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01/05/2009

1er mai 2009

1er Mai dans les cistes baveux
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Le printemps des cistes déborde d'amour avant les fleurs... Tendres verts éphémères à garder en mémoire, à ne surtout pas oublier lorsque l'été sera venu.
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La vieille église de San Bastianu, porte du rêve. Par-dessus le vallon de Costa tournoie un couple de milans, et, dans l'air léger de cette fin d'après-midi, le doux pépiement des guêpiers: ils sont revenus, les messagers du printemps, les petits archanges aux ailes d'arc-en-ciel!
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"Pourquoi faudrait-il tournoyer à l'imitation des derviches,
s'il suffit de marcher sur les chemins d'ici, tant qu'on le peut,
précédés par les signaux brefs, rouge ou bleu, des sauterelles,
comme ces princes d'autrefois par leur porte-bannière?"
(Philippe Jaccottet: "Ce peu de bruits")

28/02/2009

le printemps des abeilles

En ces temps de carême et d'affolement pour les hommes,
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dans les amandiers en fleurs de Gaspard, jusqu'à l'ivresse...
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aspirer le nectar comme une preuve, pour les abeilles, de l'existence de Dieu...

11:17 Publié dans nature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : printemps, corse, arbres |  Facebook |

14/02/2009

au milieu de l'hiver

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Enfin!

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... à la gare les gros flocons ...
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... n'empêchent pas les gars du train de continuer à travailler sur la voie...

 

10:34 Publié dans nature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : corse, nature |  Facebook |

