Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/11/2007

Castagniccia 27 novembre 2007

Moisson d’automne en Castagniccia

partagée avec l’amie Nicole.

                            

-tôt ce matin en montant vers Morosaglia-

d26b5e39d848c8c9a75beb07987bf7dc.jpg

                                                       

       au hasard des chapelles et des églises...dans un paisolu perché du côté de Piobetta
 maisons hautes serrées aux volets clos

un chien aboie en accueil et remue la queue sur la placette de la chapelle (comment vais-je reculer tout à l'heure?), un homme jeune sort de son atelier, incrédule: des visiteurs? perdus?

rencontre imprévue, bienvenue: d'où êtes-vous, pourquoi venez-vous jusqu'ici? et vous, comment va votre vie?  pas trop difficile en cette saison, le silence des volets fermés?

Ceci n'est pas un interrogatoire, nous le savons bien, juste un essentiel et minuscule évènement de chaleur échangée pour comprendre comment chacun se débrouille: plus que huit habitants en cette saison... des enfants? l'école? Un nuage de tristesse. Et vous, en Balagne? - une solitude brumeuse rode dans la ruelle que ne comble pas la télé.

 

 dans une chapelle dédiée à St Antoine: jolie peinture du Rosaire avec les âmes du Purgatoire  aux pieds des saints intercesseurs: la Vierge à l'enfant, saint Antoine à droite, san Marcello(?) à gauche (il faut que je vérifie). Le livre porte le texte d'un hymne à saint Antoine. Tout autour se lisent aisément les quinze mystères du Rosaire.

 

7d8444e2a6fc4b43ed8a13ce86b5399b.jpg

 

                                                                             

 

27f4cf8ab6aeca5a7c489ab7c7b46252.jpg 

regardez attentivement, sous les pies nus de saint Antoine, une petite âme pleine d'espoir s'agrippe fermement

au cordon de la robe de bure du franciscain.On ne peut mieux dire l'intimité de la dévotion des gens d'ici, dans cette petite chapelle toute simple et très bien entretenue. Des lumignons, des allumettes, quelques images pieuses et des visites quotidiennes.

 

 

Plus loin, après de nombreux virages dans l'or des châtaigniers, un autre village de schistes, quelque part entre Carcheto et Pietricaggio . Accueil à la mairie chaudement ouverte : une gentille dame âgée appelée à la rescousse par la jeune secrétaire de mairie s’offre de nous accompagner à l’église qui parait charmante, vue de l’extérieur.  

Après les présentations d’usage, la clé tourne et la porte s’ouvre sur…

 

Je sens mon estomac se nouer et serre les dents : dans une architecture de proportions harmonieuses, éclairée de jolies fenêtres, je reconnais la main de « L. » , décorateur en boîtes de nuit/ cabinets médicaux/ halls d’accueil de business de toutes plumes, sauf d’anges. Même, disons-le une fois pour toutes, là où «  L. » passe, les anges trépassent. Bon sang ! La dame nous dit, mi-figue mi-raisin : « et vous savez, c’est son portrait là », nous montrant un St Jean-Baptiste  à barbe hirsute baptisant le Christ.

 

Un vrai festival de trompe l’œil appliqués sortis tout droit de la chambre hollywoodienne de la Belle au bois dormant, de stucs (qui furent beaux) recolorisés, une chaire à prêcher définitivement  réduite au silence sous ses couches de peinturlures agressives et criardes, bref un faux décor de fausse histoire religieuse où évoluent ça et là de faux anges, éphèbes bleuâtres aux oeillades salaces. Je finis par comprendre que notre aimable dame cicerone n’apprécie pas trop non plus… Bon. En tous cas, quel bosseur, ce « L. » ! Comme dans les pires thrillers de série américaine, on reconnaît à la trace la frénétique activité de son pinceau dérangé : mais qu’avait-il donc à faire dans les églises ?

 

 

 

… quelques kilomètres plus loin, ce village , ceint de ses terrasses nourricières…

 

565fc1bb4bb81ef571801e2980d04ef4.jpg

 

A Pietricaggio. Le village fume bien droit dans ses cheminées. A côté de l’église, en travaux (on y refait la toiture à l’ancienne, couvertures de teghje [lauses]: là aussi, il faudra reparler de ce patrimoine et des problématiques  particulières qu'il engendre dans le cadre des chapelles à fresques: il faut surveiller étroitement ces toitures, ce que l'on fait bien naturellement lorsqu'il s'agit de sa propre maison, mais que l'on oublie de faire pour les petite chapelles perdues), un beau tas de bois, c’est par  là qu’est le gardien de la clé. Là encore un chien vigoureux à poils drus annonce bruyamment notre visite et voici le maître de céans, plus tout jeune mais bien en jambes et le regard  vif.

