21/10/2015
le symbole chrétien du poisson à Gavignanu
A Gavignanu, le symbole chrétien du poisson:
IKHTUS
Iésous Khristos Theou uios Sôtêr
(Jésus-Christ fils de Dieu, Sauveur)
" Du nom grec du poisson ikhtus , les premiers Chrétiens ont tiré un acrostiche mystique que les initiés déchiffraient Iésous Khristos Théou uios Sôtêr (Jésus-Christ fils de Dieu, Sauveur)
D'après saint Augustin, c'est le symbole du Christ qui est descendu vivant dans l'abîme de la vie mortelle comme le poisson dans la profondeur des eaux et qui y est demeuré sans péché.
(...) Il faut se garder d'interpréter toujours ce rébus, très fréquent dans les peintures des Catacombes, comme un symbole du Christ. Quand le poisson est placé à côté d'une corbeille de pains, il fait simplement allusion au miracle eucharistique de la Multiplication des pains et des poissons. Parfois il symbolise les âmes ramenées dans le filet des Apôtres.
(Louis Réau, Iconographie de l' Art Chrétien, p. 29)
Il faudrait pouvoir avoir une lecture cohérente de l'ensemble de ce linteau roman de Gavignanu, aujourd'hui intégré dans la façade d'une maison ancienne de Gavignanu.
Nous y avons rencontré hier le charmant petit couple d'Adam et Eve
(voir la note précédente : Un bas-relief archaïque à Gavignano - elizabeth pardonelizabethpardon.hautetfort.com/.../une-archivolte-bien-sympathique-570.: )
Adam et Eve reliés aux symboles exprimés sur l'archivolte, malheureusement en partie dégradés: y sont lisibles la corde et le poisson. En revanche plus difficile à interpréter les deux autres éléments: au centre, ce qui pourrait être du pain (?), et à gauche ???
La corde symbolise la communauté des chrétiens, ce qui relie, contient, rassure ... Adam et Eve, les pauvres petits par qui l'humanité a été engendrée à la suite du péché originel, se trouvent, à la gauche (a sinistra) de cet ensemble rédempteur de l'archivolte, en dehors de cette chaîne protectrice de l'Eglise. Livrés à eux-mêmes et payant le prix fort ... La gauche est la place réservée de l'Ancien Testament, comme dans la représentation habituelle du Soleil et de la Lune dans les Crucifixions, le Soleil représentant le Nouveau Testament, à la droite du Christ en croix, éclairant la Lune, Ancien Testament, à sa gauche.
Le poisson, nous venons de le voir, est doté d'un riche symbolisme. Si l'élément central est une miche de pain, le tout symbolise sans doute l'Eucharistie salvatrice . Je ne sais pas lire l'élément de gauche ...
Pour les plus courageux qui voudraient en savoir un peu plus, un peu de lecture à retrouver sur ces trois sites:
http://www.interbible.org/interBible/ecritures/symboles/2...
Le poisson, un symbole majeur du christianisme primitif
Après sa Résurrection, Jésus, sur les bords du lac de Tibériade, prépare un repas pour les disciples. Sur un feu de braise, il leur apprête du poisson. Déjà lors des multiplications des pains, il avait fait distribuer du poisson aux foules affamées. Pour désigner ces poissons, l’évangile de Jean emploie le mot opsarion, tandis que pour les cent cinquante trois gros poissons de la pêche miraculeuse il a recours au terme ichtys. C’est ce dernier terme qui sera exploité par la tradition chrétienne. L’hébreu connaît également deux mots pour désigner le poisson : nun et dag. Très tôt le poisson deviendra un symbole majeur du christianisme primitif. Dans la basilique byzantine de Bethléem, une mosaïque de la période constantinienne porte l’inscription grecque Ichtys (poisson). De nombreuses lampes à huile byzantines sont décorées avec le symbole du poisson.
Poisson-Christ
C’est le texte de Tertullien qui vient immédiatement à l’esprit lorsqu’on explique le symbole : « Nous autres, petits poissons, comme notre Poisson, le Christ-Jésus, nous naissons dans l’eau et nous ne sommes sauvés qu’en demeurant dans l’eau» (De Baptismo 1) . Les inscriptions d’Aberkios provenant de Hiérapolis en Asie Mineure et celle de Pectorios trouvée à Autun, sans faire explicitement l’équivalence Poisson-Christ, la supposent et témoignent de la diffusion rapide du symbole. Ce n’est pas étonnant que les Pères de l’Église s’attardent à expliquer le symbole du poisson. Origène, dans son Homélie 13,10 sur l’évangile de Matthieu, l’exploite. Enfin l’acrostiche fameux des Oracles sibyllins 8, 217-250 est demeuré célèbre : les lettres du mot Ichtys forment les initiales de la phrase « Jésus-Christ fils de Dieu Sauveur » et supposent l’identification du Christ au poisson sans l’expliquer.
Repas juifs
Poisson et pain eucharistique
Catacombe de Calliste, Rome
(photo : Art Sacré)Les hypothèses ne manquent pas pour expliquer le symbole du poisson et sa reprise par les chrétiens. Daniélou, dans son livre sur les symboles chrétiens primitifs, ne retient que le sens baptismal. Eisler avait proposé une autre solution dans son livre Orpheus the Fisher. C’est le repas au poisson du début du sabbat dont le sens eschatologique est clair qui explique la diffusion du symbole. De nombreux textes soulignent cette dimension eschatologique, en particulier 2 Bar 29,4; 4 Esd 6,52 et Sab 118b-119a. Le vendredi est appelé la parasceve dite aussi cena pura. Le choix du poisson pour le repas qui ouvre le sabbat s’explique par son caractère messianique et eschatologique. Selon la tradition juive, Dieu servira aux justes Léviathan comme nourriture à la fin des temps. Le poisson du sabbat préfigure ce repas kasher, car ce poisson a des écailles et des nageoires.
Le passage de Mt 16,4 voit dans l’épisode de Jonas qui a passé trois jours et trois nuits dans le ventre du poisson le symbole du Christ qui est demeuré trois jours dans le sein de la terre. La patristique développera cette symbolique.
Jésus et Josué
Une autre hypothèse de Eisler (1) mérite d’être approfondie : le symbole du poisson appliqué à Jésus renvoie à Josué, fils de Nun. En effet nun signifie poisson en araméen. Les Pères de l’Église avaient déjà fait le rapprochement entre Josué et Jésus. En grec c’est le même mot Iêsous qui est employé pour les deux. Origène, dans ses Homélies sur Josué, exploite ce filon (2). Il est repris par Tertullien dans son Ad. Marc. 3,16 et par Hilaire de Poitiers, dans son Tractatus Mysteriorum 2,6 : « Comme l’un fut chef de la synagogue, l’autre l’est de l’Église. Comme l’un fut guide vers la terre promise, l’autre est le guide vers la terre que nous posséderons en héritage… Comme l’un vint après Moïse, l’autre vint après la loi. Comme l’un reçut l’ordre de renouveler la circoncision… ainsi le Seigneur inaugura la circoncision du coeur. Comme l’un divisa les eaux, l’autre divisa les peuples. Comme l’un dressa en témoignage sur la terre douze pierres qu’il avait tirées du fond du Jourdain… de même l’autre fit sortir de la synagogue la doctrine des Apôtres (3) … ». Il faut noter que la littérature rabbinique avait exploité la signification du nom Josué, fils de Nun : « C’est le fils du ‘Poisson’ qui conduit les fils d’Israël dans la terre promise » affirme GenR 48,16.
Peut-être une autre hypothèse permet-elle d’enrichir la polyvalence du symbole du poisson. Dans la généalogie de l’évangile de Matthieu, l’auteur divise les générations en trois groupes de quatorze. L’explication habituelle consiste à faire appel à la valeur numérique du mot David dont la valeur numérique est quatorze. L’histoire tend ainsi vers Jésus, le fils de David. Une autre explication se base sur le fait que la quatorzième lettre de l’alphabet hébreu est la lettre Nun (poisson). Jésus est ainsi le nouveau Josué qui fait entrer le peuple dans la terre promise.
Lorsque l’évangile de Jean souligne que Jésus préparait le poisson (opsarion) pour les disciples qui venaient de prendre les poissons (ichtus), il veut montrer que Jésus est le nouveau Josué, fils de Nun.
« Il monte dans la barque de Pierre. C’est la barque qui selon Matthieu est agitée et qui selon Luc est remplie de poissons. Tu reconnaîtras ainsi à la fois les débuts agités de l’Église et l'Église en plein essor dans la suite, car les poissons représentent ceux qui sont en pleine vie. » (Ambroise, Traité sur l’Évangile de Luc 4,64)
http://www.interbible.org/interBible/ecritures/symboles/2...
L'origine du symbole dans la Bible ne doit probablement pas être cherchée dans l'Ancien Testament ou l'on parle peu du poisson. C'est le Nouveau Testament et surtout les évangiles qui parlent souvent de poisson, de pêche et de pêcheurs (lire Mt 4,18-20 et passages parallèles; 7,10; 13,47; Lc 24,42; Jn 21,3-14).
