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30/04/2014

REGARDS DU SUD 2014: 9, 10, 11 MAI A CALENZANA

REGARDS DU SUD 

9, 10, 11 MAI à CALENZANA

 

Je diffuse bien volontiers ce message de l'ami Laurent Billard: un chouette programme, non?

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> Message du 29/04/14 23:42
> De : "ventu di mare"
> A : Undisclosed recipients:;
> Copie à :
> Objet : REGARDS DU SUD 2014: 9 10 11 MAI A CALENZANA
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Tout le programme de Regards du Sud ici, avec du cinéma, du théatre, de la musique, des spectacles et des ateliers pour les enfants pendant trois jours dans les rues de Calenzana: 9 10 11 MAI
 
Avec la présence pour la première fois en Corse du cinéaste tunisien Nouri Bouzid qui présentera son dernier film " Millefeuille"
Le groupe occitan DU BARTAS, Celia PICCIOCCHI et Jacky LEMEN, les magiciens d'ARISTOBULLE, les masques de Pascal ARBEILLE, les spectacles pour enfants avec THILINA, les ateliers cirque avec Charlotte ARRIGHI DE CASANOVA, les sténopés avec Fabien DELISLE, les plasticiennes Linda CALDERON, Cathy ASTOLFI, Laura SANSONETTI, la danse avec Luisa VELOTTO et Maura GUERRERA, l'heure de l'olivier avec Jean Michel NERI et Christian RUSPINI, les "G", ALDILA, les associations UNA LENZA DA ANNACQUA, l'ANDATI, la dégustation de produits locaux, etc , etc... 
Entrée libre. Restauration sur place: spuntinu le midi, soupe du Sud le soir.

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Vous pouvez aussi devenir acteurs!! avec des ateliers:

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MASQUE avec Pascal ARBEILLE: du 2 au 4 mai Maison Saint Michel  à Calenzana
DANSE AVEC Luisa VELOTTO ET Maura GUERRERA: Danse traditionnelle d'Italie:  jeudi 8 mai de 11H à 12H30 à la Balagne, Samedi 10 mai 10H30 Place de la Mairie à Calenzana Danse orientale: vendredi 9 mai de 11H à 12H30 à la Balagne ( Calvi)
CHANT POLYPHONIQUE avec Letizia GIUNTINI Mardi 6 mai, mercredi 7 mai, jeudi 8 maide 18H à 20 H Maison Saint Michel à Calenzana - 
Alors ... Osez... Participez à Regards du Sud 4ème édition!!
pour s'inscrire répondre à ce mail... que vous pouvez faire suivre .
A bientôt
L'équipe de Ventu di mare
 

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merci à nos partenaires: Collectivité Territoriale de la Corse, 
Département de Haute Corse, Mairie de Calenzana, Eau de Zilia, Vignerons de Balagne, Clos Alzipratu, Leclerc Ile Rousse, Sonu è lumi, SPAR Calenzana, Boulangerie Amadeus, SEB Viande, Restaurant A Stazzona, Miel Dupré, Pépinière Roy, Village vacances la Balagne, foyer rural de Montemaio
et à tous les bénévoles! A prestu!
Ventu di Mare
route de Santa restituda
20214 CALENZANA
0611964645

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17/04/2011

Sepolcri de la Semaine Sainte en Corse

Sepolcri de la Semaine Sainte en Corse

 


 

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(à Volpajola, un sepolcru populaire, fleuri et placé en situation pour la Semaine Sainte)

Parmi les objets de la dévotion populaire les plus extraordinaires et les plus touchants pour moi, il est un patrimoine particulièrement menacé par l’abandon des coutumes religieuses : c’est celui des sepolcri peints que l’on créait pour célébrer la Semaine Sainte  dans les villages. Contrairement aux séries des Chemins de Croix peints à partir de la prédication en Corse de San Leonardo da Porto Maurizio, en 1744, et qui sont encore visibles aux murs de nos églises  – pas toujours en ordre, ni en très bon état, sauf lorsque la communauté a décidé de les faire restaurer et les réutilise "en situation" – les sepolcri, eux, survivent cachés, souvent mal entreposés, victimes de leur destination passagère:  conçus pour mettre en scène la Passion dans l'église dès le Jeudi Saint , délimitant une sorte de chapelle ardente -le sepolcru ou reposoir -  par des toiles peintes qui seront démontées et disparaîtront le Samedi Saint.

