01/04/2013
Désanctuarisation de la Corse: La Testa Ventilegne constructible ?
Je relaie cette information de U Levante ...
Objet : La Testa Ventilegne constructible ?
• EN CORSE ON DÉSANCTUARISE
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La Testa Ventilegne, espace remarquable, deviendrait constructible
www.ulevante.fr/la-testa-ventilegne-espace-remarquable-deviendrait-...En cache
Il y a 5 jours – La Testa Ventilegne, espace remarquable, deviendrait constructible… ... U Levante gagne face au maire de Calvi : la pinède est inconstructible ...(recherche sur google ...)
Demain, jeudi 28 mars, le Conseil des sites rendra-t-il la Testa-Ventilegne constructible au cœur du site remarquable ?
> U Levante : moi aussi j'agis. Lire
> ( http://www.ulevante.fr/adherer/ )
( http://www.ulevante.fr/ ) (clic droit: vous retrouverez les articles de U Levante)
10:45 Publié dans environnement en Corse, patrimoine de corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la testa ventilegne, u levante | Facebook |
03/03/2013
Conférence de Michel-Edouard Nigaglioni au SPAZIU
Vendredi 8 mars à 18 h, au Spaziu à l'Ile Rousse,
conférence de Michel-Edouard Nigaglioni
sur l'invitation du Spaziu et de l'Association Saladini
C'est avec beaucoup de plaisir et d'intérêt que nous viendrons écouter ce passionné du patrimoine insulaire: merci à Marie-Noëlle Acquaviva et au Spaziu de l'accueillir en Balagne.
Pour ceux qui ne connaitraient pas Michel-Edouard Nigaglioni:
Michel-Edouard Nigaglioni, né en 1964 à Marseille, est issu d’une famille originaire de Morsiglia, dans le Cap Corse. Historien de l’art, il est diplômé de l’Université de Provence et de l’Université de Corse ; il s’est spécialisé dans la peinture corse de la période baroque. Directeur du Patrimoine de la Ville de Bastia, et Conservateur Délégué des Antiquités et Objets d’Art du Département de la Haute-Corse, il est l’auteur de nombreux articles publiés dans des revues historiques ou des catalogues d’exposition, publiés en France et en Italie. Il est l’auteur de notices biographiques concernant des peintres corses publiées dans l’Encyclopaedia Corsicae (2004), le Dictionnaire historique de la Corse (2006) et l’Encyclopédie Bonneton – Corse (2006). Il vient de publier récemment aux éditions Alain Piazzola une Encyclopédie chronologique illustrée des peintres, dessinateurs et graveurs actifs en Corse, des origines à la fin du XIXe siècle. Cet ouvrage de 372 pages fait la synthèse de 18 années de recherches menées dans les archives, les musées, les églises, les collections particulières et les demeures privées.
***
J'avais fait l'annonce (ci-dessous) de la parution de son Encyclopédie en décembre 2012 : un ouvrage essentiel à acquérir impérativement, si vous ne l'avez pas encore fait!
La nouvelle qu'on attendait avec impatience:
l'Encyclopédie des peintres actifs en Corse de Michel-Edouard NIGAGLIONI vient enfin de sortir en librairie, une somme et un très bel ouvrage édité par Alain Piazzola, qui couronne d'innombrables années d'études et de recherches de notre infatigable ami historien de l'art .
Une prouesse et une mine de renseignements pour tous ceux qui s'intéressent à l'expression artistique en Corse et à ses créateurs, que ce soit dans le patrimoine public ou privé.Merci, cher Michel-Edouard, de ce beau cadeau de fin d'année, à consommer et à offrir sans compter!
Nous manque seulement la note biographique de Monsieur ANONYME, né il y a déjà tant de siècles, et toujours vaillant en plein XIX°, omettant d'apposer sa signature sur les chemins de croix populaires des petites églises ou les ex-votos, bref, un artiste humble et protéiforme, toujours prêt à mettre son pinceau ou sa gouge au service de la communauté, parfois bien inspiré, et malgré quelques maladresses, toujours efficace.