En grec, la langue des évangiles, le mot poisson s'écrit « ichthus ». Chacune des cinq lettres grecques est le début d'un titre christologique que l'on traduit : Jésus, Christ, Fils de Dieu, Sauveur. L'interdépendance entre l'idéogramme - ICHTHUS - et la représentation graphique du poisson s'est imposée rapidement chez les premiers chrétiens. Mais dès le début du IIIe siècle, l'origine du symbole était déjà probablement oubliée. Il devient donc plus pertinent de parler de la signification du symbole en proposant deux hypothèses parmi les plus intéressantes.
Le poisson comme symbole eucharistique et baptismal
Les interprétations les plus anciennes qui nous sont parvenues viennent des Pères de l'Église latine qui ont associé au poisson un sens lié aux rites sacramentels. Selon certains historiens, la conception du poisson-Christ serait née du rite baptismal qui se pratiquait souvent par immersion à cette époque. Cette interprétation s'accorde très bien avec un texte célèbre de Tertulien (155-220) : « Nous, petits poissons, à l'image de notre Ichthys, Jésus-Christ, nous naissons dans l'eau. » (De baptismo, c. 1)
Pains et poissons d'une mosaïque de Tabgha.
(photo : BiblePlaces.com)Parmi les monuments qui nous sont parvenus, le poisson est souvent associé au pain et au vin comme en témoigne l'images ci-dessus. Saint Augustin (354-430) est le premier écrivain ecclésiastique à avoir donné une valeur eucharistique au poisson (voir son Traité sur l'Évangile de Jean, vers 416). De plus, une inscription conservée au Musée du Vatican présente le poisson-Christ comme l'aliment du banquet eucharistique. Mais c'est une exception car le symbole est habituellement associé au pain et au vin qui sont devenus, à la fin du IIe siècle, les seuls symboles de l'eucharistie.
Le symbole comme protestation
En 1898, Robert Mowat proposait une hypothèse fondée sur la numismatique (l'étude des monnaies anciennes). L'épigraphiste remarqua que la formule à laquelle l'idéogramme renvoie se décompose en trois membres de phrase distincts : Jésus Christ - Fils de Dieu - Sauveur. La formule respecte la structure tripartite en usage chez les Romains. La dénomination officielle d'un citoyen romain était composée de ses prénom et nom, de sa filiation paternelle et de son surnom, simple ou complexe. On retrouve ce genre d'agencement dans la légende de certaines têtes de monnaies émises sous le règne de l'empereur Domitien. Nous savons que Domitien était le fils de Vespasien, un empereur divinisé. L'idéogramme serait donc un cri de protestation chrétien contre la prétention impériale : César, fils de Dieu! Il s'agit d'une hypothèse qui tient compte du contexte culturel dans lequel la chrétienté vivait autour de l'an 95.
Tête laurée de Domitien
CAES DIVI VESP F DOMITIANVS COS VII
« César fils du divin Vespasien
Domitien Consul pour la septième fois. »Quelle que soit l'interprétation qu'on en donne - une juxtaposition de titres christologiques agencés sous l'influence du symbole pisciforme, un symbole sacramentel ou un cri de protestation contre la prétention divine de l'empereur - le symbole du poisson est une véritable confession de foi chrétienne. Il n'est donc pas étonnant que la représentation picturale du symbole soit encore utilisée aujourd'hui.
http://www.vrai-zodiaque.fr/wordpress/2009/12/18/l%E2%80%...
L’avènement de l’Ere des Poissons dans le Nouveau Testament
Par
– 18 décembre 2009Classé dans : Religion
Le Christianisme trouva son inspiration dans l’avènement d’une Ère astronomique nouvelle, à savoir l’Ère des Poissons il y a près de 2 000 ans. Ce signe devint par ailleurs le symbole des chrétiens. L’an 112 avant JC marqua l’entrée « physique » de l’humanité dans l’Ere des Poissons avec le lever équinoxial du Soleil avec l’étoile Zeta Piscium située à 2° Bélier.
En revanche, le lever équinoxial astronomique (cycle de 2 160 ans) a débuté quant à lui en l’an 221 (ce que l’on nomme communément l’ayanamsa Fagan déterminé à partir du zodiaque des douze signes construit par les babyloniens).
Ainsi pouvons-nous relever que les contemporains du Christ s’appuyaient sur le zodiaque stellaire, donc sidéral, puisqu’ils firent mention des Poissons liés au lever du Soleil avec les étoiles de cette même constellation, et non à partir du lever héliaque déterminé par les limites isophènes des signes (30° exactement).
Le Nouveau Testament constitue une véritable ode allégorique à l’avènement de cette ère nouvelle. Il a cependant été rédigé de manière à dénigrer très clairement le texte de l’une des plus anciennes religions monothéistes dont les auteurs se sont pourtant inspirés, à savoir la Torah (Ancien Testament) inspirée des Ères du Taureau (le mot Tora signifiant Taureau dans la langue de l’Avesta qui toutes deux évoquent le sacrifice du Taureau puisqu’il est dit dans l’hymne à la Lune que « nous sacrifions le Taureau sacré lorsque la Lune s’y trouve ») et du Bélier (la Torah évoque aussi le sacrifice du Bélier « verset 23, il est dit que « les sept jours de la fête, il offrira en holocauste à l’Eternel sept taureaux, et sept béliers sans défaut, chacun des sept jours ; plus, comme expiatoire, un bouc par jour. »
L’originalité du nouveau testament fut l’offrande des poissons qui existait déjà chez les iraniens pour marquer le lever équinoxial dans les constellations des Poissons le jour du Printemps (nouvel an en Iran). Ce qui explique que les Mages (qui vient du vieux perse « magu » signifiant prêtre) venus de Perse ont participé étroitement à la diffusion du rite de l’offrande des poissons « rouges ».
Ces « mages venus d’Orient (qui) arrivèrent à Jérusalem » selon Mathieu étaient imprégnés par la religion mazdéenne réformée du prophète Zarathoustra et annonçèrent le début d’une nouvelle ère par la naissance d’un Messie au moment d’une éclipse de Lune lors de l’équinoxe de Printemps .
L’offrande des Poissons présentée dans le Nouveau Testament découle donc directement de la culture astrologique persane diffusée par les rois mages… D’autres éléments permettent cependant de déduire que le Christianisme puise ses origines dans la culture ésotérique persane.
C’est en effet dans la Perse du IXème avant JC qu’apparut le dieu poisson Dagon représenté par des hommes habillés avec un costume de poisson. Guérisseurs et exorcistes, ces hommes-poissons possédaient un pouvoir spirituel puissant qui guérissait les maux de l’âme. Au-delà de l’action spirituelle jouée par le Pape, nous pouvons observer que le chapeau pontifical rappelle étrangement la bouche du poisson ouverte vers le ciel des hommes-poissons de la Perse. Par ailleurs, une déesse-mère nommée Cybèle vénérée à Rome possédait aussi une coiffe analogue à celle des Papes.
Notons que les prêtres de Cybèle, les Galles, étaient eunuques (pratiquant des rituels d’autocastration au moment du lever équinoxial printanier en Poissons), un sacerdoce à mettre en parallèle au sacerdoce du célibat imposé aux prêtres dans le catholicisme.On est donc très loin de ce que certains historiens subodoraient au sujet de l’origine du symbole ichtyologique attribué aux chrétiens, certainement par manque de matière ou de distance…
En effet, nombreux sont ceux qui expliquent l’ichtyalité christique par rapport au rite baptismal qui se pratiquait souvent par immersion à cette époque. Le berbère carthaginois christianisé Tertulienau indiqua au IIème siècle que : « Nous, petits poissons, à l’image de notre Ichthys, Jésus-Christ, nous naissons dans l’eau. «
Bien qu’il soit fort probable que le baptême aquatique découle de la symbolique des Poissons, il semblerait que l’origine astrale du mythe se soit peu à peu égarée. Si c’est à cette période que les chrétiens furent nommés les piscis (poissons en latin) rares furent les auteurs comme Abercius d’Hiérapolis à nous en livrer une raison ésotérique : « La foi me guidait et me procurait en tout lieu pour nourriture un poisson très grand et très pur, recueilli à la source par une vierge sans tache. » La Vierge étant la constellation opposée des Poissons, on comprend mieux le sens mystique de cette explication…
Cependant, l’épitaphe d’Autun (épitaphe de Pectorios) au IIème siècle désigna aussi le Christ sous le nom d’Ichtus (Poisson) sans donner d’explication astrale à celle-ci, tout comme Saint-Augustin au IVème siècle qui donna à son tour l’explication toute aussi fumeuse selon laquelle Ichthus était le nom mystique du Christ, parce que celui-ci était descendu vivant dans l’abîme de cette vie, comme dans la profondeur des eaux.
Afin de justifier plus précisément l’analogie entre le lever équinoxial en Poissons d’il y a 2 000 ans et l’attribut symbolique des chrétiens, nous pouvons bien évidemment nous appuyer sur les évangiles du Nouveau Testament. En voici quelques extraits :
Evangile de Matthieu :
16. Jésus leur répondit: Ils n’ont pas besoin de s’en aller; donnez-leur vous-mêmes à manger.
17. Mais ils lui dirent: Nous n’avons ici que cinq pains et deux poissons.Le chiffre sept, par analogie aux sept astres traditionnels, est ici évoqué. Cinq (Jupiter, Venus, Mars, Saturne et Mercure) et deux (Soleil et Lune – la nouvelle année équinoxiale se faisant dans la constellation des Poissons au moment de la nouvelle Lune) liées comme le sont les deux poissons dans la constellation des annunitum (Tigre et Euphrate ou Colombe et Hirondelle du Déluge de l’Epopée de Gilgamesh).