Après le nécessaire  recadrage du « de quale ne site ?», histoire de se situer mutuellement dans un même tissu humain, un bavardage à bâtons rompus de choses et d’autres nous amène à des choses plus précises et Monsieur Nicolas finit par me demander si je suis d’origine corse – un peu confuse de ne pas pouvoir lui donner satisfaction, il ajoute malicieusement : « mais alors, au moins, vous êtes croisée ? ». Tout d’un coup je me sens pousser une hure de sanglier sous mes lunettes : à dire vrai, croisée sûrement que je le suis et depuis longtemps, au hasard peut-être des invasions Vikings du côté de ma mère, des Huns et autres Ostrogoths du côté de mon père, nous avons des cousins vandales je crois et les frontières de mes aïeules ne devaient pas être trop étanches, sans compter qu’aujourd’hui je me sens bien croisée de mille sentiers de Corse, à  chacun sa façon de se croiser en chemin…

46f55ea460c5629e5dc6414c1c24399d.jpg

En tous cas, la place est bien vivante,  et je me promets de revenir par ici saluer Monsieur Nicolas- qui, lui, ne pourrait pas vivre ailleurs!- tous les saints de l'église et de la chapelle, et goûter la charcuterie en janvier.

 
06124109270b4df265f7f3f154775565.jpg
                                       un étonnant chandelier de la Semaine Sainte qui en a vu des Offices…
699dc0c234169e277b2c0d67cd7021dc.jpg

 

encore tout chargé du sombre effroi des Ténèbres: il me semble entendre les lamentations chantées des anciens confrères...

 

c375e52442d8095620e0f851cd428832.jpg

 

 

               

                         ailleurs, éternellement jeune, beau, dynamique, efficace, St Michel Archange en  lutte contre Satan et pesant les âmes  (sur un pas de danse): l'une d'elle, gracieuse trapéziste, s'en  sort bien,

pour l'autre...l'avenir s'annonce incertain...

                                                    

                                                                                                        

 

les divines surprises d’Ewa dégageant des éléments du décor d'origine à la tribune de l’orgue du Couvent d’Alesani (je reviendrai sur les problématiques de ces restaurations  dès que possible).

le décor 18ème retrouvé sous les repeints du 19ème :

tête de grotesque et ses beaux rinceaux

 3b61c77aeaace26567e2e478ef36a67d.jpg

                                                                      putti à la toilette

 

32f9bf71502a1d7d60f25b4eef209e0b.jpg
ce qui reste de la façade de l’orgue (note à venir): là aussi, Ewa a retrouvé ce joli décor de tulipes et cette chaude tonalité rouge sur le pilastre central (dégagé)
c7ba0297f8b8d4f3da619ece0c5ff91e.jpg
                                                           
                                                            

Nous quittons le Couvent d Alesani pour Pietra di Verde où l’on restaure là aussi les décors peints… Bonjour à Madeleine, Jérôme, Jean-Christophe… Là aussi, des choix s’imposent, souvent « douloureux »: sous le décor 19 ème, on en trouve des belles choses... L'église et la confrérie.

740f2af4bbaa3475ff2bef11f515f9fc.jpg

           quelque part dans la pénombre, le tendre saint Joseph veille son petit Jésus endormi et repu

                                                              (peinture de Francescu Carli)

                                           
59b53bf8bf165f1a7117dde586710c68.jpg
 

                                       

                                                      et, en fin de cette belle journée automnale...