07:40 Publié dans artistes de corse, conférence sur la Corse, corse, histoire de l'art, livres sur la corse, patrimoine de corse, regards sur l'art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : conférence sur les peintres actifs en corse, michel-edouard nigaglioni, encyclopédie des peintres actifs en corse, alain piazzola, association saladini, spaziu | Facebook |
22/02/2013
Montemaggiore - l'église Saint Augustin de Montemaggiore
Sant'Agustinu, église paroissiale de Montemaiò -
Pieve de Pino, Diocèse de Sagone -
a ghjesgia Sant'Agustinu chjama à l'aiutu!
A l'aide!
Façade tournée vers la plaine, l'église Sant'Agustinu a fière allure, se détachant du village sur fond de montagne enneigée ...
Une silhouette qu'elle n'a pas toujours eu:
" (...) la description de Mgr Mascardi * montre que l'édifice se présentrait en son temps comme une église romane; déjà alors elle avait remplacé la piévanie et servait de paroisse :
" ... Elle est assez grande ... les murs sont peints et blanchis ... le maître-autel est placé sous une abside ... il possède une croix peinte ert dorée ... du côté de l'Evangile se trouve un siège épiscopal ... le vase d'eau bénite du baptistère est de forme ronde ..."
( Geneviève Moracchini-Mazel, Les églises romanes de Corse, 1967, p. 265)
* Petit rappel: Mgr Nicolao Mascardi, originaire de Sarzana, fut évêque de Mariana de 1584 à 1599. Nommé par le Pape Sixte V visiteur apostolique de toute l'île, il visita tous les diocèses de Corse et laissa de ses visites des descriptions très précises et fort précieuses pour les chercheurs.
La piévanie de Pino dont il est question est l'église romane San Raniero : nous reviendrons une autre fois sur cette église pisane du XII° s., qui se trouve entre les deux villages de Montemaiò et Lunghignanu.
L'église Saint Augustin de Montemaggiore, classée Monument historique depuis 1992, se signale de loin par son campanile, érigé en 1651, sa sobre façade baroque au fronton surélevé et par la présence harmonieuse de sa grande coupole centrée, sur un plan en croix grecque très proche de la cathédrale St Jean-Baptiste de Calvi. La lumière ruisselle à l'intérieur sur les murs blanchis à la chaux, jouant sur les stucs et les marbres : une très belle église, fortement remaniée à la période baroque, entre 1750 et 1760, victime un siècle plus tard d'un incendie (le 12 octobre 1875), et qui aujourd'hui souffre de nombreux maux liés à l'humidité, l'impécuniosité, la désaffection du culte, etc ... litanie trop bien connue et qui navre ceux qui s'investissent comme ils peuvent dans leur patrimoine ( en particulier, la responsable du patrimoine à la mairie, Valérie Berti, qui se bat depuis des années pour faire connaître ce patrimoine, organisant des visites guidées) .
Il reste, malgré les dégradations, une impression de lumineuse élégance rythmée par un langage très élaboré de pilastres, de stucs, et par la présence remarquable de marbres polychromes, une richesse insoupçonnable de l'extérieur.
Quelques images:
l
Dans le choeur, le maître-autel du premier tiers XVIII° s. apporte une touche colorée, avec le choix de ses différents marbres chaleureux, le diaspro di Sicilia, le giallo da Siena ...
et accueille avec grâce la belle statue de l'Immaculée Conception et ses compagnons les angelots. Un ensemble anonyme d'une bien belle facture.
La Vierge écrase de ses pieds nus le Serpent et le croissant de lune ...
l'angelot cariatide de droite, à la base de l'autel:
de son index il invite à contempler la Vierge de l'Immaculée Conception.
Les marbres tiennent mieux le temps que la structure de maçonnerie sur laquelle ils sont plaqués...
l'angelot de gauche, en symétrie du précédent
et les deux anges en adoration sur leur petit nuage:
Une autre oeuvre inattendue dans cette église de village:
la magnifique chaire de prêche en marbres polychromes, de la même époque que le maître-autel.
Elle ne déparerait pas une riche église de ville: comme l'autel, elle évoque un passé insigne révolu.