10/12/2008

petite mélodie de fin d'automne sous Costa

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"L'oiseau qui vole, expliquait à Miss Fletcher un Indien dakota, s'arrête pour faire son nid. L'homme qui marche, s'arrête où il lui plaît. Ainsi de la divinité: le soleil est un endroit où elle s'est arrêtée, les arbres, les animaux en sont d'autres. C'est pourquoi on les prie, car on atteint la place où le sacré stationne et on obtient ainsi de lui assistance et bénédiction" ( Roger Caillois," L'homme et le sacré")
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Tôt ce matin de fin d'automne, je fais mon marché de bénédiction près de chez moi. Il fait froid, le jour vient de se lever. Les pierres sortent de la nuit. J'entends déjà au loin le grondement du ruisseau,  transformé en rivière tumultueuse par ces jours de pluies incessantes en novembre. La grande prairie sous Costa s'est gorgée d'eau et ruisselle et gargouille sous les pas.
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...ça et là  de la glace s'est formée, la végétation reste engourdie, le froid ourle et festonne les feuilles du bouillon blanc. Savoir qui loge pelotonné en son coeur?
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Au milieu du champ, figé par le feu depuis des années, le berger noir garde les pierres de l'ancien  palmentu.
TROPE:
Tant et tant de pierres, arrachées au sol - un labeur de femmes, me disait cette vieille dame amie disparue elle même depuis une trentaine d'années en parlant de la maisonnette voisine du Tizzone: "c'est ma grand-mère qui les portait sur sa tête" -, choisies, appareillées avec promptitude et constance, avec le coup d'oeïl et le temps qu'il faut pour le faire. Tant et tant de pierres à extraire à mains nues  pour signer la terre commune, bâtir, consolider, entretenir les terrasses sur les pentes, emmurer les champs, paver au pas de l'homme et de l'âne e ricciate (chemins dallés "en hérisson": chaussures de ville, s'abstenir!),   revêtir l'aghja (aire de battage) de ses meilleurs habits, parfois pierres d'églises douces à la plante des pieds, et dresser ses baroni (ses limites fichées en gardiennes), recueillir les sources dans leur déversoir, conduire l'eau dans les bassins, construire  a casa (la maison), u fornu (le four),  u pagliaghju (le paillier) , u frangju ( le moulin à huile), u palmentu (le pressoir)... et tant d'autres petites constructions qui surgissent à l'improviste parfois totalement cachées par les ronces à la lisière d'un champ abandonné et qui disent la lutte opiniâtre pour survivre...
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... pierres petites ou grandes, pierres d'angle ou cailloux pointillés, pierres taillées ou trouvées...
... nobles comme pour l'entrée d'un temple rupestre, liées à la chaux et au tuf, à la sueur et à l'amour...
La porte, arrachée de ses gonds laisse entrer les bêtes qui viennent parfois mourir là, adossées à la cuve. Carcasse desséchée. Limite entre le dehors et le dedans. Dedans  la pénombre, l'immobilité. Dehors le troupeau d'Antoine déambule et bêle et aboie, comme un nuage de vie qui passe sur la plaine. Dedans, le silence  accueille pour une mort paisible la vieille bête fatiguée bien à l'abri de ces pierres sensibles qui ont peut-être aussi accueilli sa naissance - pour donner la vie et pour mourir souvent les bêtes se cachent - résillées de lierre, habillées de mousses, 
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 menu potager pour les insectes et les esprits minuscules du lieu: herbe à Robert, fines fougères dont j'ai oublié le nom... et je ne peux vous dire ce parfum si délicat, si précis de ces pierres habitées, une offrande musicale.
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Là haut, à flanc de coteau, Costa se réveille (je n'oublie pas son petit orgue),  allume ses cheminées, enrubanne de fumées le sommet des arbres, ne descend plus guère dans sa plaine silencieuse. Seul, le berger et son troupeau. Ou, le dimanche, la battue aux sangliers, le chaos bruyant et mortifère à travers les terrasses éboulées, lointain écho communautaire d'un besoin préhistorique.
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Un peu plus loin, je rejoins le Pinzu Corbu, rugissant entre ses rives nettoyées de ses vieilles souches. Les murs de ses berges, autrefois entretenus par nécessité pour protéger les jardins, s'effondrent inéxorablement sous la violence des eaux. La force fracassante de la nature efface désormais ce qui n'est plus en usage et régénère le lit de la rivière: les algues noirâtres qui souillaient son lit cet été ont disparu, arrachées par les crues successives de ces jours. Je me dis que si, comme on le croit communément en Corse l'esprit des morts habite les ondes,  la traque aux reflets des vivants en miroir calme doit être abandonnée pour un temps au profit du surf.  De même est-il plus prudent pour moi d'oublier ces jours mes rêveries en eaux vives.
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Je laisse aux aulnes le soin de consigner dans l'entrelacs de leurs racines  les secrets bouillonnants du ruisseau. Même la bauge des sangliers a momentanément disparu, nettoyée. Il m'est arrivé une fois de les voir au crépuscule alors que je dessinais tranquillement au milieu du ruisseau: une mère et ses marcassins, ils ne m'avaient pas sentie ni vue...
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Un instant je me sens observée: curiosité réciproque au paradis.
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Dans mon panier du jour, j'ajoute ces quelques fruits de fusain, pour la couleur.
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... et puis,  près du moulin en ruine, cette  autre calligraphie éphémère, délicieuse et commune en cette saison comme le choux et les pommes de terre.
Au retour, je passe rendre visite à San Bastianu sur son rocher.
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Un mur de pierres, en parties réutilisées de la chapelle je pense,  borde le rocher.
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Béante, avec ses départs de voûtes,
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la vieille église -"femme de pierre", comme dit Pierre Jean Jouve,   veille sur la mer au loin,
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 ouvre le ciel de son mur unique, juste l'instant d'une apparition du soleil,
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regarde Costa. San Bastianu, avec son compère San Roccu, a pour mission de protéger les communautés des épidémies de peste: chapelles sentinelles, on les plante en aval des villages, là d'où vient le danger. Heureux temps où l'on savait reconnaître le danger. Aujourd'hui, à quel saint faudrait-il se vouer pour se protéger des dangers multiples qui naviguent à notre insu à l'intérieur de nous mêmes et polluent  nos neurones? Toutes ces pierres  signent notre paysage comme on exorcise le mal et nous enracinent dans notre humanité : petit patrimoine au regard des grandes oeuvres, mais patrimoine tenace, en dehors du temps, habité pour qui prête l'oreille... et connait le poids des pierres.
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18/11/2008