Evangile de Marc :
41. Il prit les cinq pains et les deux poissons et, levant les yeux vers le ciel, il rendit grâces. Puis, il rompit les pains, et les donna aux disciples, afin qu’ils les distribuassent à la foule. Il partagea aussi les deux poissons entre tous.
Il partagea deux poissons avec la foule… Deux et non trois, ou quatre, voire cinq.Evangile de Luc :
16. Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux vers le ciel, il les bénit. Puis, il les rompit, et les donna aux disciples, afin qu’ils les distribuassent à la foule.
17. Tous mangèrent et furent rassasiés, et l’on emporta douze paniers pleins des morceaux qui restaient. Encore une allusion aux fameux poissons avec en plus douze paniers, comme le nombre des constellations.Evangile de Jean :
11. Simon-Pierre monta dans la barque et amena jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré. (…) C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.153 poissons exactement ! Si l’on additionne 27 (degré d’exaltation de Venus en Poissons), nous arrivons à 180, nombre zodiacal par excellence ! En effet, il s’agit de la moitié du cercle zodiacal qui est aussi le nombre de degré qui sépare la pleine Lune en Marie de Magdala (la Vierge) lorsque le Soleil se lèvre à 0° Bélier.
Par ailleurs, manger du poisson le vendredi vient aussi de cette analogie entre le jour de la semaine (vendredi, jour de Venus) avec la planète qui se trouve exaltée dans le signe des Poissons, à savoir Venus…
De l’eau et des pieds !
Jésus, selon les évangiles, aurait aussi lavé les pieds de ses disciples. Ainsi, « avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père, et ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, mit le comble à son amour pour eux.
Pendant le souper, lorsque le diable avait déjà inspiré au cœur de Judas Iscariot, fils de Simon, le dessein de le livrer, Jésus, qui savait que le Père avait remis toutes choses entre ses mains, qu’il était venu de Dieu, et qu’il s’en allait à Dieu, se leva de table, ôta ses vêtements, et prit un linge, dont il se ceignit.
Ensuite il versa de l’eau dans un bassin, et il se mit à laver les pieds des (douze) disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint.«
La constellation régissant les pieds en mélotésie est bien évidemment celle des Poissons ! Le nombre de disciples bénéficiant de ce geste coïncide aussi avec le nombre de signes composant le zodiaque, à savoir douze ! (à gauche, l’une des premières représentations historiques de Jésus datant du IIIème siècle chrétien où l’on peut voir le Christ imberbe représenté en poisson / à droite, une illustration de la mélotésie réalisée par les frères Limbourg )
Le lien avec l’eau est plus que significatif (poissons, action d’abreuver les signes du zodiaque, etc.) . Notons que la période de Pâques coïncide aussi à la période où se lève le Soleil dans la constellation des Poissons et le choix du Lundi, jour de la Lune, pour le célébrer n’est pas un hasard (premier dimanche qui suivant la première pleine lune equinoxiale).
Ce rite du lavage des pieds fut ensuite repris par les Papes le Jeudi (Jupiter) Saint.
En somme, la symbolique des poissons adoptée par les chrétiens tire ses origines du lever équinoxial dans la constellation des Poissons. Les allégories célestes ont nourri les mythes des religions monothéistes au point de s’interroger sur l’authenticité des événements (l’Avesta ayant été rédigée en l’an 650 avant JC, la Torah en l’an 540 avant JC, le Nouveau Testament en l’an 40 et le Coran en l’an 650). Chacune, semble-t-il, a voulu effacer la précédente.
Néanmoins, les origines des religions sont peu à peu oubliées car les hommes s’éloignent, par leur matérialisme quotidien, de l’essence même de la spiritualité. Détournée ou réinterprétée, celle-ci est depuis toujours un instrument de pouvoir qui vise à contrôler les masses qui suivront, sans s’interroger sur l’origine astrolâtre des mouvements, les préceptes de ceux qui aspirent à devenir les garants absolus du sacré.
A lire les évangiles et leur dimension allégorique, on ne peut être que circonspect sur l’authenticité des événements contés. Si Jésus a existé, il est certain que le texte du Nouveau Testament compilant ses hypothétiques actions révèlent plus de l’escroquerie intellectuelle que de la réalité divine. Si le christianisme doit vivre un tournant majeur en 2010 (voir l’article sur l’année de naissance de Jésus) prouvant qu’un événement concernant un homme de dimension messianique nommé Jésus a existé, les évangiles ont été arrangés et ne coïncident pas avec la réalité des faits. L’histoire de cet homme a donc été remaniée et instrumentalisée pour lui donner une dimension surnaturelle afin de servir les intérêts de ceux qui l’ont écrite.
Patrice Bouriche ©
09:26 Publié dans Adam et Eve, chapelles romanes corses, IKHTUS, symbolique romane | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
08/03/2015
Balade autour du Bestiaire fantastique de Speluncatu: le Basilic et le Griffon
Une balade hors du temps
autour du Bestiaire fantastique de Speluncatu,
sous le sceau de la dualité
le Basilic et le Griffon
"A qui lui demandait : "Si un incendie était en train de détruire ta maison, qu'est-ce que tu te hâterais de sauver ? " Jean Cocteau répondit : "Le feu. "
le tympan (début XII°s.?) de feu l'église San Stefano de l'antique village de Giustiniani: il orne aujourd'hui le portail de la Collégiale Santa Maria Assunta de Speloncato.
Un bref rappel: le village de Speloncato s'est développé à cheval sur deux pièves distinctes, celle de Tuani (vallées des affluents de la rive droite du Regino) et celle de Sant'Andrea (haute vallée du Regino et ses affluents), un cas de figure rarissime. Ecoutons ce qu'en dit, dans sa Description de la Corse au XVI° s., Agostino Giustiniani (1470- 1536) : la Pieve de Tuani comprend " les ensembles habités de Quercioli, Belgodère, Occhiatana, Ville, Costa, Cavalleragie et Speloncato. Et Speloncato, quant à la juridiction ecclésiastique, appartient moitié à la pieve de Tuani et moitié à celle de Sant'Andrea. " De l'autre côté, la Pieve de Sant'Andrea, "qui renferme les villages de Nessa, Feliceto, Casenove, Muro et Giustiniani" (Avapessa n'est pas alors mentionné).
Sur le chemin muletier entre Speloncato et le site antique de Giustiniani,
la petite chapelle baroque de San Filippu (de Neri): une chapelle "récente" au regard de l'antiquité de l'occupation humaine dans cette région bénie ... Un peu plus loin se trouve le site de San Martinu, l'église annexe de San Stefano, elle aussi aujourd'hui disparue , et que viendra par la suite remplacer dans le rôle de paroisse l'église Santa Catarina au village.
(Summarium : merci Edouard!)
A propos de l'occupation de la communauté de Giustiniani dans la plaine de Speloncato : elle fait donc partie de la pieve de Sant'Andrea : "On rencontre Giustiniani ou Yustignano, Iustignano dans les documents du XIII° siècle (G. Pistarino, Le carte, pp.14 et sq.). Les ruines éparses de ce village et de son église (San Stefano) se trouvent aujourd'hui sur le territoire de la communauté de Speloncato (rouleau du Plan Terrier n°8 - lieu-dit Santo Stefano)" (in: Description de la Corse, par Agostino Giustiniani, préface, notes et traduction d'Antoine-Marie Graziani, éd. Piazzola, p.89).
En résumé pour diverses raisons (en particulier d'insécurité ) , les familles de Giustiniani vont donc peu à peu délaisser leur habitat de la plaine, leur antique église San Stefano, migrer vers les hauteurs et s'installer à Speloncato (versant pieve de Sant'Andrea), autour de leur oratoire Santa Catalina qui prendra par la suite le titre d'église paroissiale après l'abandon progressif de San Stefano et San Martino.
e Torre de Giustiniani, entre X° et XVI ° s. ...
Voir la note du site de Speluncatu Noi Tutti sur le sujet: http://www.noitutti.com/articles.php?lng=fr&pg=518
Toute cette région intéressait grandement Geneviève Moracchini Mazel qui est venue l'interroger à plusieurs reprises en compagnie des anciens . Saluons ici la mémoire de cette grande dame de l'archéologie médiévale insulaire qui nous a quittés il y a déjà maintenant un an, mais qui continue d'habiter tous ces sites pour lesquels elle a donné toute l'énergie et les intuitions de sa vie.
sous e Torre, des maisons anciennes du village abandonné au XVII° s. de Giustiniani
un riche territoire rural occupé depuis le néolithique et investi par le monde romain:
ici, les fameux "Bagni", thermes romains.