Ce que l'on sait:
"Après la ruine du diocèse calvais, il y a quatorze siècles, Monte-Maxiore accueillit une partie de la population du littoral fuyant l'insécurité. En 1574, Mgr Girolamo Leoni d'Ancona, évêque de Sagone, organise ici un synode, avant de devenir archevêque de Chieti. En 1612, Mge Dom Pierre Lomellino installe un séminaire diocésain jusqu'alors situé à Vico." (Cursichella n°3, Montegrosso, p.88)
Cette belle église de Montemaggiore est donc consacrée à Saint Augustin, ainsi que le signale le cartouche central au-dessus du choeur:
Dessous, la toile représentant Saint Augustin d'Hippone (350/430), faisant l'offrande au Christ, d'une main, de son coeur embrasé d'amour et de l'autre, de sa plume avec laquelle il écrit ... la Cité de Dieu?
Il a déposé sa mitre et sa crosse au pied du crucifix et semble suspendu dans son inspiration. Sa chappe, richement décorée de fleurettes dorées, fait reconnaître à Michel-Edouard Nigaglioni la main du peintre: il s'agit de Salvatore ANGELI , peintre actif en Corse en 1727 (cf. l'Encyclopédie des peintres actifs en Corse, de M.E. Nigaglioni). Cette peinture pourrait être contemporaine de l'ensemble du maître-autel de marbre. La toile a beaucoup souffert.
Dessous, dans sa châsse, une belle statue de St Augustin en bois polychrome:
Deux autres toiles mériteraient largement notre sollicitude et nos soins, toutes deux de la main de Giovan Battista MORO*:
Cette Assomption est signée et datée, Gio. Battista Moro 1706:
(Merci, Michel-Edouard!)
L'autre, malheureusement beaucoup plus abîmée, représente la Sainte Famille:
Ici Moro nous tient sous le charme des personnages encore visibles.
Plutôt que la Sainte Famille, il faudrait nommer cette toile les deux Trinités car il s'agit bien de cela: au premier plan, à l'horizontale, la Trinité terrestre avec Marie et Joseph (le malheureux a perdu la tête ...) encadrant l'Enfant Jésus;
puis au centre et à la verticale, croisant la Trinité terrestre par la personne de Jésus, la Trinité Céleste, avec la colombe de l'Esprit Saint, surmontée de Dieu le Père. Il émane une grande douceur de cette toile:
Jésus marche vers son destin, donnant la main comme tout jeune enfant à sa mère.
Les visages de Jésus et de Marie sont empreints d'une certaine mélancolie et d'humanité,
comme si Giovan Battista Moro avait fait là de véritables portraits d'après nature. L'Enfant Jésus, le regard grave, lèvres serrées, s'avance; Marie, toute jeune et sérieuse, nous dévisage. Dommage que le bon Joseph ait été effacé de cette Trinité terrestre !
* " Giovan Battista MORO: peintre corse, domicilié à Bastia où sa longue activité picturale est attestée de 1699 à 1761. (...) Giovan Battista Moro est l'un des meilleurs peintres de l'école bastiaise du XVIII° siècle." (M.E. Nigaglioni, Encyclopédie des peintres actifs en Corse)
***
Nous avions évoqué, dans une note précédente le très bel autel baroque d'Antonio ou Giuseppe Cagliata, dédié au Rosaire:
surmonté du cartouche contenant sa dédicace,
pieusement et très tardivement
réécrite en français ...
Sous ce cartouche l'on pourra se régaler du discours exubérant et baroquissime qui accompagne le Rosaire: une foule céleste d'angelots bruissent tout autour de la gloire rayonnante de la colombe de l'Esprit Saint, toujours proche de la Vierge,
et , s'apprêtant à couronner Marie, deux anges tiennent la couronne au-dessus de sa tête ...
La toile représente, comme d'usage, les quinze mystères du Rosaire encadrant la remise du Rosaire par la Vierge à l'Enfant à St Dominique et Ste Catherine de Sienne. En prédelle, les Âmes du Purgatoire:
à retrouver sur la note précédente:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2013/02/10/montemaggiore.html
***
Un autre chef-d'oeuvre monumental trône au fond de l'église, dialoguant par-dessus le transept avec le maître-autel:
L'orgue construit par Luigi De FERRARI en 1831.