Décors éphémères, donc, peints sur des supports relativement grossiers et peu apprêtés, à l’économie, décors d’autant plus fragiles que manipulés chaque année à cette période…


012 Ficaja Jugement de Pilate.blog.jpg

 

En Castagniccia, à Ficaja, un sepolcru peint par Francescu CARLI

(ici le Jugement de Pilate et le portement de croix).

Ficaja Jardin des oliviers.blog.jpg

(idem: l'arrestation de Jésus au Jardin des Oliviers et la flagellation)

 

 

011 Ficaja les gardiens du sepolcru.jpg
(les gardiens du sepolcru de Ficaja)

 

Deux panneaux articulés à taille humaine composent une partie de ce sepolcru dont l’entrée était gardée par ces deux soldats peu commodes.

 

Les anciens dans les villages me le disent tous et se souviennent: lorsque enfants,  ils traversaient de nuit, la main serrée dans celle de leur mère, l'obscurité de l'église  pour aller prier devant le sepolcru, la terreur s'emparait d'eux à la rencontre de ces guerriers menaçants montant la garde devant cette chapelle ardente  éclairée par les lampes à huiles et les cierges crépitants… Emotion religieuse mêlée d'effroi, tissée de chants et de prières murmurées. De même qu'on ne laisse jamais un mort sans compagnie avant son inhumation, de même l'usage était de veiller Jésus après son agonie: Jésus et nos morts se bercent comme on berce les petits enfants, à voix douce, avec tendresse et instinct.

 

 

91512968.jpg

(les gardiens du sepolcru de Castiglione)

... sale tête, non? C'est l'Autre ( dans l'iconographie méditerranéenne "le Maure",  "le Turc", "le Juif", bref, délit de sale tête oblige, ce n'est pas nouveau...), le féroce envahisseur qui razzie, massacre, ou le mécréant au service du Mal, de l'injustice etc...

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et son collègue, redoutable centurion d'opérette, fièrement campé jambes écartées ...

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(Castiglione, la Déploration du Christ: anonyme, début XIXe)

Peinture forte, et même si non conforme aux meilleures règles de l'art, efficace: au premier plan, les personnages jouent leur partition dramatique, nous happent dans leur communion muette et véhémente de la douleur autour du Christ mort: nudité rigide du Christ, Marie la Mère, les bras largement ouverts sur la pire souffrance du monde, compassion et chagrin du disciple aimant, Jean, larmes silencieuses de la femme à la chevelure flamboyante, Marie-Madeleine , commentaire du choeur des saintes femmes drapées de bleu sombre, tout est en place. Derrière eux, une surprenante montée du Golgotha avec le portement de croix égréné à petits traits nerveux le long de la pente...

Dans cette petite église de la Ghjuvellina se jouait - et se chantait - naguère une Passion à laquelle participaient tous les gens du village, jeunes et vieux, réactualisant le sens des mystères du Moyen-Age: j'ai rencontré là-bas le dernier ange de cette passion, un ange de quatre vingt dix  ans passés... Ce vieux monsieur restait aussi le dernier protagoniste  de l'extraordinaire carnaval de ce village où se vivait pour le Mardi-Gras un véritable rite de printemps: musique, danse et castagnes pour faire renaître la vie, et précédant comme il se doit la grande fête théâtralisée de la Passion .

En Corse la présence du chant est indissociable de la ferveur religieuse et pour moi toutes ces peintures ont une voix.

Accompagnant cette iconographie, parmi les chants les plus répandus, l'on pourrait entendre la lamentation douloureuse du Stabat Mater :

 

"Stabat Mater Dolorosa

Juxta crucem la crimosa

Dum pendebat filius

Cujus animam gementem

Contristatam et dolentem

Pertransivit gladius

1758534565.jpg

(Déploration du Christ)

O quam tristis et afflicta

Fuit illa benedicta

Mater Unigeniti!

Quae moerebat et dolebat

Pia Mater dum videbat

Nati poenas inclyti

Quis est homo qui non fleret

Matrem Christi si videret

In tanto supplicio?"