Voir à ce sujet la note de Noi Tutti:
http://www.noitutti.com/articles.php?lng=fr&pg=536
Mais avant d'arriver à I Bagni et e Torre, l'on rencontre au bord du chemin le site de San Stefano, l'église de Giustiniani, aujourd'hui disparue . "En 1646, lors de la visite pastorale de Mgr Marliani, l'église S.Stefano était déjà détruite et le curé de Speloncato touchait les revenus du "benefizio semplice di S. Stefano ... chiesa distrutta alla spiaggia" (G. Moracchini-Mazel , Les églises romanes de Corse, p.236 )
Sur le site de San Stefano:
l'on aperçoit en hauteur les maisons de Speloncato et
au premier plan, une aire de battage et un pagliaghju.
On a comme souvent par le passé ailleurs , réutilisé de belles pierres de l'église romane San Stefano pour le pavage de l'aghja,
ainsi que pour construire le pailler, taillées dans des granits de différentes couleurs : San Stefano devait avoir fière allure, avec son harmonie polychrome et son tympan sculpté .
C'est dans le mur de cette maisonnette ...
que se sont trouvés piégés pour de longues décennies nos deux animaux fabuleux après la ruine de l' église.
Délogés une seconde fois de leur habitat champêtre, contraints d'abandonner San Stefano et suivant la migration des anciens habitants de Giustiniani vers les hauteurs, ils trouvent refuge dans la crypte de l'église St Michel/ Sta Maria Assunta de Speloncato (versant pieve de Tuani). Là ils subissent quelques longues années de purgation avant de retrouver enfin une place digne de leur statut, au-dessus du linteau de la porte d'entrée de la collégiale.
Mais qui sont ces étranges gardiens du sanctuaire,?
Nulle part ailleurs en Corse, à ma connaissance, nous ne voyons semblable tympan où je choisis de lire la lutte d'un Basilic et d'un Griffon .
A gauche un étrange volatile à la tête surmontée d'une aigrette ou plutôt d'une crête, le corps me semble-t-il terminé par une queue de serpent enroulée, à moins qu'il ne s'agisse d'un vulgaire croupion et d'une paire d'aile - (le bas-relief a souffert par le passé d'un excès de zèle et reste difficile à interpréter) s'attaque à un quadrupède puissant, un corps de fauve et une tête d'aigle au large bec crochu , la queue fouettant l'air, et deux grandes ailes déployées comme pour défendre un passage : une vision dramatique, ardente, de combat entre deux bêtes fantastiques nées des premiers temps de l'humanité, chargée d'un message pour ces hommes du Moyen-Âge et qu'il nous faut tenter d'approcher en déposant notre carapace raisonnable de gens du XXI°s. En nous laissant conduire par notre imaginaire le plus archaïque, le plus instinctif , celui-là même qui surgit à l'improviste dans nos rêves, peuplant parfois nos nuits de créatures inquiétantes ou bienfaisantes dans les situations les plus anodines.
Deux animaux tout droit sortis des "Bestiaires" médiévaux (issus de l'antique premier Bestiaire chrétien, le Physiologos, entre le II° et le IV° s. qui a inspiré durablement tous les Bestiaires médiévaux ) après un long temps d'adaptation au christianisme:
"Les Bestiaires sont des livres qui nous racontent et nous font voir les rêves du Moyen Âge.
(...) Leur éclairage résulte d'un discours idéologique. (...) Nous voilà donc devant les monuments d'un faux savoir zoologique. La logique du vivant n'y est qu'en apparence naturelle. Rien de plus arbitraire que ce système culturel qui va enfermer la pensée occidentale dans une ménagerie orientale. Il est vrai qu'il s'agit , en fin de compte, de prêcher le christianisme, religion née au Moyen-Orient, en figurant le dogme par des légendes animalières là-bas plus familières. L'implantation des idées se fait par bouturage en jardin d'acclimatation exotique. Bel exemple d'acculturation, illustrant la construction d'un système de pensée sur des schémas venus de l'étranger. Les traditions gauloises, romaines et germaniques sont broyées par une machine gréco-orientale, fabriquant encore, dix siècles après son invention, des thèmes religieux et des motifs esthétiques pour séduire l'Europe médiévale." ( Daniel Poirion , dans Le Bestiaire, Histoires dites naturelles, p. 13- Ed. Philippe Lebaud)
A quels archétypes venus du fond des âges appartiennent ces créatures fantastiques qui peuplent l'univers de nos chapelles, églises et cathédrales romanes ? Comme souvent, ces animaux fabuleux s'avèrent singulièrement polyvalents, évoluant au fil du temps, tantôt fastes, tantôt néfastes, tour à tour protecteurs ou destructeurs ...
Je vais devoir prendre parti, sans certitude aucune ...
Et pour commencer, je déciderai donc de voir dans mon petit volatile de gauche un Basilic, plutôt qu'une huppe ou une quelconque gallinacée. Il faut dire que ça m'arrange. Voyez plutôt:
Le Basilic ( Basileus, le petit roi)
"Le Basilic, antithèse du Coq emblématique
De même que le Coq fut souvent l'image du Sauveur, le Basilic fut celle de Satan, l'Adversaire, l'Anté-Christ, après avoir été, dans les cultes préchrétiens, l'emblème du Mal et de la Mort" ( Le Bestiaire du Christ, Louis Charbonneau-Lassay p. 641, éd. Albin Michel)
(merci Leo!)
le basilic de la Cathédrale de Metz s'apparente assez au nôtre :
une créature hybride, redoutable malgré sa petite taille, entre une quinzaine et une cinquantaine de centimètres et qui appartient au monde rampant des serpents, mais aussi à celui des oiseaux .
Un basilic qui a de nombreux ancêtres lointains,
dont ce terrible serpent à trois têtes à crêtes de coq, gardant la tombe étrusque dite "du Quadrige infernal" (fin IV° s. a. J.C.), dans la nécropole des Pianacce à Sarteano.
On le trouve mentionné à plusieurs reprises dans l'Ancien Testament: Isaïe menaçant les Philistins leur prédit que " de la race de la couleuvre sortiront le basilic et son fruit, qui est un serpent ailé et de feu". Pline l'ancien, dans sa description du basilic, signale que son sang aurait des vertus plutôt inattendues venant de ce petit monstre meurtrier , lui attribuant "le pouvoir de faire réussir l'homme près des puissances dans les demandes, près des dieux dans les prières, de guérir les maladies et de prévenir les maléfices. Certains l'appellent Sang de Saturne" (Pline , Histoire naturelle, XXIX, 19) . Bon, tout n'est pas perdu!
Son apparence se modifie au Moyen-Age, il est doté de pattes et son apparence hybride mi-coq, mi-serpent révèle une symbolique complexe et contradictoire:
- coq, courageux et vaillant, il a le pouvoir de capturer avant l'aube et d'annoncer par son chant le retour de la lumière, et , pourvu d'ailes, il appartient au monde du Ciel ; mais son regard tue, irradiant comme le soleil qu'on ne peut regarder en face.
- serpent, intelligent et patient, il rampe à la surface de la Terre, communique avec le monde souterrain (et les morts) qu'il affectionne particulièrement ; mais son haleine fétide empoisonne l'eau des sources et des puits.
" Une femelle crapaud, alors qu'elle se sentait fécondée, vit un œuf de serpent, s'assit dessus pour le couver jusqu'à ce que ses petits viennent au monde. Ils moururent, mais elle continua de couver l'œuf du serpent jusqu'à ce que s'y manifeste une vie nouvelle, et cette vie fut placée dès lors sous le signe du serpent de l'Eden ... Le petit brisa la coquille, se glissa hors de l'œuf mais exhala aussitôt de puissantes flammes... Il tue tout ce qu'il rencontre."
(Hildegarde de Bingen , 1098- 1179)
Son seul regard tue et son haleine épouvantable condamne à mort celui qui la respire ... Il semble que seule la belette puisse l'affronter sans crainte .
St Augustin qui le considère comme le roi des serpents ne tient guère en estime . Parmi les péchés capitaux, le Basilic représente la Luxure. *
On trouve également une variante du Basilic avec une tête de chien ou de loup:
comme ici sculpté sur
le Baptistère roman de Parme
ou comme ici sur ce chapiteau de la Cathédrale de Reims
Un petit monstre peu fréquentable, puant, tueur invétéré , et que l'on ne peut vaincre qu'en le forçant à se regarder lui-même dans un miroir. A chacun son basilic intérieur qu'il convient d'affronter avec lucidité et prudence, tout un programme, me semble-t-il. En tous cas, nettement une créature plutôt diabolique, un emblème ou, à tout le moins, un serviteur de l'Esprit du Mal.
"Dans la Kabbale, le Basilic est la monture de l'ange infernal Azagel, parce que ce monstre ne tue pas seulement par le regard, mais par les germes de la peste et des maladies contagieuses qu'il porte avec lui" (ibid. Le Bestiaire du Christ, Louis Charbonneau-Lassay, p. 646, )
En somme une créature sans âge qui fut, est et sera , continuant d'empoisonner à sa source l'eau de la vie, et à qui j'attribuerai volontiers aussi les innombrables fléaux de notre temps , égoïsmes, intolérances, obscurantismes, fanatismes de tous poils, écailles et plumes, avec leurs lugubres cortèges de guerres, assassinats, viols, désespoirs, folies, exodes, désastres écologiques et pollutions définitives ...
