21/12/2015
µPM Rene Saorgin en concert à Tende en 1981
(après la disparition de René Saorgin)
René Saorgin en concert à l'orgue de Tende en 1981:
è sempre vivu!
Waouh! quel punch! ça déménage ...
Merci à Marie-Hélène Geispieler et à Frédéric Munoz pour cet envoi: ce qu'il aurait pu tirer des possibilités de l'orgue Serassi de Bastia ... bien sûr on est loin de Frescobaldi avec le Padre Davide: je ne sais trop ce que sera le concert d'intronisation de René Saorgin au paradis, un peu de tout ça je suppose, le tout étant de jubiler, le Bon Dieu n'est pas sectaire!
https://youtu.be/WYw9dxNhDfo
|
![]() |
L'absence de virus dans ce courrier électronique a été vérifiée par le logiciel antivirus Avast. |
18:42 Publié dans concerts d'orgue, René Saorgin | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rené saorgin à tende | Facebook |
la Visitation et le Magnificat
La Visitation
(avec les sonates du Rosaire de H.I.F. Biber :
https://youtu.be/1cwmkvlxBIo )
(Konrad Witz - 1400-1445):
une Visitation imagée des enfants Jean-Baptiste et Jésus dans le ventre de leurs saintes mères ... une sainte "échographie" en quelque sorte que bannira par la suite le Concile de Trente: ici le petit Jean-Baptiste (le plus grand d'entre les hommes) est représenté agenouillé devant son petit cousin Jésus assis comme sur un trône ... Quoi qu'il en soit, des gestes tendres entre les deux femmes enceintes, Elisabeth la vieille femme (l'Ancien Testament) et la jeune Vierge Marie (le Nouveau Testament) : deux grossesses miraculeuses, "Dieu y a bien opéré", comme dit un vieux chant de Noël .
"En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth. Or, quand Elizabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit en elle. Alors, Elizabeth fut remplie d'Esprit Saint, et s'écria d'une voix forte: "Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D'où m'est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l'enfant a tressailli d'allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur."
Saint Luc (1,39-45)
Domenico Ghirlandaio (1491, Musée du Louvre)
Dans sa salutation, Elisabeth s'agenouille devant Marie, lui palpant le ventre, dans un geste familier que nous connaissons tous:
rencontre de l'Ancien et du Nouveau Testament
avec Jacopo Carucci, dit Pontormo
(1529, église San Michele in Carmignano à Florence):
une rencontre et regards d'une grande intensité...
Et en Corse ?
Ce thème, nous le retrouvons fréquemment représenté dans nos églises de Corse, où fleurissent volontiers les Mystères du Rosaire:
comme ici, à Aregno (anonyme, début 17° siècle): les quinze Mystères du Rosaire entourent la Vierge à l'Enfant et Saint Dominique et Sainte Catherine de Sienne, au registre supérieur, tandis que les commanditaires se sont fait représenter au-dessous ...
ou comme ici, à Feliceto (anonyme 1736) ...
C'est le deuxième des Mystères Joyeux, et il succède à l'Annonciation:
ici le détail de la Visitation dans le tableau du Rosaire d'Aregno.
ou ici le détail du Rosaire de Montemaggiore:
une peinture naïve et efficace pour un embrassement sincère et chaleureux...
ou ici, en compagnie du bon saint Joseph protecteur,
dans le très beau Rosaire de Nonza (anonyme, autour de 1610) ...
ou encore là, avec le charmant Rosaire de Carcheto,
attribué à Giuseppe Maria Casalta (fin 17° siècle).
***
En revanche la Visitation est beaucoup plus rarement représentée en Corse en tableau d'autel :
la belle Visitation de Cansito (Poggio Marinaccio), peinte par le lucquois et "corse d'adoption" Francesco Carli, ( 1735 - 1821) en est d'autant plus intéressante.
Comme toujours chez Carli, la douceur des coloris pastels, l'élégance un peu maniériste des gestes accompagnent ce thème de la Visitation avec une réelle intensité: les deux cousines se parlent, s'écoutent, vivent devant nous ce mystérieux instant de la salutation, mais sur le mode intimiste d'une conversation attentive :
"Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni", soit le coeur de l'Ave Maria ...