Volterra , les Etrusques et la "Compagnia della Misericordia"

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à VOLTERRA
Lundi dernier nous étions là,  sur cette petite route qui descend sous VOLTERRA (Toscane) et nous conduit à travers les oliviers jusqu'à l'entreprise où Pierre va chercher son albâtre. Lumière de fin d'après-midi éclairant les "Balze", l'église St Clemente et St Giusto, faisant vibrer les feuilles des oliviers de Toscane en pleine récolte...
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Une autre culture de l'olivier que chez nous en Corse: pas de tronc puissant, pas d'arbres plusieurs fois centenaires, mais des versants couverts de ces jeunes arbres graciles, fervents et chargés d'olives. Une vieille dame en tablier, grimpée sur une échelle, peigne soigeusement avec son rateau les branches d'abondance, son chien aboie sur notre passage, des voix tranquilles s'interpellent quelque part les arbres, dehors; il fait frais, on annonce de la pluie pour demain, avançons la cueillette. 
Au ras de la route, les sépultures  éventrées: c'est une "zone archéologique" étrusque, on vit avec.
Un peu au-dessus, au milieu des champs d'oliviers quelques hypogées aménagés pour la visite.Volterra hypogée 2 escalier.jpg
 Emotion d'enfance, descendre, retrouver le ventre maternel.
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Ici, les parois sont couvertes d'une mousse épaisse et douce, accueillante.
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Autour d'un pilier central massif, la banquette. Pour banqueter. Une forme de solidarité des vivants et des morts. Paix à vos mannes.
Il est temps de retourner à la surface.
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Dehors, le crépuscule s'installe, nous avons un autre rendez-vous à Volterra. Au Dôme.
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Dans la pénombre de sa chapelle, la Déposition (XIII°s). Silence.
Le Christ ne tient plus à la Croix, à la terre, que par un clou qu'on va enlever. Son corps aérien semble en état d'appesanteur, il s'élève déjà, retenu à peine, de part et d'autre,  par Marie et Jean, et par Joseph qui l'empoigne à grand peine. Tout est consommé, il faut juste faire les gestes nécessaires, les gestes terrestres de la tendresse et de la solidarité des vivants. Pas de pathos superflu, aucune lourdeur, le sens et la lumière, même ténue comme ce soir, circulent ici comme entre les branches des oliviers dans la campagne volterrane. 
Il est cinq heures, le sacristain nous invite doucement mais fermement à sortir, c'est l'heure de fermeture.
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Juste accolée à la cathédrale et toujours ouverte, la chapelle de la Compagnia della Misericordia di Volterra explique son histoire et son fonctionnement: toujours active, cette antique confrérie de Volterra (créée à la fin du XIII°s) a pour vocation l'aide aux malades et la sépulture des défunts. Un panneau et quelques objets significatifs évoquent son activité passée et présente dans la communauté de Volterra... Le confrère sur la photo - un laïc comme il se doit- porte cagoule (pour qu'on ne puisse le reconnaître dans son acte charitable), cordelière et rosaire. 
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Parmi d'autres, une sorte de catalettu pour transporter les malades. Aujourd'hui les membres de cette Confrérie de la Miséricorde sont toujours les ambulanciers de la ville. Pour ceux que le monde des confréries intéresse, je vous invite à regarder le site de cette Compagnia della Misericordia di Volterra, en tapant:
"Sette secoli di solidarietà - Misericordia Volterra". Vous y trouverez l'histoire de cette confrérie de charité.
Dans la chapelle, restaurée et bien entrenue, sur sa tribune trône un petit orgue:
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En vérité, je ne sais rien de lui, sinon qu'il est bien là...
Peint sur sa tribune, un blason signe sa fonction:
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Décidément, les morts et les vivants partagent volontiers la musique...
A bientôt, notre chère Volterra!