***
Face au Basilic
le Griffon déploie ses ailes aquilines
le Griffon de San Stefano
Parmi les animaux hybrides venus du fond des âges la symbolique chrétienne a souvent choisi le griffon "pour figurer la nature et l'excellence du Christ divin" (Charbonneau, le Bestiaire du Christ).
Un corps de lion , des ailes et une tête d'aigle, souvent du reste pourvue d'oreilles de cheval. Un héritage qui nous vient de loin:
ici à Cnossos (capitale Minoenne de la Crète, Age du bronze,),
la salle du Trône, bien gardée par la frise de ces magnifiques griffons
ou ce chapiteau de colonne portant ces deux griffons achéménides de Persépolis (la Ville des Perses), gardiens de l'Allée des processions (V° s. a. J.C.).
Symbole de la Perse et de son antique religion le Mazdéisme où s'affrontent les deux Esprits primordiaux - pour faire simple - du Bien et du Mal, le Griffon apparait comme le symbole du dualisme entre ces deux principes fondamentaux, développés par la doctrine du Zoroastrisme : au sein d'un monothéisme, le dualisme du Bien et du Mal, de la Lumière et des Ténèbres, de la Vie et de la Mort ... jamais l'un sans l'autre, mais, à la fin des temps, la victoire annoncée de la Lumière sur les Ténèbres.
Une vision qui séduit toujours autant : sans oublier le Manichéisme et les hérésies cathares, "Le Seigneur des Anneaux", "Harry Potter" vous connaissez ?
Dualisme ou gémellité ? Tout homme, en tous cas, a toujours le choix d'affirmer, par ses actes, sa préférence.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Zoroastrisme
http://www.clio.fr/bibliotheque/le_mazdeisme_la_religion_des_mages.asp
Une religion qui sans doute imprègnera durablement le Judaïsme et le peuple des Hébreux lors de leur déportation à Babylone, lorsque les Perses prendront la ville au VI° s. a. J.C. ... Et dont héritera peu ou prou le Christianisme, qui aura à lutter, entre autres, contre les tentations des dérives manichéennes .
Là encore le Griffon apparait dans toute sa complexité hybride , doté d'une abondante parentèle ailée, lié au pouvoir, à la vie et à la mort, au bien et au Mal, tantôt démon, tantôt génie protecteur, et toujours représenté avec une tête de rapace: une puissance "hiéracocéphale" (comme le dieu Horus des Egyptiens) qui aura beaucoup d'avatars:
comme dans cette représentation du griffon "fertilisant " l'Arbre de Vie (à l'aide d'une pomme de pin) , mi-homme, mi-aigle: un génie serviteur de Nergal, dieu des Enfers, à l'origine maléfique puis protecteur - Palais du Roi Assurnasipal II ( Assyrie, IX° s. A. J.C.) - Musée du Louvre.
Gardiens des trésors, du sacré, de l'arbre de vie et de l'arbre de la connaissance, n'hésitant pas à anéantir du bec et des griffes les téméraires qui violent les frontières du mystère, nos griffons font partie de la grande fratrie de ces êtres hybrides nés à l'aube des âges: ils assurent leur service solaire auprès des dynasties puissantes et des dieux dans ce Moyen-Orient fertile, dans la Crète du Roi Minos, à Mycènes ou en Egypte ...
tel ce griffon sculpté dans l'ivoire (datant de 1300 a.J.C.) et qui provient du site de Megiddo (à 90 km de Jérusalem)
- ou ce cousin proche, lion/griffon de la frise du Palais des Achéménides à Suse, 510 a. J. C. (Musée du Louvre)
- ou ce puissant "Lamassu", taureau ailé, génie protecteur posté de part et d'autre des portes du palais de Sargon II à Dur-Sharrukin ( 713 a. J.C.)- Musée du Louvre.
(petite, ces personnages colossaux et énigmatiques m'impressionnaient terriblement )
[un patrimoine humain mondial pré-islamiste aujourd'hui dramatiquement menacé de destruction définitive par les intégristes islamistes - il faut dire qu'avant eux, Alexandre le Grand s'était chargé de l'anéantissement de Persépolis ...]
http://www.france24.com/fr/20141224-images-onu-liste-tres...
http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-paul-baquiast/090315/...
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orien...
[ mais même les incendies et bombardements ne pourront détruire le feu de la spiritualité]
- ou ces "Keroubim"- Chérubins (créatures de sainteté, "ceux qui communiquent", "qui prient", terme et concept empruntés directement de l'imagerie babylonienne) dont nous parle l'Ancien Testament :
- après la chute d'Adam et Eve , Yahvé les chasse du jardin d'Eden: " Il bannit l'homme et il posta devant le jardin d'Eden les chérubins et la flamme du glaive fulgurant pour garder le chemin de l'arbre de vie." (Genèse 3-24)
- ou les immenses statues de Chérubins aux ailes déployées du Temple de Salomon
- ou l'extraordinaire vision d'Ezéchiel dont héritera la chrétienté à travers la représentation du Tétramorphe (les quatre Evangélistes et leurs symboles ailés: l'Homme de St Matthieu, le Taureau de St Luc, le Lion de St Marc, et l'Aigle de St Jean):
(gravure tirée de la Bible de l'Ours, 1569)
10:1 Je regardai : sur la voûte céleste qui était au-dessus de la tête des keroubim il y avait comme du lapis-lazuli; on voyait au-dessus d'eux quelque chose dont l'aspect ressemblait à un trône.
10:2 Il dit à l'homme vêtu de lin : Entre à l'intérieur du tourbillon sous les keroubim, remplis tes mains de braises que tu prendras entre les keroubim, et jette-les sur la ville ! Et il y alla sous mes yeux.
10:3 Les keroubim se tenaient à droite de la Maison quand l'homme arriva, et la nuée remplit la cour intérieure.
10:4 La gloire du SEIGNEUR s'éleva de dessus le keroub sur le seuil de la Maison; la Maison fut remplie de la nuée, et la cour fut remplie de la clarté de la gloire du SEIGNEUR.
10:5 Le bruit des ailes des keroubim se fit entendre jusque dans la cour extérieure, pareil à la voix du Dieu-Puissant lorsqu'il parle.
10:6 Ainsi, quand il ordonna à l'homme vêtu de lin : « Prends du feu à l'intérieur du tourbillon, entre les keroubim ! », il alla se placer près de la roue.
10:7 Alors le keroub étendit la main entre les keroubim vers le feu qui était entre les keroubim; il en prit et le mit dans les mains de celui qui était vêtu de lin. Il le prit et sortit.
10:8 Quant aux keroubim, une forme de main humaine apparaissait sous leurs ailes.
10:9 Je regardai : il y avait quatre roues près des keroubim, une roue près de chaque keroub; l'aspect de ces roues avait l'éclat d'une pierre de chrysolithe.
10:10 Par leur aspect, toutes les quatre se ressemblaient; chaque roue paraissait être au milieu d'une autre roue.
10:11 Quand elles se déplaçaient, elles allaient sur chacun de leurs quatre côtés; elles ne viraient pas en se déplaçant; elles allaient dans la direction de la tête, sans virer en se déplaçant.
10:12 Tout le corps des keroubim, leur dos, leurs mains et leurs ailes, étaient remplis d'yeux tout autour, de même que les roues, leurs roues à eux quatre.
10:13 J'entendis qu'on appelait les roues « Tourbillon ».
10:14 Chacun avait quatre faces; les faces du premier étaient des faces de keroub, les faces du deuxième des faces d'homme, pour le troisième des faces de lion, et pour le quatrième des faces d'aigle.
10:15 Et les keroubim montèrent. C'était le vivant que j'avais vu près du Kebar.
10:16 Quand les keroubim se déplaçaient, les roues allaient à côté d'eux; quand les keroubim déployaient leurs ailes pour s'élever de terre, les roues, à leur côté, ne viraient pas.
10:17 Quand ils s'arrêtaient, elles s'arrêtaient; quand ils s'élevaient, elles s'élevaient avec eux, car le souffle du vivant était en elles.
10:18 La gloire du SEIGNEUR se retira du seuil de la Maison et se plaça sur les keroubim.
10:19 Les keroubim déployèrent leurs ailes et montèrent de terre sous mes yeux quand ils partirent avec les roues. Ils s'arrêtèrent à l'entrée de la porte de la maison du SEIGNEUR, côté est; et la gloire du Dieu d'Israël était sur eux, en haut.
10:20 C'était le vivant que j'avais vu sous le Dieu d'Israël près du Kebar, et je sus que c'étaient des keroubim.
10:21 Chacun avait quatre faces et quatre ailes et, sous leurs ailes, ce qui ressemblait à des mains humaines.
10:22 Leurs faces ressemblaient à celles que j'avais vues près du Kebar; c'était le même aspect, c'était eux-mêmes. Chacun allait droit devant lui.
(EZ. 10)
autre gravure de 1573: la vision d'Ezechiel, façon OVNI
... des Keroubim/Chérubins redoutables, ardentes antennes du Verbe .
Rien à voir avec les charmants chérubins putti qui suivront!
Le monde ancien des griffons étant d'une richesse inépuisable, pas question ici d'en faire le tour exhaustif. Toujours est-il qu'il ne cesse d'être présent, traversant les âges, survolant les déserts, les montagnes et les mers, sortant ici ses griffes redoutables, perdant là quelques plumes, atteignant le grand nord, les monts de l'Hyperborée, et même au-delà, la Scythie, pays des Arimaspes :
Scène de Grypomachie:
lutte de griffons contre les légendaires Arimaspes., peuple cyclope.