Nous sommes pris à témoin par ces sepolcri : compassion devant un drame universel, bien au-delà de la religion,

ou plutôt en amont, partage humain de cette douleur-là trop bien expérimentée par tous. Fonction libératrice du partage de la douleur.

"Santa Madre, questo fate,

Che le piaghe del Signore

Siano impresse nel moi core !"

(refrain populaire du Stabbat Mater)

 

 

Résonnance. Reconnaissance. Lien communautaire. Surtout lorsque ces sepolcri font l'objet de la Cerca, visites déambulatoires entre communautés voisines, ou entre confréries comme c'est encore le cas pour certaines régions de Corse.... Pas d’échappatoire: nous voilà acteurs de cette dramaturgie, non pas invités à un festin esthétique.

 

sepolcru Feliceto 014.jpg

et dans cette com-passion, chaque détail compte :
sepolcru Feliceto détail jpg.jpg
de sa main attentive, l'artiste a déposé la fleur amoureuse de cette blessure
(sepolcru de Feliceto)

 

 



Autre chose nous apparait de plus en plus clairement: chaque communauté a développé et interprété sa dramaturgie: les mêmes paroles du Perdono mio Dio, ou du Stabbat Mater seront chantées différemment que l'on soit à Vescovato,  Speloncato,  Calvi,  Costa,  Olmi Cappella, Bonifacio, Sartène,  Patrimonio ... les déambulations - "et comment faites-vous ça, chez vous?"- , les représentations des Chemins de Croix ou des sepolcri  ne seront jamais identiques et pourtant le fond reste le même, puissant, archétypique, faisant tressaillir quelque chose au plus profond de nous, quelque chose qui appartient au monde spirituel et non à celui de la muséographie.
Ici, on aura mieux gardé tels chants. Ailleurs, on aura perdu les chants mais on aura préservé les rencontres entres communautés le jeudi et le vendredi saint. Là-bas on va renouer les fils "de la tradition" (elle a bon dos, la tradition!) en se réinventant une mise en scène en sons et lumières , qui du reste comblera de bonheur les touristes de Pâques: quoi qu'il en soit, même sous les éclairages les plus agressifs et dans les scénographies les plus relookées,  ces Passions "jouées" dans les villages continuent d'entrouvrir un univers symbolique où s'incarne l'énigme...
***
Deux éléments de sepolcru, peints par Giacomo GRANDI pour Calenzana:

reposoirs,semaine sainte,dévotion populaire,iconographie populaire de la semaine sainte en corse,dramaturgie du sacré


 la composition resserrée de la Crucifixion: la Vierge, Jean et Marie-Madeleine sont aux pieds du Christ, sur un fond dramatique tout enténébré de ciel noir; un soldat romain armé d'un bouclier à tête de diable garde, menaçant, la scène.

reposoirs,semaine sainte,dévotion populaire,iconographie populaire de la semaine sainte en corse,dramaturgie du sacré


  à la droite du Christ, le bon larron déjà auréolé de sainteté regarde Jésus,

reposoirs,semaine sainte,dévotion populaire,iconographie populaire de la semaine sainte en corse,dramaturgie du sacré


tandis qu'à sa gauche  le méchant larron détourné vers son mauvais destin se fait mettre le grappin dessus par un diablotin crachant le feu ...

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... et toute la pompe architecturale (rêvée!) du pouvoir en place: le geste noble d'un Pilate empannaché et, derrière lui, la silhouette mauresque d'un garde d'opérette...

***

... et d'autres sepolcri ...
Querciolo 003 blog.jpg
... celui de Quercitello (XVIIIème s. Castagniccia) ...
nudité fragile non pas raidie
exposée tendrement dans son lange de mort
par des anges aux bras ouverts
les yeux fermés de l'Un
 les yeux baissés des autres
la main de l'ange laissée libre pour la parole
de la compassion
non pas hurlée
non pas criée
non pas chantée
juste méditée
silencieuse
sous sa guirlande de roses odorantes
Sepolcru Nessa blog.jpg
... celui de Nessa (XIXème s. Balagne) ...
peint par le peintre local Giuseppe Antonio ORSINI de NESSA:
"Attendite universi populi et videte dolorem meam"
Ici, raideur cadavérique
et cathéchisme égrené
tout autour du sepolcru
des instruments de la Passion
sepolcru Nessa orteils.jpg
meurtrissure des pieds nus
ceux-là mêmes qui ont trotté sur les chemins dallés
entre montagne et mer
sous les oliviers
pour pacager
piocher
glaner
ceux-là mêmes qui ont botté les fesses des chenapans
foulé les raisins au pressoir
goûté l'herbe et la mousse
bref des pieds intelligents de glèbeux
avec de longs orteils comme antennes