Et Luc continue ainsi:
(avec le chant grégorien: https://youtu.be/fEzkj8v0fhQ
avec Monteverdi: https://youtu.be/RajAq0Yd-s4
avec Durante: https://youtu.be/pXS9ZqNb3cA
avec Charpentier: https://youtu.be/Hu_5p400SeQ
avec Bach: https://youtu.be/Vr5cKdC3v3E
...et encore Bach: https://youtu.be/TTKSTlKwPPc
"Marie dit alors :
"Mon âme exalte le Seigneur, |
Il s'est penché sur son humble servante ; |
Le Puissant fit pour moi des merveilles ; |
Sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent. |
Il disperse les superbes. |
Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. |
De la promesse faite à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa descendance, à jamais." Marie demeura avec Elisabeth environ trois mois, puis elle s'en retourna chez elle" |
|
Soit le Cantique de Marie, le MAGNIFICAT:
"Magnificat anima mea Dominum,
Et exsultavit spiritus meus in Deo salvatore meo.Quia respexit humilitatem ancillae suae.
Ecce enim ex hoc beatam me dicent omnes generationes.Quia fecit mihi magna qui potens est.
Et sanctum nomen eius.Et misericordia eius in progenies et progenies timentibus eum.
Fecit potentiam in brachio suo.Dispersit superbos mente cordis sui.
Deposuit potentes de sede, et exaltavit humiles.Esurientes implevit bonis, et divites dimisit inanes.
Suscepit Israël puerum suum, recordatus misericordiae.Sicut locutus est ad patres nostros, Abraham et semini eius in saecula."
Interrogé sur le sujet, l'ami Michel Edouard Nigaglioni nous envoie cette Visitation de Marc'Antonio De Santis, dans la chapelle Monserrato (la Scala Santa) de Bastia. Une oeuvre vraiment vivante!
Marie vient d'arriver - à dos d'âne, semble-t-il, menée par son fidèle époux Joseph portant le baluchon sur l'épaule et qui semble remercier l'animal d'une caresse affectueuse; Elisabeth, toute souriante accueille sa cousine et l'enlace; derrière elle son époux Zacharie prononce du bout de son index tendu vers le ciel une sentence sur l'incommensurable puissance divine qui permet ce double miracle: il flotte dans l'air un fumet de bon ragoût qui mijote à l'intérieur en attendant les chers convives, on a hâte d'échanger les nouvelles après ce long voyage et les paroles admirables gravées pour l'éternité.
(à suivre)
05:51 Publié dans la Visitation, Magnificat | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : aregno, nonza, feliceto, carcheto, cansito, francesco carli, biber, charpentier, bach, monteverdi | Facebook |
18/12/2015
Disparition du grand organiste René Saorgin
Je reçois de Michel Colin la triste nouvelle du décès de l'organiste René Saorgin, à l'âge de 87 ans.
Le mot de son ami Michel Colin :
" René Saorgin avait été membre pendant de nombreuses années de la 5e section de la Commission supérieure des monuments historiques où il avait notamment œuvré pour la redécouverte et la restauration des orgues du facteur niçois Grinda, et des orgues italiens de la vallée de la Roya.
Un artiste très fin et un grand musicien nous quitte après un combat courageux contre le cancer."
René Saorgin, né à Cannes en 1928, était un musicien baigné des lumières du midi. Il avait largement contribué à la découverte de l'orgue corse en enregistrant plusieurs disques en Corse :
Microsillons:
- GIROLAMO FRESCOBALDI , oeuvres d'orgue.
René Saorgin à l'orgue Serassi de Bastia
Harmonia Mundi, HM 537, 1965, 33 T
- BASTIA, ORGUES HISTORIQUES N°8
René Saorgin à l'orgue de Sainte Marie
Saint-Michel de Provence, 1964
45 T
- DIX JOURNEES DE L'ORGUE CORSE
Productions Kalliste 21 038, 1977, 33 T
présentées par ROC (Renaissance de l'Orgue Corse)
Orgues de La Porta, Piedicroce, Bastia (Sainte Marie), Cagnano, Verdèse, Aregno
par les organistes X.Darasse, J. Beraza, J. Hennion, J. Wallet, J. Boyer, R. Saorgin
CD:
- ORGUES HISTORIQUES ITALIENS
René Saorgin
Oeuvres de Frescobaldi
Harmonia Mundi CD 19011229, 1989
Brescia, Bastia
Pour la bibliographie et une discographie complète (et abondante) de René Saorgin, je vous renvoie à l'article:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Saorgin
Avec tristesse nous saluons ici la mémoire de ce grand musicien qui a si magnifiquement participé à la mise en lumière du monde des orgues historiques ...
