomètres et arrive tard dans la nuit ... Merci à tous d'avoir partagé cette journée si particulière, malgré un temps plus qu'incertain et éclairée par les rencontres de tous ces amis qui donnent du sens à leur patrimoine...

10/04/2012

Jeudi Saint 2012 dans le Rustinu et en Castagniccia, 1° partie

 Frassu sepolcru garde gauche blog.jpgCe jeudi 5 avril, malgré un temps incertain: à l'attention des amis qui ont partagé cette bonne journée dédiée aux sepolcri peints du Rustinu et de la Castagniccia... et des autres ...

Quelques images :

Frassu , église saint Cosme et saint Damien

(Castellu di Rustinu, Pieve du Rustinu, ancien diocèse d'Accia)

 

 

Première rencontre à Frassu, hameau rattaché à la commune de Castellu di Rustinu. Notre ami Toussaint Quilici nous attend à l'église saint Cosme et saint Damien: la veille il a travaillé dur avec son fils pour installer le petit sepolcru  peint au XIX°s. -

Lors du Vendredi Saint 2010 nous avions pu, avec la complicité de Marie Laure la fidèle gardienne de cette église, remonter pour la première fois ces toiles conçues pour une chapelle latérale: une renaissance miraculeuse après cinquante ans de sommeil.

Je vous invite à lire la note (clic droit, ouvrir le lien) :

http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2010/04/10/le-sepolcru-de-frassu.html

Comme il se doit, les deux gardiens du sepolcru nous attendent de pied ferme, la mine patibulaire, barbe drue, solidement campés la lance à la main à l'entrée du sepolcru, costumés, casqués et empannachés " à l'antique" façon centurions (d'opérette):

 

le sepolcru de Frassu blog.jpg

les deux toiles ont été découpées de façon à s'encastrer parfaitement sur le muret qui délimite la chapelle latérale, et contre la chaire de prêche.

Epousant l'arc, la toile supérieure "raconte" la Passion avec la représentation des " Arma Christi": le visage du Christ sur le voile de sainte Véronique, la colonne de la dérision surmontée du coq du reniement de saint Pierre, l'échelle, la lance etc ...

Toussaint a trouvé la solution pour replacer le quatrième élément: il y a deux ans, nous n'avions pas su où l'installer. Ici, il le tient à bout de bras, faute d'avoir pu le fixer correctement. Fermant  la chapelle du sepolcru, il présente le saint Sacrement gardé par deux anges et invite à son adoration. Il fallait- je le pense - entrer à genoux - dans cet espace du reposoir.

Ce sepolcru, malgré sa modestie,  délivre les deux messages essentiels et complémentaires  aux fidèles qui viennent prier ici lors de la Semaine Sainte: invitation à partager  la Passion du Christ et adoration du Saint Sacrement.


dans le silence de la Chapelle San Tumasgiu di Pastureccia

(Castellu di Rustinu)

 

4 san Tumasgiu 2 blog.jpg

Pour un bref historique de la chapelle, voir la note:

http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/02/26/san-tumasgiu-di-pastureccia-castellu-di-rustinu.html

Pour une description des fresques, voir les notes:

http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/02/27/les-fresques-de-san-tumasgiu-di-pastureccia.html

http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/03/02/3-les-fresques-de-san-tumasgiu-suite-et-fin.html

 

la Cène ensemble droit blog.jpgNous nous sommes arrêtés revisiter cette chapelle ornée de ces fresques merveilleuses dont on attend avec impatience la restauration: il a été décidé de procéder à des fouilles archéologiques avant d'attaquer les travaux. Espérons que les intempéries qui risquent d'altérer ces fresques déjà fragilisées (problèmes d'étanchéité du toit) n'auront pas le temps d'agraver la situation.


Il se dégage dans cette chapelle, malgré tous les dégats passés dont elle porte les stigmates, une athmosphère d'une grande douceur et d'une profonde humanité, : ici, ce détail de la Cène nous montre les apôtres en désarroi, s'interrogeant mutuellement, la main sur la poitrine: Jésus vient de leur annoncer que l'un d'entre eux va Le trahir cette nuit même ...

 

Crucifixion et Mère blog.jpg

Achevant ce cycle de la Passion sur le mur Nord, la Crucifixion avec Marie au pied de la croix. Bouleversant.

visage du Christ blog.jpg

 et ce visage clos du Christ,

rescapé d'un élément peint sur le pied-droit de l'abside ...