022 San Damiano - mise au tombeau- jpg blog.jpg
...  et sur  un fond sombre, celui de San Damianu (XVIIIème s. Castagniccia)
peint par Giacomo GRANDI ...
et la plainte véhémente de Marie de Magdala
qui dévoile de sa main amoureuse le visage du Christ
les larmes de Marie de Jacques
la souffrance poignardée de la Mère
devant le corps supplicié
de l'aimé
de tous les suppliciés aimés de la terre
et Marie la Mère a dénoué sa chevelure en signe de deuil
libérant le flot puissant de sa douleur
***
en écho, cette autre forme de sepolcru, sur la place de nos villages
Occhiatana gisant blog.jpg
ici, le Monument aux Morts d'Ochjatana, oeuvre de Damaso Maestracci


***


 

23/11/2010

Toujours Novembre ...

Et après ... comment ça se passe ?

(nous chantait-on alors)

... DIES IRAE DIES ILLA ...

Calenzana Jugement dernier et intercession Vierge blog.jpg

En Balagne, à Calenzana, comme dans une bande dessinée, ce Jugement dernier:

bon, ce que je constate,  c'est que de l'autre côté il y a foule!

 

Calenzana Jugement centre blog.jpg

Le moment semble venu de  définitivement  séparer les Bons des Méchants, les Elus des Maudits: heureusement pour le tribunal céleste, les enquêtes sont menées rondement et sans risque d'erreur ... rien n'échappe à l'oeil du Juge suprême, pas même les plus petites rétrocommissons occultes ... ça va faire mal!


Calenzana Jugement, haut blog.jpg

 Une version jupitérienne de Dieu le Père, nimbé de gloire,   foudroie les "MALEDICTI",   désigne de sa main droite la Croix salvatrice et de sa gauche armée du sceptre montre les Ecritures, tandis que sonnent les trompettes annonçant la résurrection des morts.  A ses côtés, la Vierge "nostra advocata" plaide, en compagnie d'une nuée de saints, reconnaissables à leurs symboles habituels,  leur  palme,  l'instrument de leur martyre ... tous intercèdent en faveur des Morts: c'est qu'ils ont des trésors inépuisables de bienfaits à déverser sur nous ...

Calenzana Jugement les saints martyres blog.jpg

... foule animée, le regard tendu vers la lumière de Dieu le Père, à moins qu' on ne vous contemple vous, pour vous mettre en garde, comme ce Saint François qui prie pour vous ... ce qui me fait penser que cette oeuvre était peut-être destinée à la pastorale franciscaine ...

Calenzana Jugement les Elus blog.jpg

en dessous, les élus, nombreux et sereins

Calenzana Jugement St Michel blog.jpg

tandis qu'au centre de la toile Saint Michel Archange continue de terrasser Satan et de chasser les Damnés (beaucoup moins nombreux que les Elus, je vous rassure)

Calenzana l'Enfer monstre blog.jpg

voués irrémédiablement  à leur sort misérable :

voyez ce qui nous attend si par malheur ...

Calenzana diableries féroces blog.jpg

... hé hé hé! ...

Calenzana toile Jugement 1728 blog.jpg

... j'espère que cet acte de dévotion lui aura été profitable, à ce Giuseppe,

le moment venu !