(autour de 370 a. J. C. - Musée du Louvre)
Dans l'univers des Grecs, il est consacré à Apollon, dieu de lumière et de beauté, dont il garde les trésors (Hérodote).
Apollon chevauchant un griffon. Coupe attique - 380 a. J. C. Kunsthistoriche Museum de Vienne.
"Et, conception plus haute, ils [les Grecs] le considéraient comme "le gardien, aussi, des voies du salut" (le Bestiaire du Christ, ibid.) : il lutte alors contre les êtres malfaisants ... rampants comme le serpent et le basilic en particulier.
Animal "psychopompe" (ou "psychagogue"), de ses ailes puissantes il élève au ciel les âmes des défunts: c'était le rôle, dans l'Egypte ancienne, du griffon Sefer " qui se transformait , s'identifiait avec les offrandes brûlées des sacrifices, et, par leurs fumées, portait vers le ciel les âmes des morts pour lesquels elles avaient été offertes".
Un rôle que l'on va retrouver dévolu à St Michel Archange à l'époque médiévale, lui qui d'une main armée d'une lance ou d'une épée maîtrise le Malin- dragon-serpent et de l'autre pèse les âmes, permettant aux justes de s'élever au ciel ...
Aregno, église de la Trinité, fresque de St Michel (1448).
Le magnifique et redoutable Archange St Michel dans sa dualité : tout comme le griffon, à la fois gardien impitoyable au bras armé d'une épée ou d'une lance terrassant Satan, et passeur d'âme (psychopompe), pesant les défunts et conduisant ceux qui le méritent vers le ciel.
Une constante dans l'iconographie de nos chapelles à fresques de Corse.
***
Un autre épisode significatif se trouve dans les légendes d'Alexandre le Grand restituées au XII° s. , récits aussi populaires et largement diffusés que la Bible elle même :
le grand roi Alexandre, lors de ses voyages, aurait capturé deux griffons dans une contrée étrange et sauvage, puis, les ayant fait jeûner trois jours, les attache à une sorte de nacelle de bois et de cuir (voire, à son trône) , qu'il fait s'envoler en leur tendant sous le bec un morceau de viande du bout de sa lance ... " Il monte jusqu'au ciel de feu. La chaleur excessive le contraint enfin à descendre, ce qu'il fit en abaissant sa lance." (ibid. Le Bestiaire du Christ)
gravure d' Hans Scäufelein (1480/1539)
Jean Wauquelin, Alexandre emporté par les griffons -
Flandre ( XV° s.) -BNF, Manuscrits, Français 9342 fol. 180v
Pour l'historien de l'art Emile Mâle "Alexandre , c'est l'orgueil humain, c'est la science qui veut arracher à Dieu ses secrets. L'homme monte, il entre avec audace dans la région des mystères, mais c'est une région sans limite, et il faut qu'enfin il s'arrête devant de nouveaux mystères" (cité par Charonneau-Lassay, ibid, dans le Bestiaire du Christ p. 371).
Je crois entendre s'interroger tout haut nos astrophysiciens et autres fous de l'infiniment petit ...
***
Revenons-en au Moyen-Âge , un temps où l'on ne doute pas de la réalité du griffon, au même titre que de celle du lion, de la hyène, du basilic, du hérisson ou de la salamandre, et dont on tire des leçons morales tout-à-fait édifiantes à défaut d'une connaissance scientifique infaillible.
Voici ce qu'en dit le Physiologos (cf .plus haut) dont se sont inspirés les Bestiaires médiévaux :
" LE GRIFFON
Le griffon est un oiseau qui est d’une taille supérieure à celle de tous les oiseaux du ciel. Il se dresse en Orient, dans le port du fleuve Océan ; et lorsque le soleil se lève, surgissant des profondeurs des eaux, et qu’il inonde le monde de ses rayons, le griffon, justement, déploie ses ailes et capte l’incandescence du soleil pour éviter que la terre habitée ne soit entièrement brûlée. Un second griffon les accompagne jusqu’au crépuscule, selon ce qui est écrit sur ses ailes : « avance, toi qui donnes la lumière, donne au monde la lumière ».
De la même façon la divinité est accompagnée de deux griffons en marche, autrement dit l’archange Michaël et la sainte Mère de Dieu, et ils captent l’incandescence du soleil, autrement dit la colère de Dieu, pour éviter qu’il ne dise à tous les hommes : « je ne vous connais pas », et que sa colère ne les brûle entièrement."
Le Griffon, après quelque temps de disgrâce et de mauvaise réputation dans les tout premiers temps du christianisme où on le soupçonne de servir les forces du Mal, va se trouver réhabilité et son symbolisme va s'enrichir de nouveaux attributs qui finiront par en faire l'emblème du Christ :
alliant la puissance solaire du lion à l'action céleste de l'aigle, faisant communiquer la terre et le ciel, reliant la matière à l'esprit, le monde tellurique au monde cosmique, celui des morts et celui des esprits célestes entre lesquels vivent les hommes, il va symboliser la double nature du Christ, humaine (lion) et divine (aigle), et sa double royauté : le lion, roi des animaux terrestres, et l'aigle roi des créatures célestes.
Dante Alighieri, dans sa Divine Comédie, met en scène dans ses Chants du Purgatoire le symbolisme christique du Griffon, "l'animal à la double nature" ("ch'è sola una persona in due nature"), aux ailes immenses, tirant le char symbolique de la vision d'Ezechiel sur lequel descend Béatrice à la rencontre de Dante:
Sandro Botticelli, entre 1480 et 1500, Purgatoire: le char mystique tiré par le Griffon
Le Griffon, c'est à dire l'Homme-Dieu, le Christ, attache le char à l'arbre de la connaissance du bien et du mal desséché, dévitalisé par le péché originel d'Adam et Eve, et le faisant reverdir et fleurir:
" Bienheureux es-tu, Griffon, qui de ton bec ne détache rien de cet arbre agréable au goût, puisque se tordent dans la douleur les entrailles qui s'en nourrissent" ( Purgatoire, Chant XXXII )
***
Là encore, pour les alchimistes, le Griffon est un emblème important:
Aurora Consurgens-1410
le combat du soleil et de la lune:
"Dans le combat que se livrent l'aigle (volatil) et le lion ( fixe), il faut que les deux protagonistes soient réciproquement confondus pour constituer finalement le griffon, c'est-à-dire un seul et même corps parfaitement fixe et indivisible (...)"
(Les clés secrètes de l'alchimie -Fabrice Bardeau, édit. Lanore)
Mais il faut bien reconnaître que dans l'iconographie du Moyen-Age on rencontre parfois aussi l'autre versant du Griffon, alors emblème de Satan: il porte alors souvent de monstrueuses ailes de chauve-souris, un arrière-train dragonné avec une queue reptilienne ... iconographie que l'on retrouve également dans certains blasons,
Comme ici, les armoiries d' Hérimoncourt, au griffon rampant et lampassé, et aux ailes de chauve-souris.
La figure du griffon se retrouve dans d'innombrables armoiries,
comme ici dans ce Blason de la République de Gênes, vues par le Père Accinelli au XVIII° s. :
on peut reconnaître en haut du blason soutenu par deux griffons la tête de Maure de la Corse ...
et, toujours à Gênes,
ce poids pour le Doppia de Gênes,
(1792- 97)
et ici à Volterra:
sur ce blason, le noble Griffon règle son compte à l'infâme Basilic ...
Une remarque : ici l'identité du Bien (Griffon) n'existe pas en soi, elle ne peut se manifester que dans la relation au Mal (Basilic) ... Nous voilà revenus au dualisme du temps de Zoroastre et cette image nous rapproche du tympan de Speluncatu
***
Revenons enfin en Corse :
qu'en est-il du Griffon et du Basilic de Speluncatu?
Au mieux, c'est un dialogue, comme diraient certains chefs d'état dans l'impasse, entre deux principes fondamentaux, opposés ... voire complémentaires. Bref un gentil petit couple.
Au plus réaliste c'est un combat sans merci, et notre Griffon de Speloncato (anciennement de San Stefano) ouvre largement ses ailes immenses pour protéger nos gens du Basilic tueur : je ne doute pas qu'il arrive, comme à Volterra, à maîtriser l'Adversaire.
Car j'ai définitivement choisi : pour les besoins de ma lecture, je décide de voir à Speloncato la queue serpentine du Basilic et non le croupion déplumé d'une Poule ou d'un Coq. Parce que si c'était une Poule, tout mon scénario tomberait à l'eau car elle serait alors l'emblème de la bonté vigilante du Sauveur et il faudrait revoir en négatif le rôle de son adversaire, le Griffon ... Ainsi en est-il du monde complexe des symboles, à chacun sa lecture.
Enfin, depuis que ce tympan a élu domicile au-dessus de la porte de l'église Saint Michel - devenue Collégiale Santa Maria Assunta en 1749 - notre Griffon se voit en outre symboliquement investi de la mission du passeur d'âmes, du "psychopompe" attribuée à St Michel.