Rappelons que cet organaro est né à Santa Margherita Ligure en 1807. Luiggi arrive en Corse probablement en 1830 (âgé donc d'à peine 23 ans) par la Balagne où il intervient pour refaire une grande partie de la tuyauterie de l'orgue de son oncle Ciurlo à la cathédrale St Jean-Baptiste de Calvi. Il signe entre 1830 et 1831 ses trois premiers instruments en Corse, à Sainte Marie de Calvi, à Montemaggiore et à Lumio. Luiggi De Ferrari est un facteur d'orgue important pour la Corse de cette première moitié du XIX° siècle : Luiggi construira treize orgues sur l'île entre 1830 et 1845, répondant, comme son collègue et concurrent direct Anton Pietro Saladini, l'organaro de Speloncato, à une forte demande de la part de communautés rurales soucieuses d'affirmer leur réussite et leur foi à travers ce majestueux instrument.
Le soin apporté à la construction et au décor des tribunes et des buffets de l'époque contribue grandement à la beauté de l'église. Même muet, l'orgue est une oeuvre belle à regarder.
L'orgue de St Augustin est seulement signé sur l'une des portes latérales du buffet à la peinture: 1831, Luiggi.
Modestie oblige!
Cet orgue est protégé par les Monuments historiques. Malheureusement ce magnifique instrument reste sans voix, faute de subsides ...
***
L'on ne peut qu'espérer que la communauté trouve l'énergie et les moyens de sauver son église et qu'un riche mécène se penche sur la qualité de ce patrimoine remarquable de Sant' Agustinu et la sorte de son état actuel de dégradation : c'est certainement l'une des plus belles de Balagne.
18/01/2013
Le chef-d'oeuvre de Francesco Giavarini à Costa
Une oeuvre à découvrir en Balagne:
dans le petit village de Costa, Pieve de Tuani,
cette modeste église San Salvatore abrite une oeuvre remarquable :
Francesco Giavarini réalise vers les années 1818- 20 cet étonnant décor peint qui mériterait un programme de sauvegarde et de restauration. Souhaitons que la communauté de Costa puisse, dans un temps proche, trouver les moyens de mettre hors de danger cet ensemble remarquable :
le village de Costa a su, en 2004, et ce, malgré la modestie de ses moyens, faire restaurer cet délicieux petit orgue anonyme du début XIX° siècle. Espérons que l'ensemble du décor peint de Giavarini connaîtra un sort aussi enviable: un dossier est d'ors et déjà en cours pour refaire le toît, ce qui en soi est déjà une prouesse financière pour une toute petite commune (même si les subventions montent à 80%, les 20 % restant à la charge de la communauté pèsent lourd).
Francesco Giavarini est, nous dit Michel-Edouard Nigaglioni (Encyclopédie des peintres actifs en Corse, éd. Piazzola), un "peintre décorateur et peintre de chevalet né en 1781 dans le village de Ciamannacce (Corse-du-Sud). Il s'installe à Bastia , où en 1820 il épouse Marie-Jeanne Bourgeois. Giavarini est l'auteur de décors de grande envergure, tel celui de l'église d'Oletta (signé et daté de 1817) et celui de la cathédrale de Cervione (signé et daté de 1828 (...)".
L'église de Notre-Dame du Carmel à Stoppia Nova (actuellement en restauration), hameau de Quercitellu (Castagniccia) possède un chemin de croix intéressant, peint en 1824 par Giavarini.
Rappelons qu'il est aussi l'auteur des grandes toiles des volets de l'orgue de Corbara (signées et datées de 1819).
Des similitudes dans les décors des deux orgues de Costa (décor du doreur Bernardo Zigliara, en 1819) et de Corbara évoquent fortement des contacts étroits entre ces deux communautés qui semblent avoir fait travailler à la même époque ces deux artistes, Zigliara et Giavarini.