01:36 Publié dans René Saorgin | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : orgue serassi de bastia, renaissance de l'orgue corse | Facebook |
la discographie sur les orgues corses de l'organiste René Saorgin
Le 18 décembre, je recevais de son ami la triste nouvelle du décès du grand organiste René Saorgin.
" René Saorgin avait été membre pendant de nombreuses années de la 5e section de la Commission supérieure des monuments historiques où il avait notamment œuvré pour la redécouverte et la restauration des orgues du facteur niçois Grinda, et des orgues italiens de la vallée de la Roya.
Un artiste très fin et un grand musicien nous quitte après un combat courageux contre le cancer." (Michel Colin)
L'hommage de Frédéric Muñoz :
http://www.resmusica.com/2015/12/18/lorganiste-rene-saorgin-vient-de-deceder-a-lage-de-87-ans/
"René Saorgin vient de nous quitter. Il fut l’un des plus grands organistes français de l’après-guerre, faisant partie des chefs de file du renouveau de l’orgue ancien dans notre pays, aux côtés de Michel Chapuis, Francis Chapelet et André Isoir.
Né à Cannes le 21 octobre 1928, il fit ses études à Nice et devint l’élève de Maurice Duruflé à Paris et de Fernando Germani à Sienne. Il fut ensuite professeur d’orgue au Conservatoire de Nice de 1954 à 1996. Il fut durant de nombreuses années membre de la Commission supérieure des monuments historiques, ce qui lui a permis d’œuvrer en faveur des orgues de la région de Nice (Orgues du facteur Grinda et orgues italiens de la vallée de la Roya) et des orgues de Corse. En 1984, il fut nommé titulaire de l’orgue de la cathédrale de Monaco, poste qu’il conserva jusqu’en 2005.
Dès les années 60, grâce à une importante discographie, essentiellement chez Harmonia Mundi, René Saorgin a livré de nombreuses versions de référence, étayées par une connaissance approfondie des traités anciens d’interprétation en lien avec les caractéristiques spécifiques des orgues historiques nouvellement restaurés, dans un large répertoire depuis Frescobaldi, Buxtehude et Bach, jusqu’aux romantiques Franck, Padre Davide et Lefebure-Wely.
Un grand nom de l’orgue français disparait, laissant le souvenir d’un artiste d’une grande finesse et d’une grande classe tant sur le plan humain que musical, émaillé d’un légendaire humour, très « pince sans rire ».
Frédéric Muñoz (18 décembre 2015)
René Saorgin avait largement contribué à la découverte de l'orgue corse en enregistrant plusieurs disques en Corse: je rediffuse ici la liste de ses enregistrements sur les orgues de Corse.
Microsillons:
- GIROLAMO FRESCOBALDI , oeuvres d'orgue.