Où retrouver d'autres Basilics et d'autres Griffons en Corse ? Pour ma part je connais deux tympans qui évoquent le même univers:
Le décor de la porte occidentale de la Cathédrale de Mariana:
au-dessus du linteau et du tympan sculptés en plat-relief, les six claveaux de l'archivolte forment une frise d'animaux. De gauche à droite :
- une sorte de lion
- puis deux griffons ailés à tête d'aigle s'affrontent bec à bec
- vient ensuite au centre de la frise l' Agneau mystique, agenouillé et portant sa croix
- sur sa droite un loup bondit vers lui, la gueule ouverte sur des crocs menaçants, prêt à le déchiqueter
- le cinquième claveau montre un cerf atteint dans sa course par un chien portant un collier et qui lui mord déjà le flanc
- enfin le sixième claveau porte deux basilics affrontés à tête de loup ...
à Piedicorte di Gaggio :
l'archivolte, le linteau et le tympan semi-circulaire romans réemployés à la base du clocher de l'église paroissiale actuelle Sta Maria Assunta .
" Le style de ces entrelacs et de ces sculptures rappelle celui de la porte occidentale de l'église Santa Maria Assunta, ancienne cathédrale de Mariana, dite la Canonica; c'est pourquoi nous avons pensé que ces œuvres pouvaient être contemporaines, c'est-à-dire dater des environs de 1100 " (ibid. G.Moracchini-Mazel, Les églises romanes de Corse p. 334)
De gauche à droite:
- deux bêtes féroces affrontées,
- puis un griffon, bien centré,
- qui combat sur sa droite, un basilic à tête de loup.
le Griffon de Piedicorte
et "son" Basilic
Enfin, il faut signaler le monde perdu de la cathédrale San Marcello d'Aleria, évoqué par Geneviève Moracchini-Mazel:
Aléria - Bas-relief publié par Mérimée en 1840 et provenant vraisemblablement de la cathédrale San Marcello (début XII°s.).
"(...) Mérimée a publié une sculpture qu'il a vue en 1840 remployée sur le mur d'une maison qu'on venait de construire dans le petit hameau d'Aleria, et qui lui semblait "provenir de quelque église détruite aujourd'hui";
Pour G. Moracchini-Mazel, " il est probable en effet que ce bas-relief provient bien de la cathédrale San Marcello, en raison de son style" ( Les églises romanes de Corse, p. 104)
Ce bas-relief n'a malheureusement pas été retrouvé . Il s'inscrit nettement dans le même dualisme qu'à Speloncato ...
Ouvrez l'oeïl !
A suivre ...
A faire, une lecture intéressante sur le voyage iconographique au Haut Moyen-Âge et qui concerne le sujet:
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cr...
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20/10/2013
Visages de Santa Cristina di Valle di Campuloru
12:08 Publié dans art roman, chapelles romanes corses, fresques de corse, histoire de l'art, patrimoine des chapelles à fresques en Corse, spiritualité, symbolique romane | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : santa cristina, valle di campuloru, fresques, corse, patrimoine humain, visages, humanité, cesar brandi, michel hebrard, severine haberer, entreprise noémi, saint michel arcange, saint gabriel | Facebook |
18/10/2013
Aregno, église de la Trinità, regards sur la façade occidentale
Aregno, a Trinità
Balagne
église pievane de la Pieve d'Aregno, Diocèse d'Aleria,
au lieu-dit Pieve,
dédiée à la Trinità et à San Giovanni Battista.
(ces jours-ci, après restauration: la haute façade s'étire vers le ciel dans la lumière en ce début d'après-midi d'octobre.
La façade occidentale:
une invitation à la démarche spirituelle
En prélude, cette citation de Marie-Madeleine Davy dans le prologue de son " Initiation à la symbolique romane" (Champs histoire, éditions Flammarion):
"La différence entre les hommes se réduit à celle-ci: la présence ou l'absence de l'expérience spirituelle. Si lumineuse qu'elle soit, cette expérience n'est pas acquise une fois pour toutes, elle est vouée à des approfondissements successifs, c'est pourquoi l'homme en qui elle s'accomplit est attentif aux signes de présence, aux symboles qui tels des lettres lui apprennent un langage, le langage de l'amour et de la connaissance. L'homme spirituel est instruit par les symboles et quand il veut rendre compte de son expérience ineffable, c'est encore aux symboles qu'il a nécessairement recours .
(...) Les symboles sont autant de regards animés, de mains pleines de trésors.
L'important est de savoir qu'ils sont en nous et autour de nous, attendant patiemment d'être reconnus"
La piévanie d'Aregno, dédiée à la Trinità et San Giovanni Battista, se dresse aujourd'hui au milieu du cimetière communal.
Cette église pisane, habillée de ses belles dalles de granit de trois couleurs - ocre doré, gris foncé, blond - est datable, comme sa soeur San Michele de Murato, du XII° siècle. Classée Monument Historique depuis le 11 août 1883.
Dans son ouvrage : "Les églises romanes de Corse", G. Moracchini-Mazel nous montre, à travers ces "dessins anciens relevés à la fin du XIX°s. en vue de la restauration de l'église de la Trinità " (p. 128) ce que pouvaient voir les visiteurs de l'époque, avant restauration. Le campanile n'a jamais retrouvé sa place dans l'édifice.
"A l'origine,la porte occidentale de l'église d'Aregno était une ouverture surmontée d'un arc en plein cintre sans tympan - ce qui est assez rare dans l'architecture romane de Corse - ; c'est la restauration de la fin du XIXe siècle qui a fait disparaître cette disposition pour mettre à la place de l'arc inférieur un linteau momnolithe (...)" - Geneviève Moraccchini-Mazel, Corse romane, ZODIAQUE, la Nuit des Temps.
Notons que dans les dessins de Gaubert réalisés entre 1886 et 1889, la façade occidentale se présente comme aujourd'hui. A retrouver sur le site:
"GAUBERT, Dessins pris sur place de 1886 à 1889, Recherches sur les origines de la Corse par les Monuments"
www.cerviotti.com/Publiergaubert/index.html
Pour commencer, et en attendant de rentrer à l'intérieur nouvellement restauré par Madeleine Allegrini, voici quelques regards sur la façade occidentale.
Au-dessus de la porte d'entrée occidentale, un arc de décharge animé de quinze claveaux alternant en éventail couleurs sombres et claires. Les pierres gris clair sous l'arc font partie de la restauration de la fin XIX° S., de même que le linteau monolithe triangulaire qui a remplacé un premier arc en plein cintre, visible sur les dessins anciens.
De part et d'autre de l'arc de décharge et par lui réuni, un premier couple avec ces deux personnages en haut-relief:
à gauche, debout, une femme (?) ou un clerc (?) portant un calot plat sur la tête, solidement planté(e) jambes écartées et mains sur les hanches,
- difficile de ne pas y voir une femme, en cette lumière d'octobre -
habillé(e?) d'une robe tombant jusqu'à ses pieds.
et à droite, de l'autre côté, cet homme totalement nu, assis, tenant sur ses genoux ce qui pourrait être un volumen ou un bâton de commandement.
Tous deux sont équipés de grandes oreilles rondes, pour mieux entendre: la Parole divine? le Jugement? Car ici se rendait sans doute la Justice au tribunal de la piévanie:
" C'est ainsi qu'il faudrait savoir si elles (les statuettes) ne seraient pas l'allégorie des différents pouvoirs qui s'exerçaient dans l'édifice, judiciaire (rouleau de la loi) et ecclésiastique (robe)" (in: Les églises romanes de Corse, p. 114, G. Moracchini-Mazel)
(- voir la note sur a Tribuna de Prato de Giovellina:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2009/04/20/pieve-de-giovellina-torre-di-monte-albano-et-a-tribuna.html )
Ces deux statues sont à comparer avec les deux mêmes personnages rencontrés à San Michele, à Murato:
(Murato, l'homme nu au volumen)
(Murato, le personnage en robe, jambes écartées, mains sur les hanches )
Même fonction, semble-t-il ...
***
Au-dessus de l'arc de décharge et du couple, quatre arcs aveugles animent à leur tour la façade:
"Le Trois et le Quatre qui, additionnés, donnent Sept et multipliés font Douze, sont les nombres auxquels le christianisme assigne le plus de vertus. Dans la pensée de saint Augustin, ils expriment respectivement l'esprit et la matière, l'âme et le corps: "Numerus ternarius ad animam pertinet, quaternarius ad corpus".
(...) Quatre est le nombre des éléments (terre, air, eau, éther ou feu), des saisons, des fleuves du paradis ( Phison, Géon, Tigre et Euphrate) qui irriguent les quatre régions de la Terre, des humeurs qui irriguent le corps de l'homme (...)et déterminent les tempéraments ou complexions de l'homme (sanguin, lymphatique, bilieux ou nerveux). Quatre est encore le nombre des Evangélistes, des grands Prophètes, des principaux Pères de l'Eglise tant d'Orient que d'Occident, des Vertus cardinales. (...)
(Lexique des Symboles, Zodiaque)
Je retiendrai, pour ma part, entre autres, la vision des quatre Vivants de l'Apocaypse, des quatre Evangélistes, chaque arc surmontant les cinq pilastres formant une porte - un accès vers la Jérusalem céleste?