Francesco Giavarini réalise à Costa un décor monumental de grande qualité où se mêlent harmonieusement baroque et néoclassicisme.
Occupant le centre de la voûte, le médaillon du Christ du Sacré Coeur - un coeur brûlant et rayonnant d'amour, couronné d'épines et surmonté de la croix pour une dévotion largement diffusée par la France au XIX°siècle : Giavarini illustre les consignes de son temps.
Encadré, côté choeur, par la scène de la Décollation de Saint Jean-Baptiste.
Giavarini honore sans doute ici la demande de ses commanditaires qui souhaitent donner une place importante à St Jean-Baptiste: l'ancienne église de la Piève de Tuani, dédiée à San Giovanni Battista, dont il ne subsiste aujourd'hui que les murs, fut reconstruite vers le XIV° siècle en remplacement d'une église romane pisane du XI° siècle, qui elle-même aurait remplacé une église paléo-chrétienne. Cette église en ruines se trouve donc sur le territoire de Costa, tout à côté de l'ancien couvent franciscain observantin de Toani, et fort proche du village. Une façon pour les gens de ce petit village de Costa de signifier leur importance dans la Piève, face aux communautés voisines beaucoup plus importantes d' Occhiatana, Belgodère, Ville di Paraso et Speloncato. D'autant que Costa n'a gagné son indépendance sur son voisin Occhiatana que tardivement, devenant vicairie en 1774, et commune distincte à la Révolution française.
De l'autre côté de la voûte, vers l'orgue, cette représentation des trois Vertus théologales:
l'Espérance et son attribut, l'ancre: on est ancré dans la vie chrétienne par une foi solide.
la Foi, voilée, car elle n'a pas besoin de voir pour croire, porte ses attibuts: la croix du Christ et le calice du salut.
la Charité: elle allaite un orphelin ...
Sur les côtés de la voûte, au-dessus de fenêtres en trompe-l'oeïl et alternant avec des motifs végétaux et floraux, des médaillons accueillent des saints, une véritable galerie de portraits:
Saint Aloysius, alias le jeune Saint Louis de Gonzague
Saint Pie V, le pape dominicain, mystique et visionnaire, en fonction lors de la Bataille de Lépante qui opposa la coalition chrétienne au monde ottoman en 1571.
Saint Grégoire le Grand: la colombe de l'Esprit Saint inspire ses écrits, et le Livre ouvert témoigne qu'il est Docteur de l'Eglise.
L'apôtre Saint Paul: visage passionné et barbe ardente, armé du glaive de son martyre et du Livre.
Lui faisant face, de l'autre côté de la nef, le médaillon de Saint Pierre, hélas trop dégradé pour être ici présenté.
Saint Dominique, créateur de l'ordre des dominicains et de la dévotion du Rosaire.
Saint Philippe Néri et son coeur brûlant d'amour: le village voisin de Speloncato abrîtait une congrégation d'Oratoriens, créée par ce grand saint du XVI° siècle, mystique et charitable.
Saint Michel Archange, le peseur d'âmes et le grand pourfendeur de Satan:
je ne résiste pas à l'envie de vous le montrer de plus près, tant il est beau malgré les dégradations dues à l'humidité.
Par ailleurs, Francescu Giavarini a réalisé cette très jolie chaire de prêche en bois polychrome,
qui accueille , outre le motif central " JHS" (Jesus Salvator Hominum) cher aux Jésuites et aux Franciscains, le portrait des quatre Evangélistes et de leur symboles du Tétramorphe:
Saint Marc et son Lion fidèle
Saint Luc et le Taureau
Saint Matthieu et l'Ange, qu'il écoute manifestement!
Saint Jean l'Evangéliste et l'Aigle: jeune, inspiré ( exilé à Patmos, une figure resplendissante - ici le rayon - lui ordonne d'écrire l'Apocalypse) , il rédige l'Evangile le plus spirituel : "Au commencement était le Verbe ...". L'aigle, son compagnon, comme les trois autres attributs des évangélistes, est l'un des animaux de la vision du prophète Ezéchiel:
Au commencement de sa prophétie, Ezéchiel (Ez 1, 1-14) décrit sa vision :
« le ciel s'ouvrit et je fus témoin de visions divines » (Ez 1, 1). « Au centre, je discernais quelque chose qui ressemblait à quatre êtres vivants » (Ez 1, 5).