(à suivre)

 

 

 

 

 

 

08/09/2009

u stringagliulu di sigolu, de Lisandrina Grimaldi (suite)

( Suite des ) FOLE DI PIAZZA CUMUNA:
U stringagliulu di siggolu de Lisandrina GRIMALDI
(voir les notes précédentes des 3/8 , 5/8, 12/8 2009)
a tuparella Battistina.jpg
( illustration deGhjuvannina Lanzalavi)

 

 

A TUPARELLA BATTISTINA

 

 

 Battistina Tagliarina, figliola d'un artisgianu paghjulaghjolu calzanincu era vana cum'è una zucca è predaghja cum'è a lisciva. E bocchi final Un c'era barba ch'ell'andessi cù e surelluccie à a scola in'è a maestra Pillì cù i so scurzali negri rillivati d'un filet tu rossu o turchinu. Innò! Ella s'appumpava di linu biancu. Un li piacia chè casgiu vechju picurinu o casgiu frescu caprunu. Ci vulia u criccu pè falli ruzzicà qualchi granellu di risu, stantatu cun tantu amore da cumpare Tagliarinu, st'omu di valore, rinumatu ind'è u circundariu.

A so paghjulaghjola era installata ind'è u Tofulu, in faccia à u casale Villanova, in cima di a piazza di a Torra. Sopra à a porta, inzuccata ind'è a petra si lighjia: «Ind'è u Tofulu, paghjole à chì ne vole, stagnarò è ranime, cochje è cuchjarine». A furastera, bramosa di rinnuvillà a so battaria di cucina, ghjunta à l'Annun-ziata, lasciava u ponte di u Saltu à manu diritta è pian pianellu cullava à fassi a so spesa.

A' dui passi, cumpare Bartoldu, artisgianu carbu-naghjolu, più forte chè u pevaru mattu, avia azzin-gatu sottu à u so purtillone à dece vetri un rillogiu di farru battutu, più grande chè quellu di u campanile è issu scrittoghju :

     « Pè fà coce a paghjola

     Noi vindemu carbone

     Ind'è a nostra tupaghjola

     O sottu a figa Narbone

     L'or a a demu di rigalu

     Un ci hè bisognu di ghjallu ».

Cumare Rillogia apria e so porta à tempu à ghjornu è chjamava e tope calzaninche ch'andavanu à empie e so sechje à la funtana di Sant'Antone, locu binadettu da i Dii; induve a vita si passava à chjachjarà, à fragassi pè a tacca o cantà à la ciotta di u sole. A ramina, ammanita da ziu Tagliarinu, sempre pronta à rinfriscà l'ansciaghjolu, guarnia u sichjaghju.

A' u sonu di a viola di cumpare Santu, i topi ballavanu masurche é scurtichje. Ma ghjuntu miziornu, cacciavanu e so meridiane di u stacchinu pè uchjighjà l'ora ghjusta. Mossiu Albertini, dettu «Spaissellu» perché l'avia fattu una grande carriera ind'è l'armata africana, ellu vindia i zuccarami, ghjustu in faccia à u scarparu ziu Bacinu.

U sabatu, zia Tagliarina carcava u so sumere Muvrone di stuvigliami è partia à fà u giru di u cantone, accumpagnata da i so masci. Quandu u tempu si pristava, turcianu à rochju versu Cassanu fin'à Belgudé cu tanti traculini è travindaroli. Strada facendu, pochi i scontri: a prima zia Bacina chì vendia scarpi, poi zia Martinò, ligera cum'è zilevra, lesta cum'è u telefragu ch'era incaricata d'andà à apre e porte di a cappella di Santa Restituta dopu avè sunatu l'Ave Maria in paese. Ghjunta à a piopa, salutava ziu Scopa riccu marcante di spazzule. Un si dispiazzava mai senza a so furtuna allibrata ind'una fronda di ghjineparu é piatta sottu à catacula di Muvrella a so sumirella grisgia. Di landi à e Petrine, scuntrava à Ambrosgiu u ziliacciu nantu à u so cabriulè, carcu insumatu di belle robe chì partia in Calvi. Sculà, a so serva, acciucciata, ripusava e so osse tronche ind'è a seta.

Una mane, Ambrosgiu si tampillava à mezu stradò.

«E’ chì v'accade o Ambrò?

- Un vi pare o zia Tagliarì, sta donna vistuta à te
Falcone, tè Lione è chì hà fattu piantà u mo sumere
incù u so ditu grossu innariulatu, scrilla da poi una
bella stonda ch'e l'aghju tocca ind'è a vigna. Sta
grand' bugiarda!»