3f01eb4be8498d53b95ab1e6140bee6e.jpg

 

                                                   

                                      

                             les fresques ( 1473) de la double abside de Santa Cristina (note à venir),

                                                                  E Valle di Campuloru

9bb4c4b71b7283fd470cfd100b915ada.jpg

                                                           dans le crépuscule du Campu Santu

 

ecfef73652aa242f136a8248381f211a.jpg

merci de ta bonne compagnie, chère Nicole !

ef59b0fa74e3ca6beae9fd855c322222.jpg

 

                                      

 

 

 

22/11/2007

toujours novembre

a9ad51a26f009e47a610c8563644adcf.jpg
 au cimetière de Castirla ce marbre gravé :

 

"Le jour des morts

Est la cime de l’année

C’est de ce point

Que nous embrassons

Le plus vaste espace

Quelle force d’émotion

Si la visite

Aux trépassés se double d’un retour

A notre enfance

Chacun de nos actes qui dément notre

Terre et nos morts nous enfonce dans

Un mensonge qui nous stérilise"

 

 

09/11/2007

cimetière

ec8fb1a0e8caf7d786432d03e75f90b7.jpg
avec maman à Castirla

 

Cimetières je vous aime

 

 Cimetières de l’ici et de l’au-delà

de naguère et d’aujourd’hui

propices à la langue des oiseaux

à la langue des fleurs pensées de verre

pacotille d’amour plus forte que l’absence

à la langue incertaine des coeurs

pour dire le toujours

le jamais je ne t’oublierai

 des grains de perles démaillés du souvenir

des couronnes

des crucifix affaissés en fin de ferraille rouillée

sur concession perpétuelle oubliée

 

moi qui ne suis pas d’ici

moi qui suis loin des miens

ne puis les visiter

chaque jour de l’année

 ni pour la Toussaint

dans leurs cimetières bien rangés

au calme sous les ifs

des allées sablées

paisibles

de la Sarthe de la Lorraine

et de bien d’autres encore

voir généalogie au hasard de la vie

ma quête des noms d’ici

m’est légère

 tendresse adoptive

vaste famille de cœur

où je reconnais aussi la mienne

dans la musique des autres

mon père

avec Lisandrina Ceccu   Nunziu Antoine

Catherine Jacques

sous les cyprès

 

et de mon grand-père

la litanie fraternelle

taillée dans la jeunesse

ôtée d'un seul coup

arrachée des labours

des troupeaux

brebis chèvres ou vaches

pendant la Grande Guerre

génération des hommes sacrifiés

 mêmes femmes fortes

 

 

fêlure

 

 

pierre gravée sous l’herbe légère

où s’effacent le nom

le temps

le goût de l’âcre et du suave

 

 

enclos de murs comme jardin d’amour

serment d’éternité à l’échelle humaine

en somme bien peu de chose

de plastique de granit

de ciment ou de marbre

le cimetière vit sa vie à l’entour des vivants

 

 

reçoit

mille poèmes aux chers disparus

pathétiques : « mon cœur saigne chaque jour »

nostalgiques : « à Dédé ses copains de chasse inconsolables »

pragmatiques : « je vous avais bien dit que j’étais malade ! »

avec parfois ces visages figés sous l’émail

ces angelots pensifs sous cloche

 

 

 

perçoit les autres

ceux qui bougent à l’extérieur des murs

se déplacent entre les tombes

font à la fin d’octobre la propreté des pierres

à grand renfort de brosse de parlotte active

enchantent dans la symphonie robuste des chrysanthèmes

la mémoire des défunts

immobiles

et allument au premier novembre les lumignons

des Morts

 

 

où qu’il soit

à cela rien d’étrange

il débusque à l’improviste nos pelotes d’humanité

enfouies

sous le faire le dire la dérive indolente

le solennel désir

sous la panoplie tapageuse des uns

l’indigence muette des autres

 

 

résonance

 

 

je le préfère petit

intime et familier

bourdonnant d’abeilles entre les roses

d’un usage quotidien

pour la vieille femme debout

qui balaie d’un geste précis de la main

brindilles feuilles fourmis fleurs séchées

déposées par le vent la nuit dernière

sur la tombe de sa fille

                                                                      aux miens, famille et amis, Elizabeth , 9 novembre 2007

 

 

 

 

 

 

12/09/2007

les Journées du Patrimoine à Speloncato... et Ajaccio

SPELONCATO.

JOURNEES du PATRIMOINE à Speloncato.

Vendredi 14 et Samedi 15 Septembre 2007.

 

01e134351db7c4d1146b527613ecb5b0.jpg

 

Depuis sa création, l' Association Saladini participe aux journées du Patrimoine, ce qui lui a d'ailleurs valu d'obtenir le Prix National Carrefour pour sa prestation 2004, au titre de La Montagne des Orgues et grâce au soutien de la Collectivité Territoriale de Corse. Cette année encore un programme a été établi sur deux jours: le vendredi 14 consacré aux enfants et le samedi 15 aux adultes.