« Ils avaient chacun quatre faces et chacun quatre ailes (...) leurs sabots étaient comme des sabots de bœuf » (Ez 1, 6-7).
« Quant à la forme de leurs faces, ils avaient une face d'homme, et tous les quatre avaient une face de lion à droite, et tous les quatre avaient une face de taureau à gauche, et tous les quatre avaient une face d'aigle. » (Ez 1, 10).
On ignore tout de cette commande, les archives paroissiales ayant disparu, mais on peut penser que la population de Costa a dû se sentir fière d'une telle réalisation pour sa petite église. Souhaitons seulement que les descendants puissent sauver ce patrimoine exemplaire et menacé.
A propos du Tétramorphe:
Cette représentation du Tétramorphe est très présente, tant dans les chapelles à fresques (voir par exemple: elizabethpardon.hautetfort.com/restauration-du-patrimoine/ - 117k ) soit dans les églises baroques où on la retrouve fréquemment peinte dans les décors plafonnants ...
comme par exemple ici à Nocariu Supranu (Castagniccia), dans la petite chapelle Santa Barbara où notre Saint Marc se retrouve en compagnie d'un gros matou sympathique en guise de Lion,
et où Saint Luc maîtrise avec peine la cabrette-taurillonne fantasque qui lui tient lieu de Taureau ...
Non, non, ce n'est plus Giavarini, mais de l'art populaire et bien savoureux!
23:43 Publié dans artistes de corse, corse, décors monumentaux en Corse, iconographie des saints, patrimoine de corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : francescu giavarini, costa, sacré coeur de jésus, décollation de jean-baptiste, vertus théologales, tétramorphe, ezéchiel, pie v, st philippe neri | Facebook |
13/01/2013
Baptême
Aujourd'hui , évocation du baptême du Christ
et de Saint Jean-Baptiste, patron du baptême
Une représentation assez fréquente dans les églises de Corse, où il n'est pas rare de trouver un autel dédié au baptême.
Morosaglia (Castagniccia), église Santa Reparata (c'est dans cette église romane perchée dans les hauts de Morosaglia, anciennement paroisse de la communauté, que Pascal Paoli reçut le baptême). Ce bel édifice mériterait un programme important de restauration. Ici, l'autel des fonts baptismaux, peinture murale de Ignazio Saverio Raffali ( dit "le vieux"). Dans un médaillon central, au-dessus de la scène du baptême, la Colombe de l'Esprit Saint. Sous l'Esprit, Jean-Baptiste baptise Jésus dans l'eau du Jourdain tandis que le Père bénit son Fils et lui rend témoignage:
" Le peuple venu auprès de Jean Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n'était pas le Messie. Jean s'adressa alors à tous: "Moi, je vous baptise avec de l'eau, mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et dans le feu."
Nicolas Poussin, 1635, Jean-Baptiste baptise les foules, Musée du Louvre, Paris
Comme tout le peuple se faisait baptiser et que Jésus priait, après avoir été baptisé lui aussi, alors le ciel s'ouvrit. L'Esprit Saint descendit sur Jésus, sous une apparence corporelle, comme une colombe. Du ciel une voix se fit entendre: " C'est toi mon Fils bien-aimé; en toi j'ai mis tout mon amour."
(St Luc , 3, 15-16, 21-22)
Muro (Balagne), l'autel des fonts baptismaux.
Ficaghja (Castagniccia), et pour le même usage,
à nouveau une peinture murale d' Ignazio Saverio Raffali (1750). Rappelons qu'Ignazio Saverio Raffali (né en 1715 et actif jusqu'en 1777) est le fils de Giovanni Raffali "le vieux" , et comme son père, se montre un artiste très doué, peintre, sculpteur et stucateur de renom. On lui doit une production extrêmement importante, essentiellement religieuse et d'un baroque coloré et souriant.