René Saorgin à l'orgue Serassi de Bastia
Harmonia Mundi, HM 537, 1965, 33 T
- BASTIA, ORGUES HISTORIQUES N°8
René Saorgin à l'orgue de Sainte Marie
Saint-Michel de Provence, 1964
45 T
- DIX JOURNEES DE L'ORGUE CORSE
Productions Kalliste 21 038, 1977, 33 T
présentées par ROC
Orgues de La Porta, Piedicroce, Bastia (Sainte Marie), Cagnano, Verdèse, Aregno
par les organistes X.Darasse, J. Beraza, J. Hennion, J. Wallet, J. Boyer, R. Saorgin
CD:
- ORGUES HISTORIQUES ITALIENS
René Saorgin
Oeuvres de Frescobaldi
Harmonia Mundi CD 19011229, 1989
Brescia, Bastia
00:44 Publié dans René Saorgin | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
06/12/2015
6 décembre fête de St Nicolas: San Nicolau di Moriani
Aujourd'hui 6 décembre,
l'on fête le grand saint Nicolas de Myre et de Bari,
avec la rencontre de l'extraordinaire décor foisonnant
de l'église paroissiale
de San Nicolao di Moriani,
Piève de Moriani, Diocèse de Mariana,
(prochainement restauré on l'espère:
la commune a déjà fait les travaux de restauration de l'extérieur et s'apprête à s'atteler à l'intérieur )
et les oeuvres d' Ignazio Saverio Raffali et Luigi Polleri
l'un de ces beaux villages insoupçonnables depuis la côte touristique,
surplombant la côte orientale du haut campanile de sa grande église paroissiale
l'église côté chevet
La façade accueille les deux saints patrons de la paroisse:
A gauche notre bon St Nicolas
à droite le grand St Pierre ...
" L'église San Nicolao, paroisse actuelle, est citée dans le cartulaire de Monte-Cristo. Curieusement le lieu-dit San Pietro désigne les alentours de l'église San Nicolao. Peut-être était-ce le vocable de la chapelle ruinée qu'on voit à côté de San Nicolao et qui par la suite aurait servi de confrérie. (...)
(Geneviève Moracchini-Mazel, Les églises romanes de Corse, p. 233)
Voilà une communauté a priori bien protégée!
(plaque commémorative dans l'église San Nicolao)
...ce qui malheureusement ne lui a pas épargné les pertes nombreuses et cruelles de la guerre de 1914 ...
Une église dotée d'un décor monumental foisonnant, vitaminé, une vraie cure de jouvence!,
où règne en maître St Nicolas (et sa légende de l'ogre- boucher cannibale ):
La complainte de saint Nicolas
(recueillie par Gérard de Nerval en 1842):
Il était trois petits enfants
Qui s'en allaient glaner aux champs.
S'en vont au soir chez un boucher.
« Boucher, voudrais-tu nous loger ?
Entrez, entrez, petits enfants,
Il y a de la place assurément.»
Ils n'étaient pas sitôt entrés,
Que le boucher les a tués,
Les a coupés en petits morceaux,
Mis au saloir comme pourceaux.
Saint Nicolas au bout d'sept ans,
Saint Nicolas vint dans ce champ.
Il s'en alla chez le boucher :
« Boucher, voudrais-tu me loger ? »
« Entrez, entrez, saint Nicolas,
Il y a d'la place, il n'en manque pas. »
Il n'était pas sitôt entré,
Qu'il a demandé à souper.
« Voulez-vous un morceau d'jambon ?
Je n'en veux pas, il n'est pas bon.
Voulez vous un morceau de veau ?
Je n'en veux pas, il n'est pas beau !
Du p'tit salé je veux avoir,
Qu'il y a sept ans qu'est dans l'saloir.
Quand le boucher entendit cela,
Hors de sa porte il s'enfuya.
« Boucher, boucher, ne t'enfuis pas,
Repens-toi, Dieu te pardonn'ra. »
Saint Nicolas posa trois doigts.
Dessus le bord de ce saloir :
Le premier dit: « J'ai bien dormi ! »
Le second dit: « Et moi aussi ! »
Et le troisième répondit :
« Je croyais être en paradis ! »
Revenons à notre san Nicolao di Moriani:
le maître-autel ouvre largement les bras de ses gradins pour vous accueillir: voici l'oeuvre roborative d'un enfant de la Castagniccia, le maître stuccateur Ignazio Saverio Raffalli "le Vieux", originaire de Piedicroce, et qui le signe en mars 1767.
Au revers de l'autel , au milieu des graffiti,
on retrouve la date
et,
sur la cuve de l'autel, la signature de Raffali sous la forme de la marguerite, omniprésente dans ses créations.
A l'angle de l'autel, comme écrasé, ce diablotin cornu roule des yeux
d'un air bien mauvais!
Caractéristiques aussi, les petits personnages malicieux, déhanchés,
nichés aux angles de l'autel,.
En médaillon, au centre de la cuve, l'image charmante des trois petits enfants de la légende barbotant dans leur saloir comme vos garnements dans leur baignoire.