E' quella: «Ma toque est dans la vigne!» Una buffulata di ventu scorna boie l'avia scappillata è u so cappellu si n'era vulatu ind'è a ruzeta di Toniu Maria ind'è a vigna suttana. Ci hè vulsutu à fà appellu à i Franciscani d'Alzipratu pè discioglie stu nodu. «M'hà toccu... tira è tocca... è vi ne contu nulla ! »

Una mane, versu trè ore, zia Sculiscia fala in carcera pè lavà u so casgiu. Sintia surnacà ind'una madia casgiaghja. Face pè sullivà u cuparchju eccu chì e madie si mettenu à ballà. Zia Sculiscia, spavintata pè issu valzu stranu si lampa pè u purtillinu ind'è u pozzu di Rafone, mughjendu: «O Lisandrì, O Natà! chì si passa sta mane? Currite tutti à vede i casgi ballarini!» In quattru è trè sette si forma un'accultina ind'è u chjassu. Natale, pè calmà e furie di a mamma li spiegava : « Un hè nulla o ma ! Hé un tarramotu annunziatu eri sera da u sapientone Arunu ! »

- E' quale   stu  lanciafame?  Belli  affari  pô!
Ch'ellu fia a dinga, ch'ellu fia!

Sempre incruchjatu u cuparchju, a casgilante si

Misse à sigunallu. A Battistina piatta li mancava u

rispiru. Corri cuì, corri custì. Un s'hé pussuta francà

da u tagliu. A so vita era appesa à un filu. A ladra

vargugnosa tira un mughju: «Cruda chè voi site!

M’avete tagliatu a coda? Aiò, currite ind'è cumare

Ambrosgia è spiegateli u casu!»

Zia Sculiscia, tutta sturdulita pè issi fatti strani, piglia a stretta di San Barlandinu di u Rusugnulacciu, s'intiscia cù Restituta carca d'urtaglia di u Vivu, disceta à Ambrosgia è voltanu à curà a firita di a tuparella. A mettenu nantu à a scaffa, l'appiciccicanu a so coda eu una chjarula d'ovu è l'annodanu inc'un stringagliulu di sigolu.

«S'è a to coda ùn tene micca, a farè ristagnà da babbitu è dopu sarà sticchita cum'è u sgiò ghjudice. E' quandu u tarramotu s'avvicinarà starè in tupaghjola, hè u locu u più sicuru!» Allora Battistina disse ch'ella un era micca d'accordu, ch'issu ragiunamentu era falsu. Si misse à parlà di u passata pè appughjà i so detti: «In tempu di guerra, quandu e squadre inglese passavanu sopra à Calinzana pè andà à bumbardà l’Italia, c'era un bellu tupone rondulu cum'è un turettu, aiutante sceffu di giandarmaria chì mughjava da antu à l'usciu: «Sauve qui peut!»

A'u colpu, tutti i topi grandi è chjuchi, vechji è zitelli, masci è femine, mezi vistuti, mezi spugliati, scappavanu à bandula rotta pè u Dragone sopra à i Cannoni Suprani. Ghjunti ind'è e Merizaccie, si mittianu à l'aggrondu sottu à u castagnettu, à mezu à e vacche à u merezu; manse è spaurate, un rumina-vanu d'un pelu.

Tuttu parlendu, Battistina s'accunciava, si scuzzulava, pinsendu chì à miziornu ci vulia andà à tavulinassi in famiglia. Dopu centu scuse pè a so ingurdizia è tanti rincrazii pè a cura, Battistina sin'hè ghjunta in casa, ammutulita ma decisa. Lindumane, migliurata è assinnuta, vistuta d'un scurzale negru cum'è tutti i sculari, Battistina era in scola è pinsava: «Eccu i miraculi! Sò digià migliurata! Pensu chì a chjarula di l'ovu pè assanà l'osse hè l'untu di a Maddalena. Rumintatevi o ghjente e piaghe di Ghjesù!»

 

 

HISTOIRE EDIFIANTE DE LA SOURIS BATTISTINE (cuntrapuntu)

SUPERT AKAYAKAHACHTU ( *)

n'était pas encore venu

au village des Trottmenus.