Chaque arc porte un décor différent: cordelière, fleurs, denticules, double cordelières. Sous chaque arc, dans une sorte de cupule creusée prenait place autrefois une céramique polychrome, aujourd'hui disparue.
A la retombée des arcs, cinq modillons sculptés:
au centre, une tête de bovidé, sur un fond végétal: représentation de l'animal noble du sacrifice, celui du Christ ? Le feuillage, lui, symbolise, à mon sens, la puissance du renouvellement spirituel, à l'aune de la renaissance du printemps.
De part et d'autre, un couple de bêtes apprivoisées, si l'on en juge par la corde qu'ils portent autour du cou:
à gauche, Dame Ourse, montrant les dents mais docile,
à droite, Messire Ours, dans toute sa vigueur.
- évocation de notre part animale contrôlée et tenue en laisse: l'homme charnel en route vers la spiritualité.
le modillon de l'extrême gauche montre un fauve dévorant une créature (humaine?)
et celui de l'extrême droite, un animal sauvage bondissant:
la hure d'un sanglier, la silhouette d'un bison ...
***
Au-dessus, bien centré, immobile, transperçant la façade de sa bouche d'ombre à travers laquelle jaillit la lumière du Verbe:
" Au commencement était le Verbe
et le Verbe était avec Dieu
et le Verbe était Dieu...
Tout fut par lui
et sans lui rien ne fut.
De tout être il était la vie
et la vie était la lumière des hommes
et la lumière luit dans les ténèbres...
Le Verbe était la lumière véritable
qui éclaire tout homme ..."
(Prologue de l'Evangile de Saint Jean)
"Le Christ est le jour vraiment éternel et sans fin"
(Zénon de Vérone)
cet oculus énigmatique, bordé "à l'extérieur" de vingt et un poinçons carrés de taille décroissante, enroulés en spirale dynamique,
...un serpent se mordant la queue, comme l'Ourobouros : dont nous avons une représentation bien intéressante sur le tympan du grand baptistère roman (XII° s.) San Giovanni Battista, sur le site de la piévanie de Rescamone, à Valle di Rustinu.
(disque de bronze du Bénin: Histoire de la Civilisation africaine, Frobenius 1936)
- évoquant le cycle du perpétuel recommencement des heures, des jours, des saisons ... avec la présence "à 10h" d'une sorte de flèche - ou de compas ? 21 poinçons , en chemin pour le nombre 24 ( les Vingt-Quatre Vieillards de l'Apocalypse ? une représentation de l'année cosmique ?), les trois derniers étant cachés par la mystérieuse figure triangulaire. Dieu, au centre, immobile, maître du Temps.
Le compas de Dieu Architecte créant le monde?
(comme ici, représenté dans une Bible du XIII°s. - Bibliothèque Nationale de Vienne)
Toujours est-il que cet oculus évoque en son centre immobile et passeur de lumière, la porte de la Jérusalem céleste, souvent symbolisée dans les enluminures par l'Agneau mystique:
(comme ici, dans le Beatus de San Millàn illustrant l'Apocalypse de saint Jean, X° siècle, Madrid, Biblioteca Nacional).
***
Au-dessus de l'oculus, deux baies géminées, ( la lumière de l'Ancien et le Nouveau Testament ?) séparées par une petite colonne,
et surmontées d'un tympan portant en relief à nouveau un couple de deux vigoureux serpents entrelacés, dotés de queues fourchues, protégé, unifié par un arc mouluré non moins vigoureux :
gardiens du temple ou serpents maudits et terrassés, tête en bas ?
(Murato, San Michele)
Voilà qui nous rappelle à nouveau l'iconographie de San Michele de Murato ...
Au même niveau, huit arcs et leurs modillons sculptés - têtes, crochets ...
Le nombre Huit symbolise la Vie nouvelle, la renaissance par le baptême, la résurrection, c'est le chiffre de la perfection et de l'infini. Ce n'est pas pour rien que ces huit arcs ornent le sommet de la façade.
***
Enfin, là-haut, sous la corde qui enserre la totalité de l'église, au sommet du fronton et dominant l'ensemble, l'extraordinaire personnage en ronde-bosse du "tireur d'épine":
assis nu, il immobilise fermement d'une main sa jambe gauche sur son genou droit,
et de sa main droite semble s'enlever une épine du pied.Si la gauche est résolument le côté du monde intérieur, tous les espoirs sont permis ...
thème roman que l'on retrouve par exemple sur un chapiteau de l'église à Grandson (Vau - Suisse)
(Médaillon de Cluny, Musée Ogier)
... et, plus anciennement, dans l'art antique:
(Rome, Musée du Capitole, il Spinario, le Tireur d'épine)
" On lui a aussi associé l'histoire légendaire d'un jeune berger, Gnaeus Martius, qui aurait sauvé Rome en portant au Sénat un message urgent, ne s'arrêtant pour extraire l'épine qui blessait son pied qu'après avoir accompli sa mission. Au Moyen Âge, on retrouve de nombreuses reproductions du Tireur d'épine. Le nom de Martius étant proche du nom du mois de mars, mois qui coïncide souvent avec la période du Carême, le Spinario a donc pu être interprété comme un symbole de pénitence, arrachant « l'écharde de la chair ». (Wikipedia)Toujours est-il qu'à Aregno, les anciens faisaient encore référence à Mars il n'y a pas si longtemps. Mars, mois du Carême ?
Invitation à s'extirper le péché de l'âme, "l'écharde de la chair" ?
Un geste de contrôle pour une démarche spirituelle à laquelle semble nous inviter ce magnifique ensemble de la façade occidentale de l'église de la Trinità d'Aregno, dans la douceur de ses granits polychromes, la sobriété de son architecture animée par le discours de ses pilastres, arcades, fenêtres, oculus, modillons, sculptures en ronde-bosses ...
Une façade cohérente à relire, avec comme exemple ici la "frise " des cinq modillons sculptés du haut de la façade. Voici la lecture que je propose:
les deux modillons extérieurs (le fauve dévorant et l'animal bondissant) témoignent de notre animalité sans contrôle, puis le couple d'ours souligne la maîtrise de cette bestialité, enfin la tête de bovidé appelle à l'abnégation, au sacrifice, après la mort acceptée, à la renaissance dans une vie spirituelle.
L'oculus central nous convie, me semble-t-il, à pénétrer dans la pénombre du Sacré, voire à plonger à l'intérieur de nous-même une fois la dualité de notre double appartenance réunifiée. Transformation du "Vieil Homme" (celui de la Chute, l'homme du péché originel, celui du monde purement matériel) en "Homme Nouveau" (celui de l'harmonisation, de la transcendance du matériel par le spirituel).
Reste l'énigme des deux personnages postés de part et d'autre de la porte d'entrée, détachées en ronde-bosse du mur, tels deux idoles-sentinelles d'un âge immémorial dressées là pour l'avertissement et gardant le passage ...
à suivre pour la visite de l'intérieur...
Pour la comparaison avec la soeur romane d'Aregno, San Michele de Muraro,
vous pouvez retouver les notes sur San Michele:
1°/Murato, église San Michele, ancienne piévanie de Bevinco:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2009/03/02/san-michele-de-muratu.html
2°/ Murato, San Michele, toujours la façade Sud:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2009/03/14/murato-eglise-san-mieli-suite.html
3°/Murato, San Michele, suite 3
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2009/03/19/murato-san-michele-suite-3.html
4°/ Murato, à propos des Sirènes:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2009/03/22/murato-san-michele-suite-4.html
5°/ Murato, à propos des symboles:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2009/03/26/murato-san-michele-suite-5.html
6°/ Murato, autour du carré, du cercle, de la croix :
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2009/03/27/murato-san-michele-suite-6.html
7°/ Murato, à propos de la dualité et du couple:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2009/03/31/murato-san-michele-suite7-dualite.html
8°/ Murato, conjonction conjugale:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2009/04/02/murato-suite-8-le-cantique-des-cantiques.html
9°/ Murato, le Cep et la Vigne:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2009/04/05/murato-san-michele-suite-9-la-vigne.html
10°/ Murato, l'Arbre et la Croix:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2009/04/12/murato-san-michel-suite-10.html
11°/ Murato, la Vendange mystique:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2009/04/26/murato-san-michele-la-vendange.html
12°/ Murato, Saint Michel et l'Homme armé:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2009/05/08/murato-suite-12-l-homme-arme.html
13°/ Murato, l'Agneau mystique:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2009/06/26/murato-suite-13.html
14°/ Murato, l'intérieur de l'église San Michele:
http://elizabethpardon.hautetfort.com/archive/2009/06/27/muratu-san-michele-l-interieur-de-l-eglise.html
(à suivre!)
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27/06/2009
Muratu, San Michele: l'intérieur de l'église, suite 14
L' intérieur de San Michele de Murato
(Pour clore ces notes regroupées sur San Michele di Muratu,
à nouveau quelques images de l'intérieur )
12:14 Publié dans art roman, chapelles romanes corses, découverte du patrimoine en Corse, fresques de corse, patrimoine des chapelles à fresques en Corse, San Michele di Muratu, spiritualité, symbolique romane | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : fresques de corses, chapelle pisane corse, san michele di muratu, nebbiu | Facebook |