Au fond de l'abside, sous les deux saints patrons Nicolas et Pierre, peints par Luigi Polleri (auteur de l'ensemble des décors peints: le choeur en 1812, les murs de la nef 1826, la voûte en 1829), et entre les deux fenêtres, l'emplacement actuellement vide et réservé au polyptyque - restauré en 2011 par Maria Teresa Donetti , toujours en dépôt au Musée de Bastia en attendant la restauration de l'église :
(d'après une photo)
Ce retable, oeuvre du florentin Raffaelle de Rossi a fait l'objet d'une exposition à Bastia au Palais des Gouverneurs en avril/ mai 2011:
" Le retable de San Nicolao, oeuvre d'un atelier ligure pour la Corse du XVI° siècle".
Commandé dans la première moitié du XVI° s. à l'origine pour orner l'arrière de la table de l'autel majeur (la "pala d'altare") de San Nicolau, il va être déplacé après la reconstruction de l'église au milieu du XVIII°s et en particulier l'édification du nouvel autel baroque d'I.S. Raffali: ayant perdu sa prédelle, on le place désormais dans le mur de l'abside où il reste, en bien mauvais état, scellé jusqu'à sa restauration ... qui lui a rendu tout son éclat.
La Vierge et l'Enfant, trônant sur un nuage au milieu de deux anges bucinateurs au-dessus d'un paysage montagneux en bord de mer, accompagne de sa protection les deux patrons de l'église, St Nicolas et St Pierre, tandis que, sur les pilastres, veillent les Saints Jean, Reparata, Lucie et Blaise; sur le registre supérieur, des anges musiciens accompagnent Dieu le Père bienveillant et bénissant ...
Le charmant décor peint de Luigi Polleri baigne l'église dans une tonalité souriante qui résonne en écho d'une autre oeuvre exubérante:
la belle chaire à prêcher baroque, du même Ignazio Saverio Raffalli,
datée du 29 mai 1740 .
Peints sur la chaire, ce Christ aux outrages,
cette Vierge de Douleur
cet ange fleuri ...
Au-dessus de la chaire, un joli abat-voix,
orné de la Colombe de l'Esprit Saint dans une gloire rayonnante et bordée de fort jolies fleurettes ...
et, représentant le prédicateur, ce religieux franciscain aux mains éloquentes, saisi en plein prêche ... enfin, je l'imagine!
Partout, dans cette église, dès qu'on lève les yeux, des surprises :
comme ce sage angelot perché sur sa corniche,
absorbé dans sa lecture
ou cette voûte de chapelle latérale peuplée de personnages à demi-nus et de chérubins en relief dans un éden végétal : des stucs de la seconde moitié du XVII° s émergeant des rinceaux de Polleri ...
avec au centre, cet ange qui brandit un cimeterre qui tient fermement dans son autre main quelque chose où je crois voir un petit serpent à crête de coq, un basilic ? à moins que cela ne soit une palme ? Toujours est-il que notre ange porte sur la tête une drôle de coiffe en forme de coussin sur laquelle il semble sur le point de pratiquer un sacrifice ...
mble être un petit serpent avec une crête de coq, un basilic ( la lutte de St Michel Archange contre le Mal?) Sur sa tête une sorte de coussin bizarre ...
ou ces curieux anges brandissant une lance contre deux dragons menaçants,
et tenant un blason très particulier, déjà rencontré dans l'église san Nicolau d'Olmi Cappella ... un phénix renaissant des flammes et regardant le soleil .
Et disserterons-nous sur sexe des anges?
ou cette petite dame feuillue,
bref, de quoi alimenter la rêverie de quelques fidèles distraits !
A propos des artistes stucateurs, peintres décorateurs à l'oeuvre dans l'église:
Ignazio Saverio Raffali : C'est le fils de Giovanni Raffalli "le vieux", originaire de Piedicroce en Castagniccia, né en décembre 1715 ou début 1716.