Battistine Tagliarinu,

futile

fille d'un papa dinandier,

grandissait dans ce bon quartier :

on y trouvait un cordonnier

pour remplacer les vieux souliers

usés,

rompus à trotter sur les pierres

comme trottait maman si fière,

sa marchandise en bandoulière,

trottaient les moines en prières,

bien gras,

le marchand de balais radin,

le charbonnier notre voisin,

la fromagère aux ramequins

que Battistine au fin tarin,

en douce,

visitait, esquivant l'école,

rongeant sans autre protocole

de chèvres et brebis l'obole:

notre paresseuse en raffole!

ripailles...

Mais quel est donc ce valdingage

de bols, de formes à fromage?

Maman! la terre déménage!

et prise au piège du tangage,

petite

Battistine à son tour trompée

voit sa mignonne queue tronquée!

Piteuse, d'un blanc d'oeuf soignée,

pois d'une guimpe entortillée,

pensive,

elle retrouve sa maison,

sa queue, l'école, la raison,

apprend sagement ses leçons

et récite moults oraisons,

miracle !

Moralité: mieux qu'arnica,

à queues ou voix perdez, ô rats,

mn bon blanc d'œuf, deux hosannahs,       

c 'est ce qu 'il faut, et puis... basta !                     

Souris...                                                                     

 

* Prononcer « u » ou bien « ou » au choix

 

 

 

 

 

 

 

 

 

05/08/2009

U stingagliulu di sigolu de Lisandrina Grimaldi: suite...

Suite des fole di Piazza cumuna,
"U stringagliulu di sigolu"
de Lisandrina Grimaldi
avec l'accompagnement de Santu
(voir les notes précédentes)
L'ASSOCIU
l'associu.jpg

dessin de Ghjuvanna Lanzalavi 

 

 

 

 

 

    San Ghjuvanni si n'era falatu in Calvi à fà a so pruvista pè una misatica. Ghjimbava u spinu di a so picurella 

    sottu à i diciottu chilò di u bugnu chì Tumasgiu di Grisgione, O lu scruccone!, l'avia vindutu à prezzu di turistu,

    tuttu imbulicatu inc'una piccia di casgiu vechju puzzulente.

       Pocu cuntrastu frà i dui omi ! San Ghjuvanni dicia :

      «E' cumu, o sgiò Cancellieru, soga mi pigliate pè u «Club Méditerranée» o pè u direttore di a «Balagne»!

       Eiu sò santu è voi cunfratellu, allora fatemi un prezzu ragiunevule!

      - Innò! Innò! Ciô chì hè dettu hè dettu! S'è voi un avete frasca lampate una chjama à Roma chì, quallà,

      l'anu ancu rughjinosi!

     Ind'è stu mentre, Sant'Eramu, u santu di i piscadori, in un scornu, à mezu aligoste, zarruli è capponi

     mughjava cum'è un persu: «A' i pesci freschi ! »

    A' dui passi, Sant'Ignaziu, crosciu cum'è un piulellu chì candillava in casa soia, circava un pocu di muneta

     pè copre a so cappella tufunata. Grisgione facia u passa è veni scarmigliendusi tuttu :

    « Ma cumu fà pè empie e nostre stacche?

    - Ne pensu una ! State à sente à me o cari amichi !»
    «Sintemu ciò ch'ellu bolle sottu à stu chjoppulu!

    - L'estatina, s'è no vindessimu cugnole, acqua è sole a nostra furtuna hè fatta dice Grisgione.

    - Uh mamma! E' à piscà, quale hà da andà risponde Sant'Eramu tuttu infritulitu.

    - E'Faustinu.induveumittite?

      - Anh ! Avete raggiò o Tumà ! »...

      I quattr'omi assuciati lege 1901 missenu trè mesi pè almanaccà u so marcatu ch'andava da u Ponte à Bambinu

      à a Foce di a Figarella. Diraschendu, anu scupartu uni pochi di vechji rundini di pinu larice chì i Rumani

      falavanu da Ficamara pè fà battelli. Cusì era l'usu. Fedenu un tavuletu chì righjunghjia e duie sponde di u fiume.

     Sant'Eramu strascinò cugnole di tutti i culori da Galeria à a Punta di Spanu è impiì e curbelle è e fattoghje

     chì Tumasgiu fece cu i ghjunculi di a Marana è di e Tamarice.