Vendredi 14 Septembre:

7517b38b05e8a5cd955d8c91f8290dab.jpg

C'est ainsi que 75 élèves de 3 classes élémentaires de l' Ecole « Albert Camus »  de L'Ile Rousse accompagnés de leurs enseignants vont découvrir au long de cette journée Speloncato et son Patrimoine. Cette initiative entre dans le cadre de l' Action de Sensibilisation en milieu scolaire que nous avons lancée depuis trois ans et se concrétisera, au terme de l’ année scolaire, par la réalisation de la Charte du Patrimoine rural de la Corse , avec l’aide logistique et pédagogique du C.A.U.E. (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement) et d’intervenants compétents pour l’étude et la compréhension du Patrimoine au sens le plus large possible, matériel et immatériel. Nous reviendrons sur cette action de longue durée ( inscrite dans le projet d’école de l’Ile Rousse sur 4 années), qui concerne également l’école de Belgodère et celle d’Olmi Cappella, que nous recevrons un peu plus tard cet automne.

 

L' accueil des enfants s'effectuera à 9 heures 45 sur la Place du village, en présence des bénévoles de l' Association Saladini et d'amis venus en renfort, puis ils seront répartis dans 5 ateliers: "Parcours dans le village" (et découverte de sa situation de village fortifié médiéval) sous la conduite d' Alain Colombani, "Projection commentée de photographies anciennes et récentes "(récoltées par l'Association Noi Tutti) avec le Président de l’Association et les Anciens,

ebd5713fbc473aa49e0497d352b7886e.jpg

 "Découverte de la Collégiale et de son orgue historique" par Elizabeth Pardon et  Jean-Marc Cichero, facteur d'orgue qui nous fait l'amitié d'apporter ses compétences, Restauration par Ewa Poli, Restauratrice d'œuvres d’art agréée par la Direction des Monuments Historiques et enfin "Lecture du Paysage" par Colette Fernandez, enseignante de la classe CE1/CE2.

La classe du Directeur, Jean Ricci, CM1/CM2, débutera par l'atelier Photos et celle de Joël Rochet, CM2, par la visite du village.

Le pique-nique est prévu dans la cour de l' ancienne école à Santa Catalina. Le regroupement à 15 heures 30 sur le Parvis de la Collégiale sera suivi du départ vers L' Ile Rousse.

Samedi 15 Septembre. Rendez-vous à 14 heures devant l'Eglise de Costa pour découvrir l' orgue anonyme du début du XIX ème siécle puis à Speloncato à 15 heures à la Collégiale. Des projections de photos d'anciens métiers sont prévues ainsi que celles de portraits et de scènes de vie des années et siècles passés, rassemblées par Noi Tutti, dans la salle du 1er étage de la Mairie , de  15 heures  à 17 heures  30. La Chapelle privée de la famille Quilici ,au début de la Cima , sera ouverte de 15 heures à 17 heures, en présence de Joseph Grimaldi d'Esdra, descendant de cette famille. Les habits sacerdotaux, les menus objets de dévotion, le Chemin de Croix.... pourront être admirés. Le salon du Cardinal Domenico Savelli, né à Speloncato le 15 Septembre 1792, il y a 215 ans, et décédé à Rome, le 30 Août 1864, Ministre de la Police , sous le Pontificat de Pie IX, sera ouvert de 15 heures à  17 heures, grâce à l' obligeance de Fifi Princivalle, propriétaire de l' hôtel «  A Spelunca  ». Un vin d' honneur clôturera ces journées du Patrimoine 2007.

Dimanche 16 Août.

 Elizabeth Pardon fera découvrir aux visiteurs et aux Ajacciens l’orgue de Luigi DE FERRARI de l’église Saint Erasme d’Ajaccio et la facture d’orgues italienne de Ligurie, dans le cadre d’une manifestation organisée par ROC (Renaissance de l’Orgue Corse). Cet orgue est particulièrement précieux pour la Ville d’Ajaccio, puisqu’il est l’un des deux seuls orgues italiens de cette ville, et que l’on nourrit l’espoir de le voir restaurer à l’identique dans un avenir prochain : il permettrait alors la formation des organistes locaux à ce type d’instrument très différent des orgues français en activité à Ajaccio (dont le beau Cavaillé-Coll de la cathédrale), qui pourrait alors leur faire aborder un vaste répertoire baroque.