" L'activité d'Ignazio Saverio Raffalli" le vieux"est attestée jusqu'en 1777, année où il travaille sur le chantier de l'église de Tallone. Il est le membre le plus productif de la dynastie des Raffalli dont l'activité va s'exercer pendant près de 150 ans"
"(...) Les Raffalli et leurs divers élèves vont mettre au point et faire évoluer un style décoratif original. Un style éloigné de ce que l'on retrouve en Italie, en France ou en Espagne à la même époque, mais qui s'insère néanmoins dans le mouvement du Baroque international. "
( Michel Edouard Nigaglioni, l'Encyclopédie des peintres actifs en Corse, édition Piazzola)
Aloysius Polleri, alias Giacomo Luigi Polleri.
Voici ce qu'en dit notre ami M.E. Nigaglioni :
" Peintre décorateur né à Gênes (Ligurie, Italie) le 8 mars 1780. Il est établi très jeune à Bastia où il est probablement l'élève du peintre génois Giuseppe Wannenes. Luigi Polleri est le fils du doreur Giuseppe Polleri dont la présence en Corse est attestée dès 1802. (...) Luigi Polleri est l'auteur de décors peints dans lesquels on dénote une influence du style Louis XVI. (...)" Il est mort à Bastia le 24 décembre 1853.
(le Saint Nicolas de Sermanu peint à fresque entre 1450 et 1458 )
(à suivre !)
Pour en savoir plus sur le grand saint Nicolas, un saint qui m'importe, en bonne fille de lorrain (st Nicolas est le patron de la Lorraine ... et je devais, si j'avais été un garçon, porter ce nom ...) :
- ce qu'en dit la Légende dorée de Jacques de Voragine :
https://fr.wikisource.org/wiki/La_L%C3%A9gende_dor%C3%A9e/Saint_Nicolas
- et le long article de Wikipedia:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_de_Myre
- Louis Réau, dans son Iconographie de l'Art chrétien, lui consacre de longues pages: saint Nicolas demeure l'un des saints les plus populaires dans le monde chrétien, appartenant à la fois à l'Eglise grecque et à l'Eglise latine.
"Les pélerins et les chevaliers qui allaient s'embarquer à Brindisi pour la Terre Sainte ne manquaient pas de venir faire leurs dévotion à saint Nicolas de Bari dont le corps distillait une myrrhe parfumée qu'ils recueillaient précieusement dans des ampoules de plomb: c'est ce qu'on appelait la manne de saint Nicolas. Le pélerinage de Bari était d'autant plus fréquenté qu'il se conjuguait avec celui de saint Michel au Monte Gargano, situé à peu de distance sur la côte d'Apulie."
"Il est le patron des écoliers (...)
Prie pour nous, saint Nicholas
Qui les trois clercs ressuscitas"
Il est invoqué par les filles à marier (...) en souvenir des bourses qu'il offrit discrètement à trois pucelles qui, faute de dot, ne trouvaient pas d'épouseurs. " Saint Nicolas, comme dit la chanson, marie les filles avec les gars."
Patron des filles, saint Nicolas,
Mariez-nous, ne tardez pas !"
Le saint Nicolas d'Altiani, peint par Giacomo Grandi:
sur son livre les trois boules d'or évoquent les trois bourses données par le saint pour doter les trois pauvres jeunes filles vouées à la prostitution par leur père, faute de dote ...
"Il est aussi (...) le saint tutélaire des marins, de tous ceux "qui vont par eau et craignent le naufrage" parce qu'il a le pouvoir d'apaiser les tempêtes.(...) Mais ce n'est pas tout. Une douzaine de corporations se plaçaient sous son patronage: les avocats, procureurs et basochiers du palais, les prêteurs sur gage; les tonneliers [eh oui! le tonneau où barbotent nos trois petits enfants!], marchands de vin, jaugeurs et déchargeurs de vin; les grainetiers et les débardeurs de blé; les bouchers; les parfumeurs, les apothicaires et épiciers. (...)
Saint Nicolas passait en outre pour protéger contre les voleurs les trésors confiés à sa garde. (...)
Enfin la légende des trois officiers injustement emprisonnés lui avait valu la reconnaissance des prisonniers et des victimes d'erreurs judiciaires."
22:03 Publié dans saint Nicolas, Saints de Corse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : san nicolau di moriani, luigi polleri, ignaziosaverio raffalli | Facebook |