     San Ghjuvanni, cun garbu, azzingò tutta issa marcanzia nantu a e rete pè mettela in vista à i passanti.

    Funu messi i caratelli d'acqua fresca muntagnola à l'umbria sottu à u ponte carcu di frasche è di bussu.

    U tavuletu di pinu larice luccichente aspittava e ghjente in bramma di sole. Sant'Ignaziu era u secretariu

     è u casceru di l'associu. A' u son di u cornu marinu è tale l'apparitore di a nascita di u Bambinu,

    chjamava a folla sempre pagna à ogni scalu di battellu.

 

     U trent'unu d'agostu i baugli eranu pieni à tappu. Sant'Eramu hà pussutu rinnuvilla i vechji cannoti è e barcelle

     calvese è poi hà apartu in citadella u Museu internaziunale di a marina; Biasgiu Orsini

    dettu «Birbantellu» spisciuleghja tuttu!

    Sant'Ignaziu hà rifattu a so cappella nova è avà l'altare hè di marmaru di Carrare. I scultori sô vinuti da Muru,

    i vitraghji da Francia, a pittora da a Piazza di l'Olmu. Di lugliu, in cappella di Santu Ignà ci si canta a messa parata.

    U nostru caru Grisgione, cantore, impaghjillante, traculinu, travindarolu di casgiu è di figatelli, u nostru

    Grisgione cunfratellu, cancellieru, prufessore d'armunia, zappaghjolu, biancadore di tombe, teatrinu, teologu,

    u nostru Tumasgiu s'hè tinutu una bella purzione di sole pè fà fiurisce a machja calinzaninca.

    E' cusì, nantu à e ripe di u Seccu, s'attollanu è si scioglienu l’ape in un spirilizzu d'oru.

 

 

 

                 L'ASSOCIATION (cuntrapuntu d'Elizabeth)

Lassés depuis longtemps d'attendre sous leurs ors et leurs carmins poussiéreux que la dévotion des villageois leur fasse prendre l'air hors de leurs chapelles décaties, Saint Jean, Saint Ignace et Saint Erasme ont abandonné leur immobilité vermoulue et repris incognito du service parmi nous. Leur statut imprévi­sible de Saint ne leur vaut ni inscription sur les listes électorales, ni pension de l'Etat, ni sécurité sociale, ni retraite des vieux. L'Eternité demande quelque débrouillardise. Or notre pays regorge de tout ce qu'une âme sainte peut désirer et c'est que songe leur collègue, notre confrère, Tumasgiu di Grisgione, tout en déplaçant ses ruches du côté du Fiume Seccu: les cascades d'eaux vives dévalant les montagnes, et qui se reposent parfois dans de mystérieux cloîtres chantants, où, de laudes à vêpres, frémissent et glissent gyrins et gerris... les menthes aquatiques, violettes, accrochées aux galets de couleur, le soleil bouillonnant dans le cresson à la dérive, les dessous de rochers sombres comme des cavernes où veillent de minuscules dragons, la salamandre flamboyante et le triton transparent... et tous ces parfums capiteux où chavirent les abeilles: aubépines, églantines, fastueuses ombellifères, troublantes clématites... Par­dessus ces merveilles, l'astre souverain, et là-bas, au fond de la vaste plaine, la mer et ses arrivages frais de poissons - et ceux (les voies du Seigneur sont impénétrables) bien moins frais de touristes pâlichons...

Tumasgiu et nos trois saints s'associent donc et installent sur la Figarella « avec les matériaux locaux » un vaste présentoir digne d'une multi-nationale où brillent de tous leurs feux cailloux de rivière, fiasques d'eau fraîche, pièges à soleil, ombres de buis, odeurs de maquis, miroirs aux alouettes, chants de verdiers, roucoulades d'amoureux et même grommellements de sangliers. Bref, pour un prix raisonnable, les hordes hagardes de touristes à peine débarqués reprennent forme et couleur, s'apprivoisent et se civilisent, redonnant du même coup un toit solide à la chapelle de Saint Ignace, des barques neuves aux pêcheurs de Saint Erasme, des visions optimistes à Saint Jean et de nouveaux essaims dorés à Tumasgiu...

Venez donc à Calenzana vérifier si j'ai menti.

(à suivre...)