Cf. l'Encyclopédie des peintres actifs en Corse, de Michel-Edouard Nigaglioni (Editions A. Piazzola)
A Feliceto, Balagne, le baptistère de marbre, oeuvre vers 1870 du sculpteur Alcide Bertolucci (son père, Giuseppe Bertolucci est originaire de Calabre et travaille dans les églises de Bastia), est l'occasion, pour le riche commanditaire du village, Nicolas Renucci (un sgio bien établi) , d'afficher sa munificence en volant la vedette à St Jean-Baptiste: " SUMPTIBUS D. NICOLI RENUCCI FELICETO" ... on veut bien donner, mais il faut que cela se sache - et cela se vérifiera à chaque baptême!
Dans les premiers temps du christianisme en Corse - comme ailleurs - on ne pratiquait le baptême que dans l'église piévane ou dans le baptistère qui lui était accolé (mis à part les petits baptistères construits parfois très haut, sur les cols, le long des chemins de transhumance, pour baptiser au passage les populations semi-nomades des bergers) , ce qui explique la situation de nombre d'églises romanes pievanes qui nous paraissent "excentrées" par rapport aux communautés d'aujourd'hui: en réalité ces églises piévanes étaient bâties au centre de la piève et drainaient toute la population de la piève par des sentiers convergeants,
comme ici, sur le site magique et désormais désert de la Piévanie de Santa Maria de Rescamone, à Valle di Rostino, avec ses deux baptistères (photo prise depuis l'intérieur du grand baptistère octogonal et roman, en ruine -12° siècle: dans la brêche, l'église piévane de Santa Maria)
Accolée à l'église de Santa Maria de Rescamone, le minuscule baptistère paléo-chrétien: ensemble mis à jour en 1980 par Geneviève-Moracchini Mazel et qui témoigne d'une occupation très ancienne, puisque la première basilique de cette piève et son baptistère remontent, d'après Mme Moracchini-Mazel, à la fin du 4° siècle.
A Corte, le site écarté de San Ghjuvan, avec son baptistère pré-roman (9° siècle), construit à côté de l'église Santa Maria de la Pievanie de Venaco.
A Aregno, au lieu-dit Pieve, l'église romane et pisane de la Trinità - San Ghjuvan-Battista: au-dessus le village médiéval de Sant'Antonino, et dessous, celui d'Aregno. Cette église piévane se trouvait donc au centre des communautés de la région (Sant'Antonino, Aregno, Catteri ...) et les desservait à une époque où les églises paroissiales des villages n'existaient pas encore telles que nous pouvons les rencontrer aujourd'hui.
***
Le baptême du Christ raconté par quelques peintres ...
et avec Palestrina, Gloria et Credo de la Missa brevis (clic droit, suivre le lien):
http://youtu.be/ol67l7H7etA
http://youtu.be/k1cYEZURKVQ
Giotto Chapelle Scrovegni (Arena Chapel), à Padoue
Piero della Francesca, 1448/50, peinture a tempera, National Gallery de Londres
Perugino, vers 1482, fresque de la Chapelle Sixtine, Vatican
Ghirlandaio, fresque de 1486-90
Chapelle Tornabuoni, à Santa Maria Novella, Florence
et cette merveille de Joachim Patenier, dit Patinir (mort en 1524), Kunsthistorisches Museum, Vienne
El Greco, Hospital Tavera, Tolède
Le Tintoret, 1579-81, Scuola Grande di San Rocco, Venise
" Revêtu de magnificence,
tu as pour manteau la lumière!
Comme une tenture, tu déploies les cieux,
tu élèves dans leurs eaux tes demeures.
Des nuées tu te fais un char,
tu t'avances sur les ailes du vent:
tu prends les vents pour messagers,
pour serviteurs, les flammes des éclairs"
(Psaume 104)
18:15 Publié dans corse, iconographie des saints, patrimoine de corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : baptême du christ, st jean-baptiste, ignaziu saveriu raffali, alcide bertolucci, ficaghja, poussin, giottopatinir, ghirlandaio, perugino | Facebook |