Castellu di Rustinu, église paroissiale Santa Nunziata

Castellu di Rustinu façade église blog.jpg

la façade et le campanile, l'un des plus beaux de la région ...

Castellu di Rustinu maître autel Baino blog.jpg

Un somptueux maître-autel de Domenico Baina (restauration d'Ewa Poli):

l’architecte peintre-stucateur Domenico Baina (ou Baino) , était originaire de la région de Côme (état de Milan) : ses talents multiples se sont exercés en Corse entre 1695 et 1732. Un art baroque raffiné, coloré, qui enchante lorsqu'on redécouvre ses décors peints parfois sous les badigeons tardifs. Il contribuera à la formation de Giovanni Raffali, le premier peintre-stucateur de la célèbre dynastie des Raffali, originaire de la pieve d'Orezza.

chaire.jpg

la délicieuse chaire de prêche de Ignaziu Saveriu Raffali: rideau et rinceaux fleuris, ange grâcieux ...

Castellu chemin de croix Christ cloué sur la croix blog.jpg

le chemin de croix de Giacomo Grandi (mi- XVIII° s.):

Jésus cloué sur la croix, en compagnie de trois personnages hauts en couleur, tels qu'on les retrouvera dans les grands décors des sepolcri peints: même thématique, mais ici taille modeste pour cette dévotion du chemin de croix qui implique un déplacement circulaire autour de l'église, le long des quatorzes stations illustrant la Passion du Christ.

Ici, à gauche, un légionnaire armé d'une hallebarde contrôle la scène; à droite, un bourreau  mauresque armé d'un efficace marteau de menuisier, tel qu'il était utilisé par les falegname de l'époque de Grandi, crucifie Jésus, sous le regard d'un autre personnage, censé être un centurion je suppose, mais totalement orientalisé, portant turban et aigrette ...

Sur le patrimoine exubérant des Chemins de croix peints en Corse, vous pouvez aller voir la note:

http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2011/03/30/chemins-de-croix-de-corse.html


Castellu sepolcru ensemble montage blog.jpg

et ce que vous n'avez pas pu voir, puisque ce magnifique sepolcru (en mauvais état et digne de restauration) de l'église  de Castellu di Rustinu, remonté pour la première fois en janvier 2012, avait regagné les coulisses lors de notre passage. Ce sepolcru servait naguère non seulement pour le reposoir de la Semaine Sainte mais accompagnait également la Passion jouée par les villageois de Castellu ...

Je vous invite donc à ouvrir la note consacrée dernièrement à ce sepolcru de Castellu di Rustinu:

http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2012/02/03/le-sepolcru-de-castellu-sort-de-l-ombre.html


( à suivre!)

 

 

 



 

31/03/2012

les Sepolcri de Corse du Rustinu et de Castagniccia, Jeudi Saint 5 avril

 

 comme chaque année l’Association Saladini propose une journée de découverte autour

du patrimoine de la Semaine Sainte en Corse:

Chemins de Croix et Sepolcri dans le Rustinu et en Castagniccia

Ficaghja sepolcru 2011 carré blog.jpg

le sepolcru de Ficaghja

VENDREDI 18 AVRIL 2014

 

à la rencontre d'un patrimoine caché et éphémère de la Corse :

u sepolcru, le sépulcre, quel que soit son support, fait partie intégrante de la mise en scène dramatisée de la Semaine sainte, où se joue toujours, au sein d’une communauté villageoise ou citadine, le partage ritualisé de la Passion du Christ. Dans certains villages l’on a créé de véritables décors peints  qui accompagnent l’ardente religiosité de la Semaine Sainte : en Castagniccia, en particulier, des décors, parfois de très grande taille,  furent peints au XVIII° et au XIX° siècle – et ne sont, par principe, visibles que quelques jours par an. La journée du Vendredi 18 Avril sera donc l’occasion d’aller à la rencontre de ce patrimoine extraordinaire de quelques villages des pieve du Rustinu, de l’Ampugnani et d'Orezza, et d’éclairer l’ensemble des rituels de la Semaine Sainte : Chemins de Croix, Granitula, Cerca, Parata  …

Nous commencerons notre pélerinage à Frassu, où nous avons rendez-vous avec l'église romane St Côme et St Damien et son petit sepolcru peint et avec des habitants de la région qui apporteront leur témoignage sur ces pratiques fortement ancrées naguère dans ces communautés.

Rendez-vous à 9 H sur le parking de la gare de Ponte Novu.

Renseignements :

06 17 94 70 72 ou 04 95 61 34 85